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lundi 25 avril 2022

La France est-elle en indigence ?

La France est-elle en indigence ?

La pauvreté matérielle se mesure selon des critères économiques, le revenu, les indices du coût de la vie etc., mais il existe d'autres forme de misère, je parle de l'indigence culturelle qui augmente à vue d'œil ainsi que l'épaisseur de la vulgarité qui se consolide… parmi les prétendues élites qui ne parlent que de « croissance » : s'imaginer que l'on puisse croître toujours plus, au mépris de la loi naturelle de l'arrêt évolutif marqué sur le secteur « hyponeurien » est en effet une grave erreur, j'allais dire une vulgarité issu de l'ignorance, à moins qu'il ne s'agisse d'une obstination décidée en vue d'un enfoncement dans la voie du non-retour.

L'empire du « faire » marque son territoire, avec le projet civilisationnel qu'il impose au travers de ses options productivistes : travailler plus, travailler plus longtemps, gagner plus, « faire plus », tout faire pour « sauver le système ». La réalité se courbe-t-elle à cette conception de l'existence ? L'ignorance de la réalité, de son Code, s'abrite sous un langage hyper-technique d'experts qui croient en la continuité linéaire du déjà-existant. Une illusion fondée sur une logique de la perpétuation du même. Le comique Buster Keaton a mis en scène cette situation : visage impassible, il conduit une locomotive dont les rails s'enfoncent dans la mer. Il voit s'approcher l'océan, il sait que la voie ferrée conduit droit dans les abysses, mais il continue avec passion d'enfourner du charbon dans la chaufferie de la locomotive. S'engouffre-t-il dans la mer, avec sa machine, qu'un gros plan sur son visage le montre passionnément actif, la pelle à la main, car il s'agit pour lui de ne jamais s'arrêter, de conduire le train au-delà de l'absurde. Nous en sommes là : à nous persuader que la limite du réel recule et qu'il nous est permis de persister à « faire comme si de rien n'était ».

L'Alphabet hébreu nous enseigne que l'évolution du côté quantitatif est bloquée en Tzadé final (valeur 900). Qu'aucune extension d'espace ne lui est concédée. La température de la chaudière atteint son maximum entropique au-delà de laquelle elle explose. Les sciences l'ont observé et décrit au travers des travaux d'Ilya Prigogine et ses « structures dissipatives ». L'Alphabet hébreu est plus précis : il signale l'arrêt du chaos et la stratégie de survie. Dans le texte de Genèse, l'arrêt est représenté par l'apparition symbolique de l'animal qui en est le porteur allégorique, le Serpent Nahasch. Lorsque le Serpent paraît, le changement de cap s'impose. La cessation du « faire » devient une obligation, car l'énergie évolutive opère un transfert vers la branche évolutive d'En Face où il existe encore quatre étapes de progression, uniquement qualitatives.

On se reportera à La Face cachée du Cerveau pour en connaître le processus. Ce livre constitue le viatique indispensable à toute politique, à tout projet de développement réaliste.


« Croissance » et de « décroissance »

J'ai appris que certains réfugiés — illégaux, clandestins, je ne sais comment les nommer — tentent de traverser la Manche sur des matelas pneumatiques qu'ils propulsent de leurs bras afin de gagner les rives de leur El Dorado imaginaire. Ils sont entraînés au large par le courant très puissant à cet endroit. Ils connaissent le risque, ils savent que leur acte est insensé. Ils espèrent le miracle. Il se pourrait que nous soyons dans la même situation, assis sur un de ces matelas gonflés au gaz des illusions économiques, engagés dans une quête de bonheur fait de fausses croyances. Travailler plus, gagner plus, avoir plus… Ramer plus fort… Noble projet qui serait sanctifié s'il devait conduire à plus de liberté. Une liberté qui se dégagerait afin que nous puissions nous instruire, apprendre. Au lieu de cela, la plus-value de travail va à l'augmentation de la consommation, au grossissement du mastodonte qui espère, exige de s'enfler encore. Connaît-il sa limite ? Elle se situe à l'endroit précis du Tzadé final. C'est là que s'impose la cessation de toute forme de croissance.

Il n'y a pas non plus de « décroissance » — ce qui reviendrait à revenir en arrière du Tzadé 900 vers des formes antérieures et toujours situées sur la même branche évolutive. La notion de « décroissance » est conceptuellement une hérésie en ce qu'elle imagine que la solution pour sauver le secteur hyponeurien consiste à le préserver en reculant sur une ligne de front moins exposée au barrage qui se dresse sur l'avant. Naïveté et méconnaissance des lois évolutives que cette théorie de la « décroissance » que l'on opposerait à la « croissance », car l'énergie évolutive ne régresse jamais (sauf lors de l'épisode sporadique du retour archigénique), les espèces disparues ne reviennent pas, le « bon vieux temps » ne revient pas. La thèse de la « décroissance » voudrait que soient réduites les productivités… pour mieux les garder sur la même modélisation. Empêcher l'ex-croissance et donc décroître, afin de maintenir le « système » dans une limite acceptable, c'est encore et toujours sauver le « système ». Les théoriciens de la « décroissance » ne font qu'ajouter une option visant à la continuité de la dynamique hyponeurienne. Je les invite à voir de près comment fonctionne l'empire de l'hyponeurien, et pour cela, d'étudier la fourmilière. Le monde des insectes sociaux offre en effet l'image exacte de la société hyponeurienne.

 

La vie des fourmis est passionnante

Ce sont des hyponeuriens naturels, car leur système nerveux se situe en-dessous des mandibules et ils disposent d'un exo-squelette sous la forme d'une carapace de kératine. Il existe de nombreux ouvrages qui en décrivent l'organisation : l'individu n'y a aucune importance, il n'est qu'une force de travail au service de l'entité collective qui fonctionne comme un système en soi. Productivité, organisation automatisée, en croissance continue… jusqu'à un certain stade. Une fourmilière se développe selon un schéma stable, en croissance jusqu'à un certain point, à l'intérieur d'un cycle qui connaît sa fin. Il survient toujours, en été, un moment de maximalisation qui bouleverse totalement le fonctionnement. Est-ce l'influence de la lumière, de la température ? Les facteurs extérieurs favorisent-il ou déclenchent-ils les phénomènes ? Il s'agit plutôt d'une loi évolutive incontournable — archétypale — qui met le processus en route : la fourmilière soudain développe non pas une sur-croissance ou une « décroissance » pour se survivre, mais produit des individus ailés qui fuient le nid et reconstruisent, plus loin, une nouvelle niche. Il y a cessation de croissance. Apparition d'une mutation d'individus ailés. Envol. Fuite. Ce phénomène d'exode est observable chez les abeilles. Tous les apiculteurs surveillent l'état de leurs ruches dont ils savent qu'à un moment, sur un ordre systémique s'imposant à la structure que forme la ruche vivante, une migration d'abeilles s'organise autour d'une nouvelle reine en devenir. Il n'y a ni « croissance infinie » ni « décroissance », mais exode. Quête d'un nouveau lieu. Refondation d'une colonie.

Il ne s'agit certes pas d'imiter le mode de vie des abeilles, car l'humain n'appartient pas à la catégorie des hyponeuriens, mais de prendre note de la loi naturelle qui impose sa règle sur toutes les espèces vivantes : la « non-croissance continue » est une loi du vivant, contre laquelle les trépignements des économistes ne pourront rien. De même la « décroissance » est une fiction, une innocence — ou une supercherie inventée par ceux-là même qui voudraient la perpétuation de l'étant.


Nous sommes des réfugiés de l'esprit

Nous sommes des exilés ne trouvant plus de territoire où poser leur être. La France est « occupée », non par des immigrés désespérés, mais par une idéologie du « faire » conçue par des absolutistes aux idées vissées dans la matière : qu'ils soient de droite ou de gauche dans l'échiquier politique, ils ne représentent que des modulations du même système hyponeurien selon des modes d'application différents de l'emprise matérielle.

Où aller ? Où fuir ? Partir sur la lune où se reconstruirait une humanité fomentant les mêmes concepts ? 

Il n'y a pas d'autre lieu. C'est ici-même que tout se passe. C'est ici que doit s'opérer le « changement de paradigme ». Remplacement d'un style de pensée par un autre.  Changer de logiciel, dirons-nous en terme d'informatique, à cela près que nous n'avons pas à l'inventer, mais simplement à prendre connaissance du logiciel qui gouverne la réalité. Quelles sont les lois du réel ? Quel en est le code ?

Nous voulons « sauver la planète ». Les experts préconisent de limiter le réchauffement climatique, de grands congrès internationaux d'année en année alertent les populations, qui cependant ne réfléchissent qu'en termes de « faire » et ne posent pas, en thèse initiale des discussions, la question fondamentale de l'identité de notre terre. Sur quelle planète vivons-nous ? Qu'est ce que l'humain ? Quelle est sa vocation, son sens ? Que faisons-nous ici ? Tous ces débats de techniciens finissent par des compromis de faisabilité, moins de charbon, plus de renouvelable… tandis que la vraie question de la destinée humaine est écartée. Les « coop26, 27, 28 » se suivent, précisément afin que le système se perpétue, s'arrange avec lui-même de sorte que l'hyponeurien — qui organise ces réunions — se survive « quoi qu'il en coûte » et continue de présider. L'ONU est devenue l'organisme officiel de cette bonne conscience que l'hyponeurien se donne à lui-même, à la fois moraliste et vertueux promettant de tout faire pour améliorer le sort du monde à condition que toute référence sacrée soit bannie du débat.


Un peu d'humour

Les extravagances de la pensée hyponeurienne, linéaire, dite « raisonnable », sont la source de nombreux comiques. Je suggère de regarder quelques films de Stan Laurel et Oliver Hardy. On les voit effectuer la livraison d'un piano dans une rue en pente de San Francisco. Ils optent pour la solution la plus évidente à leurs yeux, le bon sens même, qui consiste monter le lourd instrument par un interminable escalier jusqu'à la maison où il doit être déposé. Tout en componction et gravité, sûr de lui, Oliver Hardy incarne à merveille le sérieux de la technicité absurde tandis que Stan Laurel, devant le caractère irréaliste de la tâche, s'enfonce dans un état de panique désarmant. Tout le film montre leur ingéniosité saugrenue, constamment mise en échec pour gravir la colline : l'hyponeurien attaque toujours par l'extérieur, par le plus compliqué, de manière obstinée, s'enfonce dans l'échec croyant le résorber, ne renonce jamais, envisage des améliorations, mais toujours à l'intérieur du même, ne conçoit pas qu'il existe une autre méthode que la sienne, refuse toute alternative, suscite des disputes internes entre les partenaires mais dont aucun ne s'imagine qu'ils sont collectivement dans l'erreur. Ce film est hilarant, surtout quand on pense qu'il décrit l'état de notre civilisation qui voudrait monter tout en haut le noble instrument de la vérité au moyen d'une méthode aussi absurde qu'inefficace, tandis qu'il existait une voie aisée et directe — la Connaissance — qui accédait à la maison. En effet, parvenus au sommet de la colline, exténués, les deux complices s'aperçoivent qu'ils auraient pu tout simplement suivre la route montante qui conduisait droit devant le portail de maison où le piano — métaphore du Code sur lequel pianoter — devait être livré. La prise de conscience survient… à la toute dernière image du film. Le clash entre l'immensité des efforts inutiles déployés et la simplicité de la bonne solution (manquée) déclenche le rire… Reste à espérer que nous ne serons pas aussi absurdes que nos héros.


Le saut quantique vers l'épineurien

« Le vrai changement se situe dans la sphère de l'esprit » écrivait Vaclav Havel, président de la République de Tchécoslovaquie, qui avait compris, à la lecture de La Face cachée du Cerveau qu'un de nos amis lui avait personnellement remis, que le changement civilisationnel ne pouvait se concevoir sans le paradigme d'une actualisation de la Connaissance.

Le vrai changement consisterait à retourner la polarité dominante, inverser le sens de rotation des intelligibilités du monde. Opérer un « saut quantique » afin que se réalise non pas la « transition écologique » mais la « mutation spirituelle ». Faire en sorte que l'électron de notre modélisation actuelle du monde, jusque là rivée sur l'orbite de la continuité linéaire saute sur une orbite toute différente ou qu'elle change de noyau autour duquel effectuer sa rotation. Il s'agit d'opter pour la polarisation « épineurienne » (cf La Synthèse des Sciences). Entre d'autres termes, être enfin humains. Répondre à une définition de l'humanité qui intègre sa dimension spirituelle. Cette dimension implique l'idée de responsabilité face à la Création… idée qui rebute, déplaît, contrarie, en raison d'une mauvaise compréhension du rôle des religions.

Elles sont des cristallisations anciennes et locales d'une compréhension symboliste du monde, alors que la Connaissance actualisée s'appuie sur une libération de ces symboles, une mise au clair des lois archétypales gouvernant le réel, mise en corrélation avec les sciences. Le nouveau paradigme issu de cette rencontre entre Connaissance actualisée et sciences est pleinement explicité dans l'ouvrage La Face cachée du Cerveau, dont on regrette que l'UNESCO — ce serait la mission — n'intègre pas la mise au clair. Mais à y bien réfléchir, ce dédain est compréhensible, car cet organisme (comme Oliver Hardy avec son piano) défend son point de vue unique, étant lui-même issu du secteur hyponeurien dont il soutient l'éminence ; il ne saurait permettre d'intrusion de l'élément perturbateur qui en ferait exploser la confortable innocuité.

Il manque à ces honorables institutions, aux politiques et à leurs programmes de donner une bonne définition de l'humain. Qu'est-ce que : être humain ? C'est opter pour l'énergie évolutive (Yod) ; s'impliquer dans le projet selon que le conçoit le système du vivant (Schin) ; activer son cerveau (Rosch) pour en connaître les lois ; se lier à l'Absolu (Alef) qui en est l'instigateur ; travailler à mieux comprendre cette organisation du vivant et l'enseigner (Lamed). Partant de cette définition, il sera possible de refonder la charte des Nations-Unies, en la transformant en une charte des Cœurs-Unis. Il est possible de construire une civilisation où le critère éthique l'emportera, critère édifié selon la pensée épineurienne qui a le privilège, au cours de l'Evolution, d'avoir développé la conscience. Pourquoi ne pas s'en servir ?

Un beau programme politique, au service du Cœur…

lundi 11 avril 2022

Les Hyponeuriens au pouvoir…

 Par Dominique Blumenstihl-Roth

 
J'ai remarqué que les candidats à l'élection présidentielle (même les deux candidats qui ont été sélectionnés pour le second tour) souffrent d'une méconnaissance du destin de la France. Cependant, il en sentent obscurément la pression. 
De quoi serait fait ce destin ? Aucun ne parvient à donner corps à ce vague ressenti qui leur donne parfois de belles pages lyriques.
Je n'ai trouvé chez aucun d'eux (d'elles) une interrogation qui porterait  sur le rapport de l'homme avec l'absolu. Ce ne sont que des programmatiques pratiques qui, même mises bout à bout, ne forment pas de vision, moins encore de projet. Les mots pourtant jaillissent : projet civilisationnel, renouveau de la pensée (mais à condition que ce renouveau se fasse avec la pensée ancienne…)
Ce sont des acteurs agissant exclusivement dans le domaine du « faire » et qui n'envisagent pas qu'il puisse exister d'autres forces supérieures à leur volonté de pouvoir.  Leur « faire » est essentiellement inspiré par la technicité… et des justifications que ce « faire » s'attribue lui-même. Faisons, toujours plus, afin que l'entropie augmente, dans la croyance naïve de l'éternelle croissance alors que les sciences naturelles ayant étudié les lois évolutives du Vivant observent que tout cycle subit des lois archétypales incontournables : et celle de l'arrêt en phase terminale n'est pas la moindre qui a valu la disparition de nombreuses espèces.

Nos politiques pensent en termes d' « hyponeuriens ». C'est par ce concept que les zoologues désignent les espèces où le système nerveux se situe en-dessous du système digestif, par exemple les arthropodes. C'est le « faire » qui commande chez eux, toute pensée étant reléguée sous la forme de réflexes automatiques dirigés par un ganglion nerveux situé en arrière et sous le corps. En inversion totale avec les formes développées par les « épineuriens » que sont les mammifères où le cerveau se situe au-dessus de l'appareil digestif.
Notre société productiviste fonctionne sur le schéma hypo (en-dessous) plaçant les forces « faisantes » au commandement. Faire, produire, et reléguer l'être à la fonction d'agents de production. C'est le modèle d'évolution propre… à la termitière.
Ce modèle de pensée centré sur la polarisation hyponeurienne a des conséquences désastreuses. La planète tout entière en souffre : l'Homme n'est pas à sa place, et la conscience, comme phénomène évolutif voulu par la Vie est bannie.
Les sympathiques manifestations écologiques de Greta Thunberg n'y changeront rien, ni la succession des « Coop26 », qui croient pouvoir réformer de l'intérieur un système alors qu'il faut le quitter. Tout d'abord le nommer, l'identifier, le situer sur l'arbre évolutif. Puis le quitter — non par une révolution violente, mais par une prise de conscience individuelle, puis collective.
Il s'agit donc de quitter l'esclavage de l'hypo-productiviste et se rendre vers le nouveau lieu, d'essence « épineurienne ». C'est une montée vers le sens qui se propose, une rencontre avec l'esprit du Vivant qui nous pense.
Ce nouveau lieu s'appuiera sur le Code de la Vie, fondant la Civilisation de l'Universel. Le Code des archétypes pourra en être l'ouvrage-clé.
Loin derrière nous les illusions de croissance infinie, loin derrière nous les briques d'Egypte et l'esclavage. Seront reléguées les méchancetés du système hypo, remplacées par une lecture du monde intégrant la dimension sacrée de la vie, en lieu et place de la priorisation du seul « faire ».
 

vendredi 1 avril 2022

Lire les signes, comprendre la lumière…

Par Dominique Blumenstihl-Roth
 
Cela fait des semaines que je n'ai pas serré la main à quelqu'un, crainte du Covid oblige, la poignée a été remplacée par d'autres gestes.
Mais aujourd'hui, la chance m'a souri. Me promenant le long de la rivière qui traverse mon village j'ai croisé une jeune femme accompagnée de ses deux enfants, une fille et un garçon qui jouaient au ballon. Un beau ballon de football bleu sur lequel était écrit le mot « France ». Et voilà que le ballon s'échappe et roule dans l'eau. Le courant l'entraîne. La jeune femme ramasse une branche, elle réussit à ralentir le ballon. De mon côté, je descends vers la berge où je trouve une branche dont le bout présente une fourche et je réussis à ramener la balle vers le bord. La jeune femme me tend la main : — prenez ma main, dit-elle, je vais vous aider pour remonter.
Je lui dis : — Que ne ferait-on pour toucher une main amicale. — Ne tombez pas dans l'eau, quand même, répond-elle en riant. Je rends la balle aux enfants, et mon attention est particulièrement attirée par le mot « France ». Puis je réfléchis au sens de tout cela.
N'était-ce pas un symbole vécu ? Une mise en scène — allégorie — dont il faut tirer le sens ? La vie n'arrête pas de faire du théâtre… De quelle lumière éclairer un événement dans notre vie pour en comprendre le sens ?
 
La France voguerait-elle au gré des flots, emportée par le courant de l'Histoire sans parvenir à connaître qui elle est, ce pourquoi elle existe ? Ce ballon « France » tombé à l'eau est-il l'image du destin non maîtrisé, non connu — à peine pressenti par quelques intuitions ? Mais le ballon symbolique, portant le nom de France, est tiré hors de l'eau. Il est rendu aux enfants, à la jeune génération. Et une main secourable de femme a permis cette sortie heureuse. Un beau présage dont je donne ma lecture afin de rendre public le signe et son sens. Car un signe non partagé tend à rester inerte, il a besoin de sortir au grand jour, afin que sa protéinisation soit effective.
Je ne crois pas qu'aucun des candidats à l'élection présidentielle d'avril 2022 ait une idée exacte du destin du pays dont il (elle) voudrait la charge : ces candidats lisent-ils les signes ? Je ne doute pas que la vie leur en envoie, reste à savoir s'ils savent les lire et s'ils ne subissent pas, dans leur esprit excessivement polarisé dans le domaine du « faire », de redoutables inversions…

Lire les signes que la vie nous envoie est une des techniques pour interpeller l'Appel qui nous détermine : les signes convergent dans sa direction. Les signes répondent à nos questions et les réponses, souvent inattendues, surprenantes, expriment l'opinion de la vie intégrant l'information première de l'Appel. Les signes sont cohérents entre eux, sur le rail de la liberté essentielle qui nous est accordée. Liberté d'être ce que nous sommes appelés à être.
Mais que ce soit clair : nul n'est « voué » à être un assassin. Il ne le devient que par inversion de l'Appel, au gré de circonstances, influences, manipulations etc. Il n'existe pas d'ADN spécifique de tueur, de malfaiteur. Le Mal est l'inversion de l'Appel : la nuit n'est pas première en soi, elle est absence de lumière. L'obscurité n'est pas l'origine, elle n'est que l'effet d'une absence. Elle résulte de l'absence de lumière : une lumière nécessairement pré-existante, mais retenue dans son retrait.
La Torah est assez claire à ce sujet. L'obscurité régnant au début de Genèse — « des ténèbres couvraient la face de l'abîme » — n'est pas une donnée première bien qu'elle apparaisse au verset 2. Dieu dit « que la lumière soit ». Cette parole-là est première bien qu'elle n'apparaisse qu'au verset 4 : l'obscurité du Qui fait sans lumière est la conséquence du retrait antérieur d'une lumière déjà présente mais dont l'occurrence ne surgit qu'au verset 4.
 
 


La lumière (Aor) א ו ר 
est le 23e mot de la Bible, et s'écrit Alef,Vav, Resch. Le système divin est aux commandes, dans le cycle (Vav) s'ouvrant sur la structure Rosch. 
L'Alef en initiale du mot Aor signale la prééminence de la lumière : elle est première, bien que le premier mot Béréchit ouvrant Genèse commence par un Bet, deuxième lettre de l'Alphabet. Ce Bet ouvrant le « Commencement » implique que l'Alef non écrit lui soit antérieur mais il demeure invisible, dans le domaine du pur Qui Sait. Tandis que le Bet ouvre le domaine de l'existant réaliste, la lumière, par son initiale Alef, implique qu'elle soit conçue depuis le Qui Sait qui lui donne l'ordre d'exister. Parole sortant du néant, propulsée dans le réel et qui se transforme aussitôt en matière : la lumière est un transport de photons, donc un effet visible de cette projection du Verbe.
Le mot Aor signale que le système divin est aux commandes, dans le cycle (Vav) s'ouvrant sur la structure Rosch. « La lumière se fait quand le système Alef fonctionne en toute liberté et se rend intelligible de lui-même en révélant la structure dont il est la règle, le modèle Rosch, le cortex. »

« Et Dieu dit : que la lumière soit… » Ou plutôt : qu'elle se mettre à exister du côté Qui Fait, qu'obéissant au Qui Sait qui lui donne l'ordre d'être, elle franchisse la séparation interhémisphérique et éclaire le Qui Fait de ce monde. La lumière « était » déjà avant qu'elle n'arrive de notre côté… Non matérielle, elle patientait en retrait, dans l'attente de la parole lui ordonnant d'être.
Ce retrait de l'Informant, de l'énergie vitale, la kabbale hébraïque le dénomme phase Tzim du processus créateur Tzim Tzoum. Le Tz'm (retrait) n'a pas d'énergie, il en exprime même l'absence, en ce que ce mot hébreu s'écrit sans Yod. Cependant, pour prononcer le mot (Tzadé Mem), il est indispensable de dire le son de la lettre manquante. Sa prononciation « Tzim » appelle la lettre absente à s'écrire un jour, dans une phase ultérieure, créatrice et réparatrice. L'énergie est potentiellement là, mais ne se donnera à voir qu'en seconde instance dénommée Tzoum.
Lire l'Appel qui nous concerne consiste donc à s'ouvrir à la lumière telle qu'elle peut éclairer notre intelligence pour la compréhension de nos actes.

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Précisions sur la lumière
Il peut paraître surprenant d'entendre dire que la lumière précédait l'obscurité alors que de toute évidence, selon la lecture littérale et linéaire des versets, l'obscurité en premier couvrait la terre. Cela signifierait-il que les ténèbres aient été là avant ? Au verset 4, Dieu considère que la lumière était bonne. La bonne lumière viendrait-elle après les ténèbres ? Oui, en apparence. Non si l'on s'en remet au code archétypal : en effet, l'ordre « que la lumière soit », donné une seule fois, s'est nécessairement exprimé en deux instances dont la Torah, en Genèse, déploie l'instance créatrice seconde. La première instance de cette parole unique est restée dans le Tzim, dans l'attente de sa réitération donnant existence effective à la lumière. L'ordre « que la lumière soit » ne fut donné qu'une fois, conformément au protocole créateur usant du Redoublement : les choses se produisent en deux temps et « Dieu ne parle qu'une fois mais deux nous l'entendons ». (Psaume LXII, 12 et Job XXXIII-14). La création de la lumière ne peut échapper à cette modélisation. Dès lors la lumière qualifiée de bonne, issue de la Parole, est première, et cependant n'entre pas dans sa phase effective. L'ordre génère, en première instance, une inversion du côté Qui Fait qui absorbe la lumière ordonnée mais non réalisée, et l'anéantit, d'où l'obscurité… qui semble première.
Les ténèbres, quant à elles, sont toujours au pluriel tandis que la lumière est unique au singulier. Les Ténèbres interprètent la dispersion, l'éclatement entropique : elles sont non-lumière. Le mot hébreu correspondant est Hochek, douzième mot de la Bible depuis son début. La douzième lettre de l'alphabet hébreu est un Lamed, désignant l'enseignement : les ténèbres ont assurément quelque chose à nous apprendre sur elles-mêmes. 
ח שׁ ך
S'ouvre sur un Het, construit un pont qui débouche sur le Schin dont le point énergétique se trouve à droite, en potentialité de bondir vers la gauche dans le sens de l'écriture hébreue. Le Schin s'écrase sur un puissant Caf final : lettre d'ouverture de la seconde instance évolutive, le Caf est riche de promesses, mais sa forme finale semble bloquer cette évolution par sa forte barre descendante marquant l'obstacle… Seule l'arrivée de l'énergie de la lumière pourra dissoudre cette barre d'arrêt et ouvrir l'évolution cyclique aux lettres suivantes : l'Alef du mot Aor pulvérise l'arrêt que marquent les ténèbres en Caf final, ouvre un cycle (Vav), dont le projet est de présenter à la lumière du jour la lettre Resch, renvoyant à Rosch, le Cerveau cosmique.
 
Ce passage qui ouvre la Torah, où la lumière est qualifiée de « bonne » est un concept applicable à notre vie, à tous les cycles vivants : il y a toujours une lumière qui finit par percer lorsque le cycle dévolu à l'obscur prend fin. Obscurité couvrant le réel, jusqu'au 23e mot de Genèse qui inhibe sa puissance. Aor en position 23 est le mot ordonnant l'apparition de la lumière qui aussitôt est. Elle est que parce qu'elle a été dite et cette parole a généré cette réalité en deux impulsions successives dont la première demeure non visible. La lumière se déploie nécessairement en deux temps, et elle prend le pas sur les ténèbres, ainsi en est-il de la Connaissance qui triomphera de l'ignorance. Le secours de la Lumière est inévitable.
 
Lire à ce sujet :
Don Quichotte la révélation, p. 341 et suivantes, entretiens avec le prof. Paul Forlot.
Voir : le film indien "Black", de Sanajy Beela Bhansali