par Dominique Blumenstihl-Roth
Ma série d'articles sur le thème de Satan suscite pas mal de réactions. Voici le 3è volet de cette recherche fondée sur les travaux de Dominique Aubier.
Deux premiers textes sur le sujet :
1. Le diable existe-t-il ?
2. Satan dans nos vies personnelles
3. Aujourd'hui : Satan parmi nous…
L'origine de Satan
Satan est issu de Nahash, le Serpent. Il est le verbe immobilisé par la morsure du reptile. Il naît d'une erreur qui cloue le destin sur son côté sénestre, il interprète l'opposition au dynamisme normal de la vie. Il est l'immobilisation sur place et partout où il passe, il insère la clause d'immobilisation de l'élan créateur.
Il n'agit pas n'importe comment. Satan circule d'abord dans la première phase évolutive, puis il surgit, individualisé, dans la seconde. En cela il est soumis à la loi archétypale du Redoublement. Il est donc préférable de le repérer avant qu'il ne passe à l'action. C'est pourquoi Moïse a construit un serpent d'airain, nommé Nahachtan. Les mêmes lettres permettent d'écrire Nahach et Satan, d'un seul tenant. L'un engendre l'autre. Car la position Nahach a été prise pour définitive, elle est devenue féconde. Moïse a prévu ce moment où le serpent fécondant devait être détruit, d'où l'ordre d'Ezéchias (Roi II-4) de le détruire. C'est le symbole de ce qui doit être fait :
Vider Satan… Comment faire ?
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Nahasch. Acrilic. 60 x 40 cm Francis Roth
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Ceux et celles qui ont vécu à titre personnel des situations sociales où ils furent confrontés à l'esprit satanique savent de quoi je parle. Ils savent qu'ils ont échappé au pire. Mais nombreux sont ceux qui subissent l'emprise qui les conduit à leur anéantissement pour le plus grand triomphe de leur tortionnaire. La complaisance de l'ordre social à l'égard de ces monstres ne laisse d'étonner : serait-ce dû au fait que la société tout entière soit sous la gouverne de ce Prince ? Que sa justice, sous son joug, protège ses émules ?La psychologie / psychanalyste range ces êtres dans la catégorie des « pervers narcissiques ». Voilà donc Satan aimablement catalogué en terme médical. L'être satanique le savait déjà, qu'il était pervers. Quant au dénominatif de narcissique, se le voir attribué par la « science », cela augmente son sentiment d'importance : la science lui accorde en quelque sorte son titre de noblesse… sans pour autant résoudre en rien la situation de la victime. Le diagnostic psychologique est d'une naïveté inquiétante, car il catégorise la disposition satanique en termes de pathologie, ce qui finit par excuser les actes commis, et neutralise la responsabilité de l'auteur. Les sciences humaines ne mesurent pas l'étendue de l'intelligence satanique qui se joue précisément de ces expertises dont elle connaît les limites… Satan ne fait qu'une bouchée de la psycho-analyse, il s'en amuse, sachant qu'elle ne peut cerner son âme profonde.
Satan est un ferment faussaire d'intellectualité.
La seule manière de le vaincre, afin qu'il ne persévère pas dans son potentiel codeur, c'est de le réduire à néant par une plaidoirie contre l'usurpation des droits dont il profite. Satan s'est adjugé une zone d'exercice qui ne lui appartient pas. Partout où il passe il s'adjuge une région de la vie qui ne lui est pas destinée. La seule manière de dominer Satan est de recourir à ce qu'il interdit, c'est-à-dire la structure d'Absolu, le principe de réalité (cf Catalina, p. 265).
Cela présuppose qu'on l'ait identifié. Or pour cela, il faut disposer de l'outil qui permette de le faire, c'est-à-dire… de ce qu'il nie. Satan — qui interdit l'Absolu — est connu par l'Absolu. Satan n'a donc qu'un ennemi, l'Absolu. Etrange inimitié, car sans l'Absolu, Satan n'existerait pas. Sans la constante évolutive, appelée Nahach, difficile à piéger, Hava n'aurait jamais commis la bévue dont Satan est le produit fécond. Que l'Absolu soit instauré au sein de la culture, et Satan perd aussitôt non seulement son pouvoir, mais son droit à l'existence…
Satan déteste la vie…
« Il n'aime que l'immobilité, la décomposition au sépulcre, l'arrêt de la puissance réflexive. Il hait l'intelligence, n'aimant jalousement que la sienne, mais un rien de méditation fondée sur l'Absolu l'anéantit. Il préserve férocement l'énergie qu'il a détournée à son projet. Sur ce capital volé, il édifie son action, toujours la même, tromper l'Homme, lui faire croire que l'évolution indéfiniment poursuivie fera de lui l'égal de Dieu ». Et Satan règne, persévérant sur la ligne événementielle des choses qu'il prétend « évidentes » à condition qu'elles procèdent de sa logique. Il est dans son génie d'aimer sauvagement le matériel, l'argent. Le comble de sa subtilité est de tirer profit des sentiments que son usurpation inspire.
« Il est dans son intention normale de faire souffler le vent de l'opinion dans le sens des peurs, de manipuler l'opinion naïve, la faire balancer entre les extrêmes de l'angoisse et de l'espoir. Encenser l'âme par des oscillations contradictoires, ainsi ne réagira-t-elle pas quand le véritable initié que le réel appelle interviendra sur la situation. Lucifer aura si bien lassé et dérouté les esprits que nul ne s'intéressera plus à la solution salvatrice. Et le livre qui aurait la puissance d'annuler le danger, d'exorciser le gène fatal qu'il a introduit passerait inaperçu. » (extrait du livre Catalina)
Le salut du monde dépend d'une opération initiatique…
« Satan ne redoute pas les exploits prophétiques du passé, il les connaît. Il sait comment neutraliser ce qui vient de là. Tout ce qui monte du passé, sous la forme du convenable, de l'agréé, du conventionnel, de l'officialisé, il le connaît et le soumet à son immobilisme. Il ne craint pas les religions, elles-mêmes immobilisées dans le formalisme, qui en appellent au renouveau messianique sans pour autant le favoriser. De même Satan ne craint pas les sciences, d'autant qu'elles ignorent son existence. Satan ne redoute que l'être qui aurait passé le pont, à la hauteur du Nahach du siècle. Il ne peut atteindre une entité qui ne se trouve plus sur la rive où il plante son drapeau. L'initié en cause est donc un passeur, un stratège des procédures d'exfiltration. Un bâtisseur de la nouveauté édifiée sur les critères de la Connaissance actualisée ». L'avenir est suspendu à la parole d'une forte entité capable de Connaissance.
Face à lui — à elle, car il se pourrait bien que la délivrance soit le fait d'une femme — Satan est au bout du rouleau. Il n'a pas d'autre solution que retenir autour de lui l'énergie humaine, empêcher la conscience générale de fuir par le pont ouvert. Il n'a pas d'autre solution que maintenir, immobiliser. Tout changement, tout mouvement de l'énergie lui serait fatal (Catalina, p. 269). Aussi a-t-il pour spécialité de feindre le mouvement, de créer l'illusion du progrès par l'entropie technologique. Et de crier au complot dès lors que l'autre branche se manifeste. Et c'est compréhensible.
En effet, « l'ampleur acquise par le manifeste sur la branche « qui Fait » est extrêmement plaisante. Elle ne sera jamais si séduisante : elle en est à jouir, s'éblouir de ses propres performances. Et vous voudriez qu'elle renonce à elle-même ? La règle systémique l'exige mais la réalité vécue ne s'y prête pas. En cela réside le drame pour les sociétés et les cycles historiques dont le devenir dépend de la conscience humaine. Si la culture agissante n'est pas au courant de la loi organique, le rendez-vous sera manqué. Le rater, c'est laisser grandir le complot. La branche du manifeste s'amplifie, se développe à sa guise, tout en s'isolant dans son propre vouloir anormal. Il en résulte une boursouflure évolutive, remplie d'actions, autant d'aberrations, d'erreurs créatives mais non créatrices, de productions qui n'étaient pas, et ne sont jamais programmées par le Modèle Absolu. C'est ce qui nous arrive. Nous vivons les conséquences d'une enflure de la phase industrio-technologico-scientifique, celle du « complot ». Le complot rationaliste, si évident qu'il est vain de le décrire. Car il s'agit véritablement d'un complot. Celui qu'une partie de la conscience mondiale entretient contre son autre moitié. »
Le diagnostic de Dominique Aubier est clair.
Mais, précise-t-elle, un initié a fait le travail. Et l'énergie cosmique, celle de la Vie est déjà hors de portée de l'influence satanique. Cet initié a réalisé la reconstruction culturelle selon les critères de l'Absolu, en a dégagé le Code et l'a donné à voir. Son œuvre est déjà de l'Autre côté où Satan ne peut l'atteindre. En effet, « Satan ne peut quitter la linéarité événementielle de l'Histoire qu'il a développée, dans le sang et les larmes, il appartient à la séquence de l'Histoire dramatique et déchirée qui nous lie au meurtre d'Abel par Qaïn. Il ne peut pas aller au-delà de l'ultime tentative qu'il a failli réussir, quand il s'agissait de l'Allemagne, réclamant le génocide des peuples de la diaspora et de l'exil, les Gitans et les Juifs. Les a-t-il haïs, les peuples de la marche ! Et comment n'aurait-il pas détesté des peuples qui se déplacent ? Tout nomade le met en danger. Tout errant porte atteinte à son statut. L'Allemagne d'Hitler a vécu l'interprétation finale du gène satanique. Et l'Initiation n'était pas en mesure d'intervenir pour paralyser son action. »
« Mais de l'autre côté du pont, aujourd'hui, quelqu'un le regarde. L'énergie a été transportée de l'autre côté de la passerelle. L'entité qui détient l'Absolu sous la forme utile et praticable pour la conscience moderne, hors de portée sur sa rive, reprend souffle et fait signe : « suivez le guide ». Satan ne pourra rien contre la foule des humains passant brusquement le pont. » (cf Catalina)
Le gène satanique n'agit qu'en milieu humain, en milieu culturel.
Il pavoise actuellement… au travers d'un individu, et c'est cet individu que Moïse prévoyait comme indicateur du miracle… Créature humaine postée à l'endroit de la dernière écaille reptilienne… Il faut donc identifier l'être humain, notre frère, dont la mission a consisté à incarner le dernier anneau de puissance créatrice lié à Satan. Il s'agit de regarder dans la vie privée d'un de nos semblables, non pour l'accuser, car la Connaissance ne juge pas les êtres. Elle essaie seulement de les voir. L'initiation n'autorise ni la haine, ni le reproche. Elle rend justice à ce qui est exact. L'exactitude du réel exige la lucidité, la Connaissance est à même de l'apporter.
« Satan n'est pas un être mythologique. C'est une position intellectuelle qui résulte d'un excès de confiance dans les pouvoirs humains » (Catalina p. 276). Cette position exprime la tendance (fort banale) de ne croire qu'aux décisions humaines à l'exclusive des critères que le réel imposerait, surtout si ces critères interprètent le vouloir d'un Dieu que le génie satanique a eu le plaisir de déclarer mort ou inexistant. On ne s'étonnera pas de voir Satan particulièrement actif dans certains milieux intellectuels où il s'évertue à tromper, illusionner : nous tromper sur la nature du réel…
En résumé :
— Satan instaure son règne… seigneurie de lui-même ;
— Il veut se sacrer roi de la réalité ;
— Satan n'est que preneur. Accapparateur d'imposture, voleur d'emplacement, pilleur de ce qu'il entoure ;
— Le satanisme consiste à attaquer la conscience. Il fait main basse sur les esprits ;
— Il exerce le comble de son pouvoir quand il s'approprie l'esprit d'autrui ;
— Il est fasciné par ce qui procède du système et de la structure qu'il interdit ;
— Il s'amuse à se dissimuler jusqu'à faire admettre sa non-existence ;
— Il veut s'emparer de tout ce qui est symbole de la Connaissance pour tirer à lui l'énergie et l'empêcher de passer le pont ;
— Satan veut s'emparer de la Connaissance car elle lui est refusée ;
— Il s'insinue dans les secteurs approximatifs ou passéistes de la Connaissance pour en promouvoir l'obsolescence, afin d'empêcher l'actualisation libératrice ;
— Il leurre les consciences par une logorrhée pseudo-initiatique brouillant les consciences ;
— Il prône la dispersion et l'éclatement au mépris de la synthèse du Principe d'Unité ;
— Il nie la Connaissance mais prétend — la main sur le cœur — œuvrer pour elle ;
— Son comble est de s'instruire de la Connaissance puis de tirer à lui la couverture. Il s'improvise en Maître, enseigne et reverse la Connaissance dans une exploitation d'imposture ; bien entendu, il ne cite jamais les Maîtres, sauf de manière anecdotique, car Satan est son propre Maître. Le pillage est sa spécialité ;
— Il craint d'être démystifié.
La technique de Satan : (cf Catalina, p. 293)
— Satan est celui qui prend le verbe du côté reptilien. Il entend l'écho de la Connaissance et la reverse dans son secteur d'exploitation.
— Satan coupe entre le fait et le dire. Il impose la séparation de principe, cherche à isoler les phénomènes en niant les liens qui les unissent.
— Il compose une autre réalité, par la manière de l'énoncer. Il est expert en manipulation de la parole dont il construit et impose des acceptions destinées à renverser la vérité : il prend un mot et en détourne le sens pour l'appliquer à ce qu'il veut imposer. Il est expert en euphémismes dissimulateurs.
— Le langage de Satan est inventif, pseudo-littéraire, recouvrant ses intentions ou exactions par un langage apaisant, pour endormir les consciences.
« Le langage de Satan posera les problèmes les plus étonnés aux sociologues qui chercheront en vain à en identifier la nature. Ni la sociologie, ni les sciences politiques ne disposent des critères qui permettent d'identifier le charme vénéneux de l'expression satanique, ce soporifique poison de l'esprit qui tue l'intelligence en l'anesthésiant, afin de créer dans la conscience collective l'état d'assoupissement et de léthargie qui permet au malin de s'en emparer » (p. 296).
« C'est pourquoi celui qui voit Satan doit pousser un grand cri. Un cri de joie. Quand Satan se détend, le miracle et la rédemption ne sont pas loin. Ils se trouvent de l'autre côté du pont qui doit être rapidement franchi. Satan, il faut le faire reculer, le repousser loin en arrière de la région qu'il a envahie. Il faut courageusement abolir le surcroît de progrès faux qu'il a dirigés. Non seulement changer de pied et reprendre appui sur la rive d'en face, mais se rééquilibrer au-dessous de la ligne d'évolution acquise. Repartir, mais au prix d'un rétablissement qui annule les interventions perfides de l'activité satanique ».
La France, à ce titre, peut montrer l'exemple en saisissant à pleines mains le sens de sa vocation qui est de dire, défendre la Connaissance actualisée. Nous y travaillons. Avec vous…
Pour cette série d'articles :
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