jeudi 24 avril 2025

Don Quichotte, la méthode et le Code. Seulement pour les vrais amis de Don Quichotte

Don Quichotte, DulZinea, et le Code

par D. Blumenstihl-Roth

 

A paraître bientôt, dans la série Nouvelles exégèse de Don Quichotte, le tome II :  

 

 


 

1. Dulcinée est-elle le fétiche sexuel de Don Quichotte ?

Un psychanalyste de mes amis a émis cette idée. Dulcinée du Toboso serait le fruit du fétichisme cervantien qui idéaliserait une féminité dont il n'ose s'approcher, tant il redoute de voir son vrai visage. Cette thèse plus ou moins freudienne repose sur une lecture psychologique qui réduit la relation entre le héros et Dulcinée à un complexe dont j'ignore le nom, où le désir entravé d'un puceau fantasmagorise une femme laide pour l'élever en idole. J'ai dit au thérapeute que sa lecture est scientifico-suffisante qui vise à nier le rapport de l'être avec le concept de la Chékinah et qu'à mon sens, la sublimation quichottienne de Dulcinée ne s'explique et ne se justifie que par son rapport au sacré. C'est pourquoi Don Quichotte est dispensé d'une séance sur le divan.

Mademoiselle Aldonza Lorenzo (le vrai nom de Dulcinée) native du Toboso, n'est pas un fétiche : elle n'a pas son pareil pour « saler le cochon », et pour ce qui est de sa poitrine, qui n'est visiblement pas un fantasme, Sancho en est émerveillé. Elle crible le blé, monte à dos d'âne, et sait remettre les audacieux à leur place. Don Quichotte voit en elle une haute figure transcendée : elle incarne à ses yeux la grâce qui accompagne l'homme en toute circonstance. Elle est la Chékinah, selon la description même qu'en donne le Zohar et sans que nous l'ayons vue, elle devient nôtre. Nous acceptons volontiers « qu'il faut confesser, sans l'avoir vue », que « sa qualité est au moins celle de princesse puisqu'elle est ma reine et ma dame et ses charmes, surhumains, car en elle viennent se réaliser et se réunir tous les chimériques attributs de la beauté que les poètes donnent à leurs maîtresses… »

 

2. Mystères de l'amour !

— Aimez-vous ? demande Éone dans Phèdre.

Rude pièce de Racine qui laisse entrevoir les « fureurs de l'amour », mais aussi sa grâce. Don Quichotte ne connaît pas « Vénus et ses feux redoutables », mais lui aussi bâtit un temple pour cet amour et prend soin de l'orner. Si Phèdre nourrit un amour passionnel qu'elle croit coupable, désirant mourir d'un excès d'amour, Don Quichotte, quant à lui, s'adonne sans complexe à Dulcinée dans la chasteté la plus… téméraire, l'amenant à défier quiconque ne serait pas de son avis pour ce qui concerne l'adoration de sa dame de cœur. 

Si le lecteur admet que Dulcinée soit le comble de la perfection, il se demandera cependant comment le chevalier va s'y prendre pour vivre cette passion : non pas en mourir ou s'en culpabiliser, mais convaincre ses interlocuteurs parfois férocement opposés à sa thèse.


3. Préférer DulZinea

Nous trouvons Don Quichotte attachant, sympathique, exemplaire : plutôt vertueux, parfois assommant, mais toujours chaleureux. Et souvent, nous voudrions l'aider, car ayant lu le texte, nous en connaissons l'intrigue avant le personnage. Nous voudrions l'avertir, mais lui, mieux que nous, connaît le codage dont il est… la marionnette. Nous voudrions l'aider à persuader les récalcitrants, qui encore aujourd'hui s'adonnent à Cassilda de Vandalie. Que ne préfèrent-ils Dulcinée, figure éternelle ayant éclaté la limite du roman où elle voit le jour. Elle n'est pas une image de « l'éternel féminin ». Elle est ce féminin, qui n'a pas besoin que l'on précise son éternité, s'agissant du concept de la grâce providentielle, accompagnatrice et partenaire en tout lieu et tout instant de l'être en voyage sur terre. Chékinah, du verbe Chakan, demeurer. Elle reste, demeure, ne quitte jamais, car elle est ce qui survit. Elle est le cœur palpitant de Durandart, qui continue de battre dans la caverne de Montésinos, elle est ce qui persiste, dans l'attente de la fin de l'exil — fin du désenchantement avant montée en lumière. Elle est ce que le kabbaliste appelle « le siège du monde de l'Emanation », ce sur quoi l'Emanation se pose avant de se répandre. Elle est ce à quoi « il convient de s'unir » précise le Zohar.


4. La Chékinah demeure

La Chekinah accompagne Don Quichotte, par-delà le roman dont ils s'échappent tous deux, et de cette escapade, hors des murs littéraires, ils entrent dans le domaine de la substance sacrée ; ils en deviennent intemporels par leur entrée au cœur de nos cellules cérébrales, au cœur de nos cœurs qui se reconnaissent en eux. Ainsi se construit le lien entre l'écrit et son inscription dans le vécu, dans le temps et l'avenir. Don Quichotte et Dulcinée sont éternellement devant nous : non pas souvenirs de lecture, mais point d'énergie émané du futur et nous tirant vers lui. La Chékinah non seulement demeure, mais conditionne le temps et l'incurve sous la tension de sa Présence. Elle soumet le présent à l'à-venir. Le non-encore vécu, déjà écrit, garantit son éternité.

Le géant Malambruno s'y oppose ? Nous n'avons que faire des Caraculiambros et autres géants de notre temps qui ne peuvent supporter la prééminence de cette beauté. Il leur importe d'imposer leur emprise et nous conditionner à l'asservissement : nous mettre en cage, obtenir notre assentiment, afin que docilement, ils puissent nous reconduire dans le cachot que nous n'aurions jamais dû quitter. Nous y sommes tellement bien installés, entourés des milliers de livres qui ne se parcourent qu'à demi et jamais deux fois. Mais Don Quichotte veille au grain, il brave l'autorité de l'obscur. Il remporte la victoire. Grâce à lui, Dorothée — la princesse Micomicona — recouvre son royaume, et nous à travers elle. Elle nous promet une génération (Doro) dotée de l'information (Mi) garantissant l'intégrité du trône (cona). Don Quichotte est le héros de cette intégrité.
 
 
 
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jeudi 17 avril 2025

Réponse à Reltih. La mission spirituelle du judaïsme. Un livre de Dominique Aubier

 
Ce livre de Dominique Aubier présente une remarquable étude de la mission spirituelle du judaïsme en réponse à l'antisémitisme. Il montre en quoi le nazisme a échoué et ne saurait jamais réussir, aussi longtemps que l'affirmation sinaïtique assumera l'Alliance et qu'il se trouvera des personnes qui en assument la perpétuation.

En effet, à l'opposé de la tentative d'extermination des Nazis, se dresse l'Alliance, le contrat intime et privilégié que le Créateur a établi entre Lui et l'Humanité tout entière, contrat confirmé par Moïse au Sinaï et par Esther, dans des circonstances annonciatrices de la Shoa.

Ce livre aborde également le sujet des séphiroth. La mise au point que présente cet ouvrage établit les corrélations anatomiques et physiologique des séphiroth. L'enquête est fondée sur le Sefer Yetsirah dont l'autrice sonde le codage. Rédigé pendant ses années d'exil en Espagne, ce livre incontournable vaut, depuis sa première édition, à Dominique Aubier, le respect des meilleurs Talmudistes. Un livre de référence.

Livre typographié. Façonné en cahiers cousus. Par respect du Livre, objet de culture et de civilisation.
 

lundi 7 avril 2025

Appel à investir dans l'armement (initiatique)

Appel à investir dans l'armement (initiatique)
par D. Blumenstihl-Roth

Le Président de la République vient de lancer un appel à soutenir une économie de la défense. Renforcer le financement de l'armement. Produire plus de « Rafales », plus de missiles « Mistral », chars AMX et autres « Césars », obus et accessoires afin de prévenir un conflit ou dissuader qui voudrait nous menacer. J'ignore si de son côté le Président russe se laisse impressionner, toujours est-il que le Ministre du Budget pense ouvrir à ce propos un « plan d'épargne défense » auquel chacune et chacun pourrait souscrire. « Un bon placement » assure-t-il, sans préciser quel en serait le taux d'intérêt.

J'approuve cet appel « aux armes ».
Mais laissons à César ce qui est à César, laissons-lui les obus de 115 millimètres à ogives de titane, je parle ici des « armes » tel que l'entend le prophète Isaïe, chapitre 52, versets 11 et 12: « Vous qui portez les armes de l'Eternel… » Les armes dont il est question, ce sont celles de la Connaissance, dont la portée est bien supérieure à tous les missiles intercontinentaux, et autrement plus efficaces puisqu'il s'agit du Code des archétypes et des Lettres de l'Alphabet sinaïtique.
Les kabbalistes disposent de la « cuirasse ». Non pas celle dont s'orne le fameux char « Abraham » de l'armée américaine, mais celle qui protège tout esprit décidant de s'instruire des « armes » initiatiques. Le blindage est autrement plus solide. Isaïe appelle en hébreu « keli » les principes systémiques et structuraux du réel. Les « armes de l'Eternel », dans son langage, ce sont les règles de pensée, les principes de l'herméneutique dont est porteuse l'élite initiée au Code.

Au chapitre 52 de sa prophétie, Isaïe invite ses contemporains, (mais aussi le lecteur intemporel de son texte) à refuser les modalités de la pensée linéaire, les habitudes et réflexes psychologiques qui façonnent nos manières d'être et de miser sur un « armement » intellectuel supérieur, libérant l'esprit de toute emprise.
Don Quichotte s'inspire de ces versets bibliques quand, tout au début de ses aventures, il décide de nettoyer les « armes » de ses ancêtres qu'il a retrouvées. Il en ôte la rouille et leur redonne leur éclat d'origine. L'épée retrouve, entre ses mains, la puissance rénovée de son symbole : elle est le symbole du verbe au service de la vérité. Et c'est ce verbe, épuré de toute oxydation, qui est chargé d'imposer par sa propre force un langage non-équivoque, en toute droiture d'esprit. Une denrée rares dans les milieux « diplomatiques ». Fin des marchandages, fin des dialectiques infinies, fin des surenchères : les « armes de l'Eternel » exigent le recours et le retour de la parole vraie. Cette Parole finit par s'imposer.

En hébreu, « armes de l'Eternel » s'écrivent :

כ ל י   י ה ו ה       

Pour le mot Keli, le sens de « vases sacrés » est également admis (indiqué à la note 147, page 723 de la Bible bilingue éditée sous la direction du rabbin Zadock Kahn.) Le véritable armement dont nous aurions besoin se trouverait donc dans ces vases : image du Graal, vase sacré contenant tous les principes de l'herméneutique.
Etudions le mot Keli (Caf, Lamed, Yod). Son instruction se trouve dans les lettres qui le composent. Leur poudre est pour le moins détonante.

 

— « Caph désigne la seconde instance d'un cycle, celle que j'appelle BOP. On y voit l'énergie monter de la première instance Bip et inscrire son signe, le point, au centre de son creux ventral. Cela veut dire qu'une première phase d'intelligibilité a déjà été vécue quand Isaïe parle. Le prophète s'appuie sur cet acquis, produit désormais assimilable. Le savoir du passé pénètre dans la période qui s'ouvre et y devient actif. 

— « Lamed signifie enseignement. Un certain savoir monte du passé, qui peut désormais être enseigné. Les critères divins sont devenus objets de pédagogie. Indication donnée par le mot à deux lettres qu'écrivent un instant Caph et Lamed : tout, au sens entier, intégralement. Il suffit d'en prononcer la syllabe pour que l'idée de totalité apparaisse, s'appliquant au mot dont elle est partie, Keli. 

 

— « Yod symbolise l'énergie porteuse des acquis instructifs drainés depuis la phase Bip, prête à conduire l'action dans l'instance qui s'ouvre. »

Ces explications sont extraites du livre Don Quichotte, la Révélation messianique de la Bible et de la Vie, pages 47 et 48 de Dominique Aubier. 
L'experte de l'hébreu scripturaire explique que dans le mot Keli, « un passé instructif est mis en cause. Un avenir réflexif est prévu. Le temps d'un cycle complet est donc assigné à la perception des Keli, armes, ou vases sacrés […] La première moitié a été vécue quand Isaïe parle, augurant la suivante. Le prophète incite le peuple exilé à Babylone à se souvenir de son passé, à renouer avec l'expérience qu'il a déjà eue des outils intellectuels d'origine divine. Le prophète conseille de s'en réapproprier les données et de fuir les modalités de pensée qui ont cours à Babylone. »

Cet « appel aux armes » lancé par le chef d'Etat pour une « économie de la Défense » mérite d'être entendu et surtout reversé puissamment du côté du sacré. Cet appel, je l'entends comme une suggestion prophétique (dont il n'a aucune idée) s'adressant à notre Nation et son peuple dont la mission est de « briquer » les armes de la Connaissance, et de les faire connaître. Que la France, en effet, s'approprie les données de l'herméneutique, celles que Don Quichotte défend inlassablement, et qu'elle fuie la culture ultra-matérialiste qui tente de s'imposer en culte idolâtrique. Construisons-nous un arsenal initiatique puissant — l'arme absolue par la vérité qu'elle implique.

Je propose donc un appel (pacifique, il va sans dire !) à souscription, adressé à toutes les personnes désirant investir dans la construction d'une société initiatiquement dirigée : pour renforcer la défense des valeurs de l'esprit. Bien sûr, chacun est libre d'acheter des « obligations » ou « actions » soutenant l'équipement strictement militaire, pour ce qui me concerne, mon idée consiste à investir dans l'arme supra-atomique de la Connaissance, de la mise au clair du Code des Lois par quoi l'intelligence de l'humanité instruite de vérité ouvrira un cycle civilisateur nouveau.

Nous y travaillons, par les livres, par les films, par ce blog.
Par le fait même d'exister et de persister.
 
 
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