par Dominique Blumenstihl-Roth
Articles précédents de la série consacrée à Satan :
Satan ne manque pas… de se dénoncer lui-même, ai-je écrit dans un blog précédant. Il désire en effet être connu et admiré pour l'intelligence de son délit, car « à quoi bon savourer tout seul sa supériorité s'il n'y a personne pour l'apprécier ? »
Aussi prévoit-il, au cours de ses mises en œuvre, l'existence de l'aveu. Aveu non pas extorqué, mais consenti et même calculé, devant susciter l'indignation des victimes qui se sentiront doublement grugées, à la fois par les actes commis, mais aussi par la confession de leur auteur. Les victimes se sentiront lésées par leur propre naïveté de n'avoir pas vu clair (cf Le Tartuffe) et refuseront de croire… aux aveux.
Satan, c'est un état d'esprit.
Un exemple fort intéressant en est donné, dans l'actualité politique où le diable — auquel personne ne croit — se vautre dans l'acide sulfurique dont il se délecte. La prévarication générale de l'élite est soupçonnée par le « brave peuple ». Elle apparaît de plus en plus clairement, dénoncée par des enquêteurs sur les réseaux sociaux, ce qui ne dérange en rien le « système ». En effet, la mutuelle de l'arrogance et le cynisme de l'oligarchie nargue un peuple bien incapable de saisir les rouages autoprotecteurs du pouvoir. Les potentats s'esclaffent quand ils sont désignés, tandis que les « manants », j'allais dire les « sans-dents » chers à un aimable ancien chef d'Etat, s'épuisent dans la lutte pour la survie.
Le pourrissement voulu par Satan gangrène les âmes.
Il veut que cela se sache. Aussi ne manque-t-il pas de susciter, issu de ses propres rangs, un révolté qui dénonce la corruption, la putréfaction heureuse de l'élite — dont il est. Emerge alors le « Dénonciateur ». Il est en soi une constante, un archétype.
Le Dénonciateur aura pour mission de décrire en détail l'ampleur des dégâts ; il traquera nominativement les responsables, mènera une enquête pointilleuse au cœur d'un système qu'il connaît par cœur — car il en est issu. Il trahira les abonnés à la concussion, Les médias lui porteront un grand intérêt (l'ogre médiatique est toujours affamé). Il deviendra le populaire révélateur de la dépravation. Le public, indigné, verra en lui le Juste par qui la vérité éclate au grand jour.
Mais Satan, grand ordonnateur de la mise en scène, a organisé cet épisode. L'apparition du Dénonciateur fait partie de son plan. L'exposition des méfaits renforce le sentiment de dépossession, augmente l'amertume et le découragement. La dépravation éthique et morale exposée en pleine lumière n'atténue en rien la gravité de la situation : elle augmente l'abattement général.
Le Dénonciateur,
est un sympathique « premier », sorte de « pur » incorruptible. Il jette à la face de l'opinion le bilan du système pourri dont il a compris tout le manège. Mais propose-t-il pour autant la solution pour en sortir ? Il est au contraire pris au piège de l'euphorie de sa vertueuse délation, qui devient, de livre en livre, d'interview en émission télé, son propre gagne-pain. Satan, ainsi, se désaltère à l'indignation de ces intègres qui le blâment.
Aussi, gardons-nous de critiquer Satan.
Ne discutons pas même avec lui.
Ne l'approchons pas.
Mais voyons-le.
Sa seule présence nous informe que nous avons affaire au « maître », expert en malices — et amabilités — créant son roman sur les ondulations de Nahasch, le Serpent biblique.
Dans l'actualité politique tourmentée, il existe pléthore de dénonciateurs. Mais l'un d'eux surbrille en fluorescence par la finesse de ses analyses. Je crois avoir reconnu le Dénonciateur en la personne d'un brillant avocat sur-diplômé.
Il est séduisant par la subtilité de ses méticuleuses inspections. S'y laissera-t-on prendre ? Son diagnostic s'établit toujours sur les faits déjà accomplis, donc post-mortem. Il organise le « grand déballage ». Mais en cela, il n'empêche pas les choses de se reproduire. Il aurait même tendance, par l'autopsie savante qu'il pratique sur le cadavre déjà putréfié du système, à entériner l'accompli, en ce qu'il dénonce les manœuvres exécutées, désigne les responsables… pour leur plus grand amusement. Que je présente à ce Dénonciateur-des-forfaitures la figure salvatrice de Don Quichotte — le vrai Quichotte, celui dont le nom signifie vérité en araméen, celui dont Dominique Aubier a fait le portrait lumineux dans sa série d'exégèses —, qu'à son tour il se reconnaît… démasqué. Le Dénonciateur des putréfactions regagne ses pénates, au cœur du système dont il est une excroissance pseudo-morale. Il n'envisageait la corruption du système que comme une chose à dénoncer.
Il sait qu'il existe la sortie heureuse — je la lui ai signalée —, une sortie rendue possible par l'exaltation de la procédure messianique, mais il se garde bien de la faire connaître. En effet, cela mettrait fin au prestige de son rôle dont il s'imagine qu'il doit perdurer. Il oublie que sa mission est momentanée, fixée dans le temps. A son tour, persévérant dans la continuité, il produit un anneau qui s'enfile sur la structure de Nahach : ultime ruse du Serpent que susciter celui qui l'accuse, il prolonge une nouvelle fois sa structure par un épisode auquel il ne met pas fin. Sa Dénonciation se prévaut d'un droit, légitime en soi, celui de dire ce qu'il a vu. Mais en excédant la durée de la mission qui lui est impartie, il crée la fascination par les descriptions du mal observé, et… retarde la phase suivante de la Délivrance. Il devient à son tour… un élément actif de ce qu'il dénonce.
Satan est une posture intervenant après Nahach et Hivia
Dans son livre Catalina, Dominique Aubier présente une fine lecture de Nahasch, le Serpent. Il doit être… charmé. Et pour cela, recourir au « grand moyen ». Il ne s'agit pas de « lutter contre », car c'est encore « s'illusionner de la procédure linéaire. Croit-on qu'un cycle plusieurs fois millénaire va permettre qu'un mouvement politique, issu de lui, fasse construire autre chose que ce qu'il suscite ?… Lutter contre, sur la chaîne de l'expérience historique, ce serait se greffer sur un anneau du Serpent et l'augmenter. » Mais la solution existe : « donner à la ligne événementielle l'ordre de prendre la posture structurale, celle de l'Absolu, qu'il faut retrouver. Rattraper le principe fondateur. »
« Quand le Serpent apparaît, la voie à suivre est toujours celle qui conduit à la structure et, par ce désir, vers la Connaissance. La position Serpent dirige l'attention vers le pôle initiatique : vers le retour au principe créateur. »
Bien comprendre l'équation Nahach et Hiviah
Elle correspond à l'instant bref et fulgurant où la vie s'éprend de l'ensemble rectiligne et chronologique, et lui confère une individualité provisoire. « Le temps de former cette unité vivante et la ligne chronologique doit opérer la rotation. La position Nahach démarque une conscience d'une durée limitée. A cet état provisoire succède la rotation des liaisons autour de l'axe chronologique et c'est très vite la pliure qui conduit à la stabilité. Donc, à la suite de Nahach, apparaît, dans l'ordre des constantes, une autre équation désignant l'amorce du plissement à la forme stable. L'hébreu, qui se compose sur la gestion structurale de toutes choses, nomme HIVIAH la posture reptilienne au cours de laquelle l'animal cherche à se mordre la queue. »
« HIVIAH, c'est le symbole d'une situation évolutivement plus confirmée que celle de NAHACH. Elle désigne l'étape où la sommation structuraliste se fait entendre, la présence du Yod introduit l'idée que l'Absolu résonne dans l'air » (cf Catalina, p. 193-195).
Or le Serpent, que ce soit sous sa forme Nahach ou sa forme de structure stable Hiviah, doit être dépassé. Après Hivia, apparaît le don de la vie : Haï (Het-Yod).
Si la forme Nahach n'est pas enroulée en structure stabilisée, la montée vers l'avenir est entravée en ce que Nahach continue d'ajouter des anneaux à son propre développement sans marquer la phase de l'arrêt. Nahach doit obéir à l'instruction « assez fait », et adopter la posture Hiviah.
Satan, c'est l'accroissement indéfini du « faire » sur le « faire » au-delà de la limite cyclique prévue. Satan est l'état civilisateur d'une société qui se prévaut du droit acquis à la jurisprudence figée du « faire ». Or c'est l'arrêt en phase qui devrait permettre à la structure de recourir à ce qui la fonde, le Modèle d'absolu.
L'erreur de Hava
C'est exactement là que se situe « l'erreur de Hava ». Elle n'a pas entendu l'appel, elle a conservé la croyance à la progression indéfinie et sans pause de l'évolution. Elle n'a pas relevé, dans l'air du temps, la sommation structurale devant établir l'arrêt permettant de réaliser la synthèse. Telle est également l'attitude de la conscience moderne qui continue de croire au progrès incessant et linéaire. « L'épistémologie scientifique n'a pas enregistré l'arrêt comme nécessaire, ni la pause enroulée à la situation de synthèse. La synthèse, réclamée comme indispensable, n'a pas été obtenue. Et la confiance a repris dans la poursuite linéaire du progrès comme si rien ne devait l'altérer… »
Dominique Aubier écrit : « La Recherche se place devant l'inconnu qu'elle a mission de fissurer, sans se demander dans quoi loge l'inconnu qu'elle attaque… » (Catalina, p. 202).
Grand désarroi. La rationalité ne peut pas atteindre l'absolu par le moyen des analyses, d'où l'impossibilité de réaliser jamais la synthèse des sciences. Pour ce qui est de la structure d'absolu, la science n'en sait rien, sauf qu'elle est certaine… D'où le livre d'Edgar Morin, Le Paradigme perdu. Fastidieuse étude qui nous impressionnerait, à ceci près qu'elle ne permet en rien de retrouver ce que l'auteur déclare perdu. Perdu ? Mais pour déclarer la perte d'une chose, il faut l'avoir jadis possédée. A vrai dire, ce paradigme, s'il est égaré, écrit Dominique Aubier, « n'est perdu de vue par l'Occident rationnel, perdu pour la science prise au bouillonnement de l'objectivation, mais non pour la Connaissance — à laquelle la science justement refuse de recourir. »
On en vient à cette conclusion que la science forme l'ossature même du Serpent évolutif actuel qui emporte toutes les adhésions. « Je crois en la science » est le credo moderne.
Mais qu'irions-nous critiquer cette idolâtrie, quand nous savons qu'elle tire sa source de Nahach en qui Hava fit confiance ? Il existe cependant une voie de sortie. Une voie de recours, par la Connaissance. La Connaissance du motif fondateur, son Code, ses Lois, ses procédures. Où la trouver ?
Le Dénonciateur se garde bien de l'indiquer, bien qu'il la connaisse.
La Sortie attire vers elle les forces de vie, inexorablement. Quelles que soient les forces de la rétention, l'énergie s'avance vers ce que la tradition appelle les temps messianiques. Autrement dit : la mise au clair du Modèle initial. C'est la raison d'être de ce Blog et du projet éditorial que je défends…
Comment en sortir de l'emprise de Nahach ?
En prenant pleine conscience du phénomène.
En n'étant pas dupe du langage de Nahach.
En cessant de l'alimenter et d'accroître le nombre de ses anneaux.
En produisant, pour soi-même, partout où cela est possible, l'acte de conscience par lequel évolutivement, l'arrêt est signalé. De cet arrêt découle l'enroulement Hivia (protéine) permettant d'observer la chose constituée et terminée.
De la terminaison découle la formule magique, Het Yod, écrivant la Vie (Haï).
— Tous les livres de Dominique Aubier
— Tous les films de Dominique Aubier
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