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mardi 24 janvier 2017

Bataille pour Jérusalem. Jérusalem, ville sainte de l’Islam ou lieu protégé d'Israël ?

Bataille pour Jérusalem

 Le Président Trump n'a pas fini de nous surprendre. Voici qu'il a décidé de déplacer l'ambassade des Etat-Unis d'Amérique qui se trouvait à Tel Aviv et de l'installer à Jérusalem. Sa décision a provoqué un tollé en France, où le gouvernement a aussitôt organisé une conférence internationale à Paris pour protester contre cette initiative.

On se demande de quoi la France a peur. Et qui elle cherche à défendre avec son indignation. S'agit-il d'amadouer les pays producteurs de pétrole, de faire bonne figure auprès du Qatar et autres Émirats pour lesquels nous déroulons le tapis… vert ? Car enfin, nul ne doute que les états d'âme du Quai d'Orsay n'aient la moindre influence sur les décisions américaines, moins encore sur la politique d'Israël qui, avec raison, ne s'en laisse compter par personne.

M. Trump (que l'on peut détester à plus d'un titre) a pris là une décision insolite, non conventionnelle, en investissant Jérusalem, cette ville étant le cœur palpitant d'Israël. Non seulement de l'État, mais de ses 5000 ans d'histoire et de sa mission. Israël se voit dès lors puissamment défendu par les Etats-Unis : Esau (l'Occident) prend la défense de Jacob . Esau serait-il l'Allié de Jacob ?
C'est un signe notable, réaffirmé par le nouveau président américain.
(Je prépare un article sur le rapport Esaü - Jacob pour expliquer la dualité entre les deux frères).
Je comprends le malheur du peuple palestinien. Il a droit à son territoire. Mais en quoi Jérusalem serait-elle particulièrement désignée pour accueillir la capitale du toujours "futur" état palestinien ? S'agit-il de couper la ville en deux, une partie israélienne et l'autre palestinienne, comme le suggèrent certains intellectuels épris d'humanisme ? Jérusalem est-elle une entité sécable ? La diplomatie française appuie cette thèse du « partage » sans pour autant fournir aucune argumentation solide soutenant son option. Est-ce l'expression d'une impuissance ou d'une flatterie pro-arabe que vouloir couper la tarte en deux dans l'illusion de calmer les appétits sans avoir aucun moyen d'action de mettre en œuvre le projet ?

Mais qu'en est-il exactement du statut de Jérusalem ?
Qu'est-ce que Jérusalem ? Qui est Israël ? 
Du point de vue historique, la ville a été fondée par le roi David. Remontant plus loin, c'est à Jérusalem (l'antique "Luz") que Jacob a posé sa tête sur une pierre, et où il perçut sa vision de l'échelle reliant le Ciel à la Terre. Un lieu "terrible", un lieu puissant.
La Connaissance initiatique donne une vue précis sur la question de Jérusalem en ce qu'elle connaît le rôle qu'occupe chaque territoire sur la planète. Chaque peuple a sa mission. Chaque pays a son centre. Le Coran appelle cela : la Qibla, c'est-à-dire un lieu vers lequel se tourner. Je n'ai jamais lu, dans le Coran, que la Qibla de l'Islam serait Jérusalem, bien au contraire… La sourate (n°2) est très claire à ce sujet. L'appartenance de Jérusalem est bien dévolue à Israël…


Jérusalem, ville sainte de l’Islam ?

1. La vision du Prophète
Faire de Jérusalem la capitale d’un état musulman est un désir que nourrissent de nombreux dirigeants arabes. C’est l’ambition des chefs palestiniens, soutenus doctrinalement par les autorités saoudiennes, officiellement gardiennes des lieux sacrés de l’Islam que sont Médine et La Mecque. Les autorités religieuses musulmanes les plus compétentes, des plus modérées aux plus intransigeantes, soutiennent cette proposition. Sur la foi de quels arguments ?
Tous les musulmans affirment que leur Tradition consacrerait la sainteté de cette ville dont le nom en arabe est El-Quds (la Sainte). En fait, c’est la traduction textuelle du nom hébraïque : Yerushalayim ‘Ir ha-Kodesh, c’est-à-dire Jérusalem la Ville Sainte. Elle est apparue, — en rêve — au Prophète lors de son ascension céleste, songe consigné dans le traité Kitâb al-Isra de Ibn' Arabî. En effet, Muhammad vit apparaître un escalier, au sommet duquel il bénéficia d’un dialogue avec son Seigneur qui lui confirma : Je t’ai donné sept des Répétés et la Récitation magnifique (le Coran) dans laquelle se trouve la sourate l’Ouvrante (Al-Fâtiha), la Sourate de la Génisse (n° 2) et la sourate de la Famille d’Amrân (Ahl al-’Imrân).
Pour en savoir plus, le mieux est de consulter le texte fondateur de l’Islam et de rechercher, dans l’une des trois sourates évoquant le rêve du prophète, le verset qui légitimerait le désir de voir Jérusalem devenir une capitale musulmane. Pour être certain de ne pas manquer un passage essentiel, se reporter à la concordance Al Mu’jam al mufahras li alfaz al Koran qui classe les mots du Coran de telle manière que l’on retrouve d’un seul regard tous les versets dans lesquels ils sont employés. Le passage coranique éclairant la problématique de Jérusalem se trouve dans la sourate 2.
Le Prophète de l’Islam va droit au but. Sa réponse s’accompagne, dans l’édition arabe officielle du Coran, éditée à Médine, d’une note rédigée sous le contrôle des autorités du ministère saoudien de l’Orientation religieuse qui précise qu’à La Mecque, avant l’Hégire, le Prophète s’orientait de sorte qu’il avait pour Qibla — orientation de la prière — à la fois la Ka’aba et Jérusalem. Qu’arrivé à Médine, il s’orienta vers Jérusalem et qu’au bout de quelques semaines, il se tourna vers la Ka’aba, préférant tourner son cœur et sa prière définitivement vers La Mecque. La note insiste sur le caractère déterminant du choix : la Qibla de l’Islam n’est pas Jérusalem, mais La Mecque.

2. Les Hadiths
Le célèbre recueil des hadiths authentiques de Sahih Al-Bukhari, At-Tajride as-arih, daté du IXè siècle, rassemble les faits et gestes du Prophète. Cet ouvrage incontesté fait autorité auprès de tous les docteurs de la Loi islamique. Il est, lui aussi, formel au sujet de Jérusalem : les hadiths 117, 118, 119 sont formels. Il n’est que les consulter et en tirer les conclusions. Mais mieux encore que les hadiths, rien ne remplace la consultation, dans l’écriture coranique, de la parole révélée au Prophète. Aux versets 144 et suivants de la sourate 2, le Prophète précise, non plus en gestes symboliques, comme ils sont relatés dans les hadiths, mais de manière explicite, quelle est sa Qibla, c’est-à-dire le lieu géographique où s’inscrit le point d’insertion de son orientation spirituelle. Chacun peut faire l’expérience et vérifier dans le Coran édité par les éditions officielles de Al - Madinah Al - Munawwarah. Le Prophète désavoue l’idée que Jérusalem soit la Qibla de l’Islam.
À la grande surprise des Musulmans qui l’ignorent souvent, le statut de Jérusalem a déjà été réglé par le prophète de l’Islam. Dans un long passage de cette sourate où il rappelle la validité de l’enseignement mosaïque, Muhammad propose une nouvelle direction : La Mecque. Il affirme que renoncer à Jérusalem sera difficile, mais que c’est justement dans sa capacité de choisir la nouvelle orientation que l’on reconnaîtra le véritable Croyant de l’Islam (sourate 2 verset 143). Ce dernier se distingue du Juif dans la spécificité de sa nouvelle Qibla. À chaque peuple une direction qu’il adore (sourate 2 verset 148). Jérusalem incombe à Jacob. La Mecque à Muhammad. Aucune équivoque dans le Coran quant à l’adhésion et l’appartenance intime de Jérusalem au peuple de Jacob. À moins que la sainteté que l’Islam reconnaît à Jérusalem ne s’adresse précisément à Jacob et à Joseph dont la tombe se trouve dans cette ville ? Quant au christianisme, nous savons que Jésus a désigné son délégué dans l'apôtre Pierre et que son lieu saint est Rome où se trouve le Saint-Siège.

3. Mise au point sur Jérusalem

Il se dégage du Coran que le désir de faire de Jérusalem une capitale politique au nom de principes religieux musulmans ne reçoit pas l’approbation du fondateur de l’Islam. La Tradition le sait. En effet, les Musulmans ne se rendent pas en pèlerinage officiel à Jérusalem, au Dôme de la Roche – Qoubbet es-Sakhra, site traditionnel de la montée au ciel de Muhammad sur son cheval ailé, mais bien à La Mecque. Ainsi, l’argumentation métaphysique, consignée dans le texte coranique, appuyée par la Tradition, devrait inspirer la pensée des élites musulmanes quand elles s’interrogent sur Jérusalem : dans la sourate 2, verset 145, le prophète non seulement désavoue le musulman qui persisterait à se tourner vers l’ancienne Qibla, mais rappelle que seule La Mecque répond à l’orientation spirituelle exclusive de l’Islam. En conséquence, malgré les sentiments humanitaires que peut susciter la cause de ce peuple, le désir palestinien de posséder une capitale sacrée en Jérusalem ne repose sur aucune légitimité coranique ou traditionnelle. La méprise tire son origine d’une illusion communément enseignée comme un dogme dans les mosquées et écoles coraniques au mépris des instructions formelles de leur Guide. Comment redresser cette errance sans froisser les sensibilités ?
Le nom de Jérusalem, tel qu’il s’écrit dans les lettres hébraïques qui en tracent le mot doit être scruté. Rappeler également les fonctions respectives d'Israël et de l'Islam au regard de la révélation et celle des territoires impartis et non superposables. Lire à ce sujet l'étude qu'en fait Dominique Aubier dans son livre Don Quichotte, le prodigieux secours du messie-qui-meurt : "la Palestine est l’aire du langage de la corticalité terrestre (p. 371) et qu’Abraham est venu en Canaan chercher le lieu géographique correspondant à la doctrine dont il était investi. Jacob en a vécu la révélation lorsqu’il s’est endormi la tête sur une pierre en un lieu précis (p. 287)… Jérusalem a été bâti autour de ce point… C’est cette ville qui a le pouvoir de capter l’énergie du Youd (p. 369)". Distinguant la spécificité de la mission juive et la raison d’être de Jérusalem comme point d’impact de l’énergie cosmique innervant la planète, l’auteur dégage d’indispensables précisions qui permettent d’augurer que la bataille de Jérusalem n’aura pas lieu, si l’une et l’autre religion se réfèrent au sens que recèle la ville sainte. D'une part, Israël pourrait prendre l'initiative et montrer la route en renouant avec la métaphysique, fondée sur l’Alliance abrahamique, seul contrat qui lui garantisse la pleine propriété de sa Qibla : Jérusalem. D'autre part, l’Islam pourrait se souvenir des paroles de son prophète quand il s'exprime quant à l'unicité de l'orientation de sa prière dirigée vers La Mecque.

4. Dialogue alphabétique Israël - Islam
Les deux échelles lettriques (arabe et hébreu) constituent ensemble une unité Droite et Gauche où l'information vient de l'hébreu et la présentation pédagogique de l'arabe. Pour affirmer cela, nous nous situons, bien entendu, au plus haut degré de la leçon métaphysique et certes, nous laissons les pauvres littéralistes, sectaires et obstinés, dans la fange de leur médiocrité.
La règle veut que les contraires se rencontrent, qu'ils se rapprochent et s'unissent. Acte nommé en arabe jam al jam et qorban en hébreu. Norme connue en Qui-sait, mais qui n'est pas aisément admise par les forces régnantes en Qui-Fait.
La Terre d'Israël est l'aire du langage pour la planète entière et non loin d'elle s'étend la grande péninsule de la zone de l'audition droitière où sont piqués les lieux saints de l'Islam, La Mecque et Médine. Le message circule obligatoirement de la zone de phonation vers le centre d'audition. C'est là qu'il est entendu. Dans ce voyage, l'hébreu ne se perd pas. Il reste la langue d'adhésion directe au message cosmique. L'arabe en saisit les données et les moule à sa propre substance, leur conférant la valeur jusque là inouïe de la chose véritablement perçue.
Ce dialogue Israël-Islam n'est possible qu'entre interlocuteurs spirituels. Il ne peut aboutir entre des dogmatismes qui ne peuvent que s'affronter : les antagonismes formalistes ne peuvent ni vaincre ni convaincre, ils ne peuvent qu'aboutir à l'écrasement de leurs limites l'une contre l'autre. Les dogmatiques érigent les murailles de leurs farouches certitudes entourant des citadelles imprenables. Inutile de les affronter ou d'en faire le siège. Pour leur arracher le pouvoir et l'autorité appuyée par la convention légalitaire, il n'est que se libérer des normes collectives pour développer une approche émancipatrice où s'affirme une relation d'être à être entre la divinité et le soi. C'est sur cette voie qu'Ibn' Arabi s'avança dès le XIIè siècle, bien conscient que l'enténèbrement de ces dogmatismes entraînent avec eux le mal des controverses, disputes et combats sans fin. Le sage andalou suggère une issue : le service du cœur (qalb) constitue la réponse et la solution pratique. Elle ne ratiocine pas sur le pourquoi d'un état de fait, elle dépasse les données de celui-ci. Nous empruntons résolument cette voie. Inutile de discuter à n'en plus finir sur le fait religieux dès lors que sa validité est dépassée. Il n'est que d'écouter la voix du cœur proposant le rapprochement des deux alphabets dans l'optique d'un rapprochement conforme à archétype de l'Union.
La thèse ne saurait effaroucher le Croyant connaissant la sourate 22 verset 66 : "nous avons établi pour chaque nation des rites sacrés qu'elle suit. Qu'ils cessent donc de se disputer avec toi sur cette matière…"
La spécificité dévolue à chaque nation à l'intérieur de l'unité cérébrale du cerveau planétaire est entrevue par le Coran qui précise dans la Sourate 22 que "chaque peuple a une plage du ciel vers laquelle il se tourne" en priant. Traduire par : chaque peuple dispose de sa région spécifique dans le cerveau planétaire et se voit doté d'une aire géographique répondant d'une particularité donnée, correspondant à une aire corticale ayant sa spécialité. Les aires respectives devant collaborer entre elles pour le bon fonctionnement du système et de la structure unitaire, sans qu'aucune d'entre elles ne puisse dominer ou imposer sa suprématie au détriment des autres faute de quoi le cerveau se trouverait lésé d'une fonction. Il en découle une perception démocratique de la gestion planétaire où aucun peuple ne saurait être minimisé ou méprisé, quelque soit le nombre de ses habitants ou quelque soit l'étendue de la surface géographique du territoire qu'il occupe. Il n'existe en conséquence ni grande ni petite nation, ni grande ni petite peuplade au regard du tout unitaire qui ne peut se passer d'aucune de ses composantes.
Dans cette cartographie corticale du planisphère, Israël se voit innervé de la descente du Verbe sur terre en un lieu particulier qu'est Jérusalem. Lieu singulier à partir duquel s'électrise l'ensemble de la planète touchée par le Verbe, à l'image d'un cortex disposant de son aire du langage unique, avec sa zone spécifique réservée au sens, appelée aire de Wernicke.
Une aire non partageable, insécable et unique. Y toucher — y attenter — provoquerait la lobotomisation du cerveau planétaire. Dès lors Jérusalem, site de l'impact du Verbe sur terre, devra rester unique, uni, insécable… sur le territoire d'Israël qui en a la lourde charge et la responsabilité. C'est ce que l'on appelle en hébreu Ségoulah : la responsabilité spirituelle.

Cet article a été publié dans le livre Fatimah, la Délivrance de l'Islam.
Dans un prochain Blog : un article sur Esaü et Jacob.
lire cet article sur le blog : la ligature d'Isaac. Isaac ou Ismaël ?

Lire à ce sujet :
— Esther, la Délivrance d'Israël.

L'Ordre cosmique, par Dominique Aubier. Sur le sens d'Israël, sa vocation langagière. Sa mission et le don du Verbe. Jérusalem est le lieu ayant la fonction qu'occupe l'aire de Wernicke dans le cerveau humain : l'aire du langage et du sens.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Le devenir du Monde est lié à celui de l'Homme. Livre de Dominique Aubier



par Dominique Aubier


Cet ouvrage de Dominique Aubier présente une subtile étude du « Jugement d'Adam ». Que signifie « l'exil du Jardin d'Éden » ? Dominique Aubier aborde le « péché d' Ève » — qui fut autant celui d'Adam — qu'elle lie à l'effroyable meurtre d'Abel perpétré par Caïn : quelle énergie a pu motiver cet acte irréparable, et quelles en sont les conséquences, transportées à travers le Temps, jusqu'à nos jours ? Dominique Aubier présente également dans ce livre une étude remarquable de la « Génération du Déluge », de l' « Arche de Noé » et de « la Tour de Babel », épisodes bibliques mettant en cause la pensée et l'action de l'Homme face aux événements. Une livre hautement d'actualité s'agissant d'établir la responsabilité humaine face aux événements.


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lundi 16 janvier 2017

Connaitre et maitriser son Allié. 5/5

Suite et fin de la série sur l'Allié. (5/5)
Conversations du Ministre espagnol Manuel Fraga Iribarne, ancien ambassadeur au Royaume - Uni, sénateur de Galicia, avec Dominique Aubier, 1991.
(Enregistrement sur magnétophone retranscrit et traduit).

9 Don Juan et Carlos Castaneda
Ministre F. I.  :
— Comment reconnaître l'Allié ? L'intuition, peut-être ?
Réponse de Dominique Aubier :
— L'intuition est incertaine, elle peut vous lancer dans la voie opposée…
L’allié, il a l’étrange manie de gouverner ceux qui ne l'ont pas vaincu tout en leur donnant le sentiment d'une grande satisfaction. La personne se croit libre, et fait de sa liberté une condition absolue justifiant tous ses actes, y compris les plus absurdes allant dans le sens de sa propre destruction. L'Allié non maîtrisé est un monstre. Pour Carlos Castaneda, vous vous souvenez, on en a parlé, il prend la forme symbolique d'un gigantesque moustique. C'est le symbole de sa pensée… je veux dire du secteur de la pensée dont il est un élément porteur… Il est un ethnologue, donc un scientifique. La science… un grand insecte, avec des grands yeux où chaque prisme représente une discipline… Vous connaissez ses livres, n'est-ce pas ?
Ministre F.I. :
— C'est vous qui me les avez conseillés ! J'ai lu "Una realidad aparte". C'est une lecture insolite… Pas du tout dans mes habitudes d'économiste… Mais je suis ouvert à toutes les littératures, vous voyez.
 
(rires. Juana arrive avec un plateau. Bruit des tasses et de la théière. M. F.I. échange quelques mots avec Juana. Elle revient avec des petits gâteaux etc… )

Dominique Aubier
— l'Allié, c'est une entité… Elle s'exprime par une disposition personnelle qui, tout en vous procurant une extrême jouissance, vous sape en profondeur. L’Allié non maîtrisé manipule, il vous conforte dans vos erreurs, il vous nargue, vous rend impérieux, jusqu'au jour où votre être s'effondre dans sa propre défaite. En attendant, l'Allié non maitrisé vous entraine dans sa spirale, vous comble de satisfactions, et un jour, comme je vous l'ai dit, il vous présente sa facture.
— Pour moi, elle a été salée. Je vous assure que j'aurais préféré continuer d'occuper des postes diplomatiques à l'étranger ou carrément changer du tout au tout… Mais vous comprenez… il fallait mener le combat de l'intérieur. Quitte à tenir des propos insupportables. Cela continue de me hanter. Peut-être est-ce pour cela que je vous parle… Nous nous connaissons depuis 30 ans… Depuis Santa Maria de Ligure, en Italie, vous vous souvenez ?

(évocation de souvenirs : rencontre à Santa Maria de Ligure, en Italie, lors d'un symposium sur le cinéma. Ils se lèvent tous deux et entrent dans la maison.
Plus tard. Reprise de la discussion sur l'Allié. A l'intérieur.

10 Comment faire pour reconnaître l'Allié à temps ?
— C'est l'Allié qui extrait le cœur de votre mystère de vivre. Et c'est dans le feu de l'événement qu'il tient son rôle. Il participe à l'acte et peut en démarquer le sens. Il est commis à l'incessante surveillance des états d'expression de votre mission. Il peut aussi se comporter comme un farceur, vous savez. Des farces qui vous ramènent sur le droit chemin…
— Je pense avoir trouvé mon Alliado, Señora. Mais comment le reconnaître à temps ?…
— Votre allié se signale à vous par quantités d'événements. D'abord, il a un nom. Un mode d'action. Il vous assiste, vous laisse agir. Il favorise vos actions, il vous donne une certaine chance, il vous grise, et soudain, il se rétracte. C’est par ce retrait qu’il se fait connaître. Il se manifeste par un effet de TsimTsoum. Il donne et se retire. Il veux se faire voir, se faire reconnaître et apprécier. Si vous l'ignorez, il usera de toutes les stratégies jusqu'à ce que vous soyez capable de vous mesurer à lui. Il complote, s'amuse à vos dépens. Il se révèle à vous. Il vous invite au combat.  Vous savez, il existe bien des gens qui le repèrent dans leur vie. Mais de là à le terrasser, il y a un monde. C'est toute sa subtilité : d'abord il se dissimule, puis il s'expose. Il vous défie. Et ne croyez pas qu'il suffise de le connaître pour s'en estimer le vainqueur. Vous devrez lutter et le vaincre. Lui dire "non". C'est un dragon. Il peut aussi vous abattre. L'allié, c'est votre garde du corps. Mais pas avant que vous l'ayez percé du javelot de Saint-Georges… Moi, je connais mon "Allié". Et vous, aussi monsieur le Ministre… J'en suis certaine. 

— Señora, je me connais assez bien moi-même pour reconnaître l'endroit où il se niche… Ce n'est guère flatteur. Il a un visage…
— C'est le côté inavouable de notre personnalité. Le côté "moche" en vous-même que vous ne pouvez avouer à personne. C'est tellement laid que… c'est inavouable. Il faut le battre et vaincre. Il faut l'identifier avec certitude, bien le circonscrire. Ne pas confondre ses effets avec sa vraie nature. Et puis vient l'épreuve : il est comme un tigre prêt à vous déchiqueter, tout en vous disant aimablement : "tu me reconnais ? Oui, c'est moi. Et tu ne peux rien contre moi…"

— Vous voyez l'Allié chez les gens, Señora ?
— On peut reconnaître l'Allié d'une personne lors de circonstances particulières. Il a tendance à "entrer en transe", c'est-à-dire à développer un mouvement entropique augmentatif jusqu'à devenir pratiquement l'identité même de la personne qui s'en laisse dominer. Chez certaines personnes, c'est flagrant. On le voit également dans les situations de conflit. La plupart des conflits entre personnes sont liés à des conflits d'Alliés… Les gens ignorent leur existence, ils en sont victimes et leurs Alliés s'affrontent, s'agissant d'une entité résidante de la "Gauche entropique". Or la "Gauche" est querelleuse, elle exprime toujours la contradiction. Le Zohar l'a bien décrit : la Gauche commence la première. Par inversion. On peut dire presque à coup sûr que quand une querelle éclate entre deux personnes, l'initiateur de la querelle est victime de son Allié. L'habileté consiste alors, pour maîtriser l'Allié de l'Autre, de lui jeter un filet en maîtrisant bien le sien propre…
— Voilà une technique diplomatique a enseigner ! Comment attraper un tigre dans un filet…
— Je suis persuadée que vous le faites déjà. Vous l'avez déjà fait. Ce jour-là, en face du Caudillo… Vous avez eu peur. Mais vous l'avez bravée. Était-ce la peur, votre allié, je ne saurais dire… En tous cas, une fois que l'Allié est vaincu, il est à votre service, il est dévoué

Je sais que vous l'avez vaincu, une deuxième fois, le jour même où vous avez soutenu le jeune roi lors de la tentative de coup d'État de février 1981. Les militaires avaient investi le Parlement (los Cortès) et menaçaient les députés. Vous étiez l'un des premiers à en avertir le roi, à lui jurer fidélité, à le soutenir en ce moment d'extrême tension. Vous n'avez pas renoncé… Vous n'avez pas eu peur.
 — Nos conversations depuis des années m'y ont aidé, Señora.
— Vous n'aviez besoin des conseils de personne, vous aviez Don Quichotte…
— Le jour de la tentative de coup d'État, ce fut un moment effroyable. J'ai senti que le destin du pays se jouait… J'ai eu la tentation de… renoncer… Mais j'y suis allé, il le fallait. Il fallait empêcher la rechute dans le passé. Il fallait bloquer ces criminels.
La démocratie, le peuple l'a compris ou du moins senti, en vous élisant comme président puis sénateur de Galicia depuis des décennies. C'est peut-être ce jour-là que vous avez vaincu définitivement votre allié. La tentation de la régression… oui cela pourrait bien être votre allié…

moi : — Vous voulez que j'arrête d'enregistrer ?
D. Aubier : — Qu'en pensez-vous don Manuel ?
M. — Tant que vous ne le passez pas à la radio… 
(rires.)
moi : — Je laisse tout, alors ?
M. — Je n'ai peur de rien… Pas même de moi…
D. Aubier, à moi : — prenez-en de la graine !
M. : — C'est votre disciple ?
D. Aubier : — Pire que Sancho Panza. Vous ne pouvez pas savoir !
(rires.)
D. Aubier : — de plus, regardez-le, il prend la mouche et il est grognon ! 
Juana : — Ah c'est sûr ! Le Senõrito, on ne peut rien lui dire. Mais ne vous inquiétez pas monsieur le Ministre, je m'occupe de lui…

(rires)  

Fin transcription - traduction. Le reste de la conversation a trait à des questions personnelles et sur la vie locale, sur la question des adductions d'eau et du tourisme dans la région. 

Pour retrouver l'intégralité de l'enregistrement de la série "Connaître son allié" :
part. 1
part. 2
part. 3
part. 4

part. 5


À chacun son Allié
Concernant l'Allié, Dominique Aubier a écrit un texte passionnant, publié dans Le Pouvoir de la Rose et Lire sa vie. Elle y fait la distinction entre l'Allié et le Gardien. Ne pas confondre… Également un chapitre sur l'Allié dans le livre Quand le Sacré fait du Cinéma.
 
 

jeudi 12 janvier 2017

Vaincre son Allié. Entretien de Dominique Aubier avec une personnalité politique. 4/5

Connaître et maitriser son Allié (4/5)
Suite de la conversation enregistrée à Carboneras, Andalousie, en 1991. Entre Dominique Aubier et Manuel F. I. Ancien ambassadeur d'Espagne au Royaume uni et Ministre du Tourisme et de l'Information. Président de la Région de Galicia (Espagne), Sénateur jusqu'en 2010.

— Témoignage : un Allié vaincu
— Carlos Castaneda et l'Allié
— Reconnaître l'Allié à temps
— Les conseils de l'Allié

"Le diable pénètre en nous par la porte de l'Allié. Le jour où l'on veut battre Satan, le premier opposant que l'on rencontre, c'est l'Allié lui-même" (citation de Dominique Aubier).

7 Témoignage : un Allié vaincu
Dominique Aubier : 
—Moi, je n'ai jamais cru en votre prétendu "antisémitisme". C'est une accusation que les sots entretiennent, car ils n'ont pas regardé de près. C'est tout de même vous qui avez fait abroger le décret d'expulsion de Juifs, le fameux décret d'Alhambra qui sévissait officiellement depuis 1492 ! Ils n'ont pas compris le fossé qui sépare le discours obligatoire dans la rhétorique franquiste de l'époque et la réalité de vos actes.
— C'est vous, Señora, qui m'aviez parlé du Décret. Moi je croyais que tout cela était oublié et réglé depuis longtemps.
 — C'est en travaillant sur Don Quichotte, lors de mes recherches dans les archives que j'ai découvert que ce texte était encore officiellement applicable… Alors je vous l'ai dit. Et vous avez fait le nécessaire. Faire abroger le décret d'expulsion des Juifs…


M. F. I. : — C'était à l'époque de Franco. J'étais alors ambassadeur au Royaume - Uni et des amis qui me voulaient du bien… comment vous dire… j'avais beaucoup "d'amis qui me voulaient beaucoup trop de bien…"
Ils m'accusaient de favoriser certaines… Comment vous dire… des exfiltrations. Je ne peux pas le leur reprocher puisque c'était vrai. C'est bien évidemment remonté jusqu'à Franco. Il était au courant de tout. Cela s'est passé dans son bureau. Le Caudillo m'avait convoqué sous bonne escorte et il voulait savoir personnellement ce qu'il en était. Nous étions seul à seul, dans son petit bureau. Il était debout, furieux. Il était petit de taille, vous savez… Il ne m'a posé qu'une seule question. Est-ce que oui ou non j'organisais des exfiltrations. J'ai cru que ma dernière heure avait sonné. Et soudain j'ai subi une illumination. J'ai compris qu'il savait tout. C'était clair. Donc inutile de mentir. En réalité, il ne voulait pas savoir si je le faisais, mais comment je ferai pour m'en tirer. C'était son jeu… Même sa colère était feinte. Alors je lui ai dit… que oui, je le faisais. Il en a été médusé et il s'est laissé tomber dans son fauteuil. — Vous êtes sérieux ? m'a-t-il demandé, faussement surpris. Je lui ai dit :  — Absolutamente Caudillo. Mais pas ceux qui ont tué. Juste des opposants.
Nous sommes restés pendant une minute, tous deux sans rien dire. J'étais éberlué de mes propres paroles. Je pensais que la trappe allait s'ouvrir sous mes pieds. Et tout à coup, posant ses deux mains bien à plat sur le bureau, — il avait les mains très soignées — il me demande calmement de sa petite voix aiguë :
— Et vous les expédiez où, ces vermines d'anarchistes ? Des communistes, j'imagine ? Qu'en faites-vous ? Expliquez-moi. 
Il feignait ne rien savoir, la crapule.
Je lui ai répondu : — Ils partent pour Cuba… Et là, il s'est esclaffé, et m'a dit : "Alors je les offre à Fidel, ils s'entendront bien entre canailles !"
Je dois dire que… bon, Fidel Castro et moi… vous ne le croirez pas, mais nous avions les meilleures relations. Il descendait d'une famille de galiciens qui avait émigré à Cuba… alors entre galiciens, on trouve toujours un terrain d'entente là où la politique nous expédie dans les abîmes. Alors mes exfiltrés ou expulsés, appelez ça comme vous voulez, ils partaient à Cuba. Et plus d'un !
— Si j'ai bien compris, c'est le fait d'avoir dit la vérité au Caudillo qui vous a sauvé la mise ?
—  Il ne m'aurait jamais pardonné si j'avais tenté de le berner. Il voulait voir si je lui dirais la vérité d'une chose qu'il savait parfaitement. Après cela, comme il ne m'avait rien interdit formellement, j'ai continué, via l'Angleterre où ils arrivaient par bateau de pêche depuis Santiago de Compostella. Plusieurs partaient aussi depuis Garrucha, pour la Yougoslavie afin de rejoindre la Roumanie… qui leur semblait le paradis sur terre.

Et pendant ce temps, le "vieux", qui évidemment le savait, trouvait cela amusant. Pour lui, ce qui comptait, c'était de se débarrasser, d'une manière ou d'une autre, de ces opposants. Et qu'ils soient en exil, cela l'arrangeait. Il était cynique… Il me laissait faire ! C'était un vieux renard, car ainsi il me mettait une épée de Damoclès sur la tête. J'ai tremblé pendant des années, à tout moment il pouvait m'enfoncer. Et puis un jour j'ai décidé que la peur, c'était terminé. Qu'il fasse ce qu'il veut, et moi aussi. Alors pendant des années, avec des amis, j'ai collaboré à son système tout en essayant non de le torpiller, car c'était impossible, mais en essayant de préparer la suite. Je n'ai pas réussi autant que je le voulais. J'ai même échoué sur de nombreux points. Notamment à propos de l'exécution de certains détenus… J'étais devenu ministre du tourisme, il était impossible de s'opposer, de jouer les héros… Quant à s'exiler, je m'y refusais. J'étais impliqué dans celui des autres, mais moi…

— On vous a reproché la compromission…

 — J'ai accepté. Alors que ma tentation viscérale aurait été de m'exiler, d'abandonner… Mes valises étaient prêtes, à la moindre alerte. Mon obsession, qui m'a fait rester, c'était de préparer l'après-Franco. Nous l'incitions, avec Torcuato Fernández Miranda, à organiser le plébiscite populaire pour que la succession soit donnée à Juan Carlos. Il l'a fait. Il fallait lutter pour l'avenir et non pas affronter la vieille momie. C'est une chose que les opposants n'ont pas comprise. Leur lutte était une folie. Il ne fallait pas se tromper de combat. Il fallait savoir attendre… attendre encore et encore… Le "vieux" semblait éternel… Mais le jeune roi était bien la carte maîtresse à jouer.

— Eh bien ! Quelle histoire ! Et vous êtes toujours là… parce que vous avez vaincu la peur… et l'idée de l'abandon. Ce serait là votre Allié ?
— Cela m'a coûté. D'être considéré par certains comme un monstre. Le plus facile eût été l'exil. Je suis resté pour incurver, ouvrir progressivement, libéraliser par l'économie, tout en restant dans les limites que le système pouvait tolérer. Je grappillais sur les marges. Il fallait grignoter… Tenir le coup… Parfois même tenir des propos ineptes, pour aller dans le sens du consensus. Ce qui comptait, c'était de préparer inlassablement et réussir l'alternance démocratique qui viendrait inévitablement un jour. Et régulièrement, la chape retombait…
— Vous avez réussi…
— L'acteur principal a été le Temps. Donner du temps au temps. C'est un vieux proverbe espagnol… que votre président Mitterrand s'est attribué. Et aujourd'hui nous sommes à nouveau devant une nouvelle échéance. La page de Franco a été tournée. 40 ans au pouvoir, vous vous rendez compte ? La démocratie est installée. L'Europe est à notre porte et elle va s'ouvrir dans quelques mois. Nous allons vers l'inconnu. Cela me tracasse jour et nuit…

8 Les nations ont elles aussi leur Allié

— …L'Europe, Señora, pour l'Espagne, c'est le Nord…
— Allons ! Vous savez bien que l'Espagne n'a peur de rien. Sauf d'elle-même…
— Oui, elle a ses démons… Et je les connais.
— C'est que les pays ont eux aussi leur allié. Toute entité vivante a un allié.
— Et quel serait celui de l'Espagne ?
— Ecoutez, don Manuel, le grand héros culturel de l'Espagne, c'est Don Quichotte. Il incarne la vocation du territoire, de votre culture, de votre langue. Il est le patron du pays. Il habite les âmes espagnoles. Vous en êtes. Alors l'Allié de Don Quichotte, ce sont toutes les forces contraires s'opposant à sa victoire. Ce sont les moulins qu'il affronte. Les archers de l'Inquisition. La pétrification de la pensée. C'est la pensée figée. L'Allié de l'Espagne, c'est Samson Carrasco. Il est certes érudit, mais aussi méchant, traitre, perfide. Il défie le Quichotte en un combat déloyal. Il se fait passer pour un chevalier alors qu'il ne l'est pas, n'ayant pas été adoubé. Dès que l'Espagne renonce au Quichotte, Carrasco prend le pouvoir. Quand elle épouse la pensée rationnelle de Samson Carrasco et porte son faux-nez. Elle va entrer dans l'Europe. C'est un signe immense. L'énergie du Quichotte va donc passer les Pyrénées l'année prochaine et son énergie va sortir et se répandre… droit sur la France. Pour moi, cela signifie…
 (silence)
— Que vous quitterez l'Espagne, Señora, pour le suivre ?
(silence)
— Mon Allié me le confirme depuis des semaines…
— Donc il vous parle ? Mais comment ?
— Quand on a expérimenté l'Allié, et vaincu, alors il se retourne et devient le compagnon de route. Alors il vous expose les situations du réel, puisqu'il est lui-même un archétype de "Gauche", issu du "Qui-Fait". Étant un élément du "Qui-Fait", il sait tout de ce qui se trame dans ce domaine. Le "Qui-Fait" est son royaume : il est informé de tout. Quand votre force contraire devient votre Allié, chaque fois que vous l'éprouvez, il vous donne une indication sur une situation de votre vie. L'Allié est le sentiment que vous éprouvez, c'est la chose elle-même, et le nom de la chose. Vous n'avez qu'un seul Allié principal, mais il se manifeste sous quantité de formes toutes liées à son être. Cela peut également se produire dans une scène de la vie que vous observez. Votre allié est "dehors", il n'est pas que sur vous : il vous parle, et pour cela il utilise tout autour de lui. Peut-être, ce jour-là, le général Franco était l'image de votre Allié. Si vous aviez tenté de tricher avec lui, il vous en aurait cuit. Il vous a testé. Pour voir si vous auriez peur. Vous l'avez maîtrisé en vous maîtrisant vous-même, en n'ayant pas peur et en disant la vérité. Alors il vous a respecté. C'était votre combat. Un combat à votre hauteur.
— Vous dites: "une image de l'Allié". Mais qu'est-ce que l'Allié lui-même ? Est-ce un être, une forme spéciale ? Peut-on le saisir ?
— C'est une entité. Elle peut revêtir la forme d'une personne. L'Allié a la faculté de dire ce qui se passe. Sans lui, comment savoir où vont les choses de notre sort ? Mais pour le voir, il faut exercer… l'art de "voir". Avec les deux yeux…

Suite de l'article sur l'Allié dans quelques jours.
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Suite et fin de la série sur l'Allié dans le prochain Blog 5/5.

dimanche 1 janvier 2017

Connaître et maitriser son allié… 3/5

Connaître et Maîtriser son Allié (3/5)
Conversation de Dominique Aubier avec un homme politique espagnol. Enregistré en 1991 en Andalousie. Sur magnétophone à cassette Telefunken. Traduction et retranscription.



  5  Et quel serait, selon vous, mon allié ?
 — L'allié appartient à votre vie intime. Il se cache, et pourtant, il cherche à se faire connaître. Pour vous, monsieur le Ministre, je ne saurais dire… L'Allié, c'est le contraire de votre vocation. 
— Ma vocation, c'est d'être un politique. Au sens vrai du terme. Agir pour la cité.
— Votre Allié, il cherche à vous faire rater ce pourquoi vous êtes fait. Il y a quantité de gens, ils vous disent « ah j'ai raté ma vie ! Tel jour, j'ai fait telle chose qui a fait basculer mon existence vers une orientation qui s'est révélée désastreuse…»   Ou alors : « Ah, j'ai bien réussi ma vie, mais j'ai le sentiment d'un manque terrible…»  Eh bien, c'est à cela que l'on reconnaît l'allié. Un jour, ces personnes ont été face à leur destin. L'allié les a appelées ; ils n'ont pas réussi à le vaincre. D'où leur sentiment d'échec, ou alors de fausse réussite. L’allié, c'est un rendez-vous, une occasion de rencontrer le sens de sa vie. Il se présente à vous comme une délectation égotique impérieuse satisfaisant chez vous une certaine obstination, ou un besoin irrépressible… Cette tension, elle apparaît très tôt dans la vie avant de prendre le contour d'une énormité. Dès votre enfance, vous en faites l'expérience. En toute innocence. Mais il se produit un événement précis où vous rencontrez votre allié et il vous donne la puissance sur les autres. Il est un élément de pouvoir. Plus tard, cela revient mais au lieu de vous donner la puissance, il vous enfonce.
Soit vous parvenez à vaincre, soit vous échouez. Dans la Bible, il existe un épisode fameux où Jacob rencontre de toute évidence son Allié. Quand il revient chez lui, il doit traverser le gué de Yabok. C'est là qu'il est interpellé par l'Ange l'empêchant de passer. La lutte dure toute la nuit. Il est blessé à la hanche droite. Mais finalement, l'Ange s'avoue vaincu : dès lors Jacob devient Israël car il a lutté pour l'esprit. C'est parce qu'il a vaincu son Ange qu'il accède au grade d'Israël, autrement dit, le lutteur de Dieu. Cet "Ange", c'était son allié. Nous ne savons pas exactement qui était cet Ange pour Jacob. Sans doute l'image de forces sociales adverses, la tentation de ne pas traverser, la peur d'Esaü, son frère qui l'attendait de l'autre côté… Que sais-je ! La lassitude… Une forme de lâcheté peut-être… En tout cas, son Allié, c'était la tentation alléchante qui lui aurait fait rater sa mission. Et donc mettre en péril l'existence prévue d'Israël. Il a vaincu son Allié. De cette victoire dépendait la marche du monde. Nous pouvons tous en faire autant, dans nos vies, même sans être prophète !

6 L'Allié vous anéantit si…
Ministre F. I.
 — Vous disiez Señora, que l'Allié se fait connaître en ce qu'il est le contraire de notre vocation. Moi, j'ai le sentiment que j’y suis en plein. Je veux dire que la politique, c’est réellement ma vocation… Tout dépend ensuite quelle politique nous voulons. L'Europe est à notre porte et dans un an, nous adhérons à la CEE. Les frontières vont disparaître, plus de douanes. Cela va tout chambouler et c'est nécessaire. Que deviendra l'Espagne, soudain totalement ouverte ? Nous nous y préparons depuis des années, mais… Mon allié, j'en suis sûr, il est là quelque part dans la politique. C'est ma vocation. Je crois que mon allié pourrait être… 
 — Ne le dites pas, monsieur le Ministre. Si vous le savez, il est suffisant pour vous de le maîtriser. Et vous le faites, j'en suis convaincue.
 — J'ai lutté contre lui… Je l'ai vu revenir à la charge plus d'une fois… Et chaque fois ce fut un combat…
—  Il y a un temps d'apprentissage où l'on fait sa connaissance. Il vous aide, vous favorise. Et là, il faut se dire : attention, un jour où l'autre, la facture va tomber. Je dois m'y préparer. Il s'agit d'accumuler de l'énergie pour mener la lutte. Le nombre d'occasions pour remporter la victoire est compté. Car chaque fois que l'on cède à l'Allié, il se renforce et épaissit son conduit, vous rendant plus faible et lui plus puissant. À chaque coup de l'Allié vous perdez des plumes tandis que lui se renforce en captant l'énergie à son avantage. Il détourne l'énergie archétypale à son profit. Il est lui-même un archétype, fruit de la structure d'Absolu, acteur et résidant de l'Inversion. Il tire à lui les éléments déterminants de votre destin pour les expédier dans le néant. L'Allié doit être vaincu, en un moment stratégique. Sinon, à force de défaites, vous n'avez plus la force de lutter contre lui. Il croît à chacune de vos occasions manquées. Il devient un gigantesque monstre que vous-même alimentez. L'ALLIÉ ALORS VOUS ÉCRASE ET VOUS ANÉANTIT. Et quand cela arrive, vous entendez son ricanement. Je vous l'ai dit : il est rusé.

— Señora, il y a eu un jour où vraiment, je l'ai vu…
— Il était aimable ?
— Certains "amis bienveillants" voulaient ma peau… 
— Je vois… Nous sommes tous entourés de ce genre de "bienveillance", surtout en politique…
— C'était en 1964… Le "vieux" était encore au pouvoir… J'avais l'impression que cela ne finirait jamais. Vous connaissez mon histoire…
— Personne ne vous accuse. 30 ans plus tard, vous êtes toujours là, élu par le peuple, en pleine démocratie. C'est donc que la démocratie a reconnu quelque chose en vous…

(silence) 

— Au début, je m'apercevais que ma propre attitude tendait à l'immobilisme. Il fallait que je m'arrache de cette caverne. J'ai pensé plus d'une fois m'exiler, refaire ma vie aux Etats-Unis…
— Moi, je suis sûre que vous avez vaincu votre Allié, et qu'il vous guide. C'est lui qui vous a amené jusqu'ici… 
 — Je pense avoir vaincu mon Alliado le jour où j'ai cessé d'avoir peur.
— Vous pouvez le raconter ?
 (moi) : — Je peux arrêter l'enregistrement, si vous voulez…
Ministre F.I. : — Non, tout est bien. Laissez tourner votre appareil. Ça m'obligera à bien choisir mes mots…Vous savez qu'on m'a accusé… d'être antisémite…
— Oui. On vous reproche certains propos. Mais on oublie quels ont été vos actes… Les gens qui vous reprochent cela n'ont pas compris que… España, es diferente. Je l'ai expliqué à des amis qui vitupéraient contre vous. À cause d'un certain discours que vous aviez tenu dans les années 70… Moi, j'ai toujours su que vous étiez très catholique, mais pour ce qui est de votre "antisémitisme", on repassera. Le rétablissement des relations diplomatiques entre l'Espagne et Israël, c'est à vous qu'on le doit… Et non pas à ces moralistes donneurs de leçons. Je crois à vos actes. Et non pas à l'exercice de style quasi obligé sous gouverne franquiste. Il fallait, et je l'ai bien compris, satisfaire d'une part l'appareil de l'Opus Déi et le tranquilliser, et d'autre part agir concrètement et de manière résolue pour renouer les deux pays, Israël et l'Espagne. Votre double jeu était habile.
— Ma politique, c'était de peindre en noir la colombe pour faire croire au corbeau. Mais qui l'a compris ?

La suite de l'article sur l'Allié dans quelques jours. Si cela vous intéresse.