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dimanche 24 septembre 2023

Et Jésus dans tout cela ?

Et Jésus dans tout cela ?

par Dominique Aubier


Le messianisme ! Ce terme plonge dans un mystère qui tracasse les esprits. On voudrait savoir de quoi il s'agit. Et d'abord, qu'appelle-t-on « messie » ? Selon l'usage qui en est fait, le Messie serait venu avec le Christ. C'est l'opinion chrétienne. Pour les Juifs, il s'agirait d'une formulation absolue, livrant la vérité éternelle, phénomène prévisible mais non encore échu. Ainsi, le Messie serait venu pour les uns et en attente d'arrivée pour les autres. 

Comment avoir une claire idée, que ce soit en terme de constat ou d'espérance ?

©Francis Roth
Plusieurs choses à savoir : le messie rétablit les critères sacrés en leur conférant une validité irrévocable. Le messianisme est une mise au point décisive de la table des critères initiatiques. Et Jésus, dans tout cela, se demandera-t-on ?

Le Christ est un personnage considérable. A mon sens, il a mesuré historiquement une situation dramatique. Son martyre sur la Croix montre l'image d'une souffrance injuste, d'une condamnation qui ne devrait pas exister. 

Il y a, sur le Tzadé, dix-huitième lettre de l'alphabet hébreu que représente la Croix, un homme cloué. C'est là une image effrayante du sort de l'humanité, signalé dans l'alphabet biblique. L' « erreur de Hava » est à l'origine de son malheur. Jésus interprète et subit ce malheur-là. Chaque fois qu'un cycle intérieur fait resurgir l'erreur au titre du retour en phase du thème archétypal, la mort vise le côté parlé de l'évolution. L'erreur dite « Hava » est celle de toute une civilisation qui a cru en la continuité linéaire de la productivité matérielle, en la croissance continue — le serpent — en ignorant volontairement le processus évolutif. Cette ignorance nous menace.

Le Christ en cela n'est pas une mythologie. Il est l'interprète humain symbolisant le sort de l'humanité écartelée entre deux polarités tendues à l'extrême. D'une part la Connaissance, d'autre part les sciences. Il signale cette fracture, cette ligne de séparation entre les deux modalités réflexives. Il est à l'origine d'une ligne de développement spécifique, de métabolisation historique qui passe par Rome et par la Science qui se développera puissamment en opposition à la foi. En sorte que l'Occident est spécifiquement concerné par la Croix. De la Croix naîtra, a contrario, la science. Et que naît de la science ? 

La Croix est un signal très important. On dit d'ailleurs, « faire le signe de la croix ». Il consiste à tracer une verticale du front au bas du sternum et d'une épaule à l'autre, à l'horizontale. La verticale, c'est la ligne du temps. L'horizontale, c'est la ligne de séparation des opposites. La Croix nous envoie, par-delà les millénaires, l'image même de ce qui nous arrive. Le Christ tombe en croix, il meurt, les bras écartés. Cela signifie que le cycle à venir, quand il ouvrira ses deux bras, subira le même supplice. Il restera suspendu à son schéma structural, sans trouver de solution miraculeuse.

La Croix annonce ce qui va se produire, mais elle indique aussi le moyen d'éviter le pire… D'où la résurrection. Celle-ci n'est possible que si nous nous dotons de l'instrument permettant de décrocher (enfin !) le Christ. Cet instrument, c'est la Connaissance. Celle que le messie reçoit, transmet et met au point de manière décisive. Que ce soit clair : le Christ n'est pas l'auteur de cette mise au point, il en est l'annonciateur symbolique. Il assume cela avec un courage inouï, en toute conscience, mettant sa propre vie sur la Croix, devenant par là-même le symbole qu'il représente.

La Croix, symbole terrifiant, est implantée dans l'Histoire. Elle s'élève sur un cycle frappé de commotion. La mise en croix de l'homme juif — et donc celle de toute l'humanité — supplicié par un impérialisme politique qui prétendra s'en laver les mains, représente la négation du verbe par l'absolutisme de l'ignorant. Cette mise en croix de l'homme porteur des symboles de l'Absolu n'est-elle pas l'annonce de la monstrueuse Shoa ?

La Croix a en effet la puissance de recueillir l'avertissement du danger de mort qui vise l'humanité, en un point précis de l'Histoire. Mais elle montre aussi la possibilité du salut… La possibilité du salut est une promesse, une promesse certaine, puisqu'elle a été vécue par le Médiateur. La Croix avec son homme crucifié, c'est l'image de l'humanité écartelée sur le Tzadé en cours. La Croix s'érige à la croisée des chemins, entre les deux extrémités polarisées en opposites d'une flexion qui propage la Connaissance en dépit de tous les obstacles et effondrements spirituels. L'Histoire se porte garante de cette évidence.
La Croix nous dit de redouter l'endroit du Tzadé dans l'édifice cyclique. C'est pourquoi Jésus est appelé Nazir, c'est-à-dire l'homme du Tzadé. Il indique le passage à franchir. Pour réussir la traversée, les bons sentiments, les rituels, la morale, la dévotion ne sont pas suffisants : il faut une claire connaissance du Principe, du référentiel, connaître ce que le prophète Isaïe appelle « les armes de YHVH ». Affaire de mise au clair — c'est toute la préoccupation intellectuelle de Don Quichotte qui ne cesse de fourbir les armes de la Connaissance afin d'agir au mieux dans le monde. Le messianisme définitif ne correspond dès lors plus à un simple acte de foi, mais correspond à la livraison de la grande explication du principe d'unité et ses lois, vérifiée par les sciences. Émergence du processus libérateur du système de vérité, suscitant par là un état de lisibilité plus avancé du monde, nous tirant hors de l'ignorance. Réduire cette ignorance est de notre responsabilité.
 
 
Lectures :

Films :
Les secrets de l'Alphabet hébreu (série de 3 films)
 

lundi 11 septembre 2023

Mystère de la Torah, le secret de Séfarad, par D. Blumenstihl-Roth

Mystère de la Torah, le secret de Séfarad et de Tzarfat
par D. Blumenstihl-Roth


Et les exilés de cette légion d'enfants d'Israël, répandus depuis Canaan jusqu'à Çarefat, et les exilés de Jérusalem, répandus dans Sefarad, possèderont les villes du Midi
- וְגָלֻת הַחֵל-הַזֶּה לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל אֲשֶׁר-כְּנַעֲנִים, עַד-צָרְפַת, וְגָלֻת יְרוּשָׁלִַם, אֲשֶׁר בִּסְפָרַד--יִרְשׁוּ, אֵת עָרֵי הַנֶּגֶב


Prophétie Obadia, verset 20. Israël, Jerusalem, Tzarfat, Sefarad. 
Extrait de l'édition Magnes Press, The hebrew University, Jerusalem 1959.


Le lecteur attentif, faisant de ses yeux des lanternes à l'approche du verset 20 de la prophétie biblique au chapitre Obadia, remarquera que le nom de Séfarad 
ס פ ר ד
apparaît dans une succession compressée évoquant tour à tour Israël, Tzarfat, Jérusalem et finalement Séfarad. Le texte en est : « Et les exilés de cette légion des enfants d'Israël, répandus depuis Canaan jusqu'en Tzarfat, et les exilés de Jérusalem, répandus dans Séfarad, posséderont les villes du Midi… »

On y observe la conduction d'un exil, depuis le Yod initial d'Israël
 שׁ ר א ל '
jusqu'au Dalet terminant le nom de Séfarad dont nous savons tous que c'est le nom de l'Espagne. Quelle surprise en effet de voir surgir dans un texte vieux de 3000 ans le nom de la patrie… de Don Quichotte !

Nous connaissons la signification du Dalet, quatrième lettre de l'alphabet dont le symbole est la porte. Or le problème que pose une porte est de savoir, comme l'indique la célèbre pièce de théâtre de Marivaux, si elle doit être ouverte ou fermée. En lisant lettre à lettre le nom de Séfarad, nous voici devant une porte après avoir perçu l'énergie du Verbe (Pé) issu d'un cycle (Samekh). Dans le verset, sont en cause les « exilés de Jérusalem », peuple en mouvement vers une destination dont il est dit qu'ils « posséderont les villes du Midi. » La porte semble donc ouverte aux exilés arrivés depuis Israël jusqu'en Tzarfat, nom hébreu de la France, seconde destination envisagée dans le verset directement après Israël. Proximité dont tenir compte et qui devrait attirer l'attention des responsables politiques en charge des relations diplomatiques entre les nations. Tzarfat ne peut se départir ni d'Israël ni de Séfarad.

Séfarad, recevant les exilés, se présente, par son nom, en étape transitoire, lieu de passage, porte (Dalet) s'ouvrant et laissant passer l'énergie reçue depuis Jérusalem, expédiée en direction de l'avenir, comme l'indique le verbe « posséderont » conjugué au futur.
Séfarad ne retient pas l'énergie sur elle-même, mais vise clairement l'étape suivante qu'est Tzarfat, avant retour à l'origine, Israël, but ultime du retour d'exil. On objectera que l'ordre dans lequel les lieux sont mentionnés ne correspond pas à cette conduction et que le transfert de l'énergie se réalise dans le sens Israël > Tzarfat > Séfarad.
Cependant, la prophétie traite du retour : « La  maison de Jacob rentrera en possession de son patrimoine… » (verset 17). Le verset 20 doit donc être lu dans la perspective de ce retour d'exil où Israël, point de départ, devient lieu d'arrivée final des exilés, au titre du « retour à l'archigène » comme disent les spécialistes de l'Evolution en Science Naturelle. La voie conductrice partie d'Israël retourne à son origine, ferme la boucle cyclique de son épopée exilitique, pour ouvrir un nouveau cycle historique. Dès lors si le verset « fonctionne » en apparence littérale dans le sens Israël > Tzarfat > Séfarad, un retournement du transit s'opère par le fait que l'origine devient lieu d'arrivée. Observé depuis le lieu d'arrivée, en toute logique, et remontant vers la source, l'ordre des étapes intermédiaires s'inverse. C'est pourquoi il convient de retenir la conduction : Israël > Séfarad > Tzarfat > Israël. Le message parti d'Israël, depuis Jérusalem parvient en Séfarad (Espagne) et de là transite en Tzarfat (France) pour retourner à la source (Israël).

צָרְפַת
 
Tzarfat, nom hébreu de la France, a induit le patronyme Sarfati signifiant Français. Mystère biblique, le Texte nomme ces deux nations, Séfarad et Tzarfat, l'une à proximité de l'autre, intimement liées à Israël, alors qu'à l'époque où la prophétie fut rédigée par Obadia, celles-ci n'existaient pas encore. Il y a quelques trente siècles, le Texte a prévu l'existence future de ces nations et nous en vivons la réalité au présent d'une prophétie accomplie. La « maison de Jacob » a en effet pris possession de son patrimoine en recouvrant Israël en 1948. Séfarad a largement intégré le message sinaïtique au travers de l'immense mouvement kabbalistique dont le Zohar est la somme. Ce message, préservé, synthétisé, déployé en pédagogie efficace sous la forme du roman par Cervantès — Don Quichotte — s'ouvre à l'universalité par la voie hispanique (Séfarad) et vise l'étape suivante de l'explication donne en Tzarfat (France).
La porte de SéfaraD est donc grande ouverte en son Dalet terminal. La transhumance vers Tzarfat peut commencer.
(A l'instant même où j'écris cette ligne, en plan de cohérence temporel, la porte de mon bureau s'ouvre toute seule. Un courant d'air, un ange qui passe ? C'est tout simplement mon chat Petit Boy qui vient de la pousser ! J'en déduis que la vie elle-même, au travers de la participation de l'animalité, acquiesce à cette lecture du verset, et que nous pouvons poursuivre notre enquête.)

 

Au cœur de SéfaRad, Resch.
Cette lettre représente la structure Rosch, autrement dit le cerveau, modèle cortical de référence sur quoi se fonde le réel (2). Le Resch précède directement le Dalet. On remarquera que Dalet s'articule en dentale, à l'avant de la bouche tandis que Resch est guttural. Dalet appelle à la montée du Resch, à l'évacuation de son thème par la porte de la bouche (Pé).
Les deux lettres sont graphiquement proches, ici Dalet à droite, Resch à gauche :

ד      ר

Resch demande à sortir par Dalet. Mission de Séfarad qu'assumer le passage vers la seconde destination des exilés, Tzarfat, et de là, en direction du retour mettant fin à l'exil. Par exilés, entendre non seulement le peuple mais le porteur du message et donc le message lui-même, c'est-à-dire l'explicitation du sens. Selon la tradition, c'est après l'œuvre d'expliquer (que l'on peut qualifier de messianique, s'agissant d'une délivrance du sens) que le retour physique des exilés s'accompagnera du « retour de la Chekinah », la grâce divine. 

Le mot Sefer, actif au cœur de Séfarad est employé en hébreu pour évoquer le signe du deuil (Isaïe 32, 12). « Le pays sera en deuil, dans les larmes » écrit le verset Zach. 12. Quel lien avec Séfarad où l'on retrouve en effet la présence des trois lettres Samekh, Pé, Resch ? Séfarad serait-il un pays de larmes, de deuils ? « Deuils et brisures », comme le dit Cervantès, en ouverture du Quichotte, quand l'écrivain espagnol — donc de Séfarad — évoque au chapitre I le menu de son héros composé, le samedi, de « duelos y quebrantos » (1) ? Sefer revient encore dans le verset Jérémie 34 : « Ils te pleureront en disant : hélas ! Le Seigneur, le Prince ! » En évoquant les « larmes et brisures » en Séfarad, Cervantès songeait-il à ce verset ?
Séfer signifie également écrire, inscrire. Compter, annoncer. Il désigne la fonction d'écrivain. Dès lors, Séfar-ad est la forme conjuguée à l'impératif du verbe descendre enjoignant le livre (Séfer) de venir : « Descends, livre ! » Descendre dans un pays nommé Séfarad où le livre connaîtra deuils et brisures, douleurs et larmes de l'exil ? Et qui cependant ouvrira vers la sortie explicative du message.
L'étape Séfarad — l'Espagne — expédie le Resch, pleinement intégré en Dalet vers sa destination suivante, nommée Tzarfat, la France, où il n'est pas certain que la réception sera assumée en conformité avec l'attente biblique. En effet, le Tzadé d'initiale en Tzarfat montre la fourche dressée en dualité oppositionnelle d'une lettre bifide, où s'offrent deux types de pensée extrêmement séparées l'une de l'autre.
צ

La déhiscence est visible. Laquelle des deux branches présidera ? Celle de la Connaissance, montant du côté droit de l'arbre  ou celle qui grandit du côté gauche, nourrie des prédilections entropiques et matérialistes ? Dramatique césure de Tzarfat, dont nous savons combien c'est une nation toujours coupée en deux, fascinée par les séductions productivistes, illusionnée par l'idolâtrie hyponeurienne.
Tzarfat est cependant appelé à recevoir ce que SeFaRaD lui offre : la voie de la Connaissance. La porte grande ouverte du Dalet laisse passer le verbe (Pé) et instruit TzaRfat du modèle d'absolu (Resch). Il appartient à la France de recevoir le Resch de SéfaRad, qui est le même que celui qui germe en plein cœur d'IsRaël. A la France donc d'expliciter, mettre au clair, renouer avec la Connaissance et parier sur elle. C'est là sa vocation sa raison d'être.
Les lecteurs de Don Quichotte se rappelleront que le célèbre chevalier dont le nom Quéchot signifie vérité en araméen a symboliquement favorisé le passage des Pyrénées à Don Gayferos et Melisandra, appelés à convoler ensemble en justes noces en Tzarfat. Reste à savoir si le couple d'amoureux, arrivé en France, y sera accueilli comme il se doit. C'est à cet accueil que nous travaillons par la rédaction et la diffusion des exégèses quichottiennes…


Notes :
(1) L'explication de cette expression de Cervantès est donnée dans Don Quichotte prophète d'Israël.

— Exégèse de Don Quichotte, en 5 volumes