Rechercher dans ce blog

Translate

vendredi 28 octobre 2016

La Place de l'Homme dans l'Univers. Par Dominique Aubier. Texte inédit.

Nouveau livre de Dominique AUBIER



Photo © Anouchka von Heuer
Aucune étude biblique ou recherche à partir de la Bible n'échappe à la question première de la place de l'Homme dans l'Univers. On peut même dire qu'elle présuppose cette question. Et par place de l'Homme, il ne faut pas seulement entendre sa liaison aux phénomènes qui englobent nécessairement tous les êtres par le fait de leur existence, mais également et surtout, l'effet du comportement de l'Homme sur les structures de la vie qui le portent et en reçoivent l'influence. 
Dans l'éclairage biblique, le monde de la création n'est pas seulement un cadre qui mérite d'être découvert, il est d'abord le lieu de l'aventure humaine qui va le peupler, l'animer et, en le faisant vivre, le légitimer. Le monde est plus qu'un simple décor au drame humain. Il y a relation réciproque entre les éléments qu'on peut appeler naturels et ceux que l'on qualifierait d'humains. Il y a échange continu, interpénétration, correspondance entre eux.
 
Pour la Bible, ni l'Univers n'est vide, ni l'Homme isolé. Le premier n'est pas fortuit et le second n'est pas désarmé. Les deux série de phénomènes — ceux de la nature et ceux de la civilisation — loin d'être étrangères l'une à l'autre, se rencontrent souvent ; et pas de manière accidentelle, mais organiquement. On peut parler à leur sujet de deux modes d'une même réalité sous-jacente et plus profonde, celle du tissu éternel et unique de la création.
Ainsi l'homme participe — quoique la plupart du temps à son insu — à des énergies beaucoup plus vastes que les seules « mémoires, pensées, émotions et sensations » qui composent son être apparent, couramment manifesté. Et justement les inspirés bibliques — le Roé, le Nabi : voyants, annonciateurs — sont ces êtres qui par suite de disposition personnelles et d'ascèse particulière auront été capables d'effectuer la plongée dans cette nappe d'énergie première où la voix de Dieu devient audible. Mais là ne s'arrête pas leur itinéraire spirituel.

Les héros bibliques ne recherchent pas l'état extatique pour une satisfaction ou un salut personnel. Il sont surtout des éclaireurs capables de rapporter de leur expérience du divin une connaissance transmissible. Plus encore, la Parole qu'ils répercutent est un cri. Leur découverte non seulement engage inconditionnellement leur existence, mais doit aussi amener l'engagement des autres hommes. Aussi cette découverte devrait-elle déboucher sur une histoire qui est à organiser par référence à la Loi appréhendée à la source : celle de la Parole créatrice de « l'essence commune dans laquelle les êtres et les choses ont leur être. »

Les inspirés bibliques — Patriarches, Prophètes, Élus — se voient donc mériter en quelque sorte le droit d'accès à la « machinerie » de l'Univers. Leur regard peut atteindre l'intériorité des « mécanismes », quand le vulgaire n'aperçoit qu'une enveloppe extérieure. Ils sont ainsi initiés au secret des Lois qui gouvernent le monde et à leur portée ; du même coup, au conséquences qui résultent de leur transgression. Habitués qu'ils sont à une vision en profondeur de tous les phénomènes, ils inscrivent chaque événement sur la toile de fond de l'Éternel et peuvent ainsi le jauger pleinement par référence à l'absolu. D'où la valeur exemplaire de leur diagnostic, d'où le caractère pathétique de leur appel. Ainsi, pour eux, le comportement de l'homme prend une résonance infiniment plus ample que celle qui lui est reconnue ordinairement. On devine dès lors l'importance de la notion de Jugement dans la perspective biblique, soit qu'elle apparaisse comme une mise en garde ou une instance en marche, soit qu'elle se fasse sanction ou facteur d'équilibre.

La science moderne découvre à peine l'action de l'être humain sur le monde — y compris le monde physique. Du point de vue logique, elle commence à se rendre compte qu'il est légitime de concevoir que par sa seule présence au monde, l'homme doit jouer un rôle dans son économie générale. Du point de vue des mesures, elle comprend que par son niveau mental et par son psychisme tout autant que par son être physique, l'homme intervient dans le jeu des forces qui constituent la « Nature ».

On assiste actuellement à une convergence du savoir qui s'était émietté depuis Descartes et où les sciences exactes avaient pris une prééminence encore accentuée par l'esprit positiviste. Comme s'il s'agissait d'écarter le plus possible l'homme pour mieux approche la vérité. La recherche structuraliste montre quel chemin a été parcouru par la science en direction de l'enseignement biblique, selon lequel le monde a été créé d'après un plan et avec une intention que son déroulement nous révèle. En effet, en parlant de fonctionnement suivant une « structure », un « modèle », les chercheurs indiquent par là qu'ils présupposent un plan de guidage qui, en unifiant l'ensemble des phénomènes, révèlerait le mécanisme général de l'univers.

Dès lors ils semblent prêts à accepter les données de cultures, étrangères à leur mode habituel d'investigation du réel. L'état actuel des connaissances permet ainsi à deux langages qui paraissent aussi éloignés que celui de la science et celui de la sagesse israélite, de se rencontrer et de s'associer comme deux courants complémentaires d'une même réalité, l'un apportant la caution de sa vision universelle, l'autre la certitude de son expérience historique éprouvée. Le tout au service de la vie dans une dialectique fécondante : étape organique — étape fonctionnelle qui a toujours été préconisée par la tradition juive et qui doit projeter un éclairage de rationalité sur tout ce qui existe.
Voilà du coup, légitimé, après des siècles d'intolérances intellectuelle ou de ricanement voltairien d'une pensée scientiste, l'un des fondements du message biblique : la dialectique Univers-Homme, le devenir du monde lié à celui de l'homme.


------------


 Extrait du livre :

Le devenir du Monde est lié 
à celui de l'Homme

par Dominique Aubier 
Cet ouvrage paraîtra le 2 décembre 2016,
date anniversaire du départ de Dominique Aubier.

125 pages, 37 euros, expédition incluse.

Les exemplaires peuvent être retenus dès maintenant 
en écrivant à : 

MLL - La Bouche du Pel
BP 16 
(F) 27 240 DAMVILLE

ou par la page sur le site internet.

mll(at)dbmail.com

dimanche 9 octobre 2016

Ouragan sur Haïti. Lettre ouverte à l'écrivain Makenzy Orcel.

OURAGAN SUR HAÏTI

De Haïti à Israël : la mémoire de l'esclavage

M. Dominique BLUMENSTIHL - ROTH
Auteur, producteur, éditeur

Lettre ouverte à l'écrivain Orcel Makenzy,


Le 10 octobre 2016

Cher Makenzy Orcel,

Le 4 octobre dernier j'ai été invité pour la remise de votre prix Ethiophile au restaurant Procope à Paris, mais je me suis retrouvé dans l'impossibilité de monter dans le train. Au dernier moment, quelque chose m'a retenu sur le quai qui m'a empêché… Un autre rendez-vous… Rendez-vous avec cette lettre que je vous écris et que je rends publique.

Rentrant chez moi, j'ai commencé à vous écrire, car j'aurais bien aimé échanger avec vous au sujet de votre conception de la « reconstruction de l'être haïtien ». Un sujet qui vous tient à cœur.

À peine ai-je commencé la rédaction de ma lettre que j'apprends qu'un ouragan phénoménal s'acharne sur votre pays, Haïti… Des centaines de morts, une population désemparée… mais tellement courageuse.

J'en ai parlé un jour avec notre amie Mme Michaëlle Jean, la Secrétaire Générale de l'O.I.F. (Organisation Internationale de la Francophonie), haïtienne d'origine, comme vous le savez. Ma première interrogation porte sur le tellurisme haïtien. En effet, comment construire — ou reconstruire comme vous l'appelez — l'être sur un territoire soumis à de telles forces tectoniques qui rendent incertaines, instables et vacillantes toutes les résolutions humaines ? Le récent tremblement de terre, exceptionnel dans son intensité, qui a dévasté l'île en est l'illustration. Et que penser des terribles ouragans qui s'acharnent sur l'être haïtien : en concomitance temporelle — synchronicité exacte — avec la remise du prix qui vous a été décerné pour votre ouvrage « l'ombre animale », une tempête meurtrière, plus de 900 morts, a ravagé votre pays. Le Poète en vous aura été sensible à ce signe cosmique qui confirme qu'en tant qu'écrivain, maître de la Parole, vous êtes en première ligne pour tenter de construire l'homme haïtien.

Mais que peut faire l'Écrivain face aux éléments déchaînés ? Comment les racines de l'Homme peuvent-elles « prendre » quand le sol se dérobe et quand le ciel lui-même sans cesse dévaste les espérances ? N'en ressort-il pas l'errance de l'âme inquiète, en quête de sa fixation toujours remise à plus tard ? Mais aussi l'étonnante joie de vivre haïtienne, irréductible, comme recours d'espérance face aux cataclysme ?

À la nature du sol et du ciel, qui conditionnent profondément l'âme des habitants — et cela est valable pour toute nation —, s'ajoute à mon sens, pour l'île, la blessure profonde vécue au coeur de l'homme haïtien, la blessure non cautérisée de l'esclavage. Sa mémoire ancestrale semble encore saigner, liée à la déportation, l'exil transgénérationnel, l'assujettisement à la barbarie.

Je ne suis pas haïtien, mais alsacien d'origine. Et je me suis penché sur ces questions au travers de mes engagements par rapport à la Connaissance, le judaïsme et le destin du peuple hébreu. L'enseignement de mon maître, Dominique Aubier, me permet d'affirmer qu'il existe assurément de puissantes analogies entre hébreux et haïtiens, leur histoire douloureuse et le besoin légitime de se reconstruire après les épreuves de l'Histoire.

L'exemple des hébreux par son ancienneté et sa longue réflexion, donne des pistes efficaces pour mener une « politique » de la reconstruction intérieure, individuelle et collective. Je serais heureux de partager avec vous sur ce sujet.

Haïtiens et hébreux furent esclaves. Des analogies symptomatiques peuvent s'en dégager, des parallélismes dans les processus politiques fondés sur la violence subie, aboutissant à l'aliénation, la soumission, mais aussi à la révolte.

Les deux peuples eurent à affronter une puissance dominatrice et à s'en libérer.

Les hébreux, de leur côté, ne furent pas « déportés » en Egypte, ils s'y étaient rendus de leur plein gré du temps de Joseph qui en devint le vice-roi. Ce n'est que plus tard que la situation se dégrada et que les servitudes se transformèrent en esclavage. À la différence d'Haïti où les Africains furent amenés de force et réduits dès le début à l'asservissement programmé.

Par la suite, après l'épisode égyptien, le thème de la « déportation » frappa les Juifs à plusieurs reprises. Bien qu'ayant regagné leur terre, ils en furent déportés à Babylone. Il y eut trois exils successifs dont le dernier ne prit fin qu'en 1945. C'est dire que les choses se répètent. Et que la délivrance est un processus lent, qui a ses rythmes, ses cycles, ses rechutes : on pourrait, pour l'histoire des hébreux, en retracer le scénario historique avec précision et en relever les déterminations, les caractéristiques. Le tout traçant une ligne de destin maintenue pendant 3000 ans par une puissante espérance métaphysique de délivrance physique et spirituelle allant de la Révélation du Sinaï faite à Moïse jusqu'à l'ouverture des temps dits « messianiques ».

Lire à ce sujet : « de l'Urgence du Sabbat ».

L'analogie entre hébreux et haïtiens se maintient au niveau de la quête de liberté et d'affranchissement de la servilité. Il existe cependant une différence dans la réalisation de cette libération. L'hébreu, peuple unitaire, fonde sa cohérence sur un texte, sur l'écrit. Et vous savez quelle est la force de l'écriture ! C'est un monument capable de résister aux pyramides. Les Haïtiens, eux, n'eurent pas de texte sur quoi centrer l'esprit si ce n'est la philosophie des « Droits de l'Homme », une faible déclaration utopiste qu'un Napoléon Bonaparte — pharaon aux petits pieds — méprisa copieusement puisqu'il réinstaura l'esclavage après qu'il eut été aboli par la République.

Les haïtiens eurent à se libérer sur un territoire fermé, une île. Une impasse géographique. Tandis que les hébreux eurent devant eux un espace de sortie possible, fût-ce un désert à traverser. Une telle « sortie » était impossible aux Haïtiens, confinés sur leur île sous la domination coloniale. « Celui qui part n'est point coupable » écrit le poète René Char. Encore faut-il pouvoir partir ! Braver le pouvoir en place, et traverser le passage vers la liberté…

Les efforts admirables de Toussaint Louverture ne connurent pas le succès. Il portait un nom prédestiné pour réussir la délivrance. Du moins en concevoir l'ouverture. Et puis cette question métaphysique : ce Dieu qui sauva les hébreux, qui opéra des miracles contre Pharaon, n'aurait point secouru les Haïtiens quand ils furent dans la même situation tragique que les hébreux ? Où était-il passé, « le bras puissant » de l'Eternel ? Je crois surtout que Louverture réalisa, comme son nom l'indique, l'ouverture du processus, laissant à d'autres la responsabilité de l'accomplir pleinement. Je reconnais dans ce cas le déroulement d'un « Redoublement » archétype du réel où les choses se passent en deux temps, une instance d'ouverture informant l'avenir, suivie d'une instance de réalisation matérialisant les informations instillées en première instance (voir La Face cachée du Cerveau).

Les hébreux, à l'issue de la « sortie d'Egypte », furent contraints à errer dans le désert pendant 40 ans. Non qu'ils s'étaient perdus, mais Moïse estimait que son peuple n'était pas prêt pour la liberté. Haïti est-il prêt pour la liberté ?

Moïse conçoit la libération par une sortie faisant rupture. La grande Yetsiat Misraïm est fondatrice de l'abolitionnisme. Fin de l'esclavage. Fin de la tyrannie. Mais l'esclavage intérieur des hébreux se poursuivait. Il fallut attendre que les derniers d'entre eux ayant connu l'Egypte disparaissent pour que l'entrée se fasse. L'entrée dans cette « Terre promise » ne fut pas aisée, et cela prit encore des générations pour que se réalise la jonction entre le territoire et le peuple revenu. La reconstruction de l'être, après le traumatisme collectif de l'esclavage sur plusieurs générations nécessite peut-être autant de générations libres, pour que s'opère la réparation. La reconstruction de l'être est lente, la mémoire perdure et 3000 ans après ces faits, la tradition hébraïque continue de commémorer la « sortie d'Egypte ». Cette commémoration est un rappel toujours renouvelé invitant à réfléchir à l'histoire qui peut, à tout moment, se répéter. D'ailleurs l'histoire s'est répétée. Une nouvelle fois, le peuple hébreu fut menacé, cette fois non de l'esclavage, mais d'être exterminé. Il doit son salut à l'intervention initiatique de la reine Esther. Qui, elle aussi, fait l'objet de commémorations depuis 2400 ans (Kippour), visant à rappeler aux hébreux que rien n'est jamais acquis et qu'il existe une méthodologie de délivrance et de reconstruction.

Moïse au Sinaï puis Esther, reine en Assyrie, rappellent que toute abolition doit s'arracher : l'être doit constamment veiller à se dégager des dictatures de toutes sortes qui, à tout moment, pourraient se refermer sur les consciences assoupies dans le confort des illusions. À surveiller, la dictature de l'idéologie matérialiste — la nôtre, celle qui nous semble tellement vertueuse — qui, sous couvert de fonctionnement démocratique n'est qu'un leurre de liberté au travers d'une pseudo-émancipation fondée sur le projet consumériste.

L'histoire s'est répétée, comme vous le savez, avec la tentative de génocide des Nazis qui visaient à exterminer, dans le judaïsme, son rapport au Verbe et au Livre pour imposer à la place de la Révélation, l'ordre du matérialisme absolu. La création de l'Etat d'Israël en 1948 s'inscrit dans cette lente reconstruction intérieure prenant aujourd'hui parfois des formes singulières de nationalisme, d'extrémisme, de retour à la foi des ancêtres, ou de rejet total. Mais tout cela participe de la « reconstruction », de la « thérapie », parfois chaotique, mais allant toujours dans le sens d'une puissante perception de son destin de liberté.

L'esclavage vise à anéantir l'être, sa droiture : abaisser l'être, nier son humanité, dès lors le confondre ou même le réduire en-deça de son « ombre animale », extirper sa capacité réflexive, et le jeter en pâture aux fauves afin qu'ils le déchirent. C'est de cette fosse que l'esclave dut se libérer.
En s'accrochant à quelle corde ?
N'est-ce pas à vous, écrivains haïtiens de commettre cette corde par laquelle l'homme haïtien pourra sortir du puits ?

Suis-je cruel en le disant : il me semble que Haïti n'ait pas encore empoigné sa délivrance intérieure. Que l'île n'ait pas encore réussi à cerner sa vocation, son projet, j'allais dire sa « mission ». Haïti n'a pas encore émergé. C'est un pays en construction, où la terre elle-même régulièrement tremble, où le ciel se déchaîne. Quelles mystérieuses colères des éléments, quels déchaînements dont l'esprit de l'homme lui-même pourrait être responsable, tant le devenir du monde pourrait être lié à celui de l'Homme ?

L'ouragan qui s'est abattu sur Haïti en ce 4 octobre 2016 a fait près d'un millier de morts. Qu'en est-il de Dieu qui, en Genèse IX - 11, donna une assurance solennelle valable pour Noé et sa postérité : « nulle chair désormais ne périra par les eaux du déluge ; nul déluge désormais ne désolera la terre » ?
Une alliance est établie par Dieu entre Lui et l'homme — Alliance, ce mot hébreu Bérit est le centre de la plupart des versets de Genèse IX - 9 à 17 dans lesquels Dieu explicite les termes de son pacte, destinée à préserver l'humanité d'une punition trop forte pour sa constitution — et pourtant, le déluge emporte Haïti…
Que pourrait bien reprocher le « Juge - Législateur - Éducateur » à ce territoire, à cette Nation, à ce peuple pour le soumettre ainsi à ses humeurs ou ses colères ? Cette violence inouïe des éléments exprime-t-elle une « opinion » du Réel face au comportement humain ? L'occasion en tous cas de poser la question, et de refuser la « victimisation » par trop facile du paupérisme : Haïti est une nation pleine de ressources, une population jeune, forte. Qui a besoin d'une libération de ses énergies accompagnée d'une orientation, d'un encadrement, d'une élite. Et qui sait, si ces soulèvements de la Nature, au-delà des drames humains effroyables qu'ils occasionnent, ne sont pas autant d'occasions de renouveau, d'appel à un engagement plus fort pour avancer dans l'aventure historique au côté du partenaire… absolu ? Message adressé à toute l'humanité ?

Qui pourrait faire émerger le renouveau en Haïti ? Son élite, souvent en exil — puis-je vous le dire franchement ? — est comme timorée. Solidaire, mais loin des tranchées ou se déroule le véritable combat. Elle est certes révoltée, passionnée, mais conduit-elle son peuple vers une délivrance ? A-t-elle un projet ? Elle accepte honneurs, prix, et autres salamalecs. Les compliments troussés à n'en plus finir par la critique — nouveau fouet de la France pour amadouer les rebelles et les soumettre à son ordre. Et il est impitoyable, sous couvert de courtoisie, bienséance et prodigalité d'humanisme…

Saurez-vous, cher auteur — Goncourt en perspective et je vous le souhaite ! — résister à l'amidonnage de la culture conventionnée qui cherchera à vous dompter ?

Restez rebelle, cher Makenzy Orcel.
Mais être romancier ne suffit pas !
Etre rebelle ne suffit pas, car le « système » matérialiste, le pharaonisme actuel, a parfaitement prévu les espaces réservés aux rebelles… dont il s'accommode et s'amuse.
La seule rébellion possible, c'est la connexion à la Parole révélée, aux Signes.
Je crois que des auteurs comme vous sont nécessaires pour affirmer la réalité haïtienne, dans l'espace francophone. Mais aussi dans le monde. Il faut à Haïti des « voix » solides sachant déjouer les pièges du modèle civilisateur dominant.


Peut-être faut-il que l'écrivain devienne homme politique ? Un politique initié ?
Votre nom en hébreu évoque la lumière « Or » - « Aor ».
Orcel: C'est de l'or dit votre nom… et « ken » confirme en disant « oui ». Soutenu par « Maken » le bouclier, désigné dans Genèse et protégeant Abraham. Quant à Haïti, ce mot contient bien la vie : en hébreu « Haï », du verbe « Haya », être. Reconstruire l'être, tout est donc possible ! Même le miracle.

Et pour le réaliser, peut-être faut-il que l'écrivain devienne homme politique ? Un politique initié ?
Peut-être la politique sera-t-elle le territoire où votre poésie pourra s'étendre dans… le réalisme ? N'est-ce pas la vocation de la Poésie : devenir une politique po-éthique ?
Je souhaite qu'en tant qu'écrivain, vous accédiez un jour au pouvoir, dans votre pays, entouré de vos pairs, poètes et écrivains. Soyez un Moïse pour Haïti ! Il se pourrait que l'Eternel vous guide en ce sens et vous dise : « Ne crains point, je suis ton bouclier (Maken), et ta récompense sera très grande » (Genèse 15 - 1).

Vous serez toujours le bienvenu chez moi et reçu comme un ami…
Bien chaleureusement,

Dominique Blumenstihl-Roth
-----------

PS : L'ouragan sur Haïti et la remise de prix se sont produits exactement le même jour.
L'écrivain et l'ouragan appartiennent à la même structure quantique (Haïti). Dès lors j'implique l'écrivain, en tant que particule face à son pays et inversement dans une structure unitaire.
Particule A : c'est l'ouragan
Particule A' : c'est Orcel.
ou bien le contraire… dans une même structure (Haïti) les particules séparées se comportent comme si chacune connaissait l'état quantique de l'autre (voir L'ordre cosmique).
Dès lors pour changer quelque chose sur Haïti… il faut changer son état quantique. Il faut faire tourner le "spin" dans l'autre sens… sortir de "l'ombre animale" et y opposer la lumière. Et remplacer "animale" par "humaine".

L'ouragan ayant eu un retentissement mondial, j'en déduis que ce qui doit s'imposer — dans le monde — c'est bien la "lumière humaine".

Tel est à mon sens le message de l'ouragan…

— Le secret de la France et de la Francophonie
—Message pour Michaelle Jean, Secrétaire Générale de l'O. I. F.
 

 

mardi 4 octobre 2016

La 23eme lettre de l'Alphabet hébreu. Moïse et la Solution finale. Par Dominique Aubier. Suite 3.

Un ouvrage exceptionnel de Dominique Aubier. 

Compte rendu de lecture par Dominique Blumenstihl-Roth


Cet article a été présenté en 3 parties.
Le Qorban ; Tzim Tzoum ; Louriah ; le secret de la 23ème lettre.
Le secret des Téphillin ; La Tour de Babel ; Le secret de Jacob.

3ème partie

6. Le sens de la généalogie biblique
Dans ce livre, Dominique Aubier étudie la descendance de Sem, le fils aîné de Noé. Elle dissèque les équations Sem – Arphaxad, Shelakh, Peleg, Cheroug, Therakh, le père d’Abraham. Tous ces noms de patriarches forment un discours, une harangue que la Vie prononce à sa propre attention, avec une décision, une fermeté dont Abraham sera l’héritier. Ils témoignent d’un fait : l’énergie constructive du cycle inauguré en Babel a circulé dans un canal de transmission dont ces personnages sont les balises. 
Nous suivons dans ce livre la généalogie biblique à la loupe. Il nous raccorde à la longue mémoire de l’humanité dont la Bible retrace le parcours. Abraham et son épouse, qui de leur vie écrivent une page essentielle de l’histoire humaine, intimement liée à celle du langage, au point que leur fils Isaac, selon la Tradition, représente la faculté de parler. Viennent les jumeaux Jacob et Esaü (cette gémellité combative correspond-elle au stade du deuxième jour de la fécondation, quand l’ovocyte se complexifie en deux cellules et deux globules polaires diamétralement opposés ?). La dispute sur le droit d’aînesse trouve ici une explication appuyée sur une expertise nominaliste de premier plan.

L’imperturbable réalisme du Sacré nous invite à compter le nombre de garçons qui naissent de Jacob. Treize enfants, douze garçons, une fille. Or la science observe qu’il existe douze paires de nerfs crâniens, en plus de la moelle épinière. Nouveau Qorban ! Nouveau rapprochement Connaissance et Sciences : Ce sont les treize enfants issus de Jacob. Que disent les noms des douze fils de Jacob ? Ruben, Siméon, Lévi, Judas, fils de Léa ? Dan et Nephtali, fils de Bilha ? Gad et Acher fils de Zilpa ? Issachar et Zabulon issus, eux aussi, de Léa ? Joseph et Benjamin fils de Rachel ? Sous les mots agissent les archétypes. Leurs critères sont fournis par les lettres. Supports éloquents, dit Dominique Aubier. De chaque nom, elle donne le sens. Une incitation au travers des appellations accordées à la progéniture masculine de Jacob. L’auteur situe chacun des fils de Jacob sur une fonction nerveuse qui, dans l’organisme humain, transite par les nerfs crâniens.

Dominique Aubier écarte l’analogisme primaire qui mettrait, d’une manière absurde, tout en rapport avec tout et n’importe quoi. Ainsi, elle va au-devant de l’objection que ne manqueront pas de lui opposer, d’une part les anatomistes qui ne voient rien en dehors de leur spécialité, d’autre part les littéralistes obtus qui s’en tiennent au premier niveau de lecture du texte biblique : pour juger de la réalité de l’analogie ou de son invraisemblance, il faut confronter la description de l’encéphale qu’offrent les sciences cognitives aux faits qui, dans l’histoire biblique, feraient le portrait imagé des mêmes phénomènes.

Je l’avoue sincèrement, les descriptions scientifiques qu’apportent les ouvrages auxquels la kabbaliste renvoie sont ardues. Aussi j’approuve l’auteur quand elle dit, avec son bel humour, qu’il est plus facile de suivre l’ordre des naissances quand elles se produisent dans la famille de Jacob que détecter l’origine embryologique des nerfs crâniens ! Mais le contrepoint scientifique est indispensable à la démonstration. Les points d’analogie significatifs qu’elle relève ont force de preuve.
Dirais-je que la méthode d’investigation qu’elle met en œuvre (le Qorban) est canonisée ? Faut-il préciser que le Qorban est préconisé par la Tradition, mis en acte symboliquement lors du Shabbat lorsqu’homme et femme se rencontrent ? Je l’ai dit : l’auteur percute l’un contre l’autre deux domaines de réflexion, Connaissance et sciences. Le premier brandon a pris feu. L’irradiation est prometteuse.

7. Moïse, les téphillin, le rachat du premier-né

Qui dit révélation des lettres hébraïques interpelle Moïse ! Si le moteur du judaïsme c’est l’universalité, alors le prophète, fondateur de la ritualisation est de la partie. Qu’a fait Moïse quand il met au point la pose des téphillin, le rachat du premier-né et la célébration annuelle de la sortie d’Egypte ? Quel est le sens de ces trois rituels ? 
Rien moins que sauver l’humanité, répondent les religieux. Nous sommes bien d’accord. Mais comment une série d’actes symboliques peuvent-ils agir sur la réalité du monde ? Dominique Aubier explique les effets, sur le système nerveux, sur le corps de l’individu, et sur le corps social, de la pose des téphillin. Ces rituels ont été calculés en raison de leur effet sur le système nerveux et sur la pensée. Moïse, le prophète bègue, les a conçus en fonction de leur emprise sur la chair. C’est en lui-même qu’il a vu l’ordre structurel dont le Tétragramme donne la formule.

Quant au rituel des premiers-nés : s’est-on aperçu que si l’Egypte est le pays des premiers-nés, sa langue serait-elle aussi de ce ressort ? Si l’hébreu est la langue du sens, son premier-né serait aussi une langue : celle précisément qui anime un « En-face » du royaume où règne l’alphabet. Quel est cet En-Face de l’hébreu où naît, en premier, une insurrection opposée à la direction d’essence divine ? Cherchez l’idiome et vous aurez le peuple, le pays et le drame ! Ce premier - né, pourtant, il faut le racheter à tout prix, telle fut la consigne de Moïse. Faut-il racheter le crime du bourreau ? Le judaïsme a-t-il médité tous les enseignements de cette ordonnance ?

Restons modestes devant l’immensité des souffrances. Mais soyons capables de surmonter le pathétisme, d’autant que nous ignorons, depuis des siècles, ce que Moïse a compris et prévu. Aussi ce livre est-il salutaire en ce qu’il dégage ce que l’on croyait obscur, en ce qu’il libère ce que l’on pensait inaccessible : bien des éclaircissements, qui passionneront les égyptologues, mais également tout juif intéressé par sa propre tradition, nous renseignent sur la relation profonde unissant Israël et l’Egypte. L’auteur révèle la personnalité, le courage de Moïse. Elle étudie, au moyen des lettres hébraïques, le passage biblique où Moïse décrit son handicap verbal : le bégaiement. Sémiologie d’une souffrance. Le tableau clinique de la lésion mérite d’être pris en considération par les orthophonistes, car ce qui est en cause, c’est le circuit d’un nerf crânien, le grand hypoglosse. Le diagnostic que porte l’auteur sur cette difficulté langagière (la même qui frappe tant de jeunes enfants) complétera la compréhension des professionnels du langage qui, malgré la mise au point de nombreuses méthodes correctives pratiques, restent fort démunis devant le phénomène.

8. Moïse et la solution finale

Pourquoi Moïse brise-t-il les Tables de la Loi ? Un mouvement d’humeur ? Non, dit le Zohar. Leur destruction est ressentie comme une souffrance équivalente à la mauvaise sortie de Gan Eden ! La véritable raison, c’est le retrait de la lettre Vav. Toujours et encore, les lettres hébraïques et leur sens !

Étonnant Moïse qui, au travers de son expérience de la sortie d’Egypte, a regardé loin dans les temps à venir, par le périscope de sa Connaissance. Il a vu qu’une seconde instance se produirait un jour, dans l’Histoire qui soumettrait son peuple à un joug plus redoutable encore que celui de Pharaon… 

Le prophète a-t-il su voir dans le temps se dessiner la « solution finale » qui viserait à supprimer le peuple juif ? A-t-il sû que l’épisode de l'esclavage en Egypte se renouvellerait, dans le futur et dans un autre pays ? La personne du Führer correspondrait-elle alors analogiquement à Pharaon qui fut acteur en son temps d'une première instance appelant une seconde instance conformément à la loi du Redoublement ? La « solution finale » des Nazis serait-elle la réplique, au sens de répétition aggravée, de la politique d’esclavagisme meurtrier qui sévissait sur les hébreux en Egypte ? Et la formation de l’Etat d’Israël en 1948 serait-elle la réitération de l'arrivée des Juifs en Terre sainte,  après la sortie d’Egypte et la Traversée du désert ? Une question se pose : analogie pour analogie, il resterait, pour l'Israël d'aujourd'hui, à vivre la réédition du don de la loi au Sinaï ! L'émergence d'un nouveau Moïse et d'un nouvel Aaron… L'arrivée d'une vaste explication du phénomène Israël. Et si ce livre réalisait justement cette performance souhaitée ?
 
Car voici enfin une lecture lucide de la Shoah ! Pourquoi l’holocauste ? Pourquoi le nazisme ? Qui est Hitler ? La pensée rationnelle n’a pas expliqué cette calamité. Il faut en effet éprouver ce personnage dans son essence, si l’on veut comprendre comment la figure d’Hitler a pu s’installer dans l’aura charismatique la plus puissante, dans le cadre lyrique de l’héroïsme national germanique et y faire figure d’icône. L’auteur analyse les noms au filtre de l’hébreu : le sens se trouve dans la symbolique des lettres. C’est donc lettre à lettre, grâce aux glyphes hébraïques qu’elle mène l’enquête sur l’identité du Führer. Quelle est sa neshama ? Hitler, reflet karmique de Pharaon ? Dominique Aubier procède à une enquête kabbalistique des éléments biographiques du dictateur, elle étudie sa numérologie, dévoile l’essence de son satanisme.

Lumineuse lecture de l’antisémitisme ! L’objectif nazi est de tuer jusqu’au dernier B’nei Israël de manière à ce que leur génie ne soit plus l’effet du souffle hébreu afin d’en prendre la place. Le défi s’adresse au principe de Création. Sans minimiser la souffrance d’autres peuples ayant subi des génocides, la spécificité du génocide juif réside dans ce principe. Ce qui justifie l’attitude juive dans sa revendication d’un génocide d’exception, c’est le fait qu’au travers de son existence, l’acte divin de la Création en ait été l’objet. La disproportion métaphysique s’ajoute à l’insoutenable de la tragédie vécue.

Dominique Aubier étudie la ressemblance entre l’hébreu et l’allemand au titre de la dialectique cerveau caché / aire somatosensorielle. Elle décape les conceptions de certains linguistes qui mettent le Gange au nombre des fleuves qui sortent d’Eden pour arroser le jardin germanique. Elle retrace l’histoire de l’espièglerie intellectuelle qu’a été — et qu’est toujours — la thèse de l’indo-européen, cet antique et introuvable indo-aryen d’origine inventé de toute pièce. Or, écrit-elle, « le nazisme s’appuiera sur cette thèse, opinion qui a gagné les écoles et les universités. Elle y fait toujours excellente figure, enseignée de nos jours encore comme vérité établie ». Autre mise au point : l’auteur affirme que l’invention de la méthode globale d’apprentissage de la lecture n’est pas sans rapport avec la conviction aryaniste. Sa logique valorise l’unité verbale, le mot, et réfute la notion d’alphabet comme base engrammatique propre au cerveau, fait essentiel de la doctrine biblique. La méthode d’enseignement globale est donc clairement d’essence négationniste au regard de l’alphabet. De quoi faire grincer des dents certains pédagogues ? La négation des lettres au profit de l’incertitude orthographique des syllabes avance une méthode allant à l’encontre de l’évolution phylogénétique de l’espèce humaine dont la cérébration s’effectue autour de la reconnaissance du projet lettrique. L’Education Nationale aura-t-elle le courage de rétablir les priorités ?

9. Voir clair dans l’unité
 
Le dernier chapitre de cet ouvrage magistral conclut sur les travaux du systématicien Gregory Bateson dont l’auteur salue les efforts tendant à trouver, par la voie scientifique, le diamant du sens. Elle rend hommage à ce chercheur et sa fine perception des phénomènes de symétrie. Cependant, ajoute-t-elle, faute d’être rendu à l’unité, ses spéculations se heurtent à l’absence d’une donnée essentielle. C’est bien là tout le problème de notre culture mondiale : le principe d’unité ne lui est pas connu. La science en recherche la formule depuis plus d’un demi-siècle et les philosophies ne souhaitent même plus l’obtenir… Mais il y a la 23e lettre ! C’est elle qui détient le savoir qui permet de voir clair dans les procédures infaillibles de l’unité. C’est en ayant recours à elle que se rétablissent les normes fixes du réel. Signe de royauté structurelle, cette lettre possède la force d’apaisement qui accompagne l’intelligibilité de toute chose.

Cet ouvrage de Dominique Aubier constitue une œuvre de haute vertu civilisatrice. Il est le fruit d’une percutante rencontre. La science est remise à sa juste place, dans le cadre de la procédure efficace, hautement initiatique. L’alphabet hébreu est établi dans son ontologie. Cette confrontation Connaissance et sciences, dans le respect scrupuleux de la priorité initiatique sur la démarche spéculative suscite, dans l’esprit du lecteur, la joie d’un Qorban intérieur : un arc électrique foudroyant tendu entre deux électrodes.

Ce livre offre un apaisement, une réparation universels, des retrouvailles avec soi-même. Une vision de l’histoire nous engageant au progrès, à la sublimation des blessures, à l’élévation de notre être par la conscience.

La 23e lettre de l’Alphabet Hébreu
par Dominique Aubier. 
418 pages. 16,5 x 24 cm. Ed. M.L.L./ La Bouche du Pel. 54 € 


La 23è Lettre de l'Alphabet hébreu est le premier tome du triptyque La Haute kabbale de l'Eternité.
Tome 1. La 23è Lettre de l'Alphabet hébreu.
Tome 2. La Porte de L'Inde.
Tome 3. La Porte de France.

Tous les livres de Dominique Aubier sont disponibles ici :


Les explications données dans ce texte et parues sur ce blog peuvent être reprises mais leur source doit être citée : "car celui qui ne cite pas ses sources empêche le messie de venir" (Pirké de Rabbi Eleazar).

Je remercie les mécènes qui soutiennent ce blog.

MLL - La Bouche du Pel
BP 16
27 240 DAMVILLE