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lundi 20 juin 2022

Avoir du cœur est une affaire d'intelligence… Texte original de Dominique Aubier

Avoir du cœur est une affaire d'intelligence

Un texte original de Dominique Aubier



Il y a 6 mois environ, j'ai reçu une longue lettre émanant d'une lectrice qui suit attentivement mes travaux mais qui finissait par enregistrer dans sa conscience un malaise. D'un côté, elle adhérait à ma thèse qui lui inspirait le plus grand respect pour l'hébraïsme. Mais par ailleurs, vivant dans le monde actuel, elle était pleine de compassion pour les Palestiniens et de ce fait jugeait avec sévérité le comportement de la nation dite Israël. Elle en éprouvait une antipathie irrésistible qui la mettait en contradiction avec mes enseignements. Je n'ai pas répondu tout de suite à sa requête. Mais dernièrement, une voix apparemment autorisé par la religion, m'a demandé si j'aimais les créatures de Dieu, elle paraissait en douter, alors qu'elle me reconnaissait un intérêt passionné pour la création et le Créateur. A ses yeux, j'étais dans une situation équivoque aimant la cause et pas les effets. Ce reproche, étant renouvelé, demande de ma part un possible éclaircissement.

 

Mais je ne peux pas le fournir sans invoquer les éléments informationnels sur lesquels s'appuient et mon intellect et ma psyché. Pour bien les comprendre, mieux vaut avoir vu le film L'Impromptu de Genèse. Ce document rend sensible la juxtaposition associative de deux décisions créatrices, l'une faisant apparaître la structure porteuse au moyen de la lettre Bet qui a été choisie pour remplir cet office organique, l'autre, le codage de l'alphabet qui rend sensible un déclic programmé selon lequel l'énergie cosmique investirait la structure prévue. Cet événement initial aurait été déclenché par le jeu du Tsm-Tsoum dans le Hé initial de l'alphabet, mouvement réalisé par l'énergie ambulante, le Yod. Cette opération se réalise automatiquement au moment codé d'avance où le Hé, dans la partie féminine éprouve l'émotion d'être sans énergie. Le fait de la lui accorder déclenche la Création. Cet acte est enregistré dans la structure sous la forme du point qui est au cœur du Bet dans Béréschit. Ce point représente la percée de l'énergie divine qui continue de s'écouler dans la réalité crée. Les écritures bibliques présentent sans cesse des lettres habitées par ce point, et c'est chaque fois dans l'intention de spécifier « cliniquement » une situation spécifique. Le bon lecteur de la Bible lit les points et suit à travers eux le circuit de l'énergie nourrissant la Création (continuité chronologique).

 

De ce dispositif duel il résulte une obligation, celle de se représenter d'une part l'état de l'organisme cosmique et d'autre part de suivre la percée dynamique de l'énergie qui le pénètre selon un ordre immuable, au fil du temps. Il y a donc deux problèmes à résoudre, d'une part, voir dans quel état se trouve la structure créée, l'étudier et le constater. D'autre part, décrypter le niveau où se trouve l'énergie. Dans cette optique, deux sortes de situation sont à différencier : énergie et structure. Quand l'énergie cosmique dévale et cascade sur son relief alphabétique prévu, dans la structure, tout se passe bien. Mais quand les hommes apparaissent, une capacité d'agir interfère et à partir de là, le parallélisme entre la structure et l'énergie n'est plus automatique, il est altéré par le comportement humain. Que celui-ci soit bon, semi-bon ou mauvais, il sera ce que les événements en font. Les événements, en s'accumulant, fondent à leur tour une influence. C'est ce que la pensée indienne appelle le karma, la Loi des actes. Le judaïsme l'appelle Mazal, la somme des événements. Mazal ou Karma, une réalité vivante parce que vécue se fait enregistrer comme un élément déterminant, lequel agit forcément à l'intérieur d'une unité tributaire de la situation alphabétique.

 

Cela complique le devoir d'y voir clair. C'est cette obligation qui me paralyse quand je dois parler ouvertement au public d'Internet. Cet auditoire m'est très sympathique, il présente un état d'esprit consensuel dont il est bon que je tienne compte, mais pas trop car si je m'adresse strictement à ce qu'il est capable d'assimiler, je ne révélerai rien de ce qui est de ma pensée personnelle et surtout je ne laisserai pas voir qu'il existe dans la nature une façon de penser autre que celle du regard instinctif. Dans les prestations, je veille à ce que chacun de mes objectifs reçoive sa part de satisfaction. Et je ne néglige jamais celui qui a pour but de faire comprendre la réalité de la pensée systémique et d'en faire désirer l'appropriation. Si je ne respectais pas cette part de communication, mes commentaires resteraient des illustrations imagées, comiques ou sérieuses, venant en quelque sorte agrémenter le passage du temps.

 

Mais je ne suis pas un amuseur public. Qu'on ne s'y trompe pas. A la lumière de ces précisions, je puis dire qu'effectivement je m'occupe surtout de l'écoulement de l'énergie et du système alphabétique où il se canalise, ce qui revient à privilégier l'aspect créateur du réel. Cela ne veut pas dire que la présence objective des êtres humains, de leur état de compréhension ou d'ignorance me soit indifférent. Il est vrai aussi que je ne m'attarde pas dans l'expression de ma compassion. Je n'en ai pas le loisir étant pressée par l'urgence d'accomplir mon devoir qui est de révéler en l'actualisant le don initial du modèle absolu.

Ce constat portant sur la disposition d'âme qui serait contradictoire en moi m'a rappelé un de mes premiers lecteurs. Dès mes premiers livres, il a été enthousiaste. Puis, un jour, il a rompu avec moi, très solennellement, en disant qu'il renonçait à suivre mes instructions parce qu'il voyait en moi une sorte de jubilation intellectuelle qui restait indifférente pour ne pas dire étrangère à la difficulté d'être un homme vivant. Où est le cœur, dans tous ces enseignements, me demandait-il. Je lui ai dit que le cœur, en hébreu, c'est Leb. Lamed Bet. Autrement dit : la structure enseigne. Le réel nous enseigne. Avoir du cœur, c'est donc faire acte d'intelligence. L'abandon à la sensiblerie n'est pas un acte de cœur. Je ne renie cependant pas la sensibilité, qui est une chose toute différente et en aucun cas je ne me désolidarise de la condition humaine pour m'adonner à la froideur de l'abstraction. Je pense que la sagesse cherche à suivre les deux instructions et je dois dire ici-même que c'est l'exemplarité décelable dans la Table des Séfirot.

 

Deux films ont été faits pour éclairer cette problématique : la Table des Séfirot et Séfirot, Je est un Autre. Il faut les avoir vus pour comprendre en quoi consiste l'exemplarité que je viens de citer. La Table des Séfirots (troisième films de la série sur les Séfiroth) présente une enfilade logique de dix points, 10 et pas 11, 10 et pas 9, insiste l'auteur du Séfer Yetsira. On trouve en effet dans certains livres modernes une présentation incertaine de cette table, tantôt exacte en ses 10 points classiques, mais il arrive parfois que l'une de ces présentations en ait 11. 

On cite dans ces ouvrages les séfirot Hochma, Bina et Daat figurant le schème de Ségol. Des croquis ou énumération laissant alors apparaître 11 Séfirot. Ce qui est en totale contradiction avec la table de ses valeurs telles qu'elle se montre par ailleurs en toute circonstance. D'où vient l'erreur ? Elle vient de ce que ces auteurs comptent la Daat, la connaissance, comme une Séfira. C'est là une confusion. La Daat, c'est l'état de la révélation agissant au mieux dans la conscience humaine à un moment donné. La Daat est un ensemble de sagesse et de vision qui devient de plus en plus claire au fil du temps et qui descend l'échelle des séfirot dans le cycle de la révélation qui est celui dans lequel nous vivons encore. On ne peut pas confondre l'état acquit par le phénomène révélatoire avec les échelons d'infiltration énergétique qui en ont conduit la dynamique au fil du temps. Qu'il soit clair une fois pour toute que la Daat n'est pas une Séfira, elle n'est pas un lieu de percussion échelonné de 1 à 10. Elle est l'image de ce qui apparaît comme compris suivant les étages où se trouve l'énergie.

A ce titre, je suis autorisé à dire qu'au niveau de ces auteurs, les données de la révélation n'ont pas encore acquit leur totale liberté, leur définition absolue. La connaissance à laquelle ils se réfèrent est encore embrouillée dans une somme extravagante de données observationnelle, dans les textes comme dans la Bible, et aucun savoir humain ne peut échapper à l'oppression d'une telle masse de savoir. Mais la Connaissance elle-même, la Daat, finit par se libérer de ce carcan évolutif et c'est l'œuvre du temps, c'est-à-dire de la nature elle-même, que l'aider à s'en dégager. C'est toujours le temps qui travaille la Connaissance et la fait comprendre de mieux en mieux. Non pas que la Connaissance change dans ses principes, c'est la faculté de la comprendre qui change au fil du temps pour les créatures humaines. Il faudra atteindre un très haut degré de révélation pour comprendre que la Connaissance ait pu s'appeler Daat, un mot qui veut dire pratiquement, par le langage des lettres qui l'écrivent, que toute la Connaissance apparaît à « la porte des yeux » et ceci jusqu'à la fin de temps. Ce qui veut dire que le visible nous instruit à condition de le regarder à l'aide de la grille systémique, car c'est l'unique manière d'être à « la porte des yeux ». Et c'est ce que je fais quand j'essaie de notifier l'action des critères initiatiques pour lire ce que le réel me propose dans un événement récent.

Pour en revenir au problème posé au début, il y a nécessairement deux lectures à faire dans la réalité. Ce qu'elle est devenue matériellement et structurellement par l'action humaine et ce qu'elle voulait être par l'action séfirotique. Où est l'énergie, et que fait-elle, quand nous l'utilisons bien ou mal ?

Il est certain qu'en bonne doctrine, je devrais, avec la même labilité parler de l'énergie, du système et de ce qui en est fait par la réalité vivante. Mais je ne veux pas concurrencer les historiens même si ma lecture leur fournissait des principes de clairvoyance, supérieurs à ceux de la reconstitution événementielle. J'ai compassion de moi-même et de mon public de trop pleurer sur le fait d'être des humains trop aveugles dans un cycle qui a priori était celui de l'ignorance.
 
 
Les films cités dans ce texte sont disponibles sur clé USB ou téléchargement ici .
Le secret des Séphiroth (3 films sur clé USB) 
 

lundi 6 juin 2022

Connaître le Point Zéro. Un texte inédit de Dominique Aubier

Texte inédit de Dominique Aubier
publié à l'occasion du 100è anniversaire de sa naissance
 
Connaître le Point Zéro
 
 
Le présent, l'immédiat… Chaque jour pousse les choses en avant. Par là, se découpe un plan de surface dans le cycle de la Vie. Une couche corticale en est forcément le lieu.
Dans le cercle de cette coupe transversale, le mécanisme Dedans-Dehors s'effectue avec d'autant plus d'intensité que l'énergie évolutive a drainé davantage de forces mémorisées dans les zones sous-jacentes, déjà traversées.
La complexification relative acquise en couche II fait que le cercle où s'inscrivent les signes de surface s'est agrandi, élargi. Plusieurs émergences significatives peuvent s'y repérer, parmi les éléments concrétisés côté Dehors. Autant il était simple d'aller de l'information au fait, en couche I, autant il devient délicat de sonder les signaux apparus sur la tranche que la vie découpe en couche II, dans un cycle quelconque. Plusieurs points de signification éclatent en même temps, fruits des Echanges latéraux s'étant accumulés. La voyance, même la petite voyance, voit son travail se compliquer, en ce sens qu'elle doit rassembler les éléments cohérents et les ramener à l'unité conceptuelle dont ils sont les reflets éclatés à l'extérieur. Quand le mécanisme Dedans-Dehors se produit en couche I, il donne naissance à des événements qui ne nécessitent aucune interprétation spéciale. Ce qui est dicté au Dedans se résout en toute droiture en une expression manifeste concordante. Il n'y a pas à rectifier l'équilibre entre le Dedans et le Dehors. Le phénomène de l'Inversion paraît ne pas agir.

En couche II, il est indispensable de tenir compte de l'inversion. La dualité s'accompagne d'un renversement qui fait que le phénomène extériorisé semble le contraire de l'information dont il est la forme manifeste. La chose extériorisée, le signe sensible dans la réalité, se présente à l'envers par rapport à l'information prise en copie. Le redressement s'impose dans l'acte de la voyance.
En effet, la voyance consiste à remonter le cours de l'évacuation naturelle de l'information vers la chose. Elle s'efforce de retrouver la donnée principielle, décryptage possible puisque le messager en a pris la copie.

L'être humain n'a pas la possibilité de s'expatrier de l'espace. Il ne peut à aucun moment déserter la réalité.
Le voyant le plus lucide, l'initié le plus éthéré (si tant est que la dissolution du manifeste soit une ambition initiatique) ne réussiront jamais et ne tenteront surtout pas d'échapper à l'emprise du manifeste. S'ils se différencient du commun des mortels, c'est par l'application qu'ils font de la loi Dedans-Dehors, pour juger de ce qui leur arrive. Ils distinguent entre les deux étapes consécutives de la projection vers la stabilité. Prenant au sérieux la concrétisation dernière, accessible à tout le monde, mais sachant qu'elle a été poussée de l'avant par la phase précédente de la prise de copie, ils cherchent à discerner les éléments informationnels recueillis au cours de cet acte. Ils en recomposent l'image à partir de l'événement extérieur. Au lieu d'accepter celui-ci comme une donnée en soi à laquelle rien ne peut être changé, ils la reçoivent telle qu'elle émet un message. Un événement est épais, opaque lorsqu'il est pris dans sa lourdeur immédiate. Le simple fait de voir en lui un symbole l'allège. Perdant un peu de sa corporéité, il devient transparent. Lui assigner le sort d'un symbole revient à lui conférer la puissance d'une lampe qui éclaire ses arrières. La transcendance réside dans le recul vers l'origine que l'événement subit ainsi. On ne saurait l'oublier : la transcendance dont il est question ici n'échappe pas à l'emprise du manifeste. Elle est toute relative et opère, en fait, entre les deux instances de la concrétisation. L'instance faible correspond à la prise de copie. L'instance forte est celle où la chose s'extériorise définitivement .

En couche I, le retour vers la source s'opère en toute simplicité. L'analyse va de l'événement déposé en instance forte vers le symbole qu'il peut devenir. Transmué en symbole, il est replacé en instance faible.

En couche II, la même opération de remontée vers l'origine se complique. Il faut tenir compte de l'inversion apparue dans le cadre de l'extériorisation forte. La rétractation au plan symbolique demande être accompagnée d'un renversement de polarisation.

Plus difficile à expliquer qu'à pratiquer. Quand on surveille sa vie, en fonction de la loi Dedans-Dehors, on ne peut pas ne pas voir défiler les six couleurs de la grille. Le passage de la couche I est sensible au caractère d'unité qui accompagne le jaillissement de l'information, mais aussi à la puissance avec laquelle cette dernière s'instaure dans l'évidence. La liaison entre l'événement et le dire est si forte qu'on n'entend pratiquement que le dire. Il vibre très fort dans la chose. La sensibilité en perçoit immédiatement le caractère fondateur. Après quoi, la succession des six couches. On s'attend normalement à ce que se produise l'effet duel. Pour peu qu'on le guette, on le voit surgir. Il apporte le malaise, la discussion, l'opposition, la mésentente. Et c'est là que la vigilance devient intéressante. On sait que le point d'ouverture est atteint, qu'un premier effet de dualité va s'installer. On connaît la loi du Redoublement. On se dit que la dualité est en train de s'installer dans la première instance. On n'en redoute pas les effets. Ils ne seront ni durables ni dangereux. En revanche, ils seront instructifs. Ce sont eux qui vont prédécrire les éléments d'action qui agiront dans la seconde instance. Autant les relever tout de suite. Quand le BOP proposera sa reprise inévitable de la dualité, on sera prévenu de la tournure que les choses ont l'intention de prendre. Si, en Bip, les circonstances ont été marquées par une dualité détestable, quoique peu durable, on en retiendra le caractère nocif. Et lorsque le Repasse viendra en récupérer la dynamique, on prendra toutes les dispositions pour ne pas se trouver du côté où la circonstance s'est montrée néfaste. Cependant, l'on tiendra compte de la polarisation. L'idée était bonne. L'interprétation mauvaise. Le rapport d'inversion a agi en couche II.

L'initié dont je cite parfois les coups de génie m'a raconté comment il avait suivi l'effet d'inversion dans le cours d'une relation inamicale. Cet homme prétend qu'il faut avoir des ennemis. Il adore les siens. Il les considère comme des agents concrétiseurs des informations qui lui sont inaccessibles, dans son destin. L'inimitié est pour lui un solide lien affectif. Un jour que je m' étonnais de l'indifférence avec laquelle il se laissait insulter par un jeune homme, il me demanda si j'avais réfléchi à l'utilité de la haine. Comme je ne voyais aucun charme à la détestation, il me gronda  : « Vous ratez le meilleur de ce que le modèle absolu dispose autour de vous ». Et comme je m'insurgeais, n'acceptant pas que les ennemis fussent le meilleur de ce que le motif unique donnait à gouter :
— Comment faites-vous, en couche II, pour savoir ce qui vous concerne, s'il n'y a pas, en face de vous, un bon petit adversaire de service, prêt à vous dire à l'envers ce que vous devez entendre à l'endroit ?

Il m'expliqua, alors, que la couche II était très difficile à contrôler. Il faut disposer d'un interprète valable pour savoir ce qu'elle réserve, dans tel ou tel cycle, parmi les cent et un ballons rouges que le sort très holographique tient au bout de son fil. Il en vint à me dire que, dans une circonstance très grave de son épreuve initiatique, il avait été sauvé par les injures de ce jeune homme. C'était un adversaire obstiné qui mâchait la même rancune depuis des années. Mais c'était aussi un être inspiré. Il avait su décocher la formule convenable à la couche I, puis celle à redresser, en couche II.
 
— Vous vous souvenez de ce qu'il vous a dit?

— En couche I, il m'a jeté à la figure que j'étais un voleur. Je l'ai pris le mot au pied de la lettre. Vaut leur... Vaut l'heure. Quelque chose dans ses mots valait pour moi une indication horaire. Comme il m'a fait un bras d'honneur, j'ai vu briller sa montre-bracelet. J'en ai déduit qu'ils avaient réellement la capacité de me donner l'heure. Or, je devais décider d'un voyage à l'étranger, sans savoir comment m'y prendre pour fixer la date. Lorsqu'on est dans le labyrinthe, la moindre erreur peut être fatale. J'étais tout juste en train de vivre cette difficulté que vous ne manquerez pas de rencontrer, si vous persévérez à vouloir comprendre la doctrine sacrée. J'ai béni mon ennemi d'être un si bon interprète de l'invisible. C'était donc à lui de me servir d'indicateur des chemins de fer. Je me suis débrouillée de savoir quelles étaient ses date de départ pour la France et c'est ainsi que j'ai obtenu la mienne.
 
— Pourquoi était-ce significatif de la couche I ?

— C'était la première fois qu'il me manifestait si violemment sa haine. Il faut bien que les choses aient un commencement. Et le commencement, vous le reconnaissez à ce qu'il y a unité entre la gauche et la droite. Eh bien, il y a eu parfaite harmonie entre sa date de départ et la mienne.
 
— Et en couche II, que s'est-il passé?

— Nous y sommes parvenus l'année suivante. Ce sont des gens de l'été. Ils ne venaient en Espagne, au village, qu'en juillet-août. L'année d'après, je crois bien qu'il m'a tiré la langue. J'ai inversé le sens de la grimace. Là où elle était désobligeante, j'ai vu qu'elle m'obligerait beaucoup, au sens de « prendre langue ». Mais avec qui ? Quand je suis passée à côté de lui, mon cher et précieux ennemi m'a jeté un regard de justicier. Son courroux est allé jusqu'à murmurer entre ses dents un flot d'injures. Je ne sais plus très bien lesquelles. Mais il y avait le mot « saloperie ». Et justement, j'aime les mots qui rient. J'ai gardé le rire et remonté à l'envers le mot « salope ». Il disait aussi : pôle as. J'en ai déduit que c'était avec lui que je devais prendre langue. Mon ennemi estival allait tenir le rôle concret du pôle opposé et qu'il était là pour m'épauler, sans le savoir, dans la situation ardue qui était alors la mienne. Merveille ! La chose m'était dite en couche II. C'est là que la dualité devient sensible. Quant à m'épauler, la chose a été certaine, par la suite. Ce jeune homme a été génial.

 — Comment cela ?

— Mon jeune homme n'a raté aucune des six couches dans le cycle d'offenses dont il avait la responsabilité. »

L'initié dont je vous parle a donc exploité cette inimitié pour en faire son allié.  Ce que j'aime chez lui, c'était sa gaité. Cette façon de discuter avec l'invisible. Cet humour qu'il partage avec l'entité conseilleuse. Même si c'est folie, quelle admirable utilisation du quotidien ! En outre, cet homme réussit tout ce qu'il entreprend. Son exemple m'a fortement influencée. J'essaie de l'imiter. Ce n'est pas toujours facile. Il manipule les cycles comme un prestidigitateur des balles. Il les attrape au vol, qu'ils soient rouge, vert, jaune ou blanc. Il ne les confond pas. Sa vie est comme une grappe de cycles différemment gonflés dont il distingue les irisations, selon que s'y reflètent tel ou tel thème appartenant à sa forme d'être. C'est un initié de grande envergure. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de le rejoindre, au niveau subtil où il danse sur la corde raide, avec son balancier d'équilibriste, posant son pied entre les bulles de savon que lui invente la vie, en guise d'unités évolutives. Je ne cite ses histoires que pour égayer l'exposé. L'explication n'est pas souriante. Comme je m'en plaignais un jour auprès de lui, il éclata de rire.

— C'est bien pourquoi je vous en ai chargée.
— Mais pourquoi faut-il que le ton de l'explication soit si terne et neutre?
 — Il a le timbre de la voix qui parle côté Dedans. Vous savez bien, une voix sans couleurs, sans intonation, une voix qui ne vibre pas. Elle n'est pas dans l'espace. L'air lui manque. Le ciel aussi a cette voix-là.

Non, je ne propose pas à mes lecteurs d'arriver au degré de finesse où cet être maîtrise la Connaissance. Un usage modéré de la doctrine initiatique suffit à la plupart d'entre nous. Mais il est rassurant de savoir que de tels experts existent.

Pour en revenir au problème de la dualité surgie en couche II, prenons l'exemple d'un homme d'affaires qui vient de monter une société avec plusieurs partenaires. La mise en place des statuts devant régler l'entreprise s'est passée au mieux. L'avocat qui a dirigé l'opération s'est avéré un superbe négociateur. Couche I. (J'aurais quant à moi sondé les noms de toutes les personnes ayant participé à cette étape). Puis, l'entreprise est entrée dans sa phase active. Quelques points de désaccord ont surgi entre les partenaires sociaux. Couche II. La dualité s'amorce. Elle s'esquisse mais ne durera pas. En couche III, la réconciliation se fera, dissimulant le problème latent. Mais en couche V, la dualité reprendra ses droits. C'est pourquoi l'initié étudie de très près les éléments qui apparaissent en II. Il sait que l'opposition n'est pas favorable à l'idée qui guide l'affaire. Il prend note de tous les pigments de contradiction apparus à l'occasion de la première discussion. Il les redresse de manière à détenir l'information dont la querelle, si légère soit-elle, interprète le sens, sous l'aspect d'une inversion critique. Si l'idée rétablie dans sa forme verbale initiale est bonne pour l'entreprise, il la fera sienne. Si elle s'avère peu favorable à l'initiative en cours, il en tiendra compte. Il considérera la situation comme un symbole, une esquisse imagée de ce que doit devenir l'entreprise. Il ne négligera aucun élément significatif apparu dans la circonstance regardée comme à la loupe. Sachant la situer dans l'échelle évolutive, il ne prendra aucune décision susceptible d'en fausser le mouvement. Il saura attendre l'endroit où la reprise de la dualité risque de faire réellement problème. Ce lieu se présentera nécessairement en couche V. S'il a bien analysé la situation vécue en couche II, il disposera d'un schéma précis pour distinguer l'allure que vont prendre les dissonances, en cette seconde occasion.

On objectera que les hommes d'affaires savent fort bien négocier avec leurs partenaires et les circonstances évolutives qui marquent leurs entreprises. Et que leur talent, lorsqu'ils en ont, n'a pas besoin d'être assisté par la Connaissance. Aussi bien, ce ne sont pas ceux-là qui lui demanderont secours. L'homme extérieur, comme dit Swedenborg n'a pas confiance dans les critères qui peuvent guider l'homme intérieur. Mais il arrive trop souvent, justement, dans notre monde, que l'homme extérieur réussisse aux dépens de l'homme intérieur. C'est pour ce dernier que la doctrine initiatique est utile. Que l'on ne s'inquiète pas. Ceux pour qui elle n'est pas faite ne l'utiliseront jamais. Elle les fait rire et c'est très bien ainsi. Dans cette affaire aussi, rit bien qui rit le dernier…