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vendredi 5 février 2021

Satan, dans notre vie personnelle (2/3)

Par Dominique Blumenstihl-Roth

(Suite de l'article précédant : le Diable existe-t-il ?)

Le diable est forcément une créature conçue, dès l'origine. Il est l'obscurité. Mais il n'est pas premier. Car avant les ténèbres, pré-existait le Verbe. L'obscurité est absence de lumière, lumière non encore arrivée mais déjà émise. La lumière ne naît pas du « noir » et le « noir » ne la produit pas. Elle a sa propre source, émanation d'énergie issue du codon tiré du pur « Qui Sait » invisible, de l'autre côté de l'univers. 

Que la kabbale hébraïque nomme « acher » : אשר
Mot-clé au cœur du verset d'Exode III-14, le fameux Buisson Ardent. C'est le pronom relatif « Qui » que Dieu prononce dans « Je suis "qui" je serai » (cf L'Ordre cosmique).

L'obscur n'a pas d'avenir.

L'obscur ne sera pas, étant néantisé par le photon de lumière. Il se voudrait l'égal de la lumière, alors qu'il ne fait que l'absorber… tirer la couverture à lui et… se déclarer inventeur de ce qu'il n'a pas. De cette captation il fait méthode, il fait… œuvre d'art. Et nous finissons par aduler le moindre reflet qui émane de son goudron. Qu'il choisisse des lieux sacrés pour s'exposer ne saurait surprendre, car il exige d'y être adoré pour lui-même. Cependant, il nous enseigne, car il est l'instrument dialectique.

Satan ne survient jamais dans le cycle biologique, tout se déroule selon un schéma évolutif régulé et imprimé de tout temps par les lois archétypales. La Nature est organisée selon un « système », des lois, son Code. Je ne saurais donc dire que le renard est le diable de la poule. Ou le hérisson le diable du ver de terre, tant la Nature organise le fonctionnement pour la survie de tous. L'Homme, quant à lui, fût-il biologique, accède au niveau culturel, 4è niveau d'évolution après le minéral, végétal, animal. Par sa capacité verbale — le rire ! — et sa puissance de conscientisation, il s'élève au-dessus des conditions antérieures. Il est donc confronté à la compréhension qu'il doit avoir de ce que le réel propose / impose : l'Homme est être de Liberté où les choses gravées se dégagent du marbre et deviennent possibilité de libre choix. En hébeu, gravé et liberté s'écrivent avec les mêmes lettres. L'Homme peut choisir son chemin, pour le meilleur et pour le pire. Y compris le chemin du désastre que Satan lui suggère. Satan est actif uniquement au niveau de l'Humain, son but étant d'interdire l'apogée de l'Esprit. Il veut maintenir l'être sous le boisseau, obtenir l'adoration de l'idole, l'asservissement du Verbe à sa dévotion.
Cela ne sera pas.

Satan est le démon de la liberté…
Liberté tout à la disposition de l'Homme, qui a le droit de l'invoquer à tout instant afin de nier sa vocation d'être spirituel. Prétention audacieuse qui mène droit dans le mur. Mais si tel est le choix de l'Homme…
Le kabbaliste italien Dante — que l'on classe curieusement parmi les philosophes — en a traité dans sa Divine Comédie. Nous pouvons aller plus loin, dans notre enquête sur Satan, en scrutant le Code des Lettres hébraïques, qui en sait plus long sur la Création, dans le sens où cet alphabet est lui-même le Code du Réel. Il serait donc étonnant qu'il ne sache pas qui est Satan, puisque ce mot est lui-même un mot hébreu codé dont le rébus trahit le secret.

Mais dans nos vie personnelles…
Nous avons tous, un jour ou l'autre, affaire à un être appartenant à cette typologie, qui cherche à nous détruire, qui y parvient parfois. Comment les éviter ? Comment quitter leur emprise ? Comment « quitter l'Egypte » ? La Torah l'ordonne… et en donne la méthode.
La grande leçon en est donnée dans Exode. Partir, gagner le « second lieu »… mais suffit-il de déménager pour se tirer d'affaire ? Moïse a beau quitter l'Egypte, il sera continuellement poursuivi par son ombre. Et même arrivé de l'autre côté, surgira le véritable ennemi, plus implacable encore que Pharaon : Amaleq. Dont il faut venir à bout.
Satan agit au niveau personnel, culturel et collectif. Il impose sa poigne afin d'empêcher la délivrance. Or la liberté est une donnée première de l'humanité, devant sans cesse être reconquise et renouvelée : une liberté qui ne saurait être pleine que si nous connaissons les lois du Modèle d'Absolu.

Cette liberté est gravée dans les Tables de la Loi, dans Exode, par le mot « Harout » (gravée) qui s'écrit avec les mêmes lettres que le mot liberté (Hérout) — Het, Resch, Vav, Tav. Or Satan est liberticide. Dominique Aubier écrit à ce sujet : « Satan est hors norme. Anormal. La « normalité » de l'entendement ne le cerne pas. Il appartient à un autre « registre » que celui du « mal ordinaire »… Certains criminels répondent à ce portrait. D'autres, moins discernables, plus mondains, dissimulent leur partition et n'en orchestrent pas moins leur projet implacablement — jusqu'à la fin de l'opéra ? Il se pourrait que la mélodie d'une flûte enchantée — celle de la Connaissance — mette fin au subterfuge.

Son nom le trahit.
Satan en hébreu s'écrit : Schaitan :
ש ט ן
C'est le nom biblique de l'Adversaire.
Qui est-il, que veut-il ?
Schin, Tet, Noun. Trois lettres.
Le verbe (Schin) parvenu en sa forme symbolique (Tet) construit l'homme culturel (Noun). Un mot de trois consonnes où il manque l'Aleph et le Yod qui lui donneraient la légitimité qu'il revendique. Ne l'ayant pas, il s'attaque donc à tout élément contenant l'Aleph, le système divin, et le Yod, l'énergie.

Satan ne peut être que l'ennemi d'Israël. Ennemi du Verbe. Dans le mot Israël, le Yod de l'énergie s'écrit en initiale, reprise par un Aleph qui rappelle la présence du système divin dans le codage. Israël reçoit l'énergie Yod, elle circule sur les branches du Schin, aboutit au Resch désignant la structure cérébrale de l'humain parlant, parole ayant pour vocation de dire le système divin Aleph et de l'enseigner (Lamed). Israël s'écrit :
שראל'
Ce programme culturel, codifé dans ces lettres, correspond à la vocation même de l'humanité. Satan le déteste et cherche à l'anéantir. Satan ne peut donc que haïr celui qui possède cela-même qu'il nie, à savoir l'énergie du système divin. Satan proposera et agira en conséquence pour obtenir l'éclatement du point d'insertion du Verbe, Jérusalem. A cela même se reconnaît la signature de שטו .

Quelques précisions de mon Maître (cf le livre Catalina):
— « Satan est d'abord une information. Trois lettres construisent son unité informationnelle. Schin gaucher, Teit et Noun. (Il commence par le Schin pointé à gauche, sans que rien ne le précède.) Ce qui signifie : le verbe a été entendu du côté gauche de la structure, au bout de la structure « nahach » (le Serpent) et qu'il est devenu l'informateur ». Tout ce qu'il dit et fait est faux du fait de l'inversion. »
— « Dans la symbolique hébraïque, Satan, en sa forme active est appelé Samaël… Son envergure psychologique fait son génie… et le rationalisme n'y croit pas. »
— « Il s'oppose au dynamisme normal de la vie. Il est donc par définition celui qui se met en travers. »
— « Satan déteste la vie, il n'aime que l'immobilité, il hait l'intelligence, et n'aime jouer que de la sienne… Mais un rien de méditation fondé sur l'Absolu l'anéantit. »
— « Satan essaie de retenir l'énergie humaine, il veut empêcher la conscience de passer le pont… Il veut tout immobiliser… D'où son désir de tuer et mettre fin à toute évolution. Il ne craint qu'une chose : la vérité et le déplacement de l'énergie. La spécialité de Satan, c'est de détourner l'énergie à son profit. Il édifie son action sur ce capital de vie volée. »

J'ajoute : il s'arrange pour trouver des dévots à sa cause, qui justifient son action par toutes sortes de manipulations : certains vont jusqu'à sanctifier son œuvre destructrice y voyant la condition nécessaire du renouveau. Ce fut la position du chercheur René Girard qui affirmait que « Satan chasse Satan… » et s'autodétruit. Il oubliait que si le mal finit par s'autodétruire, il ne le fait pas sans nous avoir détruits au préalable. Ce qui revient à lui céder la victoire totale. Or il s'agit, tout au contraire, comme le dit Dominique Aubier, « de l'empêcher de triompher. De supprimer les pouvoirs de Satan, le démasquer jusque dans ses ultimes replis. Il convient de dépouiller Satan de sa prérogative, de son pouvoir. Ôter les pouvoirs au tueur revient à diminuer les forces sataniques tout entière. Pour cela, il faut agir et vite. Comment ? D'abord avoir le courage de le nommer, afin de lui opposer les forces qu'il déteste. Or la seule manière de dominer Satan est de recourir à ce qu'il interdit : le modèle d'absolu, le principe de réalité et de Vérité. Satan n'a qu'un seul ennemi : l'Absolu. C'est donc l'Absolu, la Vérité qui en viendront à bout. »

Satan est chassé, non par Satan, mais par l'Initié qui connaît d'une part l'identité satanique, et d'autre part la procédure sacrée menant à la victoire. Une de ces procédures est appliquée ici-même. Elle consiste d'abord à connaître son existence. A la situer sur l'arbre évolutif des Lettres. A le nommer, à reconnaître ses diplomaties habituelles. A n'en pas être dupes. A adopter la bonne stratégie pour échapper à son emprise. A enseigner cette stratégie — passer le pont, suivre l'énergie et nous transporter de l'autre côté de la passerelle afin d'être hors de portée… et même, une fois l'autre rive gagnée, demeurer sur ses gardes, car c'est là que guette l'inexorable Amaleq.

Dans un prochain Blog, j'aborderai la question des procédures et stratégies de salvation.

On relira à ce sujet le livre « Catalina » qui dresse un éblouissant portrait de l'entité satanique, si bien qu'il est possible de le reconnaître.

Tous les livres de Dominique Aubier
Tous les films de Dominique Aubier
 

La suite ici :  

3. Satan parmi nous… 

4. Comment faire échouer Satan

Vous pouvez écrire vos commentaires ci-dessous.







5 commentaires:

Rose a dit…

Une créature du début du monde ? avant le beit de béreshit ? il lui faut un créateur . En quoi sont-ils liés pour qu'on les retrouve en véritables maquignons statuant sur la situation et le sort de Job qui fait l'objet d'un partage sans égal entre deux positions en attente de la fin de l'examen ? s'il n'y a pas en plus de Amaleq sur l'autre bord ? quel étrange parcours que celui de l'humanité . C'est très dangereux et périlleux d'être humain , quand on observe les périls qu'il doit affronter , on se rend bien à l'évidence qu'il est l'occurence de forces qui le dépassent . Comment éviter l'observatoire de la matière ? alors que les forces créationnelles nous y projettent .La situation a été extrèmement vécue par Mirra Alfassa ,compagne spirituelle de Sri Aurobindo ,ses récits compilés par Satprem , éminent secrétaire dévoué à sa cause.
Les raisons d'être dans le cosmos sur cette terre ne nous appartiennent pas encore , est-ce pour cette raison que la tradition de l'Inde encourage les yogas libérateurs qui créent cette libération du Jivan Mukta ?

Anonyme a dit…

Je viens de lire votre deuxième article. Superbe !!!
Oui, la lumière gagne toujours.
Lorsqu'on ouvre la porte entre 2 pièces, la pièce éclairée diffuse sa lumière et l'emporte sur l'obscur.
C'est toujours ainsi, jamais l'inverse.
Alors, j'ai foi dans la diffusion de la Lumière "Connaissance" que vous faîtes, qui nous éclaire et éclaire l'Univers.

Anonyme a dit…

Comme l'ont dit certaines personnes sur FB quand on voit ce que les hommes sont capables de faire, on se demande ce qu'il reste au diable...
D'ailleurs Lény Escudéro l'a chanté :
Un jour le diable
Est venu devant les notables
"Je suis victime
D'être le diable et chaque crime
A son coupable
Si c'est personne, ben c'est le diable
Qu'on en finisse
Je veux qu'on me rende justice
J'avoue d'avance
Je pue et j'avoue l'ignorance
Et puis le reste
J'avoue l'amour, j'avoue la peste
Mais je récuse
Tous ceux qui prient et qui m'accusent
Je suis le diable… "

François-Marie Michaut a dit…

Cette série sur Satan est très interessante parce qu'elle ouvre à des questions.
Abord complexe, certes, mais ouvert sur chaque expérience personnelle.
Si je reprends - cela devient une maladie chez moi- l'alphabet hébreux en Y de Dominique Aubier, je crois deviner le cheminement satanique.
Début en aleph 1, montée verticale jusqu'en yod, tronc commun où qui-fait et qui-sait sont indistincts. C'est en caf que se fait la bifurcation droitière et gauchère.
Le chemin satanique se branche alors uniquement sur la branche ascendante qui-fait du caf 500 jusqu'au tzadé final 900 sans issue autre qu'une passerelle très instable ( Castenada) pour un retour vers le tzadé 90 donnant accés à la voie ascendante du Qof jusqu'au tav.
- Satan pur extrémiste du qui-fait ?
- Hyponeurien typique pour copier Dominique Aubier ?

Anonyme a dit…

Qui je suis ne regarde personne.
Je témoigne avoir vécu des dizaines d'années avec quelqu'un, sans avoir perçu son fonctionnement satanique.
Un jour j'ai appris ce qu'est un pervers narcissique pour les psy et j'ai compris dans quel piège j'étais coincé.
Voici un lien utile https://sante.journaldesfemmes.fr/fiches-sante-du-quotidien/2537856-pervers-narcissique-reconnaitre-affronter/
Eloignement effectué, malgré de nombreux obstacles durant des années, c'est à la suite de ce sauvetage personnel que j'ai cherché à trouver un sens à tout cela. C'est ainsi que j'ai pu croiser la voie de compréhension de la réalité de Dominique Aubier.
Ceci n'est qu'un témoignage.