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mardi 7 mai 2019

Retrouver le Chemin qui a du Cœur. 3ème partie. La voie de l'espérance.

Retrouver le Chemin qui a du Cœur (3)
par Dominique Blumenstihl-Roth

Le conflit entre Qaïn et Abel

III. Troisième partie : Seth, la voie de l'espérance.

Dans la première partie de cette étude, j'ai abordé la puissance et l'emprise de Qaïn. La force de son nom et l'énergie criminelle qui s'en dégage.
Dans la deuxième partie, j'ai essayé de décrypter quel était l'enjeu de la querelle entre Qaïn et Abel. L'enjeu du Temple et son emplacement.

Qaïn, semble-t-il, aurait fait acte de repentance. Certains commentateurs pensent qu'il a regretté son acte. D'autres estiment qu'il a regretté essentiellement d'en subir les conséquences… Il quittera les lieux, se rendra au « pays de Nod » où il construira une ville, une société qui reposera sur les fondements dont il est le porteur : une société de violence, productive, matérialiste, vouée au culte du « faire », où le crime règne en expédiant de dialectique… Le Déluge emporte tout. Mais Qaïn, disais-je, est une typification archétypale solidifiée, archaïsme survivant quand bien même le Déluge en ait liquidé la descendance… Sauvagerie qui reviendra en la personne de Cham, le fils de Noé et dont nous reparlerons peut-être. Sauvagerie qui nous guette…

1. Cependant, l'espoir existe : la lignée de Chet / Enoch
Après le meurtre commis par Qaïn, un long cycle de consternation semble engloutir la terre. Et soudain une voie émerge, non liée à la « repentance » réelle ou fausse de Qaïn, mais à un fil ténu qui a surgi depuis la source, se raccordant à l'origine fondatrice du Premier Couple. Nous retrouvons Adam et Eve et tout repart : seconde tentative, seconde chance de fonder une humanité autre, malgré la lourde masse mémorielle de l'acte qaïnique.
C'est la « troisième voie ».
C'est une notion très importante que je souligne à l'intention des Lecteurs de M. René Girard, théologien sociologue qui a fourvoyé dans le désespoir toute une génération d'étudiants à qui il a tenté de montrer la prédominance du mal en tant que donnée primordiale, comme si le monde avait commencé avec le crime. Il a commis en cela une grave erreur intellectuelle.
Et j'en veux pour preuve ces éléments que le chercheur a ignoré :
1. Qaïn lui-même disparaît, tué par accident, selon la Tradition, par un de ses descendants. Le cycle de Qaïn se ferme comme il a commencé. Le surgeon nouveau se présente, hors conflit, et non pas issu de lui, en la personne de Chet.
2. Toute la descendance qaïnique disparaît lors du déluge. Un échec total.
3. Qaïn a inoculé une viralité non pas du mal mais de la fascination pour l'irrespect des Lois — refus de la Parole (Pé), refus de la notion cyclique (Samekh), rejet de la vue (Ayin), rejet de la notion d'arrêt (Tzaddé). Il n'est pas l'inventeur du mal, mais le transgresseur de l'interdit qui permet au mal de prendre le pouvoir. (Se reporter au livre Ces Désastres qu'on nous fabrique où la notion de Tzaddé final est explicitée. Voir le film de la série Cinécode Les charmes et les fastes de l'Alphabet hébreu).

2. La solution pour en sortir ? Faut-il lutter contre Qaïn ?
« On ne lutte pas contre Qaïn : ce serait l'augmenter dix fois », dit la Tradition. La solution consiste donc à quitter son emprise, créer l'alter-native. C'est-à-dire « faire naître l'autre ».
Et l'on comprend alors pourquoi Adam et Eve ont un troisième enfant, du nom de Chet. Son nom s'écrit Schin Tav.
שת 
Il possède deux lettres auxquelles Qaïn n'accède pas. Chet se trouve au-dessus de Qaïn, au-dessus du Qof. Chet mène l'énergie du cycle au bout, le Schin et le Tav étant les deux dernières lettres de l'alphabet. Valeur : 300 + 400 = 700.
Or c'est justement la valeur de la lettre Noun final en terminaison de Qaïn.
On peut donc affirmer que Chet 700, le troisième fils, rachète le Noun final 700 de Qaïn et donne à l'humanité une extraordinaire opportunité de se libérer de cette emprise.

Chet est né quand Adam avait 130 ans dit la Torah. Ces chiffres doivent être lus en considération lettrique qualitative, les nombres renvoyant à des mots et non pas à des comptabilités mathématiques.
Souvenons-nous : 130 est la valeur du mot Sinaï. Du mot désignant l'échelle (soulam, valeur 130). Il existe donc un rapport entre la naissance de Chet et la révélation du Sinaï… Et en effet, avec Chet, on assiste à une reprise du processus donnant une nouvelle chance à l'humain, de même qu'au Sinaï, Moïse relance l'énergie de la libération.
Chet signifie la fin d'une situation, dit le Zohar (I, 54b). Il est « à la ressemblance d'Adam », ce qui n'était pas le cas pour Abel et Qaïn : « C'est de Seth que sont issu toutes les générations et tous les justes du monde… » (Zohar I, 55b ; p. 321 éd. Maisonneuve).

Son nom s'écrit Schin Tet. (Le Schin porte ici normalement un point sur la première branche de droite. On prononce donc « Ch ». Certains auteurs écrivent « Seth ».)
שת
Et le mot, avec un Vav au milieu,
שות
signifie « poser », « baser ». C'est sur cette base que l'humanité renoue avec l'Alliance après l'échec d'Adam et Hava et après le crime de Qaïn. On retrouve cette racine dans le nom du valeureux Don Quichotte comme l'a démontré Dominique Aubier (Cf Don Quichotte prophète d'Israël ; Victoire pour Don Quichotte), son action semble pleinement inspirée par l'espérance de Chet. Ce dernier a pour principe d'existence le recommencement, le renouvellement de l'œuvre divine confiée à l'humain. Chet est l'homme de cœur qui relance l'énergie et amène le cycle au bout. Certes sans abolir la voie qaïnique… Il est l'alter-native, l'autre voie naissante. La voie « quichottienne ».

Le Zohar dit que « la lignée de la noblesse humaine se construit sur le 3ième fils, Seth ».
Troisième fils du premier couple, il ouvre l'alternative permettant à l'humanité de se libérer de l'emprise qaïnique. Sa naissance est l'ultime chance de réparation pour cautériser la plaie que l'humanité s'est infligée. De Chet naîtra Enoch qui compensera, par sa propre lignée (d'où sortira Noé), le désastre qaïnique — mais sans parvenir à l'annuler jamais… car l'empreinte mémorielle de la violence est telle qu'elle resurgira même dans le nouveau cycle après le Déluge. La pureté n'est pas de ce monde… Mais il existe une voie de dégagement permettant d'éviter l'emprise absolue du mal. Seth (Chet) ouvre sur une toute nouvelle voie évolutive, une « sur-évolution » au sens scientifique du terme, les biologistes ayant observé ce phénomène surévolutif lors des fins de cycles (cf. Lucien Cuénot, l'Evolution biologique, éd. Masson, 1951, cité dans La Face cachée du Cerveau).
La grande leçon de Seth est de nous rappeler que la fin cyclique doit s'opérer sur le côté Qui Sait de la structure, et que la voie qaïnique finit sous le déluge, engloutie de n'avoir pas voulu respecter la règle du Tzaddé final. Seth nous indique aussi la stratégie du dégagement consistant à ne pas « lutter contre » Qaïn au risque d'alimenter ce dernier et d'augmenter sa force. Mais de pratiquer une sortie (Yetsyah) par une conduction vers l'Autre voie. Il faut « sortir et voir »… comme le rappelle le Cantique des Cantique au verset 3-11.
Seth est l'archétype de l'Initié, connaissant la Loi du Tzaddé final, de la sortie, du passeur. Il est ce que j'appelle un homme de cœur et nous verrons dans un autre Blog ce que cela signifie… Si le cœur vous en dit.

3. Qaïn, où est-il ?
Là, devant nos yeux. Vous ne le voyez pas ? Il est en pleine action glorieuse, satisfait de son acte.
C'est tel gouvernement produisant vendant des armes sous couvert de « droits de l'homme », avec la même excuse que Qaïn lorsqu'il tenta de convaincre de son innocence en prétextant qu'il ne savait pas qu'il tuait… puisque personne n'avait jamais tué avant lui…
Qaïn : c'est le déluge d'images de crimes déferlant sur les télévisions, images imprégnant les esprits, banalisant le meurtre, le rendant virtuel, sous prétexte de « fiction divertissante » alors que ce sont autant d'informations actives diffusées, ayant la propension, selon le modèle biologique du processus ADN-ARN, à être prises en copie par certains esprits qui risquent de passer à l'acte par imitation infusée.
Encore une victoire de Qaïn, chaque fois que la violence s'empare de la rue, de la foule, mais aussi des individus contagiés par l'emprise viscérale de la barbarie et du plaisir d'emprise qu'elle leur procure. La réponse ? Sortir. Eteindre la télé quand « l'esprit criminel » passe sur l'écran, fuir la foule, n'y jamais participer. Refuser d'écouter les appels morbides de haine… Rejoindre ainsi la lignée de Seth, celle des « humains nouveaux » post-qaïniques.
Dans l'Islam chîîte, Seth est considéré comme le premier Imam initié après Adam (qui représente la Loi) assumant le sens ésotérique de la prophétie. Il se consacre tout entier au service divin, il est, dit Henry Corbin, le « tisserand mystique ». Il est identifié, dans la Gnose, avec Zarathoustra. Selon la tradition des mystique soufis, Seth a été revêtu d'une robe de laine verte que l'ange Gabriel, l'ange de la Connaissance lui aurait apporté du Paradis. Cela signifie que Seth serait clairement l'initié premier ayant compris le Code des archétypes et pleinement reçu la révélation des Lettres. A partir de lui, une nouvelle humanité se fonde… qui à son tour se heurtera à la violente volonté de négation qu'exprimera la troisième fils de Noé (Cham). Je lui consacrerai un blog si le sujet vous intéresse.

4. Chet, Enoch, où sont-ils ?
Ils - elles sont là, chaque fois que la lumière dissout les ténèbres. Chaque fois que la bonté prend le dessus. Je dis bonté : cela ne signifie pas la sottise, mais la mise en œuvre d'une politique intelligente permettant qu'elle triomphe. Je crois que la lignée de recours est puissante, elle agit, chaque jour.
Chet - Enoch, c'est nous, attentifs à l'esprit et laissant l'esprit décider de notre conduite. C'est nous, devenant implacables… dans la bonté, c'est nous, quand nous nous instruisons de la Connaissance qui nous donne les armes pour vaincre-surmonter l'esprit qaïnique. Ces armes, ce n'est ni la bondieuserie ni les implorations, mais l'action efficace fondée sur l'esprit de responsabilité, à l'image de la diplomatie de la Reine Esther qui sut empêcher le crime.
Chet-Enoch, c'est nous, c'est la lignée des esprits ayant le courage de dire, d'imposer le Verbe là où il a été banni, d'interpeller le violent, de ne pas ignorer son intention, de n'être pas dupe de son intelligence, de son calcul, et de la préparation du forfait. Notre présence est utile au monde et à l'esprit qui compte sur nous. Chet (Schin-Tav) c'est l'humanité qui survivra au désastre, parce qu'elle est instruite de la Loi initiatique. J'ose espérer que ce Blog y contribue.

5. Faut-il affronter Qaïn ?
Ce serait l'augmenter dix fois… Et il le sait. Dès lors, il convient d'agir avec les lois du cœur, les fameuses armes de Don Quichotte, celles de la Connaissance — et les manier avec la lucidité requise.  Il s'agit également de connaître l'argumentaire qaïnique extrêmement au point, reposant sur les poncifs dont l'un est d'accuser la victime d'être fautive, et ensuite, de se faire passer pour l'irresponsable-qui-ne-savait-pas…
C'est exactement ce que m'ont ressorti les trois énergumènes que j'avais interpellés : selon eux, c'est le petit qu'ils ont tabassé, qui avait « commencé le premier ». Selon eux, « il n'a pas eu tant mal que cela ». S'estimant déjà auto-pardonnés, « bah, ce n'est pas tellement grave », ils commencèrent, quelques jours plus tard, à me saluer bien respectueusement… toujours « comme si de rien n'était ». Le potentat amnésique de sa propre exaction…
Alors faut-il en rester à ce que la philosophe Hannah Arendt appelle la « banalisation du mal ». Le mal ordinaire ? « On fait avec », comme on dit, et la bonté pardonnante passerait l'éponge ? Non, ai-je pensé, il n'en est pas question, parce que…

LE MAL NE PEUT PAS ÊTRE « ORDINAIRE ».
Mais comment agir pour contrecarrer cette autosatisfaction du mal, qui va jusqu'à s'indigner d'être démasqué ? Il se dédouane de ses agissements, et cherche à obtenir de l'esprit conventionnel, que j'accrédite à la manœuvre en lui rendant la politesse ?
Avec quel génie les petits Qaïn en herbe m'avaient-ils débouté, continuant de jouer au basket « comme si de rien n'était », me donnant l'impression que tout était réglé ! Il fallait justement s'insurger contre ce sentiment « d'avoir fait le nécessaire et d'être content de moi et eux, contents d'eux-mêmes ».
J'avais certes interpellé les jeunes, c'était nécessaire.
J'étais bien trop satisfait d'avoir été le justicier improvisé. Il me fallait briser (en moi) ce sentiment.
Il fallait agir… en initié, sur la voie de Seth, donc faire deux fois.
Faire un deuxième acte, en Redoublement du premier, agir en style « Bip-BOP ».
J'ai donc décidé, après quelques jours, de relater cette histoire. De la rendre publique sur le Blog.
Ensuite, j'ai raconté l'événement au jeune épicier du village. Il connaît ces ados. Ma stratégie : faire en sorte que l'information qui jusque-là restait confinée à l'interpellation (Bip) soit rendue publique (BOP).
Afin de n'être pas le seul témoin, j'ai diffusé autour de moi pour que l'acte violent soit publiquement connu et que la réprobation sociale soit collective. Les transgresseurs doivent se sentir identifiés, connus. Ils doivent sentir sur eux le regard des autres.
Il faut que ces jeunes ressentent la désapprobation publique, qu'ils ne se sentent pas confortables « comme si de rien n'était ». Je souhaite que leur esprit se dégage de la voie qaïnique. L'autre action importante, c'était, à partir de cet événement, d'en rechercher les causes, de comprendre, d'agir en écrivant.
J'espère qu'ils rejoindront le « chemin qui a du cœur »… dont parle si bien le sorcier amérindien Don Juan dans les ouvrages de Carlos Castaneda.

Croire en ce chemin est peut-être une naïveté ?
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Retrouver cette étude sur Qaïn et Abel en 4 parties :
1.— Appel aux forces du cœur (ouverture) 
2. — Le Chemin qui a du cœur. I.  Le secret de Qaïn. 1
3. — Le Chemin qui a du cœur. II. Lecture initiatique Qaïn/Abel. 2.
4. —Le Chemin qui a du cœur. III. Le chemin de l'Espérance. 3.

+ Le Secret du Cœur. Au cœur du Cœur. Cette étude sur Abel et Qaïn sera publiée dans un livre en cours d'écriture où je reprends et complète certains articles parus dans ce blog.
Je remercie les personnes qui pourraient s'en inspirer de bien vouloir citer les sources, parce que :
« Kol haomer davar bechem omro mévi géoula laolam » : « Quiconque rapporte une chose au nom de son auteur amène la délivrance pour le monde » (Rabbi Eliézer).

Pour ce qui me concerne, voici ma référence, outre les ouvrages cités dans le texte :
Tous les films de mon Maître 
Tous les livres de mon Maître 

Pour écrire cet article, voici les livres qui m'ont accompagné :
— La Force du silence, de Carlos Castaneda
— La Voix de la Thora, Elie Munk
— La Sortie d'Egypte, Raphaël Draï

Trois livres-clé de Dominique Aubier :
— Le Principe du Langage ou l'Alphabet hébraïque,
— Ces Désastres qu'on nous fabrique, 
— Le Devenir du Monde est lié à celui de l'Homme

Voici les films que j'ai vus :
— Il est temps pour la Kabbale
— Les Charmes et les fastes de l'Alphabet hébreu

Et pas mal de promenades solitaires afin de percevoir au mieux la guidance.

4 commentaires:

MaMishAl a dit…

Comment se refuser la voie ouverte par Seth alors que nous la savons aussi en nous ? Il est certain que la violence structurante de la voie de Qaïn est toujours d'actualité , la voit-on d'ailleurs dans ce qui n'est déjà plus une virtualité , une extinction de masse d'espèces à la fois végétales et animales , voudrait-on y voir une fin de cycle dans ce qu'elle a de plus éprouvant ? non , on voit aussi le mensonge s'agiter comme un dément à dénoncer les victimes comme s'ils étaient les premiers coupables . Qaïn a t -il été le premier politicien ,le premier homme d' affaires , de faire ? Seth est plus que l'option utile. C'est l'étape indispensable et unique face au déluge d'images (DBR)qui sait se frayer un chemin jusqu'à l'écran de nos consciences trop souvent consentantes .Seth est l'ultime et dernière science chance recours voie chemin pour dégager la voie terrestre au divin .Nous ne sommes pas assuré de la fin heureuse du cosmos .Tout doit disparaitre aurait dit le camelot Qaïn ,qui déjà présumait de la marchandisation du monde .Mais le créateur est encore entendu bien que Cham représente encore un avenir que Japhet lui convoite ? Les fils de Sem sont-ils tous la main sur le coeur ?

François-Marie Michaut a dit…

Je suis un lecteur de René Girard. Nous avons correspondu ensemble et nous sommes rencontrés à Paris pour déjeuner ensemble.
Mise au point sur ce que DBR écrit.
RG n'est ni un théologien, ni un sociologue. Son itinéraire : comme papa, il devient diplômé de l'Ecole des Chartes qui prépare à devenir archiviste. En 1947 ( comme Michel Serres) il émigre aux USA (mirage américain) et occupe une chaire de littérature comparée dans une obscure université. Comment intéresser à la littérature française de jeunes yankees ? Pas évident. Une idée lui vient : les auteurs romantiques nous ont raconté des salades, seuls les romanciers ont parlé vrai de la réalité. Le moi romantique comme une bulle autosufisante et indépendante de tout le reste dans un univers statique se baladant dans le vaste monde.
D'où son premier livre en 1961 : " Mensonge romantique et vérité romanesque " qui l'a fait connaitre et... embaucher par des universités plus renommées. C'est en poussant la même idée hors de l'univers littéraire qu'est sorti l'esssai " La violence et le sacré" . En gros : dans un groupe humain, c'est quand la violence se propage par imitation qu'arrive la mélée générale où tout le monde est occis. Sauf que là, miracle : tous s'unissent contre un seul pour le tuer, et la paix revient dans le groupe. La victime sacrificielle deviendrait dans les têtes une divinité, celle qui a sauvé la vie des autres.
Le côté mécaniste, strictement rationaliste, fait du sacré une simple sécrétion de l'inventivité humaine. Le "qui-fait" fabriquant le "qui-sait", c'est simplificateur... à l'excès. Elle est là son erreur, Domino : son déterminisme matérialiste. Qu'il ait plongé ensuite vers les christianisme " Des choses cachées depuis la fondation du monde" et les autres n'a rien changé à sa cécité du "qui-Sait".L'avantage que j'ai tiré à l'époque ( années 1970) : penser en terme de système est la seule façon de ne pas sombrer dans le grand bazar des connaissances partant dans tous les sens. René Girard, sans le savoir, m'a rendu systémicien. Pas totalement satisfait, j'ai poursuivi ma quête qui a abouti à l'oeuvre, infiniment plus riche et porteuse, de Domnique Aubier.

François-Marie Michaut a dit…

Lecture critique de Girard (2)
Cet essayiste littéraire (cf commentaire précédent) a tenté de se situer du côté de la science avec ce qu'il a nommé une nouvelle "anthropologie fondamentale". Dans l'optique de l'évolution darwinienne, comment s'est fait le passage des singes humanoïdes aux humains ?
Sa réponse : l'hominisation ( = devenir homme) n'a qu'un sel moteur possible, celui de l'imitation. Je veux ce que tu as, et je fais tout pour te le piquer. Violence obligatoire de ce qu'il nomme " la rivalité mimétique".
Cela a le mérite de la simplicité, ce système. Enfin un ordre dans un immense foutoir des connaissances scientifiques.
Autrement dit c'est le résultat du fonctionnement de notre cerveau ( son qui-fait) qui a fabriqué de toutes pièces ce qui est nommé ici notre Qui-Sait ( le sacré dit Girard).
- Un cerveau avec un seul hémisphère, la biologie comme les initiés type DA auraient tout faux.
- Mais l'éthologie nous a démontré que les choses ne se passent pas ainsi. Dans un groupe animal, quel qu'il soit s'établit une hiérarchie avec des dominants et des dominés policiers intraitables imposant à chacun(e) de ne jamais sortir de sa place.
L'ordre girardien a été dans les années 1970 une bouffée d'air frais pour une génération (déjà) déboussolée par une destruction massive des vieilles idoles dans une entreprise dite de "démythification" qui se voulait libératrice.
Cet ordre a pu séduire ( moi le premier) par sa simplicité dans une sorte de passe-partout pour la lecture de la réalité.
Ses contradictions internes vis à vis de la cité scientifique dont il se réclame comme l'impossibilité d'en faire la moindre application dans la réalité ( clinique pour moi) sentent fort quelque chose comme un Tzadé final 900. Impasse infranchissable, STOP. Sauf pour qui ose prendre la dangereuse passerelle qui revient vers le tzadé 90 pour grimper ( comme un singe) vers le Qof et au dessus de la couche VI du Qui-Sait.
C'est tout.

Anonyme a dit…

Merci infiniment pour vos articles qui sont porteurs de sens et d'espoir
Non initiée dans l'alphabet hébraïque néanmoins lectrice de la bible, je puise dans vos approches un écho à la partie de moi qui sait. Merci.