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mercredi 27 octobre 2021

Différence entre loi naturelle et situation sociale du judaïsme

Différence entre loi naturelle et 

situation sociale du judaïsme

(par Dominique Aubier)



Il y a 6 mois environ, j'ai reçu une longue lettre émanant d'une lectrice qui suit attentivement mes travaux mais qui finissait par enregistrer dans sa conscience un malaise énorme. D'un côté, elle adhérait à ma thèse qui lui inspirait le plus grand respect pour l'hébraïsme. Mais par ailleurs, vivant dans le monde actuel, elle était pleine de compassion pour les Palestiniens et de ce fait jugeait avec sévérité le comportement de la nation dite Israël. Elle en éprouvait une antipathie irrésistible qui la mettait en totale contradiction avec mes enseignements.

Je n'ai pas répondu tout de suite à sa requête. Mais dernièrement, une voix juive, apparemment autorisée par la religion, m'a demandée si j'aimais les créatures de Dieu, et paraissait en douter, alors qu'elle me reconnaissait un intérêt passionné pour la création et le Créateur. À ses yeux, j'étais dans une situation équivoque aimant la cause et pas les effets. Ce reproche étant renouvelé demande de ma part un possible éclaircissement.

Mais je ne peux pas le fournir sans invoquer les éléments informationnels sur lesquels s'appuient et mon intellect et ma psyché. Pour bien les comprendre, mieux vaut avoir vu le film L'Impromptu de Genèse. Ce document rend sensible la juxtaposition associative de deux décisions créatrices, l'une faisant apparaître la structure porteuse au moyen de la lettre Bet qui a été choisie pour remplir cet office organique. Par ailleurs, le codage de l'alphabet rend sensible un déclic programmé selon lequel l'énergie cosmique investirait la structure prévue. Cet événement initial aurait été déclenché par le jeu du Tsm-Tsoum dans le initial de l'alphabet, mouvement réalisé par l'énergie ambulante, le Yod. Cette opération se réalise automatiquement au moment codé d'avance où le , dans la partie Qui fait, éprouve l'émotion d'être sans énergie. Le fait de la lui accorder déclenche la Création. Cet acte est enregistré dans la structure sous la forme du point qui est au cœur du Bet dans Béréchit. Ce point représente la percée de l'énergie divine qui continue de s'écouler dans la réalité crée. Les écritures bibliques présentent sans cesse des lettres habitées par ce point, et c'est chaque fois dans l'intention de spécifier cliniquement une situation spécifique. Le bon lecteur de la Bible lit les points et suit à travers eux le circuit de l'énergie nourrissant la Création (continuité chronologique).

De ce dispositif duel il résulte une obligation, celle de se représenter d'une part l'état de l'organisme cosmique et d'autre part de suivre la percée dynamique de l'énergie qui le pénètre selon un ordre immuable, au fil du temps. Il y a donc deux problèmes à résoudre, voir dans quel état se trouve la structure créée, l'étudier et le constater. D'autre part, décrypter le niveau où se trouve l'énergie. Dans cette optique, deux sortes de situation sont à différencier : 

L'énergie cosmique dévale et cascade sur son relief alphabétique prévu, mais dans la structure, quand les hommes apparaissent, une capacité d'agir interfère et à partir de là, le parallélisme entre la structure et l'énergie n'est plus automatique, il est altéré par le comportement humain. Que celui-ci soit bon, semi-bon ou mauvais, il sera ce que les événements en font. Les événements, en s'accumulant, fondent à leur tour une influence. C'est ce que la pensée indienne appelle le karma, la Loi des actes. Le judaïsme l'appelle Mazal, la somme des événements. Mazal ou Karma, une réalité vivante parce que vécue se fait enregistrer comme un élément déterminant, lequel agit forcément à l'intérieur d'une unité tributaire de la situation alphabétique.

Cela complique le devoir d'y voir clair.

C'est cette obligation qui me paralyse quand je dois parler ouvertement au public d'Internet. Cet auditoire m'est très sympathique, il présente un état d'esprit consensuel dont il est bon que je tienne compte, mais pas trop car si je m'adresse strictement à ce qu'il est capable d'assimiler, je ne révélerai rien de ce qui est de ma pensée personnelle et surtout je ne laisserai pas voir qu'il existe dans la nature une façon de penser autre que celle du regard instinctif. Dans les prestations, je veille à ce que chacun de mes objectifs reçoive sa part de satisfaction. Et je ne néglige jamais celui qui a pour but de faire comprendre la réalité de la pensée systémique et d'en faire désirer l'appropriation. Si je ne respectais pas cette part de communication, mes commentaires resteraient des illustrations imagées, comiques ou sérieuses, venant en quelque sorte agrémenter le passage du temps.

Mais je ne suis pas un amuseur public. Qu'on ne s'y trompe pas.

À la lumière de ces précisions, je puis dire qu'effectivement je m'occupe surtout de l'écoulement de l'énergie et du système alphabétique où il se canalise, ce qui revient à privilégier l'aspect créateur du réel. Cela ne veut pas dire que la présence objective des êtres humains, de leur état de compréhension ou d'ignorance me soit indifférent. Il est vrai aussi que je ne m'attarde pas dans l'expression de ma compassion. Je n'en ai pas le loisir étant pressée par l'urgence d'accomplir mon devoir qui est de révéler en l'actualisant le don initial du modèle absolu.

Ce constat portant sur la disposition d'âme qui serait contradictoire en moi m'a rappelé un de mes premiers lecteurs. Dès mes premiers livres, il a été enthousiaste. Puis, un jour, il a rompu avec moi, très solennellement, en disant qu'il renonçait à suivre mes instructions parce qu'il voyait en moi une sorte de jubilation intellectuelle qui restait indifférente pour ne pas dire étrangère à la difficulté d'être un homme vivant. Il a pris le parti de l'humanité contre celui de la vérité absolue. C'est une attitude. Je pense que la sagesse cherche à suivre les deux en même temps et je dois dire ici même que c'est l'exemplarité décelable dans la Table des Séfiroth.

Deux films ont été réalisés pour éclairer cette problématique : la Table des Séfiroth et Séfirot, Je est un Autre. Il faut les avoir vus pour comprendre en quoi consiste l'exemplarité que je viens de citer. La Table des Séfiroth présente une enfilade logique de dix points, 10 et pas 11, 10 et pas 9, insiste l'auteur du Séfer Yetsira. On trouve dans un livre de Marc-Alain Ouaknin, Les Mystères de la Kabbale, une présentation de cette table, avec ses 10 points classiques, mais il arrive que l'une de ces présentations en ait 11.

Ce fait repéré à la page 235, chapitre 6 intitulé Sagesse, intelligence et savoir où il cite les séfiroth Hochma, Bina et Daat figurant le schème de Ségol. Mais dans ce croquis, il y a 11 Séfiroth. Ce qui est en totale contradiction avec la table de ses valeurs telles qu'elle se montre par ailleurs en toute circonstance. D'où vient l'erreur ? Elle vient de ce que M. Ouaknin — qui est un rabbin — compte la Daat, la connaissance, comme une Séfira. C'est là une confusion. La Daat, c'est l'état de la révélation agissant au mieux dans la conscience humaine à un moment donné. La Daat est un ensemble de sagesse et de vision qui devient de plus en plus claire au fil du temps et qui descend l'échelle des séfiroth dans le cycle de la révélation qui est celui dans lequel nous vivons encore. On ne peut pas confondre l'état acquit par le phénomène révélatoire avec les échelons d'infiltration énergétique qui en ont conduit la dynamique au fil du temps.

Qu'il soit clair une fois pour toute que la Daat n'est pas une Séfira, elle n'est pas un lieu de percussion échelonné de 1 à 10. Elle est l'image de ce qui apparaît comme compris suivant les étages où se trouve l'énergie. À ce titre, je suis autorisé à dire qu'au niveau de cet auteur, les données de la révélation n'ont pas encore acquit leur totale liberté, leur définition absolue. La connaissance à laquelle il se réfère est encore engluée dans une somme de données observationnelles, dans les textes comme dans la Bible, et aucun savoir humain ne peut échapper à l'oppression d'une telle masse de savoir. Mais la Connaissance elle-même, la Daat, finit par se libérer de ce carcan évolutif et c'est l'œuvre du temps, c'est-à-dire de la nature elle-même, que l'aider à s'en dégager. C'est toujours le temps qui travaille la Connaissance et la fait comprendre de mieux en mieux. Non pas que la Connaissance change dans ses principes, c'est la faculté de la comprendre qui change au fil du temps pour les créatures humaines.

Il faudra atteindre un très haut degré de révélation pour comprendre que la Connaissance ait pu s'appeler Daat, un mot qui veut dire pratiquement, par le langage des lettres qui l'écrivent, que toute la Connaissance apparaît à la porte des yeux et ceci jusqu'à la fin de temps. Ce qui veut dire que le visible nous instruit à condition de le regarder à l'aide de la grille systémique, car c'est l'unique manière d'être à la porte des yeux. Et c'est ce que je fais quand j'essaie de notifier l'action des critères initiatiques pour lire ce que le réel me propose dans un événement récent.

Il y a nécessairement deux lectures à faire dans la réalité. Ce qu'elle est devenue matériellement et structuralement par l'action humaine et ce qu'elle voulait être par l'action séfirotique. Où est l'énergie, et que fait-elle, quand nous l'utilisons bien ou mal ? Il est certain qu'en bonne doctrine, je devrais, avec la même labilité parler de l'énergie, du système et de ce qui en est fait par la réalité vivante. Mais je ne veux pas concurrencer les historiens même si ma lecture leur fournissait des principes de clairvoyance supérieurs à ceux de la reconstitution événementielle. J'ai compassion de moi-même et de mon public de trop pleurer sur le fait d'être des humains trop aveugles dans un cycle qui a priori était celui de l'ignorance.



PS. La Table des Séfiroth présente un dispositif structurel de trois colonnes parallèles, la gauche, le centre, la droite. C'est là une indication d'ordre général qui invite l'esprit du lecteur à différencier les unités constitutives des choses au sein du réel.

L'axe central représente la structure crée, l'univers en soi sur lequel nous n'avons aucune influence. La colonne de droite représenterait la personne elle-même en tant que réceptacle du temps. La colonne de gauche représente le cycle dans lequel la personne vit. On ne peut pas confondre les trois plans. Seulement deux font partie de notre capacité de voir, le cas personnel et le cas cyclique. Le cas créationnel échappe à notre influence, il n'en est que plus puissant. Raison pour laquelle il sera essentiel d'en connaître les mouvements.


Dominique Aubier a réalisé 3 films sur les Séfiroth, rassemblés sous le titre :

Le secret des Séfiroth

 



 




 

vendredi 15 octobre 2021

Que fais-tu de la parcelle de chance qu'il t'a donnée ? Par Dominique Aubier.

Voici un texte original de Dominique Aubier. Auteure de La Face cachée du Cerveau. Un témoignage passionnant qui permet de repenser l'éducation des enfants avec les critères initiatiques…
 
Que fais-tu de la parcelle de chance qu'il t'a donnée ?
Par Dominique Aubier


Il y a une dizaine d'années ma petite fille qui était une excellente élève revenait régulièrement de l'école en pleurant. Impossible de savoir ce qui la rendait triste. Elle avait des bons points. Aucun camarade ne lui faisait des crocs-en-jambe. Sa maîtresse l'aimait. Ses huit ans adoraient quitter la maison le matin avec cartable et crayons de couleur, et un pain au chocolat tout chaud dans la poche. Mais en fin d'après-midi, elle revenait avec un mouchoir trempé de larmes et des sanglots lui tordaient la bouche. Ses parents l'ont inscrite dans un autre établissement. Le changement n'a pas essuyé ses pleurs. Elle a appris à dissimuler son gros cœur et s'est lentement persuadée qu'elle avait tort d'être elle-même. 

Je m'en suis rendu compte avec effroi alors qu'elle avait quinze ans. Elle avait un devoir à faire pendant les vacances de Pâques : visiter une cathédrale et décrire ce qu'elle avait vu. Nous l'avons emmenée à Chartres et revenue à la maison, équipée de toute une documentation touristique, elle s'est mise à son travail de rédaction. Je lui conseille de raconter son aventure car elle a rencontré un mendiant qui siégeait au centre du labyrinthe au prétexte que cela lui portait bonheur. Il n'a pas voulu de son aumône, disant que la chance du jour était pour elle. Cette conversation l'avait électrisée. D'un commun accord, Dominique Roth et moi avons pensé que ce serait un excellent élément de récit et nous lui avons conseillé de se souvenir de tout ce qu'elle avait senti, vu et entendu et de le verser mimétiquement dans un récit verbal des plus sincères. Ce n'était pas possible. Si elle nous écoutait, elle aurait un zéro. Son professeur se moquerait d'elle. Il fallait qu'elle décrive ce qu'elle avait vu comme si elle n'était pas celle qui avait regardé. Évoquer la nef et ses colonnades, l'autel et ses vitraux comme si une vapeur abstraite les avait observés de haut. Le mendiant n'avait rien à faire dans cette épure. Il n'existait pas. 

— Que fais-tu de la parcelle de chance qu'il t'a donnée ? lui ai-je demandé.


Elle a été interloquée parce qu'elle avait réellement cru à ce cadeau. Mais l'idée qu'elle se faisait de la règle scolaire lui interdisait d'en parler. La consigne était cruellement présente dans son esprit. Le fait que je sois un écrivain rompue aux flexibilités de l'expression, loin de lui inspirer confiance, motivait de telles réticences que j'ai soupçonné l'existence autour d'elle, au lycée probablement, d'innombrables jugements ayant spécifié avec autorité des opinions hostiles à la manifestation personnelle. C'était si net que je suis entrée dans le débat. Je me suis rendue compte que la neutralisation de soi était d'une grande force pédagogique dans notre culture. Cette attitude réductrice s'exerçait sur ma petite fille depuis des années, dans un assez intense incognito philosophique. Toute une génération d'écoliers en a supporté l'empreinte sans pouvoir s'en défendre. Je me suis expliqué ainsi que des échanges à n'en plus finir aient été nécessaires pour ébranler sa résistance. Le sentiment de soi était une honte au regard d'une charte conventionnelle qui le proscrivait de plein droit. Il a fallu se mettre en colère pour qu'elle accepte de témoigner à la première personne du singulier dans sa rédaction. Les trois ou quatre « je » qu'elle s'est autorisée ne l'ont pas empêché d'obtenir une excellente note. Mais elle a gardé longtemps vivace dans son registre psychique une tendance à croire honorable la neutralisation de l'appétence à être soi. 

 

La rationalité prône le retrait des acidités humorales qui salissent l'intellect, détrempées au boueux du vécu. C'est le bât qui blesse dans l'enseignement de la pensée unique. Sa philosophie annule ce qui est irrépressible dans le fait d'exister et de vivre comme on est, logé dans un corps, une historicité, une psyché, un sort. La science actuelle est rebelle à toute directive doctrinale et veut atteindre la réalité des choses par sa méthode et ses moyens. Aucune disposition étrangère à son statut ne peut ni ne doit l'influencer. Elle élimine jusqu'au partisanat de base qu'est le fait de croire à soi, de s'écouter pour faire ses choix et prendre ses décisions. C'est évidemment une exigence fallacieuse qui ne peut pas se pratiquer à cent pour cent mais le fait de la célébrer compense le pourcentage qui l'écorne dans la réalité des comportements. On ne peut pas feindre d'être. On est ce que l'on est. C'est vrai même pour les tricheurs et les menteurs. Ne pas admettre la singularité individuelle ne constitue pas un isolat. L'effacement total de la personnalité est une illusion ridiculement irréaliste. Quand le scientifique prétend se comporter comme s'il n'avait pas d'âme, pas de psyché, pas d'humeur, pas de dramatisation ni de conditionnement d'aucun ordre, lucidité expurgée de toute détermination physique et corporelle, il s'invente une réalité qui n'est pas la sienne. Il s'érige en défenseur d'un mensonge. Un mensonge qui devient une prise de parti qui agit au degré secondaire où elle est une croyance.

 

C'est tout le contraire pour un être de Connaissance. Une inéluctable compromission lui est assignée en dotation fondamentale : le fait qu'il soit ce corps-là, à cet endroit-là de la vie et du temps, avec ses chimies physiques et mentales, son registre de souvenirs et de perceptions, ses caprices, sa chaîne d'événements attachée à son nom. Pour la connaissance, tout est informationnel dans la substance physiologique et sensible de l'être. Il n'y a rien de fautif ou de condamnable dans ce qu'il éprouve. Tout est précieux, éloquent, conducteur de pensée, même ses mythomanies, voire ses mensonges. Rien n'est trompeur dans ce qu'il est. Les moindres froissements d'âme sont des valeurs à considérer même s'ils ne sont pas utiles tout de suite. Il y aura toujours un moment et une occasion où ils prendront feu. Permettre leur déploiement au service de l'intelligence de soi et du monde, c'est la grande politique de l'initié. « Je » n'est pas un autre et surtout pas un malandrin à détenir dans la prison d'un rationalisme neutralisant. Ai-je été frappée de voir cette problématique se refléter dans la pédagogie ! 

Un effet de la ville ? Pas seulement. 

J'habite à la campagne, dans un village de Normandie. La banquière qui s'occupe de mes affaires se donne la peine de venir à la maison rendre compte de ses gestions. Elle est d'une ponctualité d'horloge. Et voilà qu'un jour elle se fait attendre. Plus d'une heure. Sans s'excuser. Elle arrive très émue. Je me moque d'elle. Je suis suffisamment casanière pour qu'elle soit certaine de ne m'avoir pas dérangée. Seulement étonnée. Son fils refusait d'aller à l'école. Il sanglotait, ne voulant rien apprendre, une comédie quotidienne. Elle en est désemparée. Chaque jour, il revient de son cours moyen en hurlant. Elle a dû le consoler puis l'emmener à l'école et prier la maîtresse de lui pardonner son retard, ce qui expliquait que, par contrecoup, elle m'ait faite attendre. Je me souviens avoir dit : « C'est l'enseignement qui les blesse. » Par son contenu, sa forme et le timbre impératif de son humeur cognitive. À sept - huit ans, un enfant prend note de son corps. Plus il est doué pour ressentir les caresses de l'air sur sa peau moins il se retrouve dans l'ensachement des choses du savoir qu'il doit ingurgiter. Son cerveau souffre de ne pas recevoir la manne dont il a besoin. Les livres scolaires sont de plus en plus glacés, leur langage hygiénisé répudiant la charnalité à propos de n'importe quel sujet si bien qu'à les fréquenter trop assidûment le contact avec la vérité des choses s'altère.

La cohérence de la doctrine du Sacré s'enracine dans la carte à trous de l'événementialité, celle qui est à chacun nous personnelle et celle qui nous est commune, collective. La puissance de voir, de comprendre d'un initié dépend du pivot qu'il enfonce profondément dans la substance privative de son être, jusqu'à toucher celle qui est le bien de tous. Ces données d'essence privée doivent être exposées à ciel ouvert, parce qu'elles ouvrent sur le Ciel. Leur émission publique en fait des éclats holographiques du Tout. Ce qui est dit ainsi participe à la condensation du support général. La pensée cosmique en est éclaircie. Sa révélation gagne en puissance. C'est le rôle des moyens intimistes que la rendre perceptible quand ils sont exprimés. Leur substance concrètement déposée augmente l'épaisseur matérielle du réel. Leur pointillisme s'avère d'une immense utilité puisqu'il aide à voir ce qui est trop vaste et trop haut pour être regardé. Intercession d'un pragmatisme évident. Donnant vue sur le général, il permet au particulier de s'ajuster à son projet. Un être de connaissance se fie en permanence à cette disposition : il ne crache pas un jet de salive sans se demander pourquoi il en a eu le désir. Et s'il ne le sait pas, il enquête…


(Ce passage est extrait du livre Alzheimer, étiologie établie d'urgence)