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jeudi 23 juillet 2020

Le Secret de Cham, le fils maudit de Noah (Noé) (partie 2). Réparer, restaurer l'édifice humain.

Le Secret de Cham, fils maudit de Noah (Noé). Partie 2/3.
Par Dominique Blumenstihl-Roth
(La première partie de ce texte est ici)

Réparer, restaurer l'édifice humain. 

Cham a fermé le Livre avant qu'il soit écrit, il a asséché l'encre dans l'encrier, interdisant que la quatrième page du livre de l'humanité s'écrive en la personne du 4è enfant de Noah, cette quatrième page — féminine — devait générer la descendance ultra-initiée totalement unie au projet divin de l'Union entre l'Homme et son Créateur.

L'acte de Cham a produit une brèche altérant la conduction de l'Echange entre l'En-haut et l'En-bas. Les humains, à cause de cette violence, n'ont pu trouver la Jérusalem céleste, et son lieu d'insertion sur terre. Il aura fallu attendre qu'Abraham réalise son acte de sortie, découvre enfin le Lieu, que Jacob à son tour, pose la tête sur la pierre d'où il eut la vision de l'Echelle le long de laquelle les anges informateurs montaient et descendaient les échelons — image symbolique de l'Echange rétabli entre l'En-bas et l'En-haut, pour reprendre les expressions zohariques.

Cet échange entre l'En-Bas terrestre et l'En-Haut doit encore être consolidé, sans relâche car les efforts exceptionnels des initiés et des patriarches ont certes ouvert la voie, mais celle-ci ne se renforce que par l'actualisation de nos propres engagements. Elle peut, à tout moment, se rompre à nouveau si une génération abandonne ou renonce. Il est nécessaire de produire, à chaque génération, la réflexion et les actes apportant l'éclaircissement et prise de conscience de l'enjeu.

C'est la raison pour laquelle je soutiens l'actualisation de la Connaissance réalisée par Dominique Aubier qui, sans amoindrir l'enseignement des stades antérieurs de la Tradition, ajoute en précision par les apports et découvertes qu'elle a pu faire, grâce à l'intercession de Don Quichotte et la mise au clair actualisée du Code des archétypes.

Elle a donc pleinement agi sur le cycle civilisateur en le dotant d'un outil nouveau de compréhension grâce à quoi nous pouvons progresser vers une humanité plus complète, n'en déplaise à Cham et autres Amaleq.

Noé fut rendu impuissant par Cham : Noé s'écrit Noun / Het. Nous retrouvons dans son nom la lettre ayant pour valeur 8, rappelant qu'il n'y eut, au moment du crime, que 8 personnes survivantes au Déluge, et que Cham blessa son père détruisant en lui l'homme Noun, tenu sur ses deux piliers (Het) : le cerveau et ses deux hémisphères. Noah devait être l'homme complet, mais l'achèvement est altéré par l'exaction de son troisième fils qui s'est imposé en dernier, alors qu'un quatrième enfant, post-diluvien, était prévu.

Le Noun n'est pas parvenu à former l'homme entier et le Het demeure incertain. Cham a en quelque sorte rogné l'un des piliers du Het pour en refaire un , situé bien en-deçà dans l'édifice en position 5, renvoyant l'énergie en arrière, dans des phases d'antériorité dépassées par le temps mais dont il voulait maintenir la pré-éminence.

Il a fait de Noah (Noun Het 58) un Noah (Noun 55).

C'est une régression qui resurgira au moment du Veau d'or. Quand Moïse revint du Sinaï, il vit le peuple s'adonnant à la régression idolâtrique, niant tous les apports de la délivrance pourtant vécue. Moïse prit la décision immédiate d'écarter les coupables qui auraient renvoyé Israël vers l'esclavage.

La sortie d'Egypte est avant tout une sortie de l'humanité hors de l'obscurité esclavagiste, corrélée au projet divin d'élever l'Homme vers des sommets de conscience. La dégradation humaine du Veau d'Or est à mon sens liée à la résurgence mémorielle de l'acte de Cham : dans les deux cas, l'infraction surgit juste après la salvation, au tout début d'un nouveau cycle. Comme si, chaque fois qu'un cycle se renouvelle, le danger de la rechute se présente, prêt à engloutir qui se croyait sauvé.

De même Amaleq se présente après que les hébreux aient échappé à Pharaon et traversé la Mer, de même Cham se précipite sur Noé, inspiré de la même intention castratrice qu'Amaleq et usant des mêmes procédés sexuels. L'Eternel avait demandé l'extermination d'Amaleq… Moïse mène une lutte sans merci ; Noé, quant à lui, maudit les générations futures de Cham : il les condamne, la malédiction prononcée valant acte. 
La portée de l'acte de Cham :

— Il a blessé la Neschama humaine ;

— Il a bloqué le processus libératoire post-diluvien ;

— Il a empêché l'émergence du Sod en bloquant l'évolution sur un site inaccompli en Niveau3 ;

— Il a empêché l'accomplissement du projet de Noah qui concernait tout l'humanité.

— Il a entravé la transmission, la descente du cycle en Malkhout.


« C'est par la Parole divine que l'univers a émergé à l'existence et il semble légitime d'affirmer que la Création est en premier lieu un phénomène de caractère linguistique » écrit Benjamin Gross dans son introduction à L'âme de la vie, (Hayyim de Volozhyn, page LXVII). « Les lettres de l'Alphabet hébreu sont simultanément l'origine du langage et de l'être… C'est à partir de la lettre même que se dégage la signification des choses, sans que l'on doive recourir à la médiation de l'interprétation allégorique. » Or Cham, troisième fils, occupe, par analogie, la situation de l'allégorie dans le processus du Pardès. Son crime a donc figé le processus mental sur la phase symbolique-allégorique, en n'acceptant pas l'ouverture vers la 4è phase où le langage s'exprime en corrélation directe avec le signifié. En tant que troisième niveau de progression, incarné par les formes interprétatives allégoriques, le Dalet de la formule Pardès ne peut être autre chose qu'un lieu de passage, une porte donnant sur le niveau suivant. Hélas, une porte peut également rester fermée, clore l'espace sur l'acquis, interdire la transmission. Cham a claqué la porte, prétendant rester le dernier fils de la Connaissance, ne tolérant pas qu'il existe un lieu qui puisse le surplomber. La présence du niveau supérieur est confirmée par une autre Tradition prestigieuse : la Baghavad, grand texte de la tradition hindoue, dit au héros Arjuna qu'il existe « un lieu meilleur que le tien », c'est-à-dire qu'au-delà du texte littéral, de son symbolisme dont elle est un chef d'œuvre universel, il existe un lieu de lecture, un niveau « meilleur » qui permettrait de la comprendre du haut d'un belvédère qu'il convient de gravir.

Cham est le négateur de ce niveau : il sait qu'il existe, il en connaît la puissance. C'est pour en interdire l'émergence — l'érection — qu'il castre (ou viole) son père.

Volozhyn écrit : la Torah « constitue par elle-même le lieu privilégié de la signification », c'est-à-dire qu'elle est, à l'instar de la nature,  « la manifestation de Dieu en dehors de lui-même… »  Il a raison. La Torah est le lieu de la signification, à condition que je sache la lire au-delà de l'immédiateté littérale et que j'accepte que la réalité du monde suinte des Lettres données. C'est précisément ce que Cham a décidé de brimer. Mais il est à notre portée de réparer et d'inscrire des paroles nouvelles qui neutralisent les effets du viol et donnent la chance à Yesod de féconder Malkhout.


La psychanalyse a démontré les liens existant entre le sexe et la parole. Le beau film Indien Dil Se (de tout cœur), de Mani Ratnam met en scène cette dialectique où l'on voit un journaliste radio (la parole) tenter de sauver une jeune femme dont la parole et l'esprit ont été altérés par un viol. Cette œuvre cinématographique ne se contente pas de relater une pathologie, mais elle indique le remède pour en venir à bout. Le titre est évocateur, car on voit le héros s'engager de tout son cœur pour libérer la Parole. Ce film participe en ce sens au Tiqoun — à condition que l'on en fasse l'exégèse. Car le commentaire doit être libérateur de ce qui, sans lui, demeurerait figé dans l'image. 
Il convient d'anéantir le basalte dans lequel Cham a vitrifié le processus évolutif en le violant / castrant : l'exégèse est en toute chose obligatoire, le Sod (le secret) ne doit en aucun cas subir le frein qu'une puissance d'antériorité voudrait infliger à sa délivrance.

Ainsi, dans Don Quichotte, la lettre adressée à Dulcinée, certes retardée un instant car écrite provisoirement dans un carnet, sera connue d'elle, et nul ne pourra s'opposer à sa livraison. De même le culte du secret, longtemps pratiqué par les Traditions a-t-il touché à sa fin, et le secret des secrets se donne, n'étant plus assujetti à un ordre de rétention. Le secret ne s'appartient qu'à lui-même, et à nous dès lors que nous le connaissons. Je récuse les postures chamiques qui voudraient oblitérer la délivrance de la Connaissance sous prétexte de secret. Nous sommes en analogie avec la situation post-diluvienne, ou le renouveau est possible, obligatoire, par une nouvelle naissance de la pensée éclairée : le troisième fils appartient au cycle précédent et ne peut légiférer dans le domaine du Sod. Nous en sommes au Messianisme, que diable ! 
Pour ceux qui désirent plonger dans le Texte.

L'expression « Cham père de Canaan » est répétée : double indice (Genèse IX-18 et IX-22) le fait d'être père de Canaan en dit long sur Cham.

Noé, après le Déluge, est « d'abord cultivateur ». Serait-il comme Caïn ? J'entends le mot « D'abord » dans le sens « prioritairement ». Il commence par cultiver et plante une vigne. Il en boit le vin et s'adonne à la boisson. Il ne semble rien faire d'autre de bien intéressant, en tout cas, ce n'est pas indiqué.

«… Ce que son plus jeune fils avait fait… » J'ose risquer une lecture personnelle que je n'ai pas trouvée (pour l'instant) dans les commentaires traditionnels : on est surpris d'apprendre que Cham est le plus jeune fils, donc le troisième de Noé, car lors des énumérations, il est toujours présenté en deuxième position : « Les fils de Noé qui sortirent de l'Arche furent Sem, Cham et Japhet » (Genèse IX-18) ou « voici la descendance des fils de Noé, Sem, Cham et Japhet » (Genèse X-1). Cham est toujours au milieu, entouré de ses frères qui le cernent l'un par la droite, l'autre par la gauche. Il échappe une seule fois à leur surveillance, quand il se rend tout seul dans la tente où dort le père. Laissé à lui même, il commet son acte, ce dont il se vante ensuite auprès de ses frères. Se vante-t-il de leur avoir échappé et d'avoir profité de cet instant pour commettre l'exaction ? La psychiatrie reconnaîtrait sans doute en Cham un dangereux psychopathe ; son état mental n'aura pas été ignoré de Noé et de ses frères qui semblent l'encadrer. Ose-t-on imaginer l'ambiance à bord de l'Arche, sur quoi la Torah reste silencieuse, nous laissant y réfléchir par nous même ? La vie sur un esquif, en compagnie d'un détraqué…

Les frères Japhet et Sem, consternés d'avoir été bernés par Cham, recouvriront ensemble le corps de leur père — sans le regarder.

A son réveil, Noé maudira Cham et vouera sa 4è descendance sous l'autorité de ses frères : donc à la surveillance étroite des descendants de Sem et Japhet devant encadrer Canaan sans lui laisser le moindre espace ouvert afin d'empêcher la répétition du drame.

L'ordre normal du Texte aurait voulu que Cham soit cité en troisième position dans la mesure où il est le troisième fils, le plus jeune. Mais on s'aperçoit que si, au verset X-1 l'ordre indique Sem-Cham-Japhet, le déroulé de leurs générations commence par indiquer d'abord celle de Japhet, puis Cham (toujours au milieu) et enfin Sem. C'est-à-dire que la génération de Sem est considérée comme la dernière, donc la plus jeune, la plus apte à évoluer vers le niveau suivant. C'est donc à elle qu'il incombe de conduire le projet vers le 4è niveau. Tout reposera sur les efforts fournis par la génération de Sem (sémitique) qui devra suppléer à la carence du bourgeon castré.

De Sem descendent plusieurs personnages dont la Torah n'indique que les noms : simples transmetteurs biologiques, jusqu'à ce que survienne Abram dont l'épopée commence avec le chapitre III de Genèse, intitulé « Lekh Lekha ». La saga abrahamique intervient après la castration de Noé ; il recevra ce qui aurait sans doute dû revenir à la descendance quatrième anéantie par Cham. Abram découvre et comprend la révélation de la lettre Hé qui s'ajoute à son nom, lettre par laquelle il devient AbraHam. Ce , n'est à mon sens autre que le Het de Noé redescendu en . A partir de ce Hé, AbraHam reconstruit le projet de l'Alliance, avec son épouse Sarah, recevant elle aussi le dans son nom : leur couple, malgré leur âge avancé sera fertile et pourra engendrer la nouvelle génération, celle des prophètes d'Israël initiés par Isaac. Ils œuvreront à consolider la voie nouvelle, fondée sur le bourgeon sémitique de la Réception et de la Transmission devant être également donnée à la descendance de Japhet — la voix de l'Occident — car c'est ensemble et associés que Sem et Japhet recouvrirent Noé.

PS :

La lecture que j'ai faite de la lettre Het altérée par Cham sur la personne (Noun) de Noé n'apparaît pas dans les textes talmudiques que j'ai consultés. Quelque kabbaliste en aurait traité ? Il est impossible que Rachi, le plus grand des commentaristes bibliques ne l'ai pas remarqué ni que le Maharal de Prague ne s'en soit pas aperçu. Simplement, tous deux étaient soumis à la règle du silence sur certains points, aussi longtemps que le partenaire d'en-face ne suscitait pas l'ouverture. Le temps des secrets est révolu, et n'étant point tenu comme le furent ces grands maîtres par la doctrine de la dissimulation, il m'est permis d'exposer ce qui jusque-là était recouvert du voile. Je ne brise en cela aucun interdit, bien au contraire, je participe en cela au « tiqoun » de la réparation en apportant ma contribution à l'exégèse nécessaire du monde. Ma démarche est clairement post-talmudique. Post-kabbalique. Quichottienne, certainement, ouvrant sur l'apport exégétique du Sod, en droite ligne de la démarche de mon Maître.

Qu'Abraham soit le grand héros du Hé est une chose bien connue de la tradition, mais il est moins connu (et admis) qu'il puisse s'agir du (5) issu de la rétrogradation imposée à Noé en qui le Het (8) fut castré-coupé pour redescendre en Hé. Le redépart abrahamique redonne vigueur — une sur-vigueur à la quatrième branche du Schin (le Schin des Téfilins à 4 branches) dont on voit, dans son graphisme, qu'elle est un surgeon issu de la troisième branche et non pas du socle commun (Noé). La 4è branche du Schin a été coupée de son socle, elle naît alors en suppléance greffée sur la troisième : Sem, dans ce cycle, est la troisième branche, et par substitution à l'enfant non-né, il accomplit aussi le travail de la quatrième branche. Cela se concrétise par l'engagement des générations issues d'Abraham et Sarah qui reconstruisent, à partir du Hé, l'édifice sur ses piliers gauche et droite (le Het de Noah restitué) dont naîtra Isaac. Son rire effacera le ricanement de Cham.

Etant un disciple du Maître-exégète qui a actualisé la Connaissance au maximum des possibilités actuelles, je me situe sur cette quatrième branche du Schin sur laquelle doit fleurir l'humanité conformément au plan initial. J'invite les Lecteurs à cette avancée en 4è niveau. On appelle cela « les temps messianiques »…

La suite de cette étude pour entrer au cœur du Texte :
3è partie de l'étude le Secret de Cham, le fils maudit de Noah.

Tous les livres de mon Maître.
Tous les films 

dimanche 12 juillet 2020

Le Secret Cham, le fils maudit de Noah (Noé). (partie 1)

Le Secret de Cham, fils maudit de Noah (Noé). (partie 1/3)
Par Dominique Blumenstihl-Roth

Une amie lectrice m'a demandé comment je comprenais ce passage très troublant de Genèse : l'histoire de Noé et plus singulièrement l'épisode de son fils Cham (dans Genèse IX). A (re)lire avant d'aller plus loin.

Question :

En raison de l'acte commis par Cham, ne vivons-nous pas dans un cycle estropié, bien qu'il ait été réparé par Abraham, et Moïse ?

Réponse :

Cham a en effet imposé le refus de l'Histoire, la négation du Temps, le non-être du temps prévu. Je cite à ce propos la phrase de Franz Rosenzweig : « ce qui se produit ne se produit pas dans le temps, c'est le temps lui-même qui se produit ». C'est le sauvetage de l'humanité, l'espoir du quatrième fils — ou fille — issu(e) de Noé, conçue par le temps, que Cham a neutralisé.

Question : à cause de Cham, quelque chose s'est arrêté. Cela peut-il être réparé ?

Réponse :

Le crime de Cham a eu des répercutions sur le développement de l'humanité. Une blessure a été infligée et la perte qui en découle ne pourra jamais être entièrement compensée. Mais il y a eu, par la descendance de Sem, des êtres qui ont agit en suppléance du préjudice causé par Cham. Il y a eu Abraham, Moïse, Aqiba… Le quatrième enfant qui aurait dû naître après le déluge (car les trois fils de Noé sont nés avant) n'a pas vu le jour à cause du méfait de Cham sur son père. Le nouveau cycle partant d'une naissance dans le nouveau monde ne s'est pas fait. Il a fallu suppléer à cette absence, et cela s'est opéré par Sem, dont est issu Abraham.

Question :

Les initiés ont conçu un enseignement qui reste trop réservé à une élite alors qu'il être à la portée de tous. La vérité est-elle devenue inaccessible à cause du gouffre chamique ?

Réponse :

La Connaissance est là, comme outil d'intellection du monde. Elle est réservée à l'élite du cœur qui se donne les moyens de l'acquérir, c'est-à-dire qu'elle est disponible à tous.

Question :

En somme, il suffit de lire les textes, s'inscrire dans la tradition ?

Réponse :

J'ignore s'il suffit, aujourd'hui, de « caresser » un texte ou une situation, comme disait Emmanuel Lévinas, pour les faire parler. Le texte se dérobe ; il se réfugie dans ses secrets, dans son Sod, alors que nous l'approchons par les sentiers battus des niveaux antérieurs. C'est le piège dans lequel tombent d'honnêtes chercheurs qui, effleurant le symbolisme, sans en ouvrir les images par le code adéquat, s'illusionnent d'atteindre à l'explication quand il expose une image, une peinture, une représentation, une allégorie devant laquelle le public s'étreint d'émotion. C'est la mode de notre époque que produire des œuvres symboliques pseudo-explicatives, appelant à l'exégèse qui ne vient jamais. Ce sont symptomatiquement des blocages en Niveau 3 sur les 4 que compte la formule PaRDes. Ce blocage est dû à l'antécédent chamique ayant posé un obstacle puissant sur le passage naturel qui devait s'opérer vers le Sod. Cham a figé l'évolution sur le 3. L'absence du 4ème enfant reste un traumatisme. Je pense que cela aurait été une fille. Nous en sommes toujours à devoir surmonter l'obstruction.

Question : Pourquoi une fille ?

Réponse : Je pense que l'enfant naissant en 4è position n'aurait pas fait partie de la continuité antérieure faite uniquement des 3 garçons Sem, Cham et Japhet (Genèse X-1). Le 4è niveau est résolutif, il apporte l'explication et pose concrètement le sens. Le 4è niveau enfante le sens. Par analogie, c'est un travail de femme, au sens de la parturition. Tout comme le messianisme. C'est absolument une affaire féminine que mettre au monde la mise au clair et la grande explication. Le rejet de cette dimension féminine de l'avenir explique à mon sens l'extraordinaire violence faite au femmes et les féminicides. C'est devenu le symptôme d'un comportement typiquement chamique qu'interdire l'émergence de la Délivrance. 
 
Question :

L'épisode de Cham dans Genèse mérite une explication. Quelle en serait votre lecture ?

Réponse :

Mon Maître était une femme. Je reprends ici ce qu'elle m'a expliqué. Cham entrave la civilisation, il obère l'existence même du Livre puisqu'il écrase le potentiel existentiel du Sod en maintenant la génération en-deçà de toute libération. Cham est le troisième fils, en cela il est le symbole de l'acte qu'il commet : il est le symbolisme figé refusant la délivrance qui le surplombe. Figé dans l'autorité de sa situation de Niveau 3, il assassine le futur et s'impose en agent terminal d'une opération qu'il a lui-même interrompue. La manœuvre est abjecte, qui finit par l'imposture en lieu et place de l'exégèse : il gélifie la pensée en position 3 (Remez), prohibant la délivrance en Niveau 4 (Sod). Ce qui est criminel, c'est la stagnation qu'il impose.

En cela, l'obscénité chamique répond de celle des factions idolâtres ayant bloqué le temps et qui se réfugient dans les stations des entendements passés qu'elles croient définitives alors que le futur appelle à une délivrance complète du Secret.

Cham a très clairement interrompu l'influx en lui interdisant de se déverser sur la future génération. Vous m'avez demandé si cela était réparable. Hayyim Volozhyn enseigne que « L'espèce humaine, par son comportement, ouvre ou ferme, libère ou arrête l'influx spirituel qui circule à travers les mondes… Tout dépend du degré d'importance du monde supérieur touché » explique-t-il, parlant de la gravité des actes actes humains commis. Car nos actes produisent non seulement des effets ici-bas, mais touchent l'original dispensateur de l'influx divin.

Question :

Comment réunifier ce qui a été disloqué ? Comment éveiller l'épanchement de l'influx meurtri ? Comment renforcer l'association entre Dieu et le monde : quel acte produire afin de rétablir au mieux l'Alliance dans son intégrité ?

Réponse :

Dieu, rappelle Rabbi Volozhyn, a besoin de l'action humaine pour maintenir le monde. Il a besoin de nous. Il convient donc d'accomplir l'acte collectif — ou les actes individuels — par lesquels le char d'Ezékiel retrouve son intégrité. Par lesquels le flux séphirotique puisse arroser nos êtres. Ce fut, sans aucun doute, dans cette intention que Don Quichotte entreprit ses intrépides aventures dans le monde, exemplaires combats dans le but de réparer les outrages subis par Dulcinée, image de la Schékinah transposée sous forme romanesque par Cervantès. La kabbale estime qu'aucune faute ne peut détacher définitivement l'Homme de sa racine, et qu'il existe, même au comble de l'horreur commise, la possibilité de réparer ses fautes : si ce n'est le bourreau lui-même, englouti par son erreur comme le fut Korah dans Genèse, l'erreur peut être corrigée par d'autres hommes — et femmes — ayant saisi et compris la portée de l'effraction. L'une des vocations du judaïsme consiste dès lors à recouvrir l'outrage, reconstituer le corps blessé : mettre à l'abri le corps violé de Noé. C'est ce que fit Sem, au côté de Jephté, les deux fils du patriarche se rendirent dans la tente à reculons pour ne pas voir le corps meurtri du père et le recouvrirent d'une couverture sans se retourner (Genèse IX, 23).

« On ne saurait évoquer la pensée juive sans avoir à l'esprit cet engagement qui la motive de produire le rétablissement de l'intégrité séphirotique du corps humain si gravement déchiqueté par Cham » me disait Dominique Aubier. L'attaque a porté sur le corps de Noé, son corps physique représentant toute l'humanité dont il était le nouveau fondateur. Il fut blessé à l'endroit du sexe, c'est-à-dire la Séphira Yesod, « le Fondement » (Yod / Samekh / Vav / Dalet) la neuvième séphira, se situant dans la colonne centrale, liée à la couronne Kether, par l'intermédiaire de Tiphéret. Yesod draine directement à la résolution terminale de Malkhout. (Voir la série des films sur les séphirot).
Yesod, selon le Zohar, « amasse en elle toute la substance des séphiroth, elle ne la répand pas au dehors car elle est mère, c'est-à-dire principe passif. Pour réaliser toutes les Séphiroth, dans l'univers sensible, il faut une dernière Séphira, Malkhout, la "Royauté" . Par elle seule, le En Sof devient roi… »

Le Fondement (Yesod) est ce par quoi les Séphiroth agissent sur le monde. Cham a meurtri ce lieu et a fortement agi sur l'orientation du monde. C'est donc la descente vers Malkhout qui a été oblitérée par Cham. Un crime majeur qui interfère sur le fluidité de la circulation séphirotique dans le monde, dans tous les cycles humains.

Quels que soient les « correcteurs » qui sont intervenus après le forfait de Cham, il demeure une nodosité, une occlusion en sens médical du terme qui empêche le transit normal de l'énergie dans la descente séphirotique ; les thérapeutes le savent bien quand ils observent sur le corps les blocages de l'énergie, causes de tant de pathologies. C'est que nos unités corporelles, nos pensées, nos vies, la vérité du monde ont partie liée, étant dirigées par la même loi. Cham a porté une mortelle fêlure dans l'édifice de l'humanité, elle doit être identifiée, diagnostiquée, et réparée continuellement. La Torah indique comment recouvrer l'intégrité de la structure outragée, par la conduction rénovée de l'énergie sur une troisième voie suppléante qui fera office également de la quatrième. C'est la fonction de Sem, fondateur de la lignée… sémitique.
La suite sur le secret de Cham, fils maudit de Noah (partie 2/3) : Restaurer l'édifice de l'humanité…
3/3 : Noah et Cham : Au cœur des Lettres
(P.S. Cette étude sur le secret de Cham sera publiée dans un livre en cours de rédaction. Les textes édités sur ce blog sont soumis au ©. En cas de citation, il est juste, éthique et moral d'indiquer loyalement les sources.)

Le secret des Séphiroth.
Les livres de mon Maître.