La Voix de la Torah.
Les Temps messianiques sont là.
Hommage au rabbin Elie Munk
Les Temps messianiques sont là.
Hommage au rabbin Elie Munk
par Dominique Blumenstihl-Roth
Parmi la multitude de livres paraissant chaque année consacrés aux études bibliques, quantités sont des redites qui souvent répètent moins bien ce que les prédécesseurs ont si bien exploré. Souvent, ce sont paraphrases qui se croient commentaires, commentaires qui se croient explications, métaphores qui se surimposent sur d'autres métaphores, si bien que le furet, comme dans la chanson, court toujours et qu'il ne se laisse point saisir par les approximations à la mode.
Il existe cependant quelques ouvrages qui marquent leur temps. Parmi eux, efficaces et affermis, récapitulatifs de l'enseignement traditionnel, les livres du rabbin Elie Munk.
Cette œuvre de fond permet en effet au Lecteur, d'un seul regard, de prendre connaissance des principaux commentaires exprimés par les grands Talmudistes et érudits du judaïsme qui se sont interrogés sur le sens des versets, à quoi l'auteur ajoute le fruit de ses propres réflexions, souvent lumineuses et inspirées.
Publié à partir de 1969 par la
Fondation Samuel et Odette Lévy, La Voix de la Thora, en cinq
volumes, présente le texte original hébreu du Pentateuque au côté de la traduction en français, suivie du commentaire, ligne par
ligne, des versets. J'en ai lu les deux premiers volumes consacré à Genèse et Exode. Certes nous prenons acte qu'il ne développe pas de
voies nouvelles ni ne découvre de méthode inédite de décryptage, qu'il ne met
pas en relation Genèse avec les découvertes scientifiques — c'est là le
propos que développera un autre auteur dans l'Ordre cosmique — mais la
performance d'Elie Munk est exemplaire, ses efforts s'adossant aux
recherches des auteurs classiques, tels Maïmonide, Cordovéro, le Maharal
de Prague.
Une méticuleuse investigation qui n'hésite pas à recourir à des penseurs plus récents, comme H. Hirsch, et par delà la pensée dite rationnelle, aux « sources des éléments naturels et supranaturels qui forment le trésor de notre existence. »
Une méticuleuse investigation qui n'hésite pas à recourir à des penseurs plus récents, comme H. Hirsch, et par delà la pensée dite rationnelle, aux « sources des éléments naturels et supranaturels qui forment le trésor de notre existence. »
L'approche de M. Munk ne se prive pas des recours métaphysiques. Qui dès lors s'étonnera de le voir citer le Zohar, la somme de la kabbale hébraïque ? L'auteur évite — et combien nous approuvons ce choix — les spéculations philosophiques et les constructions artificielles qui ont envoyé dans le mur tant de jeunes esprits. L'Auteur, au contraire, se concentre sur une élégante conception selon laquelle la pensée transcendante universelle préside aux destinées humaines. Pour lui, si la parole divine se partage en multiples étincelles, il est possible, pour l'homme d'en recueillir des fragments. Et quelles étincelles ! Purs jaillissements de gerbes lumineuses lacérant l'obscurité, non plus noir-lumière, mais lumière sur lumière, car le moindre éclat de cette braise incendie l'esprit du Lecteur.
J'en ai apprécié la rigueur intellectuelle, la probité méticuleuse d'une pensée extrêmement centrée sur la logique initiatique traditionnelle qui ne cède jamais aux séductions littéraires.
Le travail d'Elie Munk est-il validé à sa juste mesure ? Il est, à mon sens, l'un des derniers grands talmudistes, qui, avec Raphaël Draï, ait porté l'enseignement de la Tradition à ses sommets, ayant préservé ses cours et ses écrits des accommodements ou complaisances médiatiques. Sa lecture de Genèse permet d'entrer de plain-pied dans le Texte et on complétera ses commentaires par l'étude de Béréchit, telle qu'elle se donne dans La Face cachée du Cerveau qui en actualise le propos au regard du référentiel cérébral. De même l'étude d'Exode réalisée par Elie Munk mérite d'être lue en ayant sur table l'Ordre Cosmique afin de suivre ligne par ligne le processus de la révélation sinaïtique et l'équation de la formule divine Ehié Acher Ehié (je suis qui je serai).
Ce que j'ai apprécié, chez Elie Munk, c'est son honnêteté intellectuelle, la probité d'une pensée sertie dans l'exigence de la vérité. Et sa grande modestie. Quel voyage s'offre là, quand il développe sa pensée sur les niveaux d'organisation, quand, dans sa démarche, il intègre le Zohar araméen et nous porte jusqu'à la frontière — qu'il ne franchit pas — où commence une autre forme de dévoilement, cette fois résolument post-talmudique, post-kabbalique…
Les études d'Elie Munk m'ont rasséréné. J'y ai reconnu la force d'un maître ayant acquis la pleine connaissance de son art, laissant ouvert le champ d'investigation, tout en indiquant la bonne direction : avec quelle acuité pressent-il les temps nouveaux, sans craindre de prononcer le mot qui en exprime la nature, s'agissant du messianisme dont il reconnaît l'occurrence imminente, confirmée par la fin du quatrième Exil en Edom.
Ce messianisme, Elie Munk l'a pressenti, souhaité. Il rappelle ainsi que le messie fils de David est issue d'une branche à laquelle l'Antagoniste contribue. Le langage allusif de M. Munk est toujours mesuré à l'exacte limite de ce que la Tradition lui permet de dire. Et sans doute en savait-il plus qu'il n'en a dit. De ce silence nait une frustration pour qui désire aller plus loin.
Plus loin dans la Connaissance qui toujours en appelle à sa propre actualisation, ce qui nous propulse hors des sentiers déjà parcourus, ce qui exige un surcroît de lucidité face aux textes toujours soumis à l'investigation. C'est pourquoi j'attire l'attention sur les heureuses précisions de Dominique Aubier dans son étude sur l'Alphabet hébreu, dans la série Plaidoirie pour une cause gagnée. « Le messianisme est activé en deux temps. Le premier, celui du « messie-fils de Joseph » agit par les symboles, et le second, nommé « messie-fils de David » réalise l'union avec les forces antagonistes, donc Connaissance et sciences ». A ce titre, le nom du héros biblique est sans équivoque, « David avec son nom à deux Dalet, deux portes à double-battant gauche et droite en union des Contraires ». Le messianisme, à n'en pas douter, consiste donc à opérer le dévoilement des secrets. Secrets qui ne peuvent être dévoilés par le religieux, qui ne peuvent être divulgués par la Tradition : le messianisme consiste dès lors à ouvrir les temps nouveaux, afin que les choses enfin puisse se dire et déclamer leur sens. Afin que le Motif d'Absolu apparaisse au grand jour.
Ce que j'ai apprécié, chez Elie Munk, c'est son honnêteté intellectuelle, la probité d'une pensée sertie dans l'exigence de la vérité. Et sa grande modestie. Quel voyage s'offre là, quand il développe sa pensée sur les niveaux d'organisation, quand, dans sa démarche, il intègre le Zohar araméen et nous porte jusqu'à la frontière — qu'il ne franchit pas — où commence une autre forme de dévoilement, cette fois résolument post-talmudique, post-kabbalique…
Les études d'Elie Munk m'ont rasséréné. J'y ai reconnu la force d'un maître ayant acquis la pleine connaissance de son art, laissant ouvert le champ d'investigation, tout en indiquant la bonne direction : avec quelle acuité pressent-il les temps nouveaux, sans craindre de prononcer le mot qui en exprime la nature, s'agissant du messianisme dont il reconnaît l'occurrence imminente, confirmée par la fin du quatrième Exil en Edom.
Ce messianisme, Elie Munk l'a pressenti, souhaité. Il rappelle ainsi que le messie fils de David est issue d'une branche à laquelle l'Antagoniste contribue. Le langage allusif de M. Munk est toujours mesuré à l'exacte limite de ce que la Tradition lui permet de dire. Et sans doute en savait-il plus qu'il n'en a dit. De ce silence nait une frustration pour qui désire aller plus loin.
Plus loin dans la Connaissance qui toujours en appelle à sa propre actualisation, ce qui nous propulse hors des sentiers déjà parcourus, ce qui exige un surcroît de lucidité face aux textes toujours soumis à l'investigation. C'est pourquoi j'attire l'attention sur les heureuses précisions de Dominique Aubier dans son étude sur l'Alphabet hébreu, dans la série Plaidoirie pour une cause gagnée. « Le messianisme est activé en deux temps. Le premier, celui du « messie-fils de Joseph » agit par les symboles, et le second, nommé « messie-fils de David » réalise l'union avec les forces antagonistes, donc Connaissance et sciences ». A ce titre, le nom du héros biblique est sans équivoque, « David avec son nom à deux Dalet, deux portes à double-battant gauche et droite en union des Contraires ». Le messianisme, à n'en pas douter, consiste donc à opérer le dévoilement des secrets. Secrets qui ne peuvent être dévoilés par le religieux, qui ne peuvent être divulgués par la Tradition : le messianisme consiste dès lors à ouvrir les temps nouveaux, afin que les choses enfin puisse se dire et déclamer leur sens. Afin que le Motif d'Absolu apparaisse au grand jour.
La dynamique messianique, selon la prophétie Obadia, se développe en Séfarad (Espagne) et Tzarfat (France). Territoires d'Esaü — participation de la gauche structurelle — où chevauche, infatigable, Don Quichotte prophète d'Israël… agissant au cœur du plus grand danger.
Quant au Messianisme explicatif, davidique, dirons-nous en reprenant la terminologie consacrée, il est nécessairement post-symbolique. Il consiste à délivrer l'identité du Motif d'Absolu, la donner à tous, dès lors qu'elle est connue. C'est exactement ce à quoi nous travaillons, ici-même, dans ce blog… En toute modestie, avec vous et en partage.
Les temps messianiques, nous ne les attendons pas. Nous y sommes engagés.
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Tous les livres de mon Maître.
Tous les films de mon Maître.
Les ouvrages d'Elie Munk ont été récemment réédités par la Fondation Samuel et Odette Lévy.
Les ouvrages d'Elie Munk ont été récemment réédités par la Fondation Samuel et Odette Lévy.
Quelle annonce ! Celle du début des temps messianiques, celle de la mise en route de l'achèvement de l'Homme.
RépondreSupprimerComment ne pas avoir dans les yeux l'image de Donald Trump, sa Bible/Torah à la main, menaçant une partie de son peuple de faire intervenir l'armée contre elle.
Caricature d'un Qui-Fait ( celui qui fait des coups médiatiques après avoir fait fortune en faisant des coups immobiliers) totalement imperméable à toute sorte de Qui-Sait.
Union des opposites expliquerait Dominique Aubier. Temps indispensable comme celle de la rencontre du femelle et du mâle dans le vivant pour que naisse un cycle nouveau.
Alors peur ou espoir pour l'avenir ?
Une question.
RépondreSupprimerLe Motif d'Absolu cité comme le point essentiel que DBR veut contribuer à révéler au moyen de ce blog.
J'ai beaucoup plus en tête le Modèle Absolu étudié par DA dans tous ses livres et films.
Un motif est-il un modèle ? Est-ce la même notion ?
Le dictionnaire français sur le net dit :
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motif , nom masculin
• Sens 1 Raison de nature intellectuelle qui motive une action. Traduction anglais : motive, reason
• Sens 2 Beaux-arts Sujet d'une peinture.
• Sens 3 Beaux-arts Ornement répété. Traduction anglais : pattern
• Sens 4 Musique Phrase musicale qui se répète dans un morceau.
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Je ne peux que penser à la bien troublante histoire de la tête isolée qui parle toute seule dans Don Quichotte. Oui, un événement... capital (comme la peine du même nom).
FMM
Les temps messianiques sont là
RépondreSupprimerComment les croyants des 3 religions du Livre peuvent réagir à ce titre provocateur ?
C'est épatant ce que vous dites François Marie à propos de la tête qui parle dans Don Quichotte , de même que votre remarque qui libère le motif du modèle . Apparait suivant vos observations le fait que DBR ne se parle qu'à lui même , tête isolée dans dans Quichotte et motif d'absolu face à son mentor DA modèle d'absolu . Vive Dominique Aubier sans son Sancho ?
RépondreSupprimerEncore une question, qui est, en même temps une réponse à Anonyme du 8 juin.
RépondreSupprimerLe duo des deux Dominique, Aubier et Blumenstihl rapproché de la paire Don Quichotte et Sancho Panza, pourquoi pas. Redoublement prénominal, ça tient la route. D.A. m'a écrit un jour qu'elle ne se considérait que comme la femme de ménage qui dépoussière le Don Quichotte que nous lisons sans comprendre.
Domino (il se fait appeler ainsi, ce qui, bigre, veut dire en latin : je domine) comme Sancho ? Notre blogueur, Inch Allah, sait être blagueur et ne pas s'offusquer facilement.
A-t-il cependant le sang chaud ? En tout cas qu'il pensât ne fait aucun doute. Tout ce blog alimenté en permanence et de façon totalement bénévole en fait foi.
Alors faut-il dire vivent nos deux Dominique quand on constate ici combien leur pensée complémentaire est pleine de vie et d'ouverture sur nos lendemains ?