Rechercher dans ce blog

Translate

dimanche 25 juillet 2021

Le secret du candélabre à 7 branches, comment restaurer la Ménorah unitaire…

Comment restaurer la Menorah unitaire

Par Dominique Blumenstihl-Roth

 

Une femme vient d'être nommée rabbin.

Une amie Lectrice me demande ce que j'en pense…

Les médias en parlent comme si c'était une extraordinaire modernisation. En réalité, c'est un non-événement, car jamais cette fonction n'a été réservée aux hommes : que ce soit une femme n'est pas une modernisation du tout car le rituel reste inchangé, les textes inamovibles. La seule modernisation possible consiste à travailler sur l'exégèse, l'explication, la mise au clair des rituels et des symboles, à libérer du sens, à dégager les symbolismes expressifs dans les Textes. Ils doivent être libérés. Et cela ne relève pas spécialement de la fonction rabbinique, c'est du ressort de tout esprit qui s'en trouve investi. La fonction de rabbin, qu'elle soit exercée par un homme ou une femme, ne modifie en rien le rituel, immuable. Le fait que la fonction soit occupée par une femme ni ne diminue ni n'augmente le sacerdoce. La tradition demeure.

Cependant, le fait qu'une femme accède à cette fonction est un signe qui indique qu'il faut assurément regarder du côté des femmes. En effet, la seule vraie modernité se situe dans le domaine de l'exégèse, de l'élucidation. Du passage de la Révélation vers l'Explication. Et l'explication, selon le symbolisme du rituel sabbatique, est affaire de femmes, car ce sont elles qui apportent les lumières en fin de sabbat. Ce symbole, devenu allégorie exprimée lors du rituel, laisse entendre que les lumières rassemblées en fin de cycle prononcent le retour à l'unité, et que le rôle des femmes est éminent lors de cette opération de clôture terminale de synthèse. Regarder du côté des femmes… Voir si une œuvre de synthèse lumineuse, conçue par une femme, ne vient pas, au titre du retour en fin cyclique, réparer l'erreur de Hava, ouvrant ainsi le cycle civilisateur nouveau par une puissante restauration de la Ménorah unitaire. Donc chercher le LIVRE (l'écrit, car nous sommes dans la civilisation de l'écrit) qui expose le Principe d'Unité, en donne l'identité, qui en dévoile les modalités de fonctionnement, après vérification par les « lumières d'en face ». Ce livre existe.

Le secret du Candélabre (Menorah)

Le rituel sabbatique où les femmes viennent illuminer la pièce reprend l'instruction du verset 8-2 du chapitre des Nombres (Behaalothekha) : Moïse est prié de dire à Aaron, son frère, de faire « monter les lumières, c'est vis à vis de la face du candélabre que les sept lampes doivent projeter la lumière. » C'est Aaron, messager et partenaire de Moïse dans le protocole prophétique qui est chargé de « disposer les lampes comme l'Eternel l'avait ordonné à Moïse. » Le Candélabre fait d'une seule pièce, dont les sept lampes cependant projetteront sept lumières en face. L'unité de la Connaissance face à l'apport des sciences dont chacune projette une lumière parcellaire et qui ne pourront trouver synthèse que sous la gouverne du candélabre unifié. Chaque tradition du monde, chaque lumière éclaire une partie du tout, dans le cône de sa luminosité particulière projetée, mais la claire vision de l'ensemble exige l'unité qui ne peut se réaliser que sous l'autorité du paradigme dont le candélabre (ménorah) est le symbole.

Je tire cette explication des travaux de mon Maître — une femme. Cette lecture précise du rituel sabbatique et de son sens se trouve dans son livre l'urgence du Sabbat. Je considère que l'œuvre exégétique de mon Maître correspond exactement à l'attente que le symbole des bougies et de la Ménorah désignent. Elle transforme le symbole en acte positif, en leçon pour les générations.

Les femmes allument les lumières.


A lire, à voir :

La Lecture des Symboles

La Face cachée du Cerveau

Les secrets de l'Alphabet hébreu

dimanche 18 juillet 2021

Bagarre au village… Inondations… Comment sortir des catastrophes ?

Bagarre au village… Comment en sortir ?


Une bagarre a éclaté dans mon village. Deux irréductibles — pour ou contre le vaccin — en sont venus aux mains. Quelques jours plus tôt, ils se parlaient encore normalement, tout en ayant des points de vue différents. Il a suffi du discours présidentiel pour exacerber les oppositions et sombrer dans la violence. Quel désastre, au cœur d'une petite communauté villageoise qui se trouve désormais scindée par des options stigmatisées au niveau du pouvoir central émanant de la lointaine capitale. Au lieu de rassembler, nous unir, voici que la parole d'Etat organise l'éclatement en factions.


Je n'entrerai pas ici dans le débat « pour ou contre le vaccin anti-Covid ». Chacun a son idée sur le sujet, et chacun s'est auto-conféré le doctorat d'expertise médicale. La médecine elle-même s'accorde l'autorité de l'éthique et de la morale, et la technoscience, idole à la mode, accepte notre dévotion. Cela dit, il se pourrait que j'ai eu raison de me faire vacciner. Et si je meurs du vaccin, je tiens à ce que cela soit gravé sur ma pierre tombale. Victime de la science pour le bienfait de l'humanité.

En tout cas, il n'est pas interdit de s'instruire de la science, de consulter non pas les opinions mais les faits clairement établis par les sciences. Si tant est que les données soient loyalement présentées et non biaisées par des interprétations intéressées. Il n'est pas interdit non plus d'observer les signes que la vie nous envoie — et la pandémie est en soi un signe majeur. Un symptôme qui en dit long sur la marche de notre civilisation où la science exerce une extraordinaire emprise sur les modalités réflexives : est-il possible de penser autrement que de manière scientifique ? Est-il permis de développer un raisonnement autrement que celui qui procède de la linéarité ? La vérité du monde s'écrit-elle dans les laboratoires ? Le mode de pensée qui nous gouverne est tout imprégné de scientisme, une façon de voir le monde qui n'est certainement pas la seule valable. Ai-je le droit de relativiser l'apport des sciences, sans être immédiatement accusé d'être contre le progrès ? Grand progrès technique que l'invention de la bicyclette. Immense progrès que la découverte de l'aspirine. Magnifiques apports, également, de l'informatique et de tant de domaines de recherches qui nous facilitent (pas toujours) la vie. L'évolution culturelle entérine, coopte, valide ce qui semble favorable… délaisse des options qui tombent en désuétude, ou au contraire, s'accroche désespérément à des concepts qui feront rire ou désespérer nos descendants. 

Nous voulons le progrès, le changement, à condition que rien ne bouge et que très vite, après un bouleversement, « tout redevienne comment avant ». Comme si de rien n'était. Donc, pour le politique, l'essentiel est d'accéder à ce désir de continuité : complaire à une majorité dont dépend la réélection.

Cette manière de diriger un pays est-elle sérieuse ? Elle est gestionnaire mais non visionnaire. Elle est comptable à court terme mais n'engage pas le peuple au service de la vocation profonde qui dessine le destin d'une nation. 

Quant aux Français ? « Un petit peuple pusillanime » écrivait Paul Valéry. Mais rien ne l'empêche de s'élever, d'atteindre à quelque grandeur et de rencontrer sa raison d'être.

Pour cela, il est nécessaire, en tout chose, d'œuvrer à l'unité.

 

La France, comme son nom l'indique, c'est « Tzarfat », en hébreu. Un mot qui apparaît dans la Torah, au chapitre de la prophétie Obadia, des milliers d'années avant que la nation qui en porte le nom n'apparaisse. Ce mot commence par un Tzadé. Une lettre ouverte en deux branches, gauche et droite, et qui montrent combien il existe deux pôles opposés qui polarisent l'énergie, face à face. Pays éternellement divisé, nous le savons bien, même au niveau du climat, le cours de la Loire formant la ligne de démarcation. « Le nom de Tzarfat, France, déclare que la structure à deux hémisphères qui est celle d'une unité corticale parle l'intégralité de son évolution. » écrit Dominique Aubier dans son livre Rebâtir le monde. Il est bien dit : intégralité, et non pas vision partielle assise sur une seule branche.

צרפת

Tzarfat, valeur 770, est un mot que la Tradition a largement considéré, et notamment le célèbre rabbi Loubavitch Schneerson qui avait noté que le mot Tzarfat (la France) s'écrit avec les mêmes lettres que celles écrivant paratsta, tu t'étendras — oufaratza qui se trouve dans le verset de Genèse 28, 14 : « Ta postérité sera comme la poussière de la terre, tu t'étendras à l'occident et à l'orient… »
Tu t'étendras : il y voyait une mission « messianique », vaste mission universalisante de la France, unissant ses Gauche et Droite structurelles en une seule branche unitaire réconciliée produisant la synthèse où l'emporte la branche donneuse de l'information.
Tzarfat en appelle à l'unité.

Et voici que le chef de l'Etat, ignorant de sa propre mission, — n'y a-t-il donc personne autour de lui pour le lui dire ? — stigmatique la séparation des branches du Tzadé, par un discours d'une violence inouïe. 
Le voici piégé par le Tzadé : 
צ


Il appuie sur le côté gauche de la lettre, au lieu de viser la branche qui fait face. Erreur de visée, erreur de positionnement qui voit pas que la lettre Tzadé est suivie d'un Resch et d'un Pé. Il isole le Tzadé et ne conçoit pas que l'énergie est vouée à « passer le pont » d'une branche vers l'autre. Et sur le Tzadé, il ne conçoit que l'existence de la branche sénestre.
On aura remarqué que tout son corps semblait marqué de l'inversion qu'il s'infligeait : son œil gauche, augmenté en volume, soudain directeur alors qu'il est droitier, témoignait d'une charge d'énergie considérable portée sur l'hémisphère inversant. Cela s'est répercuté sur la projection nerveuse qui se déverse sur les mains. Sa main gauche s'est mise à gesticuler excessivement, mimant des gestes tranchants, tout au revers de sa droiterie habituelle. Une puissante inversion émanait de son corps, incurvant la descente séphirotique uniquement sur la Gebourah, sans contrepartie de Hesed, projetant à l'écran l'image de sa polarité intellectuelle dominante.

Il est vrai que « tous les gens qui vous écoutent n'ont pas assez de sens et d'esprit pour mettre les choses à leur vrai point » dit Don Quichotte (vol. 2, p. 229 éditions Garnier), mais il existe une sensibilité de l'être qui ne se trompe pas et qui voit clair au travers du regard et de l'âme. Il a manqué, au chef d'Etat, le ferment de l'unité. Unir un peuple n'est pas une mince affaire, un minimum de tact y est nécessaire, surtout quand la division marque de son poinçon le tempérament du territoire. Le Tzadé porté à l'initiale de Tzarfat désigne la propension à la séparation, qu'il convient d'avoir toujours en mémoire afin de la prévenir. Afin que l'énergie puisse s'écouler sur les lettres suivantes, le Resch et le Pé : le modèle d'absolu (Resch) et la parole (Pé) pour en dire les secrets. Le Tzadé se doit d'être maîtrisé, conditionné par le Resch, sous les rênes du Verbe, accomplissant ainsi la vocation.
 
J'aurais aimé inviter le Président de la République à repenser non seulement sa sémantique mais tout l'édifice intellectuel qui conditionne les choix civilisationnels dans lesquels nous nous enfonçons. Des choix fautifs, comme cela appert au travers des désastres qui frappent le monde : que penser des inondations qui ont englouti le village de « La Faute-sur-mer » il y a peu d'années ? Y aurait-il un message caché — si peu caché — dans le nom ? Message réitéré en juillet 2021, en Allemagne, dévastant le village de « Schuld » dont le nom n'a pu laisser indifférent aucun Allemand, ce nom signifiant littéralement « la Faute ». Mais quelle faute la vie cherche-t-elle à nous signaler, si ce n'est celle qui nous conduit dans l'impasse évolutive ? L'impasse hyponeurienne...
 
Dire au Président qu'il gagnerait à s'instruire de ces différences fonctionnelles et structurelles sur l'arbre évolutif… Lui dire… tant de choses… qui feraient de lui un Voyant lucide pensant et réfléchissant avec les critères de la Connaissance.
Il comprendrait alors combien il est nécessaire de concevoir l'unité du peuple à l'image du « candélabre » sacré qui doit être coulé/martelé d'une pièce, de sorte qu'il n'y ait pas de rupture dans la structure unitaire (cf. Chapitre des Nombres, VIII-4). Lui dire que si la France se désigne comme le « pays des lumières », c'est parce que le porteur des Lumières doit être constitué d'un seul tenant et le peuple doit s'y reconnaître. Que chacun a droit à sa singularité et son opinion, mais la nation forme une entité organique vivante à laquelle chacun œuvre, sous la direction du Verbe révélé.
Mais qu'irais-je lui envoyer pareil message ?
Je préfère compter sur vous, amis lecteurs et lectrices de ce Blog pour œuvrer, avec vous, chacun à notre niveau, à l'unité. Directement, autour de nous… Dans le respect de nos diversités, car comme le candélabre, nous formons « une seule pièce, jusqu'à sa base, jusqu'à ses fleurs… »

-----------

« Et voici la confection du candélabre : tout d'une pièce, en or, jusqu'à sa base, jusqu'à ses fleurs, c'était une seule pièce. D'après la forme que l'Eternel avait indiquée à Moïse, il (Aaron) avait fabriqué le candélabre… » (Nombres, VIII, 4)

 

 

— La Faute sur Mer, Schuld… On ne pourrait être plus explicite pour dire qu'il y a erreur… Je signale ce livre de mon Maître : « ces désastres qu'on nous fabrique ». Il indique la bonne manière d'en sortir… 

— Le concept hyponeurien / épineurien est pleinement développé dans le livre La Synthèse des sciences.


samedi 10 juillet 2021

Féminicide. Violences conjugales. Comment en sortir ? 3/4 ok

L'univers est féminin

Dans son immensité infinie en expansion, l'univers est d'essence féminine : il est le Qui Fait, produit d'un Qui Sait invisible et inaccessible qui se situe hors de toute matérialité. Un Qui Sait qui n'est pas « antimatière » — ce serait faire de la matière la référence dénommant tout ce qui n'est pas elle. Le Qui Sait est pure information, sans support. L'énergie, projetée depuis ce non-lieu, suscite aussitôt existence en un site dévolu et symétrique, selon un processus que Louriah appelle le Tz(i)m Tzoum.  L'univers naît de ce processus. Cela a amené les kabbalistes à dire que l'univers est la part féminine de Dieu, qui a tiré de lui-même l'information expédiée donnant naissance à toute chose, selon l'équation de la formule dévoilée en Exode 3, 14, la fameuse parole « je suis qui je serai », dont le codage en hébreu retrace point par point le processus créatif. La formule, écrite dans ses lettres dont chacune explicite une étape de l'évolution, a fait l'objet d'un sondage que nous ne saurions reproduire ici, on le retrouvera, déployé, dans le livre L'Ordre cosmique.


אהיה אשר אהיה


Pour la Tradition, l'univers est féminin, étant le lieu créé où se déverse l'énergie suscitant existence. Par analogie, la femme est univers, lieu et puissance d'incarnation. Tuer la femme n'est, dès lors, rien moins que néantiser les forces mêmes de la vie.

 

Ils sont étranges, ces petits Césars (ou Jupiter)

… autoproclamés maîtres des femmes (des opprimés en général) qu'ils maltraitent et dont ils s'estiment les décideurs. Se croiraient-ils en analogie avec le Maître de l'Univers ? Si l'analogie se vérifiait, cela voudrait-il dire que le Dieu tout puissant serait à même de détruire sa propre création ? Il n'en est rien : Dieu n'exerce point un tel carnage, il est Dieu du Verbe, de la Parole, il est l'interlocuteur de sa Création. Le meurtre de la partenaire n'entre pas dans le projet divin ni dans sa méthode…

Le meurtre est prohibé — Tu ne tueras point. Injonction sinaïtique valant au présent et au futur, l'interdit du meurtre est écrite au futur indéterminé pour validité permanente. Sa transgression met le tueur en situation d'exclusion de l'humanité, ayant lui-même régressé dans l'antériorité. Le meurtre nie la Libération de la Sortie d'Egypte, il nie le commandement, et donc nie la parole divine. Le meurtre est l'expédiant du Négateur.

Négateur qui franchit le territoire de l'interdit, et qui dès lors se promulgue idole de sa propre autorité. Il nie la Parole, il nie l'Ecrit des paroles gravées. Les articles du contrat sont bafoués, pour lui, ils n'ont jamais existé, car seul prévaut son désir. Oserait-on le lui faire observer qu'il s'en indigne : Quel Autre ? Quel contrat ? Quel article ? L'écrit ne sert à rien, puisqu'il n'y a que moi, dans ma prise de pouvoir, et si cette condition ne vous convient pas, je fais tout exploser. Sous la menace, nous nous résignons alors sagement et demandons pardon d'avoir osé imaginé que nous avions droit à l'existence.


L'instauration idolâtrique, pour se survivre, ne peut que promulguer l'aliénation de l'Autre, sa disqualification comme sujet de droit. Dans le système de l'omnipotence que le tyran veut imposer, l'Autre — qu'il soit homme ou femme — se voit réduit au statut d'objet vivant, il ne s'appartient plus lui-même, mais se voit soumis au droit exclusif d'une sorte de propriétaire qui exerce sur lui son pouvoir… de jouissance et d'usage comme il le ferait d'un objet entrant dans son patrimoine. Privée du libre consentement, mineur ou incapable de fait, l'être est déclaré incapable de gérer sa vie : n'étant pas libre, dépossédé de droits, comment pourrait-il /elle subir quelque préjudice que ce soit… si elle est inexistante à elle-même ? Etrange législateur que ce super-dominant qui fonde son autorité sur l'admiration qu'il a de lui-même…


Le témoignage des téphilines

Les femmes ne peuvent-elles traverser le monde à leur manière ? Faut-il qu'elles soient la partie subrogée ou accompagnatrice de l'homme, ne peuvent-elles s'avancer sans être « la moitié de », selon l'expression consacrée ? Elles sont humaines autant, et n'ont à ce titre rien à démontrer.

La tradition hébraïque en apporte la preuve, où elles apparaissent dispensées de porter les téphilines (et non pas, comme on le croit souvent, interdites de s'en orner). Les téphilines symbolisent la descente et la distribution sur le corps de l'énergie, par la voie de l'Echange Latéral induit depuis la tête par le cubique, fixé sur le front contenant quatre compartiments (les quatre niveaux d'organisation du Pardès). Ils enroulent le bras gauche et signalent ainsi les cycles du « faire » devant se terminer au niveau des doigts marquant la terminaison nerveuse. Rappel de la loi du « Stop » intervenant sur la Gauche « Qui fait » enroulée par la droite « Qui Sait ». La description des téphilines et leur fonction symbolique est donnée dans le livre « La mission juive ». Les téphilines sont un rappel  mnémonique, comme un nœud que l'on ferait dans un mouchoir pour se souvenir de quelque chose d'important, destiné au secteur viril de l'humanité. Rappeler afin que l'on s'en souvienne, car les hommes seraient donc susceptibles d'oublier ? Obligation rituelle pour les hommes de cette tradition de se nouer tous les jours les téphilines, si bien que l'oubli ne peut survenir sur un acte qui finit par devenir un automatisme de l'esprit. L'ordonnateur du rituel — Moïse en personne, sur injonction divine — a-t-il établi ce symbolisme afin de protéger la leçon sinaïtique de l'inadvertance ? Qu'est-il besoin de redire aux hommes ce qu'il serait inutile de rappeler aux femmes ? Les téphilines sont un rappel du processus créationnel, la descente de l'énergie, l'inversion et l'échange latéral. Privilège des femmes d'être connectées directement sur ce processus et de pouvoir le gérer, par délégation même des forces de vie. Une femme enceinte finit (normalement) par savoir qu'elle l'est sans qu'il soit nécessaire qu'un intermédiaire mémoriel le lui rappelle. Quant aux hommes… les femmes savent bien qu'ils ont la mémoire courte quant à leurs actes dont ils sont comme déconnectés quand il s'agit d'en assumer la responsabilité jusqu'au bout. Aller jusqu'au bout ne leur est peut-être pas réservé ?

il est certain qu'après la copulation, la femme se retrouve rapidement seule face aux conséquences de l'acte commis à deux, étant seule porteuse de l'ovocite fécondé. Le mâle est détaché physiologiquement de la suite évolutive conséquente au transfert du spermatozoïde. Le secteur « Qui fait »… fait le nécessaire. Jalousie masculine d'être moins bien pourvu face au réel ? Les hommes seraient-ils plus démunis que les femmes, face au monde ? Réagissent-ils à cette faiblesse par un surcroît de volonté compensatrice et d'affirmation de puissance ? La psychanalyse y verrait-elle le complexe du tyran qui ne serait, somme toute, qu'un amoindri en quête du surmoi jupitérien ?

 

Les téphilines inscrivent sur le corps masculin un acte culturel renouvelé de jour en jour, afin que se transmette la mémoire des concepts qui ont présidé à leur élaboration. Redire sans cesse l'obligation de l'Alliance, des principes de Liberté qu'elle pose, et du Code des archétypes sur quoi elle est fondée, en même temps que le Code Alphabétique. Les téphilines sont eux-mêmes une visualisation d'archétypes serrés sur le corps, destinés à être vus et sentis, mettant en valeur le Cerveau, les niveaux d'organisation, la descente d'énergie sur le corps (la descente séphirotique), la notion des cycles enserrant le réel, l'enroulement sur le bras gauche évoquant le réalisme de la projection énergétique venant de L'en Face,  la ligature du doigt en terminaison cyclique sur un doigt de la main gauche dont la fibre nerveuse cependant appartient à la descente homolatérale de gauche rappelle la nécessité de contrôler le secteur Qui Fait. C'est la Droite qui enroule la Gauche, le Qui Sait qui maitrise le Qui Fait et non le contraire. Grande leçon que savoir lequel des deux secteurs dirige la marche de la civilisation. Il est clair qu'en ce moment, par la domination des technosciences et leur emprise sur toutes les décisions, c'est le Qui Fait qui a pris les rênes. Le Qui sait est écrasé, nié. C'est pour prévenir cette amnésie (l'homme sans mémoire) que fut mis au point ce rituel spécifique contraignant la gente virile.


Le patriarcat en cause

Ayant pris connaissance de mon texte sur les féminicides, dans un échange amical, la professeure Manon Garcia, Université de Harvard, m'a écrit pour me rappeler que « des gens sérieux écrivent sur ce sujet depuis environ quatre décennies », dont elle-même. Aussi, m'explique-t-elle, qu'avant d'avancer ce qu'elle appelle plaisamment mes « lumières », j'aurais été bien inspiré de m'instruire de ces écrits. C'était me renvoyer aimablement sur les bancs de son école, avec prière de prendre des notes, ce que je fais volontiers d'autant que sa thèse m'a intéressé. Elle est subtile et je la cite volontiers.

Son livre dont elle m'indique le titre en Anglais ne manque pas de conviction. Elle est convaincue que la soumission des femmes est la conséquence directe de la civilisation patriarcale. L'autorité virile construite en système recouvre alors l'être féminin au point d'en obtenir l'assentiment de son esclavage au service de l'homme surdimensionné en Père-Patriarche tout puissant, quasi divinité exigeant la prosternation féminine. Tout le système des hiérarchies conscientes ou non serait édifié sur cette donnée imposée… Par qui ? L'inventeur du Patriarcat serait-il un homme ? Dieu lui-même se serait délégué sur les hommes en leur conférant son autorité ? Dieu étant lui-même… un homme ? Autant de questions passionnantes… que la science ne résout pas.

Est-il possible de réfléchir autrement à ces questions qu'avec la méthodologie « pure » des sciences ? En effet, compte tenu de l'extension du phénomène des féminicides, de la cruauté et de la violence que subissent les victimes, il me semble que toute réflexion positive — et la mienne l'est assurément — mérite d'être considérée. La délivrance des victimes nous concerne tous, et si le moindre péquin ou extraterrestre pouvait apporter une solution heureuse, je la considérerais avec attention. Car sait-on jamais : j'ai observé bien souvent que la vie nous mettait en relation avec des personnes a priori fort éloignées de nos préoccupations mais dont l'avis inattendu, parfois surprenant ou « hors de clous » apportait une nouveauté propre à éclaircir la question que nous n'arrivions pas à résoudre. Aucune recherche n'est à écarter, d'autant qu'il existe des travaux exemplaires qui non seulement permettent de réfléchir sereinement à la question des féminicides, mais qui ont exploré, depuis 3000 ans, la réalité des relations homme/femme sous le regard inspiré de la tradition fondatrice de l'abrogation de l'esclavage. Le Zohar est à ce titre une référence incontournable dont tout chercheur prendra connaissance, en ce qu'il a travaillé puissamment sur la différenciation des genres, bien avant que la sociologie ne découvre — miracle des sciences ! — que les hommes ne pensaient pas comme les femmes et inversement.

 

Je ne crois pas que le patriarcat soit fondateur de l'oppression des femmes. Le système patriarcal pose l'autorité des pères, mais n'amenuise pas celui des mères, ni celui des femmes en général. La tradition abrahamique dont nous savons combien elle a fondé de rites et de cultures, n'affirme en rien la soumission féminine et m'amoindrit pas les femmes. Remontant plus loin — irons-nous jusqu'à Adam et Eve ? — on ne voit nullement Adam écraser Hava d'un quelconque machisme. Elle fait ce qu'elle veut, et même uniquement ce qu'elle veut — ce qui ne manque pas de poser quelques problèmes. Elle exprime les forces du « Qui fait » dont la vocation est… de faire et pour qui la notion de l'arrêt (Tzadé final) n'existe pas. Si elle ne l'a pas observé, cet arrêt, c'est qu'Adam ne lui a pas assez expliqué. Il dormait, le brave homme, tandis que le Serpent la manipulait. Hava, dès lors, s'écrit sans Yod et qu'elle n'est pas considérée comme la fondatrice d'une humanité révélée à elle-même. Elle est la mère biologique d'une humanité devant (encore) s'instruire de la loi qu'elle-même a ignorée. Cette loi ne s'est jamais perdue, n'en déplaise aux adeptes du « paradigme perdu ». Elle s'est transmise, redonnée à Seth le troisième fils d'Adam, puis confiée à la lignée menant à Abraham, prolongée par Isaac et Jacob… et se poursuivant de nos jours.


Dans la narration biblique, le patriarcat ne semble apparaître que tardivement comme institution sociale, avec la généalogie aboutissant à Abraham où les successions indiquent la transmission de la lignée paternelle. Le Patriarche ne semble pas exiger la soumission de sa jeune épouse. Est-il nécessaire de rappeler que Sarah était en fait sa nièce, fille du frère d'Abraham ? Le mariage interclanique n'avait rien d'exceptionnel et cette modalité se retrouve entre Isaac et Rebecca, entre Esaü et Mahalat (fille d'Ismaël), entre Jacob et ses cousines Léa et Rachel. Il n'apparaît, dans aucune de ces unions, que le patriarcat ait été l'instrument de la soumission des femmes.

Saraï devient Sarah, non par réverbération ou décalque de l'autorité d'Abram, elle gagne le de son nom par ses propres qualités, en égalité avec son époux quand il devient, lui aussi, dépositaire de cette lettre en s'appelant Abraham. C'est elle qui préserve l'unité clanique, quand elle exige que Agar, la servante, soit écartée. C'est elle qui exige le bannissement d'Ismaël, ce à quoi Abraham se résout. Qui peut croire que Sarah ait jamais été une soumise ?

Isaac épouse Rebecca. C'est elle qui organise, à l'insu (réel ou feint) de son mari, la substitution de la bénédiction au bénéfice de Jacob alors qu'elle devait revenir, selon la loi patriarcale favorisant l'aîné, à Esaü. Elle bouleverse et transgresse la Loi patriarcale en modifiant la lignée héréditaire de la bénédiction. C'est elle qui fait partir Jacob afin qu'il rejoigne son oncle, Laban (frère de Rebecca) et y trouve femme. Isaac, aveugle, est appelé, lui aussi, Patriarche. On ne le voit pas contraindre son épouse tant elle décide, organise, prend en main la destinée non seulement du clan mais de la descendance…

Enfin, qui peut croire que Jacob — troisième Patriarche de la tradition — ait soumis les femmes qu'il épousa ? Il en eut plusieurs, Léa, Rachel et leurs servantes respectives, Zilpa et Bilha. On ne le voit jamais exercer de coercition sur aucune d'elles, même après son dépit d'avoir dû épouser Léa alors qu'il espérait Rachel. Son clan, quatre épouses, douze fils et une fille, n'est en rien un groupe soumis à quelque violence de sa part. L'amour qu'il a pour Rachel est absolu, soutenu par un respect profond, non moins partagé pour ses autres épouses. De ce petit clan naîtront les douze tribus d'Israël, sans que les Patriarches aient instauré un système opprimant les femmes.

On notera que dans la tradition hébraïque où le patriarcat est solidement établi, la transmission de l'identité, de l'appartenance au clan, à la tribu, à la communauté, se réalise par les femmes. On est juif par la mère. (Mais il existe certes d'autres voies d'accession à la tribu de Jacob, et l'engagement personnel au service de l'Esprit n'en est pas la moindre.) En tout état de cause, tout juif naît libre, homme ou femme, et ne peut être soumis à quiconque en vertu même de la sortie d'Egypte, ordonnée par le Dieu libérateur. Et comme « nous étions tous au Sinaï », les générations présentes et futures, cette liberté inaliénable s'étend à l'universalité… à tous les peuples, toutes le cultures.


La suite dans un prochain blog

Retrouver les articles précédents :

Féminicide, lecture initiatique 1/4

Féminicide, lecture initiatique 2/4


jeudi 1 juillet 2021

Féminicide. Lecture initiatique 2/4

Féminicide. Lecture initiatique (2/4)
Par Dominique Bumenstihl-Roth ©
Suite de la première partie 1/4

Fuir, disions-nous. C'est le protocole de la survie…
Aller de l'avant, et se rappeler qu'il reste un chemin à parcourir pour échapper au long bras du tyran. Tout attardement en route donne au poursuivant une opportunité de nous rattraper. Il s'agit en effet de gagner ce que la Tradition appelle « le second lieu ». Un lieu qui, de loin, nous appelle et nous tire vers lui à mesure que nous nous éloignons de l'oppression. A chacun(e) sa terre promise, de longtemps prévue, dans l'attente de notre arrivée. Mais le chemin d'accès est étroit et s'effectue selon la guidance des signes. C'est là qu'il est bon d'être quelque peu initié à la lecture des signes et symboles. C'est à cela que sert la Connaissance : nous aider à passer le cap et parvenir en lieu sûr.
 
Comment échapper aux « tentacules » du tyran qui pourraient à nouveau nous enlacer ? Tout d'abord ne pas se croire tiré(e) d'affaire parce qu'on a décidé de partir… Encore faut-il prendre le large, et vite. La vitesse de l'action est un élément déterminant. Ni se fier aux promesses ou invocations sentimentales que pourraient parfois nous donner nos meilleurs amis bien intentionnés qui s'imaginent qu'avec une attitude « bisounours » on viendrait à bout de l'adversité. Ces conseillers là, parfois des proches épris de sentimentalisme, n'entendent rien à la nécessité de survivre : ils vous disent « mais tout de même, après tout ce que vous avez vécu ensemble… Toutes les belles choses en commun… Tu dois lui donner une chance… Ce n'est pas ce qu'il a voulu… » A ceci près que les bleus sur le corps et les entailles, c'est vous seule qui les portez.
Ne croyez en rien les beaux serments et engagements que pourrait donner le tortionnaire. La main sur le cœur et même à genoux devant vous, cela est bien flatteur quand ce n'est que comédie qui ne lui coûte rien. C'est de manière résolue que le départ s'ordonne et s'organise, avec le moins de paroles possible, sans débat ni interminable discussion qui ne font qu'affaiblir la résolution et user les forces. On ne négocie pas la valeur d'une télé, d'un fauteuil ou d'un réfrigérateur avec qui vous tient un couteau sous la gorge. On part, on reste fidèle à son être. On agit vite.

Dans le labyrinthe…
On entend les murmures… La vie, enfin retrouvée hors les murs de l'oppression peut enfin parler. Tout renaît peu à peu, bien que tout ne soit pas encore gagné. Le réel, le monde, la nature… tout se met à parler, à indiquer la route à suivre. Et plus on se fie à ces indices, plus ils s'expriment en partenaires de dialogue. Le chemin s'écrit, les pas se posent dans la piste tracée. D'infimes indices se suivent, apparaissent sous formes de symboles, de plus en plus explicites… Une lumière, encore lointaine, frémit, elle est visible, on s'avance, elle nous tire. C'est l'appel du futur, déjà sensible dans le présent, qui lance de loin son invitation à rejoindre la nouvelle demeure. Des amis nouveaux se présentent… garder en tête l'idée de ne pas régresser, pour rien au monde. Toujours de l'avant, on se débarrasse des vieilles carcasses — la vieille voiture symbole du poids de l'antériorité et l'on ose se doter d'une nouvelle « monture ». De nouvelles lunettes, nouvelles chaussures… Autant d'actes symboliques porteurs de sens, que l'on enrichit de sens et de signifiants qui évoquent la renaissance. 

La pleine connaissance du Code des archétypes est d'une extrême utilité pemettant de comprendre et de votre propre situation dans le cycle.

On serait tenté de… renouer. 
Redonner une seconde chance… Allons donc ! Cessez de rêver, et ne devenez pas la future victime qui pourvoie le bourreau de l'arme dont il usera. Ne le reprenez pas avec vous, ne retournez pas chez lui… Devenez autre, devenez nouvelle, vous arrachant du statut qu'il vous a imposé. Facile, très facile d'écrire ces lignes… Mais l'avertissement pourrait servir : en aucun cas la « conciliation » après les coups ne fonctionne. Ce sont de fausses légendes, que ces histoires de couples heureux qui se retrouvent après tabassage… Légendes racontées par les victimes elles-mêmes qui augmentent leur malheur par le récit fantasmagorique d'une prétendue « réussite ». C'est le syndrome des « marmites d'Egypte ».
La délivrance ne fonctionne que sur la clause définitive du non-retour. La liberté humaine, féminine, est un fait. Elle n'a nul besoin d'être sans cesse rappelée, justifiée comme une revendication. Elle est, par essence, inaliénable. Et m'appuyant sur la Torah, je dirais qu'elle est très clairement de droit divin.
Aucune discussion amiable — qui ne restera amiable que le temps calculé du retour de l'emprise — ne peut s'engager dès lors que le stade du Tzadé final est atteint. En ce lieu, les échanges latéraux cessent. Il n'existe qu'un seul recours, c'est l'abandon de ce site et le transfert de l'énergie projetée sur l'avenir, sans la présence adverse qui n'est pas autorisée à accompagner l'énergie. Quitter l'épave sombrante car elle est irréparable et accepter de monter dans la modeste chaloupe qui se présente. Et ne pas prendre à bord celui qui a percé la coque. Galère ? Malgré les tumultes, le radeau reste à flots et l'on voit apparaître des alliés efficaces qui confirment et aident à tenir bon. On entend encore les cris, les vociférations — qui deviennent tantôt supplications — du tyran qui voudrait se racheter… qui même demande « pardon », s'engage, promet… On lui répondra : « J'ai déjà donné. Je ne donnerai plus. »

— Les marmites d'Egypte
Une réitération momentanée se propose, à l'instant où l'on pense avoir franchi la Mer Rouge. Une tentation de régression… bien connue dans la Torah, c'est l'affaire des « marmites d'Egypte ». Les hébreux ont quitté le territoire de l'oppression, le passage du désert est difficile, et les récriminations prennent corps : le peuple se lamente, s'impatiente et invective Moïse lui reprochant de l'avoir arraché du pays dont ils se rappellent l'opulence. Le peuple regrette les bons repas, les marmites pleines de nourriture que lui prodiguait Pharaon… Fantasmagorie totale, hallucination collective, car jamais il n'y eut ces bons fumets de viandes qui viennent ennuager l'imaginaire des anciens esclaves. Ils étaient enchaînés, mais au moins avaient-ils assez à manger… tel est le grief que l'on porte à Moïse. « Retournons en Egypte, demandons pardon et nous aurons droit, à nouveau, à la bonne nourriture… » Ce phénomène de délirium chez un peuple traversant le désert peut survenir chez la femme s'arrachant de son Pharaon personnel (ou —pardon— de l'homme s'arrachant à sa Pharaonne !) Elle a pris la bonne décision, elle a tout mis en œuvre pour partir, elle est en route, ce n'est pas facile car le labyrinthe est un chemin caillouteux ; elle est courageuse et avance mais soudain, une sorte d'hallucination s'empare de son esprit qui lui fait oublier la réalité de ce qu'elle a quitté. Elle ne se souvient plus des coups, des insultes, des humiliations, elle oublie les mauvais traitements et transforme le vécu réel en une fausse légende constituée d'un faux bonheur auquel elle aurait, par sa propre faute, renoncé. Le monstre est idéalisé, la torture fantasmée en douceur, une terrible inversion se réalise dans l'esprit de la victime qui ne rêve plus que de revenir vers ce paradis perdu. « C'était l'homme idéal, c'était une vie merveilleuse, nous étions tellement heureux », tel est le chant qu'entonne la victime quand son esprit vacille dans cette construction délirante. Qui rapidement se complète par l'autoculpabilité : « si tout a échoué c'est à cause de moi, et si j'ai essuyé des coups, c'est parce que je le méritais… »
L'épisode des « marmites d'Egypte » est  jugulé dans l'histoire de la Sortie d'Egypte par une prompte reprise en main. Le délire cesse dès que la parole réaliste ramène le peuple à l'objectivation de la situation. Là encore, le soutien d'esprits lucides s'avère utile, indispensable, pour accompagner une femme qui veut se dégager de cette phase systémique du processus libératoire où elle risque la rechute. Cela est valable dans toutes les situations sociales où s'exerce l'emprise d'un être sur un autre, quelque soit le genre. Un homme peut tout aussi bien être réduit à la soumission par une femme ou par un autre homme…

— Amaleq
Le chapitre de la Sortie d'Egypte, dans Exode, apparaît comme un précieux guide. Ce n'est pas seulement la relation d'un événement historique ayant marqué la libération d'un peuple par son Dieu, mais un guide qui indique les étapes obligatoires et les obstacles que tout prétendant à la délivrance rencontre sur son chemin. On y repère l'emprise réitérée, le refus du « lâcher-prise » par le tyran, sa détermination d'aller jusqu'au bout, son propre vertige de pouvoir qui l'amène à commettre le crime. On y voit aussi la solution heureuse, la technique et l'exemplarité d'un sauvetage réussi sous la bonne guidance.
Tout semble aller pour le mieux, après la « sortie ». Les écueils ont été évités. On respire, une fois de « l'autre côté », ayant mis la distance avec le poursuivant. Le tyran lui-même semble se calmer. On peut se croire à l'abri… Or là, « vint Amaleq ». Non pas brusquement, par une attaque subreptice, mais par une subtile infiltration, il s'était déjà introduit. On se croit sauvé que l'on se retrouve face à une personne qui réitère la volonté pharaonique dont on se croyait à l'abri. Pharaon est derrière nous, mais Amaleq apparaît, qui nous suivait sans que l'on s'en aperçoive, qui savait notre histoire, qui attendait notre relâchement, qui attendait de nous frapper. Et c'est, à nouveau, une lutte, cette fois rapide et décisive, qui doit être menée de manière résolue. Amaleq doit être vaincu. Ne pas fuir devant lui mais rassemblant toute notre énergie, lui dire, lui montrer, lui imposer ces mots : « pas avec moi ».

Amaleq est le prince de l'obscur qui attend, à l'entrée de l'autre côté, que nous arrivions. Il nous voit venir, nous suit quelques temps, s'insinue puis passe à l'acte. Dans la Torah, il s'attaque aux Hébreux après qu'ils aient passé la Mer Rouge. Il détruit les retardataires et s'avance peu à peu jusqu'au cœur du peuple dont il ronge la conviction de se sauver avant de lui porter la mort. Amaleq est l'entité du mal absolu. Et il en existe, dans nos vies, des suppôts d'Amaleq ! Non pas ces « petits tyrans » qui nous harcèlent, mais ces monstres insidieux qui calculent notre perte et l'organisent.
Dans la vie sociale, Amaleq serait cette emprise politique du faux renouveau que l'on nous promet (« rien ne sera comme avant, il faut sauver la planète, nous allons vers la civilisation du bien-être… ») quand tout au contraire les mêmes imposteurs font en sorte que tout ce qui a conditionné le désastre soit nié… pour mieux le réitérer. La science même, avec ses indéniables réussites, semble être tombée dans l'escarcelle d'Amaleq, elle crée autant de monstruosités qu'elle prétend en résoudre… pour notre bien et au nom de grands principes.

Amaleq — dont le nom se termine par un Qof — connaît le projet de libération et d'élévation. Il connaît le Qof, le donne à voir, comme une montagne qui se dresse en bout de course. Amaleq tire à lui le chercheur de vérité, il lui propose un récit d'universalité par le Mem : un faux humanisme et il n'a que ce mot à la bouche comme élément de langage calculé. Il songe à l'enseigner (Lamed), mais à condition de n'atteindre jamais le Qof, rejeté indéfiniment en arrière de son nom. Du Qof il ne donne que l'ombre, la promesse, mais ne permet ni qu'on l'atteigne, ni que l'on en franchisse les pentes vers les trois lettres résolutoires Resch, Schin et Tav de l'Alphabet. Amaleq est l'obstacle. Il est capteur de l'énergie qu'il empêche de monter tout en laissant entrevoir cyniquement le Qof auquel il interdit l'accès. Il est l'anti-Moïse, exterminateur de la conscience dont il interdit l'éveil tout en promettant d'en être le guide. Nous pouvons, hélas, rencontrer de tels individus. Leur intelligence est remarquable, tout au service de la perversité amusée de nous voir tomber sous leur domination : leur processus intellectuel destructeur dépasse l'ordinaire de la méchanceté classique. Pour l'initié, Amaleq est identifiable à des caractéristiques précises qui ne sauraient se résumer à ce que les experts appellent des « pervers narcissiques ». Ils sont au-delà du narcissisme, leur but n'étant pas de se mirer dans une glace mais de détruire la montée en Qof par les moyens même qui permettraient d'y monter.
Amaleq s'instruit de la Connaissance, se forme à son école, connaît les stratégies de libération… pour mieux les anéantir et s'avancer en pseudo-libérateur. Il a même l'audace de parader, d'afficher la Connaissance comme étant le but de sa recherche… Il prône la « Connaissance de la Connaissance » s'empare de tout ce qu'il en a appris, se gausse d'un langage savant qui fait illusion : on l'admire, idole intellectuelle de notre temps. Son stratagème cependant perce : il rejette tout ce qui vient du secteur du Sacré mais s'en accapare le prestige en exploitant la connaissance qu'il en a, sans jamais reconnaître que c'est la source qu'il détourne. De là, l'éblouissement des esprits déroutés qui voient en lui un génie : bien que sanctifié par une élite bernée, ce n'est qu'imposture. Elle prendra fin.

La Délivrance, obligation envers soi-même
Il existe heureusement de précieuses gemmes œuvrant à la conscience de la Liberté, des auteurs dont l'œuvre restera. Parmi ces perles rares, les ouvrages de mon Maître, que j'ai déjà cités, où l'on trouve un enseignement éclairé, stable et sûr. Je n'hésite pas non plus à mentionner le livre de Raphaël Draï, La Traversée du Désert qui rappelle qu' « accéder à la liberté, c'est aussi assumer sa responsabilité ». En effet, la liberté fut inventée, non par les humains mais par Anokhi, — c'est le nom de Dieu se présentant comme Je suis celui qui.  Cette liberté repose, selon la Torah, sur l'interlocution entre ce Dieu et l'homme donnant lieu à un « contrat », appelé « Alliance » (Berit) construit sur la libre acceptation. Ce premier « contrat » passé avec le Locuteur sinaïtique ne se réalise qu'après que le peuple soit « sorti ». La liberté est la condition sine qua non de la révélation. Dieu ne se dévoile que face à un peuple libre et non à un peuple soumis. La Délivrance fut ordonnée, et prise ; c'est un acte essentiel de l'émancipation de l'être dans son rapport à l'Autre. La Délivrance comme obligation que l'être a envers lui-même. La Révélation, vécue au Sinaï, n'a jamais écarté les femmes de son projet. C'est à égalité qu'elles furent libérées.
Le féminicide est synonyme de liberticide. Il est réitération pharaonique cherchant à entraver l'émancipation humaine. Une émancipation qui a besoin d'être constamment arrachée de l'oppression. La liberté engage également la responsabilité et l'autonomie. Insupportable élargissement de la moitié de l'humanité ? La liberté au féminin doit se prendre, comme révélation à elle-même au travers d'une parole que la femme doit se dire : l'esclavage est aboli depuis des millénaires, et interdiction est faite, par la Loi même qui a ordonné la liberté, de perpétuer la soumission d'un être à un autre. La coercition ne peut prospérer dans une société où chaque femme, pour elle-même et pour toutes ses semblables, marque le territoire de sa liberté reçue… de droit divin et conquise de lutte humaine.
 
La suite dans un prochain Blog