Retrouver « le Chemin qui a du cœur ». Partie 2.
II. Lecture initiatique de l'épisode Qaïn / Abel
« Le cœur est à prendre comme modèle pour convevoir la culture capable d'assurer le triomphe de l'humanité sur terre… » ( Dominique Aubier, La porte de l'Inde)
« Le cœur est à prendre comme modèle pour convevoir la culture capable d'assurer le triomphe de l'humanité sur terre… » ( Dominique Aubier, La porte de l'Inde)
Dans la première partie de cette étude, j'ai abordé la puissance et l'emprise de Qaïn. La force de son nom et l'énergie criminelle qui s'en dégage. Je vais essayer de discerner quel fut l'objet du litige. De nombreux chercheurs ont tenté de cerner la question. Il me semble que la lecture fondée sur le Code des Archétypes ouvre sur une perspective toute nouvelle…
Aurez-vous le courage de lire jusqu'au bout ?
Tenir devant soi le verset de Genèse IV, 8…
1. Le mystère du champ.
L'objet du litige, nous l'avons vu dans le blog précédent, entre les frères, c'est « le champ », c'est-à-dire, selon la lecture classique : la femme. Ou la terre… Les rabbins, depuis des siècles, ont disséqué la question.
Josy Eisenberg a consacré plusieurs entretiens télévisés à cette question. Ces entretiens ont été transcrits et ont fait l'objet d'un livre édité aux éditions Albin Michel, sous le titre « Moi, le Gardien de mon frère ». L'approche qu'il conçoit, avec Armand Abecassis, s'appuie sur des lectures talmudiques centrées sur les valeurs morales. Est-ce suffisant pour percer le secret de Qaïn ? La recension des textes qu'ils effectuent ensemble permet toutefois de faire le tour des différentes versions enseignées dans les écoles.
On apprend par exemple que la femme d'Abel, désirée par Qaïn, pouvait légitimement lui revenir en raison de son caractère d'aîné. Cependant Abel aussi, étant son frère jumeau, détenait un droit sur elle. Josy Eisenberg dit que « le roi Salomon aurait été bien utile pour trancher le problème ». M'est-il permis d'ajouter une réflexion à leur débat ? En effet, les rabbins en discussion dans les Talmud n'évoquent cette « jumelle » qu'en tant qu'élément de probable dispute entre les frères, et non en tant qu'être existant par elle-même. Cette femme n'a pas de nom. Pour résoudre la question de savoir lequel des deux frères l'emporterait, peut-être le roi Salomon aurait-il simplement demandé… à la femme de s'exprimer et dire ce qu'elle en pensait : « avec lequel des deux — le cas échéant — désires-tu vivre ? » Cette éventualité ne semble évoquée dans aucun texte… Et pour cause : cette femme n'est peut-être pas exactement l'enjeu de la question et il se pourrait bien que sous cette désignation « le champ », interprété comme signalant une femme, renvoie à tout autre chose ?
2. Quelles furent les paroles de Qaïn ?
Le grand commentateur médiéval Rachi (né à Troyes en 1040, initiales de son nom Rabbenou Chelomo Itshaki) n'a pas ignoré l'épisode de Qaïn. Sa technique, dont j'ai déjà parlé dans un blog précédent, consiste à dire sans dire, à enfoncer des précisions fulgurantes portant sur les écrits et à pratiquer aussitôt le retrait, laissant au lecteur le soin de compléter par lui-même. « Comme de bien entendu, semble-t-il souffler à l'oreille du bon Lecteur qu'il tient en haute estime, tu comprends de quoi je parle et il serait inconvenant que je t'en dise plus sans que je prenne le risque de blesser ta fierté de chercheur qui trouvera par lui-même… »
C'est ainsi que dans son commentaire sur le verset portant crime de Qaïn, s'agissant de savoir quelles paroles furent dite, il se contente d'écrire : « il (Qaïn) commence à lui chercher querelle ». Hé, quoi ! Rachi ! N'avez-vous rien de plus à nous dire à ce sujet, vous qui êtes le plus grand des talmudistes de votre époque ? Que Qaïn commence à chercher querelle, c'est là une évidence qu'un enfant de 10 ans aurait pu trouver. Pourquoi n'en dites-vous pas plus ? Quel est ce voile que vous jetez sur les paroles qaïniques dont je suis certain que vous les avez identifiées ? Ah ! Cette manière de dire sans dire… dont je vous remercie, puisqu'elle aiguise l'appétence du lecteur obligé d'investiguer par ses propres moyens : vous nous forcez à devenir chercheurs, peut-être même trouveurs : généreusement, vous nous donner la chance de participer à l'exégèse du Texte en ne nous dévoilant pas tout.
C'est ainsi que dans son commentaire sur le verset portant crime de Qaïn, s'agissant de savoir quelles paroles furent dite, il se contente d'écrire : « il (Qaïn) commence à lui chercher querelle ». Hé, quoi ! Rachi ! N'avez-vous rien de plus à nous dire à ce sujet, vous qui êtes le plus grand des talmudistes de votre époque ? Que Qaïn commence à chercher querelle, c'est là une évidence qu'un enfant de 10 ans aurait pu trouver. Pourquoi n'en dites-vous pas plus ? Quel est ce voile que vous jetez sur les paroles qaïniques dont je suis certain que vous les avez identifiées ? Ah ! Cette manière de dire sans dire… dont je vous remercie, puisqu'elle aiguise l'appétence du lecteur obligé d'investiguer par ses propres moyens : vous nous forcez à devenir chercheurs, peut-être même trouveurs : généreusement, vous nous donner la chance de participer à l'exégèse du Texte en ne nous dévoilant pas tout.
Selon Rabbi Yohanan, autre expert des Textes, Abel était plus fort que Qaïn. Car il est écrit que Qaïn « se redressa ». C'est-à-dire qu'il avait le dessous. Mais profitant de la compassion d'Abel, brusquement, il se dressa et le tua. C'est là une thèse cohérente construite sur le mot « redresser ». L'option développée par Josy Eisenberg me paraît quant à elle moins fondée quand il imagine que Qaïn a tué son frère… pour le sacrifier à Dieu, afin de compenser l'offrande qui lui avait été refusée. Ce qui ferait de Qaïn un super-sacrificateur… J'avoue ne pas partager cette opinion, non relayée par les éléments textuels ni soutenue par quelque motif exégétique.
J. Eisenberg souligne, avec raison, que Qaïn est un bon dialecticien. Quand Dieu lui demande où est ton frère, il répond non pas comme on le lit dans des traductions approximatives « Suis-je le Gardien de mon frère ? », mais : « Est-ce que le Gardien de mon frère, c'est moi ? » La réponse de Qaïn sous-entend une suite : « c'est moi, ou c'est Toi » ? Réponse d'une impertinence énorme, sachant qu'il vient de tuer celui qu'il était censé garder. Même impertinence qui reviendra, lors du procès de Qaïn, que les talmudistes ont imaginé : les animaux réclament justice suite au meurtre et organisent un tribunal. Qaïn comparait et plaide sa cause. Parmi les attendus, il affirme d'emblée n'être pas coupable, n'ayant pas eu de qui apprendre et ne sachant pas ce qu'était un crime, la chose n'existant pas avant lui. Il serait donc l'innocent découvreur de la capacité criminelle.
3. Qu'ont pu se dire les deux frères ?
Le traité Pirké Abot, traité de morale, pousse la réflexion dans le sens d'un conflit cristallisé sur des concurrences économiques, de territoire, de jalousie sexuelle. Quelles furent les paroles de Qaïn ? Quant à savoir quelles furent celles d'Abel, si tant est qu'elles aient existé, cela n'est pas indiqué dans la Torah.
Le traité Pirké Abot, traité de morale, pousse la réflexion dans le sens d'un conflit cristallisé sur des concurrences économiques, de territoire, de jalousie sexuelle. Quelles furent les paroles de Qaïn ? Quant à savoir quelles furent celles d'Abel, si tant est qu'elles aient existé, cela n'est pas indiqué dans la Torah.
Qaïn « dit ». Il n'est pas question ici de « parole ».
Qaïn, selon certains talmudistes, aurait menacé Abel au moyen d'une branche d'arbre. Cette image évoque un concept que propose la grille de lecture de "La Face cachée du Cerveau" (le code des archétypes) : en effet, Qaïn, héros de la branche « Qui fait » détache une branche de l'arbre en Y. Par les forces quantitatives, il extermine la branche « qui Sait » interdisant l'accès au cycle que forment les lettres supérieures que sont les Qof, Resch, Schin, Tav.
Certains auteurs estiment que l'adversité reposait sur une situation de concurrence économique entre l'agriculteur et le berger. D'autres, que le motif était spirituel : savoir où serait construit le Temple. Cet aspect du conflit mérite que l'on s'y attarde : il faut relire le passage en activant les critères du Code cortical.
Il faut traduire les mots en concepts intelligibles : les deux frères formant unité (les deux hémisphères) convoitent le lieu d'implantation du Temple. Qu'est-ce que le Temple si ce n'est le lieu d'insertion du Verbe dans le néocortex ? En terme de neurologie, on parlera d'aire du langage. Dans lequel des deux hémisphères, fonctionnellement inégaux, s'implante l'aire du langage (aire de Broca, aire de Wernicke) ? L'offrande d'Abel est agrée. Il bénéficie de la grâce divine. Il reçoit le « Temple », zone de la parole, et pourtant il resterait silencieux ?
Qaïn, en face, se révolte d'avoir été mis à l'écart. Frustration de l'Hémisphère « Qui Fait » se vengeant sur le « Qui Sait » ?
4. Décodage initiatique sur base du Code cortical
Des centaines de commentaires entourent ce verset de Genèse IV, 8… Et pourtant, il n'est pas certain que la claire explication en ait été dégagée. A mon avis, elle l'a été : mais dans un langage métaphorique voilant plus qu'il n'avoue, fait de rétentions de crainte d'en dire trop et de briser la consigne du Secret pesant sur les Tables.
Les siècles passent. Le Temps avance et l'humanité fait ses découvertes. Son langage se libère des emprises symboliques. La science est à l'œuvre, extraordinaire partenaire de recherche. Unir Connaissance et Science, (réaliser le grand « qorban ») est une opération prévue de tous temps par les initiés. Le Maharal de Prague parle longuement de cette nécessaire union, et de nombreux initiés d'autres traditions n'ignorent pas cette obligation. Ibn' Arabî, le soufi andalou, désigne cette opération sous l'expression Jam al Jam en vue de permettre que s'opère le grand Tawil, la grande exégèse du monde. Le sorcier amérindien des Yaquis, Don Juan Matus, ne fait pas autrement, quand il livre ses secrets à l'éthnologue Carlos Castaneda, en perspective de cette union dont sa tradition a de longue date prévu la nécessité en fin de cycle.
La science nous permettrait-elle une lecture nouvellement documentée de l'épisode qaïnique ? Quelle science ? Si ce n'est celle portant sur le motif même désigné par le premier mot de la Torah : Béréchit ? Le Cerveau n'y est-il pas désigné (Rosch) ? Don Quichotte (prophète d'Israël) n'interroge-t-il pas « la Tête » au chapitre LXII du volume II de Don Quichotte ? Ne se réfère-t-il pas au Zohar, où l'on retrouve la fameuse « Tête blanche » ? Et qui dit « tête », de nos jours, se voit bien obligé de regarder du côté du Cerveau, objet de toutes les recherches et fascinations.
5. Que pourrait nous enseigner le Cerveau à propos de Qaïn et Abel ?
J'ai plongé dans La Face cachée du Cerveau. Saine lecture pour bien comprendre comment fonctionne le « ciboulot ».
J'ai reporté le débat des frères sur le motif cortical que nous donnent les deux hémisphères corticaux, Qaïn — toujours faisant et actif — serait-il l'hémisphère « Qui fait » ne recevant pas directement l'information et sujet à l'inversion ?
Cela expliquerait pourquoi les talmudistes disent qu'Abel serait l'âme de Qaïn, manière poétique de dire qu'Abel était l'informateur dans la structure qu'il forme avec son frère (Qui Fait). L'Hémisphère « Qui Fait » est informé par son partenaire et reçoit l'information au travers de l'Echange Latéral transitant par le Corps Calleux.
Faisons l'analogie et considérons les deux frères comme étant les hémisphères d'une structure duelle. Nous pourrions bien découvrir la teneur de leur échange. Qu'a dit Qaïn ? Qu'a répondu Abel ? Ou plutôt : que n'a pas dit Abel, car il est bien silencieux.
A chaque hémisphère son discours.
A chaque hémisphère son discours.
Qaïn dit. Quels furent ses mots ? Ils portent nécessairement sur une réalité ontologique et non pas circonstancielle, économique ou sexuelle qui n'en seraient que des effets et non pas le motif essentiel. Qaïn est pris dans l'enclos de l'Hémisphère « Qui Fait », ayant ses prérogatives, mais subissant aussi la contrainte liée à ce confinement. Il n'est « que » la moitié d'une structure qu'il forme avec son frère. Il n'est pas, à lui seul, toute la structure. L'Hémisphère
« Qui Fait », dépourvu de l'aire du langage, excelle dans ses rapports
réalistes au monde (cf. les travaux de John. C. Eccles, Evolution du Cerveau et création de la Conscience, éd. Fayard, 1992 sur les particularités des zones cérébrales.)
6. L'emplacement du Temple au cœur de la dispute
Le Rabbin Yoshua de Sahin (RYS) a mis le doigt sur la question, en termes symboliques. Il enseignait (au nom de Rabbi Lévi) que l'objet de la dispute portait sur le lieu d'implantation du Temple : « L'un disait "c'est sur mon territoire que sera construit le Temple". L'autre disait "c'est dans mon territoire que sera construit le Temple" ». (Cité par J. Eisenberg).
Mon approche (DBR) est la suivante : l'un dit « sur » ; l'autre dit « dans ». Il me semble que l'implantation solide s'établit « dans » le territoire, et non pas « sur » : l'inscription du Temple doit se faire en profondeur « dans » et non à la surface « sur ».
« C'est pourquoi, poursuit RYS : "et ce fut, comme ils étaient dans le champ… ", or le champ désigne le Temple, ainsi qu'il est écrit "Sion sera labouré et deviendra un champ. » (Midrach Rabbi XXII).
Dans son langage poétique, RYS a entrevu le véritable enjeu de l'emplacement du Temple. Il convient d'ouvrir ce langage allusif qui ne s'explique pas sur lui-même. Tout doit être retraduit : l'emplacement du Temple ne s'opère qu'en un seul lieu. Un lieu unique, non partageable.
Une (re)lecture de La Face cachée du Cerveau
s'impose ici, et l'on verra la aussitôt se résoudre l'énigme que pose
ce subtil passage de la Torah, en terme de structure, de système et
d'énergie. La leçon de mon Maître est à cet égard irremplaçable, car elle ouvre l'allusion symbolique et la met face à la réalité du savoir scientifique de notre temps. L'hémisphère « Qui Sait » (évitons d'employer les mots Gauche et Droite en raison des confusions qu'ils suscitent selon la manière dont se place l'observateur) dispose de l'accès direct au langage et à la captation du message. L'hémisphère « Qui Fait » n'en reçoit que les éléments transférés par l'Echange Latéral. Dans le cerveau, la nature a prévu cette disposition universelle. L'aire du langage est du côté « Qui Sait » (à gauche de la personne parlant d'elle même, côté de sa main gauche), et cela chez les droitiers comme chez les gauchers.
La terre aussi, en tant qu'organisme vivant, a son aire du langage spécifique où s'insère le flux de l'énergie. Ce lieu, sur terre, c'est Jérusalem. La lutte pour la possession de ce lieu, depuis Qaïn et Abel, n'a jamais cessé. C'est le lieu où le verbe s'insère sur terre, l'endroit où se dresse l'Echelle de Jacob le long de laquelle circulent les « anges », autrement dit, les informations entre l'Invisible et la terre. C'est là que se produit la captation directe du Verbe en un endroit unique appelé Luz… devenant Jérusalem.
La Jérusalem, le Temple en nous, c'est très clairement l'aire de langage, elle-même divisée en deux zones, l'aire de Broca et l'aire de Wernicke. Mais toujours dans le même hémisphère « Qui Sait ».
La Jérusalem, le Temple en nous, c'est très clairement l'aire de langage, elle-même divisée en deux zones, l'aire de Broca et l'aire de Wernicke. Mais toujours dans le même hémisphère « Qui Sait ».
La dispute Qaïn / Abel aurait-elle tourné autour du droit de propriété portant sur le Temple, autrement dit sur la zone de phonation du Verbe ?
7. Jérusalem : le lieu du Temple
La grande dispute actuelle dans le monde ne porte-t-elle pas sur Jérusalem, ville-capitale désormais de l'Etat d'Israël, revendiquée par les deux autres religions révélées, comme vient de le réitérer le Pape François lors de son voyage au Maroc en mars 2019 ? Il semble que le Saint-Père, en tout respect de sa haute fonction, dans sa volonté de se rapprocher de l'Islam, méconnaît le statut de la ville de Jérusalem, car il confond les différentes fonctions dévolues à chacune des trois religions monothéistes. Le voici qui parle au nom des trois dont il s'imagine l'ambassadeur délégué sans remarquer qu'elles ne se superposent pas, ni n'exécutent la même mission. J'ai écrit un article sur le sujet.
Jérusalem, lieu du Temple, est le lieu d'insertion du Verbe sur terre, lieu de captation de l'énergie cosmique qui se répand depuis là sous forme de « train d'onde » irradiant la planète, inspirant ses initiés de toutes traditions qui en retraduisent le message en l'adaptant au tellurisme local. La possession physique de ce Lieu fait l'objet de luttes acharnées, l'antagonisme réclamant non seulement l'accès du Lieu mais sa pleine possession. Le seul moyen d'en sortir est d'en donner une claire explication.
8. Lecture corticale du crime
La thèse corticale selon laquelle le cerveau serait à l'image du modèle d'absolu ne laisse aucun doute. La démonstration en a été faite dans La Face cachée du Cerveau (The Hidden face of the Brain). L'aire du langage (Broca et Wernicke) se situe d'un seul côté, sur un seul hémisphère. Il n'existe en ce sens qu'un seul « Lieu ». Les fantaisies diplomatiques de l'ONU ou du Quai d'Orsay rêvant d'une division de Jérusalem en autant de tranches qu'il y aurait de peuples au monde sont des absurdités qui transpirent la négation unitaire.
Imaginez un instant qu'en vous, dans votre propre cerveau, la « Jérusalem » — les aires du langage — soient éclatées. Cela conduirait à une ablation entraînant de graves troubles physiologiques : cela a été observé par le docteur Sperry, chez des personnes touchées accidentellement par de tels traumatismes, et l'on sait que les atteintes portées à l'aire de Broca troublent les capacités de l'expression verbale. L'ablation de l'aire de Broca provoque l'impossibilité totale de parler. De même la destruction de l'aire de Wernicke, sans priver la personne de la parole, lui interdira d'accéder au sens.
Dès lors toucher au « Lieu », attenter au « Temple », c'est priver l'humanité du Verbe. Le « Lieu », appelé dans ce verset « le champ », est l'endroit où le Verbe s'inscrit dans la structure unitaire du monde, la structure de l'humanité parlante. Dans l'épisode Qaïn / Abel, ce qui est en jeu, c'est bien l'avenir de l'humanité, dotée ou non du Verbe : d'un verbe polarisé sur l'expression de la vérité.
Qaïn, selon la tradition, aurait détaché une branche. Il aurait ensuite tué Abel. Cette branche détachée, serait-ce la branche « parlante » dont il aurait privé l'arbre évolutif ? Il s'appliqua ensuite à frapper l'humanité (Noun) avec l'autre branche restante, gourdin efficace de la matérialité contondante. Ecraser à tout prix la voix du sacré et n'entendre que celle de la dictature matérialiste. EN SOMMES-NOUS JAMAIS SORTIS ?
(A propos de Hebel (Abel) on remarquera qu'en allemand, langue fort inspirée, Hebel signifie bâton, gourdin. Serait-ce par antiphrase que la langue germanique désignerait la matraque par le nom de celui qui en fut la première victime ?)
(A propos de Hebel (Abel) on remarquera qu'en allemand, langue fort inspirée, Hebel signifie bâton, gourdin. Serait-ce par antiphrase que la langue germanique désignerait la matraque par le nom de celui qui en fut la première victime ?)
9. Que lui a répondu Abel ?
Si je m'en tiens au texte, il n'apparaît aucune réponse. Abel demeure le grand silencieux. Aurait-il pratiqué la diplomatie du silence ?
Les Rabbins ont envisagé toutes sortes de possibilités et c'est une question classique que demander aux élèves des écoles talmudiques :
— Qu'a dit Qaïn ?
— Qu'a répondu Abel ?
« Non tu n'auras pas ma femme, répondit Abel » pensent certains.
« Non tu n'auras pas ma terre ».
« Non tu n'auras pas le Lieu… »
Abel se serait-il affirmé par un « non » ? Un refus ?
Ou les paroles de Qaïn furent-elles une réponse à un silence préalable d'Abel ?
Ou les paroles de Qaïn furent-elles une réponse à un silence préalable d'Abel ?
Après le refus de l'offrande par Dieu, Qaïn essuierait-il un refus de son frère ?
Comment Abel le lui a-t-il signifié ? Qaïn (Qui Fait) a besoin de son frère (Qui Sait) en tant qu'informateur. Colère qaïnique de n'être pas le possesseur des deux territoires, de toute la structure ? Comment Abel aurait-il pu le lui faire comprendre ? Est-ce le silence d'Abel qui a blessé ou sur-ajouté à la vexation de Qaïn ?
« C'est par la parole que les choses arrivent », vieil adage de la tradition hébraïque que rappelle Armand Abecassis : « l'homme parle et il se constitue en même temps que le monde dans lequel il vit… » Dès lors n'est-il pas légitime de s'interroger sur la « parole » prononcée par Qaïn car de celle-ci découle la réalisation de l'acte qu'elle a annoncé ?
Qaïn a-t-il dit à son frère : « je te tuerai ? »
Comment aurait-il pu lui dire cela s'il ne savait même pas ce que c'était, que tuer ?
A moins que le verbe tuer se forma dans son esprit à cet instant et suscita le passage à l'acte ? Le fait de réaliser un acte initiateur présuppose-t-il l'antériorité d'une pensée, consciente, inconsciente ? Un acte isolé de tout élément informateur peut-il exister par lui-même ? Cela serait contraire à la logique même du vivant que les biologistes connaissent bien : une protéine n'existe que parce qu'elle a été induite, au départ, par un ADN… dont il est parfois difficile de trouver la trace suite aux différentes opérations qu'il subit (transfert, prise de copie etc…)
Les psychanalystes n'ignorent pas cette dynamique du verbe initiateur quand ils cherchent à aider leur patient à identifier — par le Verbe, la Parole — ce qui est à l'origine de leurs troubles ou souffrances…
Dès lors, Qaïn s'est-il ingénié à inventer le crime en tant que mode d'expédition en lieu et place de l'échange ? Son crime serait lors une anti-parole, une régression vers le totalitarisme d'une humanité sombrant dans la barbarie : une absence de Verbe.
Et Abel ? Ah, le brave Abel ! Si dans le couple des deux frères il occupe la zone maîtrisant la parole, que ne s'est-il exprimé ? Qaïn fulmine et Abel se tait ? Est-ce l'absence d'information qui a propulsé Qaïn dans le vertige d'un « Qui Fait » schizophrénique, finissant par s'instruire lui-même et ne pouvant s'empêcher de « faire » ? L'assassinat étant alors le « faire absolu »… se donnant à lui-même les réponses allant forcément dans le sens de ses colères, finissant par les justifier, les légitimer. Il se donne à lui-même l'ordre de tuer celui qu'il estime nuisible à son projet. Crime tuant l'aire du langage, tuant le projet civilisateur, dont on ressent encore aujourd'hui les effets.
Les Nazis eurent (on toujours) pour objectif d'anéantir, dans le Juif, l'individu potentiellement porteur du Verbe. Leur furie meurtrière vise très clairement la volonté de plonger l'humanité dans le gouffre de la non-parole, de remplacer le Verbe par la matraque. Le meurtre en méthode « dialoguale unilatérale »… Raison pour laquelle à Auschwitz, selon le témoignage de Primo Lévi, les tortionnaires maniant le gourdin avait cyniquement surnommé leur gourdin « Dollmetscher », autrement dit : le « Traducteur. »
Sachant qu'en nous-mêmes, et de manière universelle sans distinction sociale ethnique ou religieuse, nous portons Jérusalem, une aire réservée à la parole et au sens, ne sommes-nous pas tous impliqués ? Ne devons-nous pas empêcher le gourdin de Qaïn de se dresser ? Comment l'empêcher de tomber ?
« C'est par la parole que les choses arrivent », vieil adage de la tradition hébraïque que rappelle Armand Abecassis : « l'homme parle et il se constitue en même temps que le monde dans lequel il vit… » Dès lors n'est-il pas légitime de s'interroger sur la « parole » prononcée par Qaïn car de celle-ci découle la réalisation de l'acte qu'elle a annoncé ?
Qaïn a-t-il dit à son frère : « je te tuerai ? »
Comment aurait-il pu lui dire cela s'il ne savait même pas ce que c'était, que tuer ?
A moins que le verbe tuer se forma dans son esprit à cet instant et suscita le passage à l'acte ? Le fait de réaliser un acte initiateur présuppose-t-il l'antériorité d'une pensée, consciente, inconsciente ? Un acte isolé de tout élément informateur peut-il exister par lui-même ? Cela serait contraire à la logique même du vivant que les biologistes connaissent bien : une protéine n'existe que parce qu'elle a été induite, au départ, par un ADN… dont il est parfois difficile de trouver la trace suite aux différentes opérations qu'il subit (transfert, prise de copie etc…)
Les psychanalystes n'ignorent pas cette dynamique du verbe initiateur quand ils cherchent à aider leur patient à identifier — par le Verbe, la Parole — ce qui est à l'origine de leurs troubles ou souffrances…
Dès lors, Qaïn s'est-il ingénié à inventer le crime en tant que mode d'expédition en lieu et place de l'échange ? Son crime serait lors une anti-parole, une régression vers le totalitarisme d'une humanité sombrant dans la barbarie : une absence de Verbe.
Et Abel ? Ah, le brave Abel ! Si dans le couple des deux frères il occupe la zone maîtrisant la parole, que ne s'est-il exprimé ? Qaïn fulmine et Abel se tait ? Est-ce l'absence d'information qui a propulsé Qaïn dans le vertige d'un « Qui Fait » schizophrénique, finissant par s'instruire lui-même et ne pouvant s'empêcher de « faire » ? L'assassinat étant alors le « faire absolu »… se donnant à lui-même les réponses allant forcément dans le sens de ses colères, finissant par les justifier, les légitimer. Il se donne à lui-même l'ordre de tuer celui qu'il estime nuisible à son projet. Crime tuant l'aire du langage, tuant le projet civilisateur, dont on ressent encore aujourd'hui les effets.
Les Nazis eurent (on toujours) pour objectif d'anéantir, dans le Juif, l'individu potentiellement porteur du Verbe. Leur furie meurtrière vise très clairement la volonté de plonger l'humanité dans le gouffre de la non-parole, de remplacer le Verbe par la matraque. Le meurtre en méthode « dialoguale unilatérale »… Raison pour laquelle à Auschwitz, selon le témoignage de Primo Lévi, les tortionnaires maniant le gourdin avait cyniquement surnommé leur gourdin « Dollmetscher », autrement dit : le « Traducteur. »
Sachant qu'en nous-mêmes, et de manière universelle sans distinction sociale ethnique ou religieuse, nous portons Jérusalem, une aire réservée à la parole et au sens, ne sommes-nous pas tous impliqués ? Ne devons-nous pas empêcher le gourdin de Qaïn de se dresser ? Comment l'empêcher de tomber ?
Comment sortir de l'emprise qaïnique ?
Nous avons tous en nous quelque chose de Jérusalem. Nous avons tous en nous cette part abellienne du « champ ». Ce champ irréductible certes spolié par Qaïn, mais sauvé en dernier recours par une toute nouvelle génération, par la naissance de Chet, le troisième fils d'Adam, ouvrant la voie de l'espérance.
Nous sommes les descendants de Chet… Du moins j'ose l'espérer.
Cette troisième voie restaure la primauté du langage et de la parole vraie. Ce sera le troisième volet de ce triptyque… à suivre.
Prochain blog : Retrouver le Chemin qui a du cœur. La voie de l'espérance. Le troisième fils d'Adam…
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Ce texte se présente en quatre parties :
1.— Appel aux forces du cœur (ouverture)
2. — Le Chemin qui a du cœur. I. Le secret de Qaïn. 1
3. — Le Chemin qui a du cœur. II. Lecture initiatique Qaïn/Abel. 2.
Suite du texte :
4. —Le Chemin qui a du cœur. III. Le chemin de l'Espérance. 3.
+ Le Secret du Cœur. Au cœur du secret. Cette étude sur Abel et Qaïn sera publiée dans un livre en cours d'écriture où je reprends et complète certains articles parus dans ce blog.
Je remercie les personnes qui pourraient s'en inspirer de bien vouloir citer les sources, parce que :
"Kol haomer davar bechem omro mévi géoula laolam"
"Quiconque rapporte une chose au nom de son auteur amène la délivrance pour le monde"(Rabbi Eliézer).
Pour ce qui me concerne, voici ma référence, outre les ouvrages cités dans le texte :
Tous les films de mon Maître
Tous les livres de mon Maître
2. — Le Chemin qui a du cœur. I. Le secret de Qaïn. 1
3. — Le Chemin qui a du cœur. II. Lecture initiatique Qaïn/Abel. 2.
Suite du texte :
4. —Le Chemin qui a du cœur. III. Le chemin de l'Espérance. 3.
+ Le Secret du Cœur. Au cœur du secret. Cette étude sur Abel et Qaïn sera publiée dans un livre en cours d'écriture où je reprends et complète certains articles parus dans ce blog.
Je remercie les personnes qui pourraient s'en inspirer de bien vouloir citer les sources, parce que :
"Kol haomer davar bechem omro mévi géoula laolam"
"Quiconque rapporte une chose au nom de son auteur amène la délivrance pour le monde"(Rabbi Eliézer).
Pour ce qui me concerne, voici ma référence, outre les ouvrages cités dans le texte :
Tous les films de mon Maître
Tous les livres de mon Maître
Mais que cherche t-on depuis le début avec ce "cadavre" ressorti à loisirs chaque fois qu'il est question de trouver des raisons à la situation instable du passage du biologique au civilisationnel ? combien de millions (au moins) d'années pour la mise en place des règnes précédents l'installation d'un Rosh en résonnance avec un système dont on ignorera définitivement tout . le Qaïn méchant avec son mode alternatif gentil Abel ? Ces parents là , Adam /Eve et leurs enfants furent les parfaits exemples d'un départ foiré . Adam /Eve n'ont pas pu être gardé dans les dispositions qui leur avaient été présentées .Virés les vieux ! pour la progéniture ,la réponse Abelienne sembla montrer une indication forte sur une voie viable pour que le projet divin puisse se faire .C'est que nous sommes devant un projet hallucinant qui a trouvé une voie pour se faire connaitre. Au labo d'Eden , il a fallu trouver les règlages nécessaires à la poursuite de cette volonté d'expression. Aleph toute !!!
RépondreSupprimerEcrire un commentaire pour dire qu'on ne se sent pas de taille à poser une question tenant debout devant un texte aussi dense et aussi riche, c'est idiot. L'idiot que je suis non seulement assume, mais est très curieux de la survenue du troisième frère dans ce drame familial incroyable. Trois petits gars dont la maman et le papa n'ont pas de nombril. C'est ce qu'aurait constaté en en perdant ses lunettes leur médecin de famille. Dont la Genèse ne parle pas, sauf trou de mémoire de ma part.
RépondreSupprimerPS : pour la journée de la mémoire de la Shoah sur un autre vecteur numérique, je me suis permis de citer l'indispensable ( pour moi) Réponse à Hitler de Dominique Aubier. Pensée aussi pour la date de son anniversaire de naissance sous le signe... du taureau.
Bien entendu, envie de continuer la route.
RépondreSupprimerLe "troisième homme" qui arrive.
Chet que j'ai retrouvé sous le nom de Sheit sur wiki.
Juste 2 lettres en hébreu que j'ai cru déchiffrer comme étant schin et tav. Les 2 plus élevées du coté qui-sait sur l'arbre de mme Aubier, sacré programme pour l'ancêtre de Noe.