Jésus marchant sur les Eaux.
Exégèse initiatique d'un épisode des Evangiles (première partie 1/2)
Par D. Blumenstihl-Roth
Ecole de Dominique Aubier
Il y a quelques temps, j'ai reçu une lettre de la part d'un Lecteur qui me pose des questions extrêmement pertinentes concernant la Connaissance et Jésus. Je ne publie pas l'intégralité de son courrier, d'ordre privé, mais je donne ici en partage ma réponse. Tout au long du texte, on retrouvera les questions posées que l'on peut du reste aisément reconstituer puisqu'en j'en reprends pratiquement les termes. Il se pourrait que j'envoie ce texte au théologien Mgr. Joseph Ratzinger (Benoît XVI) que je cite dans mon texte.
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Cher monsieur,
Vous avez bien voulu me présenter vos réflexions et questions touchant à la Connaissance. Je vous remercie de vos remarques et de la confiance que vous me témoignez. J'ignore si ma réponse sera à la hauteur de vos espérances, je vais néanmoins tenter, dans la mesure de mes moyens, d'éclaircir certains points qui semblent vous préoccuper.
Vous avez approché la pensée de Lacan. M'est-il permis de dire que la pensée initiatique est plus directe et plus efficace que la littérature psychanalytique dont je ne suis pas certain qu'elle ait déposé ses garanties ?
La Connaissance initiatique dispose d'une grille de lecture stable. Qu'est-ce que la Connaissance ? Dominique Aubier écrit que « c'est le don de l'origine, ce qui est donné au départ. Elle a été donnée par ce que l'on appelle la Révélation. Elle est développée par les Commentaires et s'avance progressivement jusqu'à l'Explication. La Connaissance s'édicte naturellement par les voies du Modèle absolu ». Le processus historique touchant la Connaissance est le suivant : on passe de la Révélation à son commentaire pour s'avancer vers l'authentification par les preuves. Dominique Aubier a agi dans cette dernière phase.
Les initiés des temps anciens ont agi dans une phase différente, soit sur la réception de la révélation (Abraham, Moïse) soit sur les étapes suivantes des commentaires.
Vous évoquez la personnalité du Christ. Bien que je ne connaisse qu'insuffisamment les Évangiles, à mes yeux, il ne fait pas doute qu'il fut un initié considérable, chargé de la mission singulière d'ouvrir les temps messianiques. Fut-il (est-il) « fils de Dieu » ? Je ne suis pas à même d'en juger. Si c'est une question de foi, alors je veux bien le croire. S'il s'agit de le vérifier par la science, je puis bien douter… de la science dont nous savons qu'elle change ses théories au gré des découvertes et qu'elle découvre au gré de ses recherches et souvent de l'heureux hasard qui lui met sous les yeux une évidence qui hier encore lui échappait. La science étant elle-même conditionnée par la foi qu'elle a en elle-même, qu'il soit permis de ne pas faire totalement allégeance à ses dogmes et méthodologies.
Quoiqu'il en soit, Jésus s'inscrit dans le processus historique de la communication de la Connaissance, et il le fait au moyen de sa propre vie, engagée pleinement dans le message qu'il transmet. Il est le symbole même de son propre message. Le symbolisme non seulement le porte mais opère une fusion totale avec son être. L'unité qu'il forme avec le symbole — il est ce qu'il représente — devait l'investir de toute la puissance des symboles : le symbole n'est pas soumis à la lourde pesanteur du réalisme factuel. Dès lors sa capacité de marcher sur l'eau devient intelligible, étant lui-même le symbole de la Connaissance appelée à surplomber les formes premières de son expression.
Maitrisant parfaitement l'hébreu et l'araméen, il décryptait à coup sûr les situations vivantes (les événements) et en tirait le sens.
Je ne puis souscrire à votre idée selon laquelle, à l'époque du Christ la plupart des gens étaient illettrés. Cela ne pouvait être le cas en Palestine et moins encore dans le contexte juif auquel Jésus appartenait en tant qu'Essénien. Dans le judaïsme, l'illettrisme a toujours été très rare et s'il existe, c'est le plus souvent en raison d'un handicap personnel, car l'apprentissage de la lecture dès le plus jeune âge est une obligation religieuse. Si la communication se faisait par symboles, cela n'est pas dû à un hypothétique illétrisme, mais au fait que le langage ne procédait pas par l'explication objective comme c'est le cas aujourd'hui. L'objectivation de la pensée est récente et ne survient qu'avec l'apparition de la science, avant cela, l'humanité pensait par images, symboles, paraboles. Et continue d'ailleurs de le faire, y compris dans les peuples lettrés. N'est-ce pas la fonction du roman occidental que relater les vérités par des récits allégoriques ?
La pensée symbolique n'est pas issue d'esprits analphabètes ou illettrés, j'en veux pour preuve que les poètes, encore aujourd'hui — donc experts du langage — utilisent le symbolisme dans leur expression écrite par l'usage des métaphores. Le symbolisme est une modalité de pensée qui ne résulte pas d'une privation, il correspond au second niveau évolutif de la réflexion humaine. Après la perception littérale vient la mise en forme symbolique (image, métaphore). L'étape suivante tend vers l'allégorie puis l'ouverture et l'explication.
Nous sommes portés par des cycles civilisateurs, et chaque cycle a ses spécificités.
Les religions, traditions sont nées et ont été conçues selon la grille initiatique, dans des formes représentatives imagées. Les concepteurs de ces images étaient des intellectuels de haut niveau sachant parfaitement ce qu'ils faisaient, des initiés subtilement lettrés : Moïse reçut toute la déflagration des Lettres au Sinaï et conçut ensuite les formes symboliques devant véhiculer l'enseignement. Plus tard, à Babylone, le Temple de Jérusalem étant détruit et le peuple en exil, Les Maîtres de la Loi conçurent de nouveaux symboles inscrivant la Loi dans des rituels. Cette inscription symbolique survint suite à la perte des rouleaux (donc des textes) afin que le symbolisme puisse, par sa propre force imagée, transporter analogiquement le contenu des textes. Il était bien clair, dans leur esprit, que le jour viendrait où tous ces symboles seraient explicités et libérés de leur carcan. L'éclaircissement de ces symboles survenant, ils seraient rendus au modèle de référence. La « mise au clair » et le dévoilement des lois, du Code sous-jacent : c'est exactement cela, le messianisme. Et chacun de nous est convié à y participer, à son niveau d'intelligence, selon ses capacités.
À l'époque du Christ, il y a 2000 ans, l'humanité vivait dans une instance historique où les choses demeuraient voilées. C'est le règne des symboles, des allégories, de la mise en place des critères initiatiques sous des formes représentatives. La messe chrétienne, comme tous les rituels, en est une expression somptueuse. Elle met en scène le modèle d'Absolu et l'on pourrait en faire la lecture archétypale. J'ignore si les théologiens ont explicité le sens de la liturgie et s'ils l'ont accordée aux intentions des pères fondateurs.
Tout ici bas est représentation, tout est symbole : nous vivons, dit le soufi andalou Ibn' Arabî du XIème siècle, dans le « théâtre de Sa Révélation » où tout est symbolique : le réel nous « parle » au moyen de tout ce qui est à sa disposition, donc toute la nature est parlante et s'exprime au quotidien dans un dialogue permanent. Il nous reste à décoder de langage et reverser en mots ce qui nous est donné à voir sous formes d'images.
Je me permets de vous conter un exemple personnel :
J'ai vu l'autre jour deux cygnes nageant sur les étangs de mon village. Je me suis dit : « quel signe ces deux cygnes vont-ils m'indiquer ? » Voici que sur le chemin entourant les étangs surgit un jeune homme monté à bicyclette qui s'amusait à se faire tracter par un beau chien noir auquel il avait attaché un harnais. Était-ce le signe ? Oui, car il faut voir et décrypter : la bicyclette, monture à deux roues (deuxième niveau d'organisation, celui du symbolisme). Il faut voir le jeune homme : c'est la jeune humanité. Voir enfin le chien, symbole du « messager » de l'Invisible. Cette séquence signifiait donc : l'Invisible tire puissamment l'humanité, encore montée sur le symbolisme… Le jeune homme s'y complaisait, encourageant le chien mais sans appuyer beaucoup sur les pédales pour l'aider. N'était-ce pas l'image de la civilisation bien installée dans les formes anciennes du symbolisme, se laissant paresseusement tirer par le chien-messager s'épuisant à faire avancer le train civilisateur ? J'en ai déduit qu'il y avait encore du travail à faire, pour que l'humanité change de monture et passe des deux-roues à quatre. Et daigne quelque peu appuyer sur les mécanismes propulseurs. Qu'au lieu de se laisser tirer, elle pousse par ses propres efforts et aille au-devant de sa libération. J'y travaille dans la modestie de mes moyens, s'agissant, comme le propose la Tradition hébraïque, l'aller « au-devant » du Shabbat et non point d'y arriver en retard.
Aujourd'hui, et depuis l'apparition de la science, partenaire de la Connaissance, (crucifixion où Gauche et Droite s'unissent sur l'axe transversal), nous vivons une époque exigeant le dévoilement des symboles. Ce phénomène est annoncé par les Traditions, c'est ainsi qu'il existe, lors de la messe de Pâques, un épisode appelé le « dévoilement de la Croix ». Le voile couvrant le Christ est enlevé par le prêtre : cela signifie que le symbole sera découvert et expliqué. L'officiant transporte ensuite le crucifix d'un côté de l'autel à l'autre. Cela signifie que depuis des siècles, ceux qui ont mis au point ce rituel, on su qu'il existerait un transfert de la Connaissance vers un partenaire situé de « l'autre côté » Autrement dit : l'autre rive. C'est l'Occident assumant l'explication. Tiens, c'est justement ce que je suis en train de faire…
Les peuples des temps anciens étaient non seulement sensibles à la pensée symbolique mais toute leur vie se façonnait sur ce type de compréhension car l'humanité vivait alors dans un cycle porteur de ce type de pensée.
Le temps a passé, déposant ses acquis, demandant à l'humanité de « bouger devant le temps ».
Hélas, ne sommes-nous pas restés englués dans les symboles anciens dont nous ne parvenons pas à dégager le sens ? Il faut, pour décrypter un symbole, l'insérer dans la structure corticale porteuse et dont il est une expression. Pour lire un signe, il faut aborder l'événement en acceptant qu'il signifie autre chose que lui-même. Lire un signe, c'est défaire la puissance de la pensée matérialiste liée au « choses » et l'ouvrir sur l'invisible. Que veut dire tel événement ? Collectif ou dans ma propre vie ? Chacun a ses signes, chacun a sa relation privée avec l'Invisible et son dialogue avec lui. Ce dialogue personnel possible avec l'Invisible, c'est la démocratie à son plus haut degré d'intensité.
Ne connaissant pas vos signes, il m'est difficile de vous aider à les lire. Le signe est toujours insolite, surprenant. Cela peut être un mot entendu, une image vue, une scène curieuse à laquelle on assiste. Un objet que l'on rencontre. Une personne qui dit quelque chose… tombant tout à propos de notre préoccupation.
« Homme-Aleph » ( Francis B. Roth. Acrylique 25 x 40 cm)
Je reviens à votre question touchant au Christ marchant sur les Eaux : la raison raisonnante a du mal à le concevoir et cherche une justification pragmatique. D'autres en appellent au pur miracle. Mais que savons-nous des capacités dont peuvent être dotés les grands initiés de cette époque ? La science procède par vérifications et elle « implique une forme de pensée qui se limite au phénomène. Mais elle ne saurait pas plus engendrer la foi que la physique ne peut arriver à confesser Dieu » écrit Joseph Ratzinger, (Benoît XVI), fin théologien et auteur de livres passionnants.
Il faut ici, dans l'épisode relaté par l'Évangile, lire exactement le texte et en sélectionner les éléments. Il est question de l'eau. Alors qu'est-ce que les eaux ? Jésus marche. Qu'est-ce que la marche ? Et que va-t-il faire ? Et que faisait-il sur la barque ? À quel moment de la journée cela se passait-il ? Tous ces éléments concrets participent du sens. Pour lire un signe, il faut tout observer, tout voir, remarquer les détails.
J'ai recherché le passage dans l'Évangile Matthieu 14, 22-33.
« Jésus obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l'autre rive, pendant qu'il renverrait les foules. Quand il les eut renvoyées, il gravit la montagne, à l'écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul. La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire. Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils dirent : « C'est un fantôme. » Pris de peur, ils se mirent à crier. Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c'est moi ; n'ayez plus peur ! » Pierre prit alors la parole : « Seigneur, si c'est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais, voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »
Il faudrait décortiquer tous les détails du texte car ils ont chacun leur importance : la montagne, la barque, les vagues, la nuit, la peur, le vent… J'ai épaissi les mots ayant retenu mon attention bien qu'il faudrait sans doute sonder absolument tous les mots pour permettre au sens définitif d'émerger. J'imagine, sans avoir la possibilité de le vérifier, qu'en deux millénaires, la vaste théologie chrétienne aura réalisé cette performance. À moins que cela ne reste à faire ? Ce serait cela, la véritable modernisation de l'Eglise : non de changer le rituel comme le fit Vatican II mais apporter l'explication de ses rituel fondé sur le Code des Archétypes. Sur la Face cachée du Cerveau…
Le symbolisme dans Matthieu 14, 22-33. (Jésus marche sur les eaux).
Avant que se produise ce que d'aucuns appellent le miracle, il paraît judicieux de tenir compte de ce qui précède le climax de la séquence. L'épisode commence par : Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à passer avant lui vers l'autre rive.
S'il les oblige, c'est qu'ils ne le font pas de leur plein gré et peut-être même en rechignant. Il leur en donne l'ordre. Auquel ils obéissent. Passer sur l'autre rive est donc pour eux une obligation sérieuse, une ordonnance du Maître qui les force à réaliser cet acte de traversée, sans lui.
Préfiguration de leur mission que s'embarquer dans leur mission, à destination des rives occidentales, sans l'accompagnemnt physique de leur Maître ?
Passons à la marche sur les eaux, quitte à revenir plus loin sur les éléments entourant l'événement. Ces éléments du décor naturel permettront d'affiner la lecture du prodige.
Les théologiens ont observé que la scène de Jésus marchant sur les eaux avait trait aux eaux primordiales. Ils ont opéré un rapprochement avec le Chaos initial évoqué dans Genèse. Cependant, ce mot pourrait être discuté, car dans le texte de la Torah il est question non pas du Chaos, mais du Tohu Tobu. Le terme Chaos correspondant à une traduction ne peut expliquer pleinement l'analogie avec la scène christique qui se réfère au texte hébreu original de la Torah. C'est l'expression hébreue tohu va bohu qui devrait retenir l'attention.
L'auteur du Zohar (XII ème siècle), le kabbaliste juif espagnol Moïse Schem Tob de Leon, sunommé le Lion d'Avila, a cerné la problématique du Tohu Bohu qu'il a rapprochée de la question du Dedans-Dehors. Elle est largement traitée dans La Face cachée du Cerveau, vol 2, p. 130 et suivantes (136-157), dont je reprends cet extrait : « selon quoi, ce qui n'est pas bon dans le deuxième jour, c'est le stade Tohu, l'insuffisance de la première instance. Et ce qui s'avère bon, dans le troisième jour, c'est l'insertion de la deuxième instance, assurant la complétude cyclique, fût-elle inscrite dans la première partie du vaste développement créateur sur six couches. Cette lecture de Genèse appelle l'attention sur le caractère inassouvi des événements surgis en couche II. La mise en forme symbolique dont cette couche est le lieu, dans un cortex humain, n'est qu'augurale. Elle n'adhère pas à la force de réalisation qui est le propre du Bohu. Cette puissance sera obtenue en couche III. Selon quoi, la pensée symbolique elle-même passant par le filtrage des couches II et III, n'atteindra à sa fixation qu'à la fin du sous-cycle formé et porté par les trois couches matricielles ».
La montagne : le lieu d'élévation.
Jésus est seul sur sa rive. La Révélation en provenance de sa rive est divulguée sur l'autre rive.
Le vent est contraire : c'est le vent venant de la rive d'En - Face qui repousse la barque. C'est l'opposition réfractaire à la Connaissance.
Marchant sur la mer. Il n'est pas dit que Jésus marche sur l'eau, mais sur la mer et plus loin, sur les eaux (synomyme de mer). La mer est en hébreu "Maim", c'est une reprise des eaux de Genèse.
La mer, c'est l'état de la Connaissance en première instance (tohu). La vie en effet commence dans la mer (en Bip) puis passe à la surface Bohu (en BOP comme le dit Dominique Aubier). La mer représente les formes symboliques de la Connaissance. Jésus marche sur la mer. Cela signifie qu'il se déplace à la surface des symboles. Il se situe donc à la limite finale du symbolisme et indique la démarche à adopter : il est temps d'émerger des formes symboliques et avancer (marcher c'est actionner gauche et droite au niveau du corps) vers un entendement nouveau. Il n'a pas besoin de support extérieur (barque) étant lui-même le véhicule de la prophétie : il est ce qu'il dit sans que sa personne ne puisse se dissocier de son message. Le théologien Joseph Ratzinger parle de « la dépossession totale de lui-même… et renonçant à être pour soi… par là même il est devenu le Maître de l'Univers, de tout le cosmos…» Comment s'étonner dès lors que la mer lui obéisse, étant elle-même le symbole de la Connaissance des symboles, soumise au Maître des symboles ?
Marcher sur la mer, c'est l'annonce de la sortie du monde des symboles, par l'activation de l'Echange Latéral entre Gauche et Droite symbolisé par la marche qui s'effectue alternativement sur le pied gauche et le pied droit. Donc Connaissance et science en dialogue, permettent l'avancée vers la barque.
La barque où se trouvent les compagnons, c'est l'image de l'humanité embarquée dans son aventure culturelle. Les compagnons sont démunis dans la tempête mais doivent gagner la rive d'en face.
À la demande de Pierre Jésus invite ce dernier à quitter la barque. Pierre est le fondateur du Christianisme, à Rome. Pierre prend peur (en raison du vent ?) et n'y parvient pas. Cela désigne-t-il l'attitude du christianisme en tant que religion désirant imiter le Maître ? Le désir sincère est de le rejoindre, mais l'échec n'est-il pas visible en ce que Pierre, le fondateur de l'Eglise tombe dans la mer (de ses propres symboles) ? Il ne parvient pas émerger. Émerger de quoi ? Du Tohu de son symbolisme non suffisamment élucidé ?
Jésus (depuis la surface donc du Bohu) tend sa main et ensemble ils rejoignent la barque. Il se pourrait qu'une intervention salutaire tire le christianisme du danger de noyade s'il parvient à réaliser l'exégèse de ses propres rituels, expliquer ses propres symboles, ce qui ne semble pas avoir été fait à ce jour. Jésus sauve Pierre de la noyade. Cette prédiction christique annonce cette sortie exégétique qui sauvera l'Eglise de Pierre. Le sauvetage sera réalisé, par une main extérieure. Qui sera l'initié produisant l'exégèse salvatrice ?
La tempête cesse quand Pierre et son Maître rejoignent la barque. Il en résulte un apaisement de la nature. Quand la Connaissance sera reçue (embarquée) par la civilisation, la Nature réagira favorablement.
Voilà la lecture que je fais de cet épisode. Il s'agit d'une première lecture qui, en vertu de la loi du Redoublement, appelle son développement en BOP. Je précise dès maintenant que je n'exclus aucunement que Jésus ait vraiment marché sur la mer, transgressant la gravitation et les formes de raisonnements rationalistes. Il était l'incarnation même du symbolisme qu'il activait, en fusion totale avec son être. Avec lui, « l'être devient Acte ». Il coïncide avec son propre acte symbolique, en une sorte de fusion atomique. « Il est lui-même l'Acte d'être envoyé » écrit Joseph Ratzinger qui poursuit, p. 153 de son livre Foi Chrétienne hier et aujourd'hui : « agir n'est pas seulement agir, mais être. »
Nous en déduisons que cette identité du Christ entre être et agir lui confère toute la puissance du symbolisme, non assujetti à la lourdeur de la causalité. En effet, c'est le symbole et le sens qui conditionnent et conduisent l'événement et non le contraire. Le sens préside, et le réel se conforme à l'intention de l'Invisible s'exprimant par symboles. Dès lors il est parfaitement possible et même probable que Jésus ait réellement marché sur l'eau, s'agissant pour lui de concevoir le symbole actif s'exerçant sur un élément naturel (la mer), intelligible en tant que symbole au service du sens devant être présenté.
À mon sens, c'est un récit prophétique sur la réception (encore) inaboutie du message christique par l'Eglise de Pierre et la possibilité d'un sauvetage à condition de passer culturellement à la surface, donc à l'air libre où s'exprimera un discours exégétique.
Cette exposition en surface des secrets de la Connaissance, hors des eaux symboliques, Dominique Aubier l'a faite dans ses livres. Ses ouvrages, « Catalina la bonaventure dite aux français », « Le Secret des secrets », suivis de « La Face cachée du Cerveau » vous épauleront dans votre quête. Je ne saurais croire qu'il vous resteront inaccessibles tant le style de l'Auteure en est limpide et son langage précis.
Enfin, votre question posée en fin de lettre me touche quand vous me demandez si on peut venir et quitter ce monde sans rien comprendre à notre existence ? Ma réponse est non, car la vie ne se déroule pas sans qu'elle nous enseigne quelque chose nous donnant tant soi peu une compréhension de notre existence. Il existe toujours un moment où la Vie, en tant qu'énergie vient visiter l'esprit. L'intelligence n'épargne personne pas même le dernier des ignorants qui ne saurait vivre à l'abri d'une soudaine fulgurance pouvant le foudroyer à tout instant.
La Vie veut être comprise. Je crois que l'homme a l'obligation organique de comprendre, puisqu'il possède un cortex doté d'une ère du langage elle-même pourvue d'une aire sensible au sens (l'aire de Wernicke). L'organe existe avant la fonction. C'est à l'homme de nourrir cette capacité offerte par la Vie. Notre liberté nous permet cependant de nous barbariser… Le processus est peut-être déjà en cours ? Les expériences du dr. Sperry ont démontré que la destruction de l'ère de Wernicke permettait à l'homme certes de parler, car l'ère de Broca réservée à la pratique de la parole fonctionne indépendamment de l'ère de Wernicke. Mais le langage, suite à l'ablation de l'ère de Wernicke, s'en retrouve dépourvu de tout sens. Il se pourrait, si nous ne nous embarquons pas avec la Connaissance, que l'humanité perde pied, s'enfonce dans la parole insensée à l'image d'un cortex ayant subi l'ablation de son ère de Wernicke.
La main cependant est est tendue vers l'élévation en direction de la montage.
C'est la main tendue de la Connaissance que nous devons avoir de l'Absolu, connaissance toujours améliorée et actualisée aux nécessités du temps.
Je vous renouvelle mes remerciements pour l'occasion que vos questions m'ont donnée de sonder ce passage évangélique auquel je ne suis qu'insuffisamment familiarisé. Je continue de réfléchir à cet épisode car bien des points restent obscurs, notamment la demande que formule l'apôtre « si c'est toi, alors… » et l'incident dont il est victime en tombant à l'eau.
À défaut de vous soumettre des trouvailles très originales, je vous présenterai, avec votre permission, en une seconde instance, la suite de mes réflexions,
D'ici là, je vous prie de croire en mes chaleureuses salutations.
M. D.Blumenstihl-Roth
A voir : le film "Le Messianisme".
Article : le Messianisme et la France.
Je remercie les personnes qui reprendraient ces concepts de bien vouloir citer leur source.
Suggestions et remarques sont les bienvenues.
Aujourd'hui c'était l'hommage national très émouvant à Arnaud Beltrame qui par son acte a sauvé l'humanité, acceptant de se sacrifier pour sauver une vie innocente, et on se recueillait aussi à la mémoire de Mireille Knoll, victime de la même barbarie à 85 ans. Réflexe de lecteur de Dominique Aubier, me sont venus des rapprochements à la remontée des données de la tragédie de Trèbes. J'ai pensé que l'événement trahissait l'usurpation (Super U) tenace du langage symbolique sur l'avancée explicative. La faculté explicative de la 23 ème lettre de l'alphabet hébreu exposée par Dominique Aubier est toujours bâillonnée par un voile symbolique comme l'exprime Tre-bes, où la manifestation éclairée du Resh est couverte par le voile du Beth (Beltrame s'entend aussi letrabem soit Trebes en louchebem de boucherie...); comme l'issue sanglante de la substitution de Ba-ra-bas au Christ, Yeshoua homme du futur, puisqu’on parle de lui ici en synchronicité ; comme le crime de Gibbéa alors que la 23ème lettre, support des critères du Resch, à peine apparue au sortir de A-B-OU est étouffée à la lettre dans l’œuf par le Beth de Be-niamin (Juges 20,13, édition massorétique), conséquence d’un retard fautif dans le système de dévoilement comme l’explique en détail Dominique Aubier dans « la 23éme lettre de l’alphabet hébreu ». Je note aussi par exemple, « Arnaud » et Ra-"Douane", lakdem , le-K-Dam, la voie du sang, opposée à l'ouverture universelle du programme Be-le-Tra-M. Arnaud Beltrame, résonnance du Christ ?
RépondreSupprimerL'intervention de Frédéric Thomas est tellement riche et documentée qu'elle risque de couper la chique d'autres blogueurs moins savants.
RépondreSupprimerCe serait dommage d'en rester là, il y a certainement encore beaucoup à discuter sur Jésus marchant sur les eaux. Donc à apprendre...
PS : j'ai tenté de questionner le nom du village Trèbes en tripatouillant l'ordre des letters. Je vous soumets le résultat. RESTE B ...
Si vous croyez aux miracles, alors Jesus a marche sur les eaux.
RépondreSupprimerSinon:
Jesus est né juif (d’une mere juive Myriam (Marie). Il est reste juif toute sa vie et fut enterre en juif, d’ou sa disparition du tombeau afin qu’il soit enterre judaiquement avant le Shabbat. Cette disparition a ete consideree comme une reincarnation par le catholicisme qui n’est apparu que beaucoup plus tard. Car le christianisme n’existait pas quand Jesus etait en vie. Ceci est tout le probleme, car pour le faire devenir chretien, il a fallu remonter toute la filiere de sa vie. Donc d’apres le catholicisme, Jesus serait devenu catholique plusieurs dizaines d’annees après sa mort... Un vrai miracle!.Et comme le catholicisme est tres attaché aux miracles il a fait croire aussi que Jesus avait marche sur les eaux.
Enfin il faut se rappeler que Dieu n’est pas divisible, qu’Il ne peut etre represente ni remplace par aucun individu, ni aucun objet quel qu’il soit, car Dieu est UN.
N. (Canada)
à N(Canada)
RépondreSupprimerChristos, c'est du Grec, en effet le "Christ" apparait bien après que
jésus n'ai vécu. Paul le Zélote qui était parti pour massacrer ses premiers fidèles est aveuglé en route.
Il se converti en étant persuadé que le messie juif (jésus) va revenir au cours de cette génération, sa génération.
Les chrétiens sont sensés l'attendre encore d'ailleurs.
Mais ils ne sont pas les seuls à attendre le Messie ou le Mehdi etc.
Et question miracle, le passage de la mer rouge, c'est pas mal aussi!
Dans la symbolique, je pense que le Christ marchant sur les eaux est une suite de ce passage.
Question:Comment ces symboles auraient ils pu se transformer en croyance pour des milliards d'êtres humains s'ils ne correspondaient à rien du tout dans la structure même de ces humains?
Dominique Aubier a une approche somme toute très rationnelle de ce type de question.
1.L'Homme et la Femme comme personnification du Verbe.Verbe pris au piège en lui-même, ne pouvant en sortir qu'en lui-même, par lui-même, et pour lui-même. Lui-même s'étant fait Homme et l'Homme étant lui-même, par et pour lui-même il redevient lui-même bien qu'il n'ait jamais cessé de l'être, c'est à dire libre, même de lui-même. 2. Verbe libérateur. Ici et maintenant je suis un guerrier, je n'ai pas de temps à perdre je suis un guerrier, c'est mon défi je suis un guerrier, c'est mon commandement je suis un guerrier, c'est mon intention inflexible je suis un guerrier, je ne suis pas une feuille à la merci du vent je suis un guerrier, avec ma volonté je change les choses je suis un guerrier, je fais confiance en mon pouvoir personnel je suis un guerrier, je suis conscient de mon efficacité je suis un guerrier, dans la joie l'efficacité l'abandon je suis un guerrier, j'ai un total contrôle sur moi-même je suis un guerrier, je suis impeccable je suis un guerrier, je suis implacable je suis un guerrier, c'est ma prédilection je suis un guerrier, c'est mon devoir être je suis un guerrier, c'est ma dernière bataille sur terre je suis un guerrier. Je suis un guerrier de la liberté totale, c'est moi qui décide c'est moi qui commande, je n'ai aucune limite j'exprime tout mon potentiel j'ai une énergie infinie je suis portée par l'énergie universelle, j'ai une énergie infinie je suis porté par le Verbe universel, j'ai une énergie infinie je suis le Verbe universel. Je vie dans l'harmonie la joie de la félicité par ce que je vis dans l'harmonie, la joie de la félicité.3.cqfd. Solve et coagula, union des contraires, mettre dans le mille, c'est l'art royal, c'est le saut périlleux de la pensé dans l'inimaginable, c'est l'intention du Verbe réalisée, c'est l'alpha et l'omega, son nom? LIBERTE!!! qui te dit, prend la mesure de ce que tu es, fais le tour de toi-même, libère toi de ta condition humaine, pars à la conquête de la conscience totale, pars à la conquête de la totalité de toi-même, vise et tir au centre de toi-même c'est à dire au centre de tout, la boucle est bouclée.
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