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mardi 31 août 2021

Découvrir le principe d'unité. Texte Dominique Aubier

Découvrir le principe d'unité
(par Dominique Aubier)


Oh ! La science, s'exclame Arthur Rimbaud. La science est trop lente. Science et patience, le supplice est sûr. Et c'est vrai. A son régime, on souffrira longtemps avant de posséder le trésor de la vérité absolue. Avec elle, l'esprit doit subir l'incertitude non comme un tourment, mais comme un hallucinogène dont la mythridisation est encore le meilleur contrepoison. La clairvoyance de l'auteur des Illuminations est proche de la pensée initiatique qui procède, elle aussi, par illumination. Je suis sensible au fait que Rimbaud doute de la science, des années avant que se pose le problème de la juger. C'était en 1873. Einstein n'était pas encore né. Une superbe prémonition un demi siècle avant que la relativité et la théorie quantique n'impulsent la science.

A l'époque où le livre de Capra est paru (Le Tao de la Physique) la France, en particulier, demandait à cette liaison de la doter d'une trouvaille qui lui confère une motricité nouvelle. L'intuition au niveau de l'élite a été brassée par cette mouvance. Certains auteurs proclamaient la fin de l'ésotérisme. D'autres célébraient le retour au spirituel par des incursions exotiques. L'anthropologie, l'ethnologie se sont estimées les mieux placées pour atteindre le principe d'unité. Ce n'était pas pour elle le Secret des secrets, mais simplement une notion à établir. Notion à atteindre par des moyens scientifiques et dont on aurait accepté qu'elle se fasse découvrir par degrés, comme on attrape mieux un arc-en-ciel tandis qu'on se déplace. Non sans redouter de le voir trop bien. A voir ce principe d'unité, à le découvrir, qu'arriverait-il ? La recherche serait stoppée. Plus d'un savant a envisagé, non sans terreur, l'arrêt qui s'en suivrait pour sa discipline… et son gagne-pain. Cette réaction d'auto-protection a certainement conditionné l'état d'esprit rationaliste à l'égard du Sacré. Qu'il n'aille pas découvrir le pot aux roses alors que l'on avait tant de plaisir à lui secouer les épines.
 
De quoi vivrait la découverte s'il n'y avait plus de mystères à braver ? Aussi n'a-t-on pas longtemps défendu l'espoir probabiliste qui conseillait d'en quémander le secret auprès des entités qui affirment en avoir la maîtrise, quitte à l'emporter en oubliant d'où il venait. Quant à devoir plier le genou devant la Torah, l'hébreu et la sagacité traditionnelle des rabbins… Ce n'était pas acceptable pour l'égo rationaliste, même après la fêlure considérable que Freud et sa psychanalyse ont infligée au monolithisme des Sciences du XIXè siècle. A sa suite, le sillon a été recreusé par les travaux de Groddeck, de Jung en particulier qui a embrassé la connaissance traditionnelle. C'est lui qui a individualisé la notion d'archétypes et créé le mot — sans toutefois réussir à les identifier clairement. Puis est arrivé Lacan avec son sens aigu du verbe. Malgré ces divers rendez-vous officiellement pris avec l'esprit, la requête fondamentale n'a pas abouti. Le principe d'unité est demeuré un mystère… Du moins pour les sciences…

Ce texte est extrait du livre Ce Monde à rebâtir.

PS : à l'instant où je publie ce texte sur le Blog, le petit coq dans mon jardin se met à chanter. Béni soit l'Eternel qui a donné au coq l'intelligence pour distinguer le jour et la nuit. Il en sait plus long sur le principe d'unité que toutes les sciences car « il reçoit l'aube, qui sort de la nuit, quelques instants à l'avance, à l'approche de la lumière. Admirable symbole de l'intelligence, celle qui connaît le sens de l'Histoire avant l'événement et ne le devine pas simplement après coup… » (Emmanuel Lévinas).

— Vient de paraître : La Lecture des Symboles.





dimanche 15 août 2021

Le Messie est arrivé… en France

Par Dominique Blumenstihl-Roth ©

A peine peut-on réfléchir à un événement qu'un autre le bouscule, cascade sans fin, précipitation de faits accélérés qui ne laissent pas une seconde de répit pour y trouver le sens. Une inflation d' « informations » nous inondent, largement fabriquées, soutenues par les médias… qui en vivent.
La spécialité des médias, c'est de narrer les faits bruts. De prétendre au « décryptage » alors qu'ils ne réalisent qu'une redondance du même, par le descriptif, sans en percer le sens. Tout au plus une petite escapade du côté de la psychologie ou de la sociologie… mais qui ne va guère au cœur des événements.

Ce qui a retenu mon attention, cette semaine, c'est cette phrase, divulguée sur plusieurs médias : la venue du Messi  — parlant du célèbre joueur de football, bien entendu, car nul n'oserait croire au messie sans courir le risque d'être qualifié de « complotiste ». Cependant, si le ballon rond, d'un point de vue symbolique des Traditions, désigne le motif cosmogonique, il se pourrait bien que le légendaire joueur soit à son tour porteur d'un symbole qui serait tout simplement lisible… dans son nom.
 
Les symboles ont ils un sens ? 
Je le prends au mot : ce n'est pas moi qui l'ai dit, c'est un journaliste de France-Info qui a annoncé « la venue du roi messie », (il se nomme effectivement Leo Messi). En provenance de Barcelone, enfin libéré, il a gagné Paris. Peut-on croire aux signes, aux symboles qui se manifestent dans nos vies et ne pas en tenir compte quand ils agissent dans un opéra plus vaste ?
Le numéro 10 qu'il portait à Barcelone devient 30 au PSG.
Oserais-je dire que son énergie (Yod-10), dégagée d'Espagne vient en France sous le signe du 30 (Lamed : l'enseignement) qui écrit le mot composé des lettres Caf/Yod : (20+10). Qui signifie comme, lorsque, quand… et aussi Caf/Alef/Teit (20+1+9) : force, vigueur ?
 
(Autre info de la semaine, sur le plan de cohérence : l'enveloppement de l'Arc de Triomphe, selon les instructions de l'Artiste Christo. Il avait déjà emballé le Pont-Neuf à Paris…Mettant en scène la symbolique du « Pont » à passer… (cf Face cachée du Cerveau vol. 2 p. 270). C'est chose faite, et maintenant, de l'autre côté du Pont, le « triomphe » ? C'est là aussi un symbole lisible dans les noms en cause… Affaire de triomphe, d'emballement (cadeau), en France… et clin d'œil au « Christ » ?)

Je vois dans la venue de Leo Messi à Paris le signe explicite que la prophétie Obadia (de la Torah) se réalise. Elle  prévoit que l'opération messianique implique deux nations occidentales, à savoir l'Espagne et la France (Séfarad et Tzarfat). On peut vérifier dans la Bible, les noms de ces deux nations y sont bien écrits… depuis 3000 ans, bien avant qu'elles n'existent.
Extraordinaire message, pressenti par le Rabbi Loubavitch qui avait signalé que la France aurait un rôle essentiel à jouer dans la diffusion de la Connaissance : il avait noté que le mot Tzarfat, désignant notre pays, avait la même valeur numérique 770 que le mot Oufaratza, dans Genèse 28 verset 14. «Tu t'étendras à l'occident et à l'orient…» Il lui parut évident que l'extension en cause concernait la vocation française (Tzarfat 770) qui consiste à répandre la leçon messianique de l'explication, de l'exégèse, de la mise au clair des symbolismes, conformément à la prophétie Obadia.

La vocation de la France serait-elle… messianique ?
Il y a en effet, dans la Torah, un chapitre signé Obadia où le nom de la France apparaît, alors même qu'à l'époque où le texte a été écrit, la France n'existait pas encore. Ce texte dit que : « les exilés de cette légion d'enfants d'Israël répandus depuis Canaan jusqu'à Tzarfat, et les exilés de Jérusalem, répandus dans Séfarad, posséderont les villes du Midi… »
La prophétie d'Obadia dit aux « exilés » de partir vers Séfarad, c'est-à-dire l'Espagne, et c'est d'ailleurs ce qui s'est produit, il y a plus de 2000 ans lorsque les premières communautés juives, en exil, sont arrivées en Espagne. En second temps, les exilés se rendront en Tzarfat, c'est-à-dire la France. Les noms de deux pays sont écrits en toutes lettres dans la prophétie biblique. Il y a donc deux « sorties messianiques », l'une en Espagne, l'autre en France. La double reprise du phénomène messianique ne fait aucun mystère dans la tradition hébraïque.

La prophétie est sans équivoque. Elle est reprise par… Cervantès qui la met en œuvre dans Don Quichotte, le grand héros espagnol. Le messie, selon la Torah, pointera son nez en Séfarad — Espagne — lorsque la connaissance hébraïque flambera dans ce pays. Séfarad est le lieu de la première percée messianique. Cervantès, avec Don Quichotte, intègre toute la connaissance hébraïque, de manière pédagogique, et en verse toute la Connaissance en Occident, à commencer par l'Espagne. Cervantès écrit Don Quichotte. Un livre qu'il va coder, crypter sur base d'hébreu et d'araméen. Il y récupère les données issues de la tradition hébraïque et leur confère l'enroulement structurel. D'où son extraordinaire portée universelle. 
et Victoire pour Don Quichotte (les sources hébreues et araméennes du Quichotte).

Selon la tradition, il existe trois mouvements messianiques, symbolisés par trois personnages bibliques que sont Joseph, David et Ephraïm. Pour moi, Cervantès remplit toutes les conditions pour occuper l'un des postes. Il a effectué le relevé de la Révélation reçue par Moïse, portée par la réflexion hébraïque, pour le transférer à l'Occident sous la forme romanesque. Il a accompli sa mission de « passeur ».

La même prophétie Obadia indique qu'après l'Espagne de Don Quichotte, c'est la France (Tzarfat) qui deviendra le territoire d'expansion du messianisme.
Regardons de près comment s'écrit le mot Tzarfat (France). Il faut voir, dans les lettres composant le mot, quelle est la signification du message.
Tzarfat, nom de la France en hébreu, est le mot-clé. La lettre Tzadé en initiale montre une double polarité :

ץ

De là vient le clivage en deux pôles contraires qui déchirent notre pays. La divergence est enracinée dans le génie du pays, manifestée par le Tzadé qui est à l'initiale de son nom. Dominique Aubier écrit à ce sujet : « La France est toujours entre les deux extrêmes. Mais elle s'affirme fortement unitaire quand les contraires se parlent et ils ne se parlent jamais si bien qu'en langue française. C'est pourquoi la France est le territoire du Qorban. Elle est au paroxysme de sa puissance quand elle rapproche les contraires. Elle les met « ensemble » et elle atteint ainsi la véracité communicable qui habite la réalité. » (1)
« Le texte fondateur de cette prise de conscience est toujours le verset 20 d'Obadia. Le prophète désigne Tzarfat comme étant obligatoirement le lieu où surgirait le geyser messianique, après que Séfarad ait préparé le terrain. L'Espagne, de son côté, étale la substance de la doctrine à élucider. La France s'en empare et lui offre le traitement qui en libère l'enseignement. Son nom l'indique. Son génie entre en fonction et en efficience quand le cycle civilisateur en vient à écrire Tzadé. La péninsule ibérique a arrondi la formation cyclique autour du message. La France le soumet alors à son jeu de raquette. Du point Tzadé 900, pléthorique, elle renvoie la balle sur le Tzadé 90 qui l'envoie au-dessus de lui sur le Qof. »(2)

QUI EST LA FRANCE ?
« Il existe, en France, une capacité d'intelligence phénoménale, générant un haut degré de compréhension d'analyse et de synthèse. C'est la vocation naturelle de notre pays qu'avoir cette disposition intellectuelle. Son nom, Tzarfat, donné dans la Torah longtemps avant que la Nation n'existe politiquement, avant de s'appliquer à son territoire géographique, a eu la capacité de désigner la forme de pensée et de raisonnement qui serait typiquement celle de son service au tout début du cycle civilisateur. »
« La France, second lieu du messianisme, est le berceau naturel de ce que la tradition appelle le messie Fils de David. Pourquoi ? Parce qu'elle est en équilibre sur les deux pôles de la montée cyclique balisée à l'extrême par la lettre Tzadé. Tzarfat est avant tout l'équation d'une position mentale. »

ץ ר ף ת
 
« Le mot (Tzarfat - France) considéré lettre à lettre veut dire : ici, la dualité des pôles contraires est à son maximum d'intensité (Tzadé) dans un cerveau (Reisch) qui a la vertu de parler (Pé la bouche) la fin cyclique (Tav). Cette équation a été conçue par l'esprit du prophète Obadia quand il a écrit son verset I, 20, prévoyant la sortie messianique en Espagne et en France. D'où la vocation universalisante de la France. » (3)


(1) (2) (3) : Ces enseignements sont de mon Maître, Dominique Aubier, que je cite, et dont j'ai eu le privilège d'être l'élève pendant 28 ans. Extraits de « La 23è Lettre de l'Alphabet hébreu » ; et Don Quichotte le prodigieux Secours

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Qu'est-ce que le « Messie » ?
Le messianisme est un mot qui fait rire ou trembler. En réalité, ce n'est rien d'autre qu'une position de l'esprit, devant s'instaurer selon certaines règles et étapes. C'est une étape de la Révélation.
Qu'en est-il de Jésus ?
Jésus en est l'un des marqueurs symbolique de l'ouverture messianique. Il serait absurde de minimiser son action symbolique, dramatique, qui annonce la séparation des polarités, à l'extrême, par sa crucifixion. Il donne à voir la possibilité de la rédemption par l'effort… (un blog spécial sera réservé à ce sujet).
En tout cas, le messianisme est forcément post-religieux. Post-symbolique. Nous entrons dans les temps de l'explication et de la mise au clair.
« La prophétie Obadia dans la Torah prévoit que cette émergence s'effectue dans l'aire géographique de l'Occident, territoire structurel d'élection pour le manifeste. La fonction du messianisme consiste justement à faire sortir — expliquer — le Code de la Vie. C'est là, le rôle de la France que dévoiler, faire connaître, faire sortir et donner à voir l'identité du motif d'universalité. C'est dans son nom, Tzarfat, dans la lettre Resch de son nom et dans la lettre qui désigne la fonction de dire, de parler. Parler l'identité du motif d'universalité. »

A mon sens, la Mission « Tu t'étendras » est déjà en cours. Notre Nation soutient-elle ce projet civilisateur ? Et nous, à titre individuel, soutenons-nous ce projet ? 
Le messie ne manquera pas de tirer droit au but…
Je considère l'œuvre de Dominique Aubier grâce à qui j'ai pu écrire ce texte comme la pierre de touche de la vocation et de la culture française à son plus haut niveau d'universalisation. Je vous assure, c'est là que ça se passe…

A lire : — La Face cachée du Cerveau, — La Lecture des Symboles, — La série d'exégèse sur Don Quichotte

A voir :
Série CinéCode : 20 films initiatiques sur clé USB
Le film : Le messianisme.

lundi 9 août 2021

Faut-il débattre à l'infini pour trouver la vérité ? (Ou Dieu ne parle qu'une fois…)

Faut-il débattre à l'infini pour trouver la vérité ?

par Dominique Blumenstihl-Roth


Je suis, comme Sancho Panza, très « docile » aux idées — sans être « fossile »…(cf. Don Quichotte, chapitre 7 vol. II), aussi je ne cherche pas à convaincre mais à maintenir ouverte la possibilité de dire. Et cela ne me dérange pas d'être contredit. J'apprécie l'argument contradictoire s'il est étayé, documenté, fondé en raison et en courtoisie.

J'estime, comme Marc-Alain Ouaknin dans un de ses livres, que l'unilatéralité ne peut être vraie. Mais j'ajoute, au risque de le contredire, que le débat d'opinion n'est pas éternel et que la vérité une et unique finit par s'imposer. Les bifurcations ne sont pas éternelles et dans l'arbre évolutif, il existe une conduction qui mène le projet à son aboutissement unique.

De même je crois avec lui que « l'unanimité des opinions ne peut exprimer la vérité ». Mais j'ajoute la raison pour laquelle c'est là une vérité : c'est en vertu du principe de la dialectique structurelle en Gauche et Droite. Une décision emportée à l'unanimité présuppose en effet que la dialectique structurelle n'a pas été respectée, et que l'avis contradictoire a été soit écarté, soit écrasé. L'unanimité est toujours suspecte de ce que le partenaire contradictoire ait été, de quelque manière, réduit au silence.

Le philosphe écrit également que « Le Talmud ne conçoit pas une parole de Dieu qui serait entendue d'une manière unique… » Il reprend en cela une pensée que j'avais trouvée dans un texte d'Edmond Fleg publié en 1966. Il se réfère au verset Psaume 62/12 : « une fois Dieu a parlé, deux fois j'ai entendu » pour soutenir que l'interprétation des Textes serait multiple, ouverte à l'infini des commentaires, une vérité toujours inaboutie, discutée, incertaine, éclatée au gré du dialogue. Je ne partage pas ce point de vue qui résulte, à mon sens d'une interprétation erronée et je m'en explique.

 

Une fois Dieu a parlé, deux fois j'ai entendu

Le verset « une fois Dieu a parlé, deux fois j'ai entendu » mérite un éclaircissement sérieux. Il ne répond pas de la théorie de la multiplicité des écoutes et de la « lecture infinie ». Il est clair, dans l'expression deux fois, que nous sommes en présence d'une perception répétée et non d'une interprétation multiple. Deux fois mentionne une répétition en deux temps, non pas trois ou quatre ou davantage. Ce verset a trait à l'archétype du Redoublement. Dominique Aubier est très claire à ce sujet : « La Parole initiale est unique au moment de sa diction (une fois Dieu a parlé) mais lors de sa tombée dans la matérialité, elle se déploie en deux temps, le premier assurant la réception de l'information inoculée, le second métabolisant l'information ». Le verset biblique signifie qu'un événement se coagule toujours sur une donnée verbale initiale, l'incarnation substantielle s'opérant toujours en mode de double détente. Dieu parle une fois signifie l'unicité originelle du décret, c'est la force éloquente du mandat verbal. L'existentiation deux fois je l'ai entendu confirme le double traitement dont la seconde phase incarne puissamment ce qui fut instillé en amont. Deux fois je l'ai entendu évoque non pas l'infinité des interprétations possibles, mais la mécanique du double barattage cyclique.

 

Du dialogue à la vérité unique

Dans mon livre sur le théâtre de Jean Racine, j'écrivais ces lignes : « il n'existe que quatre niveaux de lecture (PaRDèS) et non cinq ou six, le sens apparaissant en quatrième position, après qu'aient été exploitées les approches littéraires, symboliques et allégoriques.  Seuls les Niv 2 et Niv 3 offrent l'espace de propagation propice à l'interprétation multiple, s'agissant des zones où le symbolisme profuse. Encore que le symbole lui-même ne tolère pas la dilatation infinie. Il se range obligatoirement sous l'ordre structurel dont il est une émanation. » En effet, après le passage au Niveau 3 du Dalet, la montée au sens (Sod) s'opère sans plus aucune possibilité de régression ou d'interférence. Le débat cesse et la vérité émerge dans son unité et unicité.

Certes, nous convenons avec le philosophe que « l'étude et la pensée ne sont possibles qu'à partir d'une exigence dialogale, et le dialogue n'est pas simple échange d'idées, mais questions-réponses ». A mon sens, cependant, l'étude et la pensée sont essentiellement possibles grâce à l'inspiration de la vérité issue des émanations divines et l'enseignement des maîtres compétents.

 Certes, le rapport dialogal est indispensable. Cependant, la parole émise est Une, et aussi nombreux que soient les débats, le dialogue n'est qu'un instrument au service de la montée de la vérité première, unique, qui cherche à se faire connaître dans son exactitude : l'interrogation n'est pas le but, mais l'outil pour le renouveau. L'échange est la méthode permettant la distillation dont la quintessence est l'expression du vrai. Vérité émergeant après libre parole donnée aux opinions, y compris les plus mal fondées. Le dialogue talmudique, tout en étant ouvert à la diversité des intelligences, des humeurs, est résolument tourné vers l'expression de l'Unité en phase Sod du PaRdès, vers la vérité Une qu'il recherche et dont il présuppose l'existence. Les kabbalistes et d'une manière générale, les initiés le savent : le débat dialogal a son utilité, mais aussi son terme, et tout attardement dans « l'éternité du débat » revient à empêcher la libération et la montée en Sod de la Vérité.

 

Esther, la réussite d'une politique de la Connaissance

Il existe, dans les Ecritures, un chapitre où le Redoublement est singulièrement mis en œuvre, de manière délibérée, par une personne qui en maîtrise toute la science. C'est Esther, dans la Méguilah. Esther fait tout deux fois. Les commentateurs que j'ai lus ne semblent pas l'avoir remarqué. Du moins ils n'en disent rien. Esther a pleinement intégré le Psaume 62/12. A-t-elle, dans son oreille, un appareil à redondance générant des échos ? On s'aperçoit, au cours de la narration littérale du Livre d'Esther, qu'elle se répète en toutes choses. Est-ce le comportement d'un esprit incertain, bégayant, doutant de lui et revenant chaque fois sur ses actes une seconde fois dans l'inquiétude de n'avoir pas fait ce qu'il fallait ? Non qu'elle se dédise de ce qu'elle a dit, bien au contraire, elle répète et réitère ses actes en mode « double détente ».

Elle agit avec une grande certitude, non encombrée de la curieuse méthode que prône M.A. Ouaknin qui en appelle, dans son ouvrage Le Livre brûlé, à l' « exigence de la simultanéité du dire et du dédire (ou du moins si la simultanéité est une trop grande exigence, la nécessité d'envisager ce dédire ». Esther, quant à elle, a d'autres exigences vitales : elle pense et agit en accord avec les directives émanant du « Lieu ». Stratégie efficace menant à la résolution de la difficulté puisqu'il s'agit, dans son histoire, de résoudre rien moins qu'un complot qui visait au génocide. Esther est l'exemple magistral d'une « réussite de la transcendance », que j'ose opposer en dialogue amical au concept de la « faillite de la transcendance » conçu par Emmanuel Lévinas. Esther retourne une délicate situation politique en activant les critères de la Connaissance, elle présente une objectivation canonisée de l'efficience des archétypes et des Lois sinaïtiques dont elle assume une mise en application pratique. Il y a, chez elle, un dire et redire, un dire et faire ce qui a été dit, et le faire deux fois, en conformité exacte avec le verset des Psaumes. Verset lui aussi répété, comme il se doit, selon sa propre instruction qu'il s'applique lui-même puisqu'il réapparaît, à peine modifié en Job 33, 14. « Dieu ne parle qu'une fois, mais deux nous l'entendons ».

Esther, sans aucun doute, entendait fort bien.

 

Don Quichotte n'ignore pas cette règle, d'entendre deux fois. D'agir en conséquence selon la modalité du faire et refaire. A moins qu'un signe l'en dispense ou déconseille. Le Redoublement est chez lui un style d'action instamment inspiré par l'exemplarité biblique dont il est imprégné. Les kabbalistes l'appellent Davar Schanoui, le dire deux fois. Dans la Méguilah, Esther ne se contente pas de « dire deux fois », elle fait deux fois. Et en cela, elle pose l'intervalle de temps entre les deux instances. Un temps pour dire, établit en redoublement. Un temps pour faire, lui aussi conçu en deux mouvements. Et chaque fois, instauration du temps délimité : tout d'abord entre les deux « dire », suivi du temps entre les deux « faire ». Nous ne sommes dès lors aucunement en présence de la fuite perpétuelle du temps s'échappant, comme le croit le philosophe, à mesure que la vérité s'éloignerait, éternellement dédite. Le temps, au contraire, est là, non-différé, mesuré entre les instances : les invitations à dîner répétées que lance Esther à son mari sont calculées en temps réel, et la durée qui les sépare l'une de l'autre crée un espace ouvert où l'énergie non-humaine peut intervenir : l'espace se remplit par le retrait de « faire » entre les deux instances. A la manœuvre, les forces de vie agissant par elles-mêmes parce que convoquées dans les règles.

L'action inspirée et guidée selon les règles de la Connaissance initiatique mène à la réussite. Nous y travaillons, avec vous. Selon une table de critères stables.



Références :

La Face cachée du Cerveau, Dominique Aubier ;

Jean Racine, Kabbaliste au service du Roi ;

Esther, la Délivrance d'Israël ;

CinéCode, série de films initiatiques de Dominique Aubier.

lundi 2 août 2021

Quelle est la différence entre YHVH et Elohim ? Un texte original de Dominique Aubier.

Beaucoup d'auteurs confondent Elohim et YHVH. Et ne savent pas situer leur incidence. Dans ce texte, Dominique Aubier apporte de salutaires précisions sur ces deux termes.

Qui a dit que de l’arbre de la science du bien et du mal, Adam ne devait pas en « manger » ? La traduction dont je dispose déclare que c’est l’Eternel-Dieu. Le texte hébreu nomme deux responsables associés, Yaweh et Elohim, le Tétragramme et la Nature. J'ignore pourquoi, dans la plupart des traductions de la Torah, cela ne nous est pas dit en français comme dans l'original en hébreu. C’est grave parce que l’on voit apparaître, dans le climat de l’Hexagone, un Eternel qui fait concurrence à deux de ses ministres. Dieu s’empare de leur dossier et légifère à leur place. Cela se passe peut-être en territoire gaulois mais ce n’est pas  exact. En hébreu, Dieu soit loué !, les études relatives à l’arbre du bien et du mal restent la propriété des commissions qui les ont réalisées et ce sont leur président qui les présente, clairement désignés par leur nom identitaire : Elohim et Yaweh. Non, c'est le contraire : Yaweh puis Elohim. Il y a entre eux un ordre de préséance. Le Tétragramme décide le premier, Elohim vient ensuite paraphraser et montrer ce qui doit être compris. Et cela s’explique. Elohim, c’est la Nature, les choses qui sont là. Yaweh, c’est la règle qui les a commanditées, le système absolu qui régit l’unité structurelle. Les choses du vécu sont nombreuses, mouvantes et ne disent pas toujours qu’elles vivent d’une énergie venue d’ailleurs. Les pliures structurelles qui écrivent le Tétragramme doivent être connues, sinon la composition ce  nom imprononçable n’est pas compréhensible et le sens qui l’habite ne se déploie pas alors qu’il doit fulgurer quand on le regarde.

Etant maniaque, je sonde les lettres qui écrivent ces appellations titrées. Quatre lettres pour Yaweh. Cinq pour Elohim. C’est significatif dans un mode d’expression qui utilise à la fois les glyphes et les nombres. Quatre réfère au régime de la pensée inventive qui s’échelonne sur quatre niveaux d’organisation dans un cortex idéal. Cinq fait songer aux rythmes constructifs de toute substance, dans un corpus matériel. Quatre décrit le parcours réflexif de l’énergie évolutive dans une unité  idéale. Six couches, deux instances Bip et BOP, deux codons d’arrêt, le programme est irrépressible. Cinq compromet les montées métabolisantes, l’une générale à droite et à gauche sur cinq couches corticales d'Alef à Tzadé, l’autre fondée sur les cinq étapes scandées par les lettres finales. On voit par là que pour simplement lire en gros les noms d’Elohim et de Yaweh, il faut regarder les deux panneaux du Logiciel Kabbalistique et rapidement détecter ce qui appartient au régime de l’alphabet et à celui du cerveau. Même si l’exercice n’est pas complet, il a déjà l’avantage de montrer que ces deux Immanences ne sont pas Dieu en personne, barbe et auréole de mythologie populaire, mais deux entités associées dans le modèle absolu tel qu’il a été créé par celui qu’on ne nomme pas. On ne peut donner aucun charme baptismal à l’inimaginable Puissance qui a inventé l’alphabet et l’a mis en œuvre de telle manière qu’il soit l’information de base pour la Création et qu’il le reste pour toutes les unités appelées à l’habiter.
La sagacité initiatique déconseille de chercher à  voir au delà de la frontière du réel. L’homme a assez de travail pour comprendre ce qui se trouve de ce côté-ci de l’horizon astronomique. Se le tenir pour dit et bien dit. Ni Elohim ni Jehovah, ni Schadaï ni Yah, ni aucun des 70 ou 72 noms de la liste traditionnelle ne s’appliquent à l’essence transcendante et incompréhensible que les kabbalistes ont appelé Ein Sof : sans limites, sans fin.

אין-סוף
 
Cette précision devrait  éviter aux  écrivains modernes qui refont le Judaïsme à leur taille : ils sont nombreux à frôler l’hérésie quand ils hésitent à isoler la Création, à la voir dans sa vertu d’œuvre signées par un Créateur qui ne perd ni ses droits ni sa liaison d’amour et d’énergie avec ce qu’Il a fait. Même des érudits, historiens célèbres ou exégètes tombent dans le flou quand ils doivent concevoir une relation que les croyants n’ont pas eu peur de se représenter comme celle d’un mari avec son épouse. Une sentence talmudique le fait comprendre : Dieu est le lieu du monde, mais le monde n’est pas son lieu.
Notion à engrammer, non à discuter.
Elle prendra tout son sens quand le problème du bien et du mal sera étudié car si le mal fait du mal, ce n’est pas à l’Ein Sof que cela est dû. Les hommes, par leurs actions mauvaises, ne peuvent qu’altérer le cycle culturel dans le cerveau duquel ils sont des neurones substantiels. Mais en gênant l’accomplissement interne de cette entité intermédiaire, ils  peuvent freiner son dynamisme. Ce ralenti, à son tour, peut réagir sur le projet divin en cours de réalisation. L’empêcher, impossible. Ce n’est pas une question d’opinion, de croyance, ou de confiance dans l’engagement spirituel. C’est une affaire de cohérence,  de franchise articulatoire au sein d’un réseau où s’imbriquent plusieurs unités se raccordant avec une exténuante efficacité,  au gré d’une complexité qui serait  affolante  si la structuration sur le modèle de l’Absolu ne la rendait simple. Bien en mis en œuvre, le Logiciel Kabbalistique permet de voir cette simplification, donnant l’impression de croiser un regard venu de l’Ein Sof. Un médecin de mes amis m’écrit que c’est un magnifique outil fonctionnel  à  glisser d’urgence dans nos disques durs… Très durs de nos têtes.
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(sur clé USB à partir de 3 films)
— Sur Elohim et YHVH : Le Principe du Langage ou l'Alphabet hébraïque (livre).
Le Logiciel kabbalistique : film de la série Cinécode.
— La série des films (trilogie) : Les secrets de l'Alphabet hébreu