Rechercher dans ce blog

Translate

mardi 20 décembre 2016

Connaître et maîtriser son "Allié". Une leçon de Dominique Aubier. Partie 2/5

Connaître et maîtriser son Allié (2/5)
Suite de la leçon sur l'Allié, un concept initiatique expliqué par Dominique Aubier. Traduction et transcription de la conversation avec une personnalité politique espagnole, ancien ambassadeur d'Espagne, ministre, sénateur, Président de la Région de Galicia jusqu'en 2010. Entretien enregistrée sur magnétophone à cassettes Telefunken, en 1991 à Carboneras, Andalousie.

 
Dominique Aubier :  — Tenez, je connaissais un jeune homme dont l'allié était la paresse.
Ministre F. I. : — La paresse, pour allié ? Voilà qui est étrange !… 

Mon magnéto tournait, prenant copie de toute la conversation… "Un jour cela sera utile" m'avait dit Dominique Aubier… Enregistré sur cassette 90 mn Agfa. Relevé.


4. Suite de la leçon sur l'Allié
— Mon gaillard était un athlète remarquable, reprit Dominique Aubier : un corps doté d'une musculature superbe ! De plus, il était doué : sans effort, il s'était imposé dans toutes les épreuves régionales d’athlétisme. Les entraîneurs nationaux l'avaient repéré et pensaient en faire un champion olympique de courses. Mais rien à faire, il s’est découragé au bout de quelques semaines. Il a ensuite été sollicité par le football où il excellait. Un surdoué ! Là aussi, il s'était fait remarquer par son talent naturel. Mais de là qu’il accepte de suivre les entraînements ! Chaque fois qu’une opportunité professionnelle pointait à l’horizon, l'Allié se mettait en travers de son chemin. Il sombrait dans la paresse absolue. Je l'ai rencontré quand, prenant de l'âge, il s'est rendu compte qu'il avait gâché des chances fabuleuses. Il m'a confié que la paresse était chez lui pire qu'une drogue : elle lui tombait dessus comme une chape… mais une chape de bonheur, il en devenait amorphe… et heureux de l'être.
 — Comment s’en est-il sorti ?
 — Je l'ai embauché. Je lui ai confié une liste de travaux à exécuter dans la propriété. Pendant deux jours, il a sincèrement essayé de travailler, mais au troisième, je l'ai surpris qui se pelotonnait dans un hamac. Son allié l'avait vaincu, une fois de plus… J'étais prête à le renvoyer. Quand soudain a surgi la couleuvre…
 — Un serpent ? J'imagine qu'il a sursauté !
 — Et comment ! Il y en a de belles, ici ! Dans le désert d'Almeria. Deux mètres de long ! Tandis que notre indolent se prélassait, le reptile s'était glissé dans son hamac. Au réveil, quand il s’est aperçu qu'il dormait avec un serpent, mon jeune ami a bondi de terreur. Le hamac s'est retourné, les jetant tous deux à terre. Le serpent l'a regardé droit dans les yeux… J'ignore ce qu'il lui a dit, mais la panique a été phénoménale. Il s'est mis à crier, en se plaquant contre le mur de la terrasse. J'ai accouru, croyant à un accident. Juana, la gouvernante de la maison, elle, était, totalement indifférente au serpent. Elle a tendu un balais à notre paresseux en lui disant : "Allez, idiot, mets-toi au travail au lieu de pleurnicher, et dégage-moi ce "bitcho". Notre pauvre jeune homme était dans un état de tremblement invraisemblable, électrocuté par la vision du reptile et surtout d'avoir pratiquement dormi avec lui. Cette terreur lui est restée, et depuis ce jour, plus jamais le paresseux ne s'est assoupi. Dès que ses paupières commencent à lui peser, la terreur s'empare de lui… Le spectre du serpent le tient éveillé. Le mot, à lui seul, le terrorise. On ne peut le prononcer en sa présence. D'ailleurs, dans le village, les gens ne le prononcent pas. Ils parlent de reptile, de "bitcho", mais jamais de "serpiente". Eh bien prenez l’exemple de notre énergumène. Ayant vu son allié, il a été terrorisé. Il a lutté, il l'a vaincu. Attention, ce n'est pas le serpent, son Allié, mais la force qui attire le serpent, donc sa paresse voluptueuse… Son destin était d'être un actif, un acteur impliqué… Son Allié tirait à lui toute sa force pour le faire échouer et l'anéantir…


— Et qu'a-t-il fait, Señora ? Cela devrait être extrêmement éprouvant pour lui.
Pendant quelques jours on ne l'a pas revu. Puis il est revenu pour essayer de comprendre. Sa tentative de compréhension était déjà une victoire.
 — Comprendre serait donc un "acte de pouvoir" ?
— Absolument, monsieur le ministre. Comprendre un phénomène, c'est le réduire à son intelligibilité, donc le cerner. Identifier l'Allié, le repérer, comprendre son langage. Le vaincre en ne le laissant pas dominer. Conclusion, il s'est mis au travail. Et dès lors, la paresse, au lieu d'être la ruine de son existence, s'est transformée en indicateur de destin. Il a compris que chaque fois que quelque chose d'important se désigne à lui, l'allié se manifeste. L'invitation à paresser devient pour mon ami le signe positif de redoubler d'attention, de s'impliquer et de retrousser ses manches… Il a dû son réveil à l'aide supérieure du reptile. C'était une grâce. Pour d'autres, il faut mener un combat beaucoup plus difficile. Pour lui, ce fut un changement radical. Et pour vous, M. le Ministre… votre Allié… vous en avez une idée ? Vous avez certainement rencontré quelque démon dans votre vie autour d'une thématique centrale qui serait votre Allié…
— Si j'ai bien compris, vous me demandez de me livrer ? Je crois que je pourrais vous surprendre…

La suite dans un prochain Blog… si cela vous intéresse…
Connaître et maitriser son allié : 3/5 suite
— L'allié d'un homme politique…
— Comment cerner son allié
— Qui est-il ? 

Je remercie les lecteurs qui apportent leur soutien pour ce blog et leur mécénat pour l'œuvre de Dominique Aubier.


mardi 13 décembre 2016

Connaître et maîtriser son allié.

Comment connaître et maîtriser son Allié. (1/5) 

par Dominique Blumenstihl


(selon les notes prises lors d'une leçon de Dominique Aubier enregistrée en Espagne. 1991, en conversation avec le ministre et Sénateur de Galicia.)

Qui n'a pas remarqué que dans sa vie, certains thèmes revenaient sans cesse ? Nous nous interrogeons sur le caractère répétitif de certaines de nos tendances, parfois irrépressibles. Nous commettons les mêmes erreurs, fondées sur les mêmes fascinations… Et nous commettons toujours la même maladresse qui peut, à la longue, devenir un terrible défaut aux yeux des autres, et pour notre propre vie. Au début, cela prend la forme d'une petite anecdote. Puis à force, cela s'inscrit dans la vie et nous mène aux situations désastreuses.
S'agirait-il de manies, d'habitudes, de rituels plus ou moins conscients ? Comme si notre vie retombait chaque fois dans les mêmes plis… quitte parfois à nous enfoncer. Cela survient d'un coup, c'est trop fort, nous ne pouvons pas nous empêcher d'obéir à cette impulsion dont nous savons pourtant qu'elle va nous mener droit dans le mur.
Quel est ce phénomène étrange ? Et comment s'en défaire ?
C'est l'ALLIÉ.
Dominique Aubier a apporté une explication de ce phénomène dans son livre La Face cachée du Cerveau. Traduit en Anglais : The Hidden Face of the Brain.

1. L'Allié est présent tout le temps, actif en permanence.
S'agissant d'un élément actif du destin, il est à la manœuvre inlassablement. Comment le repérer ?
Il existe, dans nos vies, une force, une puissance qui exploite les archétypes à ses propres fins. C'est sur le territoire de ces intrigantes répétitions que s'active ce que l'amérindien Don Juan, de la tribu des Yaquis, appelait l'Allié. C'est Don Juan Matus, au travers des ouvrages de l'ethnologue Carlos Castaneda, qui a fixé cette terminologie, extrêmement judicieuse en ce qu'elle exprime les potentiels dont il recèle. Les traditions du monde en connaissent le principe, sous différentes appellations, mais le mot espagnol Alliado préconisé par l'insaisissable et sympathique sorcier Yaqui semble le plus adéquat.
L'écrivain André Malraux a observé, dans sa vie, la puissance de l'Allié. De son Allié personnel. Il en a même indiqué le nom. L'Allié est en effet une force qui a un nom, qui est dévolu individuellement à l'être. Le célèbre écrivain et ministre de la Culture sous De Gaulle en a vérifié la validité, constatant la permanence, tout au long de son existence, de certains thèmes récurrents, toujours centrés sur cet Allié qui se manifestait chaque fois lorsqu'il se trouvait dans des circonstances périlleuses… ou heureuses.

La notion d'Allié est très bien explicitée dans le livre Quand le Sacré fait du Cinéma où Dominique Aubier montre comment les cinéastes ont remarqué sa présence dans la vie. Ces artistes les ont intégrés dans leurs œuvres et certains films, comme Gilda de Charles Vidor (1946) ou le film chinois Pluie de Lumière sur la Montagne Vide, de King Hu (1978) donnent à voir la puissance des "Alliés", au côté des personnes qui en sont les "titulaires". Ange maudit conduisant à la perte ou au contraire, à la chance, dès lors qu'il est vaincu…« L'Allié est protecteur, c'est une entité qui s'active dans le cinéma de nos propres existences. Pour qu'il soit protecteur, il faut l'avoir vaincu. Et il vaut mieux les repérer pour s'en faire des aides plutôt que subir leur coercition et se retrouver sous leur domination. Parce qu'il est féroce, l'Allié, tant qu'il est indompté. Et que l'on ne s'imagine pas que ce soit chose aisée que l'attraper et le réduire en purée ! Parce qu'il est toujours là, à nous guetter comme un puma prêt à déchiqueter sa proie

2. Un jour, j'ai eu la chance d'assister…
à une leçon de Dominique Aubier portant sur l'Allié.
J'ai enregistré le cours et je l'ai reporté par écrit. Ce n'était pas, à proprement parler, un cours, mais une conversation. Un moment extraordinaire. Cela se passait en Espagne, dans sa maison, à Carboneras (Andalousie). Nous étions au printemps, sur la terrasse. La douceur du climat était délicieuse. J'avais souvent avec moi un magnétophone à cassettes, un vieux "Telefunken" et j'enregistrais les cigales et le bruit de la mer, histoire de faire une provision de chaleur pour l'hiver. Pas mal de conversations ont ainsi été "capturées", avec le consentement des personnes présentes.

Ce jour là, l'interlocuteur de Dominique Aubier était un homme politique venu tout exprès depuis Madrid pour la consulter. Cela se passait en 1991. L'Espagne préparait son entrée dans la Communauté Européenne qui devait intervenir en 92 et de grands bouleversements s'annonçaient auxquels le pays allait faire face, avec une réussite extraordinaire. La révolution était en marche, la "movida", comme on appelait cela.
Cet homme politique, ancien ambassadeur d'Espagne au Royaume Uni, ancien ministre, Président de la région de Galicia, chef d'un des principaux partis politiques, un homme impressionnant aussi bien par sa stature que son autorité, cherchait des solutions pour construire au mieux une politique culturelle et économique cohérente pour son pays. Il n'avait aucune crainte à venir s'instruire auprès de l'experte de Don Quichotte dont il connaissait et suivait depuis longtemps les travaux. Il avait été l'un de ceux qui avaient travaillé à la transition entre l'époque franquiste et la démocratie. Il avait soutenu le jeune roi Juan Carlos lorsqu'il sauva l'Espagne du coup d'Etat militaire. Il est resté sénateur de la province de Galicia, capitale St Jacques de Compostela, jusqu'en 2010…

La notion d'Allié le tourmentait et Dominique Aubier lui répondait, en tout respect de sa fonction, mais sans aucune circonvolution. C'est que le Maître n'avait pas froid aux yeux et ne craignait jamais de dire la vérité… au bon moment, et toujours avec les mots bien choisis — et souvent avec beaucoup d'humour

Le ton de la conversation était amical et franc.
La conversation se déroulait à huis clos. Dominique Aubier m'avait demandé d'y assister comme témoin. Avec l'accord de l'interlocuteur, il avait été convenu qu' « un jour, cette leçon pourrait être divulguée… » J'ai assisté, médusé et sidéré, à cet entretien. Je dois reconnaître qu'à l'époque, je n'y comprenais pas grand chose d'autant que tout se déroulait en espagnol. Les années ont passé. Tout devient plus clair… Je crois que le jour est venu pour divulguer cet échange, dans un esprit de partage avec tous.

3. « L'ALLIÉ… monsieur le Ministre,
commença Dominique Aubier, c'est l'élément que le sort vous désigne en guise de protecteur… Il espionne pour vous toutes les situations et vous en livre le sens. Il sait toujours tout et ne se trompe jamais. Simplement, il faut le dompter. Le maîtriser. Il faut le battre. L'allié est une force et il peut revêtir toutes sortes de formes. Il est lié à votre destin. Il peut se cacher dans un mot, dans une situation, dans le nom d'une personne… il peut être cette personne même. C'est une entité vivante, abstraite, et qui cependant prend forme.
— Une sorte de fantôme ?
— L'allié, vous pouvez le toucher, répondit Dominique Aubier. Il vous parle. Mais avant qu'il devienne votre allié, il est votre ennemi. Ce n'est qu'une fois vaincu qu'il se met à vos ordres. Et croyez-moi, il est rusé.
— Et comment faites - vous pour le vaincre ? Et qu'est-ce que c'est exactement ?
— L'allié, ce que c'est ? C'est ce par quoi s'exprime votre plus mauvais penchant. Aussi longtemps que vous vous adonnez à satisfaire sa soif, il vous domine, et c'est vous qui êtes son esclave. Il vous fait faire des choses, il prend votre énergie, vous donne en prime la satisfaction d'avoir raison, de sorte que vous êtes content de vous. La plupart des gens en sont victimes sans même le savoir. Ils n'ont pas d'allié. Ils n'ont qu'un ennemi. Mais l'initié, lui, il l'identifie, il se retrouve directement confronté à lui. Et surtout, il doit le vaincre. C'est l'épreuve de son initiation. Je vous avertis que l'Allié a plus d'un tour dans son sac pour vous mener par le bout du nez. Il vous fait croire en votre victoire, mais en réalité…
— Et comment faites-vous pour l’identifier ?
— Chacun a le sien… C’est l’endroit de notre penchant personnel le plus détestable. Au début, il vous aveugle, et vous ne pouvez pas le voir. Puis un jour, il vous fait faire quelque chose de pendable. Vous en tirez une grande satisfaction car il vous a prêté sa puissance. Il vous donne le sentiment de la domination sur les autres. Il est un acteur de pouvoir. Et là, attention. C'est là que vous êtes prié de le reconnaître. Il fait tout pour se faire connaître. Mais cela n'est qu'un début. Car son jeu consiste à se faire voir, il veut être connu de vous. C'est là qu'il commence son cirque. Il vous défie. "Ah, tu me connais, dit-il, et tu crois que cela suffit ?" Il dévoile son jeu, il vous met au défi de lui résister. L'allié, qui n'est pas encore votre allié, commence par se gausser de vous… Il vous harcèle et vous fait commettre les pires bévues… Tenez, je connaissais un jeune homme dont l'allié était la paresse.
— La paresse, pour allié ? Voilà qui est étrange !…

Mon magnéto tournait, prenant copie de toute la conversation… "Un jour cela sera utile" m'avait dit Dominique Aubier…
La suite de l'article sur l'allié dans quelques jours.


PS : ce que j'écris sur le blog est gratuit, mais protégé par le droit d'auteurs. A ceux qui reprennent ces explications, merci de citer leur source.

Vous pouvez soutenir ce Blog et l'œuvre de Dominique Aubier.


La suite de cet article : connaître et maîtriser son Allié (2/5)
Connaître et maîtriser son Allié (3/5)

Toute la série : "Connaître et maitriser son Allié"
part. 1
part. 2
part. 3
part. 4
part. 5


dimanche 20 novembre 2016

Le Devenir du Monde est lié à celui de l'Homme. Par Dominique Aubier.



par Dominique Aubier

A l'occasion du 2ème anniversaire de la disparition de Dominique Aubier, nous publions ce livre.


Photo : © Anouchka von Heuer
« On assiste actuellement à une convergence du savoir qui s'était émietté depuis Descartes et où les sciences exactes avaient pris une prééminence encore accentuée par l'esprit positiviste. Comme s'il s'agissait d'écarter le plus possible l'homme pour mieux approche la vérité. La recherche structuraliste montre quel chemin a été parcouru par la science en direction de l'enseignement biblique, selon lequel le monde a été créé d'après un plan et avec une intention que son déroulement nous révèle. En effet, en parlant de fonctionnement suivant une « structure », suivant un « modèle », les chercheurs indiquent par là qu'ils présupposent un plan de guidage qui, en unifiant l'ensemble des phénomènes, révèlerait le mécanisme général de l'univers ».

« Sont-ils pour autant prêts à accepter les données de cultures, étrangères à leur mode habituel d'investigation du réel ? L'état actuel des connaissances permet ainsi à deux langages qui paraissent aussi éloignés que celui de la science et celui de la sagesse israélite, de se rencontrer et de s'associer comme deux courants complémentaires d'une même réalité, l'un apportant la caution de sa vision universelle, l'autre la certitude de son expérience historique éprouvée. Le tout au service de la vie dans une dialectique fécondante : étape organique — étape fonctionnelle qui a toujours été préconisée par la tradition juive et qui doit projeter un éclairage de rationalité sur tout ce qui existe.
Voilà du coup, légitimé, après des siècles d'intolérances intellectuelle ou de ricanement voltairien d'une pensée scientiste, l'un des fondements du message biblique : la dialectique Univers-Homme, le devenir du monde lié à celui de l'homme ». 


« Et l'on voit ainsi se dessiner le mouvement qui devrait mener la science qui est recherche des processus naturels, du comment des choses, à demander le concours d'une sagesse qui s'est toujours prétendue lectrice de l'événement, du pourquoi des choses. En possession des forces peuvent conduire à une apocalypse, l'homme d'aujourd'hui, apprenti sorcier de sa création mécanique, sent l'impérieux besoin d'interroger le monde des réponses ».

« Le discours biblique repose sur l'affirmation d'un monde créé suivant un plan et dans une intention. Il invite donc à un mode d'emploi judicieux de la vie qui a une direction vers son accomplissement. « La Bible est une réponse à la question : qu'est-ce que Dieu demande de nous ». Elle indique la Loi, elle en souligne l'importance et laisse à l'homme la liberté de choisir entre le bien et le mal, c'est-à-dire entre la vie et la mort tout en l'encourageant à choisir la vie avec le bien. L'existence humaine n'est donc ni accidentelle, ni dérisoire. Du choix de l'homme, de son comportement, dépendent son propre bonheur autant qu'un équilibre naturel. « Si vous êtes dociles aux lois que je vous impose… je donnerai à votre pays la pluie opportune… et tu récolteras ton blé, ton vin et ton huile… Prenez garde que votre cœur ne cède à la séduction que vous ne deveniez infidèles… la colère du Seigneur s'allumerait contre vous, il défendrait au ciel de répandre la pluie et la terre vous refuserait son tribut… ».

« Cette apostrophe de Moïse, l'une de celles qu'il n'a cessé d'adresser au peuple témoin  pour l'instruire durant sa marche « éducative » de 40 ans dans le désert, définit bien la relation existante entre la conduite de l'homme et le fonctionnement des éléments naturels. Ce n'est pas une figure de rhétorique ou de mythologie. La parole biblique empoigne l'homme et le confronte à la vérité inflexible du réel. L'homme est libre, mais l'Univers a ses données inexorables e l'homme peut occasionner sa propre mort. Il est prévenu. Moïse, l'initié, expose les termes du pacte qui lie l'homme à Dieu : celui-ci donne la vie, la « règle du jeu » et l'initiative ; l'homme convié à collaborer à l'œuvre de la création prend les risques qui s'attachent à toute action. En conséquence le Jugement est continuel autant qu'inéluctable. Toute la Bible apparaît ainsi d'une part comme l'exposition de la conduite de l'homme telle qu'elle est souhaitée par Dieu, et d'autre part, comme l'illustration des conséquences pour l'homme de sa conduite historiquement vécue. La notion de Jugement est donc la trame permanente de l'action biblique commencée avec le premier homme faisant l'expérience de la désobéissance, et qui se continuera jusqu'au « jour du Seigneur » où les contradictions s'effaceront dans la messianité ».

« Adam, la génération de la Tour de Babel, celle de Noé, l'Égypte, Israël, les Nations, l'individu, l'humanité et ses composantes (personnes, groupes, peuples) et dans sa totalité, sont jugés et sanctionnés. Dieu n'est pas tenu, comme le serait le juge humain, de taire ses sentiments, de cacher ses préférences pour « atteindre » l'impartialité de la réflexion et de l'objectivité de la sentence. Il encourage, il favorise l'effort vers le bien. En créant le Monde, il a pris un risque : celui de voir sa créature démériter de la vie, et l'aventure humaine tourner court. Mais les dés ne sont pas pipés. L'Homme, et avec lui l'humanité, peut s'épanouir et atteindre un état édénique ; ou au contraire se corrompre et retourner au chaos. Il sait que sa liberté est dangereuse, mais que néanmoins, Dieu « attend » de lui qu'il « achève » la création en couronnant l'œuvre des six jours par la réalisation du Grand Sabbat. Les Prophètes ne cessent de proclamer la vocation de l'homme et d'indiquer la clé de la voie droite : la justice. « Dans l'histoire biblique, une seule volonté juge, décide, récompense et punit. Et cette seule volonté est guidée par le principe d'une justice absolue ».

 « Le fil unificateur qui court de la Genèse aux chroniques en une suite ininterrompue, à travers les légendes, les lois, l'accent prophétique et la psalmodie pieuse, est la quête d'une vie juste, afin d'être pur devant Dieu ». Oui, Dieu a inscrit la justice comme un des éléments fondamentaux de la création et s'il n'intervient pas dans l'usage de la liberté en laissant le pécheur faire acte d'impureté, il prend parti pour le juste en lui donnant des forces et en appuyant son action. Ce sera le rôle du Prophète — Patriarche, Homme de Dieu, Roi inspiré — de découvrir l'intention que le créateur a placée dans sa création, de puiser de son contact avec le divin une interprétation des événements, et en en tirant la leçon, de montrer la voie à suivre : celle qui doit éviter l'embûche et pas cela même conduire à la situation idéale ».

« Les verdicts de « l'Histoire » seront donc de précieuses indications en tant que correctifs du comportement individuel ou collectif, en tant que stimulations à une action ou à une institutionnalisation, en tant que préfiguration à une étape ultime. L'étude des plus caractéristiques d'entre eux permettrait d'en tirer une « notion du Jugement dans la Bible » liée à une histoire allant des origines à « l'époque future » annoncée par les visionnaires, se développant avec elle et s'enrichissant de ses apports. Nous limiterons notre analyse à la période relatée dans la Genèse, le premier livre biblique, qui couvre un cycle particulier de cette Histoire : le premier, celui qui commence à la naissance de l'Homme — par la création d'Adam — et s'achève à la naissance d'Israël comme peuple — par la descente de la famille de Jacob en Égypte. Les événements y sont présentés en situations typifiées pouvant jouer le rôle de « modèles ».
Ainsi, une « notion du Jugement dans la Genèse » pourra se dégager, dans ses composantes — la création, l'Homme seul, puis en position dialogale… — autant que dans ses conséquences et dans sa leçon ».

------------



par Dominique Aubier


Cet ouvrage exceptionnel paraît le 2 décembre 2016,
date anniversaire du départ de Dominique Aubier.


125 pages, 37 euros, expédition incluse.


MLL - LA BOUCHE DU PEL
BP 16
F - 27 240 DAMVILLE


ou sur le site internet (paypal ou par courrier)

mll(at)dbmail.com

vendredi 28 octobre 2016

La Place de l'Homme dans l'Univers. Par Dominique Aubier. Texte inédit.

Nouveau livre de Dominique AUBIER



Photo © Anouchka von Heuer
Aucune étude biblique ou recherche à partir de la Bible n'échappe à la question première de la place de l'Homme dans l'Univers. On peut même dire qu'elle présuppose cette question. Et par place de l'Homme, il ne faut pas seulement entendre sa liaison aux phénomènes qui englobent nécessairement tous les êtres par le fait de leur existence, mais également et surtout, l'effet du comportement de l'Homme sur les structures de la vie qui le portent et en reçoivent l'influence. 
Dans l'éclairage biblique, le monde de la création n'est pas seulement un cadre qui mérite d'être découvert, il est d'abord le lieu de l'aventure humaine qui va le peupler, l'animer et, en le faisant vivre, le légitimer. Le monde est plus qu'un simple décor au drame humain. Il y a relation réciproque entre les éléments qu'on peut appeler naturels et ceux que l'on qualifierait d'humains. Il y a échange continu, interpénétration, correspondance entre eux.
 
Pour la Bible, ni l'Univers n'est vide, ni l'Homme isolé. Le premier n'est pas fortuit et le second n'est pas désarmé. Les deux série de phénomènes — ceux de la nature et ceux de la civilisation — loin d'être étrangères l'une à l'autre, se rencontrent souvent ; et pas de manière accidentelle, mais organiquement. On peut parler à leur sujet de deux modes d'une même réalité sous-jacente et plus profonde, celle du tissu éternel et unique de la création.
Ainsi l'homme participe — quoique la plupart du temps à son insu — à des énergies beaucoup plus vastes que les seules « mémoires, pensées, émotions et sensations » qui composent son être apparent, couramment manifesté. Et justement les inspirés bibliques — le Roé, le Nabi : voyants, annonciateurs — sont ces êtres qui par suite de disposition personnelles et d'ascèse particulière auront été capables d'effectuer la plongée dans cette nappe d'énergie première où la voix de Dieu devient audible. Mais là ne s'arrête pas leur itinéraire spirituel.

Les héros bibliques ne recherchent pas l'état extatique pour une satisfaction ou un salut personnel. Il sont surtout des éclaireurs capables de rapporter de leur expérience du divin une connaissance transmissible. Plus encore, la Parole qu'ils répercutent est un cri. Leur découverte non seulement engage inconditionnellement leur existence, mais doit aussi amener l'engagement des autres hommes. Aussi cette découverte devrait-elle déboucher sur une histoire qui est à organiser par référence à la Loi appréhendée à la source : celle de la Parole créatrice de « l'essence commune dans laquelle les êtres et les choses ont leur être. »

Les inspirés bibliques — Patriarches, Prophètes, Élus — se voient donc mériter en quelque sorte le droit d'accès à la « machinerie » de l'Univers. Leur regard peut atteindre l'intériorité des « mécanismes », quand le vulgaire n'aperçoit qu'une enveloppe extérieure. Ils sont ainsi initiés au secret des Lois qui gouvernent le monde et à leur portée ; du même coup, au conséquences qui résultent de leur transgression. Habitués qu'ils sont à une vision en profondeur de tous les phénomènes, ils inscrivent chaque événement sur la toile de fond de l'Éternel et peuvent ainsi le jauger pleinement par référence à l'absolu. D'où la valeur exemplaire de leur diagnostic, d'où le caractère pathétique de leur appel. Ainsi, pour eux, le comportement de l'homme prend une résonance infiniment plus ample que celle qui lui est reconnue ordinairement. On devine dès lors l'importance de la notion de Jugement dans la perspective biblique, soit qu'elle apparaisse comme une mise en garde ou une instance en marche, soit qu'elle se fasse sanction ou facteur d'équilibre.

La science moderne découvre à peine l'action de l'être humain sur le monde — y compris le monde physique. Du point de vue logique, elle commence à se rendre compte qu'il est légitime de concevoir que par sa seule présence au monde, l'homme doit jouer un rôle dans son économie générale. Du point de vue des mesures, elle comprend que par son niveau mental et par son psychisme tout autant que par son être physique, l'homme intervient dans le jeu des forces qui constituent la « Nature ».

On assiste actuellement à une convergence du savoir qui s'était émietté depuis Descartes et où les sciences exactes avaient pris une prééminence encore accentuée par l'esprit positiviste. Comme s'il s'agissait d'écarter le plus possible l'homme pour mieux approche la vérité. La recherche structuraliste montre quel chemin a été parcouru par la science en direction de l'enseignement biblique, selon lequel le monde a été créé d'après un plan et avec une intention que son déroulement nous révèle. En effet, en parlant de fonctionnement suivant une « structure », un « modèle », les chercheurs indiquent par là qu'ils présupposent un plan de guidage qui, en unifiant l'ensemble des phénomènes, révèlerait le mécanisme général de l'univers.

Dès lors ils semblent prêts à accepter les données de cultures, étrangères à leur mode habituel d'investigation du réel. L'état actuel des connaissances permet ainsi à deux langages qui paraissent aussi éloignés que celui de la science et celui de la sagesse israélite, de se rencontrer et de s'associer comme deux courants complémentaires d'une même réalité, l'un apportant la caution de sa vision universelle, l'autre la certitude de son expérience historique éprouvée. Le tout au service de la vie dans une dialectique fécondante : étape organique — étape fonctionnelle qui a toujours été préconisée par la tradition juive et qui doit projeter un éclairage de rationalité sur tout ce qui existe.
Voilà du coup, légitimé, après des siècles d'intolérances intellectuelle ou de ricanement voltairien d'une pensée scientiste, l'un des fondements du message biblique : la dialectique Univers-Homme, le devenir du monde lié à celui de l'homme.


------------


 Extrait du livre :

Le devenir du Monde est lié 
à celui de l'Homme

par Dominique Aubier 
Cet ouvrage paraîtra le 2 décembre 2016,
date anniversaire du départ de Dominique Aubier.

125 pages, 37 euros, expédition incluse.

Les exemplaires peuvent être retenus dès maintenant 
en écrivant à : 

MLL - La Bouche du Pel
BP 16 
(F) 27 240 DAMVILLE

ou par la page sur le site internet.

mll(at)dbmail.com

dimanche 9 octobre 2016

Ouragan sur Haïti. Lettre ouverte à l'écrivain Makenzy Orcel.

OURAGAN SUR HAÏTI

De Haïti à Israël : la mémoire de l'esclavage

M. Dominique BLUMENSTIHL - ROTH
Auteur, producteur, éditeur

Lettre ouverte à l'écrivain Orcel Makenzy,


Le 10 octobre 2016

Cher Makenzy Orcel,

Le 4 octobre dernier j'ai été invité pour la remise de votre prix Ethiophile au restaurant Procope à Paris, mais je me suis retrouvé dans l'impossibilité de monter dans le train. Au dernier moment, quelque chose m'a retenu sur le quai qui m'a empêché… Un autre rendez-vous… Rendez-vous avec cette lettre que je vous écris et que je rends publique.

Rentrant chez moi, j'ai commencé à vous écrire, car j'aurais bien aimé échanger avec vous au sujet de votre conception de la « reconstruction de l'être haïtien ». Un sujet qui vous tient à cœur.

À peine ai-je commencé la rédaction de ma lettre que j'apprends qu'un ouragan phénoménal s'acharne sur votre pays, Haïti… Des centaines de morts, une population désemparée… mais tellement courageuse.

J'en ai parlé un jour avec notre amie Mme Michaëlle Jean, la Secrétaire Générale de l'O.I.F. (Organisation Internationale de la Francophonie), haïtienne d'origine, comme vous le savez. Ma première interrogation porte sur le tellurisme haïtien. En effet, comment construire — ou reconstruire comme vous l'appelez — l'être sur un territoire soumis à de telles forces tectoniques qui rendent incertaines, instables et vacillantes toutes les résolutions humaines ? Le récent tremblement de terre, exceptionnel dans son intensité, qui a dévasté l'île en est l'illustration. Et que penser des terribles ouragans qui s'acharnent sur l'être haïtien : en concomitance temporelle — synchronicité exacte — avec la remise du prix qui vous a été décerné pour votre ouvrage « l'ombre animale », une tempête meurtrière, plus de 900 morts, a ravagé votre pays. Le Poète en vous aura été sensible à ce signe cosmique qui confirme qu'en tant qu'écrivain, maître de la Parole, vous êtes en première ligne pour tenter de construire l'homme haïtien.

Mais que peut faire l'Écrivain face aux éléments déchaînés ? Comment les racines de l'Homme peuvent-elles « prendre » quand le sol se dérobe et quand le ciel lui-même sans cesse dévaste les espérances ? N'en ressort-il pas l'errance de l'âme inquiète, en quête de sa fixation toujours remise à plus tard ? Mais aussi l'étonnante joie de vivre haïtienne, irréductible, comme recours d'espérance face aux cataclysme ?

À la nature du sol et du ciel, qui conditionnent profondément l'âme des habitants — et cela est valable pour toute nation —, s'ajoute à mon sens, pour l'île, la blessure profonde vécue au coeur de l'homme haïtien, la blessure non cautérisée de l'esclavage. Sa mémoire ancestrale semble encore saigner, liée à la déportation, l'exil transgénérationnel, l'assujettisement à la barbarie.

Je ne suis pas haïtien, mais alsacien d'origine. Et je me suis penché sur ces questions au travers de mes engagements par rapport à la Connaissance, le judaïsme et le destin du peuple hébreu. L'enseignement de mon maître, Dominique Aubier, me permet d'affirmer qu'il existe assurément de puissantes analogies entre hébreux et haïtiens, leur histoire douloureuse et le besoin légitime de se reconstruire après les épreuves de l'Histoire.

L'exemple des hébreux par son ancienneté et sa longue réflexion, donne des pistes efficaces pour mener une « politique » de la reconstruction intérieure, individuelle et collective. Je serais heureux de partager avec vous sur ce sujet.

Haïtiens et hébreux furent esclaves. Des analogies symptomatiques peuvent s'en dégager, des parallélismes dans les processus politiques fondés sur la violence subie, aboutissant à l'aliénation, la soumission, mais aussi à la révolte.

Les deux peuples eurent à affronter une puissance dominatrice et à s'en libérer.

Les hébreux, de leur côté, ne furent pas « déportés » en Egypte, ils s'y étaient rendus de leur plein gré du temps de Joseph qui en devint le vice-roi. Ce n'est que plus tard que la situation se dégrada et que les servitudes se transformèrent en esclavage. À la différence d'Haïti où les Africains furent amenés de force et réduits dès le début à l'asservissement programmé.

Par la suite, après l'épisode égyptien, le thème de la « déportation » frappa les Juifs à plusieurs reprises. Bien qu'ayant regagné leur terre, ils en furent déportés à Babylone. Il y eut trois exils successifs dont le dernier ne prit fin qu'en 1945. C'est dire que les choses se répètent. Et que la délivrance est un processus lent, qui a ses rythmes, ses cycles, ses rechutes : on pourrait, pour l'histoire des hébreux, en retracer le scénario historique avec précision et en relever les déterminations, les caractéristiques. Le tout traçant une ligne de destin maintenue pendant 3000 ans par une puissante espérance métaphysique de délivrance physique et spirituelle allant de la Révélation du Sinaï faite à Moïse jusqu'à l'ouverture des temps dits « messianiques ».

Lire à ce sujet : « de l'Urgence du Sabbat ».

L'analogie entre hébreux et haïtiens se maintient au niveau de la quête de liberté et d'affranchissement de la servilité. Il existe cependant une différence dans la réalisation de cette libération. L'hébreu, peuple unitaire, fonde sa cohérence sur un texte, sur l'écrit. Et vous savez quelle est la force de l'écriture ! C'est un monument capable de résister aux pyramides. Les Haïtiens, eux, n'eurent pas de texte sur quoi centrer l'esprit si ce n'est la philosophie des « Droits de l'Homme », une faible déclaration utopiste qu'un Napoléon Bonaparte — pharaon aux petits pieds — méprisa copieusement puisqu'il réinstaura l'esclavage après qu'il eut été aboli par la République.

Les haïtiens eurent à se libérer sur un territoire fermé, une île. Une impasse géographique. Tandis que les hébreux eurent devant eux un espace de sortie possible, fût-ce un désert à traverser. Une telle « sortie » était impossible aux Haïtiens, confinés sur leur île sous la domination coloniale. « Celui qui part n'est point coupable » écrit le poète René Char. Encore faut-il pouvoir partir ! Braver le pouvoir en place, et traverser le passage vers la liberté…

Les efforts admirables de Toussaint Louverture ne connurent pas le succès. Il portait un nom prédestiné pour réussir la délivrance. Du moins en concevoir l'ouverture. Et puis cette question métaphysique : ce Dieu qui sauva les hébreux, qui opéra des miracles contre Pharaon, n'aurait point secouru les Haïtiens quand ils furent dans la même situation tragique que les hébreux ? Où était-il passé, « le bras puissant » de l'Eternel ? Je crois surtout que Louverture réalisa, comme son nom l'indique, l'ouverture du processus, laissant à d'autres la responsabilité de l'accomplir pleinement. Je reconnais dans ce cas le déroulement d'un « Redoublement » archétype du réel où les choses se passent en deux temps, une instance d'ouverture informant l'avenir, suivie d'une instance de réalisation matérialisant les informations instillées en première instance (voir La Face cachée du Cerveau).

Les hébreux, à l'issue de la « sortie d'Egypte », furent contraints à errer dans le désert pendant 40 ans. Non qu'ils s'étaient perdus, mais Moïse estimait que son peuple n'était pas prêt pour la liberté. Haïti est-il prêt pour la liberté ?

Moïse conçoit la libération par une sortie faisant rupture. La grande Yetsiat Misraïm est fondatrice de l'abolitionnisme. Fin de l'esclavage. Fin de la tyrannie. Mais l'esclavage intérieur des hébreux se poursuivait. Il fallut attendre que les derniers d'entre eux ayant connu l'Egypte disparaissent pour que l'entrée se fasse. L'entrée dans cette « Terre promise » ne fut pas aisée, et cela prit encore des générations pour que se réalise la jonction entre le territoire et le peuple revenu. La reconstruction de l'être, après le traumatisme collectif de l'esclavage sur plusieurs générations nécessite peut-être autant de générations libres, pour que s'opère la réparation. La reconstruction de l'être est lente, la mémoire perdure et 3000 ans après ces faits, la tradition hébraïque continue de commémorer la « sortie d'Egypte ». Cette commémoration est un rappel toujours renouvelé invitant à réfléchir à l'histoire qui peut, à tout moment, se répéter. D'ailleurs l'histoire s'est répétée. Une nouvelle fois, le peuple hébreu fut menacé, cette fois non de l'esclavage, mais d'être exterminé. Il doit son salut à l'intervention initiatique de la reine Esther. Qui, elle aussi, fait l'objet de commémorations depuis 2400 ans (Kippour), visant à rappeler aux hébreux que rien n'est jamais acquis et qu'il existe une méthodologie de délivrance et de reconstruction.

Moïse au Sinaï puis Esther, reine en Assyrie, rappellent que toute abolition doit s'arracher : l'être doit constamment veiller à se dégager des dictatures de toutes sortes qui, à tout moment, pourraient se refermer sur les consciences assoupies dans le confort des illusions. À surveiller, la dictature de l'idéologie matérialiste — la nôtre, celle qui nous semble tellement vertueuse — qui, sous couvert de fonctionnement démocratique n'est qu'un leurre de liberté au travers d'une pseudo-émancipation fondée sur le projet consumériste.

L'histoire s'est répétée, comme vous le savez, avec la tentative de génocide des Nazis qui visaient à exterminer, dans le judaïsme, son rapport au Verbe et au Livre pour imposer à la place de la Révélation, l'ordre du matérialisme absolu. La création de l'Etat d'Israël en 1948 s'inscrit dans cette lente reconstruction intérieure prenant aujourd'hui parfois des formes singulières de nationalisme, d'extrémisme, de retour à la foi des ancêtres, ou de rejet total. Mais tout cela participe de la « reconstruction », de la « thérapie », parfois chaotique, mais allant toujours dans le sens d'une puissante perception de son destin de liberté.

L'esclavage vise à anéantir l'être, sa droiture : abaisser l'être, nier son humanité, dès lors le confondre ou même le réduire en-deça de son « ombre animale », extirper sa capacité réflexive, et le jeter en pâture aux fauves afin qu'ils le déchirent. C'est de cette fosse que l'esclave dut se libérer.
En s'accrochant à quelle corde ?
N'est-ce pas à vous, écrivains haïtiens de commettre cette corde par laquelle l'homme haïtien pourra sortir du puits ?

Suis-je cruel en le disant : il me semble que Haïti n'ait pas encore empoigné sa délivrance intérieure. Que l'île n'ait pas encore réussi à cerner sa vocation, son projet, j'allais dire sa « mission ». Haïti n'a pas encore émergé. C'est un pays en construction, où la terre elle-même régulièrement tremble, où le ciel se déchaîne. Quelles mystérieuses colères des éléments, quels déchaînements dont l'esprit de l'homme lui-même pourrait être responsable, tant le devenir du monde pourrait être lié à celui de l'Homme ?

L'ouragan qui s'est abattu sur Haïti en ce 4 octobre 2016 a fait près d'un millier de morts. Qu'en est-il de Dieu qui, en Genèse IX - 11, donna une assurance solennelle valable pour Noé et sa postérité : « nulle chair désormais ne périra par les eaux du déluge ; nul déluge désormais ne désolera la terre » ?
Une alliance est établie par Dieu entre Lui et l'homme — Alliance, ce mot hébreu Bérit est le centre de la plupart des versets de Genèse IX - 9 à 17 dans lesquels Dieu explicite les termes de son pacte, destinée à préserver l'humanité d'une punition trop forte pour sa constitution — et pourtant, le déluge emporte Haïti…
Que pourrait bien reprocher le « Juge - Législateur - Éducateur » à ce territoire, à cette Nation, à ce peuple pour le soumettre ainsi à ses humeurs ou ses colères ? Cette violence inouïe des éléments exprime-t-elle une « opinion » du Réel face au comportement humain ? L'occasion en tous cas de poser la question, et de refuser la « victimisation » par trop facile du paupérisme : Haïti est une nation pleine de ressources, une population jeune, forte. Qui a besoin d'une libération de ses énergies accompagnée d'une orientation, d'un encadrement, d'une élite. Et qui sait, si ces soulèvements de la Nature, au-delà des drames humains effroyables qu'ils occasionnent, ne sont pas autant d'occasions de renouveau, d'appel à un engagement plus fort pour avancer dans l'aventure historique au côté du partenaire… absolu ? Message adressé à toute l'humanité ?

Qui pourrait faire émerger le renouveau en Haïti ? Son élite, souvent en exil — puis-je vous le dire franchement ? — est comme timorée. Solidaire, mais loin des tranchées ou se déroule le véritable combat. Elle est certes révoltée, passionnée, mais conduit-elle son peuple vers une délivrance ? A-t-elle un projet ? Elle accepte honneurs, prix, et autres salamalecs. Les compliments troussés à n'en plus finir par la critique — nouveau fouet de la France pour amadouer les rebelles et les soumettre à son ordre. Et il est impitoyable, sous couvert de courtoisie, bienséance et prodigalité d'humanisme…

Saurez-vous, cher auteur — Goncourt en perspective et je vous le souhaite ! — résister à l'amidonnage de la culture conventionnée qui cherchera à vous dompter ?

Restez rebelle, cher Makenzy Orcel.
Mais être romancier ne suffit pas !
Etre rebelle ne suffit pas, car le « système » matérialiste, le pharaonisme actuel, a parfaitement prévu les espaces réservés aux rebelles… dont il s'accommode et s'amuse.
La seule rébellion possible, c'est la connexion à la Parole révélée, aux Signes.
Je crois que des auteurs comme vous sont nécessaires pour affirmer la réalité haïtienne, dans l'espace francophone. Mais aussi dans le monde. Il faut à Haïti des « voix » solides sachant déjouer les pièges du modèle civilisateur dominant.


Peut-être faut-il que l'écrivain devienne homme politique ? Un politique initié ?
Votre nom en hébreu évoque la lumière « Or » - « Aor ».
Orcel: C'est de l'or dit votre nom… et « ken » confirme en disant « oui ». Soutenu par « Maken » le bouclier, désigné dans Genèse et protégeant Abraham. Quant à Haïti, ce mot contient bien la vie : en hébreu « Haï », du verbe « Haya », être. Reconstruire l'être, tout est donc possible ! Même le miracle.

Et pour le réaliser, peut-être faut-il que l'écrivain devienne homme politique ? Un politique initié ?
Peut-être la politique sera-t-elle le territoire où votre poésie pourra s'étendre dans… le réalisme ? N'est-ce pas la vocation de la Poésie : devenir une politique po-éthique ?
Je souhaite qu'en tant qu'écrivain, vous accédiez un jour au pouvoir, dans votre pays, entouré de vos pairs, poètes et écrivains. Soyez un Moïse pour Haïti ! Il se pourrait que l'Eternel vous guide en ce sens et vous dise : « Ne crains point, je suis ton bouclier (Maken), et ta récompense sera très grande » (Genèse 15 - 1).

Vous serez toujours le bienvenu chez moi et reçu comme un ami…
Bien chaleureusement,

Dominique Blumenstihl-Roth
-----------

PS : L'ouragan sur Haïti et la remise de prix se sont produits exactement le même jour.
L'écrivain et l'ouragan appartiennent à la même structure quantique (Haïti). Dès lors j'implique l'écrivain, en tant que particule face à son pays et inversement dans une structure unitaire.
Particule A : c'est l'ouragan
Particule A' : c'est Orcel.
ou bien le contraire… dans une même structure (Haïti) les particules séparées se comportent comme si chacune connaissait l'état quantique de l'autre (voir L'ordre cosmique).
Dès lors pour changer quelque chose sur Haïti… il faut changer son état quantique. Il faut faire tourner le "spin" dans l'autre sens… sortir de "l'ombre animale" et y opposer la lumière. Et remplacer "animale" par "humaine".

L'ouragan ayant eu un retentissement mondial, j'en déduis que ce qui doit s'imposer — dans le monde — c'est bien la "lumière humaine".

Tel est à mon sens le message de l'ouragan…

— Le secret de la France et de la Francophonie
—Message pour Michaelle Jean, Secrétaire Générale de l'O. I. F.
 

 

mardi 4 octobre 2016

La 23eme lettre de l'Alphabet hébreu. Moïse et la Solution finale. Par Dominique Aubier. Suite 3.

Un ouvrage exceptionnel de Dominique Aubier. 

Compte rendu de lecture par Dominique Blumenstihl-Roth


Cet article a été présenté en 3 parties.
Le Qorban ; Tzim Tzoum ; Louriah ; le secret de la 23ème lettre.
Le secret des Téphillin ; La Tour de Babel ; Le secret de Jacob.

3ème partie

6. Le sens de la généalogie biblique
Dans ce livre, Dominique Aubier étudie la descendance de Sem, le fils aîné de Noé. Elle dissèque les équations Sem – Arphaxad, Shelakh, Peleg, Cheroug, Therakh, le père d’Abraham. Tous ces noms de patriarches forment un discours, une harangue que la Vie prononce à sa propre attention, avec une décision, une fermeté dont Abraham sera l’héritier. Ils témoignent d’un fait : l’énergie constructive du cycle inauguré en Babel a circulé dans un canal de transmission dont ces personnages sont les balises. 
Nous suivons dans ce livre la généalogie biblique à la loupe. Il nous raccorde à la longue mémoire de l’humanité dont la Bible retrace le parcours. Abraham et son épouse, qui de leur vie écrivent une page essentielle de l’histoire humaine, intimement liée à celle du langage, au point que leur fils Isaac, selon la Tradition, représente la faculté de parler. Viennent les jumeaux Jacob et Esaü (cette gémellité combative correspond-elle au stade du deuxième jour de la fécondation, quand l’ovocyte se complexifie en deux cellules et deux globules polaires diamétralement opposés ?). La dispute sur le droit d’aînesse trouve ici une explication appuyée sur une expertise nominaliste de premier plan.

L’imperturbable réalisme du Sacré nous invite à compter le nombre de garçons qui naissent de Jacob. Treize enfants, douze garçons, une fille. Or la science observe qu’il existe douze paires de nerfs crâniens, en plus de la moelle épinière. Nouveau Qorban ! Nouveau rapprochement Connaissance et Sciences : Ce sont les treize enfants issus de Jacob. Que disent les noms des douze fils de Jacob ? Ruben, Siméon, Lévi, Judas, fils de Léa ? Dan et Nephtali, fils de Bilha ? Gad et Acher fils de Zilpa ? Issachar et Zabulon issus, eux aussi, de Léa ? Joseph et Benjamin fils de Rachel ? Sous les mots agissent les archétypes. Leurs critères sont fournis par les lettres. Supports éloquents, dit Dominique Aubier. De chaque nom, elle donne le sens. Une incitation au travers des appellations accordées à la progéniture masculine de Jacob. L’auteur situe chacun des fils de Jacob sur une fonction nerveuse qui, dans l’organisme humain, transite par les nerfs crâniens.

Dominique Aubier écarte l’analogisme primaire qui mettrait, d’une manière absurde, tout en rapport avec tout et n’importe quoi. Ainsi, elle va au-devant de l’objection que ne manqueront pas de lui opposer, d’une part les anatomistes qui ne voient rien en dehors de leur spécialité, d’autre part les littéralistes obtus qui s’en tiennent au premier niveau de lecture du texte biblique : pour juger de la réalité de l’analogie ou de son invraisemblance, il faut confronter la description de l’encéphale qu’offrent les sciences cognitives aux faits qui, dans l’histoire biblique, feraient le portrait imagé des mêmes phénomènes.

Je l’avoue sincèrement, les descriptions scientifiques qu’apportent les ouvrages auxquels la kabbaliste renvoie sont ardues. Aussi j’approuve l’auteur quand elle dit, avec son bel humour, qu’il est plus facile de suivre l’ordre des naissances quand elles se produisent dans la famille de Jacob que détecter l’origine embryologique des nerfs crâniens ! Mais le contrepoint scientifique est indispensable à la démonstration. Les points d’analogie significatifs qu’elle relève ont force de preuve.
Dirais-je que la méthode d’investigation qu’elle met en œuvre (le Qorban) est canonisée ? Faut-il préciser que le Qorban est préconisé par la Tradition, mis en acte symboliquement lors du Shabbat lorsqu’homme et femme se rencontrent ? Je l’ai dit : l’auteur percute l’un contre l’autre deux domaines de réflexion, Connaissance et sciences. Le premier brandon a pris feu. L’irradiation est prometteuse.

7. Moïse, les téphillin, le rachat du premier-né

Qui dit révélation des lettres hébraïques interpelle Moïse ! Si le moteur du judaïsme c’est l’universalité, alors le prophète, fondateur de la ritualisation est de la partie. Qu’a fait Moïse quand il met au point la pose des téphillin, le rachat du premier-né et la célébration annuelle de la sortie d’Egypte ? Quel est le sens de ces trois rituels ? 
Rien moins que sauver l’humanité, répondent les religieux. Nous sommes bien d’accord. Mais comment une série d’actes symboliques peuvent-ils agir sur la réalité du monde ? Dominique Aubier explique les effets, sur le système nerveux, sur le corps de l’individu, et sur le corps social, de la pose des téphillin. Ces rituels ont été calculés en raison de leur effet sur le système nerveux et sur la pensée. Moïse, le prophète bègue, les a conçus en fonction de leur emprise sur la chair. C’est en lui-même qu’il a vu l’ordre structurel dont le Tétragramme donne la formule.

Quant au rituel des premiers-nés : s’est-on aperçu que si l’Egypte est le pays des premiers-nés, sa langue serait-elle aussi de ce ressort ? Si l’hébreu est la langue du sens, son premier-né serait aussi une langue : celle précisément qui anime un « En-face » du royaume où règne l’alphabet. Quel est cet En-Face de l’hébreu où naît, en premier, une insurrection opposée à la direction d’essence divine ? Cherchez l’idiome et vous aurez le peuple, le pays et le drame ! Ce premier - né, pourtant, il faut le racheter à tout prix, telle fut la consigne de Moïse. Faut-il racheter le crime du bourreau ? Le judaïsme a-t-il médité tous les enseignements de cette ordonnance ?

Restons modestes devant l’immensité des souffrances. Mais soyons capables de surmonter le pathétisme, d’autant que nous ignorons, depuis des siècles, ce que Moïse a compris et prévu. Aussi ce livre est-il salutaire en ce qu’il dégage ce que l’on croyait obscur, en ce qu’il libère ce que l’on pensait inaccessible : bien des éclaircissements, qui passionneront les égyptologues, mais également tout juif intéressé par sa propre tradition, nous renseignent sur la relation profonde unissant Israël et l’Egypte. L’auteur révèle la personnalité, le courage de Moïse. Elle étudie, au moyen des lettres hébraïques, le passage biblique où Moïse décrit son handicap verbal : le bégaiement. Sémiologie d’une souffrance. Le tableau clinique de la lésion mérite d’être pris en considération par les orthophonistes, car ce qui est en cause, c’est le circuit d’un nerf crânien, le grand hypoglosse. Le diagnostic que porte l’auteur sur cette difficulté langagière (la même qui frappe tant de jeunes enfants) complétera la compréhension des professionnels du langage qui, malgré la mise au point de nombreuses méthodes correctives pratiques, restent fort démunis devant le phénomène.

8. Moïse et la solution finale

Pourquoi Moïse brise-t-il les Tables de la Loi ? Un mouvement d’humeur ? Non, dit le Zohar. Leur destruction est ressentie comme une souffrance équivalente à la mauvaise sortie de Gan Eden ! La véritable raison, c’est le retrait de la lettre Vav. Toujours et encore, les lettres hébraïques et leur sens !

Étonnant Moïse qui, au travers de son expérience de la sortie d’Egypte, a regardé loin dans les temps à venir, par le périscope de sa Connaissance. Il a vu qu’une seconde instance se produirait un jour, dans l’Histoire qui soumettrait son peuple à un joug plus redoutable encore que celui de Pharaon… 

Le prophète a-t-il su voir dans le temps se dessiner la « solution finale » qui viserait à supprimer le peuple juif ? A-t-il sû que l’épisode de l'esclavage en Egypte se renouvellerait, dans le futur et dans un autre pays ? La personne du Führer correspondrait-elle alors analogiquement à Pharaon qui fut acteur en son temps d'une première instance appelant une seconde instance conformément à la loi du Redoublement ? La « solution finale » des Nazis serait-elle la réplique, au sens de répétition aggravée, de la politique d’esclavagisme meurtrier qui sévissait sur les hébreux en Egypte ? Et la formation de l’Etat d’Israël en 1948 serait-elle la réitération de l'arrivée des Juifs en Terre sainte,  après la sortie d’Egypte et la Traversée du désert ? Une question se pose : analogie pour analogie, il resterait, pour l'Israël d'aujourd'hui, à vivre la réédition du don de la loi au Sinaï ! L'émergence d'un nouveau Moïse et d'un nouvel Aaron… L'arrivée d'une vaste explication du phénomène Israël. Et si ce livre réalisait justement cette performance souhaitée ?
 
Car voici enfin une lecture lucide de la Shoah ! Pourquoi l’holocauste ? Pourquoi le nazisme ? Qui est Hitler ? La pensée rationnelle n’a pas expliqué cette calamité. Il faut en effet éprouver ce personnage dans son essence, si l’on veut comprendre comment la figure d’Hitler a pu s’installer dans l’aura charismatique la plus puissante, dans le cadre lyrique de l’héroïsme national germanique et y faire figure d’icône. L’auteur analyse les noms au filtre de l’hébreu : le sens se trouve dans la symbolique des lettres. C’est donc lettre à lettre, grâce aux glyphes hébraïques qu’elle mène l’enquête sur l’identité du Führer. Quelle est sa neshama ? Hitler, reflet karmique de Pharaon ? Dominique Aubier procède à une enquête kabbalistique des éléments biographiques du dictateur, elle étudie sa numérologie, dévoile l’essence de son satanisme.

Lumineuse lecture de l’antisémitisme ! L’objectif nazi est de tuer jusqu’au dernier B’nei Israël de manière à ce que leur génie ne soit plus l’effet du souffle hébreu afin d’en prendre la place. Le défi s’adresse au principe de Création. Sans minimiser la souffrance d’autres peuples ayant subi des génocides, la spécificité du génocide juif réside dans ce principe. Ce qui justifie l’attitude juive dans sa revendication d’un génocide d’exception, c’est le fait qu’au travers de son existence, l’acte divin de la Création en ait été l’objet. La disproportion métaphysique s’ajoute à l’insoutenable de la tragédie vécue.

Dominique Aubier étudie la ressemblance entre l’hébreu et l’allemand au titre de la dialectique cerveau caché / aire somatosensorielle. Elle décape les conceptions de certains linguistes qui mettent le Gange au nombre des fleuves qui sortent d’Eden pour arroser le jardin germanique. Elle retrace l’histoire de l’espièglerie intellectuelle qu’a été — et qu’est toujours — la thèse de l’indo-européen, cet antique et introuvable indo-aryen d’origine inventé de toute pièce. Or, écrit-elle, « le nazisme s’appuiera sur cette thèse, opinion qui a gagné les écoles et les universités. Elle y fait toujours excellente figure, enseignée de nos jours encore comme vérité établie ». Autre mise au point : l’auteur affirme que l’invention de la méthode globale d’apprentissage de la lecture n’est pas sans rapport avec la conviction aryaniste. Sa logique valorise l’unité verbale, le mot, et réfute la notion d’alphabet comme base engrammatique propre au cerveau, fait essentiel de la doctrine biblique. La méthode d’enseignement globale est donc clairement d’essence négationniste au regard de l’alphabet. De quoi faire grincer des dents certains pédagogues ? La négation des lettres au profit de l’incertitude orthographique des syllabes avance une méthode allant à l’encontre de l’évolution phylogénétique de l’espèce humaine dont la cérébration s’effectue autour de la reconnaissance du projet lettrique. L’Education Nationale aura-t-elle le courage de rétablir les priorités ?

9. Voir clair dans l’unité
 
Le dernier chapitre de cet ouvrage magistral conclut sur les travaux du systématicien Gregory Bateson dont l’auteur salue les efforts tendant à trouver, par la voie scientifique, le diamant du sens. Elle rend hommage à ce chercheur et sa fine perception des phénomènes de symétrie. Cependant, ajoute-t-elle, faute d’être rendu à l’unité, ses spéculations se heurtent à l’absence d’une donnée essentielle. C’est bien là tout le problème de notre culture mondiale : le principe d’unité ne lui est pas connu. La science en recherche la formule depuis plus d’un demi-siècle et les philosophies ne souhaitent même plus l’obtenir… Mais il y a la 23e lettre ! C’est elle qui détient le savoir qui permet de voir clair dans les procédures infaillibles de l’unité. C’est en ayant recours à elle que se rétablissent les normes fixes du réel. Signe de royauté structurelle, cette lettre possède la force d’apaisement qui accompagne l’intelligibilité de toute chose.

Cet ouvrage de Dominique Aubier constitue une œuvre de haute vertu civilisatrice. Il est le fruit d’une percutante rencontre. La science est remise à sa juste place, dans le cadre de la procédure efficace, hautement initiatique. L’alphabet hébreu est établi dans son ontologie. Cette confrontation Connaissance et sciences, dans le respect scrupuleux de la priorité initiatique sur la démarche spéculative suscite, dans l’esprit du lecteur, la joie d’un Qorban intérieur : un arc électrique foudroyant tendu entre deux électrodes.

Ce livre offre un apaisement, une réparation universels, des retrouvailles avec soi-même. Une vision de l’histoire nous engageant au progrès, à la sublimation des blessures, à l’élévation de notre être par la conscience.

La 23e lettre de l’Alphabet Hébreu
par Dominique Aubier. 
418 pages. 16,5 x 24 cm. Ed. M.L.L./ La Bouche du Pel. 54 € 


La 23è Lettre de l'Alphabet hébreu est le premier tome du triptyque La Haute kabbale de l'Eternité.
Tome 1. La 23è Lettre de l'Alphabet hébreu.
Tome 2. La Porte de L'Inde.
Tome 3. La Porte de France.

Tous les livres de Dominique Aubier sont disponibles ici :


Les explications données dans ce texte et parues sur ce blog peuvent être reprises mais leur source doit être citée : "car celui qui ne cite pas ses sources empêche le messie de venir" (Pirké de Rabbi Eleazar).

Je remercie les mécènes qui soutiennent ce blog.

MLL - La Bouche du Pel
BP 16
27 240 DAMVILLE


 

jeudi 29 septembre 2016

La 23è lettre de l'Alphabet hébreu. Le secret de Jacob. La Tour de Babel. Le secret des tephillin.

Un ouvrage exceptionnel de Dominique Aubier.



2ème partie

 
3. Jacob, Rachel, Beniamin et la 23e lettre hébreue .
 
Les questions que pose Dominique Aubier sont pertinentes. D’autant qu’elles n’ont jamais été solutionnées clairement par les spécialistes : que fait Jacob quand il efface de la bouche de Rachel le nom de Ben Ony ?
בו – אוֹני

et pourquoi impose-t-il celui de Beniamin ?

בוימין

Autre question : Quel est le sens des téphillin ? Quel est le sens des phylactères de tête, des phylactères de bras ? Que signifie ce symbolisme ? Et cet alphabet hébreu ! Quelle est sa puissance ? Quelle est son origine ? Quelle est sa fonction ? Quelle est cette 23e lettre dont le judaïsme moderne semble taire l’existence au point de l’effacer des récentes éditions officielles de la Bible ? "La 23e lettre est la charte fonctionnelle du cerveau", répond l’auteur. Et la science vient en contrepoint vivifier la vraisemblance du propos. 

Les lettres hébreues sont les algorithmes de l’universel. La conscience éblouie aperçoit sous la dentelle des mots et des lettres le tracé obstiné d’une pensée intelligente qui raconte comment se forme un cerveau. C’est ainsi que l’alphabet apporte le sens, par là où d’emblée sa puissance ontologique libère les critères cérébraux associés à ses signes.

« La 23e lettre est le fruit de la promotion interne que l’alphabet réalise en éjectant les valeurs qui l’habitent ». Elle est toujours là où l’alphabet détend ses composantes de l’Alef au Tav… Par son intermédiaire la vérité créatrice se rend disponible, manipulable par la conscience humaine. C’est exactement ce que la méthode initiatique organise dans un esprit averti. La 23e lettre, parce qu’elle est sans défaut par rapport à l’alphabet en délivre le sens. Elle le peut parce qu’elle est l’ombre cérébrée de l’alphabet. Ainsi, en reportant cette lettre sur le référent cérébral, l’auteur étudie la portée des événements qui entourent le blocage de la 23e lettre à Ghibéa. Elle détermine le lieu de la déchirure et sa répercussion : L’atteinte aurait porté sur la partie du nerf crânien irriguant l’hémisphère « qui Fait » dans la physiologie du cycle en formation.

4. Le locuteur universel
 
Pour Dominique Aubier, la voix du cerveau s’exprime dans l’alphabet hébreu, et les catégories, ce sont les archétypes. Les lettres en épousent les contours. Il y en aura autant qu’il y a de lettres dans l’échelle alphabétique et même plus, car les espaces entre les lettres abritent aussi des dynamismes. L’ensemble définit un statut fonctionnel précis, une véritable métabolisation des automatismes de l’Absolu. L’auteur de préciser qu’ « un Verbe initial suscite les langues parlées à partir de l’alphabet hébreu et de son système, précédant la création organique de l’être doué de parole ». 

En résumé : nous avons tous en nous l’alphabet hébreu, récepteur du message divin tel qu’il s’adresse à nous à tout instant. Selon Dominique Aubier, (et cette thèse remet en cause les postulats de nombreux linguistes), les langues créent les territoires où elles se parlent et non l’inverse. Elle en déduit que les langues ont, de ce fait, une place génésique dans le flux original de la Création. À chacune son prestige, son territoire, sa mission.

L’hébreu initial, en son privilège de langue fondatrice du pouvoir de connaître, corollaire de la vie, émet successivement diverses langues. Parmi elles, il y en aurait une, proche de l’hébreu, tandis que les autres en seraient progressivement plus éloignées sans que la liaison se rompe. Quelle est cette langue issue d’une projection sur l’aire somatosensorielle ? On le saura en lisant le livre…
 

5. La Tour de Babel  
L’histoire des langues nous amène tout naturellement à l’épisode biblique de la Tour de Babel. Le peuple, longtemps en errance, arrive à Sennar. Là, il décide de construire une ville et une tour faite de briques au lieu de pierres. L’auteur sonde en détail, mot après mot, lettre après lettre, le texte hébraïque de cet épisode. Elle ouvre toutes les équations du rébus de la Tour de Babel, en hébreu Migdal.
מגדל

L’enseignement de la Tour de Babel nous rappelle que, lorsque le comportement humain se fonde sur le négationisme de l’esprit, le Créateur, en son immanence YHVH, loin d’intervenir, laisse agir le système qu’Il a mis en place. Les habitants de Sennar l’apprennent à leurs dépens. Sommes-nous, aujourd’hui, logés à la même enseigne ? En serions nous là, une nouvelle fois, dans le cycle civilisateur, prisonniers d’une pensée aussi fausse qu’enfoncée dans la matière ? Le Créateur permet-il à l’Homme d’user de sa liberté, de commettre toutes les erreurs, lui laissant l’entière responsabilité de son destin, tandis que le Système et ses lois, imperturbablement, déclinent leurs échéances ?


Comment nous inscrire dans les orientations évolutives du cycle qui tendent vers la conscience ? Comment éviter de nous attarder dans les stades, parfois confortables mais révolus de la pensée ? Comment mettre aux normes et actualiser nos catégories ? La lecture que fait Dominique Aubier de l’épisode Babel est puissante. Une fois de plus, c’est dans le repli des lettres hébraïques qu’elle débusque le sens du texte biblique. Elle procède à un rapprochement percutant — encore et toujours le Qorban initiatique — de cet épisode avec l’embryogenèse ! L’analogie est exacte. Elle reconnaît, dans l’histoire de la formation d’une cellule vivante, le processus du Tz(i)mtzoum cher à Louria. C’est en détail qu’elle suit les séquences constructives de l’embryon, en parallèle avec le texte biblique relatant l’installation du peuple à Sennar. Babel a été un ratage historique. Une erreur évolutive, une brisure. Un Tiqoun, une réparation est-elle possible ? Une réconciliation universelle est-elle ensisageable ? Et si ce livre, précisément par sa force explicative, apportait la puissance d'un Tiqoun réparateur de dimension universelle ?

Suite de l'article ici :

Si ce livre vous intéresse :
LA 23ème LETTRE DE L'ALPHABET HEBREU

--------------------
La 23è Lettre de l'Alphabet hébreu est le premier tome du triptyque La Haute kabbale de l'Eternité.
Tome 1. La 23è Lettre de l'Alphabet hébreu.
Tome 2. La Porte de L'Inde.
Tome 3. La Porte de France.

Tous les livres de Dominique Aubier sont disponibles ici.
 
 

dimanche 25 septembre 2016

L'Ordre Cosmique. Dans quel univers vivons-nous ? Livre de Dominique Aubier

L'ORDRE COSMIQUE
Par Dominique Aubier, éditions M.L.L.



Qu’est ce que l’homme dans le Cosmos ? Dans quel univers vivons-nous ? Quel est notre avenir ? Les scientifiques répondent-ils à ces questions? Les astrophysiciens savent qu'ils ne touchent pas à l'instant zéro de la création. Les conditions initiales leur restent cachées: avant 10 puissance -32 que se passait-il ? Pour le savoir, faut-il envoyer dans l’espace un satellite dont la vision se heurterait aux frontières de la matière ? N’existe-t-il pas une méthode plus subtile — et moins chère — que l’approche matérialiste qui nous permettrait de comprendre l’Univers ?

Dominique Aubier est une spécialiste du décryptage des textes hébraïques. Cette "Champollion" moderne, qui nous a hélas quittés il y a peu, a consacré une quarantaine d'années à déchiffrer les secrets de la vie. Sa pierre de Rosette est l'alphabet hébreu. Elle nous invite à pénétrer l’énigme de l’Univers à travers la lunette astronomique dont a disposé Moïse lorsque le Buisson Ardent lui révéla l’identité de l’Etre suprême. Et quel télescope ! Dominique Aubier ouvre le dossier cosmologique de Genèse, libère le sens de chaque mot du texte biblique, décrypte chaque lettre composant les mots et les rattache aux normes du système créateur, le système Alef, libérant ainsi le sens exact.
La méthodologie est pertinente. En effet, loin de rejeter la Science, l’auteur de L’Ordre Cosmique propose une méthode irrésistible en cela qu’elle utilise le savoir objectif en l’associant aux enseignements sacrés. En redoutable Célestine, elle organise les fiançailles des deux modalités réflexives. D’une part les données des traditions, dont l’auteur a actualisé le propos, d’autre part le savoir scientifique le plus moderne. Le rapprochement de ces deux lectures du réel, sous les directives intellectuelles que fournit la Connaissance, aboutit à ce prodige : la nature du Cosmos devient intelligible et avec elle, la place de la Terre et de l’Homme dans l’Univers.


1. La double lecture

 Dominique Aubier est une récidiviste. Dans son livre, La Face cachée du Cerveau, elle recense la trentaine d'archétypes, que l'on retrouve dans toutes les connaissances sacrées et les mythologies. Ces archétypes sont utilisés, dans L’Ordre Cosmique, pour décrypter les deux premiers versets de Genèse. Il est donc clair que pour aborder ce livre, il faut être prêt à « loucher » entre deux lectures — le strabisme convergent s’impose… Commencer, donc, par La Face cachée du Cerveau. Cet ouvrage-ci donne le code universel dans sa façon de s’appuyer sur la substance contrôlable du cortex, actif dans la créature parlante. Dominique Aubier applique la connaissance des critères universaux mis au clair — que le célèbre Sorcier amérindien Juan Matus, le maître de Carlos Castaneda appelait les noyaux abstraits— à la constitution des quarks, la formation du tableau périodique des éléments, l'apparition de la lumière, des galaxies ou des hommes.

Avec ce système, elle propose des explications à la dizaine d'énigmes sur lesquelles butent toujours nos scientifiques: le paradoxe EPR, le principe d'exclusion de Pauli, la qualité ondulatoire et corpusculaire de la matière... Question de langage, de méthode. Question de serrures dit en somme Dominique Aubier qui a l'audace d'affirmer que les lois universelles que la Science recherche seraient contenues dans les deux premiers versets de Genèse. Sans être une adepte de quelque religion, si ce n’est celle de l’intelligence, elle aborde ces deux versets en hébreu, décortique chaque mot, chaque lettre. Les dénombre, les permute, et en fait une analyse lexicale et symbolique de premier ordre. Et que nous dévoile cette double lecture?  

L’Ordre Cosmique est un précieux grimoire! Non seulement ce livre dévoile les plus anciens secrets initiatiques, mais condense toutes les thèses scientifiques les plus récentes. Des dizaines de scientifiques les plus renommés sont cités, parallèlement aux plus grands maîtres de la tradition. Les dernières découvertes de la biologie, de l'astrophysique, de la physique et de la paléontologie sont confrontées… aux révélations de la Kabbale. Étonnant aller - retour qui répond aux questions les plus cruciales de notre temps. La thèse biblique tient tête aux découvertes scientifiques les plus pointues. Mais c’est à grande hauteur qu’il faut monter pour assister à la collusion.

2. Un modèle unique régit tout dans l'univers.
La clé du réel est en effet enfouie sous le texte de Genèse. Dominique Aubier en ouvre les premiers versets, lettre par lettre et en donne le sens, accordé et confronté à l'astrophysique, la neurologie et l'embryologie dont elle s'avère une experte avertie.

Elle nous explique qu'un logiciel Universel, habité d’un système, est à la base de tout le Réel. Ce logiciel originel, traversé par l’énergie du système Alef, reproduit son principe d’origine aboutissant, en fin de parcours évolutif, à la métabolisation d'un cerveau parlant. L’Homme, créature terminale sur l’arbre phylogénétique, porte dans sa boîte crânienne l’organe qui restitue les données premières. C'est la Loi de l’éternel retour. Ce qui est au commencement resurgit à la fin d’un cycle. L' Univers s’est donc développé selon des lois visibles dans le fonctionnement et l’anatomie cérébrale. Et c'est là que commence une nouvelle et passionnante investigation, au cœur de nos cerveaux, confrontés à l'astrophysique !

Tout le secret se trouve dans notre petit encéphale humain doté de parole. Avec ses deux hémisphères spécialisés, son développement embryogénique en deux temps, sa formation et son fonctionnement, il restitue la donnée initiale. Sa structure à six couches est analogue au principe créateur. Toute structure, tout cycle se déploie en 2 instances évolutives, sur 4 niveaux d'organisation et en 6 étapes exactement comme notre cerveau. Et toujours, la dualité gauche et droite. L'Univers où nous vivons n’est que l'hémisphère Qui Fait d’un méga-cerveau. Notre Univers, notre hémisphère, reçoit ses instructions de l'autre hémisphère, celui Qui Sait, qui parle mais ne fait pas.
Selon la thèse biblique, le Cosmos est donc l’hémisphère Qui Fait d’un cerveau primordial dont le système actif reste sous la gouverne de son Créateur, donneur d’énergie. Et la Terre? Un point anodin perdu dans au sein d’un tissu piqué de galaxies, comme le croient certains scientifiques ou au contraire… le lieu privilégié, calculé et prévu pour abriter le phénomène de la conscientisation ?
 
La Terre est habitée par cette créature parlante qu’est l’Homme, surgie au terme d’une évolution qui avait pour but de constituer un être doué d’un cortex à six couches, capable de nommer et de retrouver ce qui est à son origine. 
La présence de la parole est ce qui caractérise la Terre. Elle est, pour le Cosmos, l’équivalent de la zone de phonation dans un cerveau… Elle est le point unique qui a été visé par l’énergie évolutive, l’aboutissement du Premier Echange Latéral  entre le Qui Sait et le Qui Fait  cosmiques. Elle est comme le premier neurone dans un cerveau touché par la fonction énergisante du Verbe. "Sur la croûte terrestre", précise Dominique Aubier, "la zone de phonation est localisée en Israël, lieu de captation idéale du Verbe divin. Pour faire comprendre la vérité, il faut utiliser son langage, le langage de la Création. Il se trouve que le Réel parle hébreu et que l’hébreu tient tout entier sur son adhésion ontologique au système Alef. L'hébreu est la seule langue au monde dont les vocables dévoilent la vérité structurale concernant la chose qu'ils nomment."

3. L'Univers vient de naître !
L’Homme doit comprendre de quoi est fait l’Univers. Il doit se comprendre lui-même, découvrir le sens de son existence. Non par des spéculations philosophiques hasardeuses, mais par une réflexion qui intègre la connaissance des lois du Réel. Et nous en sommes, aujourd’hui, à devoir vivre cette sommation. 


L’Humanité doit maintenant assurer la captation du message dont elle est elle-même le produit. Elle possède le cerveau capable de parole et de conscience qui lui permet de récupérer la donnée initiale. Notre société technologique en fournit-elle le moyen? Le progrès en est au point d’absurdité qui le pousse à développer des monstruosités: le clônage, les organismes génétiquement modifiés, le nucléaire à outrance considéré comme seule source d’énergie. L’égarement de l’économie dans le délire de l'argent pour l'argent, la pensée unique qui s’impose mondialement. Autant d’impasses où notre civilisation se fourvoie. Un mur contre lequel elle s’écrase. 
Mais à quoi bon dresser le diagnostic du désastre si nous n’apportons pas de solution? Penser autrement, tout le monde en convient. Mais comment faire pour donner corps à cette quête du sens?

Il existe des procédures bien spécifiques connues dans toutes les traditions, écrit Dominique Aubier : en fin de cycle, il est vital que l'énergie ne poursuive pas sur la voie sans issue. Aujourd’hui, la branche évolutive qui soutenait la réussite matérialiste n’est plus inervée. L’énergie a quitté le côté qui Fait et a basculé côté qui Sait dans le cycle où loge l’essor civilisateur. Transfert obligatoire, conforme au programme divin. Nous n’avons d’autre choix que suivre l’énergie évolutive, ou mieux, la chevaucher. 

Concrètement, pour se sortir de la crise mondiale, un Stop est à marquer qui met fin à ce que la Science appelle l'entropie. Marquer le Stop est une règle archétypale. Une obligation inévitable. Et la liberté humaine ? Elle est exquise, selon Dominique Aubier, car elle engage la prise de conscience et la responsabilité totale de l’Homme. C’est de lui que dépend le sort de la planète et du cosmos. "Ou faire triompher le système Alef ou continuer à délirer en dehors de l’espace vital que nous assigne la réalité", poursuit l’auteur. L’alternative est simple . Ou l’on continue à pousser l’énergie dans l’impasse du Qui Fait culturel où la Science s’achève en technologie destructrice d’humanité, ou l’on accepte d’écouter courageusement la Connaissance sacrée dans sa manière de solliciter le Savoir théorique proposé par la Science… 

4. L'Union des Contraires
Il existe donc un véritable protocole de survie: les traditions du Monde le connaissent et préconisent de le suivre scrupuleusement: en fin cyclique, marquer un arrêt, boire le message du passé, en actualiser les données, associer la gauche et la droite en une Union des Contraires pour la meilleure relance vers l’avenir. 
L'Union des Contraires est une norme essentielle. Qu’il nous suffise d’observer l’actualité pour nous apercevoir que le rapprochement des opposites est bien à l'ordre du jour, entre l'Est et l'Ouest, entre Israéliens et Palestiniens, entre les deux Corée. Mais celui qu'il est important d'accomplir, c'est de rapprocher les deux visions antagonistes du réel, entre Science rationaliste et Connaissance traditionnelle. Ces deux entités doivent coopérer, s’unir et façonner une ultime vision de la Réalité qui puisse se proposer à l’humanité entière si nous ne voulons pas entrer dans un nouveau cycle en claudiquant.
 
L’Ordre cosmique est un code d’application des critères initiatiques. Il propose une refonte totale des critères de pensée. Il libère une vision du Réel qui donne sens à la vie. Une boussole rigoureuse pour s’orienter dans l’inconnu. Le viatique permettant la mise en place effective de la civilisation de l’universel. Faut-il préciser que ce livre est agréable à lire ? Dominique Aubier parle et l’on entend son accent provençal entre deux montées en pic au sommet de l’intelligible. Mais l’écriture sauve du vertige, toujours gaie, précise et vécue. Un livre mais aussi une vie, une vie qui se raconte par la pensée qu’elle a levée.

L’Ordre Cosmique, par Dominique Aubier 490 pages, 18 x 24 cm, livre cousu, serti dans une admirable couverture conçue par Jean-Louis Espilit, représentant une déesse chevauchant le lion cosmogonique, d’après un manuscrit indien du XVII°siècle, sur autorisation de la Pierpont Morgan Library, New York, édité par M.L.L. BP 16 - 27 240
DAMVILLE.



Votre mécénat est précieux !
A découvrir : "Le devenir du Monde est lié à celui de l'homme".
 Livre de Dominique Aubier.