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lundi 26 août 2019

Commentaire kabbalistique sur le "Péché d'Eve (Hava).

Commentaire sur le Péché d'Eve (Hava).

J'ai publié ce texte il y a quelques temps. Pour une raison technique que j'ignore, il s'est remis tout seul en haut de la liste et le revoilà… J'imagine qu'il a son utilité à vouloir ressortir maintenant.
Je le complète par cette introduction :
Nahash. ©dbr
Je pense que nous sommes en plein dans le "péché d'Eve", dans une forme de réitération de l'erreur en ce sens que l'humanité, une nouvelle fois, s'apprête à se fourvoyer dans un cataclysme. Cette fois, sachant le danger, nous en appelons à une "prise de conscience" universelle, (un universel sans Dieu svp) pour sauver l'Amazonie, pour changer nos modes de production, pour limiter nos déchets etc.  Appel à l'écologie ! Une écologie pratique, mise au point par les experts qui nous apprennent comment gérer… Plein pouvoir à la technicité, exit toute référence sacrée. La terre n'est qu'un bien qu'il faut administrer rationnellement, objectivement. Sauver la planète, avec la méthode scientifique, ce qui présuppose le bannissement de toute métaphysique, de toute relation entre l'Homme et Dieu. Si bien que niant Dieu et gérant la planète, à notre manière, nous voici enfin seuls maître à bord, capables de créer le désastre et de nous en sortir par nous-même, sans qu'il soit nécessaire d'insérer quelque dimension sacrée que ce soit.
"Pieds nus sur la Terre sacrée", écrivait un chef amérindien. Désormais, nous sommes pieds-nus sur une terre brulée, profane, le sacré est en exil, mais nos dirigeants sont là qui veillent sur nous, selon leur méthode et leur pragmatisme d'experts en G7 ou G20.
De même les conflits, les tensions internationales, doivent selon eux se régler au moyen des pressions économiques, des menaces alors qu'ils ignorent les fondements ontologiques de la plupart des discordes. Sans entrer dans le détail, les difficultés avec l'Iran tiennent directement à l'extraordinaire méconnaissance de son identité. Les Etats-Unis d'Amérique ne savent pas qui ils sont. De même que l'Islam en Iran ignore qui il est. Ils ignorent tous deux leur être, alors qu'étant les extrêmes représentants de deux entités opposées, ils sont en réalité intimement liés. Les Etats-Unis relèvent sans aucun doute possible de l'entité d'Esaü, (la France aussi mais elle a une mission spécifique) tandis que l'Islam iranien est sous l'obédience d'Ismaël. D'un point de vue biblique, c'est simple. Et ils sont liés, directement. Alors que Jacob s'en va pour se marier avec Léa et Rachel, Esaü épouse en symétrie la fille d'Ismaël, dans un épisode peu connu de Genèse (28-9) ne tenant qu'en un seul verset. Autrement dit le puissant Occident se lie avec le fondateur de la lignée musulmane. Union Occident-Islam, comme cela est d'ailleurs préconisé dans le rituel du Ramadan.
Ce n'est qu'à partir d'une mise au clair des identités et vocations de chacun que les antagonismes peuvent se résoudre. A chacun sa mission au regard de l'Absolu. Dans le respect de ce qu'est chacun pour l'autre, sans que la négation de l'autre puisse s'imposer, les conflits peuvent se résoudre… Et pour commencer, loin de faire la leçon aux autres, la France (Tzarfat en hébreu) pourrait commencer par accepter sa propre vocation…
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Il m'est arrivé, dans des blogs précédents, d'observer combien certaines approches du texte biblique souffraient d'être séduisantes au détriment de l'exactitude. Pour ce qui me concerne, je m'en tiens à la technique des kabbalistes, pour qui la Torah est un texte rigoureux, codé, crypté et dont il convient de libérer le sens au plus près des Lettres. Aussi, je m'en tiens à une connaissance du Code initiatique fondée sur un Code établi, une grille de lecture applicable non seulement aux textes, mais aussi à la vie, nos propres vies.
Je propose aujourd'hui une mise au point documentée sur Eve (Hava). Ce sera un peu long. Je vous remercie de votre patience.

Une lecture démocratique de Genèse.
En ces temps démocratiques salutaires et bénis où tout le monde a raison, chacun a le droit d'avancer sa propre lecture de la Torah, quitte à inventer une interprétation personnelle. Dans ce respect démocratique où toutes les expertises se valent, l'étude d' Ève que présente tel auteur est certainement brillante selon qui Ève serait synonyme de vivante et la « mère des Vivants » parce que son nom évoquerait la vie. Ce raisonnement est généreux d'associer Ève (Hava) aux forces de la vie. La formule est répétée, reprise de livre en livre et finit par prendre la force de la chose admise. Nombre de lecteurs s'en sont convaincus et plusieurs auteurs ont repris la thèse avec conviction. Cependant, aucun kabbaliste sérieux n'appuiera cette lecture. Elle souffre en effet d'une erreur de parallaxe.
Une mise au point s'impose, au sens ophtalmologique de l'expression : régler correctement la focale et regarder de près comment s'écrit Ève en hébreu. Hava.
Son nom s'écrit Het, Vav, Hé.
חוה
Son nom n'étant significatif qu'en hébreu, il n'incrimine en rien les femmes s'appelant Ève. Je pense que si ce beau prénom est de nos jours porté par quantité de femmes, c'est justement dans un esprit positif visant à réparer l'erreur de Hava. Pour rassurer les femmes s'appelant « Ève » je dirais que leur prénom intègre justement la lettre manquante de Hava. Le prénom moderne d'Ève correspond à mon sens au projet de l'humanité que Hava a raté.

Mon Maître m'a expliqué :
en hébreu la vie s'écrit avec un YOD, lettre de l'énergie.
 חיוה
Or Hava, dont le nom procède bien de la racine évoquant la vie, ne possède pas ce YOD. C'est qu'elle en est privée. Elle a bien commis l'erreur fatale. C'est de l'erreur qu'elle tire son nom, privé de Yod. Et comme elle ne possède pas de Yod dans son nom, elle ne possède pas l'énergie vitale alors même que son nom dérive du verbe « vivre ».
« Hava » est en cause pour avoir induit l'humanité dans une voie erronée. Il est donc impossible qu'elle soit en analogie avec les forces de vie, car elle est celle qui les a niées.

Certes, il est écrit dans la Torah ( Genèse 3-20) : « L'homme donna pour nom à sa compagne "Hava" parce qu'elle fut la mère de tous les vivants. » Mais ce nom apparaît après qu'il y eut le « péché ». Avant cela, elle s'appelait "Isha" (Genèse 2-23).
Isha (femme) s'écrit Aleph, Schin, Hé. « Celle-ci sera nommée Isha » dit l'homme -Adam à Genèse 2-23 tandis que Hava est appelée « sa femme » et ce nom Hava lui est donné par l'homme tel que le précise le verset : « L'homme donna pour nom à sa compagne "Hava"… » (Genèse 3-20). Dans le premier cas, c'est l'homme qui parle et Isha reçoit ce nom dans une phrase passive au futur (elle sera nommée…). Dans le second cas, l'homme donna pour nom Hava, le narrateur conte l'événement au passé. Hava porte sur elle le passé de l'erreur.
Après la faute, Isha n'est pas égale à Hava. L'une, Isha, est l'archétype de la donneuse de vie possédant l'Aleph. L'autre, Hava, « sa » femme (celle d'Adam) appartient à un tout autre registre. Elle n'a pas repris à son compte l'Aleph (1) sous la forme du Yod (10). Cependant, un bel espoir subsiste, car elle sera nommée Isha et ce verbe au futur n'est pas aboli par l'erreur. Ce futur n'est pas fixé dans une limite de temps et peut donc atteindre notre présent. Si l'erreur de Hava est corrigée, aussitôt Isha retrouve son nom.

Isha s'écrit ainsi :
אשה
Isha possède l'Aleph en initiale, lettre désignant le système d'Absolu. Suivie du Schin : le Verbe. Suivi du Hé, avec ses deux piliers en gauche et droite, structure ouverte à l'avenir à l'endroit où la lettre présente un espace d'ouverture en haut à gauche. Le Zohar ajoute que « Isha signifie que Dieu a uni le feu (Esch) et le Hé », principe féminin. (Zohar I, 48b, vol I. éditions Maisonneuve, trad. Jean de Pauly). Isha est à mon sens l'archétype même de la vie, recevant l'information Aleph, la déployant sur les niveaux d'organisation Schin et projetant l'énergie en gauche et Droite vers le futur. Sa valeur numérique est 1 + 300 + 5 = 306.

Tandis que Hava s'écrit ainsi : Het Vav Hé.
חוה
Je reprends le nom de Hava en police Times afin que l'on observe bien le tracé des lettres.
Hava, qui aurait dû récupérer l'énergie de l'Aleph après le Hé de Isha, ferme ce Hé et le transforme en Het. L'énergie de l'ALEPH (issue de Isha) n'y est pas reprise. Il aurait fallu qu'on retrouve soit un YOD (10) en reprise développée de l'Aleph (1) ou un Aleph répété. À la place on trouve un vide, une absence instillée par l'erreur, une vacuité qui glisse sur la plate-forme supérieure couvrant le Het (première lettre), elle monte le long du petit appendice terminal à gauche. Elle monte et ouvre un nouveau cycle Vav (deuxième lettre). Ce cycle ouvert par HAVA est enrichi de l'erreur construisant à son tour une structure Hé en Gauche et Droite. Mais sans l'énergie de l'Aleph. Où est-il passé ? Hava a pour valeur numérique 19. C'est la même valeur que le mot « union » (ihoud). À ceci près que le mot ihoud possède justement ce qui manque à Hava , c'est-à-dire un bel Aleph en initiale (Aleph, Het, Vav, Dalet). Les mots sont à rapprocher, et leur différence est à observer. L'union ne peut se réaliser que par le Système Aleph soutenant une structure duelle où Gauche et Droite (Hé)  s'unissent, pour commencer un cycle (Vav) ouvert (Dalet). Hava n'a rien fait de tout cela, ayant méprisé l'Aleph et ignoré les lois de l'énergie.
Peut-être existe-t-il une possibilité de corriger le cycle qu'elle a ouvert ? C'est faisable, à condition que l'erreur soit bien identifiée et que l'énergie correctrice y soit inoculée. De nombreux correcteurs y ont travaillé, de Moïse à Rabbi Aqiba, Jésus et sans doute d'autres grands initiés de traditions non moins dignes d'intérêt.

Dans le nom de Hava, il faut remarquer l'absence de tout Aleph et de Yod. Les forces de vie n'y sont pas.
Dès lors, si Hava est appelée par l'homme « mère de tous les vivants » dans la Torah, c'est tout juste après que l'erreur fut commise. Elle tire son nom de l'erreur.  « L'homme donna pour nom à sa compagne Hava », c'est donc une sorte de surnom lié à son acte. Hava est une appellation distincte de Isha, ne désignant pas la mère des forces de vie, mais la génitrice de ceux qui vivent là, les vivants dans le cycle ouvert par la faute. Il faut entendre l'expression « tous les vivants » dans le sens de « tous ceux qui vivent là, à ce moment-ci du cycle. » Hava est la mère de tous les vivants de ce cycle qu'elle a induit en erreur où règneront les options prônées par le Serpent. Mais en aucun cas, elle n'est associée aux forces de la Vie dont elle est la négation.

Rachi, le grand exégète médiéval (né à Troyes en 1040) écrit, dans son commentaire sur le Pentateuque (vol 1 p. 18, éd. Comptoir du livre du Keren Hasefer 1957)  que « le nom de Hava vient du verbe vivre  ( חיה ) ». Je rejoins son avis éclairé. Car s'il dit que Hava vient du verbe vivre cela ne signifie pas que Hava soit elle-même la vivante. Avec le subtil Rachi, il convient de redoubler d'attention car il n'utilise jamais un mot par hasard. Il est dans sa technique de lancer une phrase à l'adresse du Lecteur, lui laissant le soin de chercher par lui-même une suite qu'il s'interdit d'expliciter. Comme il se doute que nous ne trouverons pas aisément, il ajoute ces mots brefs : « parce qu'elle donne la vie à ses enfants ». Faut-il entendre qu'elle met au monde sa descendance qui vivra dans un cycle civilisateur entaché par son erreur ?
Rachi nous invite — sans rien dire mais en exposant simplement les mots — à regarder la différence fondamentale entre les deux termes hébreux écrivant Vivre, d'une part et Hava d'autre part.
À nous de voir clair dans ce non-dit. J'ignore si les commentateurs de Rachi ont fait la distinction, car il est difficile de lire les sous-entendus d'un initié qui s'interdit d'en dire davantage, estimant avoir déjà franchi la limite de ce qui pouvait être révélé en son temps.

En tout cas, l'initiée Dominique Aubier a observé que si vivre s'écrit bien avec un Yod, le nom de Hava n'en possède aucun. Son nom se voit précisément privé de ce qui caractérise l'énergie et la vie. Hava est donc celle… qui n'en a pas et ce qu'elle engendre, ce sont des cycles pénalisés par cette absence. Ce qui expliquerait pourquoi Rachi (et toujours dans sa technique du non-explicite) établit un lien peu évident à première vue entre Hava et le mot « être », « devenir » (היה) en citant Eccl. 11,22) : « qu'advient-il à l'homme ». Ce rapprochement devient intelligible après que l'on ait bien saisi la leçon touchant les lettres : en effet, qu'advient-il à l'homme (sous-entendu : après Hava) : autrement dit, comment l'homme peut-il vivre, si le verbe vivre, dans ce cycle, se trouve dépourvu de Yod ?

Le savant Rabbin Elie Munk signale que certains commentateurs estiment qu'Eve fut nommée ainsi en ce qu'Adam avait décidé qu'elle ne pouvait plus être « la compagne à ses côtés qui l'aiderait à atteindre le but idéal de sa vie, mais que son rôle se limiterait à être la mère de tous les vivants ». Il indique que « les Sages du Midrach voient dans l'assonance entre le mot serpent ( חיויא ) et Hava l'allusion du reproche adressé par Adam à sa femme… » Et ajoute que « Baya relève la parenté entre le nom de Hava et le verbe signifiant raconter, rapporter, bavarder (cf Job XV, 17) et remarque que le nom de la femme touche discrètement le vice par lequel elle incite l'homme au péché. » (Elie Munk, La Voix de la Thora, la Genèse, éditions de la Fondation Samuel et Odette Levy, librairie Colbo, Paris 1969, p. 43). Le commentaire rabbinique est très intéressant en ce qu'il relève un jeu d'assonance entre deux mots. Dès lors allons plus loin. Dépassons l'assonance et entrons dans les mots, allons jusqu'au cœur des lettres qui les composent. Car toucher à la Lettre, c'est cela, lire véritablement le Texte. Repartons de la note d'Elie Munk et observons que le mot « serpent » חיויא en effet consonantique de Hava, possède deux Yod, donc beaucoup d'énergie. Et un Aleph. Serait-ce l'Aleph volé à Ischa ? Et cette répétition du Yod : l'un d'eux au moins aurait-il été volé à la Vie pour que Hava en soit dépossédé au bénéfice du Reptile qui s'accapare doublement l'énergie du Yod, relancé par l'aleph final ?

Dans la Torah, le serpent se nomme Nahasch. Noun Het Schin. Il ouvre le verset 3 de Genèse et nous apprenons qu'il était rusé. Son nom s'écrit ainsi :
 נחש
Un mot — un nom — qui mérite que l'on s'y attarde et j'y reviendrai dans un prochain Blog. Dans l'immédiat, le Lecteur impatient pourra se rendre au commentaire très détaillé qui en est donné dans le livre Catalina, de Dominique Aubier.

Aurais-je fait une découverte ?…
La bibliothèque hébraïque est tellement vaste qu'il est impossible au commun des mortels de la cerner au cours d'une seule vie. C'est pourquoi je n'aurai pas l'outrecuidance de prétendre à une découverte, étant presque convaincu qu'un talmudiste ou kabbaliste en ait parlé avant moi. Je ne voudrais pas lui voler les mérites des observations ci-dessous dont je ne suis peut-être que le répétiteur (en Bop). Un inconnu de moi a-t-il déjà conduit la démonstration ? En attendant de connaître son nom et de l'ajouter ici même, je le salue fraternellement en lui présentant mes excuses.
De toute manière, j'estime — découverte originale ou redite — que c'est le Texte lui-même, désirant être vu et remarqué, qui se projette sous la rétine du Lecteur et qu'il donne à voir ce qu'il estime devoir être vu. Je n'aurais donc d'autre mérite qu'avoir mis mes lunettes au bon moment. Et encore : qui m'a inspiré de porter ces lunettes à cet instant-là ?

Au verset de Genèse 30-20, « L'homme donna pour nom à sa compagne Hava parce qu'elle fut la mère de tous les vivants. L'Éternel-Dieu fit pour l'homme et pour sa femme des tuniques de peau, et les en vêtit », on s'aperçoit que les 10 mots hébreux suivant le mot Hava (donc écrit sans Aleph et sans Yod) possèdent tous soit un Aleph, soit un Yod, soit les deux. Cette série de 10 se referme sur un mot qui ne possède ni Aleph ni Yod :
כ ת נ ו ת
Caf Tav Noun Vav Tav
qui signifie « tuniques de peau ».

Rachi, surnommé « Parchan Data », c'est-à-dire l'Interprète de la Loi, passe directement de Hava à tuniques de peau. Étrange commentaire que celui qui consiste à rester silencieux sur la phrase qui unit ces deux mots. Est-ce une invitation — par défaut — pour passer au crible ce qui se dit dans ce silence ? Il se passe bien des choses entre ces balises. En effet, entre Hava (premier mot à droite) et « tuniques de peau » (dernier mot à gauche), on compte 10 mots contenant Aleph ou (et)  Yod. Voici l'extrait des versets de Genèse 30/ 20-21 en hébreu pour que vous puissiez suivre le raisonnement :

חוה  כי  הוא  היתה  אם  כלחי  ויעש  יהוה  אלהים  לאדם  ולאשתו  כתנות   

Compter les Yod et les Aleph : on peut le faire même sans connaître l'hébreu.
5 Aleph א et 6 Yod י (en gras surlignés) sont répartis sur ces 10 mots suivant le nom de Hava qui n'en possède aucun. L'énergie de l'Aleph (5 fois) reprise par Yod (6 fois) se fixe sur tous les mots sauf celui de la personne ayant ouvert le cycle : le rythme est le suivant :
Yod Aleph Yod Aleph Yod Yod Yod Aleph Yod Aleph Aleph. Le cycle inauguré par Hava se déploiera donc dans son entièreté de 10 strates (10 mots) réparties normalement sur 6 couches, 6 relances de l'énergie Yod. Tout cycle vivant s'organise en 6 couches et 10 strates. Ainsi en est-il de la Création en 6 jours et 10 paroles. On remarquera ici, que dans les 10 mots suivant Hava, on ne trouve que 5 Aleph. Où est passé le 6ième ? Est-ce l'Aleph manquant à Hava ?
À l'issue de la série des 10 mots contenant Aleph ou Yod, apparaît un mot ne contenant pas ces deux lettres et qui signifie « tuniques de peau ». Il ferme le cycle ouvert par Hava. Il existe donc un lien entre les deux mots :  

 חוה  et  כתנות

Hava en ouverture du cycle est liée aux tuniques de peau en fin de cycle. Est-ce couverte de tuniques animales que l'humanité finira en fin du cycle inauguré par l'absence d'Aleph ?
L'expression « tuniques de peau » a fait l'objet de nombreux commentaires, dont celui du Rabbin Elie Munk qui note que le mot « peau » est constitué en hébreu des mêmes lettres que le mot qui signifie « aveugle ». Ces tuniques de peau « enveloppent tout l'univers et rendent l'homme aveugle ». 
Ce cycle enfanté par Hava, sans Aleph, sans Yod, aboutit à recouvrir l'esprit de l'homme d'un voile obscur, soumis à l'autorité d'une entité qui a subtilisé pour elle ces deux lettres codantes de Vie. Ne sommes-nous pas les « enfants de Hava », vivant dans un cycle privé de l'Aleph et de Yod ? Cette tunique de peau, n'est-ce pas celle du positivisme matérialiste faisant de nous les adorateurs du Veau d'or, rendant culte à l'économie-reine, nous jetant aux pieds des idoles du « Faire » ? Ce rejet délibéré de l'Aleph (est-ce là le fameux « péché d'Ève ?), rejet du système divin, tellement visible dans le nom Hava construit un projet civilisateur tout entier fondé sur cette négation. L'absence d'Aleph et de Yod ressort à l'issue du cycle, dans ce mot  כתנות (tunique de peau) contenant deux fois la lettre Tav, redoublement de la dernière de l'alphabet qui balise effectivement la fin. Une fin sans Aleph. L'Aleph final ayant été concédé au Serpent : 
 חיויא
  
Quant à Nahasch, nom du Reptile rusé
Il ne manque pas d'indiquer que l'Homme (Noun) doit traverser le Pont (Het) afin d'atteindre les sommets du verbe (Schin). Sa valeur numérique est de 358. Même valeur numérique que le mot « messie », Maschia. (Mem, Schin, Yod, Hé). « Le serpent est la scorie de l'or » écrit l'auteur du Zohar (vol I, Béréchit III, traduction Charles Mopsik, éd. Verdier, p. 268).
Quoi de plus normal que les deux opposites absolus soient reliés systémiquement comme le sont l'onde et la particule et que l'une indique toujours où se trouve l'autre, sans qu'elles se touchent jamais ? Par inversion, le Serpent dénonce le messie. Il en est « l'anti », le traitre jaloux et c'est paradoxalement grâce à lui que l'on peut identifier le Messie : au point que pour signaler le Messie, le Serpent est devenu, pour certains, son emblème qu'il fallait bien entendu lire dans une configuration inversée au miroir : il figurait sur la bannière de la tribu de Dan de laquelle le messie est issue du côté maternel. 
C'est toujours dans le paradoxe qu'évolue la reptation du reptile, aussi Nahasch, rusé, induit l'humanité en erreur par son discours perfide cependant que la marche à suivre correcte  se trouve indiquée, à son insu, dans son nom : traverser le Pont (labyrinthe), réaliser la montée. La nature l'a pourvu d'une langue bifide : le vie projette sur ce détail de l'anatomie le sens de l'archétype à repérer : dualité, bifurcation, ambiguïté. Suggère-t-il de demeurer, stagner, croire en la toute puissance du secteur linéaire de sa pensée construite sur le raisonnement de cause à effet, que son propre nom trahit le mensonge de sa parole inversante. Son nom indique à l'homme culturel (Noun) que le Verbe (Schin) se situe en face, sur l'autre Rive, celle dont il ne veut pas. Nahasch est le négateur du Maschia auquel il est pourtant intimement lié : Maschia contient le Schin, le Verbe doté de l'énergie Yod, soutenant la structure Hé. Le Maschia sera donc l'instructeur du nouveau cycle (Mem) doté du Verbe, de l'énergie, corrigeant l'effet calamiteux issu de l'erreur d'Ève. La venue du Maschia, dit la tradition, mettra fin à la souffrance du Serpent.
Je reparlerai de cela dans un prochain Blog. Dès maintenant, on peut étudier la question du messianisme en regardant ce film : le messianisme, par Dominique Aubier.

Le cycle imposé par Hava se distingue par l'absence de l'Aleph-Yod. 
Il commence par Hava et se termine par « des tuniques de peau ». De nombreux initiés ont tenté de le corriger. Il faut en compter au moins 10 puisque 10 mots contenant Aleph ou (et) Yod s'écrivent après Hava. Parmi eux, certainement Noé, Abraham, Moïse… Sans aucun doute Jésus de Nazareth, Aqiba, et qui sait, certains prophètes d'autres traditions dont l'action ne saurait être minimisée, s'agissant d'une restauration collective (rassembler les étincelles) touchant l'humanité entière d'un cycle gravement blessé. Je compte parmi ces grands correcteurs le Maître qui m'a formé, qui m'a expliqué ce passage de la Torah et sans qui ces lignes ne pourraient être rédigées.
J'ignore si, à ce jour, en 2018, nous sommes sortis de ce cycle de l'Aleph manquant et du Yod subtilisé. Les réparateurs ont fait de leur mieux, pour réaliser progressivement le Tikoun adamique. Il n'en reste pas moins que l'action décisive sera l'œuvre du Messie, et c'est le Serpent lui-même qui l'indique, étant l'inverse de la démarche messianique dont il siffle (ou persifle pour s'en moquer ?) la mission au travers des lettres écrivant son nom.

« Hava » n'est pas analogue au mot « vivant ».
Je tire les précisions sur le nom de Hava de l'enseignement de Dominique Aubier qui m'avait expliqué que (voir son livre Catalina, p. 184 et 225) : « Hava » n'est pas analogue au mot « vivant ». Pour être vivante, il aurait fallu qu'elle porte le nom de « Hiya » ou « Hayi », c'est-à-dire qu'elle fasse sortir le « Yod » du tunnel. « Hava », c'est la « fumeuse », « l'enfumeuse », « l'éteinte ». Son nom s'écrit Het, Vav, Hé. Avec ces trois lettres on peut écrire « Havoh », c'est-à-dire publier, énoncer, dire. Et en effet, Hava rend publique son erreur. Avec un Yod en plus, on aurait « Havaiah » : le vécu, l'expérience, l'événement qui marque la vie de quelqu'un. Mais sans le Yod, sans l'énergie, qu'est-ce que l'expérience ? En réalité Hava a raté son expérience, elle s'est contentée de la logique linéaire, croyant que les choses allaient continuer comme par le passé. Elle n'a pas intégré la nécessité de « passer ». Il y a une grande différence entre Hava et Hiviah. Entre les deux, il existe un pont. Or l'hébreu, c'est justement le passeur. Hava n'est pas passée. Dès lors, si elle est la « mère de tous les vivants » ce sont les vivants d'une humanité déchue. Hava est l'anti-passeuse.

La correction est cependant possible. Réalisée analogiquement par une femme, donc par une initiée qui non seulement dénonce l'erreur, mais accomplit le redressement, et opère le grand « tikoun » réparateur pour le retour d'Ischa. C'est peut-être chose déjà faite ? J'en suis convaincu. Les temps messianiques sont déjà en cours. J'en ai parlé à la fin de l'article publié sous le titre « mâle et femelle furent créés à la fois » où j'évoque l'idée selon laquelle le messianisme opératif serait œuvre féminine.

Bien chaleureusement à tous,
Dominique Blumenstihl-Roth

samedi 10 août 2019

Plaidoyer pour une écologie de l'Esprit.

Plaidoyer pour une écologie de l'Esprit.
par Dominique Blumenstihl-Roth

1. 11 milliards d'habitants.
Telle est la prévision des experts pour les années à venir. 11 milliards de bouches à nourrir, on ne sait comment, en gaspillant moins nous dit-on, comme si le yaourt périmé oublié dans mon réfrigérateur pouvait, par un lien direct, compenser la malnutrition sévissant dans le Kordofan, au Soudan.
Les spécialistes s'alarment au sujet de la surpopulation. Mais s'est-on interrogé sur les logiciels et logarithmes utilisés lors du calcul de ce chiffre ? Leurs prévisions sont des projections linéaires intégrant les données du passé, dont ils estiment que ce qui a été se reproduira à l'identique, sur des courbes croissantes aux équations exponentielles. J'ignore quelle modélisation a servi pour l'établissement de la projection dans le futur, mais il est certain que ce n'est qu'une interprétation d'une probabilité estimée, fondée sur des interactions connues du passé qui n'intègrent aucunement les notions archétypales que les mathématiques ignorent ou n'approchent qu'approximativement. Elles ne savent rien du futur, ignorent de quoi est fait le présent : le temps est une inconnue majeure à leur logique, de même que la notion d'énergie. Les mathématiques ignorant leur propre être, comment sauraient-elles de quoi sera fait le monde ?

« Ce qui se produit ne se produit pas dans le temps, c'est le temps lui-même qui se produit », écrit Franz Rosenzweig. Ce temps toujours à l'œuvre dont nous ignorons la direction et le sens, au point que l'initié s'écrie « souviens-toi de ton futur », le futur étant le fomentateur de ta délivrance nécessaire.
Quel que soit le saccage de la planète se déroulant sous nos yeux, ce qui préside, c'est le futur qui depuis son lieu avancé dans le temps interviendra, imposant la cessation du vandalisme en cours, mettant fin aux meurtrissures infligées à la Création.
C'est volontairement que j'insère ici l'expression « Création », en lieu et place du terme scientifique neutre de « planète ». Par le mot « Création », j'insinue l'idée métaphysique de la vocation humaine sur terre. L'écologie, quand elle se veut purement économique, gestionnaire, détachée de toute élévation spirituelle, me paraît un concept aussi dangereux que ce qu'elle prétend corriger.

2. Sauver les baleines.
Que penser des sympathiques écolo-communiquants, stars des médias dénonçant les excès et prônant un monde meilleur, pourvu que ce monde reste englué dans la matière et que l'esprit en soit banni ? Les écolo-dénonciateurs s'écrient que nous allons à la catastrophe, qu'il faut changer de paradigme sociétal, mais ils restent bien discrets à propos du paradigme culturel qui nous permettrait de considérer la vraie dimension de notre Terre, en tant que territoire récipiendaire et lieu d'insertion d'une volonté cosmique. Ils veulent un monde mieux « géré », un gentil partage équitable afin que tout le monde se nourrisse au même abreuvoir des mêmes idées, l'essentiel étant l'engagement en faveur du bien-être partagé entre tous, dans la neutralité des esprits et l'exil du sacré. Une écologie scientifiquement contrôlée, raisonnant ses outils de production et de distribution, pour un bien-être collectif acceptable pour la moralité bien-pensante.
Ces bien-pensants, donneurs d'alerte qui, la main sur le cœur, vibrent de toute leur indignation devant les baleines échouées, ne supportent pas l'idée que notre planète soit un lieu privilégié — sans doute le seul habité de tout l'univers — l'endroit distingué entre tous sur lequel le Créateur a tenté son expérience in vivo de laisser vivre son humanité dotée de conscience.
— Ah, c'est un autre débat, que celui de l'Esprit, s'écrie tel responsable connu, activiste fort écouté dans les milieux écologistes. Nous nous occupons d'inventer une gestion raisonnée de la planète, nous devons protéger les forêts, les océans, les montagnes, les animaux, sauver la terre et l'humanité.
— Je suis bien d'accord, lui ai-je dit, sauvons ce qui peut l'être encore, mais vous ne pouvez pas déclasser l'esprit de l'homme en ne vous occupant que de l'aspect biologique de l'environnement et rejeter l'approche sacrée du réel dans "un autre débat", alors que l'esprit est précisément au cœur du projet évolutif. On ne sauvera pas les baleines en ignorant ce qui nous lie à elles, et en remisant le Principe d'Unité du vivant à une seule modalité gestionnaire. Il faut commencer par affirmer ce Principe d'Unité, et en présenter la modélisation identifiée. Nous vivons dans un univers qui a un sens, et nous sommes les êtres chargés de le trouver, de le dire et l'affirmer. Nous vivons dans un Ordre cosmique auquel nous ne pouvons échapper. Un Ordre dirigé par une puissance consciente qui cherche à se faire comprendre. Est-ce vraiment un "autre débat" ?


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(Cela dit, je suis pour la protection des Baleines et j'invite le Président Macron à stancer vivement les Japonais qui en reprennent la chasse. Mais quel argument pourrait-il leur opposer qui les fasse vaciller ? Celui de la nécessaire survie de ces animaux ? D'un revers de la main, le gouvernement nippon l'écartera au nom de l'activité économique érigée en Principe absolu et que notre Président vénère. Ce n'est que par une écologie fondée sur une puissante métaphysique, pleinement assumée, que les défenseurs de la Terre (avec majuscule) obtiendront gain de cause. Le temps de l'idolâtrie économique est passé…

Qu'est-ce qu'une baleine ? Les Japonais ne le savent pas quand ils les harponnent. Lire le Traité de Zoologie qui consacre un passionnant chapitre aux cétacés, nous apprenant que ce sont des mammifères… terrestres, qui au cours de l'évolution, sont retournés à la mer. Retour de couche VI en couche III, cf La Face cachée du Cerveau
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3. Une écologie de l'Esprit.
La première réforme écologique à mener, ce serait de changer le paradigme sur lequel fonctionne notre esprit quand il se croit seul, maître des galaxies, propriétaire d'une Terre qu'il serait en droit de détruire. La reconnaissance du Principe d'Unité présidant à toute réalité me paraît une priorité. Ce concept une fois clairement posé, cela changerait immédiatement le rapport au réel.
L'écologie qui se déploie selon les recommandations des experts du GIEC et qui anime Greta Thunberg est-elle à la hauteur de la cause défendue ? Ce sont là d'aimables communications pour médias en mal de news mais qui réduisent la voilure de la pensée humaine à des notions économiques : elles empêchent en réalité de hisser la quatrième voile, le grand foc de l'esprit donnant ampleur au projet. Leur gentille indignation empêche l'envolée et l'existence même de la légitime mutation où l'Esprit aurait sa place. Dans quel monde vivons-nous, quelle est la vocation de la planète, quel est le sens de l'homme ? Oui, ces questions doivent être au centre des réflexions.

4. De quoi sera fait notre futur ?
Une surpopulation de 11 milliards d'humains ? Il faut peu de chose pour que rien de ces prétendues prévisions se réalise. En hébreu, il suffit qu'une lettre, le Vav, soit mise devant un passé pour qu'il devienne un futur. Et mise devant un futur, le verbe devient passé. Le Vav (valeur 6) porte le cycle et le temps se déroule dans le cycle : « comprendre le Vav, c'est comprendre la structure évolutive » (cf. Le Principe du Langage ou l'Alphabet hébreu, p. 145).
Juste un signe et le temps que l'on croyait linéaire se rebiffe. 
Le présent non conforme au futur se réécrit et bouleverse notre temps. La théorie des quantas ne dit pas autre chose : quelque chose se produit à un moment précis, en prévision d'une chose que nous ignorons, et dont nous ignorons l'occurrence. Hors prévision, c'est l'improbable qui se produit alors que mathématiquement la chance était infinitésimale : « l'évolution a un sens » titrait le scientifique Michael Denton, et ce sens se trouve inévitablement dans ce que Vaclav Havel appelait « la sphère de l'Esprit ». L'esprit a ses exigences et il les impose au réel qui s'y soumet. Certaines choses doivent simplement exister et rien de notre volonté ou incompétence humaine ne peut s'y opposer.

Parmi les phénomènes auxquels on assiste déjà, selon les processus évolutifs connus des initiés, se trouvent les opérations de fin de cycle.
En fin de cycle — de tout cycle, dans toute aventure — il intervient un resserrement des possibles, puis un « stop » brutal tombe quand la fibre atteint sa pleine constitution. Phénomène observé lors de la construction de la fibre polypeptidique de l'ARN. Un « stop » évolutif tombe, unité de signification. Rien ne se rajoute à la protéine constituée.  L'énergie opère alors un transfert, sur un cycle nouveau. Dans la nature, les transferts se produisent normalement. Dans nos sociétés humaines, nous nous acharnons à sur-ajouter sur les structures saturées, causant des désastres en raison de la non-conformité au processus archétypal. La bonne attitude ? La stratégie du changement ne s'improvise pas. Elle est connue des initiés : ils sont hélas écartés du débat des « experts » alors qu'ils sont les seuls à détenir la clé. La première règle est de savoir que l'on ne peut sortir du Chaos qu'après avoir procédé à l'arrêt des causes fomentant le désastres : l'Amérindien Juan Matus, le sorcier yaqui dont parle l'ethnologue Carlos Castaneda, invitait à « stopper le monde », arrêter de « faire »… Donc marquer l'arrêt sur l'entropie.

Contrairement à ce qu'affirme le prix Nobel M. Prigogine, l'ordre ne naît pas du chaos. L'ordre survient après que la phase de chaos (l'entropie maximale) ait été délaissé, après que l'on ait opéré la traversée menant à la transmutation. L'ordre est de « l'autre côté », sur la branche collatérale opposite à la dissipation. 
Il convient donc, en bon écologiste, de bien connaître les processus de la rénovation : d'un point de vue politique, cela impliquerait d'assécher le secteur pollueur, de ne plus les soutenir, de capter l'énergie et investir massivement sur toutes les possibilités alternatives afin de susciter une accélération du progrès en secteur dit « épineurien ». Cela suppose une réforme de la pensée et un affinement des critères présidant au fonctionnement de nos sociétés. Autrement dit : prendre connaissance… des lois de la Connaissance. Connaître l'organisation des cycles porteurs, maîtriser les différentes phases évolutives à l'intérieur des cycles.
Dans l'immédiat, il s'impose de voir, en cette crise du climat, comme en toute crise, que l'énergie est arrivée en Couche V-c du cycle, et de prévoir les phases successives inévitables auxquelles se préparer pour les négocier au mieux. Une gestion modélisée selon les archétypes serait efficace : arrêt de l'entropie maximale / Stop obligatoire / transfert. Et affirmation, communication de ces règles évolutives à tous, afin de susciter une adhésion populaire.
Ces lois archétypales, bien identifiées par les initiés, restent « en dehors du débat ». Cette mise à l'écart, cette négation confine à la démence : une démence dont nous voyons les effets, étant gouvernés par des personnes qui, tout en ayant plein de bonne volonté, ignorent l'existence du Code initiatique. Les décideurs sont souvent des intelligences brillantes, même sympathiques, mais dépourvues de ce que les kabbalistes appellent la « Daat », la Connaissance, ce qui les empêche d'apprendre : « Qui peut se dire sage et savant ? Celui qui est capable d'apprendre de tout homme… », écrit le Traité des Pères (Pirké Abot, cité par Raphaël Draï, dans La Communication prophétique, p. 350).

5. Nous sommes en état d'hébriété matérialiste,
ne sachant comment remplir indéfiniment notre verre. Inventons-nous l'écologie… afin que se poursuive la griserie ? Nous déversons nos gravats — tant pis pour ceux sur qui cela tombe ? On s'en indigne, on proteste, vraiment ce n'est pas bien. Prise de parole à l'ONU, vénérable assemblée où l'on est prié de laisser au vestiaire toute mention touchant au sacré. Sainte écologie dès lors, pourvu que jamais la moindre allusion ne soit faite au Principe d'Unité d'essence corticale !
Oserais-je reconnaître en cela un subterfuge du démon qui, se sachant démasqué, se couvre aussitôt d'un masque plus recevable, plus convivial et correct — ah ! comme les médias adorent les porte-paroles de la planète propre à condition que l'écologie neutralisée renie l'existence du motif d'absolu fondant la réalité. Le beau confort que cette écologie hautement scientifique, gentiment poétique, passant au filtre de l'exclusion ce qui précisément pourrait nous sauver.
Nous en sommes à ce que Marx appelait « le matérialisme historique », exit l'Esprit, tout ne serait que chose à gérer scientifiquement. Le scientisme atteint son apothéose avec l'écologie.

Sommes-nous capables d'inventer une écologie éthique intégrant la Connaissance et ses critères ? Sommes-nous capables d'organiser une sortie des conditions détruisant notre « vaisseau » ? On nous jettera en pâture quelques aménagements, discours ruisselants de bonnes intentions qui n'engagent que ceux qui s'y adonnent…

6. 11 milliards, et moi, et moi et moi,
dirais-je dans les termes de la chanson qu'interprétait Jacques Dutronc sur les paroles de Jacques Lanzman. Et moi, commençant par moi et non les 11 milliards d'intrus qui me menacent ? Cette prévision est fausse, car ignorante des lois cycliques : elle projette sur l'avenir une tendance locale de fin de couche V-c, sans intégrer le « Stop » évolutif qui s'abat. C'est une prévision ignorant la topologie cyclique, qui s'imagine encore en couche IV où les choses sont encore en début d'extension, alors que nous en sommes déjà à la phase entropique maximale propre à la couche V-c.
La science prospective ignore la puissance des cycles porteurs : la notion de l'assèchement du secteur quantitatif, pourtant fort visible sur l'arbre évolutif des espèces lui est inconnue ; enfin, elle écarte les lois archétypales de transfert d'énergie et de relance sur le secteur qualitatif. Sa prédiction n'est qu'une vague projection du passé comme une ombre qui prétendrait éclairer l'avenir alors que l'avenir tire de l'avant et projette sur notre présent ses propres velléités. Ce n'est pas notre passé qui nous pousse et qui fait notre avenir, mais notre avenir qui nous tire vers lui. Le futur tend la corde montant vers lui. Ce futur est essentiellement qualitatif, non prolifique. Il est déjà en cours de construction. Le cycle nouveau est déjà en cours. Il s'agit d'aller vers lui et se souvenir de la parole qu'entend Abraham quand il est prié de renouveler sa vie : Lekh-Lekha, (Genèse XII) vas-vers toi-même, vas pour toi, non pas en fonction de quelque calcul prospectif, ou consensus d'opinion, mais dans la confiance en la parole qui, dans un premier temps, donne l'injonction de partir. Partir d'abord, et miser sur la loyauté des signes indiquant la route à suivre.

7. Mes prévisions,
dans le sens de " vision - avant ", non pas calculées mais pensées sur les critères présentés dans la Face cachée du Cerveau sont tout à l'opposé des « prédictions » des futurologues. (On a confiance en eux, parce qu'ils sont des scientifiques, mais on ne leur demande jamais dans quel grimoire ou boule de cristal ils ont pu lire leurs oracles. Ils se fient aux relations de cause à effet…)
Je pars du principe qu' « il n'y a de souvenir qu'en direction du monde qui vient » (Rabbi Nahman) et je m'appuie sur les lois archétypales que l'Alphabet hébreu retrace avec minutie. Et puis, il ne faut pas écarter la possibilité de « réenchanter le monde » au moyen d'une diplomatie inspirée et guidée par tout autre chose que l'intérêt immédiat et matériel. Un peu d'inspiration quichottienne pourrait retourner la situation en un clin d'œil.

La règle initiatique sait que l'entropie maximale est atteinte en Tzadé final. Un arrêt se matérialise à cet endroit et c'est la cessation de toute prolifération quantitative : écrasement des formes gigantesques et des dispersions prolifiques. Quoi que l'on s'acharne à vouloir prospérer au-delà du Tzadé final, l'énergie ne soutient aucune réalité outre cette limite. Toute initiative franchissant ce seuil est vouée à l'échec. L'arrêt en phase s'impose. Donc également l'arrêt de la surpopulation. Comment ? Soit par volonté humaine de politique familiale accompagnant le transfert de l'énergie vers l'En-Face, soit par des phénomènes naturels, dont la baisse de la fertilité humaine qui semble déjà effective, ou de regrettables épidémies qui regagnent en vigueur ou s'étendent dans le monde. Une extension de la malaria semble en cours, associée à d'autres maladies comme la dingue ou chikungunia au travers de l'inquiétante prolifération des moustiques tigres… Canicules, fortes chaleurs, sécheresses, que sais-je de ces « Désastres qu'on nous fabrique » tant le réel peut imposer sa puissance ? Et que penser de l'ineffable Alzheimer dont on nous dissimule la progression quand 750 000 personnes en sont touchées en France selon le rapport du professeur Ménard, daté de 2007. Un relevé annuel des cas est réalisé au niveau national, mais aucune communication n'en est plus faite, réactualisant ce chiffre, de crainte de l'effroi que cela susciterait. Le prof. Ménard estimait à 25 000 cas nouveau la progression annuelle, dont un nombre important de sénilités précoces. Nous en serions dès lors, après une décennie, à 1 millions de cas, dans la meilleure des situations.

Nous ne serons pas 11 milliards d'humains, une régulation naturelle surviendra bien avant, la nature ayant ses lois, que les initiés connaissent**.
L'arrêt du sur-productif est déjà en cours. Dieu veuille que cela se passe dans la douceur et qu'il ne s'agira pas de « frappes », à l'image des désastres qui s'abattirent sur l'Egypte de Pharaon… A moins qu'elles n'aient déjà commencé ?

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**Le Code de ces Lois a été transcrit, mis à jour, publié. Il est à la portée de toute intelligence normale désirant l'apprendre.



dimanche 4 août 2019

Prime à la conversion. Pour tout savoir sur la prime…

Prime à la conversion.
(pour tout savoir sur la prime à la conversion.) 
par Dominique Blumenstihl-Roth

Quand j'ai entendu cette expression pour la première fois, je n'ai pu m'empêcher de penser, s'agissant de « conversion », à l'usage classique de ce mot quand il sert le plus souvent à parler de… la conversion religieuse.
Les conversions seraient nombreuses, paraît-il, de croyants passant d'une religion à l'autre, du catholicisme à l'Islam, du judaïsme au catholicisme, du catholicisme au bouddhisme etc. On change de religion, pour insatisfaction de résultat. Par séduction de la nouveauté, par espérance d'un meilleur accueil et d'un degré supérieur de compréhension du monde… Mais en réalité, on passe surtout d'une expression symboliste à l'autre, d'un dogme à l'autre, d'une communauté à l'autre sans que ces « conversions » ne correspondent à une élucidation aboutie.
On change de contenant, et le fauteuil en devient plus ou moins confortable ou flatteur pour celui ou celle qui s'y glisse : un mouvement très gratifiant de « devenir » converti à la nouvelle religion qui n'est nouvelle… que pour celui qui vient de s'y inscrire alors qu'elles sont toutes… des codifications ritualistes fort anciennes de la connaissance, figées sur des compréhensions passées et immuables n'ayant pas intégré l'actualisation que transporte le temps.
Le catholicisme a tenté d'intégrer l'adaptation au monde moderne quand il lança la charte de Vatican II. Elle eut pour principal effet de modifier le rituel — le moderniser, disait-on — comme si un rituel ou un symbolisme étaient assujettis à l'adaptation temporelle : en réalité, ce fut une naïveté, car un symbole ne se modernise pas : il appelle à son explication. Un symbole doit s'ouvrir. C'est là son destin. Et non pas se transformer en un autre symbole à l'infini, avec déperdition de sens à chaque changement. On ne change pas un symbole, on l'explique.
Les autres religions, fixées davantage dans leur immuabilité, restent ancrées dans des rituels qui ne s'expliquent pas sur eux-mêmes, d'autant que la compréhension que nous avons des symboles est actuellement totalement détachée du référentiel unitaire qui les a fondés. Les ethnologues n'ont pas résolu la question, ni les historiens des religions.

1. Le Code des symboles s'est perdu,
Il s'est dissout par l'ignorance d'une élite qui n'a pas su suivre toutes les étapes évolutives menant à l'exposition du sens. Ce reproche est cependant injuste, car les religions ne sont point vouées à « expliquer » mais à exposer, au travers de leurs ritualisations dramatiques — leur caractère théâtral — une connaissance initiatique, captée par les initiés des temps anciens et qui voulurent par ce moyen pédagogique enseigner les hommes et les femmes de leur temps. La transmission du Code, à travers les siècles s'est réalisée au travers de ces symboles dont la clé de lecture est aujourd'hui perdue. Les religions sont chargées de ces signes rédigés selon un code crypté dont l'énigme ne s'ouvre pas à l'inspection ni de la théologie ni d'aucune discipline universitaire. On se contente dès lors d'un petit code moral et du pointillisme philosophique : cette science cependant ne possède pas la clé ouvrant le serrure du cryptage des symboles. La psychanalyse non plus n'y réussit guère, qui aurait voulu performer, par Freud, un Code universel fondé sur les mythologies. L'échec est patent.

2. Il manque le Code de décryptage.
Il faudrait détenir le modèle commun à tous les fiefs des croyances et religions et posséder la grille explicative de leurs invariables… plutôt que butiner les fragrances d'une fleur à l'autre sans faire de lien entre elles. Carl Gustav Jung a sans doute essayé de mettre au point une universalité de l'âme humaine, lui qui a voyagé beaucoup en Afrique, visité les tribus Amérindiennes, exploré le bouddhisme. Il a soupçonné l'existence de certaines invariances qu'il appela judicieusement « archétypes »… mais à y regarder de près, on s'aperçoit que tout en les pressentant avec une belle intuition, il n'en a identifié aucun.
Les religions, les Traditions, pour gardiennes qu'elles se veulent du sacré, ne s'ouvrent pas sur les enseignements prodigués pas le temps. L'intérim des métaphores persiste chez elles, dont elles font le cœur de leur méthode, cloisonnant la réflexion sur une modalité singulière qui ne peut être valable pour l'éternité. Le symbole a son temps d'existence : l'énergie vitale le traverse mais ne peut y demeurer à jamais. Il existe « autre chose » qui surplombe le temps des symboles.
 
Dans la structure cérébrale — dans notre cortex — édifié sur 6 couches et 10 strates, les fonctions symbolistes s'activent en couches II et III (cf La Face cachée du Cerveau et les travaux du prof. Changeux). L'énergie n'y stagne pas, cherchant un relais d'avenir, à moins qu'un traumatisme ne l'y bloque, générant de graves troubles que les psychothérapeutes parviennent parfois à dégager chez les patients souffrant de ces blessures. Au-delà de la couche III tellement propice à la pensée symbolique, il existe encore de vastes zones cérébrales où les acquis des trois premières couches se développeront pleinement à condition que l'énergie puisse opérer la montée dans ces lieux que tout un chacun est invité, dans sa propre vie, à explorer.
Se convertir, passer d'une religion à l'autre, c'est une expérience sans doute valable, mais il est clair que cela se déroule à l'intérieur de la zone symboliste et c'est donc une aventure de type « couche III ». Passer d'un lieu religieux à l'autre, c'est comme passer d'un poète à un autre, mais ce n'est en aucun cas opérer une montée : c'est élargir l'exploration du domaine propre aux zones métaphoriques, tandis que la vraie montée ne relève pas d'un changement de religion ou d'une « conversion ».
 
Le besoin de « monter » se fait ressentir chez les jeunes esprits, ils en ressentent le besoin et espèrent, à la faveur d'un changement religieux, gravir vers les couches supérieures de l'esprit, alors qu'ils ne réalisent qu'un mouvement latéral d'une obédience vers l'autre. Ils se forgent ainsi une conviction de progrès alors que c'est un sur-place, parfois même une régression quand ils s'appuient sur les formes ancestrales de la nouvelle religion choisie, dont ils épousent les archaïsmes sans pour autant rien comprendre aux symboles nouveaux dont ils se revêtent.
Tel philosophe aimable, la main sur le cœur, devient bouddhiste, endosse l'habit du moine, très esthétique à la télé, emprunte (du moins le croit-il) la charmante pensée  de Bouddha, mais serait bien incapable d'ouvrir le sens du moindre Ko'an ou d'expliquer pourquoi Bodhidharma a entrepris son voyage vers l'Est. Tel autre se convainc de devenir intégriste musulman, s'enferre sur des notions dite « fondamentalistes », et renie par là-même les acquis évolutifs que cette religion a pu concevoir au travers des siècles, par ses initiés les plus avertis. Ils sont victimes d'illusions qui voudraient reconstituer les conditions d'un commencement qui n'est plus de mise et qui ramène la mentalité de ces croyants néo-convertis à une conception négatrice du temps, à des valeurs qui ont fait leur temps. Il en empruntent les modalités qui leur conviennent mais sont bien embarassés d'en percer le cœur conceptuel.

3. Se convertir pour quoi faire ?
Pour retrouver quel paradis perdu ?
S'enferrer dans une religion alors que le temps voudrait que nous passions à une étape supérieure de l'entendement ? N'est-ce pas une stagnation, l'enfoncement dans une culture de première instance (localisée dans les couches I, II et III) suivie d'un attardement dans ces acquis anciens ? Le résultat en est que l'énergie qui aurait poussé les « convertis » à avancer, à poursuivre plus haut leur histoire et leur destin, perdent leur avenir. Ils se sont enfermés dans la satisfaction d'avoir sécrété une nouvelle coulée de pensée obsolète, de s'enfoncer dans la pensée symbolique, de l'épaissir sans la résoudre. Le souvenir de ce qui en constituait l'originalité première s'efface et la mémoire retombe. La culture des peuples s'attardant dans les couches anciennes s'endort sur les lauriers de leur prestigieux passé — nous aimons tant les cathédrales et les vestiges de pierres que nous laïcisons — ; il s'en suit une régression et l'immobilisation au niveau le plus bas de l'idolâtrie.
La stagnation prolongée dans la couche III provoque ce retour en arrière, et cela explique, dans l'Islam, la chute dans le fondamentalisme, qui engendre la violence : « religion concrète, et désuète, présente et dépassée tout en étant pressante. Mal à l'aise dans un temps qui n'est pas fait pour elle, elle s'arroge une autorité compensatoire qui aggrave le porte-à-faux avec le présent. L'Islam moderne est touché par ce phénomène et ses intellectuels ne parviennent pas à expliquer la contradiction qui fait surgir cette violence alors que la religion se veut officiellement pacifique », écrit Dominique Aubier.

4. Le tourisme de la Connaissance.
La vraie modernité ne consiste donc pas à l'acte de conversion — encore qu'au titre du romantisme personnel je trouve qu'il n'est pas mauvais d'explorer tel ou tel territoire exotique de la foi : un tour par le Bouddhisme, un séjour dans l'Islam, puis un stage dans la tente de sudation des Cheyennes, et pourquoi pas une conversion au judaïsme dans l'espoir de toucher à la sainteté des Textes ? C'est là du tourisme ne menant en aucun cas à quelque délivrance que ce soit du Code. Tout au plus en tire-t-on une satisfaction de consommateur pouvant invoquer son droit à la garantie du constructeur…

L'acte de conversion consiste, si j'ai bien compris la campagne lancée par le gouvernement, à favoriser le changement des véhicules les plus anciens en faveur de véhicules modernes mieux adaptés à notre temps. Cela suppose tout d'abord le renoncement au vieux modèle qui a fait son temps — cruel passage à la « casse » pour obsolescence — suivi d'un changement de voiture. Il s'agit, en quelque sorte, de changer de ce que la Tradition des kabbalistes appelle le « char ». Le char, en tant que véhicule transportant nos vies, nos existences, nos corps, représente aussi le contenant de toutes nos modalités de pensée, notre culture, nos options civilisationnelles.
Il y a là une immense opération « vide-grenier » à organiser, tant nos structures mentales sont encombrées de concepts inadaptés dont on voudrait nous faire croire qu'ils seraient à la pointe de la modernité. Qui peut croire encore aujourd'hui (car c'est une croyance, elle aussi
présente et dépassée tout en étant pressante) que la croissance économique reviendra jamais aux taux qui ont prévalu pendant les prétendues « trente glorieuses » ? Qui peut croire à la notion de bienfait pour l'humanité quand la science clône des organes humains sur les animaux, nous faisant miroiter des fictions d'immortalité ? Vide grenier et débarras sur une immense décharge de tous ces concepts trompeurs fomentés dans les esprits de l'obédience hyponeurienne… On y jettera également les centrales nucléaires et les fausses idées de grandeurs fondées sur la puissance militaire quand la vraie grandeur d'une nation se mesure à sa culture. A la décharge… les vieux véhicules de nos obsessions financières, ultra-économistes étouffant l'humanité : exit les basses justifications mercantiles devant légitimer les misères organisées.

5. Nous sommes invités à changer. 
A nous « convertir », non pas sous la bannière de quelque religiosité, mais nous convertir au temps réel, en acceptant la pression du temps qui exige que nous montions dans un « char » nouveau. Un « char » fonctionnant sur les couches supérieures (IV, V, VI) de nos cerveaux et qui, sans renier rien du passé, en valident les apports après inspection de leur valeur. Sans doute l'esprit reçoit-il sa « prime de conversion » quand il se décide à « monter » vers les sphères supérieures, quand il a le courage de renoncer au confort de l'acquis tellement séduisant et du molletonné des sièges patiemment cardés par les générations antérieures.
L'aventure collective de notre civilisation, mais aussi notre propre aventure personnelle exigent le changement de monture.
Cette monture devra se doter de la « charte de l'esprit », du « Code des lois » régissant toute réalité. Elle devra nous présenter une claire identité du rôle de l'humanité, nous mettre face à notre responsabilité : qui nous sommes, ce que nous faisons sur terre. Non pas des êtres absurdes tirés du hasard comme l'imaginent encore tant de scientifiques naïfs — à la décharge aussi, ces conceptions qui invoquent le hasard comme une divinité !

Ce Code pour la conversion moderne où est-il ?
Il se pourrait qu'il se trouve .
S'il est ailleurs, dites le moi de toute urgence…

6. Qu'en pense Don Quichotte ?
Pas facile de changer de monture… D'évoluer dans nos « critères ». Comment obtenir le critère numéro 1 ? Don Quichotte (encore lui) nous met en scène au travers de Sancho Panza (nous sommes tous des Sancho Panza bien lourds et grassement englués dans nos « critères » de jugement que nous estimons toujours infaillibles… juste parce que ce sont les nôtres…)
Au chapitre XXIII du volume I, on apprend que Ginès de Pasamont a volé l'âne de Sancho Panza. (p. 191 dans la traduction de Louis Viardot, éditions Garnier. A mon sens la meilleure traduction). Mais Cervantès continue obstinément de parler de l'âne, comme s'il était toujours la monture de Sancho. Dans la deuxième édition qu'il supervisa avec Juan de la Cuesta, son imprimeur, il corrigea son texte en ajoutant le détail expliquant la disparition de l'âne, mais il ne reprit pas tous les passages où l'âne volé resurgit comme par enchantement de temps à autre au côté de Sancho. Âne volatile allant et venant, auquel Sancho ne peut renoncer…
Dans le volume II, chapitre IV, Cervantès, s'insinuant dans son propre roman, s'amuse de cette « négligence » que lui avait reprochée l'auteur du « faux don Quichotte » et dont aujourd'hui encore les spécialistes de la bonne écriture romanesque s'inquiètent.
La disparition de l'âne est pourtant aisément intelligible : l'âne symbolise la monture de la pensée littérale tandis que le cheval est la monture de la pensée prophétique. A mesure que l'esprit de Sancho se quichottise, ses anciennes conceptions du monde vacillent et, devenant moins certaines, elles finissent par se dissoudre et disparaître. L'âne qui en est le symbole disparaît, il est volé par un bandit de grand chemin, tandis que Sancho, en attendant de récupérer quelque monture que ce soit, est prié de marcher à pied. Les passages que Cervantès ne corrigea pas, laissant subsister l'équivoque (Sancho a-t-il ou non recouvré son cher grison ?), évoquent l'hésitation de l'esprit en Sancho qui ne sait plus trop sur quel pied danser : rester coûte que coûte sur le dos de la pensée linéaire, positivisme objectif de la raison immédiate (l'âne) dont il est le champion ou se doter d'une nouvelle selle mieux adaptée à sa nouvelle condition ? Don Quichotte le console en lui promettant de rédiger à son intention une lettre de change lui attribuant trois des cinq ânons qu'il possède. Âne pour âne, dirons-nous, il n'évolue donc guère, notre ami Sancho… A ceci près qu'en échange de l'âne perdu, il en récupère trois, et non des siens, mais ceux de son Maître. Sans doute un âne de Don Quichotte, fût-il âne, n'est aucunement comparable avec celui qu'à l'origine possédait Sancho.

La disparition de l'âne de Sancho m'a fait plaisamment penser à la décision du Président Macron de supprimer l'Ecole Nationale d'Administration (dont il est d'ailleurs issue). Sage mesure que mettre fin à l'enseignement prodigué dans cette école de formatage à l'identique de la prétendue élite exerçant le pouvoir dans les palais de la République, son sigle E.N.A. était regrettablement l'anagramme de la monture de Sancho et je comprends que ceux qui en sont les émules aient l'esprit chagriné de devoir se défaire de cette écurie désormais obsolète, inadaptée au réel. Belle introspection qu'a exercée là le Président de la République au regard de l'école dont il est sorti. Il aura gardé suffisamment de liberté pour en appeler à une formation d'une élite plus en phase avec les réalités de la société civile. A quand la création de l'Ecole de la Vie où la vision quichottienne — initiatique — du réel pourrait s'enseigner ?
 
Le changement de monture est commenté dans Don Quichotte au chapitre IV du volume II. Cervantès s'explique à l'intention de ceux qui désirent savoir « par qui, quand et comment fut volé l'âne » et il promet que dans une seconde édition, il ferait imprimer tous ces éléments de l'histoire car « ce sera la mettre un bon cran plus haut qu'elle n'est ».
Un cran au-dessus, c'est bien de cela que nous avons besoin, quand nous évoquons la nécessaire conversion de monture. Nous aussi, nous avons besoin de changer nos confortables petits ânons pour des cavales quelque peu plus hautes…

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