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dimanche 20 novembre 2016

Le Devenir du Monde est lié à celui de l'Homme. Par Dominique Aubier.



par Dominique Aubier

A l'occasion du 2ème anniversaire de la disparition de Dominique Aubier, nous publions ce livre.


Photo : © Anouchka von Heuer
« On assiste actuellement à une convergence du savoir qui s'était émietté depuis Descartes et où les sciences exactes avaient pris une prééminence encore accentuée par l'esprit positiviste. Comme s'il s'agissait d'écarter le plus possible l'homme pour mieux approche la vérité. La recherche structuraliste montre quel chemin a été parcouru par la science en direction de l'enseignement biblique, selon lequel le monde a été créé d'après un plan et avec une intention que son déroulement nous révèle. En effet, en parlant de fonctionnement suivant une « structure », suivant un « modèle », les chercheurs indiquent par là qu'ils présupposent un plan de guidage qui, en unifiant l'ensemble des phénomènes, révèlerait le mécanisme général de l'univers ».

« Sont-ils pour autant prêts à accepter les données de cultures, étrangères à leur mode habituel d'investigation du réel ? L'état actuel des connaissances permet ainsi à deux langages qui paraissent aussi éloignés que celui de la science et celui de la sagesse israélite, de se rencontrer et de s'associer comme deux courants complémentaires d'une même réalité, l'un apportant la caution de sa vision universelle, l'autre la certitude de son expérience historique éprouvée. Le tout au service de la vie dans une dialectique fécondante : étape organique — étape fonctionnelle qui a toujours été préconisée par la tradition juive et qui doit projeter un éclairage de rationalité sur tout ce qui existe.
Voilà du coup, légitimé, après des siècles d'intolérances intellectuelle ou de ricanement voltairien d'une pensée scientiste, l'un des fondements du message biblique : la dialectique Univers-Homme, le devenir du monde lié à celui de l'homme ». 


« Et l'on voit ainsi se dessiner le mouvement qui devrait mener la science qui est recherche des processus naturels, du comment des choses, à demander le concours d'une sagesse qui s'est toujours prétendue lectrice de l'événement, du pourquoi des choses. En possession des forces peuvent conduire à une apocalypse, l'homme d'aujourd'hui, apprenti sorcier de sa création mécanique, sent l'impérieux besoin d'interroger le monde des réponses ».

« Le discours biblique repose sur l'affirmation d'un monde créé suivant un plan et dans une intention. Il invite donc à un mode d'emploi judicieux de la vie qui a une direction vers son accomplissement. « La Bible est une réponse à la question : qu'est-ce que Dieu demande de nous ». Elle indique la Loi, elle en souligne l'importance et laisse à l'homme la liberté de choisir entre le bien et le mal, c'est-à-dire entre la vie et la mort tout en l'encourageant à choisir la vie avec le bien. L'existence humaine n'est donc ni accidentelle, ni dérisoire. Du choix de l'homme, de son comportement, dépendent son propre bonheur autant qu'un équilibre naturel. « Si vous êtes dociles aux lois que je vous impose… je donnerai à votre pays la pluie opportune… et tu récolteras ton blé, ton vin et ton huile… Prenez garde que votre cœur ne cède à la séduction que vous ne deveniez infidèles… la colère du Seigneur s'allumerait contre vous, il défendrait au ciel de répandre la pluie et la terre vous refuserait son tribut… ».

« Cette apostrophe de Moïse, l'une de celles qu'il n'a cessé d'adresser au peuple témoin  pour l'instruire durant sa marche « éducative » de 40 ans dans le désert, définit bien la relation existante entre la conduite de l'homme et le fonctionnement des éléments naturels. Ce n'est pas une figure de rhétorique ou de mythologie. La parole biblique empoigne l'homme et le confronte à la vérité inflexible du réel. L'homme est libre, mais l'Univers a ses données inexorables e l'homme peut occasionner sa propre mort. Il est prévenu. Moïse, l'initié, expose les termes du pacte qui lie l'homme à Dieu : celui-ci donne la vie, la « règle du jeu » et l'initiative ; l'homme convié à collaborer à l'œuvre de la création prend les risques qui s'attachent à toute action. En conséquence le Jugement est continuel autant qu'inéluctable. Toute la Bible apparaît ainsi d'une part comme l'exposition de la conduite de l'homme telle qu'elle est souhaitée par Dieu, et d'autre part, comme l'illustration des conséquences pour l'homme de sa conduite historiquement vécue. La notion de Jugement est donc la trame permanente de l'action biblique commencée avec le premier homme faisant l'expérience de la désobéissance, et qui se continuera jusqu'au « jour du Seigneur » où les contradictions s'effaceront dans la messianité ».

« Adam, la génération de la Tour de Babel, celle de Noé, l'Égypte, Israël, les Nations, l'individu, l'humanité et ses composantes (personnes, groupes, peuples) et dans sa totalité, sont jugés et sanctionnés. Dieu n'est pas tenu, comme le serait le juge humain, de taire ses sentiments, de cacher ses préférences pour « atteindre » l'impartialité de la réflexion et de l'objectivité de la sentence. Il encourage, il favorise l'effort vers le bien. En créant le Monde, il a pris un risque : celui de voir sa créature démériter de la vie, et l'aventure humaine tourner court. Mais les dés ne sont pas pipés. L'Homme, et avec lui l'humanité, peut s'épanouir et atteindre un état édénique ; ou au contraire se corrompre et retourner au chaos. Il sait que sa liberté est dangereuse, mais que néanmoins, Dieu « attend » de lui qu'il « achève » la création en couronnant l'œuvre des six jours par la réalisation du Grand Sabbat. Les Prophètes ne cessent de proclamer la vocation de l'homme et d'indiquer la clé de la voie droite : la justice. « Dans l'histoire biblique, une seule volonté juge, décide, récompense et punit. Et cette seule volonté est guidée par le principe d'une justice absolue ».

 « Le fil unificateur qui court de la Genèse aux chroniques en une suite ininterrompue, à travers les légendes, les lois, l'accent prophétique et la psalmodie pieuse, est la quête d'une vie juste, afin d'être pur devant Dieu ». Oui, Dieu a inscrit la justice comme un des éléments fondamentaux de la création et s'il n'intervient pas dans l'usage de la liberté en laissant le pécheur faire acte d'impureté, il prend parti pour le juste en lui donnant des forces et en appuyant son action. Ce sera le rôle du Prophète — Patriarche, Homme de Dieu, Roi inspiré — de découvrir l'intention que le créateur a placée dans sa création, de puiser de son contact avec le divin une interprétation des événements, et en en tirant la leçon, de montrer la voie à suivre : celle qui doit éviter l'embûche et pas cela même conduire à la situation idéale ».

« Les verdicts de « l'Histoire » seront donc de précieuses indications en tant que correctifs du comportement individuel ou collectif, en tant que stimulations à une action ou à une institutionnalisation, en tant que préfiguration à une étape ultime. L'étude des plus caractéristiques d'entre eux permettrait d'en tirer une « notion du Jugement dans la Bible » liée à une histoire allant des origines à « l'époque future » annoncée par les visionnaires, se développant avec elle et s'enrichissant de ses apports. Nous limiterons notre analyse à la période relatée dans la Genèse, le premier livre biblique, qui couvre un cycle particulier de cette Histoire : le premier, celui qui commence à la naissance de l'Homme — par la création d'Adam — et s'achève à la naissance d'Israël comme peuple — par la descente de la famille de Jacob en Égypte. Les événements y sont présentés en situations typifiées pouvant jouer le rôle de « modèles ».
Ainsi, une « notion du Jugement dans la Genèse » pourra se dégager, dans ses composantes — la création, l'Homme seul, puis en position dialogale… — autant que dans ses conséquences et dans sa leçon ».

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par Dominique Aubier


Cet ouvrage exceptionnel paraît le 2 décembre 2016,
date anniversaire du départ de Dominique Aubier.


125 pages, 37 euros, expédition incluse.


MLL - LA BOUCHE DU PEL
BP 16
F - 27 240 DAMVILLE


ou sur le site internet (paypal ou par courrier)

mll(at)dbmail.com

8 commentaires:

François-Marie Michaut a dit…

Je suggère une note de l'éditeur à propos du titre.
Quand Dominique Aubier parle du Monde, qu'elle n'écrit pas avec une minuscule, ce n'est pas de la seule planète terre genre Vendée Globe qu'il s'agit mais de l'univers tout entier. Sauf erreur de compréhension de ma part.

UnLecteur a dit…

Vendredi 2 mai 2016,
Deux ans pile que Dominique Aubier a cessé de respirer.
Sa pensée n'a pas cessé de donner de l'énergie à bien plus de gens que personne n'est en mesure de le comptabiliser. Sa participation hors du temps au Devenir du Monde.
Chapeau bas et reconnaissance profonde.

Anonyme a dit…

Comment faut-il lire les 3 lettres en hébreu servant de sous-titre à la couverture du livre ?
Pour moi, c'est... de l'hébreu:-))

Anonyme a dit…

Erreur de date.
Dominique Aubier est née au mois de mai.
Décédée le 2 décembre 2014.

Domino a dit…

Oui, vous avez raison, la date du départ de Dominique Aubier est bien le 2 décembre 2014, c'est mentionné en bas de l'article. La date qui figure en haut (novembre) est celle où j'ai écrit l'article qui annonçait la parution du livre. Merci de votre vigilance !

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réponse sur les 3 lettres en hébreu de la couverture du livre. C'est le mot "Acher" s'écrivant Alef - schin - resch. C'est le pronom relatif "qui". Et il sort du verset 3-14 de Exode, quand Moïse rencontre le "buisson ardent" et que la voie lui dit : "je suis celui qui sera". L'explication complète de ce verset et de ce mot se trouve dans le livre "L'ordre cosmique" de Dominique Aubier. Mais attention, c'est du costaud.

Anonyme a dit…

L'ouvrage est arrivé à bon port ,merci . Je viens d'en finir la lecture en n'omettant pas d'y retourner très bientôt. Depuis les temps bénis d'Enoch ,Abraham,Moïse ,nous assistons à / vivons un éloignement du coeur de l'enseignement immédiat de cette grande faconde anthropologique qu'est la Torah ,un éloignement de son géniteur si harmonieusemen narrée ,quand on trouve sur sa route bien sûr des exégètes de la stature de D.Aubier.

Au temps de ces illustres ,Dieu animait ce contact ,c'était si je puis dire , du direct . Les siècles ont déroulé et Un nouvel animateur grandiose apparait ,J-C ,qui se fait l'interface avec celui qu'on ne verra plus sur la scène terrienne.

Déjà ,J- Christ nous empare de promesses ,nous faisant les témoins (de ce que du temps
de Seth ,les enfants "entraient " dans les mystères.)Puis dans un temps encore plus éclaté ,Gabriel ,lancé par la volonté de Dieu,envoie de nouvelles arabesques théologales par son prophète de La Mecque /Médine. Shankara réveille en Inde des rameaux flétris du bramanisme ,René Guénon se fait le chantre de l'advaïta vedanta ( le chant d'agonie des védas ?) , des européens apprennent l'hébreu ,(D.Aubier ,Annick de Souzenelle et j'en oublie certainement.)
C'est à vous de tenir cette place laissée vacante par Mme Aubier .
Voilà , c'est votre question.
Je suis un homme très ordinaire ,je n'aurai jamais le talent de Mme Aubier , que je remercie de tout mon coeur. Merci d'avoir lu ce courrier , cordialement.

Domino a dit…

Réponse :
Je vous remercie de votre beau message.
Modestement, je continue ce que je dois faire. Je me permets juste d'apporter une légère nuance par rapport à Mme Annick de Souzenelle. Ses ouvrages sont très intéressants, ils contiennent cependant des erreurs par rapport à l'hébreu, et ces erreurs sont reproduites ensuite de livre en livre, reprises par des auteurs, et finissent par avoir un accent de justesse.
Je prépare un article sur ce sujet. Mais je redoute de le faire, car je risque de décevoir les lecteurs qui, sous son influence,et sans doute croyant sincèrement bien faire, ont intégré des notions floues, vagues et parfois totalement marquées de l'erreur. C'est le cas de sa lecture de "Eve", du "Serpent", de la Genèse. Car elle n'appuie pas sa connaissance de l'hébreu sur les archétypes (voir Face cachée du Cerveau) et non plus sur le modèle unitaire, d'essence cérébrale dont elle ignore tout. Alors que c'est la condition même de l'initié. Ce qu'elle n'est pas.
L'initié se réfère toujours au Modèle, sans le dire s'il est issu d'une tradition, alors il l'exprime sous la forme de symboles comme dans la Bagavad ou le Mahabarata ou le sorcier amérindien Don Juan. Ou le prophète de l'Islam qui en a expérimenté les données. Initiés à coup sûr.
De nos jours, le modèle est clairement dévoilé — c'est l'opération messianique à laquelle Dominique Aubier a puissamment œuvré, dans la lignée des Maitres de Yavné. C'est même elle qui donne à voir le "Modèle", partant de Don Quichotte, chapitre 62 du vol. 2. Et sa grande exégèse sur le sujet.
Jésus, bien entendu, est initiateur de messianisme, il ouvre la voie et l'annonce. Sa crucifixion en est le redoutable symbole, car elle représente l'Union des Contraires, connaissance et science devant amener la résurrection de l'Humanité dans un cycle nouveau. A côté d'un tel héros de l'esprit, je ne suis rien.
Je vous remercie de tout coeur de votre amical et chaleureux soutien.
Dominique Blumenstihl-Roth (je ne suis qu'un Sancho Panza de la Connaissance).

Gabrielle a dit…

Bonjour Dominique,

Tous mes voeux pour l'année 2 0 17
Très intéressant votre commentaire concernant Mme de Souzenelle je partage votre avis
en grande majorité faîtes ce livre dans le respect de ce qu'elle a apporté mais faîtes
le pour les générations futures vous êtes à ce jour le meilleur passeur du modèle
Rosch
Quand à la crucifixion dans ma croyance seul l'égo dû au clivage fût crucifié qu'en pensez vous
Gabrielle