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jeudi 30 novembre 2017

L'erreur de M. Adin Steinsaltz au sujet des Séphiroth (sefirot)

Mise au point sur les Séphiroth. L'erreur de Adin Steinsaltz (2)
par Dominique Blumenstihl

début de cet article 1
suite de cet article : Le secret de la Daat 3 

« Réputé mondialement pour son édition du Talmud, Adin Steinsaltz passe pour l'auteur le plus compétent qui soit pour présenter les concepts de la Kabbale et du judaïsme ». C'est en ces termes flatteurs que l'éditeur Albin Michel présente l'auteur de La Rose aux 13 Pétales.

Et pourtant…  je suis désolé de vous le dire et de l'écrire, ce que vous dites dans ce livre, M. Steinsaltz, au sujet des Séphiroth… est juste : il vous suffit de tirer une phrase du Palmier de Deborah ou du Verger des Grenadiers (Pardès Rimonim) pour être sûr de ne pas vous tromper. Encore faut-il indiquer la source de votre science, car elle n'est pas infuse, mais apprise au près de Maîtres dont les noms sont systématiquement… occultés dans votre livre. Et là, ça ne va pas du tout. C'est un manquement sérieux, et quand bien même ma connaissance n'arrive pas à la cheville de votre immense savoir, je vous signale que vous avez commis une grave erreur. « Ne pas citer ses sources, c'est empêcher le messie de venir. » Eliézer le dit, et s'il le dit, c'est que déjà de son temps, il a dû observer cette tendance qu'ont les érudits de tirer la couverture à soi, comme s'ils étaient les inventeurs de ce qu'ils enseignent. Vous devez impérativement réparer cela et veiller scrupuleusement à ce que cela ne se reproduise pas. Car si vous l'avez fait une fois… vous le referez.
10 Séphiroth et pas 11… Tout est expliqué dans ce film.

Votre énumération des Séphiroth, page 49, pose problème. Vous affirmez, avec raison, qu'il n'en existe que 10. Mais vous en étalez 11. Et de chacune d'elles vous dressez un court portrait dont on se demande : « mais qui vous l'a dit ? » Votre liste se termine sur Malkhout, dixième et dernière Séphira qui « incarne le Verbe et le réceptacle ultime. » Mais si je compte une à une les Séphiroth que vous avez mentionnées, j'en trouve 11 et non pas 10 et Malkhout, la dixième, serait de fait la onzième séphira si j'en crois votre décompte. La confusion dans ce domaine est classique, et nombre de kabbalistes modernes la commettent, se persuadant qu'il y aurait 11 Séphiroth… tout en affirmant qu'elles sont au nombre de 10. 
Mais peut-être vous avez raison ? Dans ce cas, c'est le Séfer Yesira qui se trompe. Et Moïse Cordovera a tout faux…

Dans une note en bas de page, acceptant les deux comptabilités, M. Steinsaltz tente d'expliquer cette différence : « La première Séphira Kether étant la plus cachée est quelquefois remplacée par Daat. Au contraire lorsqu'on compte Kether au nombre des Séphiroth qui est limité à 10, c'est Daat qui disparaît. » Nous retrouvons là cette défaillance de M. Steinsaltz qui est de ne pas citer sa source. « Kether est remplacé par Daat ». Mais par qui ? Qui réalise cette substitution ? « Daat disparaît ». Mais qui la fait disparaître ? Qui se cache derrière le pronom impersonnel dans la phrase « lorsqu'on compte Kether… » ? Qui est ce on ? Faut-il accepter ces anonymats ? Soyons sérieux : il est impossible de concevoir l'Arbre des Séphiroth en l'absence de Kether, la couronne, qui d'aucune manière ne se laisse substituer par quoique ce soit, étant  la distributrice de l'énergie. Enlever la Couronne, c'est décapiter tout l'édifice. Dès lors la Daat mérite quelques éclaircissements…

Mise au point sur les Séphiroth : le secret de la DAAT
Le film de Darren Aronofsky Fountain met la couronne au cœur de son propos, en ce que la Reine d'Espagne (Kether) tient à sauver le royaume contre ceux qui voudraient la détrôner. De même, Don Quichotte lutte contre les ennemis de la Princesse Micomicona, afin de restaurer la Couronne. Il est parfaitement incongru d'envisager l'hypothèse que la couronne puisse se volatiliser sans que l'arbre tout entier ne disparaisse. Aucun kabbaliste sérieux ne se risquerait à défendre la thèse de la dissolution de Kether. Et ceux qui le feraient commettraient une erreur monumentale… à moins que…

À moins qu'ils ne s'amusent à user d'un précepte zoharique qui dit : il est du devoir d'un homme qui enseigne la sagesse de faire connaître en même temps à ses auditeurs un peu de sottise, parce que la sottise profite à la sagesse autant que les ténèbres profitent à la lumière puisque sans ténèbres on ne connaîtrait pas la lumière et on n'en comprendrait pas l'utilité (Zohar vol 5 p; 132, éd. Maisonneuve et Larose). Il se pourrait donc bien que des kabbalistes coquins se soient enjoués à faire clignoter tour à tour Kether et Daat — simulation de sottise — afin de susciter, à contrario, la mise au point : ce serait là une pédagogie très stimulante, tout à fait dans le style des grands Maîtres kabbalistes, experts de « gai savoir » où l'humour et l'espièglerie sont non seulement permises, mais recommandées. Leur enseignement est participatif, parfois provocateur… souvent incompris par des élèves qui prennent tout au pied de la lettre, ne s'imaginant pas que la parole puisse être interrogée et questionnée.

À mon sens, Adin Steinsaltz aurait donc raison d'admettre la validité de cette double comptabilité, c'est une astuce pour obtenir un compte juste : on jongle avec Kether et Daat, enlevant tantôt l'une tantôt l'autre, l'essentiel étant d'obtenir 10, et de caser la Daat parmi les Séphiroth. C'est un forçage assez cocasse, et comme j'ai moi-même l'esprit assez allègre, la technique m'a paru plaisante : joyeux « pince sans rire » derrière son grand sérieux, M. Steinsaltz lâche volontairement une bourde pour voir comment réagit l'assemblée, dans l'attente qu'un doigt se lève parmi ses Lecteurs ou disciples et lui fasse la remarque. Je crains hélas que personne n'ait relevé « l'erreur volontaire » et que finalement ce qui ne devait être qu'une pichenette de provocation soit désormais pris pour une vérité solennelle. C'est pourquoi, depuis le fond de la salle, en tout respect du savant, je lève la main et m'écrie : « objection votre honneur ! »


Amusement et plaisanterie mises à part, le véritable enseignement qu'il faut tirer de cette vraie-fausse erreur, c'est que Kether est inaltérable, étant la source et le point de retour de l'énergie. Tout commence par Kether, induite par l'Ein-Sof. Tout s'écoule depuis Kether jusqu'en Malkhout. Et de là, retour à la source. Retour archigénique observé par les sciences. Pressenti intuitivement par Nietzsche avec son « éternel retour ». Retour que nous vivons en chaque fin de cycle, y compris à l'instant de notre mort. L'énergie retourne alors à sa source Kether, sans renvoi vers de nouvelles Séphira. Enrichie de toutes les expériences vécues et de la compréhension que notre esprit en produit, l'énergie remonte alors de Kether vers l'Ein-Sof où elle est confrontée à l'information d'origine. Se pose la question : l'énergie revenant en fin de cycle est-elle conforme à l'information émise au départ ? 

Je tâcherai de trouver des pistes de réponses dans un prochain Blog…  suite ici.

Mes sources pour écrire cet article :
Moïse Cordovero : Le Palmier de Deborah
— Dominique Aubier : Don Quichotte prophète d'Israël, Le secret des Séphiroth (films)
Charles Mopsik : Cabale et Cabalistes

lundi 27 novembre 2017

Le Secret des Séphiroth (1) Scholem - Mopsick - Steinsaltz

Le Secret des Séphiroth (1)
par Dominique Blumenstihl

I. Mise au point sur les experts de la kabbale hébraïque.
On m'a beaucoup parlé des recherches de M. Adin Steinsaltz, historien de la kabbale. Ayant accès à des textes rares issus de l'extraordinaire bibliothèque hébraïque, il a écrit plusieurs ouvrages dans lesquels il fait la description de la théorie séphirotique et les portraits de kabbalistes des temps anciens. Il a consacré un livre aux rabbins ayant composé le Talmud, volumineuse somme de savoir rédigés par les érudits commentateurs de la Torah. Adin Steinsaltz rejoint en ce sens son collègue le brillant Gerschom Scholem et le non moins savant Charles Mopsik. À eux trois, ils ont exploré tous les rayons de tout ce que la littérature juive a pu concevoir. Et l'on est époustouflé devant tant de savoirs : que de temps passé, que d'application, de persévérance, d'obstination et de patience devant ces masses de documents parfois très anciens et difficiles à déchiffrer ! Ces chercheurs passent leur vie à rechercher des gemmes rares, et c'est un régal qu'assister, avec eux, à la découverte ou redécouverte de tel texte qui sans eux fût demeuré à jamais oublié.
Je n'ai pas lu tous les livres de ces trois auteurs. C'est presque impossible. Mais certains de leurs écrits apparaissent comme des synthèses de recherches et on peut en tirer un aperçu concluant.
Je salue leur haute compétence dans leur domaine, celui de l'histoire de la Kabbale ou plus largement des religions.

1 Gerschom Scholem
L'occasion ici de rendre hommage à Gerschom Scholem et je n'hésite pas à exprimer mon admiration. Chercheur de vérité, il se présentait lui-même comme « un mystique raté », selon sa propre expression relevée dans une confidence faite à Charles Mopsik page 270 de son livre Cabale et Cabalistes. Ce sentiment profond d'échec témoigne de l'extrême modestie de cet immense savant à qui j'adresse ma vive sympathie. Il a vécu la douleur d'être appelé, sans que la clé ouvrant le Code ne lui fut donnée. Une vie tout entière consacrée à la quête, aboutissant à une œuvre phénoménale dont nous profitons amplement et nous devons lui témoigner nos remerciements chaleureux. Grâce à lui, de nombreux textes ensevelis, oubliés, perdus, ont refait surface et ont été traduits par ses soins. Hélas, et ce fut son drame personnel, c'est à l'approche de l'explication ultime des concepts qu'il s'est heurté à l'incompréhension de ce qui structure la pensée du kabbaliste. Tout en participant à la publication des textes traditionnels, il ne connaissait pas le Motif d'Absolu dont se sert le kabbaliste, aussi est-il resté comme en-dehors de l'objet de sa quête. Le dévoilement du secret ne lui était sans doute pas réservé.

2 Charles Mopsik
Les merveilleux travaux de Charles Mopsik, traducteur du Zohar pour les éditions Verdier, n'ont pas été, à mon sens, suffisamment salués par les institutions culturelles. Ils méritent un coup de chapeau. Et je recommande sans hésiter son livre La Cabale, que l'on trouve facilement chez différents éditeurs. Il offre un tour d'horizon sur la tradition hébraïque et répond à de nombreuses questions techniques. Il n'existe pas de meilleur livre sur l'histoire de la Kabbale. À ceci près qu'il fait l'impasse sur le thème du Quichotte devant lequel il est resté comme interdit. Une étrange inhibition le touche l'empêchant d'être disponible à l'imprévu qui remettrait en cause le confort intellectuel et les rassurantes familiarités dont il est l'expert. Il envisage la possibilité d'une période post-kabbalistique, donc messianique, qui ouvrirait tous les secrets : mais qui en serait l'acteur ? Qui produirait ce « saut quantique » au-delà des certitudes du sens commun ? 
J'ai le plus grand respect pour Charles Mopsick. Mais j'avertis le Lecteur : fût-il le brillant commentateur du Palmier de Déborah (un traité sur les Séphiroth de Moïse Cordovero), son étude n'élucide en rien le langage du kabbaliste et ne donne aucunement les clés qui en ouvrirait les concepts afin de les rendre intelligibles à une pensée de notre temps. Pour manger les dattes de ce Palmier (Tamar) il faudra se reporter vers d'autres travaux, plus pointus, plus précis… Plus directement accessibles.

C'est là un paradoxe, que tout en étant le commentateur assermenté, Charles Mopsik reste toujours au seuil de la découverte qui éclairerait définitivement les textes qu'il prend en charge. Et l'on assiste à ce phénomène étrange: une surbrillance d'érudition… n'ouvrant pas la porte de la compréhension des concepts kabbalistiques évoqués. Et l'on comprend alors les instants de tristesse, de douleur même, qui percent parfois à la surface de ses ouvrages.

3 Adin Steinsaltz
Réputé mondialement pour son édition commentée du Talmud, Adin Steinsaltz passe, selon son éditeur, pour « l'auteur le plus compétent qui soit pour présenter les concepts de la Kabbale et du judaïsme ». Expert de l'hébreu, il survole de haut les grands thèmes de la Tradition depuis des altitudes qui donnent le vertige aux ignorants que nous sommes. Mais j'ai eu beau scruter son étude La Rose au 13 Pétales, publiée aux éditions Albin Michel, je n'y ai trouvé rien de nouveau qui ajoute, consolide ou augmente les explications et synthèses données par ses prédécesseurs.
Son livre réalise une recension généraliste de ce qu'enseigne la Kabbale mais ne dépasse pas l'approche qu'en fit, avant lui — certes moins médiatisée mais autrement documentée — Charles Mopsick.
Mopsick : on y trouve la chaleur, l'empathie d'un chercheur obstiné sacrifiant son existence à sonder les secrets de la Kabbale. Steinsaltz : j'y trouve une technicité érudite mais non réellement vécue, ce qui lui coûte certaines erreurs surprenantes.

Au chapitre qu'il consacre aux Séphiroth, (p. 49 à 60), M. Steinsaltz déverse son savoir magistral. D'une grande assurance, il assène ses démonstrations : « les Séphiroth sont les moyens de la révélation divine… reliées à la lumière divine première tout comme le corps est relié à l'âme. » La phrase serait sensationnelle s'il ne s'agissait de l'exhumation d'une banalité. Autre endroit où son étude entre en défaillance, c'est l'absence de toute référence — l'auteur n'en donne aucune — on finit par croire qu'il est lui-même l'inventeur de la théorie séphirothique, à moins qu'il ne s'imagine que les choses n'aillent d'elles-mêmes et qu'il lui suffit d'énumérer les concepts de la Tradition sans qu'il n'ait aucun compte à rendre aux innombrables générations de penseurs qui, avant lui, ont mis au point cette Tradition.

Monsieur Steinsaltz, en tout respect de vos nobles fonctions, je ne saurais accepter cette attitude : vous écrivez un livre destiné au grand public, hors Communauté — donc le public des « goys », et c'est fort louable que vouloir partager ce savoir entre tous…  Et vous ne citez pas vos sources ? C'est là pour le moins une énorme maladresse qui vous vaut d'être sévèrement critiqué — et à juste titre — par les chercheurs et les kabbalistes : est-ce pour briller dans le firmament de la Kabbale hébraïque aux yeux des simples (comme moi), que vous passez sous silence, dans cet ouvrage, le labeur immense de ceux dont vous tirez tout votre savoir ?

Quelle attitude est-ce là ? Pourquoi évincer de la sorte, dans cet ouvrage, la longue lignée des extraordinaires kabbalistes ayant mis au point les concepts que vous présentez, et dont vous vous nourrissez en tant qu'historien et auteur. Car vous-même n'êtes pas kabbaliste : si vous l'étiez, vous auriez appliqué la règle bien connue depuis Eliézer : « celui qui ne cite pas ses sources empêche le messie de venir ».

Vous décrivez et commentez dans ce livre le Tzim-Tzoum… tout en faisant l'économie de ne jamais citer Louriah qui en fut l'inventeur génial. De même écrivez-vous un chapitre entier sur les Séphiroth, sans prononcer le nom de Moïse Cordovero dont le Palmier de Deborah  est le grand œuvre de référence. Pas un mot sur le Sefer Yetsirah, texte fondateur de la théorie séphirotique. Et que penser de votre leçon ex cathedra sur Aïn Sof où vous gardez le mutisme complet sur le Sefer Ha Bahir et le Sefer Ha Zohar ? Monsieur Steinsaltz, cela ne va pas du tout. Et je comprends mal comment la Communauté peut vous décerner des lauriers, lorsqu'en plus votre exposé sur les Séphiroth est grevé d'une erreur…
En effet, vous répétez une erreur colportée depuis quelques décennies par des auteurs secondaires ne sachant pas compter jusqu'à 10, et selon vous…

Vous êtes un professeur mondialement connu et votre notoriété vous donnera raison, quoique vous disiez. La Communauté est toujours très sensible à la brillance sociale et l'importance de l'érudition officielle. On se met au garde-à-vous devant toute autorité titrée de l'Université. Je ne suis, quant à moi, que le modeste éditeur de Don Quichotte Prophète d'Israël, et comme le célèbre chevalier, je ne jure que par Dulcinea del Toboso, l'image symbolique de la Schekina… Je n'arrive pas à vos chevilles et pourtant…

(La suite dans un prochain blog où je montrerai que M. Adin Steinsaltz a peut-être raison… de se tromper. J'y mettrai un peu d'humour, chose qui manque cruellement dans les travaux de l'aimable savant. À moins que…) 

(suite 2 ici) 
(suite 3 ici)

jeudi 23 novembre 2017

Sous-marin argentin disparu. Quel est le sens de cette disparition ?

Disparition du sous-marin argentin. Le sens de la disparition…

par Dominique Blumenstihl-Roth

Depuis quelques temps déjà, un sous-marin argentin a disparu, corps et bien. A-t-il sombré au fond de l'Océan ? Qu'est devenu l'équipage ? Nous n'en savons rien. Je me suis demandé ce que pareil événement pouvait bien signifier, au delà du drame auquel nous assistons à distance.
Le retentissement mondial de l'événement paraît disproportionné : les médias ont ému l'opinion publique avec ce sujet, alors qu'il existe beaucoup d'autres calamités ne perçant pas l'indifférence habituelle qu'ils portent à l'actualité changeante et sans cesse renouvelée. Quelle importance peut bien avoir ce submersible perdu dans les profondeurs abyssales ? Et que peut bien nous inspirer — par delà l'émotion — ce drame qui vient s'inscrire dans nos vies, ne serait-ce que pendant quelques minutes ?

À tout instant il se passe quelque chose, quelque part. Et pour commencer sur le pas de ma porte — qu'il convient de balayer chaque jour. Alors pensez, qu'irais-je m'encombrer d'un accident survenu au large de la Patagonie, si loin de mes préoccupations personnelles ? J'allais dire : de mes intérêts personnels. Car il est bien rare que l'on se mobilise pour une cause qui ne touche le profit personnel que l'on en tire, la satisfaction égotique étant à la manœuvre parfois même dans les démarche caritatives. Où l'ego ne va-t-il pas se cacher ?
Non vraiment, je n'ai aucun intérêt à m'intéresser à ce sous-marin argentin. Et pourtant, je ne puis m'empêcher d'y penser.

Peut-être parce que mon père était un marin ? Il avait fait naufrage, un jour de gros temps, au large de la Corse. Son voilier de 12 mètres avait chaviré et il ne dut sa vie sauve qu'aux efforts des Secouristes en Mer qui nous ramenèrent le lieutenant de vaisseau trempé jusqu'à la moelle. Il était furieux contre lui-même et l'erreur de navigation qu'il avait commise en sortant par gros temps alors que la tempête était annoncée. Son voilier avait heurté un objet flottant, peut-être un container égaré. « C'était inévitable que cela m'arrive, marmonnait-il, j'avais besoin d'une leçon, il fallait que j'accepte que la Mer ait raison, et que je cesse de la défier. » Il me raconta cette prise de conscience bien des années après les faits. Ce qui ne l'empêcha pas de remonter à bord et de tracer la route vers d'autres îles.

Mais ce sous-marin. En quoi peut-il bien me concerner ? Serait-il un signe ? En tout cas, sa disparition constitue un fait objectif. Une réalité. Or « les fait traduisent l'intention de la Vie pour que nous puissions lire en eux le conseil qu'elle donne. C'est à quoi servent certains événements contrariants. Ils développent l'information primordiale dans le miroir du contraire. On doit alors redresser l'image et voir ce qu'elle annonce en clair. » (cf. Dominique Aubier).

Si je considère la nationalité du pays : l'Argentine. Et si j'associe les autres éléments du rébus entre eux à savoir le fait qu'il s'agisse d'un submersible, d'un naufrage ou d'une perdition, et le sens du mot Argentine tel qu'il s'écoute phonétiquement (argent, monnaie, fiduciaire… autrement dit le système bancaire mondial) je peux en faire une lecture effectivement contrariante que d'aucuns jugeront illuminée : le système de l'Argent va couler au fond des Océans, tomber en perdition, — exploser si j'en crois ce qu'annonce la Marine argentine ; une déflagration se serait faite entendre à bord.  Faute de remonter à la surface vivante à temps et se ressourcer, l'asphyxie est inévitable. Ainsi en va-t-il du système bancaire mondial qui pressure toutes les énergies vitales afin de pouvoir survivre dans son autarcie, coupée du monde extérieur. Le sous-marin argentin est-il un symbole, une allégorie même de ce qui peut nous arriver ? Une disparition pure et simple de l'humanité, engloutie à jamais par une explosion du vaisseau qu'est la terre ?

Cependant, c'est un signe développant une image au miroir, donc à l'envers. Le « dehors » témoigne du « dedans » et entre les deux, opère l'inversion, comme dans les hémisphères cérébraux liés l'un à l'autre par les échanges latéraux. Le « Ma » témoigne du « Mi », dira un kabbaliste se référant au Zohar.

Dès lors si je considère qu'il s'agit d'un submersible ayant coulé ou disparu : au miroir, je vois un in-submersible ne coulant pas, et loin de disparaître, il apparaît au grand jour.
Et l'in-submersible qui ne coule pas, c'est celui où je suis embarqué. Je suis à bord de la barque de Don Quichotte, dont on se souviendra qu'il navigue sur le Rio Hebro, en surface.
Si je prends le drame du naufrage-disparition qui se joue dans des conditions extrêmes pour cet équipage des sous-mariniers : redressant l'information à l'endroit, il me faut admettre qu'en surface, la Vie sera sauvée. Et qu'il faut que tout remonte en surface. Les symbolismes d'autrefois doivent quitter les fonds obscurs et monter vers la lumière. C'est au sortir de la nuit, en voyant briller l'étoile du matin que Bouddha reçut sa révélation.

La mansuétude de la Vie s'exerce en faveur de l'entité initiatique. En faveur de la lumière explicative. Je m'y attache.
Ce drame se jouant dans les profondeurs océanes nous invite à redresser notre pensée, à lire le signe, à nous engager comme membre d'équipage à bord du vaisseau initiatique. À avoir le même courage que ces valeureux sous-mariniers. Ils sont 44 à composer l'équipage. 44, c'est le chiffre qui s'écrit en hébreu « Dam ». Le sang. Le liquide vital transportant l'oxygène, grâce à quoi nous devenons « Adam »… à condition que nous ouvrions l'écoutille de notre esprit.

Ces sousmariniers sont l'image allégorique de tous ces initiés du passé qui ont persévéré à faire survivre le message de la Connaissance dans le secret, alors qu'en surface de violentes tempêtes faisaient rage, interdisant toute sortie. Le temps n'était pas venu de « tout dire ». Mais le Temps justement a fait son œuvre et il est temps maintenant de monter en surface, et d'émerger.
Je crois que c'est là le plus bel hommage que l'on puisse rendre aux marins prisonniers de leur capsule sous des tonnes d'eau. J'ignore quel est leur sort, je souhaite qu'ils s'en tirent… Mais je veux lire positivement le signe que ce drame nous envoie, et au delà de la contrition affective, en tirer la leçon qui s'impose. Il s'agit d'en extraire un message d'espoir et de vie en nous plongeant au cœur de la Connaissance, et tendre vers plus de lumière.
C'est tout ce que je puis faire pour eux, en solidarité humaine absolue.

dimanche 19 novembre 2017

Fountain, film de Darren Aronofsky. Le secret de la Fontaine (suite מ ע י ן (3

LE SECRET DE LA FONTAINE (3)
par Dominique Blumenstihl 
(Première partie suite 3)
 
Un ami Lecteur (ou lectrice) m'a demandé qu'est-ce qu'un initié. Comment on le reconnaît.
Alors voici une définition : « l'initié c'est celui qui n'ignore rien de ce que Dieu sait de lui. » C'est une phrase du soufi andalou Ibn' ArabÎ.
Plus précisément, c'est une personne qui pense et agit au moyen des critères de la Connaissance et qui possède donc la maîtrise de la Table des critères initiatiques. Cette Table n'est pas secrète. Mais sans doute est-elle réservée à une élite. Il n'y a pas de ségrégation, car cette élite, tout le monde peut en faire partie. C'est affaire de volonté, de décision, de culture et d'effort. Je dirais que la Connaissance est la chose la mieux partagée au monde. Le vrai problème, c'est que personne n'en veut.

Je reviendrai sur ce sujet dans un prochain Blog.
Dans l'immédiat, je continue avec la série Source - Fontaine.
Et j'en arrive au film de Darren Aronovsky. L'étonnant cinéaste à qui l'on doit Pi = 3,13. Et plus récemment ce film que je recommande : Fountain.
Rachel Weisz, dans le film Fountain

3 Fountain, de Darren Aronofsky
« Fontaine » (Fountain) est le titre du film de Darren Aronofsky. Un film très inspiré avec, dans les rôles principaux, Hugh Jackman et Rachel Weisz. Il tire son titre d'un concept kabbalistique, non avoué par le cinéaste : la « Fontaine ». Un terme qui désigne le maître de la Loi quand il pratique un enseignement créateur dont la lumière se répand à travers le Temps et se diffuse dans l'espace, dessinant ainsi un Arbre de vie. « Fountain » est donc une métaphore cinématographique de cela même qu'a réalisé Dominique Aubier : elle a repris le message de la Connaissance, écrasé par l'Inquisition — celle de la sottise matérialiste ambiante — ; elle a donné à voir, à tous, le Modèle de référence corticale. Sa parole, son écrit, reposent sur une figuration claire de l'Univers, une compréhension des phénomènes, des cycles, de l'Histoire selon un mouvement et une loi qui en fait sa vérité — et sa sévérité.


Le cinéaste, très coquin, dans les suppléments accompagnant le film, se garde bien de citer la moindre référence kabbalistique. Il fait un film kabbalistique mais ne dit pas ce qu'il fait, précaution fort utile quand il s'agit d'affronter une critique ignorante. Aussi s'amuse-t-il à « botter en touche » et le voici qui inonde ses interviews de détails techniques portant sur le tournage, les décors, le jeu des comédiens etc. Et c'est bien exprès qu'il escamote le concept même de « l'arbre des séphiroth » qui pourtant hante toute son œuvre. Il agit là en kabbaliste : faire passer la Connaissance au nez et à la barbe de l'appareil inquisitorial régissant la culture ambiante et susciter la création d'une œuvre cinématographique totalement imbue des critères de la kabbale hébraïque sans rien avouer. Ce fut la technique de Jean Racine et de Cervantès.
Le langage métaphorique du film (et de la kabbale qui en est l'inspiratrice) doit cependant être ouvert et avoué : l'Initié-fontaine ramasse la rosée et la redonne à boire de sorte que nous puissions tous nous accrocher à l'Arbre de vie. Raison pour laquelle dans le film,  l'Arbre libère sa source et abreuve le Conquistadore venu sauver la Connaissance. Allusion évidente à Don Quichotte.

Nous en revenons à la définition du mot hébreu Tal
(citation de Dominique Aubier) : « une image exacte pour rendre compte de l'effet des rayons lumineux. Cet effet est comparé à celui de la Rosée qui recouvre les plantes et qui résulte de la condensation de la vapeur d'eau à la faveur de la fraîcheur de la nuit. La nuit favorise la condensation sur l'arbre mental des gouttelettes d'énergie solaire assimilées par la sensibilité et transmise par les nerfs jusqu'au centre cérébral. Cette rosée nourrit l'arbre de vie : l'arbre mental. Elle s'y trouve assimilée par le centre cérébral capteur de l'énergie verbale. C'est là le lieu où s'inscrit la force divine qui nous agit. »

Pour ce qui me concerne, j'ignore si j'ai la compétence requise. Tout au plus puis-je me revendiquer comme un ami de Sancho Panza, loin encore de l'extraordinaire puissance du Quichotte, mais pas moins victime d'un excès de la passion… En tout cas, je m'efforce de voir clair et de m'inscrire dans la continuité du Maître, sans tomber dans le travers qui consisterait à ignorer son avancée et revenir en deçà de son apport. Ce serait une régression coupable. Raison pour laquelle j'identifie les sources kabbalistiques de Darren Aronofsky, et là où le cinéaste reste motus et bouche cousue sur ses références ; je les indique ouvertement, étant dans l'obligation, comme disait Émile Littré, d'une part, de reconnaître le courant intellectuel qui apporte les choses tombantes et d'autre part de dégager et donner à voir le courant qui apporte les choses naissantes. Et ce qui naît, c'est la mise au clair, l'explication. L'actualisation dans un langage directement intelligible sans le recours à l'image métaphorique.

Pour avancer, il faut que l'Initié moderne soit au fait des avancées de la Recherche. Il doit éclaircir le langage. Ouvrir les mots et les esprits. Il doit sortir la Connaissance de ses expressions symboliques et livrer l'offrande « exotérique ». (Certes, tout le monde n'est pas voué à être initié. Mais tout le monde peut décrasser son esprit, et à défaut d'être un éveillé, au moins peut-on n'être pas tout à fait un endormi.)
L'Initié doit, comme Don Quichotte, « sortir », faire sortir, donner à voir, parler et donner tout en ajoutant sa propre nouveauté.
Don Quichotte parcourt la terre, les champs, la plaine de Montiel. Cela s'entend en hébreu : « manati-el » c'est-à-dire « ma part de Dieu » (cf Don Quichotte prophète d'Israël, éd. Ivréa) « La Connaissance appelle en effet "champ" ou "terre" le savoir quand il a atteint le degré de fixation qui le rend propre à l'enseignement, à la conservation. Elle appelle « ciel » la couche de connaissance qui se fait grâce au travail de la rosée nouvelle déposée jour après jour, assimilée nuit après nuit dans les cerveaux des hommes et des femmes qui s'occupent de comprendre la Doctrine et de la continuer. » Ainsi, une couche de savoir qui a été « ciel », avec le temps, devient « terre » et le savoir désigné est enseignable, communiqué par les Maîtres. C'est là le sens de la prière dite lors de la messe chrétienne qui demande que « ta volonté soit faite sur terre comme au ciel ». C'est-à-dire que la Rosée céleste se dépose jour après jour dans nos esprits récepteurs, et qu'ils la fixent et s'en servent pour fertiliser le présent.

L'Initié se remplit de Rosée.
Nous avons vu que la Rosée, en hébreu, c'est Tal. Dès lors, il faut penser au mot hébreu "Tala" (Tet, Lamed, Aleph) qui signifie plénitude et remplir. Que l'on trouve par exemple dans le verset Exode 32-29 :  « remplissez votre main ». C'est-à-dire la remplir de ce que l'Invisible donne, et consacrer ce don   « au service de Dieu ou remplissez-la d'offrandes » (définition extraite du dictionnaire hébreu-français Sander et Trenel, éditions de la Société israélite des Livres religieux, 1859, Paris, p. 365 -367).
L'Initié qui a bu la Rosée devient Fontaine. Pour soi et pour les autres. C'est-à-dire qu'il devient « Ma'yan ». C'est le mot hébreu consacré.

Fontaine, en hébreu c'est מ ע י ן
Le mot s'écrit Mem, Aïn, Yod, Noun final. 

מ ע י ן

Cité dans de nombreux versets de la Torah, par exemple « Et ceux qui chantent et ceux qui dansent s'écrient : Toutes mes sources (Ma'yan) sont en toi ». (Psaume 87-7). Ou encore : « Une source (Ma'yan) sortira aussi de la maison de l'Eternel, et arrosera la vallée de Sittim »(Joël 4-18). Pour comprendre les versets, il faut bien évidemment abandonner la lecture littérale et pénétrer le symbolisme représenté. Et ensuite, après l'acception de l'allégorie mise en scène, entrer dans le cœur des mots employés, et sonder les lettres qui les composent. C'est cela, la bonne technique du kabbaliste que procéder par les quatre niveaux d'organisation pour atteindre au sens — au secret sod — du Texte. Alors allons-y :

La source sortant de « la maison de l'Éternel » est de toute évidence une métaphore désignant un(e) initié(e) instruit(e) des Lois du réel, dont la Connaissance arrosera la « vallée de Sittim ». Cette vallée dite de Sittim (les acacias) est un lieu désertique à l'Ouest de Jérusalem. Ce qui signifie que l'enseignement de la Connaissance s'écoulant de la Fontaine Ma'yan irriguera la vallée aride de l'Occident (l'Ouest) où poussent les acacias : un bois très dur, imputrescible… Un verset prophétique. Prophétie qui se réalisera, à condition que la fontaine scellée — celle dont parle le Cantique des Cantiques en son verset 4-12 s'ouvre et se donne au monde — après union avec l'Opposite. « Tu es un jardin fermé, ma sœur, ma fiancée, Une source fermée, une fontaine (Ma'yan) scellée ». (Cantique des Cantiques 4-12). Cette Union est prévue, dans le nom même du roi David, dont le Vav central est pris entre deux portes Dalet à Droite et Dalet à gauche. Sera DaViD l'initié(e) qui parviendra à réaliser l'Union des Contraires Gauche et Droite et qui portera les résultats de cette performance au-devant des Temps. DVD ouvre les deux portes (des deux hémisphères cérébraux), réalise l'Unité (Connaissance et sciences), et dévoile l'identité du Motif d'Absolu. Il faudra donc voir le sens du mot Ma'yan : les quatre lettres composant ce mot nous disent tout. Cela se passe bien en quatre étapes : Il s'agit d'ouvrir un cycle évolutif — ouvrir la fontaine — (Mem), voir (Ayn) la charge d'énergie et la puiser (Yod) pour l'humanité entière (Noun Final).
L'auteur d'une telle performance sera l'ouvreur — ou l'ouvreuse — de la Fontaine scellée.
Autrement dit…

La Suite dans un prochain Blog :

The Fountain : l'exégèse

—1. Le secret de la fontaine,concept kabbalistique.
—2. Fountain part 2. Lecture initiatique du film d'Aronofsky.
—3. Fountain part. 3. Le modèle cérébral dans le film

—4. Fountain part. 4 : la tête enchantée et le secret du Singe 

Mise au point sur les Séphiroth

Suite des articles : de la Rosée à la Fontaine :

— Le Secret de la Fontaine 1
— Le Secret de la Fontaine 2

— Le Secret de la Rosée 1
— Le Secret de la Rosée 2 
— Le Secret de la Rosée 3  


Autre article :
— Isaac ou Ismaël ? Le sacrifice d'Abraham.
— Jacob et Esav : les jumeaux bibliques 


PS : l'identité du Motif d'Absolu ? C'est chose faite, dans ce livre. Le problème c'est que notre culture a 20 ans de retard sur les performances d'avant garde. Être initié, c'est aussi être en phase avec son Temps.

À ceux qui s'inspirent des articles que j'écris : merci de citer le nom de la source. Faute de quoi elle pourrait cesser de couler. Les personnes qui utilisent les enseignements de Dominique Aubier dans le cadre de leurs initiatives pédagogiques sont priées de bien vouloir citer correctement son œuvre.
Merci de votre soutien

lundi 13 novembre 2017

Le Secret de la Fontaine, concept kabbalistique. Le secret de טל (suite article 2)

LE SECRET DE LA FONTAINE (suite 2)
par Dominique Blumenstihl
I Première partie (suite 2)

2 Boire la Rosée
Ceux d'entre vous qui parlent l'Espagnol connaissent l'expression. De bon matin, on s'écrie en croisant ses amis : "Que tal, amigo !". Il s'agit moins d'une interrogation qu'une affirmation, non exactement comme en Français pour demander "comment vas-tu ? " qu'une solide confirmation disant en quelque sorte "Quel Tal, mon ami ! ".  Dans le sens "As-tu vu quel Tal ? " Reste à savoir ce que désigne ce mot de Tal servant dans le code des salutations.

J'ai interrogé mes amis hispanophones. Une professeure de linguistique m'a dit que l'expression complète serait : qué tal estás. Selon elle, Tal correspond à tel en français, comme dans l'expression "tel et tel". On obtiendrait alors littéralement: "Quel tel es-tu ?" dans le sens "comment tu te portes". Je n'ai pas été convaincu par le rapprochement opéré entre le Tal espagnol et le tel français, du moins pas dans cette expression. Car à mon sens, le mot Tal n'a ici aucune raison d'être la photocopie hispanisée du français. De plus, rien ne prouve que l'expression Que tal soit réellement une interrogation…
Aucun dictionnaire espagnol moderne ne donne l'origine de ce mot et il semblerait que toute une population l'utilise sans en connaître le sens exact. Soit tout le monde est secrètement au courant du sous-entendu, soit personne ne le connaît mais n'en exploite pas moins le sens subliminal qui aura pénétré les consciences à l'insu de toute explication. C'est là une chose classique pour toutes les langues : on utilise des expressions toutes faites, dont on a oublié l'origine et le sens exact. Parfois hautement spirituel. Parfois viscéralement accolé à l'expérience immédiate et physique.

Par exemple en français, que signifie « comment vas-tu » ?
Depuis Rabelais qui ne reculait devant aucune vertu physiologique, on sait que demander à quelqu'un « comment ça va ? » ou « tu vas bien ? » est une tournure élidée renvoyant au bon fonctionnement… des intestins. C'est le côté bon vivant des gaulois qui préside. Car quelqu'un qui « va bien », va sur le trône et y dépose allègrement le fruit de ses digestions. D'où la réponse non ambiguë : « oui, ça gaze », ce qui signifie clairement et sans que personne ne s'en formalise qu'un homme (et pardon même une femme) qui pète bien se porte bien. Le langage a ses vérités et ne tourne pas « autour du pot » pour en libérer les fragrances. « Aller bien », en France, c'est bien digérer les aliments, les assimiler, et en restituer les résidus de manière convenable. Il en va de même pour la pensée : hors trivialité ou scatologie, bien penser, c'est ingurgiter, intégrer correctement puis bien restituer sous forme concrète le résultat de la chose bien comprise. Alors est-ce qu'en France « ça va bien » ?

J'en reviens a l'expression espagnole « Que Tal… ». Là où l'esprit gaulois s'inquiète de la gastroentérologie, la sensibilité hispanique, pour la même question (comment vas-tu ?) semble plutôt regarder vers le ciel… Mais qu'est-ce que ce Tal qui pourrait enfin nous éclairer ?

Une piste s'est dégagée quand j'ai consulté le vieux dictionnaire Covarrubias dont je possède un exemplaire rarissime. Il s'agit du Tesoro de la lenga Castellana daté de 1611. Contemporain exact de Cervantès, ce thésaurus a mauvaise réputation car il brave les options gréco-latines de la culture occidentale qui ont pu nous faire croire que l'Espagne serait un pays purement « latin ». L'ouvrage donne en effet systématiquement les origines des mots, et à cette époque, la langue castillane se nourrissait copieusement des langues sémitiques, arabe, hébreu, araméen qui se parlaient et s'écrivaient sur son territoire. Il aura fallu quatre siècles d'Inquisition pour mâter les références sémitiques et asseoir la fausse légende de l'Espagne « très catholique ». (Et pourquoi ce besoin d'affirmer que l'Espagne serait « très » quelque chose, si ce n'est que l'on craignait qu'elle ne le soit pas assez ? On lira avec intérêt le livre Deux Secrets pour Une Espagne, pour bien saisir ces secrets de l'âme espagnole et ses relations avec la pensée hébraïque. Car il ne faut pas oublier que l'Espagne — et la Catalogne — furent les grands centres de la kabbale hébraïque.


À la rubrique Tal, page 95, mon précieux dictionnaire, rédigé par un religieux assez coquin et qui semble avoir été un linguiste exceptionnel, je trouve une série d'expressions courantes incluant ce mot mais n'expliquant rien. Il indique que ce sont des locutions ordinaires avant d'ajouter, comme par distraction, la discrète remarque: « hébraïsme ».
Nous y voilà. Le mot Tal serait bien d'origine hébreue et l'astucieux rédacteur du dictionnaire, sans en dire davantage (nous sommes en pleine Inquisition), de nous inviter d'un clin d'œil à chercher par nous-même dans un dictionnaire hébreu ce que signifie Tal.
Dans la langue de Jésus, ce mot désigne la Rosée.
Quelle étrange expression, dès lors, que se saluer de bon matin et de dire à ses connaissances : « Que Tal, mon ami ». Autrement dit : « Quelle rosée, mon cher ! ». Manière délicieuse de signaler à ses rencontres, qu'en effet, la nuit a livré ses trésors sur les herbes, gouttelettes de conscience déposées à la faveur du sommeil sur les brindilles de nos intelligences appelées à en boire la pureté. « Quelle rosée la nuit a-t-elle offerte à ton esprit » semble être le sous-entendu de l'expression « Que Tal », une compression linguistique bien banale en apparence mais dont le sens déployé invite à une réflexion métaphysique profonde. Là où la langue française s'inquiète du dépôt organique lourd après ingestion (et donc de la capacité d'intégration), la langue espagnole, imbue d'hébraïsmes, invite à voir et boire ce que le Ciel dépose. Quelle Rosée, quel Tal !


Il se pourrait que l'expression espagnole, dont il est certain qu'elle tire son origine de l'hébreu (cf Covarrubias) sorte d'un verset biblique, comme c'est souvent le cas dans la culture hébreue. La Torah a en effet profondément modelé la pensée hébraïque et quantité de locutions en proviennent. « Car ma tête est pleine de rosée » est un verset du Cantique des Cantiques, 5-2. Et dans une conversation courante où l'on demanderait à quelqu'un « comment vas-tu » on pourrait très bien répondre, l'esprit encore un peu endormi : « ma tête est pleine de rosée… » C'est une dialectique courante entre judaïsants connaissant leurs textes, de s'interpeler de la sorte, par allusions au Texte. La réponse elle-même pouvant devenir question et salutation toujours en référence au verset  :
— Pleine de rosée ?
— Oui, ma tête.
On relèvera que la Rosée est directement liée ici au Motif cortical, la Tête. La tête, en tête, pour commencer une journée.
Il existe une autre référence, plus explicite, incontestable, figurant au verset Isaïe 26-19. « Car 39 lumières est ta rosée et la terre fera tomber des ombres. » Le rabbin Ouaknin mentionne ce verset au chapitre 17 de son livre Concerto pour quatre consonnes sans voyelle (éd. Balland,1991) et en donne le texte phonétique hébreu : « ki tal orat talekha ». Il n'en établit pas le rapprochement avec l'espagnol, qu'il ne parle pas, mais qui pourrait rejeter l'hypothèse que la salutation traditionnelle populaire hispanique, dont nous savons qu'elle est d'essence hébraïque, ne viendrait pas de ce verset où l'expression kital est audible ? Il s'agirait de se saluer, en quelque sorte, en appelant la grâce des 39 lumières du manteau de prière (Talit).
Le mot Tal, indique le rabbin, apparaît également au verset 6 du chapitre 14 du prophète Osée. « Je serai comme la rosée pour Israël ». En hébreu phonétique cela donne « Ehié kétal leyisraël ». Comme la rosée… Il m'a semblé que la célèbre expression espagnole pourrait fort bien être la contraction du verset prophétique qui se laisserait ainsi entendre par le bon entendeur.
Le maître qui m'a formé, la kabbaliste Dominique Aubier, m'a en effet expliqué, qu'en Espagne où j'ai eu le privilège de vivre avec elle pendant plusieurs années, il s'agissait d'aiguiser l'attention et d'attraper au vol les allusions faites dans une langue quand elle n'est pas libre de toutes les pensées qui l'animent. Cela s'appelle, en espagnol « cojerlo al vuelo ». Ce fut le style de la littérature du Siècle d'Or, et tout le Quichotte est construit sur ce réseau subliminal fait de rétentions, dissimulations, codages, cryptages où le langage tout entier se façonne pour déjouer les oppressions, quitte à s'inventer un surcodage utilisant les évidences pour mieux cacher.
Nous fiant au vieux dictionnaire Covarrubias, au texte biblique et à la longue histoire espagnole, je crois qu'il faut entendre Que tal… dans le sens : es-tu comme la rosée ? L'expression Que Tal restant alors pleine de sous-entendus, de non-dit qu'il était sans doute préférable de taire pendant l'Inquisition. Peut-être le salut évoquant Tal, la rosée, était-il alors une manière subversive d'en appeler aux versets bibliques évoqués ( Cantique, Isaïe, Osée) chacun apportant sa part subliminale au message : la rosée, la tête, la lumière, et finalement, avec Osée, la source même : Israël.

Il s'agit donc de voire-boire la Rosée, boire le Tal, mot hébreu s'écrivant Tet, Lamed.
טל

Le Tet est la neuvième lettre de l'Alphabet hébreu. Elle se situe en fin du premier cycle allant d'Aleph à Tet. Voir l'Arbre des Lettres. C'est-à-dire qu'elle est la dernière lettre sur le tronc unitaire juste avant la bifurcation séparant Gauche et Droite à partir de Caf. Tet est la lettre terminale du premier cycle, là où le symbole, en tant que puissance informative se dépose et relance son énergie dans le cycle suivant. Tet, écrit Dominique Aubier, est la lettre qui symbolise… le symbole. C'est une chose extraordinaire, en effet, que l'Alphabet hébreu ait songé à tracer un signe symbolique désignant par lui-même la puissance du symbole. Tet en quelque sorte écrit sur lui-même la force de ce qu'il représente.

ט

Avec sa forme en bassine, Tet est un récipient recevant tout ce que le cycle dépose. Avec son tracé, allant de droite à gauche, il dessine la réception puis la descente des informations se gravant dans sa courbe descendante et incurvée puis remontant rapidement à gauche et se projetant vers le haut, en direction du cycle suivant. Tout ce qui a été assimilé en première phase est digéré quasi organiquement par le Tet et propulsé vers l'avenir. Avec, à remarquer, sur la hampe droite de la lettre, une sorte de crochet. C'est là un dispositif « anti-retour » qui empêche l'énergie de rétrograder. Le voudrait-elle qu'elle serait aussitôt reversée dans la cuve centrale. Il n'y a d'issue qu'à l'avant — dans le sens de l'écriture hébraïque — vers la lettre suivante, Lamed.

On notera que Tal a pour valeur numérique 39 (Tet = 9 et Lamed = 30).

Ce nombre a fait l'objet de nombreux commentaires et les spécialistes de l'hébreu savent que 39 Tal est évoqué par les Tsitsit, les franges qui pendent au châle dont se revêt le juif pendant la prière du matin. Ces franges sont faites de 8 fils, travaillés en 10 nœuds et 39 tours, précisément pour évoquer la Rosée (39). Le mot hébreu Talit (Tet, Lamed, Yod, Tet) où l'on retrouve très clairement le mot Tal, est le nom d'une écharpe que l'on porte constamment sous les vêtements. Afin que le Juif se souvienne en permanence de la Rosée, du matin, du renouvellement nécessaire de la pensée. Tal a la même valeur numérique que le mot Leda, (Lamed 30, Dalet 4, Hé 5) qui signifie : la naissance. Donc affaire de naissance, de mise au monde. Peut-être, en ce sens, boire la rosée est-ce une mission particulièrement féminine s'il s'agit de recevoir l'information, la métaboliser, et mettre au monde ? Ce qui n'exclut pas les hommes qui pourront trouver là l'occasion de donner libre cours au féminin de leur être, si souvent occulté en eux.

D'Aleph à Tet, les informations reçoivent leur traitement symbolique et se voient inscrites dans le programme de vie. Tout ce qui aura été perçu et réalisé au titre du symbolisme recevra sa gratification réaliste à l'issue du Tet, dès que l'énergie Yod, lettre suivante (dixième lettre) l'aura transmise à la seconde phase allant de Caf à Tzadé. Les symboles réalisés pendant la première phase de nos vies se réalisent. Boire la Rosée signifie donc qu'il s'agit d'accueillir les informations que la Vie nous réserve pendant la première phase d'un cycle, où il faut voir les signes, en comprendre les symbolismes expressifs, et savoir que cela se réalisera en seconde phase. Boire la Rosée, c'est recevoir le dépôt du Verbe et arrivé au Tet, en connaître la règle L'Initié(e) précisera qu'il s'agit pour lui — à condition qu'il en ait l'investiture, c'est-à-dire qu'il ait reçu le sceau de compétence — de l'enseigner (Lamed) et d'écrire ainsi entièrement le mot Tal. Et d'enrichir cette Rosée par une trouvaille faisant de lui une Fontaine.

La suite de l'article dans un prochain Blog.

De sorte qu'il n'y ait plus de secret…

PS : je remercie ceux ou celles qui reprennent les termes de cette leçon de bien vouloir citer… leur source. 

"La Source est l'emblème du canal céleste qui conduit la lumière dans toutes les régions". (Zohar vol 5 p. 519. éd. Maisonneuve et Larose).

vendredi 3 novembre 2017

Le Secret de la Fontaine. Un Concept kabbalistique de la tradition hébraïque.

Une fois que la Rosée s'est déposée et qu'elle a été bue, l'Initié devient Fontaine…

LE SECRET DE LA FONTAINE (1)
Par Dominique Blumenstihl


Introduction : Enseigner les lois du cœur. 
Comme le disait le scientifique Stéphane Lupasco : « les potentialités doivent être actualisées ». Aussi l'initié se remet chaque jour au travail, s'informe, surveille les forces en action. Il épie, « traque » en quelque sorte la volonté de l'Invisible et la décode pour mieux s'engager dans la voie. Il dépose sa synthèse et actualise son propos.

L'initié moderne n'est pas l'officiant de telle ou telle religion. Mais il en connaît les fondements. Il n'est pas un agitateur et pourtant il agit. Il connaît la force du symbolisme. Il sait décoder le symbole en le rendant à la grille de lecture dont il est lui-même une expression. Il maîtrise la portée des pensées, des paroles, des actes symboliques, précisément parce qu'il sait que le symbole correspond à l'étape transitoire où l'information se présente sous deux aspects dialectiques suite à la bifurcation structurelle propre à la Couche III de tout cycle.
L'Alphabet hébreu a parfaitement signalé le lieu propice de la pensée symbolique, au travers de la lettre Têt : elle est le symbole du symbole. Neuvième lettre de l'Alphabet, elle se situe au seuil de la puissante projection dans le réalisme qui commence par le Caf. La lettre Têt, initiale du mot Tal, ouvre sur l'avenir et l'irradie de tout ce dont les lettres précédentes ont bien voulu l'informer et nourrir. La lettre Têt, en ce sens, correspond à la bouche d'une fontaine, comme on en voit parfois sur les places publiques des villages, distribuant l'eau issue d'une source ou d'une citerne.
 
L'Initié sait que sa pensée ne peut stagner dans les séductions colorées et volatiles du symbolisme. Le symbolisme, l'Initié sait que ce n'est qu'une étape menant à la Révélation. Dès lors, il ne revêt pas l'habit du moine, il n'entre pas dans une tradition, mais il les épouse toutes. Expert du Code et de la grille de lecture ouvrant tous les symbolismes particuliers, il en dégage le cœur de synthèse. C'est exactement ce qu'a fait Dominique Aubier. Et si quelqu'un d'autre l'a fait, alors qu'on me le dise, afin que je lui consacre toute mon énergie.
Mais ce n'est pas tout : si l'Initié instruit du Code se porte au degré où l'avancée réalisée est au maximum du dévoilement — et s'en fait le porte-parole —, il doit également ajouter sa propre nouveauté à l'édifice. Il n'est pas un répétiteur, mais un constructeur apportant non pas redite ou opinion, mais éclaircissement nouveau par une mise au clair dépassant les apports de ses prédécesseurs. Il doit être « lumière sur lumière ».

L'Initié parle (DaBar en hébreu) avec cœur (LeB) pour enseigner les lois du cœur. C'est-à-dire que sa Parole enseigne (Lamed) les lois de la structure (Beth). L'initié est un homme — une femme — de cœur. Et non pas une femme — un homme — de cour, selon la formule de Baltazar Gracian.
Homme/Femme de Cœur ? Les innombrables et non moins généreux donneurs de leçons de morale sont-ils de cette trempe ? Les penseurs en vogue donnent-ils la moindre leçon de vie applicable à notre réalité ? Pour qu'il y ait vie dans l'esprit humain, il faut une tout autre source, un autre ordonnancement : celui qui tire sa nourriture depuis le don du Verbe. « Et pour que la descente du Verbe se fasse, il faut qu'aucune résistance ne freine la pluie de ses étincelles se déversant sur nous, qu'aucune dérivation n'en modifie l'épandage. Tout doit passer par les intermédiaires naturels, qui vont de l'Émetteur primordial jusqu'au livre le plus abouti qui démarque l'avancée la plus précise de l'investiture humaine ».
Quel est ce livre ?


Première partie : de la Rosée à la Fontaine

1 l'Union des Contraires entre sciences et Tradition
Je reviens ici sur un sujet que j'ai déjà abordé et dont je ne suis pas l'inventeur. L'Union des Contraires entre Connaissance et sciences. Plusieurs grandes réunions internationales se sont déroulées pour mettre en œuvre cette idée. Mais aucune n'a abouti à des résultats sérieux. Pourquoi ? L'initiative semble sympathique que réunir un Chamane amérindien et un biologiste, et chercher les voies convergentes de leurs savoirs. Mais rapidement, une fois passées les politesses, on s'aperçoit que la mondanité ne débouche sur rien. C'est en raison d'une erreur de méthodologie. En effet, on ne peut pas opérer comme l'ont cru naïvement certains organisateurs en convoquant un congrès où seraient invités d'une part les représentants des religions et traditions et d'autre part des scientifiques spécialisés dans leurs domaines. Le dialogue réel ne se produit pas, précisément parce que les deux interlocuteurs ne sont pas établis au même niveau de langage.
Un grand déséquilibre temporel place en effet les Traditions millénaires face à un interlocuteur (la science) dont le langage linéaire propre à l'Occident du XXIè siècle ne peut combler l'abîme qui les sépare. Ce fut la raison de l'échec des tentatives de Fritjof Capra, dans son ouvrage Le Tao de la Physique. Il se trouva dans l'impossibilité de concilier les points de vue, parce qu'il ne parvenait pas à cerner le Principe d'Unité qui aurait permis de construire la rencontre.
Dans ces réunions, on a pu voir par exemple le Dalaï Lama discourir sur le bouddhisme tibétain et tel astrophysicien exposer la théorie des quantas. Mais rien ne rapproche la Tradition du langage scientifique et vice versa, et la convergence ne se fait pas. Le dénivelé linguistique entre le symbolisme non élucidé de la tradition et la neutralité scientifique les positionne l'un et l'autre dans une inégalité d'expression totale. D'où l'échec de toutes les réunions prétendant unir Connaissance et Sciences, y compris celles proposées et soutenues par L'Unesco depuis les cinquante dernières années.

La raison de l'échec est simple (la nouvelle directrice de l'Unesco, Madame Azoulay, en prendra-t-elle la mesure ?) : pour que la Tradition puisse échanger, confronter sa vision du monde avec celle de l'objectivité rationnelle, il faut que soit d'abord libérée la synthèse des croyances et que le motif d'Absolu qui les fonde soit dégagé. Il faut que les lois organiques du réel, exprimées en langage métaphoriques soient identifiées pour que l'on puisse ensuite les confronter à la diversité des disciplines scientifiques, priées d'en vérifier la validité. Ce n'est qu'alors que le grand Symposium Connaissance et Sciences est possible. De leur côté, les sciences doivent elles aussi procéder à leur synthèse unitaire. Et là, nous sommes loin du compte. Cette quête de la synthèse a dérivé en une espérance vaine ayant pris la forme d'une échappatoire dans une nouvelle discipline, la transdisciplinarité — qui à son tour ne produit aucune synthèse mais se rajoute comme une nouvelle discipline à l'ensemble déjà considérable des sciences… se dérobant ainsi au projet initial de synthèse. C'est un tour de passe-passe que les sociologues n'ont pas relevé, et qui leurre l'Unesco depuis des décennies.

2 L'Union des Contraires n'est pas un aboutissement. 
C'est un moyen, un outil devant servir à un moment précis de l'évolution où Gauche et Droite se rencontrent. Et l'on s'aperçoit vite des limites dont est frappée la science, en raison même de sa méthodologie doctrinale… niant la parité. La Science soupire après un dialogue avec l'Invisible à condition qu'elle impose sa méthodologie, unilatérale…
Il existe, nous le savons bien par l'expérience que nous avons de nos propres vies, des moments favorables aux associations, et d'autres où les chemins se séparent et où l'on continue seul. En se reportant sur l'Alphabet hébreu et sa structure en Arbre, l'Union se réalise lorsque l'énergie passe de Tzadé final 900 vers la branche de droite. Arrivée à Droite, l'Énergie dépose ses acquis. Les potentiels ainsi déposés génèrent une pensée nouvelle sur la seule branche de Droite, montant vers les étages supérieurs.

L'Union a été faite.
Tout cela est expliqué dans le livre que j'ai déjà cité, (au risque de vous lasser). Il n'est que de l'intégrer et passer résolument à ce que je pourrais appeler la « post-synthèse ». Ce qu'en hébreu le roi David appelait le « Séterélion », le lieu protégé, un lieu où il n'existe plus de dualité séparative. La voie spéculative de l'objectivité a cessé : seule dirige la voix issue de la Voix (e) droitière de l'Arbre. Une représentation de cet arbre est donnée dans plusieurs ouvrages et films de Dominique Aubier.

Nous en sommes là. Dans cette poussée en avant.
Nous reportant au schéma cortical, l'énergie est en couche VI, après l'Union des Contraires, et elle se déploie en deux temps sur la seule branche de Droite.
On y vit toutes sortes d'événements. Le retour à l'archigène (liaison couche VI - couche IV et couche I) : cela correspond, au niveau mondial, à la résurgence momentanée des intégrismes religieux et nationalistes. Ils finiront par perdre leur énergie d'autant que les consciences investiront les strates supérieures. Le stade momentané du « retour à l'archigène » sera dépassé, (liaison couche VI - I) et les grands symbolismes collectifs  religieux (liaison couche VI - IV) perdront de leur vitalité.
Nous vivrons alors le recentrage puissant de la pensée sur les critères initiatiques libérés des carcans symbolistes. Nous y sommes déjà et c'est l'objectif même de cet article que valider cette phase.
Nous en sommes maintenant à boire la Rosée de la Connaissance déposée. Un vin pur, sans mélange, sans adjonction synthétique. Boisson tirée du pressage de la Vigne, cépage issu de la seule Connaissance germant sur les grappes de l'Alphabet au niveau des lettres Qof, Resch, Schin, Tav. Donc au-dessus de l'espace dualiste, au-dessus de l'Union des Contraires.
La Rosée se boit (en deux gorgées selon l'archétype) sur la « montagne du Qof », et le verre se tient dans une seule main, la droite.