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vendredi 29 décembre 2017

The Fountain. 4/4 Aronofsky, la tête enchantée et le singe de Maese Pedro

The Fountain. Film kabbalistique de Darren Aronofsky
Les références subliminales d'Aronofsky (part. 4)
par Dominique Blumenstihl-Roth


La Tête enchantée dévoile son secret
Ce film s'appuie certes sur des références kabbalistiques dont il bat le rappel, comme une sorte de compilation d'inventaire, mais il est surtout un appel à l'ouverture (la trépanation) de la pensée vers un nouvel horizon post-kabbalistique. Ouvrir le crâne pour toucher au référentiel cérébral à 6 couches ? Six, comme dans le premier mot de la Torah « Barachit » qui s'entend en araméen « Il créa Six ». Six couches ? Comme dans un Cortex ? Une tête dont il faut découvrir l'identité ? C'est la Tête enchantée qui surgit : renvoi au motif cérébral dans Don Quichotte au chapitre LXII, tome II.

image d'un neurone et ses dendrites

Dominique Aubier (eh oui, encore elle !) a écrit un volumineux traité sur le sujet de la Tête qu'aucun chercheur de vérité sérieux ne peut ignorer.
La Tête enchantée… La tête du Singe ? Don…Ovan, dans le film d'Aronofsky, serait-ce une allusion à Don… Quichotte ? Ah, je vais trop loin diront les irréductibles du rationalisme sachant tout sur tout sauf l'essentiel. Mais je m'en tiens à ce qu'écrit Cordovero (eh oui, encore lui) : « il n'y a pas d'explication sans nouveauté ». Dès lors j'avance mon explication en risquant d'effaroucher le conventionnel par l'audace de la nouveauté, cela dût-il me coûter mon futur siège à l'Académie Française : cette Tête connaissant toute vérité apparaît, dans Don Quichotte, à Barcelone, au domicile d'un ami du Chevalier qui exhibe un buste posé sur une table. Cette sculpture a l'étrange capacité de parler et de répondre aux questions. La même fonction parleuse apparaît au chapitre où Maese Pedro (mais où exactement ?), porte sur ses épaules un Singe dont il affirme qu'il aurait le pouvoir d'exercer la divination. Buste et Singe… images quichottiennes de la Tête parleuse de Vérité. Dans le film d'Aronofsky, on retrouve le Singe, la Tête, et toute la thématique cérébrale mise en relation avec la Parole divine. Quelle est cette Tête qui possèderait un centre vital, récipiendaire de la Parole ? Tête humaine, singée par le Singe…

Mais où est-il donc, ce signe ?
Pardon : je voulais dire « où est donc ce singe, dans le Quichotte » ? On me croira ou non : J'ai pris en mains l'exemplaire du Quichotte de ma bibliothèque (éditions Garnier) et je l'ai ouvert au hasard. Je vous le donne en mille : le gros volume s'est déplié à la page 721, au chapitre XXV du volume II. Et que vois-je ? Il est bien là, le signe du singe, sortant droit du livre. À croire que le texte venait au-devant de moi, ne désirant qu'à se faire remarquer et m'éviter de perdre du temps dans d'inutiles recherches. Maître Pierre (Maese Pedro) se présente à l'aubergiste qui, le reconnaissant, lui demande : « mais où sont donc le singe et le théâtre ? » C'était notre question : où est le singe, dans le théâtre mis en scène par Aronofsky et le Quichotte ? « Ils seront bientôt ici » répond l'homme. Venu en repérage, à trois reprises, Maître Pierre annonce l'arrivée de ce singe et du théâtre. On reconnaîtra ici l'habileté de Cervantès qui exécute dans ce court paragraphe un guézer (décret) informatif conditionnant la suite du chapitre : nous sommes dans la première instance où il faut surveiller le contenu des notifications. Le Singe est associé au théâtre. C'est qu'il y aura donc mise en scène, représentation et le singe y tiendra son rôle.

Don Quichotte aussitôt s'en inquiète et demande à l'aubergiste qui est Maese Pedro, quel théâtre et quel singe il mène avec lui. On apprend que c'est un montreur de marionnettes qui présente un spectacle de Mélissandre délivrée par le chevalier Gaïferos. Et qu'il emmène avec lui un singe savant « de la plus rare habileté qu'on ait vue parmi les singes et qu'on ait imaginée parmi les hommes. » Ce singe a développé des capacités remarquables : « si on lui pose une question, il écoute attentivement ce qu'on lui demande, saute ensuite sur l'épaule de son maître et s'approchant de son oreille, il lui fait la réponse à la question, laquelle réponse Maître Pierre répète sur-le-champ tout haut. » Sancho lui pose une question. Le singe saute sur l'épaule de son maître et exécute le « protocole bavard. » 
C'est que la lettre Qof (le Singe) de l'Alphabet hébreu est parleuse. C'est là que s'effectuent les bilans du passé. Ce singe a ceci de particulier qu'il sait lire le passé et le présent des questionneurs. Don Quichotte s'explique : « Je suis bien ce même Don Quichotte de la Manche que ce bon animal vient de nommer. »
Qui pourrait encore prétendre qu'il n'existerait pas de lien entre Don Quichotte et le Singe si le chevalier l'établit lui-même ? En effet, plus avant dans le texte, Quichotte s'étonnera que ce singe parleur n'ait pas été traduit devant le Tribunal du Saint Office, étant nécessairement une créature du diable. Singe très suspect d'hérésie, d'autant que sa faculté locutoire est limitée, selon Maese Pedro, au seul jour du vendredi. Trait d'humour désignant l'ouverture du Shabbat au cours duquel le Juif imite par son rituel — oserions-nous dire que le religieux singe la Parole divine quand il en exprime la pensée par les symboles produits ?

On retrouve le « seigneur singissime » dans le film d'Aronofsky.
Petit animal soumis à la violence de la science. L'occasion ici de rendre hommage à ces animaux qui subissent d'infinies souffrances au nom de la science, pour le prétendu bienfait de l'Homme… et pour le plus grand bénéfice des Maese Pedro propriétaires de laboratoires… 
Dans Don Quichotte, le spectacle de théâtre est lié à la thématique du singe.
La pièce représente « la sans pareille Mélissandre (qui) venait mainte et mainte fois regarder par là le chemin de France et, tounant l'imagination vers Paris et son époux, se consolait ainsi de son esclavage… » (Don Quichotte, chap. 26, vol II). Ce singe aurait-il quelque lien avec la France ? Le film d'Aronofsky, — sublime singerie métaphorique — aurait-il quelque rapport avec la France ?
Mais oui ! Puisque l'explication kabbalistique de son film est rédigée ici même, en France, par un français. Lui-même formé par l'exégète du Quichotte. Elle-même française, ayant vécu en Espagne. Et auteure d'un livre sur… le cerveau.

Tête de Singe. Tête humaine. Aronofsky est hanté par la thématique Tête. 

Concept kabbalistique par excellence, l'initié de toute tradition se réfère toujours à l'image de la Tête.
Et justement,
propose Dominique Aubier, il se pourrait bien que le monde soit à l'image d'un Cerveau, avec ses différentes zones de sensibilité réparties à sa surface, ses peuples et leur vocation, chacun ayant développé des spécificités culturelles selon son implantation cérébro-culturelle. Tel peuple préfère l'image, tel autre l'écoute, tel autre la parole, l'écrit, selon la zone cérébrale du monde où il a vu le jour. Si le monde est un cerveau, dit-elle, alors il existe sur terre une zone du langage par où le message cosmique — le Verbe — pénètre d'une manière surpuissante. « Il existe une aire du langage de la Planète où la Parole élit son domicile avant d'irradier l'ensemble de toutes les cultures dont aucune ne peut être minimisée ». De sorte que chacun est « élu » pour occuper la zone corticale correspondant à son génie, sans empiéter sur celle des autres.
 
Le monde aurait son aire du Langage en un lieu précis. Aronofsky l'appelle d'un nom fantastique, ce serait une ville cachée au cœur de la forêt amazonienne. Astuce bien connue que donner un autre nom à l'endroit où l'on se rend secrètement : longtemps, les Juifs candidats à l'immigration disaient qu'ils partaient pour le « Canada » alors ils s'embarquaient en réalité pour Israël. Et quand ils partaient réellement pour Montréal ou Vancouver, il précisaient en appuyant sur le deuxième mot (redoublement) : « Canada - Canada ». Dire sans se trahir, c'est une habitude quasi folklorique dans le judaïsme tant la crainte d'être dénoncé-arrêté s'est inscrite dans les réflexes de la vie courante… Je crois donc que sous le masque Maya, Aronofsky a en réalité pensé à (ne pas) nommer la ville sacrée obsédant sa pensée. Libérons ce qu'il cache, dégageons le non-dit et disons ce qu'il n'ose exprimer. D'où cet article : ce commentaire sur le film d'Aronofsky s'avance en acte libératoire, parce que l' « absence d'exégèse allonge l'exil » (Cordovero, la douce Lumière). Et c'est pour mettre fin à cet exil du sens que j'expose par des mots (et il faut que ces mots réfèrent au sacré, aux Divine Words) ce que le cinéaste représente par la force et la séduction des images : l'exil de la Schékina. La Schékina encore prisonnière de l'image doit absolument être libérée. Par le procédé exégétique, elle doit « retourner vers le Temple » — le Modèle d'Absolu —, et se donner en partage à l'humanité entière.

Les prudences d'Aronofsky
Chez Aronofsky, tout est transporté clandestinement : et c'est de bonne règle, car « la lumière du Messie (doit) pénétrer dans ce monde d'en-bas de façon clandestine, en sorte d'éviter d'être arrêté par les forces du mal, incapables de le reconnaître sous cette étrange apparence… » (Charles Mopsik, Cabale et Cabaliste, éd. Albin Michel, p. 99).
Sage prudence que mon commentaire n'aura pas, c'est pourquoi il agacera plus d'un critique d'Aronofsky et plus d'un hébraïsant formé à l'école antique de la lecture littérale. Soyons clairs : son film aurait-il eu le même succès s'il avait abordé de front la thématique kabbalistique, donc hébraïque ? L'antisémitisme culturel conditionnant la culture occidentale — la critique — aurait-il hérissé ses javelots si le cinéaste avait explicitement dit au spectateur : « regarde, le père Avila, dans mon film, celui qui découvre la dague et la carte secrète du temple n'est autre que l'auteur du Zohar, Moïse Schem Tob de Leon, surnommé en son temps le Lion d'Avila. Et la ville qu'il désigne sous couvert de référence Maya, le temple perdu, ce n'est rien d'autre que Jérusalem. Et la bague que Tom égare, c'est l'anneau de l'Alliance perdue, allusion directe à la perte des rouleaux de la Torah égarés lors de l'exil de Babylone ». Les prophètes d'alors, ayant finalement retrouvé les rouleaux (« ne t'inquiète pas, on la retrouvera, la bague », dit un assistant de Thomas) dans la crainte de la perdre une seconde fois, mirent au point le symbolisme et le rituel de la religion, exigeant de tout Juif qu'il porte sur lui-même ces symboles, dans ses vêtements, sur son corps, de sorte que tout israélite soit à lui-même un temple inaltérable. Dès lors Thomas s'empare de la plume que lui a offerte Liz et se tatoue une alliance sur sa peau, s'assurant ainsi le lien éternel avec elle : l'Alliance est restaurée, Liz en devient le symbole de la Schékina accompagnant le porteur de l'Alliance en tout lieu et à travers les siècles. Tout cela, le cinéaste le laisse voir, sans le dire, car son art n'est pas un art de la parole, mais de l'image.

Il faut compléter l'image d'une parole exégétique.
L'œil voit, le cœur comprend et la bouche parle ce que le cœur a compris :
Écoutons les répliques : « La pyramide a été construite sur le nombril de la terre, le lieu de naissance du monde. Un arbre singulier y pousse, celui qui en boit la sève vivra pour toujours.… » Où se trouve cet arbre ? Le père Avila — le Zohar donc, (le Zohar compose la somme de la connaissance kabbalistique) — en indique la position sur la carte : en ce lieu se dresse une pyramide (un temple) « non pas perdue mais cachée ». Tout est caché dans ce film, et tout demande à émerger. Quel est ce lieu caché, signifié par le symbole du temple caché ?
La reine d'Espagne répond aussitôt en citant la Bible, le chapitre de Genèse. Elle reporte immédiatement la métaphore Maya sur l'imagerie biblique, et l'arbre évoqué devient l'Arbre de vie, l'Arbre de la Connaissance croissant dans le jardin d'Eden. Par sa référence biblique, elle reporte le symbolisme de la jungle de la Nouvelle-Espagne sur l'Eden de Genèse et la ville sainte évoquée n'est alors autre que Jérusalem, s'agissant, comme le conseille Aronofsky, de suivre la logique des « mots divins », divine words, le nom de l'exposition à laquelle se rend Liz : c'est là qu'elle s'effondre après avoir mentionné le sens de l'iconographie Maya, laissant son manuscrit inachevé : à nous d'en écrire le chapitre manquant. À nous ce voyage, vers cette Jérusalem du sens, à nous d'avancer vers cette « Luz », l'antique nom de la ville sainte, corrélée aux forces du Verbe… C'est notre propre aire du langage, toujours « branchée » sur l'Invisible et ses signes. Il n'est que d'écouter, voir, lire… S'instruire de l'avancée inexorable de la Connaissance et se rendre là où l'actualisation la plus performante perce la surface.


"La branche de l'amandier". Huile sur bois. 58 x 61 cm. (Francis Roth)
Car Jérusalem, avant d'être une ville, est une position de l'Esprit. C'est à ce lieu que le cinéaste nous convie, cette Jérusalem intérieure que nous portons potentiellement tous en nous. C'est la position de l'Esprit la plus haute, le degré le plus pur de l'Initiation. À nous de l'activer, et c'est à notre portée. C'est affaire de culture et d'effort, car comme son nom l'indique, seule la possède l'homme (ou la femme) de connaissance qui a rallié l'énergie (Yod) dans le système d'Absolu (Rosch) et atteint le Verbe (Schin)… 

« Peut se dire habitant de Jérusalem celui qui sait écouter le verbe dans le réel, alors il est Israël, au sens unique du terme, l'homme qui combat pour Dieu. »

—1. Le secret de la fontaine,concept kabbalistique.
—2. Fountain part 2. Lecture initiatique du film d'Aronofsky.
—3. Fountain. part 3. Le modèle cérébral 


Je vous remercie de m'aider à maintenir ce Blog.
PS : Certains disent que je fais "la Manche" . S'agissant de Don Quichotte, je peux bien dire que j'en suis (de la Mancha — en espagnol "Mancha" signifie la "tache", c'est-à-dire doté du sang taché, dit impur, autrement dit : les hérétiques. Faire appel au Mécénat, ce n'est pas de la mendicité.C'est demander l'implication des Lecteurs et Amis de la Connaissance.
Sans l'implication des Lecteurs, rien n'est possible.

vendredi 22 décembre 2017

Le modèle cérébral dans le cinéma d'Aronofsky. Allusion à la Face cachée du Cerveau.

Le modèle cérébral dans le cinéma de Darren Aronofsky
par Dominique Blumenstihl-Roth
 
Le livre de référence pour comprendre les archétypes et le Cerveau : La Face cachée du Cerveau. C'est ce livre-là qu'il faut ouvrir (trépaner) pour comprendre le Cerveau.

Le Redoublement
Le Redoublement est une modalité observable dans le fonctionnement cérébral, dû à la structure en 6 couches du néocortotex, constituée histologiquement en 2 fois 3 couches superposées, en deux instances. Les 6 couches ont été fort bien observées par les neurologistes… depuis plus d'un siècle. L'énergie circule de la couche I vers la VI et connaît des seuils et des relais au moment du passage de couche III en IV.
Dans le film, Liz décède sur cette lisière. Sa vie s'arrête sur le seuil de la couche III, là où les fonctions symbolistes sont extrêmement sensibles dans le cortex. La référence corticale (et c'est une répétition du thème déjà exploité dans son film précédent Pi 3,13) est très nette dans « The Fountain » où la jeune femme est atteinte d'une tumeur au cerveau — de même que le singe Donovan appelé à subir des greffes chirurgicales. Liz décède de cette tumeur : c'est l'impasse du symbolisme ne parvenant pas à se libérer de sa gangue. C'est le blocage de l'information en couche III, en condensation symboliste maximale, telle que l'ont cristallisée les religions dans les formes allégoriques. Il faut effectivement une opération extérieure, une intervention libératrice de l'ordre de la trépanation qui perce la carapace de la couche III ; un acte positif est nécessaire pour transférer l'énergie vers la couche IV, par le côté Droit. C'est affaire de chirurgie (la chirurgie étant ici un acte symbolique. Il s'agit en réalité de l'acte de lucidité, de précision, de lumière, donc d'explication… et du recours au Modèle d'Absolu. C'est l'objet même de ce texte.)

Par ici la lumière
Ce travail est métaphoriquement assumé par Thomas Creo qui trépane le Singe. Le Cerveau est en cause. Le cerveau de l'humanité risque de défaillir si on ne lui inocule pas la formule de l'Arbre de Vie. Autrement dit, le cinéaste soumet son film à l'appel d'une élucidation éclairante (« par ici la lumière » dit-il à son assistant lors de l'opération). Et le singe (animal totémique de la lettre Qof) survit et guérit. Car en effet, l'humanité ignorante est comme ce sympathique Singe endormi, pris dans un étau, et dont le Cerveau se détériore. L'intervention d'une puissance venue de l'Extérieur — cette lumière éblouissante qui inspire le chercheur — sauvera Donovan. Et l'on se souviendra alors que le Singe est le totem de la lettre Qof en hébreu. Qof se situe tout en haut de l'Alphabet, sur l'entrée du Domaine protégé appelé le Séterélion formé par les lettres Qof, Resch, Schin, Tav. C'est le lieu de la salvation cher au roi David qui lui donna ce nom. L'humanité doit s'élever vers ce lieu pour échapper à son conditionnement purement animal. Doter son cerveau de la puissance du Verbe et la Connaissance. Pour en savoir plus : Le Principe du langage ou l'Alphabet hébraïque.

L'explication que je donne ici — sans doute une vanité de ma part — la trouverez-vous chez les kabbalistes à la mode ? Si tel était le cas, c'est par eux que je l'aurais apprise et j'aurais joie de les citer. Qui, parmi les auteurs plus lettrés que moi, parmi les philosophes et autres penseurs en surbrillance médiatique me dira : « Tout cela ne le savions déjà… » ? Dans ce cas, pourquoi ne pas l'avoir dit avant moi ? Le décryptage des archétypes, leur identification… Ne me dites pas, comme je l'ai souvent entendu, que la psychanalyse l'aurait fait. Ce n'est pas vrai. Pas même l'admirable Jung : il en a pressenti l'existence… mais il n'en a nommé aucun. Et ni Raymond Abellio, ni Mircea Eliade, grands chercheurs devant l'Eternel, n'ont donné corps à ce qu'ils appelaient de leurs vœux. Soupçonnant l'existence d'un Modèle d'Absolu qu'ils ont nommé, ils ne l'ont pas pour autant identifié. C'est le Cerveau. Ou plutôt, le cerveau restitue l'image de ce modèle. Dans le cadre de cette identification, déjà faite dans La Face cachée du Cerveau, cette exégèse du film kabbalistique n'est pas un accessoire décoratif : elle propose le dégagement du symbolisme, la résolution des métaphores du film en employant le ciment de la Connaissance actualisée.

L'Union des Contraires
Autre élément pour vous convaincre ? Combien en faudra-t-il déposer sur la table des preuves dûment collationnées par la kabbale hébraïque ? Aronofsky met en scène l'archétype de l'Union des Contraires. Autrement dit, il pratique le « Qorban ». Il reprend là une thématique chère à Louriah, l'Union de la Gauche et de la Droite et la perspective d'une réparation permettant de gagner le Jardin d'Eden. L'espérance de l'Eden est la motivation principale, dans le film, de la Reine et son Conquistadore. Une précision de mon Maître à propos de l'Union des Contraires : « Louria se figurait cette problématique gauche-droite mouvant le cycle civilisateur, dans le cadre de l’oblitération survenue à la sortie de Gan Eden. Pour lui, la faute des premiers hommes a placé l’humanité dans une situation marginale, à l’écart de la vraie vie, coupée du projet créateur. Et cela durerait tant que l’ordre ne serait pas reconstitué, ne pouvant l’être qu’au moyen de ce qu’il appelle l’extraction des étincelles. Notion qui implique celle de Qorban. Laquelle implique à son tour le projet créateur dont le but est de rendre intelligibles et familiers les archétypes. Le cycle civilisateur n’a pas d’autre finalité. Tout le but de la création répond à cette nécessité. Établir le système d’Absolu dans sa structure et accepter, avec les archétypes, la charte indiscutable de la vérité. L’humanité n’aurait plus qu’à l’adopter afin d’avoir l’esprit sous bonne escorte. Elle retrouverait ainsi le conditionnement qu’elle n’aurait jamais eu besoin de perdre, si Adam et Eve l’avaient respecté. » (cf La 23è Lettre de l'Alphabet hébreu, Dominique Aubier, éd. MLL, page 268.)

Comment le cinéaste va-t-il « opérer » son Union des Contraires ?
À la mortification morbide du Grand Inquisiteur qui pratique en solitaire l'autoflagellation il oppose la médication prônée par les kabbalistes d'unir les contraires par un mariage au niveau des éléments atomiques. Le Maharal de Prague a longuement commenté — en langage symbolique — l'union des Contraires et avait noté que cet archétype s'était mainte fois imposé à Israël : de nombreux héros de la saga biblique ont en effet pratiqué l'Union des contraires, en choisissant (de gré ou de force) leur partenaire de couplage hors du fief hébreu, et cela en flagrante contradiction avec les « lois de séparation ». Ces exceptions sont significatives dans le processus messianique dont l'avénement résulte en effet d'une Union avec l'Opposite. Est-ce cette idée qui traverse l'esprit du cinéaste quand il imagine son personnage Thomas Créo qui, pour sauver Donovan, a soudain l'intuition — la lumineuse révélation — qu'il faut extraire les composés vitaux d'un arbre poussant dans la jungle du Guatemala dont il possède une souche ? Cet arbre numéroté 82 -A46.
C'est là un rébus méritant d'être ouvert.
Avec ses collègues, il extrait des molécules de cet échantillon qu'il injecte directement dans le cerveau du Singe. La thèse de Thomas Creo consiste à imaginer que les composés de la plante miraculeuse s'uniront aux cellules cancéreuses proliférant dans le cerveau : « il faut les unir comme des amants » dit son collègue : « on les apparie ». Autrement dit : on unit les contraires et on forme, à partir des deux éléments séparés, une unité nouvelle. Serait-ce une allusion à la procédure de l'Union des Contraires, bien connue également des soufis qui la nomment Jam al Jal ?
Et le miracle se produit. « Je n'ai jamais vu ce type de liaison, dit un des chercheurs, j'ignore à quel niveau s'opère la liaison, cela adhère aux parties actives de la tumeur »… Il fait là une description exacte d'un Qorban, qui consiste effectivement à apparier Gauche et Droite d'une structure, créer une unité nouvelle qui relance un cycle de vie.

Le messianisme doit naître, selon la Tradition, d'une Union. L'Union Droite et Gauche est en effet pleinement écrite dans le nom de David — le messie fils de David — dont les lettres sont un Vav entouré à Droite et à Gauche d'un Dalet. Il est dit « fils de David » car c'est ainsi que l'on nomme, dans la Tradition, l'avénement du second messie succédant au Messie fils de Joseph. Le messie fils de David naît d'une union de la Gauche et de la Droite, des deux portes (Dalet) donnant sur le Vav central. Cest là une donnée incontestable issue de la lecture même du nom. (Je reviendrai sur la notion de messianisme dans un prochain blog).

L'Arbre miraculeux


Quant à l'identité du végétal, cet arbre de vie miraculeux : son code 82-A46 peut se traduire par les correspondances lettriques suivantes :
82 écrit le mot Aoued (travailleur) avec les lettres Ayïn - Vav - Beth - Dalet dont les valeurs numériques respectives sont 70 + 6 + 2 + 4
עובד
La lette A du code figurant sur l'étiquette de l'éprouvette correspond à l'Aleph
א
Et 46 écrit le mot Amma : sa mère, avec les lettres Aleph - Mem - Hé. Mais aussi servante.
L'identité de la plante serait donc : « le travail de la mère servante au service de l'Alef, au service de l'Absolu.»
Chercher la femme.
Une servante, une femme serait donc au travail. Par elle, ll'Union des Contraires se réaliserait, et cette opération concernerait singulièrement le Cerveau. Aronofsky aurait-il symboliquement mis en scène le travail de cette femme ? Qui est-elle ? 

Voici quelques  indices : elle a affaire au Cerveau. Elle a affaire au Singe. Elle connaît la procédure de l'Union des Contraires. Elle maîtrise le dossier de la corticalité. Et celui de la Kabbale. Elle est concernée par l'Espagne. Par l'hébreu en Espagne du temps de l'Inquisition. Elle connaît l'histoire de la « Nouvelle - Espagne ». L'Arbre de Vie lui est connu. Les Séphiroth lui sont familières. La numérologie n'a pas de secrets pour elle. Elle connaît la carte du Père Avila. Elle sait où se trouve le Temple caché. Elle connaît le secret de l'écorce, des étincelles, de la neige, et de tout le symbolisme actif dans ce film. La Couronne Kether l'instruit. Elle est proche d'un chevalier dont la mission est de « sauver l'Espagne du joug inquisitorial ». Ce chevalier, n'est-ce pas Don Quichotte ? Élucubration ? Le Singe Don-Avan, n'est-il pas une allusion au Singe apparaissant dans Don-Quichotte, au chapitre de Maese Pedro qui exhibe le petit animal dont il prétend qu'il répond à toutes les questions ? Ah, ce singe où est-il caché dans le livre de Cervantès ?

Et qui est cette femme, ayant délivré rites, rituels et symbolismes sacrés pour leur donner l'explication au moyen du Code des Archétypes ? Qui est cette femme si ce n'est l'auteur du grand traité La Face cachée du Cerveau que j'ai déjà mentionné plusieurs fois dans ce texte ? On lui doit précisément une exégèse de Don Quichotte où elle a mis à jour ses relations avec l'hébreu et l'araméen du Zohar. Aronofsky désigne cette femme avec une singulière assurance, en ce qu'elle a effectivement écrit, dans sa jeunesse, une traduction de l'épopée de la Conquète de la Nouvelle-Espagne par un conquistadore (Bernal Diaz del Castillo), et qu'elle a conçu, bien plus tard dans sa vie, une somptueuse étude de l'Alphabet hébreu et des Séphiroth. Si vous connaissez quelqu'un d'autre qui réponde à toutes ces allusions du cinéaste — Espagne / Kabbale / Nouvelle-Espagne / Quichotte / Zohar / Louriah / Séphiroth / cinéma / Cerveau — alors dites-le moi vite et je corrigerai mon texte en citant amplement cette personne.

Je le dis sans hésiter : Aronofsky, tout en allusion et par sa méthode de codage, désigne l'œuvre de Dominique Aubier. Si Emmanuel Lévinas, que je salue respectueusement, était désigné, je le dirais tout aussi bien. Si c'était Adin Steinsaltz, je m'empresserais de lui reconnaître cette importance. Mais voilà, c'est l'œuvre d'une femme. Et la lumière entourant Rachel Weisz éclaire cette idée car ce sont bien les femmes qui apportent les lumières lors du Schabbat. Les lumières à la fin du Schabbat désignent l'explication terminale devant éclaircir le symbolisme. C'est l'objet de cet article : je propose maintenant de produire l'acte de conclusion explicatif qui consiste à remonter vers la source. Alors faisons le lien entre la fin et le commencement : la phase terminale du film appelle à ce retour.

Cela est demandé dans le film : « finish it ». Quelqu'un doit terminer le film d'Aronofsky. Et comment terminer son film ? Par l'écriture : Liz demande à Thomas d'achever son manuscrit. À travers cet appel, le cinéaste, à son tour, demande au spectateur de clore le film après son visionnage et d'apporter l'élément terminal de la lucidité qui surplomberait l'œuvre picturale par un commentaire qui, remontant à la source, nommerait ce qui est caché. Car ce film, comme le dit Cervantès de son Quichotte, « tendra necesidad de comento para enterderla ». Aura besoin d'un commentaire pour être compris. Je m'y résous et je poursuis l'étude de ce film avec mes références quichottiennes et cérébrales.



Dans le prochain Blog, j'aborderai :
— Le secret de la Tête et du Cerveau
— Divine words

mardi 19 décembre 2017

Le détournement des sources. La Tradition est trahie. La Fontaine exégèse.

Le détournement des sources. Ou la Tradition trahie.
par Dominique Blumenstihl

J'interromps momentanément ici la série sur la Fontaine (Fountain).
Parce qu'il se passe des choses dont je veux parler ouvertement :


Il y a quelques jours, je rendais visite à un ami. Son jardin est bordé, d'un côté, par un très beau mur de pierres par où s'écoule normalement une source alimentant, depuis des décennies, une fontaine. Elle coule jour et nuit et laisse entendre son paisible ruissellement. Regardant par la fenêtre de la cuisine qui donne sur la fontaine, je me suis aperçu qu'elle était tarie. J'ai demandé à mon ami pour quelle raison. Il m'a expliqué que son voisin s'imaginant être le propriétaire du cours d'eau qui traverse sa propriété, en avait détourné le cours et imposé un nouvel écoulement, asséchant la conduction naturelle. Une plainte a été déposée, car d'aucune manière cet individu ne peut prétendre être le propriétaire d'un cours d'eau dont la vraie source se situe bien en amont de son terrain…

J'y ai vu un signe.
Cette image de la fontaine tarie m'a profondément touché. L'absence de flux : j'ai ressenti l'effet d'une contraction brutale, une rétention infligée à la vie. De quel droit l'impétrant s'arrogeait-il la captation dans son seul intérêt de la source de vie ?
Revenu chez moi, cette image d'extinction m'a poursuivi. Quelque chose s'était fermé. Quelqu'un avait commis un acte illégal, privant d'eau un jardin. Je ressentais la violence faite aussi bien à la nature qu'à mon propre esprit, sensible au symbole de la Fontaine.
J'ai fait une lecture de ce signe : il concerne clairement la Connaissance, puisque la Fontaine, c'est précisément l'image de l'Initié distribuant l'eau qu'il reçoit et redonne. Dès lors, ce qui est concerné par ce signe, c'est l'enseignement même de la Connaissance. Quelque part, quelqu'un pratique une adduction puisant l'énergie vitale. Quelque part une captation illégitime a lieu, par quelqu'un qui commet le « siphonnage » de l'enseignement et le détournement de son cours naturel.

Mon ami, victime de cette grossièreté, a été le vecteur permettant au signe de s'exprimer ; son invitation inspirée m'a offert le support où lire le signe, là, devant moi, dans ce beau jardin désormais en danger. La nature est le territoire où le signe s'exprime. La Vie utilise le réel pour nous informer et nous tenir au courant de tout. Ce qui se dit ici s'exécute là : c'est une lecture du plan de cohérence. Une technique infaillible pratiquée par tous les initiés de toutes les Traditions. Et le signe m'informe qu'un délinquant s'affirme propriétaire d'une source dont il nie d'une part qu'elle prenne naissance plus haut, et dont il empêche d'autre part qu'elle alimente un jardin situé plus bas. Le risque est grand de dénaturer et blesser tout un écosystème le long d'un écoulement qui se prolonge jusqu'à la rivière située quelques centaines de mètres plus bas. De quel droit le contrevenant exerce-t-il ce vol ? De quel droit ce détournement ? 
Concernant la Connaissance, qui est l'indélicat responsable de cette lamentable attitude ? C'est celle des pseudo-initiés ne citant pas leurs sources, tirant à eux la force de la tradition tout en niant qu'ils s'en alimentent. Ils assèchent le cours, interdisent aux générations suivantes d'y puiser et d'y apporter leur part légitime de compréhension. Ils mettent en danger l'avenir en détournant la Connaissance, privant d'eau les terres et les esprits assoiffées. Ils forçent  l'écoulement vers leur intérêt personnel.
Rabbi Éliézer disait qu'ils empêchent le messie de venir.

Ces individus se comportent comme le méchant héros dans « Manon des Sources » de Marcel Pagnol. Pour se venger de n'être pas aimé de Manon, Hugolin cache la source, en dissimule le cours, et se réjouit d'observer le désastre qu'il cause. Nous savons comment il finit. J'informe ces délinquants qu'ils sont en grand danger : l'Invisible ne se laisse pas contraindre de la sorte, et la Connaissance, toujours en mouvement d'actualisation, n'admet pas d'être soumise à l'autorité des égotistes.
C'est là une mise au point que je voulais — que je devais — faire, concernant l'œuvre de Dominique Aubier, dont beaucoup s'inspirent sans la citer. Ce signe concerne son œuvre, car j'étais chez mon ami le 2 décembre, le jour anniversaire du décès du Maître dont j'ai eu le privilège d'être l'élève. Et nous évoquions justement son travail quand je m'aperçus de l'assèchement de la fontaine.
Son œuvre subit une rétention, un blocage lui est imposé en même temps qu'une adduction en ponctionne les trésors.

Le siphonnage organisé
— Tel professeur bardé d'impressionnants diplômes, componction de rigueur, donne un cours sur Don Quichotte et ses liens avec le Zohar, puise toute sa leçon des livres de Dominique Aubier, et trouve moyen de ne la citer que pour dénigrer son travail alors même qu'il pompe allègrement dans ses écrits. Pickpocket pris la main dans le sac, il reste tout étonné que cette main soit la sienne et s'indigne qu'on ose le lui dire.
— Tel conférencier, hier encore farouchement opposé à la thèse hébraïque du Quichotte, brille aujourd'hui devant son public en s'appuyant — sans le dire — sur les découvertes faites par cette Auteure.
— Tel autre parleur public exploite les nombreuses explications techniques sur la kabbale hébraïque, les mises au point, les schémas originaux conçus par la kabbaliste en nous faisant croire qu'il s'agirait de dessins ou schémas tirés de la Tradition, alors que ce sont des conceptions nouvelles, des éclaircissements inédits de ce qui hier encore était obscur. Ainsi la représentation de l'Arbre des Lettres hébraïques sous la forme d'un Arbre en Y. Plusieurs personnes m'ont demandé si cela provenait d'un ouvrage traditionnel. Je leur précise ici que cette représentation n'est pas une reproduction de quelque planche classique conçue par un kabbaliste médiéval. C'est une mise au point unique, c'est un « Hidouch » réalisé par Dominique Aubier. Car tout initié véritable doit être capable de produire un « hidouch », une trouvaille, une mise au clair ajoutant « lumière sur lumière ».
Dès lors toute personne utilisant cette représentation est priée d'en dire l'origine. C'est une question d'honnêteté intellectuelle, de probité, de justesse.

Les remarquables explications qu'elle a données sur les sens des lettres hébreues, mises en corrélations avec les seuils de fonctionnement cérébral, par exemple sur le Tzadé final 900, sont autant de précisions actualisées à l'état de compréhension de notre temps, appuyées sur les travaux des neurologues. C'est un apport unique (un Qorban) dont il est impossible de parler sans saluer la clairvoyance et l'effort intellectuel de la femme qui en est l'Auteure.
L'absence de la citation et de la juste référence discrédite celui qui commet le détournement.

J'ai entendu tel peintre célèbre attribuer les découvertes de Dominique Aubier à quelqu'un d'autre. Voix vibrante, il affirmait haut et fort, dans une émission radiophonique, que l'on devait le décryptage hébraïque et araméen du Quichotte à… telle sociologue ou ethnologue, tout en sachant fort bien que le mérite en revenait à l'exégète auteure de Don Quichotte prophète d'Israël dont il taisait le nom alors qu'il la connaissait personnellement. Pourquoi ce détournement de la source ? La déliquescence du procédé est d'une rare vulgarité. Que l'on sache que pareille malhonnêteté existe. Que certains médias en sont complices. Mais que les auteurs de ces détournements sachent que personne n'est dupe de la supercherie.

J'ai eu aussi la surprise d'entendre plus d'un pédagogue ou thérapeute exploitant les critères expliqués dans « La Face cachée du Cerveau ». Qu'est-ce qui les empêche de dire que c'est leur livre de chevet où ils ont appris le sens, l'origine et le fonctionnement des archétypes ? Dans leurs cours, on retrouve jusqu'aux expressions tirées du livre… La dissimulation est pathétique, d'autant qu'il faudra bien qu'un jour ils répondent à la question : « qui te l'a dit ? ». Là aussi, de fidèles Lecteurs, très attentifs à la Connaissance, me tiennent informés, et je les en remercie.
Je les encourage à tirer eux-mêmes les oreilles des impudents.

La  Gauche opère en miroir inversé
Normalement, je ne réagis pas aux indélicatesses des occultations, fussent-elles offensantes à la probité intellectuelle exigible quand il s'agit de la Connaissance.
Mais cette fois, c'est un signe qui m'a averti de ces mauvais usages. Je savais qu'ils existaient. Jusque là, je m'en accommodais. Dominique Aubier, quant à elle, les ignorait sachant que la vérité finirait par s'imposer elle-même. Elle m'avait dit : « Don Quichotte aussi a fait l'objet d'un plagiat, puisqu'il y a eu un "faux don Quichotte"… Que voulez-vous, ils sont incorrigibles. » Elle pensait que c'était Lope de Vega, dramaturge à l'esprit espiègle et méchant qui était à l'origine de l'imposture signée Avellaneda. Cervantès lui a répondu dans son 2ième tome du Quichotte.
Ce genre de pillage, me disait-elle, c'est typiquement l'expression de l'Inversion : 
« L'information réapparaît toujours dans la situation exaspérée qu'interprète le pôle contraire. »
Donc le fait qu'un signe tellement explicite se fasse observer — la source tarie, la source détournée — cela signifie par inversion que l'information du départ revient en force. Et que la Connaissance, au contraire, va dévaler les pentes, non plus comme une petite source, mais comme un fleuve intarissable.
Il convient donc, en regard du signe, exprimé sous forme d'un symbole, et pour que le redressement proposé soit valable, que je rende publique le forfait commis. Il faut révéler le subterfuge et redresser le tableau inversé en son original.
Il faut rendre public le phénomène de la captation, afin que cela cesse et que les délinquants (car c'est bien une forme de délinquance, et étant intellectuelle, elle n'en est que plus grave car elle touche à l'esprit et empêche la juste irrigation des lettres fertiles) — oui, que ces coquins sachent que nous connaissons leurs routines et qu'ils n'illusionnent personne. Le temps est venu de rétablir l'endroit des choses.
Cet article n'a pas pour objet de critiquer ou stigmatiser. Tout au plus de faire rougir quelque peu les larrons et surtout leur donner l'occasion de se regarder dans le miroir. Se ressaisir. Raison pour laquelle je ne cite pas leurs noms, car il faut laisser une porte ouverte et ne pas humilier publiquement celui ou celle qui, se reconnaissant, pourrait faire amende honorable par une élégante prise de conscience et un beau retournement toujours possible.
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The Fountain (suite)
Je peux donc maintenant poursuivre la publication de mon article sur le film The Fountain de Darren Aronofsky. Mes articles précédents m'ont valu un important courrier. Si bien que j'ai visionné encore et encore ce film pour (essayer d') en extraire le sens. Je crois que c'est un des films les plus importants jamais réalisés dans l'histoire du Septième Art, car il donne au cinéma sa véritable mission : instruire par les images, donner à voir, permettre à l'esprit de percevoir le vrai au travers des symboles imagés… et appeler, pour atteindre la pleine compréhension, au recours d'une exégèse : donc appel de l'image au Verbe.
Je réponds à l'appel que lance « Fountain ». Ce film ne demande pas une critique cinématographique mais un décryptage des allégories projetées sur l'écran et dont la puissance est tellement forte qu'elles pénètrent le cerveau par « la porte des yeux ». Ces scènes s'inscrivent dans la structure cérébrale et y déroulent un long récit symboliste racontant au Cerveau sa propre histoire, sa propre structure aux deux hémisphères en dialogue. Ce film projette en nous un cerveau se racontant lui-même et notre cerveau s'y reconnaît tant qu'il ne peut s'empêcher d'en redemander… jusqu'au point où la conscience se demande : « mais que suis-je en train d'observer ?  Et si c'était moi-même. Et si j'étais moi-même ce Conquistador en quête de l'Arbre de Vie, et si c'était moi, ce singe au cerveau trépané, et si c'était encore moi, cette femme illuminée, cette reine en moi, me guidant vers le meilleur de moi-même ? » Et si ce film était le récit de ma propre existence, de mon propre destin encore en cours mais dont le Temps connaît déjà l'issue ?

The Fountain, exégèse part. 1

The Fountain, exégèse part. 2 

Tous les livres-sources de Dominique Aubier
Tous les films-fontaines de Dominique Aubier

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vendredi 15 décembre 2017

The Fountain. Part 2. Exégèse kabbalistique du film d'Aronofsky

The Fountain, film de Darren Aronofsky. Film kabbalistique
L'exégèse part 2, par Dominique Blumenstihl

Retrouvez le début de l'article ici.

Dans mon blog précédent, j'ai parlé de Moïse Cordovero dont il est évident que Darren s'est inspiré.
Toute l'imagerie de l'Arbre sort de la théorie séphirotique présentée dans les livres de ce kabbaliste.
Plusieurs personnes m'ont demandé qui il était.

Moïse Cordovero est un kabbaliste né en 1522 dont la famille, comme son nom l'indique, était originaire de Cordou (Espagne). Installé à Safed vers 1542, il était considéré comme le plus grand des kabbalistes de son temps ayant eu le privilège d'être l'élève de Yosef Karo. Il fut le maître de Louria et écrivit une œuvre considérable dont La Douce Lumière (Or né érab), Pardes Rimomim, et 'Or yaqar, un commentaire du Zohar. En 1570, la population de Safed était majoritairement espagnole et portugaise. (Précisions de Schouel Ouziel, dans sa traduction du Palmier de Déborah, éd. Verdier).

Depuis sa sortie, il y a plus d'une dizaine d'années, The Foutain suscite de vives passions.
Cependant, à ce jour, il n'a pas fait l'objet d'un décryptage permettant d'ouvrir les images et les allégories dont il est rempli.
Quel est le sens de ce film ? Quel est son vrai propos ? Quelles sont ses sources, ses références ? Il est nécessaire d'en faire une exégèse.
Oui, ce film est d'essence kabbalistique. Les preuves ? Les voici.

Les étincelles
Autre indice kabbalistique : le thème des étincelles. Thomas Creo marche seul dans la rue. Moment insolite du film, car pendant cette séquence, le cinéaste a neutralisé la bande-son. Une dizaine de secondes sans aucun bruit, la neige paraissant avoir assourdi l'espace. Et soudain, à un carrefour, le chercheur voit des gerbes d'étincelles jaillir derrière une porte métallique — peut-être un chantier de soudures à l'arc, mais dont ne verra pas les ouvriers. Image gratuite ? C'est impossible, dans une œuvre où le moindre plan est chargé d'intention. Les étincelles : allusion à la thèse de Louriah, le disciple de Cordovero, qui a mis au point la théorie du Tzm-Tzoum. Le cinéma indien a lui aussi exploité la métaphore des étincelles, dans le même sens qu'Aronofsky et avant lui : au moins deux films peuvent être cités. Yes Boss, film indien de Aziz Mirza, 1997 où les étincelles jaillissent dès le générique. Et Chori Chori, film de Milan Luthria, 2003. (cf le livre La Porte de l'Inde, p. 228 et 284).

« Paamim » le Redoublement
Autre référence kabbalistique : l'archétype du Redoublement. Lorsque Liz est hospitalisée suite à une attaque cérébrale, le médecin dit à Thomas, son mari : « la prochaine fois… », laissant entendre, dans le non-dit, que la prochaine fois serait fatale. Il est en effet des mots que l'on ne peut dire mais que l'on entend sans qu'il soit indispensable de s'enfoncer dans la lourdeur de l'explicite. Or quelques heures plus tard, l'électrocardiogramme en alerte émet un sifflement strident et affiche la valeur 240. Arrêt sur image : ce chiffre écrit en hébreu le mot « paamim » (Pe-Ayin-Mem-Yod-Mem final) c'est-à-dire l'expression « deux fois ». Autrement dit : Redoublement. C'est à la seconde attaque que Liz décède et que son esprit rejoint Kether puis l'Ein-Sof. C'est le grand voyage.
Ce film décrit le processus énergétique se produisant à l'instant de la mort : le drame, la douleur, la séparation, mais aussi la délivrance et le retour à la Grande Source qu'est l'Ein-Sof. J'ai décrit ce processus dans un article précédent où j'ai traité le sujet des Séphiroth et de la Daat. « La mort est un retour de l'énergie vers l'Ein Sof sans renvoi vers Kether. » (cf Dominique Aubier).

Le Redoublement : éléments techniques.
Les kabbalistes usent de ce procédé qui consiste à « dire deux fois », nommé également le « davar schanoui » par les Talmudistes. La technique  s'appelle « Kafil », un mot bien connu des hébraïsants (mais je ne suis pas certain qu'ils sachent toujours de quoi il retourne). Une légère différence entre les mots : ils ressortissent du même concept mais en décrivent chacun un mouvement : ainsi, lorsque je dis ou fais « deux fois » (c'est-à-dire quand je procède à une répétition), j'use du « kafil » et je réalise un « davar schanoui »  dont le résultat est un « paamim ». Le concept, c'est le « kafil ». Le davar schanoui, c'est l'acte technique de l'exécution de l'archétype, le paamim, c'est le concept intelligible, visible et observable dans le résultat. Pour des facilités de langage et de communication, il me semble que l'on puisse indifféremment utiliser un terme ou l'autre, bien que par souci de précision intellectuelle il est préférable — au moins pour soi-même et quand on veut enseigner — de savoir les distinguer.
S'agissant d'une technique de Vie et d'un archétype universellement connu de toutes traditions du monde, l'humour n'est pas interdit. Dominique Aubier a nommé la procédure du Redoublement « Bip - BOP ». Car il s'agit bien, par cet outil, de savoir « danser sur sa vie », et si possible allègrement. Quant à Don Quichotte, il en use plaisamment, quand il dit, au moment d'exprimer ses besoins organiques vitaux… qu'il fait d'une part le « petit » (en Bip) et le «gros » (en BOP). En « petit » Bip , vous recevez la première information et le symbole. En BOP, c'est la matérialité bien lourde de l'événement qui s'impose.
J'ai expliqué tout cela dans ce texte : « Le Redoublement ».
Pour avoir l'explication détaillée des archétypes, se reporter au livre "La Face cachée du Cerveau", de Dominique Aubier.
Je vous préviens, c'est un sacré bouquin. Mais quoi ! Si on veut ajouter quelques cordes à son arc pour comprendre la vie, ce livre sera utile.

Je reviens à Fountain.  On m'excusera de passer ici à l'explication d'un mot hébreu. Langue interdite pendant l'Inquisition… Car les « hérétiques » torturés dans le films, ce sont bien les Juifs poursuivis par l'Inquisiteur. On leur reprochait d'en savoir un peu trop. Alors voici une mise au point sur le sens du mot désignant le Redoublement. C'est un exercice de kabbale pure.

Paamim s'écrit en hébreu :
פעמים

Je précise que la dernière lettre du mot hébreu (à gauche), le Mem final, s'est écrit de lui-même en gras. L'ordinateur par lui-même se mêle de l'explication et y participe…


Pe : la Parole, le Verbe
AyIn : Voir
Mem : le cycle
Yod : l'Energie
Mem final : répétition et terminaison du premier Mem. Donc en gras, décidé par l'ordinateur lui-même !

Les lettres composant le mot en donnent le sens : en toute chose, il faut savoir que le Verbe (Pé) veut être vu (Ayïn) et compris. Ce Verbe pénètre un cycle (Mem) il y imprime et exprime son énergie (Yod) qui trouvera sa résolution terminale dans un second cycle (Mem final). Il faut donc voir le mouvement de la « double détente » dans la répétition augmentative du Mem dans ce mot : deux Mem, le second étant une lettre finale. Entre les deux Mem circule l'énergie évolutive. Le mouvement s'exécute toujours sur ce rythme du Redoublement et toute chose, dans la vie, est répétée, subissant ce traitement archétypal inéluctable.
Noter dans ce mot la répétition de la lettre Mem, sous ses deux formes. Le premier Mem présente un espace ouvert, non encore abouti : c'est l'espace d'un cycle en devenir. C'est une première instance en cours d'élaboration, recevant les informations qui se développeront grâce à l'énergie Yod. Le cycle ne s'achève qu'en Mem final, lettre nettement fermée, cousue tout en haut de son côté gauche où une petite croche cependant surplombe le graphisme : l'énergie se propulse hors de ce cycle achevé (saut quantique ?) et change d'orbite pour commencer un nouveau cycle.
Le concept « Paamim » est signalé dans la Torah au verset : « une fois Dieu a parlé, deux fois j'ai entendu » (Psaume 62/12). Il est explicité dans La Face cachée du Cerveau qui en donne les fondements ontologiques sous l'appellation Redoublement. La reine Esther en est une experte, organisant la salvation d'Israël au moyen de cet archétype, ainsi que je l'ai montré dans mon livre Esther, la Délivrance d'Israël.
Et s'agissant d'un archétype universel, on le retrouve dans la doctrine du T'chan et du Taoïsme. Et les Amérindiens en connaissent le retentissement sur le bout des doigts…

(Si vous connaissez un kabbaliste ou un initié qui aurait explicité ce sujet, je vous remercie de me le faire savoir. Toute immodestie mise à part, il me semble que cette explication du mot Paamim est une mise au point. Une actualisation. J'allais dire un Tikkoun, au sens lourianique, une réparation, dans le sens où toute clarification par delà le symbolisme consolide la grande réparation des « vases brisés ». C'est ma part à ce projet et je l'assume en toute immodestie.)

Je reprends donc l'explication, une deuxième fois, conformément à l'archétype que je présente : les lettres composant le mot « Paamim » donnent le sens du mot : en toute chose, il faut voir (Ayïn) le cycle en cours et savoir (voir) que le Verbe (Pé) exprime son énergie (Yod) en un cycle (Mem) suivi d'un second cycle (Mem final) qui reprend les informations de la première instance et les métabolise en seconde instance. Le mouvement s'exécute toujours sur ce rythme du Redoublement.
La difficulté, c'est que la plupart du temps, nous ne voyons que la seconde instance d'une réalité, lorsque sa charge réaliste nous écrase. Mais il est certain qu'avant que l'événement dans la lourde matérialisation ne s'impose, il a existé une phase informative en Bip, elle même constituée de deux phases : l'information pure suivie de sa mise en forme symbolique. L'échéance factuelle s'inscrit dans le BOP.

Le Redoublement s'est de lui-même imposé, en écrivant le Mem final (2ème Mem) en gras dans mon texte. Et il a pesé sur le cinéaste, artiste particulièrement « branché » qui se sera laissé traverser par l'irradiation de l'archétype désirant être vu. Mais il y a une grande différence entre, d'une part donner à voir sur pellicule cinématographique le chiffre 240, dont la numérologie évoque la répétition, et d'autre part apporter le décodage du chiffre en son équivalent lettrique « paamim ».  Et ensuite réaliser une exégèse de ce mot en le reconduisant à son principe unitaire, le Cerveau. Aronofsky a réalisé la première instance. Pur exercice visuel, que tout le monde peut voir sans effort. J'en assume la seconde instance, autrement plus difficile puisqu'il faut justement libérer ces images de leur geôle symbolique. Donc contourner les gardiens de la religiosité archaïque (sans leur rien reprocher) et nous diriger vers une exégèse… post-religieuse libératrice des symboles. C'est à quoi je travaille…


La suite de l'exégèse de Fountain dans un prochain Blog
Je précise que sans les travaux de mon Maître jamais je n'aurais pu approcher le symbolisme de ce film. Dans le prochain Blog, j'aborderai :
— le modèle du Cerveau dans le film d'Aronofsky
— L'Archétype de l'Union des Contraires
— Les sources de l'Arbre de Vie
— Le grand secret de la Tête

Toute la série sur Fountain :

—1. Le secret de la fontaine,concept kabbalistique.
—2. Fountain part 2. Lecture initiatique du film d'Aronofsky.
—3. Fountain part. 3. Le modèle cérébral dans le film

—4. Fountain part. 4 : la tête enchantée et le secret du Singe 
Je remercie les lecteurs de mes articles de citer leur source quand ils en reprennent des éléments.
Gracias por su ayuda.

mercredi 13 décembre 2017

Fountain. Film de Darren Aronofsky. Décryptage d'un film prophétique

The Fountain, film de Darren Aronofsky
L'exégèse du film (suite)
(J'adresse mes remerciements à Mme Marianne Ruiz qui m'a fait voir ce film et M. Romain Genon-Catalot qui me l'a offert… deux fois).


Cet article s'inscrit dans la série de textes consacrés au symbolisme de la Source, la Fontaine.

Cette étude n'a pu être conçue que grâce aux éclaircissements tirés des ouvrages de Dominique Aubier.

 
Plusieurs Lecteurs m'ont dit que je n'étais pas allé assez loin dans mon étude sur ce film. C'est vrai. Je n'ai fait que survoler la thématique générale de son œuvre en affirmant qu'elle était construite sur des référentiels kabbalistiques. Mais je n'ai pas étayé mon affirmation et il manquait des preuves. Il est vrai que le cinéaste ne siffle mot sur les sources de son inspiration. Jamais, dans ses conversations, il ne s'ouvre sur le sujet. À croire qu'il craint, comme les suppliciés de l'Inquisition que l'on voit dans son film, être soumis à « la question » ? Ses aveux seront inutiles. Le cinéaste a suffisamment découvert sa pensée pour que nous puissions y lire le scénario subliminal qu'il y a dissimulé. Il mérite d'être acquitté, avec les félicitations du Jury. Ce film a besoin d'une exégèse pour être compris : c'est au spectateur d'écrire le dernier chapitre manquant…

Un film kabbalistique
La critique officielle, déroutée par l'ampleur de l'œuvre parle de création poético-surréaliste et de chef-d'œuvre épique. J'y vois, pour ce qui me concerne, une œuvre pleinement corrélée avec les critères de la kabbale hébraïque et qu'il nous suffise, pour nous en convaincre, d'observer certains détails ne pouvant échapper à l'œil attentif tant soit peu versé dans la doctrine initiatique ou plus simplement sensible au symbolisme des images nouées en réseau tout au long du scénario. Un lecteur de Don Quichotte y trouvera de nombreuses similitudes avec le roman de Cervantès : il n'est que suivre le précepte que le célèbre Caballero-Cabaliste adresse à Sancho Panza : « et maintenant, ouvre bien tes yeux. »

Dès les premières secondes d'images, notre attention est priée de se porter sur la Bible — la Torah : le film s'ouvre par un gros plan sur le verset 3-24 de Genèse où il est explicitement question de l'Arbre de Vie. Nous sommes en pleine kabbale : L'Arbre de vie ( 'Ets Haym) est en effet le titre d'un livre de Haym Vital (1542-1620), disciple de Louriah dont il avait retranscrit l'enseignement oral. Cet ouvrage a connu — et connaît toujours — un immense succès, son auteur étant considéré comme l'un des plus grands kabbalistes ayant jamais existé.
On reconnaît, à travers différentes séquences filmées, le développement visuel des thématiques lourianiques dans l'œuvre d'Aronosky. Dont l'Arbre des Séphiroth. Un concept largement développé par les kabbalistes de Safed, et avant eux, par l'école des kabbalistes espagnols. L'Espagne étant au cœur de ce film : tout le drame espagnol y est signifié d'une péninsule en proie à l'Inquisition ayant juré l'extermination des « hérétiques » — de quels hérétiques s'agit-il que le cinéaste ne nomme si ce ne sont les Juifs ? —, y compris de la Reine qui représente ici la Couronne, autrement dit la Séphira « Kether ».
Affabulation, extrapolation fantaisiste me dira-t-on ? Confirmation est pourtant donnée : Rachel Weisz, interprétant le Reine d'Espagne, représente bien la Séphira « Kether » : le traitement esthétique en témoigne. Le photographe de plateau Matthew Libatique (anagramme de qabala) et le cinéaste ont mis au point un subtil éclairage en chaude surexposition solarisée pour communiquer cette idée. Dominante lumineuse qui sera reprise lorsque l'actrice jouera le rôle de Liz, en proie à une maladie touchant son cerveau.
Comment ne pas écarquiller les yeux et donc le diaphragme de l'objectif  lorsqu'on s'aperçoit — image furtive – que Liz est hospitalisée dans la chambre 620 ? Appel direct à la numérologie écrivant le mot « Kether », la Couronne, première Séphira nourrissant tout être et tout cycle vivant. L'énergie retourne-t-elle vers « Kether » en fin de cycle, en fin de vie ? La présence de Kether 620 venant couronner l'existence de Liz signe sa fin de vie et son proche envoi sans retour, vers l'Ein Sof, admirablement mis en scène par des images de synthèse. Plusieurs kabbalistes estiment que l'énergie d'une vie, pleinement vécue, se projette vers la Kether du cycle suivant… Je n'ai pas de certitude à ce sujet, du retour ou de la projection nouvelle. Ou peut-être les deux se suivent-ils ?

Les preuves
Le film excelle à plus d'un titre esthétique. Les costumes signés Renée April sont d'une facture soignée, taillés sur mesure, en pleine adéquation avec les thèmes subliminaux : on notera ainsi la somptueuse robe de la reine, transportant l'image même de la Couronne protectrice, où le dessin figurant sur le tissu évoque les racines de l'arbre de vie. On appréciera également la prédominance blanche entourant Liz, dans ses vêtements modestes et sobres, blancheur de son manteau accompagnant la neige tombant à l'instant où la jeune femme succombera à la maladie, dans les bras de son mari après avoir décodé le rébus maya. La neige, symbole des émanations divines (Atsilout) recouvrant en douceur sur terre rejoint l'intense lumière. Il en naît La douce lumière, selon le titre du livre du kabbaliste Moïse Cordovero qui écrit : « Le féminin est disposé à recevoir la blancheur… »

Faut-il d'autres preuves pour arguer de la qualité kabbalistique du film d'Aronofsky ? Comment ne pas remarquer… (serais-je le seul à l'avoir relevé, avec le cinéaste — lui pour l'avoir sciemment sculpté dans le bois et moi pour l'avoir repéré)  — oui en toute modestie je puis bien m'interroger : qui l'a vu parmi les millions de spectateurs de ce film ? Les fans d'Aronofsky que je connais ne m'en ont rien dit… Regardez le montant du lit qu'occupe le jeune couple. Dans sa boiserie est taillé un palmier contre lequel viennent dormir les deux héros. Allusion au « Palmier de Déborah ». C'est le titre du livre écrit par le grand Kabbaliste Moïse Cordovero, traité des séphiroths et de l'Arbre de Vie inspiré de l'épisode biblique où Déborah, la prétresse, rend justice au pied d'un Palmier. Cette même Déborah (Juge 4 - 4) sera contrainte de mener une guerre sans merci contre Yabin et Sisra. Le Palmier (Tamar) peut aussi renvoyer à Tamar, personnage biblique, la mère de Zera et Peretz. (Je parlerai du Palmier dans un prochain Blog qui à lui seul mérite une longue étude).

Le secret du Palmier
Revenons au film « Fountain ». Je crois que l'image du Palmier renvoie au livre de Cordovero. Aronofsky donne un indice : un peu plus loin dans le film, Liz évoque un souvenir de vacances. Elle dit avoir rencontré un certain Moïse Morales, guide de voyage. Ce dernier lui a raconté qu'il aurait planté une graine dans la tombe de son père, graine dont est sorti un immense arbre auquel son père s'est fondu. Image de l'enseignement survivant à son auteur, le Palmier, arbre à la profonde racine pivotante — Tamar — est associé et fondu à celui qui en fait le récit : le guide Moïse. J'ose y reconnaître Cordovero, l'auteur de Tomer Deborah.

Un kabbaliste ne s'y prendrait pas autrement pour « allusionner », dire en cachant, dévoiler prudemment sans se compromettre : la technique consiste à avancer des noms, des titres, et de laisser au Lecteur déjà informé le soin de retrouver le canevas ayant servi de trame à la pensée cachée. Aronofsky use ici d'une technique reconnaissable dans Don Quichotte où Cervantes dissimule sa référence au Zohar, créant autour de son auteur un faisceau d'indices concordant qui conduit à son identification. (Lire à ce sujet)

Le film procède par une écriture pointilliste où le détail ne donne pas immédiatement l'image de l'ensemble, mais un léger recul est suffisant pour qu'apparaissent les sources d'inspiration hébraïques dont Darren Aronofsky est imbibé. À moins qu'il n'ait tourné son film dans un état de somnanbulisme complet, guidé, dirigé par une sur-pensée « venant de plus loin » ? Aurait-il tourné et monté son œuvre en étant le jouet inconscient de la longue mémoire de sa tradition, ne s'apercevant pas même de ce qu'il faisait ? Une pluie de photons transportant la mémoire depuis Abraham l'a peut-être traversé à son insu. Et c'est alors tout le mérite de l'Artiste que se laisser guider par ces extraordinaires effluves venant de l'Au-delà cherchant à se faire comprendre par les Humains. L'Invisible a fort bien pu choisir le Cinéma comme vecteur pour se faire mieux voir, mieux comprendre : le cinéaste en devient l'acteur, le metteur en scène d'un scénario dont le texte s'écrit sur son corps, par son sang : Aronofsky met cette possibilité en scène lorsque son personnage Thomas s'inflige des tatouages en utilisant la plume de calligraphie que Liz (faut-il entendre « Luz » ?) lui a offerte, mêlant son sang personnel à l'encre qui lui fut donnée par son épouse. Métaphore d'une pensée de kabbalistes selon laquelle la réalité s'inscrit au fer sur nos existences, la vie s'écrivant dans nos réalités pour nous donner à lire ses messages…

La suite dans un prochain blog…
J'y parlerai de l'influence lourianique dans le fim d'Aronofsky.
Et une mis au point sur l'archétype du Redoublement, car beaucoup de gens confondent le redoublement avec l'archétype "Droite-Gauche" et le "retour archigénique". Avec les archétypes, il faut être précis et concis. Comme si on expliquait comment conduire une voiture.

—1. Le secret de la fontaine,concept kabbalistique.
—2. Fountain part 2. Lecture initiatique du film d'Aronofsky.
—3. Fountain part. 3. Le modèle cérébral dans le film
—4. Fountain part. 4 : la tête enchantée et le secret du Singe