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lundi 24 juillet 2023

Canicule, sécheresse et feu, par Dominique Blumenstihl-Roth

Canicule, sécheresse et feu

par Dominique Blumenstihl-Roth


La canicule est un indice puissant sur l'état de notre civilisation. Liés et dépendants de notre monde, nous ne sommes pas des observateurs neutres de la planète. Nous sommes la planète et elle nous ressemble. Nous faisons corps avec elle et elle avec nous. Savons-nous l'aimer ? L'habiter respectueusement ? Et elle, de son côté, continuera-t-elle de nous aimer, nous laisser vivre en elle ?

 

La canicule entraîne la sécheresse. N'est-elle pas à l'image de notre pensée, prête à dévaster le monde pourvu que notre petit intérêt soit sauvegardé, à ceci prêt que nous ne sauverons rien si le monde est anéanti ? Quelle est la limite — depuis longtemps franchie — où commence la dévastation ? Je ne parle pas ici des forêts amazoniennes dont on s'émeut beaucoup d'autant qu'elles sont loin de chez nous, mais de nos critères de pensée assez sec pour générer ce que Nietzsche appelait Verwüstung. Il entendait par là une désolation au-delà de la simple destruction qui devient anéantissement de l'être. Cette forme de destruction des esprits déchoit toute morale, toute éthique, désolation qui tombe sur nos systèmes fondés en matérialisme exclusif dont nous étions persuadés qu'ils allaient se survivre pour l'éternité… Nous étions si bien installés dans notre croyance en l'éternelle productivité-expansion indéfinie… Un coup de sécheresse caniculaire et tout s'arrête, y compris nos centrales nucléaires en manque de refroidissement, nos TGV dont les rails subissent des torsions. On en avait tant prisé la haute valeur technologique…

 

La canicule devrait nous donner pour le moins un coup de modestie sur la tête. Du point de vue initiatique, il est clair que l'énergie brûle — beaucoup de choses s'enflamment, ces temps-ci. La branche « hyponeurienne » jusque-là prolifique du « Qui Fait », se voit obligée de restreindre sa prédominance. Mais elle a l'orgueil de sa mémoire, de ses extraordinaires succès — les « trente glorieuses » dont nous pleurons nostalgiquement le miracle — et plutôt qu'accompagner l'énergie filant vers la branche évolutive d'En Face — sortie d'Egypte ! —, comme Pharaon, elle fait tout pour empêcher la migration vers la Connaissance. C'est ainsi que « le désert croît », selon la formule du poète-philosophe. Hannah Arendt reprend cette idée dans son essai Qu'est-ce que la politique, et précise que « le désert abolit, tandis que la désolation cultive précisément et étend tout ce qui garrote et tout ce qui empêche. » Serions-nous entrés en période de désolation dont la canicule serait le signe ?

 

La sécheresse des esprits est-elle responsable de la sécheresse qui s'étend sur le pays, ce dernier étant constitué de l'ensemble des réflexes intellectuels présidant à sa destinée ? La pensée courte, essentiellement matérialiste, axée sur la rentabilité financière… la sécheresse des âmes, la pauvreté des cœurs, la violence exercée contre toutes les formes d'espérances et d'élévation, le rabaissement général du rapport à la Vie et la négation du Principe de Création au profit du Principe de dévastation. Se pourrait-il que Dieu nous abandonne à notre sort, puisque nous sommes de si bon experts en matière de gestion ? Quelques séances de coaching (sur quels modules efficaces éprouvés ?) suffiraient-elles à remettre l'humanité sur les rails ? Quels rails ? On apprend justement que la canicule les a sévèrement déformés… Les anciennes structures ne peuvent accueillir les nouvelles énergies qui exigent de nouvelles voies.

 

« La désolation de la terre peut s'accompagner d'un haut standing de vie, écrit encore Hannah Arendt… et tout hanter de la façon la plus sinistre, à savoir, en se cachant… » Une désolation organisée qui prévoit la dissimulation de son projet d'anéantissement. Notre capacité d'accoutumance est telle que nous risquons de ne pas nous en apercevoir, persuadés que nous sommes de disposer des alternatives possibles : un peu d'écologie raisonnable et scientifique remettrait les choses en ordre, sans rien changer au fond de notre conception de la vie sur terre. Un peu de saupoudrage social suffirait à calmer les angoisses. Le « système » se sauverait ainsi lui-même, tout en empêchant le véritable transfert de l'énergie. On améliore le sort de l'esclave en lui enlevant la chaîne, s'assurant toutefois qu'il ne quittera jamais la plantation… Accoutumé à ce nouveau confort, il sera reconnaissant à l'égard de la férule désormais cachée qui ne s'abattrait pas moins le moment venu.

Nous nous habituons à l'intolérable, poursuit Hannah Arendt, sévèrement lucide : « grâce aux moyens d'adaptation que nous fournissent la psychologie… et la psychanalyse, dans son uniformité monstrueuse et la fadeur des catégories qu'elle invente, agent de désertification en ce qu'elle efface les richesses de l'amour, du cœur, réduisant tout à la petitesse des pulsions sexuelles… » Mystification des sciences légiférant les relations humaines, au service de ce système d'assèchement et de dévastation des âmes ? A noter que la philosophie non plus, n'a su résoudre la question de la désertification des esprits, et ce qu'elle reproche aux autres disciplines pourrait fort bien lui être retourné : autant de philosophies qu'il y a de philosophes, autant de modèles et d'anti-modèles qu'il existe de penseurs.

 

Restent les Îles, les Oasis.

« Si les Oasis ne demeuraient intactes, nous ne saurions plus comment respirer… » Quelles oasis ? Où sont-elles ? Les Îles-Oasis, c'est vous, ami(e) lectrice /lecteur de ces lignes. Les Îles-Oasis, ce sont les livres et films de mon Maître, ce sont les espaces, les êtres épris de liberté, capables de n'être pas inféodés au dogme des idées à la mode, des conventions institutionnelles, des appareils prétendant distiller leur autorité. Les îles-Oasis, ce sont les insurrections de l'âme étouffée, les infatigables compagnons du Livre révélatoire. Les Îles-Oasis, ce sont « les vrais Amis de Don Quichotte », gouverneurs de leur propre île comme le fut Sancho Panza, qui ne renoncent pas à fertiliser le monde de leur semence, à recevoir cette semence en leur terre généreuse.

 
Que faire ? « Un nouveau monde, doté d'une nouvelle politique », écrivait Tocqueville, sans cependant préciser sur quoi cette nouvelle politique serait fondée. Il me semble qu'il est temps non pas d'inventer des philosophies, mais de fertiliser les terres de résurrection déjà existantes, recevant la génération qui se dotera de la « nouvelle pensée » : la pensée initiatique. Faut-il préciser que cette pensée, elle aussi, est tenue de se renouveler, d'intégrer les mises à jour et se départir des obsolescences où certaines institutions, en dépit de leur noblesse, voudraient la maintenir ? Don Quichotte est passé par là qui a ouvert la voie. Il agit selon un modèle. J'en appelle donc à une politique (po-éthique) quichottienne, fondée sur la connaissance du Motif d'universalité. Gouverner l'île de l'humanité au moyen d'une politique fondée sur les lois de l'Esprit, est-ce une utopie ? Pas du tout. Puisque le Code des Lois du Réel a été dégagé et qu'une Connaissance du Réel, sa structure, son système, ses archétypes est disponible, à la portée de tous, et sans nécessité d'affiliation ou conversion, parti ou religion que ce soit.
 
 
Outils efficaces :
— la connaissance de l'Alphabet hébreu dont l'édifice relate la systémique du Vivant ;
le Code des Lois du Réel (le Code des archétypes) ;

jeudi 13 juillet 2023

Résoudre les violences, par Dominique Aubier

Résoudre les violences, par Dominique Aubier

extrait du livre Rebâtir le Monde

 

Seule une compréhension supérieure d'essence sacrée, dûment reconsidérée par la raison moderne, aura l'autorité de dissoudre les haines qui enveniment les rapports de force.


L'unité d'esprit des traditions s'est maintenue

mais aujourd'hui, leur persistance dans l'enclos symbolique n'a plus d'avenir, sa durée de vie est épuisée. C'est pourquoi le salut des valeurs qui les ont constituées demande un traitement de relance. Chaque symbolique soutenant une croyance doit être amenée au fond systémique qui a été son « confiseur ». De manière à libérer son principe qui est le même pour toutes les participations au Sacré. C'est la solution pour concilier les esprits dans une compréhension intellectuelle de synthèse.

Ce ne serait plus la religion mais l'intelligence des religions ou alors la religion de l'intelligence. L'élévation dans la vérité universelle sans que l'on ait à supprimer les supports imagés qui font le luxe de la diversité, mais aussi le naturel des prises de parti. Un énorme travail est à entreprendre si l'on veut que l'originalité des peuples reste ce qu'elle est, tout en permettant que son expression acquière la solubilité nécessaire au dialogue.

 

Notre république laïque désire l'assimilation dans sa neutralité, et celle que l'on prône comme indispensable à l'installation des étrangers sur nos territoires a pour directive de fondre les esprits aux prédilections locales. Mais les consciences peuvent n'y pas trouver satisfaction. Gardant souvenir de la métaphysique que leur accordait la croyance de leur origine, elles peuvent renâcler à s'enserrer dans la cuirasse des lois républicaines qui ne passent guère contrat avec le ciel. L'Occident de la pensée ne réussira jamais à réduire à ses courtes vues des sensibilités qui ont l'intuition du sacré. Les âmes qui sentent leur racine métaphysique ne se contenteront jamais de la citoyenneté dite démocratique fondée sur une notion juridique des Droits de l'Homme extrêmement appauvrie en ce qu'elle est détachée de la dimension sacrée qui confère à l'humain son véritable statut au regard de la Création.

Cette notion des Droits de l'Homme est mal appréhendée, y compris par les honorables rédacteurs de la fameuse Déclaration. Elle n'est pas universelle, puisqu'elle exclut précisément ce qui fonde l'universalité, c'est-à-dire le Modèle d'Absolu.

 

J'ai là une figurine en bois africaine du Burkina Faso 

Le sculpteur initié qui en a fixé la position des bras indique la règle selon laquelle le « qui Sait » doit prévaloir sur le « qui Fait », mais aussi que le flux d'énergie n'emprunte pas les mêmes directions à droite et à gauche. Il a une manière correcte de circuler. Ce dont peu de personnes se doutent dans notre Occident qui se veut toujours exemplaire et donneur de leçon. Partout en lui, le « faire » entraîne la vie dans son sillage centrifuge, mouvement prioritaire dans la gauche structurelle. Et à droite, la Connaissance est arrêtée, poussée dans le vide évolutif— priée de se suicider — que lui impose le Verboten. Seule fonctionne cette entité omnipotente et vicieuse, ce Verboten qui possède en outre plus d'un raffinement, allant jusqu'à dénoncer lui-même ses dysfonctionnements, pourvu qu'il garde la main haute sur les remèdes qu'il prétend apporter au mal dont il est l'instigateur. Le Verboten, tout au revers de la statuette africaine, lève la main avec autorité au bout d'un bras gauche démesuré. Quant au bras droit, il est au plus bas.

Cette figurine du Burkina Faso devient très loquace sous regard initiatique croisant la pensée de son concepteur. Un jour, une ethnologie courageuse entreprendra ce grand travail d'élévation et de réévaluation de l'apport des traditions. Elle en sera capable dès qu'elle entrera en possession du système de vérité. Lui seul, doctrine et méthode, peut assumer la fonction de médiation qui doit concilier les peuples, les langues et les coutumes. Condition évidente de paix et d'avenir. Argument à plaider. Je souhaite m'en prémunir au moment d'entrer en action. Car la parole est une action. Raison pour laquelle nous ne pouvons pas la libérer au hasard…

 

Regardons par exemple du côté de l'école 
Elle devient un lieu de rébellion. Elle avait pourtant vocation à lisser les esprits dans le sens de la convention commune. Sans craindre d'en raboter les aspérités comme le désirait Jules Ferry. Cette uniformisation a fonctionné longtemps. Mais aujourd'hui, la sensibilité générale mesure le hiatus qui sépare ses désirs naturels de ce que la convention commune lui ménage. On croit que l'insurrection est motivée par la vétusté des bâtiments, l'insuffisance des moyens financiers, le nombre excessif d'élèves serrés dans un espace trop étroit. Ces misères ne seraient pas ressenties avec tant d'acuité si elles étaient compensées par un contenu intellectuel adéquat, dispensé par une méthode à hauteur de l'attente. Cela ne met pas en cause la qualité des enseignants, ils font de leur mieux à titre personnel. Ce qui cause la souffrance, c'est l'arrogance avec laquelle le programme de l'enseignement prône l'objectif. Entre sept et quinze ans, il y a dans le cortex humain un arrangement structurel favorable au symbolisme, à la métaphore, à la poésie, au théâtre — beaucoup moins à la rigueur des mathématiques. Plus tard, cela évoluera.
 
Une pédagogie est à concevoir en accord avec les mécanismes cérébraux et leur moment de passage à l'efficace. La science du cerveau, quand elle s'appuie à la fois sur la connaissance initiatique et sur le savoir objectif fait valoir la qualité de la couche I comme réceptionniste insatiable des informations liées au pouvoir de parler. Il en ressort une aptitude et donc une méthode : proposer aux enfants en bas âge, dès leur première année scolaire, la pratique de plusieurs langues. Reste à choisir ces langues avec circonspection : elles vont nourrir des plages de phonation dans l'aire du langage et lui conférer une étendue qui deviendra plus tard puissance à penser, imaginer, inventer, énergie et joie de vivre. Il ne faudrait pas que l'anglais s'y implante en unique et obligatoire colonne du temple à côté de la langue maternelle. L'espagnol, le hindi, l'arabe, l'hébreu ou l'italien se logeraient tout aussi facilement dans la substance mentale d'un enfant. Mais je ne veux pas étourdir le lecteur avec un programme de ministre de l'Éducation. Mon souci reste celui qui était au commencement de cette enquête : définir l'action à mener pour remettre le monde sur ses gonds. Il nous faut concevoir une proposition de salut qui puisse s'enfoncer rapidement dans la fente que le Temps et la Vie peuvent encore offrir à cette initiative. J'espère qu'un grain de potentialité heureuse est encore utilisable.
 
 
Préconisations :

mardi 11 juillet 2023

Victoire pour Don Quichotte ! Le vrai secret de Don Quichotte, un livre de Dominique Aubier

Petit rappel pour les Ami(e)s de Don Quichotte :



Dans ce livre, Dominique Aubier identifie les références araméennes (Zohar) de Cervantès et les passerelles entre le castillan ancien et l'hébreu. Elle réalise en détail l'étude de la Préface, des Poèmes, de la Dédicace et des premiers chapitres de Don Quichotte, d'après les éditions originales de 1605, 1608 et 1610. Il s'agit de l'exégèse du Quichotte, où l'auteure présente les corrélations existant entre le texte original de Cervantès et l'hébreu (araméen) du Zohar, le célèbre ouvrage du kabbaliste Moïse Shem Tob de Léon qui a servi de référent symboliste à Cervantès.

Ce livre est la suite de Don Quichotte prophète d'Israël (éditions Robert Laffont, 1966 ;  Ivréa - Gallimard 2013). C'est l'étude du langage de Cervantès et son décryptage révélant de manière définitive et irréfutable la connexion hébraïque et zoharique du Quichotte.

Dominique Aubier a fait là un travail minutieux, scientifique, de linguiste hors pair. Mais surtout, un travail d'initiée dépassant ce que la simple philologie ou sémantique pourraient inspirer. Elle reprend le texte du Quichotte et ligne après ligne, mot après mot, passant du castillan à la traduction française, envoie l'attention du lecteur vers le référentiel hébreu. Une performance éblouissante. Cervantès en personne, par la mémoire transgénérationnelle, lui aurait-il dévoilé ses secrets ?

Son texte est construit sur trois niveaux :
1. le texte original de Cervantès ;
2. la traduction ;
3. renvoi au Zohar et reconduction aux passages de la Torah concernés.
En quatrième niveau, il ressort un faisceau d'une puissance remarquable : la rigueur intellectuelle de la recherche — de la trouvaille ! — est telle que l'esprit du lecteur se trouve subjugué par l'épaisseur tridimensionnelle de l'ouvrage.

 



 VICTOIRE POUR DON QUICHOTTE !

Pour les vrais Amis de Don Quichotte ! 


Nous rappelons que Dominique Aubier fut la première a découvrir le réseau du cryptage hébraïque actif dans Don Quichotte. Travaux corroborés par :
— Ruth Reichelberg, docteur en littérature comparée à l'Université Bar Ilan de Tel Aviv ;
— Prof. Gonzalo Maese, directeur de l'Institut des recherches sémitiques de l'Université de Grenade, Espagne. Expert de l'hébreu et de l'araméen, traducteur de Méam Loez;
— Prof. Pierre Guenoun, directeur de l'Institut des études hispaniques de la Sorbonne, Paris.

Ces travaux ont fait l'objet du film :
"El Secreto de Don Quijote" (The Secret of Don Quixote), réalisé par Raùl Rincon Fernandez pour la RTVE (radio -télévision espagnole). Prix du meilleur documentaire au festival Las Duñas.