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lundi 29 juin 2020

La 23è Lettre de l'Alphabet hébreu.

La 23è Lettre de l'Alphabet hébreu.

Le grand savant Gershom Scholem (1897-1982), expert des textes hébreux, a exploré de très nombreux documents inédits. Tout au long de sa vie, il a favorisé l'émergence d'innombrables documents qui, sans lui, seraient restés à jamais perdus ou égarés, disséminés dans des bibliothèques sans que jamais personne ne les identifie.
 
Dans un de ses écrits, il cite le Sefer Ha Témounah, superbe grimoire kabbalistique du XIIè siècle dont il a pu reconstituer des extraits et pratiquement recomposer l'intégralité. Dans un passage passionnant et énigmatique, il parle de la 23è Lettre de l'Alphabet hébreu, que l'auteur du Séfer Ha Témounah a évoquée : « il est écrit que la Torah sera une (et renfermera) une lettre actuellement manquante. Il se peut (poursuit le chercheur) que la lettre manquante soit le Schin déficient par rapport au Schin à quatre branches. Mais on peut aussi penser que la Torah renferme une lettre supplémentaire… »
Se pose alors la question : où se trouverait cette lettre ? Si la Torah la contient, pourquoi Scholem ne l'a-t-il pas cherchée ? A moins qu'il l'ait trouvée et préfère rester silencieux à son sujet ?
« En tant que dévoilement des formes extérieures et des principes de création, l'Alphabet comporterait en réalité 23 lettres. L'accès à l'une d'elles demeure obstrué. La lettre reste inaccessible dans notre cycle qui ne connaît que les 22 lettres de la Torah, mais elle se dévoilera dans le cycle de Rahamim. C'est ainsi qu'est expliqué le verset "Dévoile mes yeux et je contemplerai les merveilles de la Torah" (Psaumes 119-18) ».

Cette précision de Scholem renvoie à la notion de cycle : ce qui empêche le dévoilement de la lettre inconnue, c'est le cycle lui-même qui n'y est pas favorable. Et cependant, la libération de la lettre est prévue qui consiste en un dévoilement des yeux. Un dessillement du regard. Qui réalisera cette performance de voir cette lettre, de l'identifier ? D'en expliquer le rôle et la fonction ? D'en partager la trouvaille ?
« Car en effet, s'il manque réellement une lettre dans la Torah que nous lisons — lettre qui ne nous a été révélée qu'en partie — alors tout peut changer. Il est très audacieux de supposer que la Torah, telle qu'elle se dévoilera dans les cycles suivants sera totalement différente de celle que nous connaissons. L'hypothèse de l'occultation de la 23è lettre milite en faveur d'une conception relativiste de la Torah poussée à l'extrême… » poursuit Gershom Scholem.
L'approche de cette 23è lettre que propose Scholem tient en une seule page,
tirée d'une polycopie d'un cours qu'il donna à l'université hébraïque de Jérusalem en 1964. Elle figure dans un livre de récapitulation publié en 2019 (La cabale du Livre de l'image et d'Abraham Abulafia, éd. de l'Eclat p. 67). On s'étonne que ces leçons sur l'histoire de la kabbale n'aient été portées au public français qu'après 55 ans d'occultation ou d'inhibition éditoriale…

Pour ce qui me concerne, je ne conçois pas une vision relativiste de la Torah mais évolutive, c'est-à-dire qu'elle est à mon sens pleinement écrite dans sa perfection et confie à notre intelligence la capacité de déceler de nouveaux secrets. A nous d'être évolutifs devant les énigmes de la Torah qu'il nous appartient d'ouvrir. Car cette 23è lettre est bien une énigme. Elle n'est point absente de la Torah, elle s'y trouve, mais elle exige qu'un œil particulièrement attentif la remarque et la fasse parler. Scholem l'a-t-il vue ? Il en parle en terme d'espoir des temps futurs qui en verraient le dévoilement sans pour autant s'en charger lui-même. Cette 23è lettre, le savant en signale l'énigme sans la résoudre et sans y engager sa puissance intellectuelle. Il reste sur le seuil de l'aventure, n'osant ou ne pouvant y pénétrer.
Peu (ou pas) informée de l'existence de cette lettre, la communauté juive est restée comme interdite devant cette mise au clair demandée par Scholem. Son espérance avait des accents douloureux : « Ce qui se trouve dans les blancs du manuscrit de la Torah se révélera, dans le "futur-à-venir", des lettres encore non dévoilée apparaîtront au grand jour. » Cette attente allait-elle demeurer sans réponse, perpétuellement renvoyée à un temps futur qui ne cesse de se repousser dans le temps ?

L'espérance du grand chercheur a fort heureusement obtenu satisfaction. En effet, s'appuyant sur le Séfer HaTémouna et Don Quichotte qui mentionne cette lettre formellement, la kabbaliste Dominique Aubier a conçu, en 2005, une étude considérable touchant au secret de la 23è lettre de l'Alphabet hébreu. Elle situe cette lettre au cœur d'un verset de la Torah, au chapitre des Juges où elle se cache, tout en se faisant voir ostensiblement depuis des millénaires. Elle se situe au cœur d'une phrase sur laquelle l'œil glisse sans jamais la relever.

Le titre de son ouvrage est sans ambiguïté : « La 23è Lettre de l'Alphabet hébreu ». La mise au clair, l'identification de cette lettre, la publication de son nom, l'explication de son sens forment l'essentiel de cette magnifique étude s'imposant aussi bien par sa rigueur intellectuelle que par la générosité du propos. Assurément, ce dévoilement ouvre un cycle nouveau, et le futur-à-venir, marqué par l'ouverture de cette lettre, est déjà là.

Cet ouvrage compose à mon sens, d'une part un tikoun (réparation) puissant, s'agissant d'œuvrer à la délivrance de la lettre occultée, et d'autre part un superbe hidouch par la force que dégage la découverte ouvrant ainsi la porte du Temps.

Un ouvrage superbe, ardu et brillant. La haute classe d'une pensée exégétique. Un ouvrage attendu.

La 23è Lettre de l'Alphabet hébreu
Par Dominique Aubier

417 pages.

dimanche 28 juin 2020

Jacob et Esaü. Les frères ennemis. Etude de la dualité structurelle.

Par Dominique Blumenstihl-Roth

J'ai reçu beaucoup de courriers sur le sujet « Esav et Jacob ». La question a été très bien étudiée par Dominique Aubier, dans son livre "La 23ième Lettre de l'Alphabet hébreu." En voici un extrait.

Les jumeaux Jacob et Esaü représentent la formation d'une structure en deux hémisphères. Deux forces contraires. Ils se battaient dans le ventre de leur mère. Cette gémellité combative correspond-elle au stade du deuxième jour de la fécondation, quand l'ovocyte se complexifie en deux cellules et deux globules polaires diamétralement opposés ? Situation présomptive de la dualité cérébrale qui sera le propre plus tard de l'individu. Est-ce pour ne pas contrarier le savoir objectif que l'Eternel (YHVH) se hâte de lire l'avenir dans l'instinct qui fait les deux fœtus s'entre-pousser dans le sein de Rebecca? Un avertissement divin spécifie que deux nations se préparent à naître, dont le peuple de l'un sera plus puissant que celui de l'autre. L'aîné obéirait au plus jeune.

1. Selon quel critère déterminer le fait d'être l'aîné ou le puîné ?
Par rapport à la conception ou la naissance ? S'agissant de jumeaux qui ne sont pas monozygotes, l'appréciation n'est pas la même selon que l'on se fie à l'ordre de leur engendrement ou celui de leur venue au monde. Selon les apparences, le plus jeune — de quelques minutes — était Jacob dont la main tenait le talon de son frère. De ce point de vue, Esaü étant sorti le premier, c'est le peuple issu de Jacob qui dominera sur celui né d'Esaü. Sous ce rapport, le droit d'aînesse est à l'un — Esaü — et l'autorité à l'autre : Jacob. Faudrait-il que les deux soient réunis dans la même personne ? Et considérer que, du point de vue de l'ovulation, la cellule appelée à devenir l'embryon Jacob a été pénétrée la première par le spermatozoïde paternel ? Une autre cellule germinale effectuera sa nidation séparée, dans son propre placenta, à moins qu'il y ait nidation commune pour les dizygotes dans la fusion des placentas. Pour se combattre, il fallait que les deux fœtus soient en vis-à-vis assez proche, ce qui est probable du strict point de vue de la représentation cérébrale où les deux hémisphères sont l'un contre l'autre, séparés par la ligne médiane. Le sens de l'unité était un critère suffisant pour que les initiés misent sur la nidation commune de deux boutons embryonnaires différents. Le premier-né peut n'être que le second du point de vue de l'engendrement. Comment en décider ? Pour le raisonnement initiatique, c'est assez simple. L'élan constructeur du cycle étant motivé par une finalité spirituelle, c'est forcément celui qui a le sens de l'esprit plus que de la matière qui devra être considéré comme l'aîné. Selon cette option, l'aîné c'est Jacob. Il semble bien qu'un débat de ce genre ait été tenu par les initiés au fil du temps, car c'est opinion admise par la tradition. Quant au fait d'avoir à obtenir la bénédiction qui en sanctifierait le signe, c'aurait été un souci pour Jacob comme pour sa mère Rebecca. Isaac n'était pas prédisposé à favoriser Jacob contre son préféré Esaü.

2. Le droit d'aînesse contre un plat de lentilles.
Genèse 25, versets 29 à 34, raconte en vingt-deux lignes en hébreu, trente-deux en français, comment Esaü revient des champs, fatigué et affamé, un jour que Jacob faisait cuire un potage. Il dit à son frère jumeau, « laisse-moi avaler, je te prie, de ce rouge, de ce met rouge ». Avaler est une fonction de la bouche et indique la chute ressentie sur la gauche du corps quand on boit ou mange. C'est l'endroit de la bonne descente chez un buveur invétéré. Pressé par la faim, Esaü mentionne la couleur du plat qu'il a envie de manger, sans y regarder de près. Rouge. Adom en hébreu. Cette référence visuelle à la couleur a beaucoup de sens. Elle dénonce le génie personnel d'Esaü puisque c'est de là qu'il a été surnommé Edom (Alef, Dalet, Vav, Mem). Toutefois, le mot rouge quand il désigne la couleur ne comporte pas de Vav. Il en obtient un quand il devient le surnom d'Esaü. On peut comprendre qu'une mesure évolutive complète s'adresse à l'icône de celui qui a faim et veut rapidement avaler. Le nom de Jacob ne comporte pas de Vav dans la même circonstance. L'épisode est remarquable en ce qu'au désir de manger d'Esaü, une fonction de la bouche étant de déglutir, Jacob met une condition qui relève du second pouvoir de la bouche, celui de parler : «Vends-moi d'abord ton droit d'aînesse ». Un marché de dupes, pense aussitôt le rouquin, le velu. Il consent sous serment à vendre son droit d'aînesse contre un plat cuisiné. L'alternative est claire : manger, parler. Les deux fonctions de la cavité buccale sont évoquées dans le jumelage qu'elles représentent aussi dans les tendances des deux jumeaux. L'affaire relative à cette double fonction se corse et prend une consistance supérieure à cause du droit d'aînesse qui, en l'occurrence, concerne le pouvoir de parler, attribut patriarcal d'Isaac. Aspect des choses auquel Esaü ne prête aucune attention. En revanche, c'est tout ce qui intéresse Jacob. Pour lui, les lentilles ont un sens. Adachim. Ayin, Dalet, Schin, Yod, Mem final. Il a pris note de l'information et cuisait le potage avec des nobles pensées en tête. Il observe qu'Esaü ne prononce pas le mot de lentilles mais celui de rouge. Il n'a donc pas évalué le sens de la circonstance. Jacob en déduit que son frère n'est pas au fait du symbole qu'ils sont en train de vivre. Or, le sens en est magistral. La vue mentale (Ayin) distingue la porte (Dalet) par laquelle le Verbe (Schin) va opérer sa sortie et devenir (Yod) l'énergie de l'universalisation (Mem final). Jacob, lui, connaît cette signification. Il était précisément en train d'y réfléchir tout en tournant ses lentilles dans leur jus de cuisson. Il sait donc que le sort, en cet instant, va choisir celui qui sera la porte. Son frère ou lui. Cette hypothèse lui insuffle l'idée d'acheter le droit d'aînesse en contrepartie du rouge qui n'est pas le nom du plat de lentilles dont la formule est souveraine au regard du projet divin.
Faut-il songer à la double fonction de la bouche : manger, parler ? Elle serait le lieu épigénétique d'un tout ou rien. Lorsque les hominidés sont devenus bipèdes, des modifications morphologiques sont intervenues. Le tractus supra-laryngé s'est formé, une des principales bases anatomiques de la parole. Pour que les gourmands ou gourmets que nous sommes ne s'étouffent pas en mangeant, il faut que leur épiglotte se ferme au moment de la déglutition : nous ne pouvons pas articuler des sons tout en avalant sans risquer la mort. Le mentor qui a dicté l'histoire biblique des Patriarches a-t-il estimé nécessaire de le faire savoir ? Le fait qu'Esaü le chasseur cuise de bons ragoûts pour son père n'est pas étranger aux joies de la bouche. Il n'y a rien d'impertinent en soi pour un homme qu'être sensible à tout ce qui passe par son palais. Au contraire. Il est attentif au goût des choses. Est-ce le thème du tractus ou chambre supra-laryngée qui descend avec le larynx, parallèlement au développement des cordes vocales qui demande ici à être considéré ? La dialectique manger-parler, sous l'aspect que lui confère son positionnement physiologique dans l'élaboration du corps humain, est-elle mise en évidence?

3. Rebecca préfère Jacob.
… tandis que le père a une prédilection pour Esaü qui lui met du gibier dans la bouche. Les deux fonctions de la bouche se trouvent donc évoquées au plan des préférences parentales. On ne saurait douter qu'il s'agisse de la bouche en tant qu'organe physique car l'hébreu du texte est formel : Ci-tzahid be-Pif. Le chasseur met du bon gibier dans les papilles du vieux papa. C'est donc à la maman en ce qu'elle est nouricière de se gourmander contre une inversion qui s'est produite dans le couple : le père cède à l'importance du gustatif, la mère se voit alors investie de l'obligation de réparer l'équilibre. Comme si, à ce moment-là de leur vie à quatre, se posait le problème de respecter les deux fonctions de la bouche, tandis que leur projection symbolique se croisent, n'étant pas équilibrées de la même façon pour les deux générations.
Rebecca a-t-elle consulté son nom ? Sait-elle comment il s'écrirait en hébreu ? Ou sa phonétique suffit-elle à l'alerter ? Son nom dit qu'elle est celle qui attache. Comprend-elle qu'il est de sa mission d'attacher la connaissance du Verbe au droit d'aînesse, de le lier à celui des jumeaux qui a le sens de la parole et qui est réellement l'aîné au plan conceptuel ? Reisch, Beth, Qof, Hé. L'orthographe de son nom indique le type de pensée qui l'anime. Elle est en face d'une situation — la sienne, celle de sa personne, destin collé à son nom — où le Reisch précède le Beth, où le Qof se plante avant le Hé. Dans l'ordre de la conception créatrice, si le Beth, cerveau caché, mou du monde, précède le Reisch, c'est fautivement. En outre, dans l'ordre alphabétique, la dualité déclarée par le Hé s'arrête avant que surgisse le Qof. Eth-Ribquah se rend-elle compte qu'elle est une entité où les prééminences naturelles s'entrecroisent ? Voit-elle l'image de sa mission prédestinée dans ce qui se passe dans sa famille ? C'est là que les valeurs de la bouche se croisent à l'envers.

4. Où l'on retrouve Don Quichotte
Cervantès a dû réfléchir à cette situation. Si l'on parle en mangeant, on s'étouffe, à moins que la bonne éducation ait enseigné à mastiquer avec la gauche de la bouche de manière à laisser sa droite libre pour la parole. Sancho, lui, mâchait avec les deux côtés. Don Quichotte voyait là un signe de sa rusticité. La courtoisie commence à table et la connaissance aussi. Une métaphore consacrée dit que la table c'est l'autel ! Il faut donc considérer ce que l'organisme humain présente de singulier par sa manière d'utiliser la bouche. Séparer la droite de la gauche.
Vieille consigne si l'on se fie à Genèse 25. Rebecca a-t-elle pris sur elle le droit d'aider Jacob à s'emparer non pas du droit d'aînesse — il l'a acheté — , mais de la bénédiction qui l'octroie ? Le conseil qu'elle lui donne n'est pas correct du point de vue de l'éthique familiale. La mère inspire à son fils une action qui consiste à berner son mari. Isaac en l'occurrence, étant ce qu'il est, signe de l'insertion de l'aire du langage dans le cycle en formation, la conduite de Rebecca équivaudrait à défier les forces du Verbe, si elles ne s'étaient pas inversées. Elle ne commet aucune faute contre l'ordre systémique en voulant déjouer une prise de parti infondée. Mais abuser d'un vieillard devenu aveugle ! Isaac avait soixante ans quand les jumeaux sont nés. Durant des décades son épouse est restée inféconde. Il a vingt ans de plus quand Jacob, sur les directives de sa mère, lui arrache sa bénédiction… Une bénédiction dont Esaü recevra, lui aussi, sa part.


Explications plus complètes dans ces livres :
La 23ième Lettre de l'Alphabet hébreu
Don Quichotte prophète d'Israël
Le Pouvoir de la Rose (explication de Rouah, Nefesch, Neshama).

 

 

 

 

 

 

Dil Se. Un grand film initiatique, de Mani Ratnam.


Plusieurs Lecteurs de ce Blog se sont demandé pourquoi soudain je parlais du Cinéma Indien, alors que mes articles touchaient normalement les thèmes initiatiques, ciblés sur la tradition biblique.
Tout simplement parce que le Cinéma Indien a produit une série d'œuvres remarquables où les critères les plus subtils de la Connaissance sont magistralement mis en scène. Ces films sont les supports de messages initiatiques codés. Le cinéma indien des grands réalisateurs ne laisse rien au hasard : tout comme dans la vie, une logique se met en œuvre, qui ne demande qu'à être comprise afin de nous enseigner pour que nous puissions nous-mêmes agir au mieux dans nos propres existences. Ces films exposent les lois archétypales régissant le réel, nos vies. Aujourd'hui, je présente le film Dil Se. Il pose la cruciale notion des âmes-soeurs, un concept métaphysique que la kabbale hébraïque connaît. Performance magnifique que mettre en scène l'amour absolu, jusqu'à l'Union apothéotique où les âmes se rendent à l'absolu. Un grand film.
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Dil Se (de tout cœur)

Film de Mani Ratnam, avec Sha Rukh Khan, Manisha Koïrala, Preity Zinta. Musique de A.R. Rahman, lyrics de Gulzar.


Résumé :

À l’occasion du 50ième anniversaire de l’Indépendance de l’Inde, la radio nationale indienne charge le journaliste Amarkant Varma de produire une série de reportages dans le Nord du pays. Pendant son voyage, sous la tempête, sur un quai de gare, il rencontre Megha. Sur la seule rencontre des regards, le coup de foudre est immédiat. Mais chacun emprunte un train différent.

Hasard ou ordonnance de la vie, les deux jeunes gens se retrouvent dans une ville près de la frontière népalaise. Megha feint d’ignorer le journaliste qui cherche à s’immiscer dans sa vie. Qui est Megha ? Une jeune femme en apparence sans histoire, vivant avec sa famille dans un modeste village de montage. Amar persiste : il cherche à revoir celle dont il pressent qu’elle est son âme-sœur. Il retrouve sa trace et se rend dans le village de la jeune fille. Un lourd secret pèse sur sa vie : son village est le centre opérationnel d’un groupe d’indépendantistes résolus à perpétrer des attentats terroristes. Elle-même participe à la mouvance et s’implique dans un groupe d’actions. Sans rien dévoiler de ses compromissions, elle rejette l’amour que lui voue le journaliste et disparaît.

Tout en demeurant lié à cet amour perdu, Amar retourne à Delhi et se résout à épouser Zinta. Le jour de leur mariage approche quand soudain Megha resurgit. Conditionnée par le chef du groupe terroriste, elle est chargée de commettre un attentat-suicide au cœur de la capitale. Elle utilise Amar comme couverture, obtient de lui une carte de presse lui permettant de s’approcher des tribunes officielles lors de la grande parade de l’indépendance. Le voile tombe. Megha se révèle être une kamikaze prête à mourir en martyr pour la cause révolutionnaire. Cependant, l’amour que lui voue Amar s’interpose.

Le journaliste luttera seul contre le clan terroriste, puis, se tournant vers celle qu’il aime, obtient d’elle des aveux. Elle lui dévoile sa véritable identité, son passé, son inextricable douleur de femme violée. Amar, en homme de parole, réaffirme la puissance de son amour, et par la seule pureté de ses sentiments, parvient à neutraliser la haine qui habite le cœur de la jeune femme. La violence, la rancœur cèdent devant la ténacité du sentiment. L’amour non seulement résout le problème personnel de la jeune femme, mais vainc et soumet la terroriste. La bombe qu’elle devait faire exploser est détournée de son objectif assassin. L’union des deux cœurs est enfin possible après l’acte de reddition. La sublimation du sentiment amoureux provoque la fusion des deux êtres dans un anéantissement du moi et dans l’abandon à l’absolu.



Analyse

C’est avec courage que le cinéma indien aborde ici l’histoire récente de son indépendance. À quel prix se réalise l’unité d’un pays ? Combien de souffrances versées, combien de vies sacrifiées sur l’autel de cet objectif politique ? C’est sur l’arrière-plan des luttes d’indépendance des tribus du Nord de l’Inde que se déroule cette magnifique histoire d’amour de deux êtres, deux âmes-sœurs unies dans l’absolu, mais déchirées par les contextes sociaux – culturels et politiques.

Le terrorisme est en toile de fond de l’intrigue. Qui est Megha ? Une dangereuse activiste, résolue à commettre les crimes les plus sordides pour venger son peuple et sa famille. Embrigadée par des doctrinalistes de la violence, des rhétoriciens de la révolution sanguinaire, elle s’offre en martyr pour une cause qu’elle croit noble. Mais comment un attentat peut-il servir quelque idéal si des innocents doivent périr ? Peut-on lutter contre un mal par un mal supérieur ? Existe-t-il une légitimité au terrorisme ? Les douleurs engrangées, les humiliations, les tortures subies, justifient-elles la réplique d’une vengeance ?

La jeune terroriste, animée par la fougue d’un idéal désespéré, s’apprête à sacrifier sa vie au nom d’une cause aussi virtuelle qu’absurde. D’où tire-t-elle son courage ? D’une blessure ancienne. La douleur qu’elle éprouve est engrammée sur le souvenir d’un viol dont elle fut victime dans son enfance. C’est dans cette purulence qu’elle puisse sa détermination. En nous référant aux travaux de Dominique Aubier sur le fonctionnement cortical, on pourrait diagnostiquer chez la jeune femme une rupture névralgique affectant sa capacité perceptionnelle. Le viol a provoqué chez elle une ablation de son aire somatosensorielle perturbant son accès au langage articulé, voire à la pensée.

Le personnage est admirablement interprété par la comédienne Manisha Koïrala qui restitue avec intensité le désespoir d’un être privé du recours de sa moitié existentielle. Bien qu’elle dispose du langage ordinaire, elle endure une forme d’aphasie : le viol a tué en elle l’accès au langage aimant, la respiration profonde de l’être.

Est-il possible de rétablir la liaison entre les deux hémisphères, entre l’aire somatosensorielle et son En face ? Comment rétablir l’unité de l’être ? Telle est la question centrale du film dont le propos dépasse le cadre politique de l’unité indienne. Il est non seulement question ici de l’intégrité physiologique de l’individu mais également du concept métaphysique de l’Unité.

Les innombrables séquences tournées sur des ponts, passerelles et tunnels sont autant de métaphores de l’opération de passage qu’il s’impose de réussir pour parachever l’unité. Espérons que les ponts sont assez solides est l’une des toutes premières répliques d’Amar.

Par quelle méthode franchira-t-on le pont qui rétablira l’harmonie ?

Dans un monde en proie à la violence, comment peut-on sauver l’aimée, sauver la planète, préserver l’unité ?

Réponse : Dil se, de tout cœur. Avec sincérité et réalisme, le cinéaste Mani Ratnam propose la thérapie de la parole vraie. Elle seule dispose de la force nécessaire pour désamorcer la puissance du mal.

Devant la muraille qui se dresse devant lui, Amar provoque une thérapie de choc. Il exige que sur la souffrance dont elle se nourrit, l’aimée pose une parole, une explication. Partant, un dialogue qui rende la rencontre possible. Pour dégager la jeune femme de son affliction, il fallait nécessairement qu’un homme de parole instille dans son esprit, des mots, une pensée faite de beauté, de poésie, d’amour, qui réponde à la barbarie qu’elle a subie. Il fallait qu’une voix efface la chanson du passé, émette un message nouveau sur l’infime fréquence encore disponible. Il subsiste en elle une longueur d’onde réduite depuis qu’un traumatisme a brisé sa proprioception. Le fil de la parole amoureuse se propage et touche ce qu’il reste d’activable dans l’aire cérébrale lésée. L’amour trouve, par la parole, le chemin à l’aire somatosensorielle. La parole aimante met le mal en échec et déclenche une véritable théophanie par le dévoilement de la vérité. Aussitôt, le courant est rétabli. L’unité se restaure dans son intégralité. Une superbe séquence intitulée Ae Ajnabi met en scène ce transfert par les ondes de la parole franchissant les obstacles.

Il fallait un immense talent pour assumer ce rôle de messager de l’amour absolu. Le comédien Sha Rukh Khan a relevé ce défi. S’agit-il encore d’un jeu d’acteur quand son interprétation projette avec tant de puissance le don total de soi ? Le film, extrêmement éprouvant, alterne un réalisme sévère avec l’onirisme des élégantes séquences musicales dont la beauté s’accorde avec les grandioses décors naturels de l’Himalaya. Il se termine sur une admirable vision métaphorique de l’Union des contraires : l’extinction du moi dans l’apothéotique déflagration de l’union amoureuse.

Mani Ratnam,  réalisateur de Dil Se, a également tourné l’extraordinaire  Raavan, dont il a fait deux versions, l’une en Hindi, l’autre en Tamoul. Là aussi, l’amour absolu jusqu’à l’apothéotique déflagration…
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La Connaissance initiatique, au cœur du cinéma Indien. 
Dominique Aubier a consacré trois livres à ce sujet :

vendredi 26 juin 2020

Plaidoirie pour une cause gagnée. 3 livres de Dominique Aubier.

Trois livres essentiels pour comprendre Israël et sa mission.

Voici 3 livres que j'estime importants pour la cause de l'Esprit. Rédigés pendant les années d'exil de l'Auteure, au plus près des sources de la Torah et du Zohar, ces ouvrages visent à l'élévation de la conscience quand bien même des intérêts créés voudraient la réduire au silence…


Sous ce titre générique, Dominique Aubier a écrit trois ouvrages essentiels donnant à comprendre le rôle du judaïsme dans le monde :

1. Le cas Juif ;
2. L'Urgence du Sabbat ;
3. Le Principe du Langage ou l'Alphabet hébraïque.

Le Principe du Langage ou l'Alphabet hébraïque définit l'Alphabet hébreu par rapport à la vérité fondamentale du réel et insère les lettres hébraïques dans la systémique du fonctionnement cérébral. L'exploration, lettre après lettre de l'édifice conceptuel de l'Alphabet permet de découvrir l'essence de la parole, d'accéder au Principe du Langage, fondateur d'humanité et de civilisation. 

L'Urgence du Sabbat présente une explication raisonnée du rituel sabbatique. Une enquête sur son symbolisme immuable permet de tracer le schéma du fonctionnement de l'esprit et d'y reconnaître le plan de guidage de la vie.
 
Le Cas Juif décrit l'ampleur de la pensée juive, sa force d'adhésion au réel, la vigueur ontologique de son langage. Ce livre met en évidence la spécificité d'Israël encadrée par cinq paramètres, le Verbe, le Peuple, le Pays, la Langue et le Temps. Cinq facteurs qui forment les cinq sépales du calice sur quoi s'épanouissent les pétales de la Rose d'Israël.

Ce triptyque est à mon sens un monument de la pensée.
Les trois volumes sont également disponibles séparément.


Plaidoirie pour une cause gagnée
Un triptyque initiatique de haut niveau





mardi 16 juin 2020

Plaidoyer pour la Civilisation de l’Universel.


L’humanité est arrivée au point crucial où le choix entre la survie et l’extinction tient à la capacité d’assumer la vocation fondamentale de la conscience qui est de comprendre son rôle dans l’univers. Il ne s’agit pas d’inventer une philosophie ni de mettre au point un système qui s’imposerait à tous, mais d’identifier les valeurs qui habitent l’univers. Les traditions du monde ont eu le souci de rassembler ces valeurs, de les maintenir dans l’unité de la cohésion. Mais chacune d’elles tenant un discours particulier, les divergences sont survenues. Une synthèse de valeur universelle demande à être dégagée de tout ce savoir mondialement partagé par les cultures et les civilisations. C’est l’objet des trois ouvrages présentés ci-dessous formant unité.
 

1. La Face cachée du Cerveau (en 2 volumes).
Les archétypes, lois organiques du réel, sont répertoriés dans cet ouvrage et situés dans la structure porteuse. Il s’agit de la table de référence fondant les traditions du monde, toutes à égalité de dignité. C’est avec une extrême lucidité que Dominique Aubier a étudié les rites et traditions, démontrant leur cohérence dans la diversité. Elle en dégage le corps conceptuel et en libère les symbolismes. Il en ressort un véritable Code, une carte de lecture, vérifiée par les sciences, permettant de comprendre nos vies et nous aider à mieux saisir nos événements. Un ouvrage en deux volumes.

2. L’Ordre cosmique.
Dans quel univers vivons-nous ? Quel est le sens de notre présence sur terre ? Ce livre reprend les critères dégagés dans la Face cachée du Cerveau et les applique concrètement aux questions les plus ardues que se posent les chercheurs. L’univers a-t-il un sens ? Nos vies ne sont-elles que du hasard ? Certes non, car tout est soumis au principe de conscience, à la force de l’esprit, à la puissance du Verbe. Aussi Dominique Aubier propose-t-elle de sonder dans ce livre les versets bibliques au plus près de leur écriture originale hébraïque et de les confronter aux découvertes et observations les plus pertinentes des astrophysiciens. Une lumineuse clarté ensoleille ce livre splendide.

3. La Puissance de Voir selon le Tch’an et le Zen.
Dominique Aubier interpelle ici la puissante tradition qui, depuis de monastère de Tchaolin, a donné naissance au Kung Fu, au Tch’an et au Zen, au Japon. Ces disciplines, formes travaillées du Bouddhisme, reposent sur une vision du monde et du réel qui s’enracinent sur la notion de modèle d’absolu. Une notion partagée par toutes les traditions du monde et qui se déploie en table de critères, selon un code précis : le code des archétypes universaux. La Face Cachée du Cerveau en donne la clé. Ici, Dominique Aubier pénètre le secret des Koâns et Haikus dont elle ouvre le codage par-delà leur apparence poétique : les énigmes s’ouvrent une à une dès lors que l’esprit parvient à en extraire le secret archétypal.

Dominique Aubier confirme ici sa compétence d’initiée de notre temps dont l’engagement au service de la vérité est total.
Ces trois ouvrages sont proposés sous la forme d’un triptyque : Plaidoyer pour la Civilisation de l’Universel.
Ils peuvent aussi être acquis séparément.

jeudi 11 juin 2020

Contre le Racisme… Pour l'Amour.

Contre le Racisme… Pour l'Amour.
par Dominique Blumenstihl-Roth

Comme tout le monde,
j'ai été choqué par l'affaire George Floyd, « Noir » américain tué par un policier « Blanc ». Cependant, je n'ai pas vu les images du crime, car je n'ai pas la télé. Elle est restée au sous-sol de la maison et elle y restera car j'évite de polluer mes yeux de ces images de violence diffusées par les médias avec délectation. 
S'est-on rendu compte que voir la violence engendre la violence ? L'impact des images, même virtuelles, touche directement le cerveau par l'intermédiaire des yeux qui ne sont pas des organes extérieurs mais une extension de la matière cérébrale, comme cela a été observé et prouvé par l'embryologie. Donc « voir », c'est toucher la matière cérébrale. Voir le crime, c'est l'intégrer dans notre structure mentale qui en reçoit l'information et la traite comme étant du réel. Notre cerveau ne distingue pas le virtuel. Pour lui, tout est vrai.
Une propriété du cerveau, qui est à la base de nos apprentissages, c'est l'imitation. Nous imitons ce que nous voyons. Si nous marchons debout, c'est parce qu'on nous l'a appris dans notre enfance et parce que nous avons vu marcher les humains autour de nous, dressés sur deux pieds. Marcher n'est pas spontané, il faut que l'exemple en soit donné et que la technique en soit enseignée. Les « enfants sauvages » qui n'ont pas fréquenté les humains ne savent pas marcher debout. Ni parler : l'usage de la parole procède de l'écoute et de l'imitation. Idem pour l'écriture qui s'enseigne par imitation sur un référentiel graphique appuyé sur le sens. Les comportements sociaux que nous adoptons sont également assujettis à l'imitation. Nous portons un masque parce que tout le monde en porte…
Donc EXIT la télé où l'on voit 200 crimes par jour, certes virtuels, mais mon cerveau est naïf par nature et prend tout au sérieux. Ce n'est qu'après réflexion qu'il se dit : « Bah, cela n'est que fiction ». Mais en attendant, il aura « encaissé » l'impact de ces images qui auront déposé en lui une engrammation subliminale. Je n'ai donc pas vu ce crime odieux et je suis heureux de n'être pas contaminé par ce lamentable spectacle. Mais j'en ai entendu parler et je ne puis me soustraire aux informations qui parcourent la planète.
— Tu iras à la manif contre le racisme ? m'a demandé une amie.
— Je ne crois pas que cela se règle dans la rue, ai-je répondu, et je ne cherche pas à m'exposer à la violence qui peut à tout moment électriser une foule. On sait que la multitude est essentiellement émotive et que sur une émotion forte tout peut arriver. Je préfère agir à ma manière, et je n'ai pas attendu que ce désastre survienne pour m'investir sur cette question. Je n'ai pas attendu qu'une ébullition venant des U.S.A. m'ébouillante pour réagir. Le racisme, je le connais, et dès l'âge de 10 ans j'ai dit STOP. Stop à la violence. Cependant, je n'avais pas compris si c'était du racisme ou une forme ordinaire de sadisme.

C'était à l'école primaire.
Notre « maître » s'appliquait à nous faire lire. Il nous expliquait la non-prononciation de ces lettres muettes que la langue française affectionne. Un de mes camarades de classe avait le plus grand mal à saisir la subtilité. Il lisait plutôt bien, d'une voix bien posée, mais s'acharnait à prononcer et même appuyer tous les « e » muets en fin de mot. Je trouvais cela plutôt comique. Mais tel n'était pas le tempérament du maître d'école qui perdit patience. Il ordonna à Ali de relireu la phraseu. Encoreu et encoreu jusqu'à ce qu'il comprenneu qu'il ne fallait pas prononcer ce « eu » fatiditique. Ce fut Ali qui perdit patience et qui s'écria : « j'en ai mare » ! Le maître alla le chercher au fond de la classe, l'amena sur l'estrade, lui baissa culotte et une pluie de coup s'abattit sur lui. Jamais de ma vie je n'avais vu pareille avalanche de violence accompagnée d'un flot d'insultes auxquelles je ne comprenais rien. Je ne savais pas ce qu'était un « bougnoule », un « métèque », un « bicot »… Comme j'étais assis dans les premiers rangs j'eus droit au spectacle intégral. La violence déchaînée — je m'en souviens comme si c'était hier — m'avait coupé le souffle. En mon fort intérieur je me disais : jamais cela ne m'arrivera. Et toujours je prononcerai correctement les mots et jamais je ne dirai que j'en ai mare. Mais plus jamais non plus, je ne répondrai à aucune question que me poserai cet homme si jamais il m'interroge. A cet homme, je ne parlerai plus jamais.
Et cela ne tarda pas : le jour même, dans l'après-midi, il me fut demandé de réciter la leçon d'histoire. Un résumé qu'il fallait apprendre par cœur. Il fallait se lever et déclamer le texte. Non seulement je ne me levais pas, mais restais silencieux. Il m'appela une seconde fois. Je ne bougeai pas, tétanisé et cependant résolu de ne rien dire. Allais-je déguster à mon tour ? Quelque chose de féroce en moi bloquait mes jambes. Non, je ne me lèverai pas. La langue restait collée. Je regardais le géant dans les yeux, un puissant jet de pensée se projeta hors de mon cerveau qui se résumait en un seul mot : « non ». La confrontation avec l'autorité dura quelques secondes qui me parurent une éternité. Le « non » en moi était absolu. Il décrocha son emprise et interpella un autre élève. Il ne m'interrogea plus jamais.
Je n'avais pas accepté la violence et je rétorquais par la mienne, faite de silence et de refus d'obtempérer. Etait-ce cela, le monde du « dehors » dont mes parents voulaient me protéger ? Avais-je assisté à un débordement raciste ? Je ne connaissais pas ce mot et ce n'est que des années plus tard que je pris conscience de l'horrible vérité : aucun enfant de la classe n'avait jamais été malmené, si ce n'est Ali. Il concentrait sur lui la brutalité d'un irascible qui lui avait imposé, devant témoins, d'immondes sévices.
— A moi, jamais pareille chose n'arrivera, me répétais-je. Je saurai rejeter, dire « non ». Et ce non est resté comme une promesse faite à mon camarade de classe qui m'a vacciné à jamais contre toute incursion raciste dans ma pensée.
Racisme ? Je ne savais pas ce que c'était. J'en avais entendu parler mais je n'ai jamais compris ce que cela pouvait être. N'éprouvant pas ce sentiment, il m'est toujours resté inaccessible. Car c'est bien d'un sentiment qu'il s'agit, d'une perception conditionnée, imitée, enseignée. Une pathologie ? Je ne l'éprouve pas. Peut-être grâce à l'extrême tolérance de mes parents adoptifs luthériens ? Ils m'ont éduqué dans l'amour inconditionnel, par delà toute différence. Leur foi solide et exemplaire s'appliquant aux gestes de la vie quotidienne ne laissait aucune brèche par où pouvait s'infiltrer quelque mauvais sentiment nauséeux qui parcourait le monde extérieur. Il existait, comme aujourd'hui, violence, racisme, haine, mais rien de cela ne pénétrait dans la forteresse familiale dont les murailles se consolidaient par des contreforts d'affection, d'attention, de respect. La vie m'a accordé le privilège d'être éduqué dans une famille adoptive dont je ne partageais pas la religion. Mais quelle exemplarité ! Avec quel respect mes parents ont-ils accepté que par ma naissance je n'adhérais pas à leur culte : sans dogmatisme, sans prosélytisme, sans intellectualisme : l'exemple donné valait enseignement. Je n'étais pas victime de ma différence, aussi étais-je à égalité, la différence me donnait au contraire la joie de la rencontre avec ce que je n'étais pas.

Rencontre avec Léopold Sédar Senghor.
Des années plus tard, je me suis risqué à écrire mon premier recueil de poésie. Je recherchais l'avis… d'un Maître — serais-je resté un éternel élève ? A qui pouvais-je soumettre mes écrits qui me donnerait une critique compétente ? A quel poète pouvais-je présenter mon manuscrit et lui demander conseil ? C'est alors que je découvris l'œuvre exceptionnelle de Léopold Sédar Senghor. La grande voix africaine du Verbe. L'ampleur de son chant — Élégies majeures — me transporta. Son premier poème In memoriam  s'ouvre sur ces lignes : « C'est Dimanche. J'ai peur de la foule de mes semblables aux visages de pierre… » Poète seul, loin de chez lui, en exil en France, que les souvenirs ramènent au pays natal… Suit l'ouragan : « embrase mes lèvres de sang, Esprit, souffle sur les cordes de ma Kôra… » et sa lettre à Aimé Césaire : « au Frère aimé et à l'ami, mon salut abrupt et fraternel… » C'est à lui que je devais envoyer mon premier recueil intitulé « Oasis », à Léopold S. Senghor, parce qu'il croit aux signes : « Les goélands noirs, les piroguiers au long cours m'ont fait goûter de tes nouvelles… Ils m'ont dit ton crédit, l'éminence de ton front et la fleur de tes lèvres subtiles… »
J'expédiais mon courrier à l'ambassade du Sénégal avec prière de faire suivre. Quelques jours plus tard, une lettre. Le Poète m'invitait à le rencontrer à Paris, chez lui, dans son appartement Square Tocqueville. Je pensais à ces lignes du Poète : « Ils m'ont dépêché un courrier rapide, le Prince a répondu… »
Je n'en revenais pas. J'étais (je le suis toujours) un poète inconnu, et voici que m'invitait le chantre de la Négritude, l'auteur des Chants d'Ombre, d' Ethiopiques et non moins président du Sénégal, héros de l'indépendance de son pays… Le Poète sur les lèvres de qui le mot « Nègre » n'est pas une insulte mais une lettre de noblesse…
Comme j'étais en avance, un secrétaire fort élégant m'introduisit dans un petit bureau où trois magnifiques masques aux regards pénétrant m'ont surveillé pendant de longues minutes. J'avais l'impression que leurs yeux étaient vivants et qu'ils me sondaient. Transmettaient-ils leur avis au Poète qui, de l'autre côté du mur, dans une pièce adjacente, recevait leur compte-rendu ? 
« Masques ! O Masques !… Masques au quatre point d'où souffle l'Esprit. Je vous salue dans le silence ! »
Je le remerciai de m'accueillir, lui présentai mes excuses, bien conscient qu'il avait certainement quantité d'affaires plus urgentes à régler que recevoir un inconnu à prétentions poétiques. Il me pria de me rasseoir, m'appela « mon jeune ami ». Me dit :
— La poésie a ses priorités. C'est pourquoi vous êtes là. Alors votre recueil…
Je tremblais à la critique qui allait tomber. Mais son regard chaleureux indiquait que la bienveillance avait guidé sa lecture :
— Je vous suggère d'en compléter le titre et d'ajouter le mot « vivantes ». Oasis Vivantes, au pluriel, cela irait bien. Car vos textes sont des oasis. Et les oasis sont vivantes, n'est-ce pas ?
La poésie, l'esprit, la beauté, l'amitié qu'il m'accorda d'emblée… Voilà les images que je garde de la rencontre exceptionnelle, affection pure qui se prolongea pendant des années, jusqu'à sa disparition. Je lui envoyais mes écrits, poèmes, nouvelles et toujours la réponse bienveillante propice au progrès.

Un jour, au retour d'un séjour en Afrique,
Soudan, 1982/1983, avec quelques amis, nous avons fondé l'Association France et Pays en Voie de Développement. Une minuscule ONG qui sillonnait les écoles et collèges d'Alsace où nous projetions des films que nous prêtait l'Unicef. Nous organisions des rencontres et des débats avec les jeunes sur le Dialogue Nord-Sud. Léopold S. Senghor accepta d'en être le Président d'Honneur, ce qui nous ouvrit des portes au plus haut niveau. Le Ministère de la Coopération désira connaître nos activités : l'Etat s'intéressait de près aux ONG, même les plus petites, dont le travail échappait à son contrôle… Dans la foulée, mystères du pouvoir, je fus reçu par Eric Orsenna, alors conseiller du Prince à l'Elysée.
Je croyais alors à la troisième voix dont François Mitterrand, nouvellement élu, avait parlé au sommet de Cancun, au Mexique. Il avait suscité l'enthousiasme d'une génération qui désirait ardemment changer les choses en agissant avec des critères différents. L.S. Senghor préconisait une voix poétique en réponse à la domination économique et je pensais que F. Mitterrand s'engageait sur ce chemin du progrès humain non inféodé au mercantilisme. Quelle ne fut pas ma surprise quand son conseiller me remit très aimablement en place : il n'y avait, selon lui, qu'une seule voie de développement possible, celle de l'Occident, « la nôtre » précisa-t-il avec une tranquille assurance, ajoutant un insupportable « vous le savez bien », comme si, de bien entendu, je partageais cette ineptie.
Comment cela ! D'un revers de main, on balayerait notre idéal, trahissant l'esprit de notre engagement ? Moi qui croyais à la Civilisation de l'Universel, chère à Senghor, me faire remballer par ce misérable : « une seule voie possible, celle de l'Occident. La nôtre. » ? La pensée unique qui venait de s'exprimer. En guise de développement et de civilisation, il n'y en aurait qu'une seule, celle du « faire », du productivisme, du mercantile ? La troisième voie qui nous avait enthousiasmée ne serait donc que comédie et mise en scène ? Qu'allais-je répondre à ce cynisme ? Jamais de la vie, me suis-je dit, jamais je ne souscrirai à cette prétention d'orgueil qui voudrait que l'Occident soit seul à décider de la marche des affaires du monde. Pour moi, et je n'étais pas seul à croire en cela, il devait exister une autre voie, et c'était forcément celle de l'Esprit, comme le suggérait  Vaclav Havel. Certes, la forme poétique était trop faible pour la soutenir jusqu'au bout, aussi fallait-il dépasser le lyrisme et le symbolisme, trouver la 3è voie efficiente… c'est ici que commence une autre histoire, ma rencontre avec Dominique Aubier, avec Don Quichotte et donc la voie post-poétique…

J'en reviens à l'affaire du racisme.
Comment peut-on être raciste ? Je n'arrive pas à détester quelqu'un… La haine m'est inconnue. Est-ce un manque ? Je ne hais pas l'ennemi. Je m'en méfie. La haine ne fait qu'obscurcir l'entendement et amoindrit les ressources intellectuelles. Elle capte l'énergie au profit de cette passion. Le racisme est une forme qu'emprunte la haine de l'autre — peut-être de soi-même ? — qui interdit à la pensée de s'élever. La haine serait-elle une inversion de l'amour ? Une forme  d'amour exilé sous l'emprise de l'inversion ?
Le poète africain, Léopold S. Senghor, je l'ai vraiment aimé. Sa gentillesse, sa classe, son rire. J'ai aimé l'amitié qu'il avait pour moi. Comment le racisme aurait-il pu s'immiscer dans cette relation humaine ? Impossible.

J'ai aussi aimé Suzie.
Que les racistes ferment leur ordinateur et ne lisent pas la suite de ce texte. Une jeune guadeloupéenne qui arriva en Alsace, en plein hiver, à la demande d'une partie de sa famille qui voulait « qu'elle ait un avenir ». Suzie est très timorée, me disait sa belle-sœur avec qui je travaillais. « Elle sait à peine parler. Très timide et renfermée depuis qu'elle est arrivée. Avec un faible niveau scolaire ». On me demanda de lui donner des cours. Et voilà ce qui arrive quand on n'est pas raciste ; car ce qui devait arriver arriva.
La belle antillaise n'était nullement timorée, moins encore timide. Elle était simplement sidérée par le froid de l'hiver qui, me disait-elle, lui congèle les os et l'empêche de bouger et même de penser. Quant au niveau scolaire qui paniquait sa famille bien-pensante, je trouvais qu'au contraire elle pensait vite et bien, le rire et le charme en plus. Son orthographe était parfaite ce qui témoigne de la précision d'esprit. Il n'y avait qu'en maths où elle décrochait, mais comment le lui reprocher puisque c'est à la faveur d'une équation insoluble du troisième degré qu'eut lieu de premier baiser.
Le racisme ? Qu'est-ce que c'est ? La médecine a-t-elle réfléchi à cela ? La science l'a longtemps justifié, soutenue par d'exécrables experts — quelques prix Nobel — qui croient en la perfection des « races », lamentables généticiens au service d'idéologie macabres entretenues par des demeurés.
Raciste ? Si je l'avais été j'aurais raté une expérience humaine sublime ! Avoir pour amie cette jeune personne ravissante, pétillante fut une joie. Sortir avec elle, l'embrasser devant tout le monde, dans la rue et éclater de rire ensemble. Voilà quelle était notre « manif » à nous, non pas contre quoi que ce soit, mais pour l'amour. Nous étions in Love. Et puis… haïr quoi en elle ? La femme noire ? L'être humain de couleur ? Sa forme, sa peau ?  Ses yeux ? Sa pensée ? Mais c'est exactement tout ce que j'appréciais en elle, cette Autre si différente de moi et pourtant plus que semblable par l'universalité de nos caractères humains… 

P.S. Le racisme… Ah oui, cette chose bizarre qui fait que l'on haïsse quelqu'un pour une différence ? Pour ce qu'il n'est pas… comme nous ? Couleur de peau, couleur de pensée, aussi. Et ce racisme-là aussi, il existe. La haine de la pensée quand elle ne se soumet pas à l'autorité de la pensée unique. La haine de la pensée de l'Autre quand elle affirme des valeurs qui dérangent : quand je prononce le mot « Esprit », par exemple, d'étranges ressentiments électrisent certains regards… et l'on est surpris de l'insurrection qui déborde quand on a l'impertinence de parler de l'existence d'un Absolu. Cela aussi, c'est une haine, plus insidieuse, et non moins assassine.
S'engager pour l'Esprit, c'est un défi. Par ce mot, on réunit également autour de soi des gens fantastiques, qui vous aident et vous aiment. Je le constate chaque jour. Alors pourquoi pas parler d'amour car il est premier ? Ce mot doit  être prononcé et vécu. Et manifesté.

jeudi 4 juin 2020

La Voix de la Torah. Les Temps messianiques sont là.

La Voix de la Torah.
Les Temps messianiques sont là.
Hommage au rabbin Elie Munk 
par Dominique Blumenstihl-Roth

Parmi la multitude de livres paraissant chaque année consacrés aux études bibliques, quantités sont des redites qui souvent répètent moins bien ce que les prédécesseurs ont si bien exploré. Souvent, ce sont paraphrases qui se croient commentaires, commentaires qui se croient explications, métaphores qui se surimposent sur d'autres métaphores, si bien que le furet, comme dans la chanson, court toujours et qu'il ne se laisse point saisir par les approximations à la mode.

Il existe cependant quelques ouvrages qui marquent leur temps. Parmi eux, efficaces et affermis, récapitulatifs de l'enseignement traditionnel, les livres du rabbin Elie Munk.
Cette œuvre de fond permet en effet au Lecteur, d'un seul regard, de prendre connaissance des principaux commentaires exprimés par les grands Talmudistes et érudits du judaïsme qui se sont interrogés sur le sens des versets, à quoi l'auteur ajoute le fruit de ses propres réflexions, souvent lumineuses et inspirées.
Publié à partir de 1969 par la Fondation Samuel et Odette Lévy, La Voix de la Thora, en cinq volumes, présente le texte original hébreu du Pentateuque au côté de la traduction en français, suivie du commentaire, ligne par ligne, des versets. J'en ai lu les deux premiers volumes consacré à Genèse et Exode. Certes nous prenons acte qu'il ne développe pas de voies nouvelles ni ne découvre de méthode inédite de décryptage, qu'il ne met pas en relation Genèse avec les découvertes scientifiques — c'est là le propos que développera un autre auteur dans l'Ordre cosmique — mais la performance d'Elie Munk est exemplaire, ses efforts s'adossant aux recherches des auteurs classiques, tels Maïmonide, Cordovéro, le Maharal de Prague.
Une méticuleuse investigation qui n'hésite pas à recourir à des penseurs plus récents, comme H. Hirsch, et par delà la pensée dite rationnelle, aux « sources des éléments naturels et supranaturels qui forment le trésor de notre existence. »

L'approche de M. Munk ne se prive pas des recours métaphysiques. Qui dès lors s'étonnera de le voir citer le Zohar, la somme de la kabbale hébraïque ? L'auteur évite — et combien nous approuvons ce choix — les spéculations philosophiques et les constructions artificielles qui ont envoyé dans le mur tant de jeunes esprits. L'Auteur, au contraire, se concentre sur une élégante conception selon laquelle la pensée transcendante universelle préside aux destinées humaines. Pour lui, si la parole divine se partage en multiples étincelles, il est possible, pour l'homme d'en recueillir des fragments. Et quelles étincelles ! Purs jaillissements de gerbes lumineuses lacérant l'obscurité, non plus noir-lumière, mais lumière sur lumière, car le moindre éclat de cette braise incendie l'esprit du Lecteur.
J'en ai apprécié la rigueur intellectuelle, la probité méticuleuse d'une pensée extrêmement centrée sur la logique initiatique traditionnelle qui ne cède jamais aux séductions littéraires.
Le travail d'Elie Munk est-il validé à sa juste mesure ? Il est, à mon sens, l'un des derniers grands talmudistes, qui, avec Raphaël Draï, ait porté l'enseignement de la Tradition à ses sommets, ayant préservé ses cours et ses écrits des accommodements ou complaisances médiatiques. Sa lecture de Genèse permet d'entrer de plain-pied dans le Texte et on complétera ses commentaires par l'étude de Béréchit, telle qu'elle se donne dans La Face cachée du Cerveau qui en actualise le propos au regard du référentiel cérébral. De même l'étude d'Exode réalisée par Elie Munk mérite d'être lue en ayant sur table l'Ordre Cosmique afin de suivre ligne par ligne le processus de la révélation sinaïtique et l'équation de la formule divine Ehié Acher Ehié (je suis qui je serai).   

Ce que j'ai apprécié, chez Elie Munk, c'est son honnêteté intellectuelle, la probité d'une pensée sertie dans l'exigence de la vérité. Et sa grande modestie. Quel voyage s'offre là, quand il développe sa pensée sur les niveaux d'organisation, quand, dans sa démarche, il intègre le Zohar araméen et nous porte jusqu'à la frontière — qu'il ne franchit pas — où commence une autre forme de dévoilement, cette fois résolument post-talmudique, post-kabbalique…
Les études d'Elie Munk m'ont rasséréné. J'y ai reconnu la force d'un maître ayant acquis la pleine connaissance de son art, laissant ouvert le champ d'investigation, tout en indiquant la bonne direction : avec quelle acuité pressent-il les temps nouveaux, sans craindre de prononcer le mot qui en exprime la nature, s'agissant du messianisme dont il reconnaît l'occurrence imminente, confirmée par la fin du quatrième Exil en Edom.

Ce messianisme, Elie Munk l'a pressenti, souhaité. Il rappelle ainsi que le messie fils de David est issue d'une branche à laquelle l'Antagoniste contribue. Le langage allusif de M. Munk est toujours mesuré à l'exacte limite de ce que la Tradition lui permet de dire. Et sans doute en savait-il plus qu'il n'en a dit. De ce silence nait une frustration pour qui désire aller plus loin.
Plus loin dans la Connaissance qui toujours en appelle à sa propre actualisation, ce qui nous propulse hors des sentiers déjà parcourus, ce qui exige un surcroît de lucidité face aux textes toujours soumis à l'investigation.  C'est pourquoi j'attire l'attention sur les heureuses précisions de Dominique Aubier dans son étude sur l'Alphabet hébreu, dans la série Plaidoirie pour une cause gagnée. « Le messianisme est activé en deux temps. Le premier, celui du « messie-fils de Joseph » agit par les symboles, et le second, nommé « messie-fils de David » réalise l'union avec les forces antagonistes, donc Connaissance et sciences ». A ce titre, le nom du héros biblique est sans équivoque, « David avec son nom à deux Dalet, deux portes à double-battant gauche et droite en union des Contraires ». Le messianisme, à n'en pas douter, consiste donc à opérer le dévoilement des secrets. Secrets qui ne peuvent être dévoilés par le religieux, qui ne peuvent être divulgués par la Tradition : le messianisme consiste dès lors à ouvrir les temps nouveaux, afin que les choses enfin puisse se dire et déclamer leur sens. Afin que le Motif d'Absolu apparaisse au grand jour.

La dynamique messianique, selon la prophétie Obadia, se développe en Séfarad (Espagne) et Tzarfat (France). Territoires d'Esaü — participation de la gauche structurelle — où chevauche, infatigable, Don Quichotte prophète d'Israël… agissant au cœur du plus grand danger.
Quant au Messianisme explicatif, davidique, dirons-nous en reprenant la terminologie consacrée, il est nécessairement post-symbolique. Il consiste à délivrer l'identité du Motif d'Absolu, la donner à tous, dès lors qu'elle est connue. C'est exactement ce à quoi nous travaillons, ici-même, dans ce blog… En toute modestie, avec vous et en partage.
Les temps messianiques, nous ne les attendons pas. Nous y sommes engagés.

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Tous les livres de mon Maître.
Tous les films de mon Maître.

Les ouvrages d'Elie Munk ont été récemment réédités par la Fondation Samuel et Odette Lévy.