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samedi 25 mai 2019

Fils de pute ou l'éloge de Jérusalem

Fils de Pute ou l'éloge de Jérusalem…
Récit d'une promotion quichottienne par Dominique Blumenstihl-Roth

Sous sa forme sa plus pure, la doctrine de vérité se confond à l'intelligence de l'Alphabet. 
(Dominique Aubier, La Porte de L'inde.)


1. Nos chers petits "innocents"…
Il y a quelques jours, ayant travaillé toute la matinée à un texte, je suis sorti me dégourdir les jambes. Il était près de midi. Revenant des étangs (désormais célèbres de mon village), je suis passé devant l'école primaire qui se trouve sur mon chemin. La difficulté était de traverser la route, j'ai donc attendu un bon moment avant que la voie se libère.
J'entendais derrière moi les cris des enfants, dans la cour. J'ai regardé comment ils jouaient et ma foi, j'ai trouvé qu'il y avait là pas mal de violence. Deux garçons qui se chamaillaient, un autre qui s'amusait à faire des croche-pieds aux camarades… La voie se libère, je traverse. 
Et soudain j'entends derrière moi une voix qui vocifère : « Hé ! Fils de P… ! ». D'autres enfants se sont joints au cri, reprenant en cœur l'insulte.
J'ai eu un étrange frisson : était-ce à moi qu'ils s'adressaient ou était-ce entre eux ?
J'ai continué sans me retourner dans la rue en face et là, j'ai entendu depuis l'école un des gamins qui criait : « il est dans la rue, le fils de P… »

Je suis rentré chez moi, sonné.
Que faire ? Dénoncer l'agression ? Contacter le directeur de l'école ? Les « petits innocents » que nous prenons si volontiers pour des anges avaient été d'une vulgarité absolue. Pourquoi ? Est-ce là une habitude chez eux qu'insulter les passants ? Un jeu ? J'ai passé l'après-midi à chercher le sens de ce vomissement d'injures.

Le soir venu, toujours perplexe, je suis allé faire quelques courses au supermarché. Sortant du magasin, j'ai attrapé au vol les répliques que se donnaient deux personnes qui entraient. Une jeune fille et un homme, peut-être son père. J'entends la fille qui demande :
— Mais c'est quoi un hébraïsme ?
— C'est une expression, un hébraïsme c'est…

Je n'ai pas entendu la suite. Mais voilà qui n'est pas courant, qu'entendre le mot « hébraïsme » à l'entrée d'un supermarché ! Les paroles, fugaces, n'ont fait qu'un tour dans mon cerveau : et si tout cela, c'était un hébraïsme, dans le sens où ces paroles prononcées par les sauvages de la cour de récré devaient être entendues tout autrement qu'au sens littéral et immédiat ? L'Invisible, au travers de ce « plan de cohérence », me donnait un indice pour guider ma compréhension. Fini l'abattement et la déprime que ces insultes m'avaient infligés. Il fallait absolument en décrypter le sens au-delà de la bave.
Porter plainte ? Certes, contre moi-même, la plainte de n'avoir pas saisi plus tôt qu'il y avait là un message qui m'était adressé à haute et intelligible voix.
Que m'avaient-ils dit ?

2. Fils de p…
Voilà qui est déplaisant au possible.
Mais laissons de côté l'aspect vocifératoire : je retiens l'étrange inspiration qui a visité ce gamin (10 ans peut-être ?). D'où lui est venu ce cri ? Pourquoi me l'a-t-il jeté à la tête ? Et si ce cri venait de « plus loin », signifiant tout autre chose, dépassant sa conscience  ?
Je me suis soudain rappelé que dans Don Quichotte, cette expression d'une vulgarité totale est fort prisée par Sancho Panza. Dans les traductions françaises, on préfère parler pudiquement de « fils de gueuse » là où l'Espagnol de Cervantès recourt sans pudeur ni retenue à « hijo de puta ».
Cependant, Sancho ne s'adresse pas un individu en s'écriant de la sorte. Chez lui, c'est un cri du cœur, car il vient de déguster un vin exceptionnel, un vin de la Mancha dont la robe, le tanin, le corps, tout lui semble méritoire. « Hi de Puta, s'écrie-t-il, como catolico es. » Il trouve ce vin fort catholique et d'en reprendre une rasade. C'est au chapitre 13 du volume II.

Je me suis souvenu également d'un échange que j'ai eu avec mon ami le cinéaste espagnol Raùl Rincon qui a tourné le film El Secreto de Don Quijote avec Dominique Aubier. Nous parlions justement du vin… Nous évoquions le cri de Sancho et je lui avais présenté l'étude qu'en avait faite Dominique Aubier. C'était le jour anniversaire de la naissance de Cervantès :

Ola Raùl,
Gracias por llamar al telefono !
Me alegra oir a tu voz y ser en contacto con el pais del Quijote al dia mismo del aniversario de Cervantès. Lo considero como un saludo de la parte del buen Sancho que eres ! Es que para ser listo como Sancho hay que beber mucho vino…


3. Don Quichotte vient au secours…
Dans mon explication, je renvoyais mon ami vers le chapitre 35 du volume I du Quichotte. C'est là que le chevalier crève les outres de vin pour en répandre le précieux liquide : symbole de la Connaissance devant se répandre dans le monde, Quichotte agit en somnambule et croit livrer un combat contre un certain géant qui serait son ennemi. Son arme, c'est le vin qu'il libère des outres. Et les outres, les grands contenant accrochés au mur (le mur du temps, Zeitmauer), ce sont les grands initiés ayant absorbé savoir et sagesse. Leur Connaissance ne doit pas rester confinée dans ces récipients de peau. Elle doit s'ouvrir au monde, d'où les coups d'épée crevant les réserves de vin. Cette scène a été commentée par Dominique Aubier dans Don Quichotte le prodigieux secours, p. 359, à lire sans modération.

Au chapitre 13, vol. II, on retrouve la thématique du vin. Petit exercice comptable portant sur les numéros de chapitres : 35 - 13 = 22. Cette fois, c'est Sancho qui prend en charge la boisson. Tandis que son Maître répandait le vin tout au autour de lui dans le volume I, Sancho, dans le second tome, reprend à son compte la leçon et se décide à boire. « Pourquoi l'écuyer ne serait-il pas capable de reprendre le thème ? » demande Dominique Aubier.  « Un jeu de Bip-BOP s'aperçoit dans le développement du thème vineux. Ce n'est plus le chevalier qui agit, mais son assistant. C'est à Sancho qu'est assigné le devoir d'assurer le "revenez-y". » Sancho a en effet  ingurgité, depuis le volume I quelques 22 chapitres d'enseignement (35 - 13) : serait-ce une allusion à l'alphabet et ses 22 lettres que lui aurait enseigné son Maître ?

« Quand il eut fini de boire, il laissa tomber la tête sur une épaule et jetant un grand soupir :
— Oh le fils de gueuse, s'écria-t-il, comme il est catholique !
— Voyez-vous, reprit l'écuyer du Bocage, dès qu'il eut entendu l'exclamation de Sancho, comme vous avez loué le vin en l'appelant fils de gueuse !
»

Le texte original de Cervantès est plus brut que la traduction. Le juron y est répété 4 fois et non de manière édulcorée :
« O hideputa vellaco, y como es Catolico !
Veys ai dixo el del bosque, en oyendo el hideputa de Sancho, como avies alabado este vino, llamandole hideputa ?… Digo, respondio Sancho, y confieso, que conozco que no es deshonra llamar hijo de puta a nadie, quando cae debaxo del entendimiento de alabarle…
»

Condition plaisante, écrit Dominique Aubier, car Sancho déclare qu'il est possible de traiter quelqu'un de fils de p… quand il paraît évident que c'est dans l'intention de le louer…

Faut-il poursuivre plus avant l'exégèse sur le vin de Ciudad Real qu'ingurgite Sancho ? Sancho entame un « coloque » avec son collègue écuyer du Bocage — coloquio, c'est le titre du chapitre. Cela s'entend directement en hébreu : col, c'est la voix. Qio : le verbe vomir. Cela signifie que Sancho, dans ce chapitre, va « rendre », c'est à dire restituer tout ce qu'il a appris, et cela de manière bien concrète. Le chapitre 13 du vol II restitue la leçon du chapitre 35 du volume I, mis en forme réaliste de sorte que le vin soit clairement identifié. Son cépage, son origine, sa fonction, ses effets. La scène avec Sancho en devient une véritable leçon d'œnologie et le brave écuyer ne mâche pas ses mots pour expliquer au mieux ce qu'est le vin.
Hide puta s'écrie-t-il à trois reprises avant de développer l'expression dans son entièreté en quatrième position hijo de puta.
N'est-ce pas l'insulte dont j'ai été gratifié ?
Bien sûr, j'en ai été indigné. Mais qu'en dit Sancho ? Il estime que « ces mots ne déshonore pas quand il tombe sous le sens  que c'est dans l'intention de louer… » En me jetant à la tête cette injure, en quoi serais-je loué ?

4. Pourquoi l'hébreu ?
Sancho s'écrie d'abord : Hide p… En hébreu direct cela signifie…
J'entends l'objection : pourquoi est-ce que j'invoque l'hébreu et pourquoi pas une autre langue ? Que le gusta o no, selon les kabbalistes (Volozhyn), « les lettres de l'Alphabet sont simultanément l'origine du langage et de l'être , c'est à partir de la lettre même que se dégage la signification des choses, sans que l'on doive recourir à la médiation de l'interprétation allégorique ». J'applique la règle, d'où le recours direct à l'hébreu, son alphabet comme grille de lecture car le langage est l'être même de l'Homme, donnée élémentaire et fondamentale de la réalité. Il faut aller droit sur l'hébreu et son alphabet car « la perspicacité majeure de la conscience humaine réside dans le pouvoir d'appréhender les lettres, leur symbolique et leur sens… » écrit Dominique Aubier. Ajoutant : « l'hébreu pourrait bien être la langue naturelle du cerveau, la localisation de ce principe s'opère dans un repli précis de la substance corticale, que la kabbale appelle le "cerveau caché". Les neurologues désignent ce site d'insertion dans l'Hémisphère Qui Sait par "l'aire motrice primaire du langage" ou "M3" enfouie dans la profondeur du sillon cingulaire, fort mal connu… » *

Il faut, pour décrypter les Textes, les événements, penser les choses à l'aide d'une référence autre que l'imaginaire et le symbole qui doivent être dépassés : passer du stade littéral dont il convient d'extraire toutes les informations à une explication qui aille au cœur du propos soulevé. Donc « retrouver, en tout événement, la présence des normes formant la syntaxe du Verbe, faire apparaître l'archétype qui fonde le sens, extraire le noyau du sens en appuyant le fait observé — ou le texte — sur l'architecture systémique ayant dirigé son expression » (Dominique Aubier). Recourir à la norme de la Structure d'absolu dont le modèle est homologable sur la structure cérébrale…  La technique : « un initié carde les faits vécus il en explore le symbolisme et dégage les éléments systémiques fondamentaux qui en ont fixé la configuration » (Dominique Aubier, La Porte de l'Inde, p. 162).

C'est exactement ce que je fais. Dépassant l'aspect outrageant de l'insulte, je la reporte sur la grille de lecture que fournit l'hébreu en tant que langue vissant directement le sens sur l'événement. J'y ai accès par l'intercession de Don Quichotte qui m'a indiqué la piste, car lui aussi, renvoie à l'hébreu quand Sancho s'écrie Hijo de Puta. Je suis en analogie avec lui, ainsi que je l'ai dit en introduction d'une conférence que j'ai donnée, au Lapin Agile, à Paris, haut lieu culturel de Montmartre où il fait bon s'abreuver.

Ainsi, Hide s'entend « Heidad », et c'est un cri de joie, d'approbation.
Quant à « fils de gueuse », cela figure bien plus rugueusement dans le texte de Cervantès qui expédie le mot « puta ». Que l'on entend en hébreu contracté : « patouah ». Désigne ce qui est clair, évident, explicite. Comme si Sancho venait, après avoir pris une gorgée, de s'écrier : « Mais c'est l'évidence, tout est clair ! » (voir page 361 de Don Quichotte le prodigieux secours…)

5. L'éloge du vin

 Sancho estime ce vin fort « catholique » au travers d'un rébus… tout en hébreu. Catholique au sens réel du terme, c'est-à-dire visant l'universel. Autrement dit, Sancho fait la célébration de la clarté du vin, « clarté du sens universel qui se fait entendre quand le vin est nommé en langue sacrée » précise Dominique Aubier.
Sancho poursuit, après avoir bu une nouvelle rasade :
Mais dites-moi, Seigneur, par le salut que vous aimez le mieux, est-ce que ce vin n'est pas de Ciudad Real ?
(por el siglo que los mas quiere…)
— Fameux gourmet ! s'écria du Bocage ; il ne vient pas d'ailleurs en vérité, et il a quelques années de vieillesse.

— Comment donc, reprit Sancho : croyez-vous que la connaissance de ce vin me passe par-dessus la tête ?… Eh bien sachez seigneur écuyer, que j'ai un instinct si grand et si naturel pour connaître les vins qu'il me suffit d'en sentir un du nez pour dire son pays, sa naissance, son âge, son goût, toutes ses circonstances et dépendances… 
En quoi le vin de Ciudad Real serait-il tellement spécial ?
Sancho paraît un expert en matière de vin… mais il se présente aussi comme un subtil décrypteur de codage quand il dit « croyez-vous que la connaissance de ce vin me passe par-dessus la tête ». En effet, Sancho va démontrer au chapitre 13 du volume II que les produits de Ciudad Real n'ont pour lui aucun secret.

Il procède donc (Don Quichotte le prodigieux secours p. 368) au sondage d'un fameux tonneau dont il raconte l'histoire. Le voici qui évoque ses ancêtres, deux gourmets comme lui qui un jour tastèrent de ce vin tiré d'une barrique. Le premier trouva que le vin sentait le fer et le second qu'il sentait davantage le cuir. « Le maître assura que la cuve était propre et que son vin n'avait reçu aucun mélange qui pût lui donner l'odeur de cuir ou de fer. Cependant les deux fameux gourmets persistèrent dans leur déclaration. Le temps passa, le vin se vendit, et quand on nettoya la cuve, on y trouva une petite clé pendue à une courroie de cuir. Et maintenant, voyez si un descendant d'une telle race peut donner son avis en semblable matière… »

6. Le vin de Ciudad Real au goût de fer…
Ville royale. De quelle ville royale viendrait ce vin ?
Le vin du colloque col + qio : dans la voie restituée.
Sancho précise : je vais le dire (« aora diré »). Aor = lumière. Oui, il va nous donner la lumière sur ce vin.
Indice : il a le goût du fer : yero, en espagnol.
Le vin d'une ville royale et réelle ayant le goût du fer (yero). Tiré d'une barrique. La barrique ronde serait-elle une image du cerveau imbibé de la Loi symbolisée par le Vin ? Quel vin ? Un vin mystérieux ayant le goût du fer…
Là, il faut que le lecteur ait un peu de mémoire et se souvienne. Il faut qu'il se souvienne de la première occurrence de ce mot. C'est une technique kabbalistique que toujours rechercher dans un texte (mais surtout dans la vie) la première apparition d'un mot. Or le mot « yero » apparaît d'entrée, au tout début de Don Quichotte. Entre le Prologue et le premier chapitre se trouvent une série de poèmes dédiés aux personnages du livre, et l'on regrette que les traductions et éditions françaises (dont les Classiques Garnier) se soient permis de les supprimer. Une impudence qui oblitère la possibilité de lecture et de décodage car ces textes contiennent des clés que Cervantès offre au lecteur pour lui permettre d'ouvrir le cryptage de son livre.
Le premier poème dédié à « Urgande la Méconnue » déroule ces lignes étranges où il est question de hiéro - glyphes mais les terminaisons des  mots ne sont pas indiquées tout le long du poème. Nous en restons avec le mot « hiéro - gli » : Hiero à quoi le lecteur doit ajouter une syllabe pour recomposer le mot que Cervantès a coupé. Tout le monde trouve la terminaison et prononce alors le mot « hiéro-glyphe ».
La même technique doit s'appliquer au chapitre 13 volume II. Une nouvelle fois le mot Yero apparaît, orthographié différemment et l'on est prié de compléter : trouver le nom complet de la ville, qualifiée de Ciudad Real (ville royale). A quoi pense Sancho quand il dit  « croyez-vous que la connaissance de ce vin me passe par-dessus la tête » ? Qu'a-t-il en tête ? Le goût du fer (yero) et du cuir définissant ce vin ? Yero… ville royale et source du vin, symbole de la Loi ?
Pour trouver le nom de la ville, je prononce la première moitié, comme dans le poème dédié à Urgande la méconnue, et c'est à vous, lecteur et lectrice, de trouver la moitié manquante (méconnue) afin que le mot soit connu. Je prononce Yero. Nom d'une ville royale au bon vin. Quelle est la syllabe manquante ?
Vous ne trouvez pas comment compléter Yero ?
Vous avez pourtant plein d'indices sous la main. C'est le nom d'une ville.
L'inspecteur Colombo aurait trouvé : « mais c'est bien sûr…
Yero-chalaïm ? »
« La clé du vin se trouve à Jérusalem, cette ville qui a eu le pouvoir de capter l'énergie du Yod » écrit Dominique Aubier, le Yod étant répété dans le nom hébreu du vin : Yod-Yod-Noun.


יין

Quand à la lanière de cuir, appelée « cordoban », mon maître a expliqué qu'il fallait, là aussi, décortiquer le mot et entendre cor, la mesure, do, la dualité et ban, qui concerne l'acte de construire. Ce qui donne : la double mesure qui construit. Allusion à la dualité de la structure d'absolu (la barrique) en Gauche et Droite, où l'équilibre entre les deux se maintient au bénéfice de la paix inscrite dans le nom de Jérusalem (Chalom).
Ce mot s'écrit de deux manières. En chaldéen et l'autre, classique. Dans la seconde, on remarquera la double présence du Yod de l'énergie et l'idée appuyée de la paix (chalom).

ירושלם

ירושלים

La clé du secret se trouve donc dans la clé perdue au fond de la barrique de vin. La clé de fer qui renvoie à Jérusalem, au cœur même de Don Quichotte.
C'est donc avec le plus grand intérêt que j'ai relu les pages exégétiques consacrées au vin de Jérusalem, dans le livre de Dominique Aubier, parce que Jérusalem est bien, selon Sancho Panza et l'expérience qu'il a du vin, le point d'impact de l'énergie cosmique innervant la planète. C'est là que le vin de la Loi prend sa saveur et aussi son autorité. Que cela interloque et coupe le sifflet, je le comprends. Que cela provoque des colères et des indignations, je le conçois. Cela explique aussi pourquoi tout le monde voudrait être propriétaire de Jérusalem.

J'en reviens à ce qui a motivé cet article : l'insulte tonitruante dont j'ai subi l'attaque. M'entendre traité de « fils de pute » par un gamin odieux (puis par sa petite bande) m'a d'abord soulevé le cœur. Mais le décryptage en hébreu, selon la règle initiatique m'a fait comprendre qu'il s'agissait d'un compliment rare venant du plus profond de l'inconscient de ces « anges » en état de délire. Une force puissante inversée a fait chavirer leur esprit pour m'informer que j'étais distingué « Hi de patua ». Me voici donc gratifié, honoré, d'être le fils (hijo) de l'explicite (patouah), de l'ouvert, donc de l'exégèse. Confirmation magnifique de ma vocation, en tant qu'éditeur, auteur, de faire connaître l'œuvre exégétique de mon Maître sans qui cet article n'aurait pu s'écrire et sans qui vous ne sauriez pas… le Secret de Don Quichotte



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* Aire motrice primaire du langage M3, dans l'Hémisphère Qui Sait : une notion scientifique dont parle le prof. Antonio Damasio dans son livre L'Erreur de Descartes, éd. Odile Jacob, p. 103, cité par Dominique Aubier dans La Porte de l'Inde p. 125.

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mercredi 15 mai 2019

Le petit Sinaï. Qui est votre Gardien ? L'affaire Benalla et news du Yemen

Le petit Sinaï, Benalla, Ismaël… Qui est votre Gardien ?

et quelques news du Yemen…


1. Le petit Sinaï
Pendant toute la semaine, de lourds camions chargés de terre ont déversé leur cargaison à une centaine de mètres de chez moi. Le terrain communal a été « attribué », je ne sais par quel tour de passe-passe, à une entreprise de travaux publics qui l'utilise pour y stocker ses graviers. Une énorme pelleteuse sur chenille rassemble la terre et l'accumule… et la colline atteint maintenant une bonne dizaine de mètres de haut. Singulier spectacle. De quel droit l'entrepreneur use-t-il d'un bien public pour y édifier son amont de gravats ? Je ne m'en mêle pas, car comme le dit en substance Sancho Panza, « à chacun ses affaires et il y a des plats qu'il vaut mieux ne pas trop remuer afin de n'être point gêné par le fumet ».
Pourtant, pendant plusieurs jours, je me suis demandé : « quel est le sens de ces agissements ? Pourquoi fait-il cela ? Pour que je le vois, c'est évident. Pour que je vois… quoi ? »
 Que je vois… la montagne qu'il a déversée, là juste en face. Que je voie la montagne… Quelle montagne ? S'agissant du mot montagne, à quelle montagne penser ? J'ai pensé à la première occurrence de ce mot en rapport avec ce que j'écris… Le thème que je travaille depuis plusieurs semaines… Et qui dit montagne, pour un kabbaliste, dit forcément… Horeb et Sinaï. »
Ce déversement de terre se ferait-il afin de me faire voir le mot… Sinaï ? Une étrange coïncidence veut que l'entrepreneur se nomme Hébert. Dans la Bible, Héber est le descendant de Sem (le troisième fils d'Adam et Eve), d'Arpaxad et Chelah est l'ancêtre  d'Abraham… Tout cela ne serait pas lié ?
Je suis convaincu que la réalité est un livre codé : ce monde-ci est l'apparence d'une réalité cachée dont nous devons lire le rébus… Pour moi, « l'Ecriture réalise le monde… et le monde réalise et confirme l'Ecriture ». Du coup, j'ai trouvé cela plein d'humour, que ce petit Sinaï soit venu à moi par les efforts de Monsieur Hébert et je comprends maintenant cet adage : si je ne vais pas à la montagne, c'est elle qui vient à moi… Ce gros tas de terre contrariant… maintenant me faire rire, car j'y vois le signe de poursuivre mes travaux, échelon par échelon (Soulam = 130 = Sinaï), jusqu'à gravir… modestement quelques mètres de plus vers plus de lumière pour mieux voir (œil = 130).
A côté du monticule se dresse un beau platane centenaire qui n'a pas l'air de s'offusquer de tant de terre rapportée. Je vais faire comme lui. Profiter de cet apport, et considérer que c'est une approbation de l'Invisible.
Voici donc pour le signe personnel. Vous avez certainement les vôtres… A vous de les lire. Lire aussi les signes collectifs que vous avez certainement remarqués. 

2. Les signes collectifs
Avez-vous remarqué que certains mots flottent dans l'air du temps ? Des mots qui reviennent sans cesse dans les médias, comme s'ils étaient les marqueurs d'événements : comme si l'Invisible, grand Locuteur, voulait que les choses soient remarquées et sues, afin que la manifestation du sens soit rendue possible après étude de ces mots. Dominique Aubier avait fait une série de films intitulés « Petites chroniques du Temps » où elle commentait l'actualité au moyen des critères initiatiques… à voir et revoir. Je les ais sur clé USB pour ceux ou celles qui seraient intéressées par la série.
Autant l'histoire d'Abraham commence par une sortie puis une traversée, autant notre histoire, nos événements se réalisent selon ce processus : la chose arrive, mais elle a été dite au préalable. La chose advient. La chose a son cheminement, nous priant d'aller jusqu'au bout, vers son sens. Le sens est parfois caché : dans les mots emblématiques marqueurs des faits… dans les noms. 
Dès lors il s'agit, en toute circonstance, personnelle, collective, privée, publique, de trouver le sens des événements, de quitter le désert du non-sens et entrer dans l'expression consciente du Dabar. Mot hébreu désignant la parole créatrice.
Cette parole est à notre portée, pour être en dialogue avec la Vie. Pour ne pas subir l'événement, on peut l'entendre AVANT qu'il ne surgisse, et cela grâce aux noms. Les noms conduisent aux choses. Lire le sens caché des choses, les soufis appellent cela faire un Ta'wil. C'est-à-dire sortir du sens littéral des textes (et des événements vécus) et en trouver le sens. Faute de quoi, le texte reste mort et nos vies insensées. Encore faut-il disposer du bon code de Lecture… Je reconnais qu'il n'est pas toujours facile de lire un signe…

3. Les mots dans l'air du temps…
Quelques exemples de noms qui, à coup sûr, annoncent le monde. Par exemple : Brexit… Nous savons que cela signifie « Britain - exit ». Voilà un de ces mots-codés qui en disent plus que n'en laisse apparaître l'écume de surface. Ayons le courage d'écouter vraiment ce slogan jusque dans le sens des syllabes. Les financiers tremblent à la perspective de la sortie du Royaume Uni de la C.E.E.
Brexit… en hébreu cela s'entend très clairement Brechit. Or Bréchit, c'est le premier mot de… la Bible. « Au commencement… » 

BREXIT =  בְּרֵאשִׁית

L'Invisible veut-il nous faire réfléchir au grand et premier « Brexit » de la Création ? En cause, le Royaume-Uni. Que l'on appelle Great Britain. Ah, on m'accusera d'entendre de l'hébreu partout… Mais l'esprit ne peut s'empêcher d'entendre ce qu'il comprend et de percevoir le sens dans les mots qui sonnent aux oreilles. Britain, c'est « Bérit + Aïn ». Qu'est-ce que « Bérit » ? Tout le monde le sait, c'est l'Alliance, celle à quoi souscrit Noé, Abraham… « Aïn », c'est la lettre désignant la vue. 16è lettre de l'Alphabet. Valeur 70. Comme le Sod (70), le secret. Alors ouvrons et regardons le secret de Brexit / Berit / Aïn…
Le secret de l'Alliance ? C'est l'Alphabet et son Code.
Il veut être connu. Afin qu'un nouveau Commencement soit possible, qu'un nouveau cycle s'ouvre où la civilisation fonctionne en toute connaissance du « Code ». Une grande déflagration en perspective ? Ou un succès phénoménal pour G.B. qui a osé crier ce mot et voter en sa faveur, au grand dam des économistes ?
Serions-nous à la veille du retour de la grande Alliance, celle que les soufis espèrent, devant conduire au grand Ta'wil devant achever le « Livre révélé » par l'élucidation exégétique ?

4. Benalla : le gardien
Autre mot qui flotte dans le vent comme les drapeaux à l'entrée des bâtiments officiels : Benalla. Le nom de ce monsieur est sparadrap indécollable attaché à l'actualité depuis des semaines.
Il est l'ami du Président Macron, il fut (ou reste) son « ange gardien ». Il me semble bien, sans forcer la caricature qu'en effet, telle était (est) sa fonction. Cet homme est bien le Gardien du Président, non seulement par son métier, mais d'un point de vue initiatique, il est l'officiant de cette noble charge. Nous avons tous un gardien dans notre vie, parfois sans que nous le sachions identifier. Une personne qui n'est pas notre partenaire de vie, mais dont la présence, le nom… l'énergie se manifestent en style de gardiennage de notre propre destin. Le gardien agit et donne à voir au gardé ce qu'il faut faire ou… ne pas faire. Il est le partenaire (parfois inquiétant) protecteur de notre vocation et intervient chaque fois que celle-ci court le risque de se perdre.
M. Benalla a fait des choses insolites qui mériteraient à mon sens moins d'être jugées en terme de justice, mais évaluées initiatiquement en terme de gestuelle produite par le Gardien. On y verrait alors tout autre chose que ce que la « morale » ou la convention autorise. Gardien en mission chargé de signaler au Gardé ce à quoi il doit faire attention. Attention… aux manifestations. Attention à la violence policière — le Gardien l'a lui-même exercée pour la signifier. Attention aux mensonges et au non respect de la vérité… Le Gardien exécute et fait ce que le Gardé doit remarquer. Le Gardé doit l'observer et en tirer des leçons. Car le Gardien est un instructeur, par ses actes, par ses paroles.

Extraordinaire spectacle que nous a offert le Gardien de M. Macron, lui adressant des messages cryptés par téléphone spécial. Et en effet, le Gardien s'adresse au Gardé : non nécessairement par téléphone mais en lui présentant des actes accomplis dont il doit extraire le sens. Encore faut-il connaître l'identité de son Gardien, savoir que cette puissance tutélaire existe non pas en tant que figure abstraite mais dans la réalité. Une personne bien réelle, faite de chair et d'os en remplit la fonction.

5. Qui est votre Gardien ? 
Votre Gardien, vous pouvez tenter de le trouver, pour vous-même. Vous le connaissez ; il vous connaît. Il fait des choses (sans le savoir) qui vous parlent, parfois insolites, mais toujours sensées, vous délivrant un message. Il est le protecteur de la vocation habitant votre être. Ainsi M. Benalla de toute évidence se comporte d'une manière très inspirée : violent, menteur, quelque peu Scapin, il agit en protecteur et montre au Président ce qu'il ne doit pas être. Il lui a montré les erreurs à ne pas commettre et par là il remplit la noble fonction protectrice d'être le Gardien de sa vocation. Le Gardien n'a de compte à rendre à personne, d'où sa liberté de comportement, parfois son impertinence, ses bizarreries n'ayant pas à être justifiées si ce n'est qu'elles doivent être décryptées par celui qu'elles concernent : le Gardé.
Dans l'emblématique affaire Benalla, l'affaire de ses « passeports diplomatiques » doit, elle aussi, être considérée du point de vue initiatique. Nous y voyons la démonstration assumée de l'action du Gardien : le Gardien est en effet un diplomate qui opère comme ambassadeur de votre vocation dont il « garde » l'accréditation au regard de ce pourquoi vous êtes fait(e). D'où son immunité. Il est là, le plus souvent sans le savoir, au service du Gardé, mandaté par la puissance structurelle qui prévoit son inscription dans votre existence. Il est, avec l'Allié, une « force d'assistance au-dessus du bien et du mal appartenant au code dont la divinité se sert pour lui parler… » écrit Dominique Aubier, (Don Quichotte, la réaffirmation messianique… p. 327)
Cette notion de Gardien est connue par les initiés de toutes les Traditions du monde sous des appellations différentes. Et on en reconnaît toujours la notion par les termes recouvrant la description qui en est faite. Par exemple l'initié Ruzbehân de Shiraz dit de lui : il est « mon Double qui ne faillit point ». « La perfection de ma caution ».
Je vous souhaite, à tous, d'en avoir un.

Etre Gardien ! Noble métier ! 
Et si peu de considération, quand on connaît la charge qui leur incombe. Parlez-en à votre concierge d'immeuble… Il sait tout… il protège, et garde… le secret des êtres dont il a la charge, tout en restant discret dans sa fonction.
 Nous avons tous… un «  ange » gardien. A-t-il des ailes dans le dos ?  (les ailes sont l'image des deux hémisphères cérébraux disposés en droite et gauche ; le Gardien, c'est l'ange en Qui Fait chargé de protéger la vocation du partenaire en Qui Sait.) 

Nous avons un Gardien à titre personnel. A titre collectif aussi. Ainsi, Israel a pour Gardien l'Ange Métatron. Dominique Aubier a écrit un article sur le sujet Métatron.
Même la France a un Gardien. En tant que nation, elle est guidée par une puissance qui la protège… malgré elle.
Les territoires ont leur Gardien… La moindre île, en tant qu'entité vivante recevant sa part d'influx cosmique, a son Gardien « travaillant » au façonnage et bien-être de sa population dont il a la garde. Souvent les Artistes qui en sont originaires chantent le génie de cette puissance tutélaire — parfois envoutante — dont ils perçoivent l'énergie…

Et concernant nos propres vies, qui est notre Gardien ? Cela peut être quelqu'un de tout à fait inattendu…
Comment le (la) reconnaître ? Attention, cela n'a rien à voir avec les « âmes - sœurs » qui sont d'un tout autre ressort. Le Gardien n'est pas un aimable petit chérubin qui vient vous bercer avant de vous endormir. Il est toujours à l'œuvre, impeccable, et il n'est pas nécessairement gentil ou aimable. Il est simplement inspiré, informé et efficace. Inspiré par le « système », informé par « l'énergie », efficace par son action. Selon le « dépôt » qui nous est confié, il déploiera sa puissance pour en garantir la préservation, même s'il devait aller contre votre volonté. Le Gardien, à l'instant où il entre en action pour sauver notre vocation, est pris d'une sorte de transe qui le rend surpuissant.
Dans son livre Le Pouvoir de la Rose, Dominique Aubier donne des indices sur le Gardien et l'Allié. Le cinéma a exploré ce sujet, par exemple le film « Gilda ». (Explication du Gardien et de l'Allié dans le livre Quand le Sacré fait du Cinéma).
Le Gardien, (La Gardienne) on peut l'expérimenter. Ce n'est pas une notion livresque mais vécue. Il est là, il existe. Il est lié à l'Allié et ne devient Gardien que si l'Allié est vaincu…
C'est un peu compliqué ? On en reparlera quand vous aurez lu les livres cités. Eh oui, pour accéder à la Connaissance, il ne suffit pas de se mettre en Lotus et de méditer. Il faut également aiguiser son esprit, et connaître ses lois de fonctionnement. Connaître le Code. Cela s'apprend.

6. Ismaël Emelien
Autre mot dans l'air du temps, tournant autour de M. Benalla. Voici que son ami, M. Ismaël Emelien quitte l'Elysée. Comment ne pas entendre le Verbe tinter ? E-me-lien. Ai-mi-le-lien. Avec… Ismaël ? S'agit-il du Président Macron qui établit des liens avec… Ismaël ? Je ne parle pas là du conseiller présidentiel, ni de sa personne, dont on m'a dit qu'il était fort sympathique, mais du nom signalant le lien qu'entretient l'Elysée (la Présidence) avec Ismaël.

Qui est Ismaël ?
Le conseiller du Président était, dit-on, surnommé amicalement « Isma »… Dans cette abréviation, on a coupé « el ». Or Ismaël signifie « Dieu a entendu ». En enlevant « el », on enlève « Dieu », donc on enlève celui qui a entendu. Reste « Isma » sans « el ».  Est-ce concevable ? Et quand on enlève « el » on entend à l'envers, la voie de l'autre côté…
C'est une technique de kabbaliste, quand on rencontre un mot, dans un texte, mais aussi dans la vie, de toujours rechercher sa première occurrence, sa première apparition à laquelle ce mot est lié. Chercher la première occurrence d'Ismaël ne pose aucune difficulté. Tout le monde le sait : Ismaël, c'est le premier fils d'Abraham nommé « Dieu a entendu ». C'est le demi-frère d'Isaac. 
D'une part Isaac, fils de Sarah : de lui est issue la généalogie des prophètes d'Israël — y compris Jésus de Nazareth. Et d'autre part Ismaël, fils de Hagar. De lui est issue la lignée donnant naissance à Muhammad, le prophète de l'Islam.
Au travers de ce nom (« Ismaël qui met le lien »), la thématique « Ismaël » resurgit-elle, et ses liens avec la France ? Cela évoque-t-il la relation de la France avec l'Islam ? Nous savons que notre République entretient des liens privilégiés avec certaines puissances du Golfe dont l'Arabie Saoudite que nous pourvoyons en hallebardes tout en feignant de croire qu'elle ne serviraient pas. Le Président Macron en a obtenu toutes les garanties, sans pouvoir nous dire de qui. Et cela à l'instant même où son ami Isma sans « el » quitte l'Elysée.
On regardera de près le sens du mot Ismaël… et comment le mot s'écrit.
Un livre que le Président Macron pourrait exporter et offrir au roi d'Arabie Saoudite. En effet, dans ce livre j'appuie sur ce que Henry Corbin appelle « l'éthique du dépôt confié » et la nécessaire délivrance à laquelle l'Islam doit accéder pour se libérer de l'entrave des dogmatismes, vers une exégèse nécessaire, attendue. Peut-être même cette exégèse libératoire est-elle déjà réalisée et nous ne nous en serions pas aperçus ?


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P.S. Dans Don Quichotte, aux chapitres 26 et 27 du tome II, deux villages s'affrontent, chacun prétendant détenir la vérité. Un vendeur de hallebardes qui passe par là se hâte sur les lieux du combat… En vue de réaliser de bonnes affaires. Les armes françaises serviront-elles à bombarder le Yemen ? Le Yemen, c'est l'Arabie du Sud, le pays de Saba, écrit Henry Corbin, spécialiste de l'Islam, rappelant que le mot Yamin désigne la « voie droite », la voie de la Connaissance. C'est aussi par ce mot, Yamin, qu'est typifié dans le Qoran « le côté droit de la vallée d'où la voix appela Moïse »**.
Quel César oserait attaquer « la voie droite » sans porter atteinte à la structure même du Cerveau ?
Il me semble qu'au travers du mot Ya-min, le Sinaï en tant que voie droite du Verbe est désigné. Et à ce titre, l'argument initiatique à lui seul démontre l'erreur intellectuelle présidant à ces ventes d'armes.

Si la France doit vendre des armes, que ce soient celles de la Connaissance exégétique, la seule qui puisse réaliser l'universalité des cultures dans le respect de leur diversité. Une Connaissance mettant fin à l'exil du Verbe, parousie attendue.
Dans La Face cachée du Cerveau, « Ya Min » désigne très clairement l'Hémisphère « qui Sait », la Voix de l'Invisible délivrant son message dans le Buisson Ardent (Genèse 3, 14).

 

*(Cf. Qorân; 28-30, cité dans L'Homme et son Ange, par Henry Corbin, éd. Fayard 1983, p. 24).
** Explication de ce passage dans le livre Don Quichotte la réaffirmation messianique… 




mardi 7 mai 2019

Retrouver le Chemin qui a du Cœur. 3ème partie. La voie de l'espérance.

Retrouver le Chemin qui a du Cœur (3)
par Dominique Blumenstihl-Roth

Le conflit entre Qaïn et Abel

III. Troisième partie : Seth, la voie de l'espérance.

Dans la première partie de cette étude, j'ai abordé la puissance et l'emprise de Qaïn. La force de son nom et l'énergie criminelle qui s'en dégage.
Dans la deuxième partie, j'ai essayé de décrypter quel était l'enjeu de la querelle entre Qaïn et Abel. L'enjeu du Temple et son emplacement.

Qaïn, semble-t-il, aurait fait acte de repentance. Certains commentateurs pensent qu'il a regretté son acte. D'autres estiment qu'il a regretté essentiellement d'en subir les conséquences… Il quittera les lieux, se rendra au « pays de Nod » où il construira une ville, une société qui reposera sur les fondements dont il est le porteur : une société de violence, productive, matérialiste, vouée au culte du « faire », où le crime règne en expédiant de dialectique… Le Déluge emporte tout. Mais Qaïn, disais-je, est une typification archétypale solidifiée, archaïsme survivant quand bien même le Déluge en ait liquidé la descendance… Sauvagerie qui reviendra en la personne de Cham, le fils de Noé et dont nous reparlerons peut-être. Sauvagerie qui nous guette…

1. Cependant, l'espoir existe : la lignée de Chet / Enoch
Après le meurtre commis par Qaïn, un long cycle de consternation semble engloutir la terre. Et soudain une voie émerge, non liée à la « repentance » réelle ou fausse de Qaïn, mais à un fil ténu qui a surgi depuis la source, se raccordant à l'origine fondatrice du Premier Couple. Nous retrouvons Adam et Eve et tout repart : seconde tentative, seconde chance de fonder une humanité autre, malgré la lourde masse mémorielle de l'acte qaïnique.
C'est la « troisième voie ».
C'est une notion très importante que je souligne à l'intention des Lecteurs de M. René Girard, théologien sociologue qui a fourvoyé dans le désespoir toute une génération d'étudiants à qui il a tenté de montrer la prédominance du mal en tant que donnée primordiale, comme si le monde avait commencé avec le crime. Il a commis en cela une grave erreur intellectuelle.
Et j'en veux pour preuve ces éléments que le chercheur a ignoré :
1. Qaïn lui-même disparaît, tué par accident, selon la Tradition, par un de ses descendants. Le cycle de Qaïn se ferme comme il a commencé. Le surgeon nouveau se présente, hors conflit, et non pas issu de lui, en la personne de Chet.
2. Toute la descendance qaïnique disparaît lors du déluge. Un échec total.
3. Qaïn a inoculé une viralité non pas du mal mais de la fascination pour l'irrespect des Lois — refus de la Parole (Pé), refus de la notion cyclique (Samekh), rejet de la vue (Ayin), rejet de la notion d'arrêt (Tzaddé). Il n'est pas l'inventeur du mal, mais le transgresseur de l'interdit qui permet au mal de prendre le pouvoir. (Se reporter au livre Ces Désastres qu'on nous fabrique où la notion de Tzaddé final est explicitée. Voir le film de la série Cinécode Les charmes et les fastes de l'Alphabet hébreu).

2. La solution pour en sortir ? Faut-il lutter contre Qaïn ?
« On ne lutte pas contre Qaïn : ce serait l'augmenter dix fois », dit la Tradition. La solution consiste donc à quitter son emprise, créer l'alter-native. C'est-à-dire « faire naître l'autre ».
Et l'on comprend alors pourquoi Adam et Eve ont un troisième enfant, du nom de Chet. Son nom s'écrit Schin Tav.
שת 
Il possède deux lettres auxquelles Qaïn n'accède pas. Chet se trouve au-dessus de Qaïn, au-dessus du Qof. Chet mène l'énergie du cycle au bout, le Schin et le Tav étant les deux dernières lettres de l'alphabet. Valeur : 300 + 400 = 700.
Or c'est justement la valeur de la lettre Noun final en terminaison de Qaïn.
On peut donc affirmer que Chet 700, le troisième fils, rachète le Noun final 700 de Qaïn et donne à l'humanité une extraordinaire opportunité de se libérer de cette emprise.

Chet est né quand Adam avait 130 ans dit la Torah. Ces chiffres doivent être lus en considération lettrique qualitative, les nombres renvoyant à des mots et non pas à des comptabilités mathématiques.
Souvenons-nous : 130 est la valeur du mot Sinaï. Du mot désignant l'échelle (soulam, valeur 130). Il existe donc un rapport entre la naissance de Chet et la révélation du Sinaï… Et en effet, avec Chet, on assiste à une reprise du processus donnant une nouvelle chance à l'humain, de même qu'au Sinaï, Moïse relance l'énergie de la libération.
Chet signifie la fin d'une situation, dit le Zohar (I, 54b). Il est « à la ressemblance d'Adam », ce qui n'était pas le cas pour Abel et Qaïn : « C'est de Seth que sont issu toutes les générations et tous les justes du monde… » (Zohar I, 55b ; p. 321 éd. Maisonneuve).

Son nom s'écrit Schin Tet. (Le Schin porte ici normalement un point sur la première branche de droite. On prononce donc « Ch ». Certains auteurs écrivent « Seth ».)
שת
Et le mot, avec un Vav au milieu,
שות
signifie « poser », « baser ». C'est sur cette base que l'humanité renoue avec l'Alliance après l'échec d'Adam et Hava et après le crime de Qaïn. On retrouve cette racine dans le nom du valeureux Don Quichotte comme l'a démontré Dominique Aubier (Cf Don Quichotte prophète d'Israël ; Victoire pour Don Quichotte), son action semble pleinement inspirée par l'espérance de Chet. Ce dernier a pour principe d'existence le recommencement, le renouvellement de l'œuvre divine confiée à l'humain. Chet est l'homme de cœur qui relance l'énergie et amène le cycle au bout. Certes sans abolir la voie qaïnique… Il est l'alter-native, l'autre voie naissante. La voie « quichottienne ».

Le Zohar dit que « la lignée de la noblesse humaine se construit sur le 3ième fils, Seth ».
Troisième fils du premier couple, il ouvre l'alternative permettant à l'humanité de se libérer de l'emprise qaïnique. Sa naissance est l'ultime chance de réparation pour cautériser la plaie que l'humanité s'est infligée. De Chet naîtra Enoch qui compensera, par sa propre lignée (d'où sortira Noé), le désastre qaïnique — mais sans parvenir à l'annuler jamais… car l'empreinte mémorielle de la violence est telle qu'elle resurgira même dans le nouveau cycle après le Déluge. La pureté n'est pas de ce monde… Mais il existe une voie de dégagement permettant d'éviter l'emprise absolue du mal. Seth (Chet) ouvre sur une toute nouvelle voie évolutive, une « sur-évolution » au sens scientifique du terme, les biologistes ayant observé ce phénomène surévolutif lors des fins de cycles (cf. Lucien Cuénot, l'Evolution biologique, éd. Masson, 1951, cité dans La Face cachée du Cerveau).
La grande leçon de Seth est de nous rappeler que la fin cyclique doit s'opérer sur le côté Qui Sait de la structure, et que la voie qaïnique finit sous le déluge, engloutie de n'avoir pas voulu respecter la règle du Tzaddé final. Seth nous indique aussi la stratégie du dégagement consistant à ne pas « lutter contre » Qaïn au risque d'alimenter ce dernier et d'augmenter sa force. Mais de pratiquer une sortie (Yetsyah) par une conduction vers l'Autre voie. Il faut « sortir et voir »… comme le rappelle le Cantique des Cantique au verset 3-11.
Seth est l'archétype de l'Initié, connaissant la Loi du Tzaddé final, de la sortie, du passeur. Il est ce que j'appelle un homme de cœur et nous verrons dans un autre Blog ce que cela signifie… Si le cœur vous en dit.

3. Qaïn, où est-il ?
Là, devant nos yeux. Vous ne le voyez pas ? Il est en pleine action glorieuse, satisfait de son acte.
C'est tel gouvernement produisant vendant des armes sous couvert de « droits de l'homme », avec la même excuse que Qaïn lorsqu'il tenta de convaincre de son innocence en prétextant qu'il ne savait pas qu'il tuait… puisque personne n'avait jamais tué avant lui…
Qaïn : c'est le déluge d'images de crimes déferlant sur les télévisions, images imprégnant les esprits, banalisant le meurtre, le rendant virtuel, sous prétexte de « fiction divertissante » alors que ce sont autant d'informations actives diffusées, ayant la propension, selon le modèle biologique du processus ADN-ARN, à être prises en copie par certains esprits qui risquent de passer à l'acte par imitation infusée.
Encore une victoire de Qaïn, chaque fois que la violence s'empare de la rue, de la foule, mais aussi des individus contagiés par l'emprise viscérale de la barbarie et du plaisir d'emprise qu'elle leur procure. La réponse ? Sortir. Eteindre la télé quand « l'esprit criminel » passe sur l'écran, fuir la foule, n'y jamais participer. Refuser d'écouter les appels morbides de haine… Rejoindre ainsi la lignée de Seth, celle des « humains nouveaux » post-qaïniques.
Dans l'Islam chîîte, Seth est considéré comme le premier Imam initié après Adam (qui représente la Loi) assumant le sens ésotérique de la prophétie. Il se consacre tout entier au service divin, il est, dit Henry Corbin, le « tisserand mystique ». Il est identifié, dans la Gnose, avec Zarathoustra. Selon la tradition des mystique soufis, Seth a été revêtu d'une robe de laine verte que l'ange Gabriel, l'ange de la Connaissance lui aurait apporté du Paradis. Cela signifie que Seth serait clairement l'initié premier ayant compris le Code des archétypes et pleinement reçu la révélation des Lettres. A partir de lui, une nouvelle humanité se fonde… qui à son tour se heurtera à la violente volonté de négation qu'exprimera la troisième fils de Noé (Cham). Je lui consacrerai un blog si le sujet vous intéresse.

4. Chet, Enoch, où sont-ils ?
Ils - elles sont là, chaque fois que la lumière dissout les ténèbres. Chaque fois que la bonté prend le dessus. Je dis bonté : cela ne signifie pas la sottise, mais la mise en œuvre d'une politique intelligente permettant qu'elle triomphe. Je crois que la lignée de recours est puissante, elle agit, chaque jour.
Chet - Enoch, c'est nous, attentifs à l'esprit et laissant l'esprit décider de notre conduite. C'est nous, devenant implacables… dans la bonté, c'est nous, quand nous nous instruisons de la Connaissance qui nous donne les armes pour vaincre-surmonter l'esprit qaïnique. Ces armes, ce n'est ni la bondieuserie ni les implorations, mais l'action efficace fondée sur l'esprit de responsabilité, à l'image de la diplomatie de la Reine Esther qui sut empêcher le crime.
Chet-Enoch, c'est nous, c'est la lignée des esprits ayant le courage de dire, d'imposer le Verbe là où il a été banni, d'interpeller le violent, de ne pas ignorer son intention, de n'être pas dupe de son intelligence, de son calcul, et de la préparation du forfait. Notre présence est utile au monde et à l'esprit qui compte sur nous. Chet (Schin-Tav) c'est l'humanité qui survivra au désastre, parce qu'elle est instruite de la Loi initiatique. J'ose espérer que ce Blog y contribue.

5. Faut-il affronter Qaïn ?
Ce serait l'augmenter dix fois… Et il le sait. Dès lors, il convient d'agir avec les lois du cœur, les fameuses armes de Don Quichotte, celles de la Connaissance — et les manier avec la lucidité requise.  Il s'agit également de connaître l'argumentaire qaïnique extrêmement au point, reposant sur les poncifs dont l'un est d'accuser la victime d'être fautive, et ensuite, de se faire passer pour l'irresponsable-qui-ne-savait-pas…
C'est exactement ce que m'ont ressorti les trois énergumènes que j'avais interpellés : selon eux, c'est le petit qu'ils ont tabassé, qui avait « commencé le premier ». Selon eux, « il n'a pas eu tant mal que cela ». S'estimant déjà auto-pardonnés, « bah, ce n'est pas tellement grave », ils commencèrent, quelques jours plus tard, à me saluer bien respectueusement… toujours « comme si de rien n'était ». Le potentat amnésique de sa propre exaction…
Alors faut-il en rester à ce que la philosophe Hannah Arendt appelle la « banalisation du mal ». Le mal ordinaire ? « On fait avec », comme on dit, et la bonté pardonnante passerait l'éponge ? Non, ai-je pensé, il n'en est pas question, parce que…

LE MAL NE PEUT PAS ÊTRE « ORDINAIRE ».
Mais comment agir pour contrecarrer cette autosatisfaction du mal, qui va jusqu'à s'indigner d'être démasqué ? Il se dédouane de ses agissements, et cherche à obtenir de l'esprit conventionnel, que j'accrédite à la manœuvre en lui rendant la politesse ?
Avec quel génie les petits Qaïn en herbe m'avaient-ils débouté, continuant de jouer au basket « comme si de rien n'était », me donnant l'impression que tout était réglé ! Il fallait justement s'insurger contre ce sentiment « d'avoir fait le nécessaire et d'être content de moi et eux, contents d'eux-mêmes ».
J'avais certes interpellé les jeunes, c'était nécessaire.
J'étais bien trop satisfait d'avoir été le justicier improvisé. Il me fallait briser (en moi) ce sentiment.
Il fallait agir… en initié, sur la voie de Seth, donc faire deux fois.
Faire un deuxième acte, en Redoublement du premier, agir en style « Bip-BOP ».
J'ai donc décidé, après quelques jours, de relater cette histoire. De la rendre publique sur le Blog.
Ensuite, j'ai raconté l'événement au jeune épicier du village. Il connaît ces ados. Ma stratégie : faire en sorte que l'information qui jusque-là restait confinée à l'interpellation (Bip) soit rendue publique (BOP).
Afin de n'être pas le seul témoin, j'ai diffusé autour de moi pour que l'acte violent soit publiquement connu et que la réprobation sociale soit collective. Les transgresseurs doivent se sentir identifiés, connus. Ils doivent sentir sur eux le regard des autres.
Il faut que ces jeunes ressentent la désapprobation publique, qu'ils ne se sentent pas confortables « comme si de rien n'était ». Je souhaite que leur esprit se dégage de la voie qaïnique. L'autre action importante, c'était, à partir de cet événement, d'en rechercher les causes, de comprendre, d'agir en écrivant.
J'espère qu'ils rejoindront le « chemin qui a du cœur »… dont parle si bien le sorcier amérindien Don Juan dans les ouvrages de Carlos Castaneda.

Croire en ce chemin est peut-être une naïveté ?
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Retrouver cette étude sur Qaïn et Abel en 4 parties :
1.— Appel aux forces du cœur (ouverture) 
2. — Le Chemin qui a du cœur. I.  Le secret de Qaïn. 1
3. — Le Chemin qui a du cœur. II. Lecture initiatique Qaïn/Abel. 2.
4. —Le Chemin qui a du cœur. III. Le chemin de l'Espérance. 3.

+ Le Secret du Cœur. Au cœur du Cœur. Cette étude sur Abel et Qaïn sera publiée dans un livre en cours d'écriture où je reprends et complète certains articles parus dans ce blog.
Je remercie les personnes qui pourraient s'en inspirer de bien vouloir citer les sources, parce que :
« Kol haomer davar bechem omro mévi géoula laolam » : « Quiconque rapporte une chose au nom de son auteur amène la délivrance pour le monde » (Rabbi Eliézer).

Pour ce qui me concerne, voici ma référence, outre les ouvrages cités dans le texte :
Tous les films de mon Maître 
Tous les livres de mon Maître 

Pour écrire cet article, voici les livres qui m'ont accompagné :
— La Force du silence, de Carlos Castaneda
— La Voix de la Thora, Elie Munk
— La Sortie d'Egypte, Raphaël Draï

Trois livres-clé de Dominique Aubier :
— Le Principe du Langage ou l'Alphabet hébraïque,
— Ces Désastres qu'on nous fabrique, 
— Le Devenir du Monde est lié à celui de l'Homme

Voici les films que j'ai vus :
— Il est temps pour la Kabbale
— Les Charmes et les fastes de l'Alphabet hébreu

Et pas mal de promenades solitaires afin de percevoir au mieux la guidance.