Dans ce Blog, je présente les ouvrages et les études les plus pertinentes concernant la Connaissance initiatique et sa tradition. Avec un regard attentif pour la kabbale hébraïque… et Don Quichotte. "Le vrai savoir est une restauration du Monde" (Dominique Aubier)
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vendredi 30 mars 2018
Comment lutter contre l'antisémitisme ?
La mission du judaïsme
un livre de Dominique Aubier
Ce livre est une vraie "réponse à Hitler". Il montre en quoi le nazisme a échoué et ne saurait jamais réussir, aussi longtemps que l'affirmation sinaïtique assumera le Buisson Ardent. En effet, tout à l'opposé de la tentative d'extermination des Nazis, se dresse l'Alliance, le contrat intime et privilégié que le Créateur a établi entre Lui et le Peuple Juif — et l'Humanité tout entière —, contrat confirmé par Moïse au Sinaï et par Esther, dans des circonstances annonciatrices de la Shoa.
Les exactions antisémites ont-elle cessé ? Certes le « Reich » a disparu, du moins sous la forme du nazisme officiel, mais qu'en est-il des idéologies, des convictions personnelles réitérant le meurtre ?
La « haine du Juif » cessera-t-elle jamais ?
Les grandes valeurs du judaïsme ne sauraient céder, en vertu même du contrat d'Alliance contracté avec l'Eternel, marqué par la circoncision à huit jours.
Ce livre exceptionnel décrypte le sens de la Circoncision le sens de l'Alliance, réponse à la barbarie : le judaïsme affirme la fidélité à un projet civilisateur où les forces du Verbe commandent à l'évolution culturelle.
Ce livre est essentiel car il rappelle l'identité de l'Alliance, sa signification.
L'ouvrage aborde également un sujet délicat, celui des séphiroth.
La mise au point que présente Dominique Aubier établit les corrélations anatomiques et physiologique des séphiroth, et touche à la précision la plus fine en ce qu'elle fonde son travail sur le Sefer Yetsirah dont elle sonde le mystérieux codage.
Rédigé pendant ses années d'exil en Espagne, par l'auteur de Don Quichotte prophète d'Israël (éditions Ivréa), ce livre incontournable vaut, depuis sa première édition, à Dominique Aubier le respect des meilleurs Talmudistes.
Ce livre a été typographié et imprimé par l'imprimerie Sollers à Barcelone. Façonné en cahier, cousus dans la reliure, ce qui lui confère une solidité à toute épreuve. Par respect du Livre, objet de culture et de civilisation.
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Bon de commande, par internet :
Réponse à Hitler
La mission du judaïsme
Par Dominique Aubier
322 pages, 47 euros. Expédition incluse.
Dominique Aubier (1922-2014)
Quelques livres :
— Don Quichotte prophète d'Israël
— Victoire pour Don Quichotte (les sources hébreues et araméennes du chef d'œuvre cervantien)
— Réponse à Hitler
— Le Cas Juif
— Le Principe du Langage ou l'Alphabet hébraïque
— L'Urgence du Sabbat
— La 23ième Lettre de l'Alphabet hébreu
Quelques films :
— La Table des Séphiroth
— Le Flux Séphirotique
— Les Charmes et les fastes de l'Alphabet hébreu
— Pardès
— Le Logiciel kabbalistique
Tous les livres de Dominique Aubier
Tous les films de Dominique Aubier
vendredi 23 mars 2018
Jésus marchant sur les Eaux. Explication initiatique.
Jésus marchant sur les Eaux.
Exégèse initiatique d'un épisode des Evangiles (première partie 1/2)
Par D. Blumenstihl-Roth
Ecole de Dominique Aubier
Il y a quelques temps, j'ai reçu une lettre de la part d'un Lecteur qui me pose des questions extrêmement pertinentes concernant la Connaissance et Jésus. Je ne publie pas l'intégralité de son courrier, d'ordre privé, mais je donne ici en partage ma réponse. Tout au long du texte, on retrouvera les questions posées que l'on peut du reste aisément reconstituer puisqu'en j'en reprends pratiquement les termes. Il se pourrait que j'envoie ce texte au théologien Mgr. Joseph Ratzinger (Benoît XVI) que je cite dans mon texte.
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Cher monsieur,
Vous avez bien voulu me présenter vos réflexions et questions touchant à la Connaissance. Je vous remercie de vos remarques et de la confiance que vous me témoignez. J'ignore si ma réponse sera à la hauteur de vos espérances, je vais néanmoins tenter, dans la mesure de mes moyens, d'éclaircir certains points qui semblent vous préoccuper.
Vous avez approché la pensée de Lacan. M'est-il permis de dire que la pensée initiatique est plus directe et plus efficace que la littérature psychanalytique dont je ne suis pas certain qu'elle ait déposé ses garanties ?
La Connaissance initiatique dispose d'une grille de lecture stable. Qu'est-ce que la Connaissance ? Dominique Aubier écrit que « c'est le don de l'origine, ce qui est donné au départ. Elle a été donnée par ce que l'on appelle la Révélation. Elle est développée par les Commentaires et s'avance progressivement jusqu'à l'Explication. La Connaissance s'édicte naturellement par les voies du Modèle absolu ». Le processus historique touchant la Connaissance est le suivant : on passe de la Révélation à son commentaire pour s'avancer vers l'authentification par les preuves. Dominique Aubier a agi dans cette dernière phase.
Les initiés des temps anciens ont agi dans une phase différente, soit sur la réception de la révélation (Abraham, Moïse) soit sur les étapes suivantes des commentaires.
Vous évoquez la personnalité du Christ. Bien que je ne connaisse qu'insuffisamment les Évangiles, à mes yeux, il ne fait pas doute qu'il fut un initié considérable, chargé de la mission singulière d'ouvrir les temps messianiques. Fut-il (est-il) « fils de Dieu » ? Je ne suis pas à même d'en juger. Si c'est une question de foi, alors je veux bien le croire. S'il s'agit de le vérifier par la science, je puis bien douter… de la science dont nous savons qu'elle change ses théories au gré des découvertes et qu'elle découvre au gré de ses recherches et souvent de l'heureux hasard qui lui met sous les yeux une évidence qui hier encore lui échappait. La science étant elle-même conditionnée par la foi qu'elle a en elle-même, qu'il soit permis de ne pas faire totalement allégeance à ses dogmes et méthodologies.
Quoiqu'il en soit, Jésus s'inscrit dans le processus historique de la communication de la Connaissance, et il le fait au moyen de sa propre vie, engagée pleinement dans le message qu'il transmet. Il est le symbole même de son propre message. Le symbolisme non seulement le porte mais opère une fusion totale avec son être. L'unité qu'il forme avec le symbole — il est ce qu'il représente — devait l'investir de toute la puissance des symboles : le symbole n'est pas soumis à la lourde pesanteur du réalisme factuel. Dès lors sa capacité de marcher sur l'eau devient intelligible, étant lui-même le symbole de la Connaissance appelée à surplomber les formes premières de son expression.
Maitrisant parfaitement l'hébreu et l'araméen, il décryptait à coup sûr les situations vivantes (les événements) et en tirait le sens.
Je ne puis souscrire à votre idée selon laquelle, à l'époque du Christ la plupart des gens étaient illettrés. Cela ne pouvait être le cas en Palestine et moins encore dans le contexte juif auquel Jésus appartenait en tant qu'Essénien. Dans le judaïsme, l'illettrisme a toujours été très rare et s'il existe, c'est le plus souvent en raison d'un handicap personnel, car l'apprentissage de la lecture dès le plus jeune âge est une obligation religieuse. Si la communication se faisait par symboles, cela n'est pas dû à un hypothétique illétrisme, mais au fait que le langage ne procédait pas par l'explication objective comme c'est le cas aujourd'hui. L'objectivation de la pensée est récente et ne survient qu'avec l'apparition de la science, avant cela, l'humanité pensait par images, symboles, paraboles. Et continue d'ailleurs de le faire, y compris dans les peuples lettrés. N'est-ce pas la fonction du roman occidental que relater les vérités par des récits allégoriques ?
La pensée symbolique n'est pas issue d'esprits analphabètes ou illettrés, j'en veux pour preuve que les poètes, encore aujourd'hui — donc experts du langage — utilisent le symbolisme dans leur expression écrite par l'usage des métaphores. Le symbolisme est une modalité de pensée qui ne résulte pas d'une privation, il correspond au second niveau évolutif de la réflexion humaine. Après la perception littérale vient la mise en forme symbolique (image, métaphore). L'étape suivante tend vers l'allégorie puis l'ouverture et l'explication.
Nous sommes portés par des cycles civilisateurs, et chaque cycle a ses spécificités.
Les religions, traditions sont nées et ont été conçues selon la grille initiatique, dans des formes représentatives imagées. Les concepteurs de ces images étaient des intellectuels de haut niveau sachant parfaitement ce qu'ils faisaient, des initiés subtilement lettrés : Moïse reçut toute la déflagration des Lettres au Sinaï et conçut ensuite les formes symboliques devant véhiculer l'enseignement. Plus tard, à Babylone, le Temple de Jérusalem étant détruit et le peuple en exil, Les Maîtres de la Loi conçurent de nouveaux symboles inscrivant la Loi dans des rituels. Cette inscription symbolique survint suite à la perte des rouleaux (donc des textes) afin que le symbolisme puisse, par sa propre force imagée, transporter analogiquement le contenu des textes. Il était bien clair, dans leur esprit, que le jour viendrait où tous ces symboles seraient explicités et libérés de leur carcan. L'éclaircissement de ces symboles survenant, ils seraient rendus au modèle de référence. La « mise au clair » et le dévoilement des lois, du Code sous-jacent : c'est exactement cela, le messianisme. Et chacun de nous est convié à y participer, à son niveau d'intelligence, selon ses capacités.
À l'époque du Christ, il y a 2000 ans, l'humanité vivait dans une instance historique où les choses demeuraient voilées. C'est le règne des symboles, des allégories, de la mise en place des critères initiatiques sous des formes représentatives. La messe chrétienne, comme tous les rituels, en est une expression somptueuse. Elle met en scène le modèle d'Absolu et l'on pourrait en faire la lecture archétypale. J'ignore si les théologiens ont explicité le sens de la liturgie et s'ils l'ont accordée aux intentions des pères fondateurs.
Tout ici bas est représentation, tout est symbole : nous vivons, dit le soufi andalou Ibn' Arabî du XIème siècle, dans le « théâtre de Sa Révélation » où tout est symbolique : le réel nous « parle » au moyen de tout ce qui est à sa disposition, donc toute la nature est parlante et s'exprime au quotidien dans un dialogue permanent. Il nous reste à décoder de langage et reverser en mots ce qui nous est donné à voir sous formes d'images.
Je me permets de vous conter un exemple personnel :
J'ai vu l'autre jour deux cygnes nageant sur les étangs de mon village. Je me suis dit : « quel signe ces deux cygnes vont-ils m'indiquer ? » Voici que sur le chemin entourant les étangs surgit un jeune homme monté à bicyclette qui s'amusait à se faire tracter par un beau chien noir auquel il avait attaché un harnais. Était-ce le signe ? Oui, car il faut voir et décrypter : la bicyclette, monture à deux roues (deuxième niveau d'organisation, celui du symbolisme). Il faut voir le jeune homme : c'est la jeune humanité. Voir enfin le chien, symbole du « messager » de l'Invisible. Cette séquence signifiait donc : l'Invisible tire puissamment l'humanité, encore montée sur le symbolisme… Le jeune homme s'y complaisait, encourageant le chien mais sans appuyer beaucoup sur les pédales pour l'aider. N'était-ce pas l'image de la civilisation bien installée dans les formes anciennes du symbolisme, se laissant paresseusement tirer par le chien-messager s'épuisant à faire avancer le train civilisateur ? J'en ai déduit qu'il y avait encore du travail à faire, pour que l'humanité change de monture et passe des deux-roues à quatre. Et daigne quelque peu appuyer sur les mécanismes propulseurs. Qu'au lieu de se laisser tirer, elle pousse par ses propres efforts et aille au-devant de sa libération. J'y travaille dans la modestie de mes moyens, s'agissant, comme le propose la Tradition hébraïque, l'aller « au-devant » du Shabbat et non point d'y arriver en retard.
Aujourd'hui, et depuis l'apparition de la science, partenaire de la Connaissance, (crucifixion où Gauche et Droite s'unissent sur l'axe transversal), nous vivons une époque exigeant le dévoilement des symboles. Ce phénomène est annoncé par les Traditions, c'est ainsi qu'il existe, lors de la messe de Pâques, un épisode appelé le « dévoilement de la Croix ». Le voile couvrant le Christ est enlevé par le prêtre : cela signifie que le symbole sera découvert et expliqué. L'officiant transporte ensuite le crucifix d'un côté de l'autel à l'autre. Cela signifie que depuis des siècles, ceux qui ont mis au point ce rituel, on su qu'il existerait un transfert de la Connaissance vers un partenaire situé de « l'autre côté » Autrement dit : l'autre rive. C'est l'Occident assumant l'explication. Tiens, c'est justement ce que je suis en train de faire…
Les peuples des temps anciens étaient non seulement sensibles à la pensée symbolique mais toute leur vie se façonnait sur ce type de compréhension car l'humanité vivait alors dans un cycle porteur de ce type de pensée.
Le temps a passé, déposant ses acquis, demandant à l'humanité de « bouger devant le temps ».
Hélas, ne sommes-nous pas restés englués dans les symboles anciens dont nous ne parvenons pas à dégager le sens ? Il faut, pour décrypter un symbole, l'insérer dans la structure corticale porteuse et dont il est une expression. Pour lire un signe, il faut aborder l'événement en acceptant qu'il signifie autre chose que lui-même. Lire un signe, c'est défaire la puissance de la pensée matérialiste liée au « choses » et l'ouvrir sur l'invisible. Que veut dire tel événement ? Collectif ou dans ma propre vie ? Chacun a ses signes, chacun a sa relation privée avec l'Invisible et son dialogue avec lui. Ce dialogue personnel possible avec l'Invisible, c'est la démocratie à son plus haut degré d'intensité.
Ne connaissant pas vos signes, il m'est difficile de vous aider à les lire. Le signe est toujours insolite, surprenant. Cela peut être un mot entendu, une image vue, une scène curieuse à laquelle on assiste. Un objet que l'on rencontre. Une personne qui dit quelque chose… tombant tout à propos de notre préoccupation.
« Homme-Aleph » ( Francis B. Roth. Acrylique 25 x 40 cm)
Je reviens à votre question touchant au Christ marchant sur les Eaux : la raison raisonnante a du mal à le concevoir et cherche une justification pragmatique. D'autres en appellent au pur miracle. Mais que savons-nous des capacités dont peuvent être dotés les grands initiés de cette époque ? La science procède par vérifications et elle « implique une forme de pensée qui se limite au phénomène. Mais elle ne saurait pas plus engendrer la foi que la physique ne peut arriver à confesser Dieu » écrit Joseph Ratzinger, (Benoît XVI), fin théologien et auteur de livres passionnants.
Il faut ici, dans l'épisode relaté par l'Évangile, lire exactement le texte et en sélectionner les éléments. Il est question de l'eau. Alors qu'est-ce que les eaux ? Jésus marche. Qu'est-ce que la marche ? Et que va-t-il faire ? Et que faisait-il sur la barque ? À quel moment de la journée cela se passait-il ? Tous ces éléments concrets participent du sens. Pour lire un signe, il faut tout observer, tout voir, remarquer les détails.
J'ai recherché le passage dans l'Évangile Matthieu 14, 22-33.
« Jésus obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l'autre rive, pendant qu'il renverrait les foules. Quand il les eut renvoyées, il gravit la montagne, à l'écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul. La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire. Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils dirent : « C'est un fantôme. » Pris de peur, ils se mirent à crier. Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c'est moi ; n'ayez plus peur ! » Pierre prit alors la parole : « Seigneur, si c'est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais, voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »
Il faudrait décortiquer tous les détails du texte car ils ont chacun leur importance : la montagne, la barque, les vagues, la nuit, la peur, le vent… J'ai épaissi les mots ayant retenu mon attention bien qu'il faudrait sans doute sonder absolument tous les mots pour permettre au sens définitif d'émerger. J'imagine, sans avoir la possibilité de le vérifier, qu'en deux millénaires, la vaste théologie chrétienne aura réalisé cette performance. À moins que cela ne reste à faire ? Ce serait cela, la véritable modernisation de l'Eglise : non de changer le rituel comme le fit Vatican II mais apporter l'explication de ses rituel fondé sur le Code des Archétypes. Sur la Face cachée du Cerveau…
Le symbolisme dans Matthieu 14, 22-33. (Jésus marche sur les eaux).
Avant que se produise ce que d'aucuns appellent le miracle, il paraît judicieux de tenir compte de ce qui précède le climax de la séquence. L'épisode commence par : Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à passer avant lui vers l'autre rive.
S'il les oblige, c'est qu'ils ne le font pas de leur plein gré et peut-être même en rechignant. Il leur en donne l'ordre. Auquel ils obéissent. Passer sur l'autre rive est donc pour eux une obligation sérieuse, une ordonnance du Maître qui les force à réaliser cet acte de traversée, sans lui.
Préfiguration de leur mission que s'embarquer dans leur mission, à destination des rives occidentales, sans l'accompagnemnt physique de leur Maître ?
Passons à la marche sur les eaux, quitte à revenir plus loin sur les éléments entourant l'événement. Ces éléments du décor naturel permettront d'affiner la lecture du prodige.
Les théologiens ont observé que la scène de Jésus marchant sur les eaux avait trait aux eaux primordiales. Ils ont opéré un rapprochement avec le Chaos initial évoqué dans Genèse. Cependant, ce mot pourrait être discuté, car dans le texte de la Torah il est question non pas du Chaos, mais du Tohu Tobu. Le terme Chaos correspondant à une traduction ne peut expliquer pleinement l'analogie avec la scène christique qui se réfère au texte hébreu original de la Torah. C'est l'expression hébreue tohu va bohu qui devrait retenir l'attention.
L'auteur du Zohar (XII ème siècle), le kabbaliste juif espagnol Moïse Schem Tob de Leon, sunommé le Lion d'Avila, a cerné la problématique du Tohu Bohu qu'il a rapprochée de la question du Dedans-Dehors. Elle est largement traitée dans La Face cachée du Cerveau, vol 2, p. 130 et suivantes (136-157), dont je reprends cet extrait : « selon quoi, ce qui n'est pas bon dans le deuxième jour, c'est le stade Tohu, l'insuffisance de la première instance. Et ce qui s'avère bon, dans le troisième jour, c'est l'insertion de la deuxième instance, assurant la complétude cyclique, fût-elle inscrite dans la première partie du vaste développement créateur sur six couches. Cette lecture de Genèse appelle l'attention sur le caractère inassouvi des événements surgis en couche II. La mise en forme symbolique dont cette couche est le lieu, dans un cortex humain, n'est qu'augurale. Elle n'adhère pas à la force de réalisation qui est le propre du Bohu. Cette puissance sera obtenue en couche III. Selon quoi, la pensée symbolique elle-même passant par le filtrage des couches II et III, n'atteindra à sa fixation qu'à la fin du sous-cycle formé et porté par les trois couches matricielles ».
La montagne : le lieu d'élévation.
Jésus est seul sur sa rive. La Révélation en provenance de sa rive est divulguée sur l'autre rive.
Le vent est contraire : c'est le vent venant de la rive d'En - Face qui repousse la barque. C'est l'opposition réfractaire à la Connaissance.
Marchant sur la mer. Il n'est pas dit que Jésus marche sur l'eau, mais sur la mer et plus loin, sur les eaux (synomyme de mer). La mer est en hébreu "Maim", c'est une reprise des eaux de Genèse.
La mer, c'est l'état de la Connaissance en première instance (tohu). La vie en effet commence dans la mer (en Bip) puis passe à la surface Bohu (en BOP comme le dit Dominique Aubier). La mer représente les formes symboliques de la Connaissance. Jésus marche sur la mer. Cela signifie qu'il se déplace à la surface des symboles. Il se situe donc à la limite finale du symbolisme et indique la démarche à adopter : il est temps d'émerger des formes symboliques et avancer (marcher c'est actionner gauche et droite au niveau du corps) vers un entendement nouveau. Il n'a pas besoin de support extérieur (barque) étant lui-même le véhicule de la prophétie : il est ce qu'il dit sans que sa personne ne puisse se dissocier de son message. Le théologien Joseph Ratzinger parle de « la dépossession totale de lui-même… et renonçant à être pour soi… par là même il est devenu le Maître de l'Univers, de tout le cosmos…» Comment s'étonner dès lors que la mer lui obéisse, étant elle-même le symbole de la Connaissance des symboles, soumise au Maître des symboles ?
Marcher sur la mer, c'est l'annonce de la sortie du monde des symboles, par l'activation de l'Echange Latéral entre Gauche et Droite symbolisé par la marche qui s'effectue alternativement sur le pied gauche et le pied droit. Donc Connaissance et science en dialogue, permettent l'avancée vers la barque.
La barque où se trouvent les compagnons, c'est l'image de l'humanité embarquée dans son aventure culturelle. Les compagnons sont démunis dans la tempête mais doivent gagner la rive d'en face.
À la demande de Pierre Jésus invite ce dernier à quitter la barque. Pierre est le fondateur du Christianisme, à Rome. Pierre prend peur (en raison du vent ?) et n'y parvient pas. Cela désigne-t-il l'attitude du christianisme en tant que religion désirant imiter le Maître ? Le désir sincère est de le rejoindre, mais l'échec n'est-il pas visible en ce que Pierre, le fondateur de l'Eglise tombe dans la mer (de ses propres symboles) ? Il ne parvient pas émerger. Émerger de quoi ? Du Tohu de son symbolisme non suffisamment élucidé ?
Jésus (depuis la surface donc du Bohu) tend sa main et ensemble ils rejoignent la barque. Il se pourrait qu'une intervention salutaire tire le christianisme du danger de noyade s'il parvient à réaliser l'exégèse de ses propres rituels, expliquer ses propres symboles, ce qui ne semble pas avoir été fait à ce jour. Jésus sauve Pierre de la noyade. Cette prédiction christique annonce cette sortie exégétique qui sauvera l'Eglise de Pierre. Le sauvetage sera réalisé, par une main extérieure. Qui sera l'initié produisant l'exégèse salvatrice ?
La tempête cesse quand Pierre et son Maître rejoignent la barque. Il en résulte un apaisement de la nature. Quand la Connaissance sera reçue (embarquée) par la civilisation, la Nature réagira favorablement.
Voilà la lecture que je fais de cet épisode. Il s'agit d'une première lecture qui, en vertu de la loi du Redoublement, appelle son développement en BOP. Je précise dès maintenant que je n'exclus aucunement que Jésus ait vraiment marché sur la mer, transgressant la gravitation et les formes de raisonnements rationalistes. Il était l'incarnation même du symbolisme qu'il activait, en fusion totale avec son être. Avec lui, « l'être devient Acte ». Il coïncide avec son propre acte symbolique, en une sorte de fusion atomique. « Il est lui-même l'Acte d'être envoyé » écrit Joseph Ratzinger qui poursuit, p. 153 de son livre Foi Chrétienne hier et aujourd'hui : « agir n'est pas seulement agir, mais être. »
Nous en déduisons que cette identité du Christ entre être et agir lui confère toute la puissance du symbolisme, non assujetti à la lourdeur de la causalité. En effet, c'est le symbole et le sens qui conditionnent et conduisent l'événement et non le contraire. Le sens préside, et le réel se conforme à l'intention de l'Invisible s'exprimant par symboles. Dès lors il est parfaitement possible et même probable que Jésus ait réellement marché sur l'eau, s'agissant pour lui de concevoir le symbole actif s'exerçant sur un élément naturel (la mer), intelligible en tant que symbole au service du sens devant être présenté.
À mon sens, c'est un récit prophétique sur la réception (encore) inaboutie du message christique par l'Eglise de Pierre et la possibilité d'un sauvetage à condition de passer culturellement à la surface, donc à l'air libre où s'exprimera un discours exégétique.
Cette exposition en surface des secrets de la Connaissance, hors des eaux symboliques, Dominique Aubier l'a faite dans ses livres. Ses ouvrages, « Catalina la bonaventure dite aux français », « Le Secret des secrets », suivis de « La Face cachée du Cerveau » vous épauleront dans votre quête. Je ne saurais croire qu'il vous resteront inaccessibles tant le style de l'Auteure en est limpide et son langage précis.
Enfin, votre question posée en fin de lettre me touche quand vous me demandez si on peut venir et quitter ce monde sans rien comprendre à notre existence ? Ma réponse est non, car la vie ne se déroule pas sans qu'elle nous enseigne quelque chose nous donnant tant soi peu une compréhension de notre existence. Il existe toujours un moment où la Vie, en tant qu'énergie vient visiter l'esprit. L'intelligence n'épargne personne pas même le dernier des ignorants qui ne saurait vivre à l'abri d'une soudaine fulgurance pouvant le foudroyer à tout instant.
La Vie veut être comprise. Je crois que l'homme a l'obligation organique de comprendre, puisqu'il possède un cortex doté d'une ère du langage elle-même pourvue d'une aire sensible au sens (l'aire de Wernicke). L'organe existe avant la fonction. C'est à l'homme de nourrir cette capacité offerte par la Vie. Notre liberté nous permet cependant de nous barbariser… Le processus est peut-être déjà en cours ? Les expériences du dr. Sperry ont démontré que la destruction de l'ère de Wernicke permettait à l'homme certes de parler, car l'ère de Broca réservée à la pratique de la parole fonctionne indépendamment de l'ère de Wernicke. Mais le langage, suite à l'ablation de l'ère de Wernicke, s'en retrouve dépourvu de tout sens. Il se pourrait, si nous ne nous embarquons pas avec la Connaissance, que l'humanité perde pied, s'enfonce dans la parole insensée à l'image d'un cortex ayant subi l'ablation de son ère de Wernicke.
La main cependant est est tendue vers l'élévation en direction de la montage.
C'est la main tendue de la Connaissance que nous devons avoir de l'Absolu, connaissance toujours améliorée et actualisée aux nécessités du temps.
Je vous renouvelle mes remerciements pour l'occasion que vos questions m'ont donnée de sonder ce passage évangélique auquel je ne suis qu'insuffisamment familiarisé. Je continue de réfléchir à cet épisode car bien des points restent obscurs, notamment la demande que formule l'apôtre « si c'est toi, alors… » et l'incident dont il est victime en tombant à l'eau.
À défaut de vous soumettre des trouvailles très originales, je vous présenterai, avec votre permission, en une seconde instance, la suite de mes réflexions,
D'ici là, je vous prie de croire en mes chaleureuses salutations.
M. D.Blumenstihl-Roth
A voir : le film "Le Messianisme".
Article : le Messianisme et la France.
Je remercie les personnes qui reprendraient ces concepts de bien vouloir citer leur source.
Suggestions et remarques sont les bienvenues.
mercredi 21 mars 2018
Jésus a-t-il vraiment marché sur les Eaux ? Qui peut résoudre cette énigme ?
vendredi 16 mars 2018
Ouvrir cette énigme du Talmud. Une histoire d'oiseau et de Serpent. 2/2
Suite de l'énigme talmudique : une histoire d'oiseau et de serpent (part 2/2)
Dans un blog précédent, je vous ai soumis cette énigme du Talmud, une histoire d'oiseaux.
Dans une première partie, j'ai expliqué ce qu'était le Talmud. Vous aurez remarqué que le Talmud est lui-même une seconde instance par rapport à la Torah.
Il arrive en second niveau, par des récit symboliques et allégoriques. Le troisième niveau sera celui de la Kabbale. Et le quatrième, celui de l'explication de l'ensemble du processus révélatoire. Le messianisme n'est rien d'autre que cette résolution terminale, relançant vers un cycle nouveau.
Voici la suite de l'explication. Un décryptage du récit talmudique à la lumière des critères de la Connaissance. Je disais dans le blog que c'est une histoire de Redoublement. Alors répétons la chose ici :
« Là où la première instance n'aura été qu'informative, sans conséquence effective, la seconde se verra confrontée à la réponse de la Vie. Le second voyageur suit scrupuleusement le texte biblique du Deutéronome : celui là grimpe à l'arbre, prend les petits oiseaux après avoir, comme le prescrit la Torah, chassé la mère. Mais en redescendant de l'arbre, notre bonhomme est mordu par un serpent et en meurt. Là aussi, insérons le mot essentiel à la compréhension : « pourtant ». Pourquoi est-il mordu par un serpent alors qu'il a fait ce qui est prescrit ? N'est-ce pas le premier qui aurait dû être mordu ? »
Eh bien c'est en raison du Redoublement. Le premier a ouvert un cycle qui se déploie en deux temps. Il a introduit une erreur en ne chassant pas la mère. Cette information est prise en compte par le cycle qui en développe la thématique et qui conditionne le futur. La seconde instance subit le conditionnement de la première et l'erreur inoculée en « Bip » (l'expression est de Dominique Aubier) déclenche les conséquences en « BOP ». On ne peut rien modifier en BOP, dès lors que l'instance Bip est déterminante de l'avenir. Le livre-arbitre (pardon : le libre-arbitre) n'existe plus en seconde instance. La liberté a son lieu, son temps, et même son instant. C'est l'instant de la décision. C'est en première instance informative que l'Homme peut orienter l'avenir, le travailler, le modeler. Ainsi, quand le second voyageur, scrupuleux serviteur du texte s'empare des oisillons, il paie le fruit de l'erreur préparée par le premier. Le serpent n'est là que parce que le premier a commis l'erreur. Le serpent, alerté (informé de la Loi du Redoublement ?), attend tranquillement la seconde occurrence dont il sait qu'elle ne lui échappera pas. Il tire son droit de mordre depuis l'erreur commise en première instance.
Le véritable responsable de la mort du second voyageur n'est donc autre que le premier qui n'a pas respecté à la lettre la prescription de chasser la mère. Il a tout voulu garder pour lui, mère et petit, commettant là une grave erreur intellectuelle se répercutant sur le cycle suivant.
Le second récit reprend le même thème.
C'est à nouveau le second voyageur qui subit l'issue fatale. Le fils monte à l'arbre, chasse la mère. Il fait exactement ce que son père lui dit, et pourtant en redescendant, la branche casse. Cette branche cassée, c'est celle de la première instance fragilisée par le premier voyageur n'ayant pas observé la règle. Là aussi, c'est le premier promeneur qui endossera la responsabilité de la mort de l'enfant, c'est lui qui lui a préparé l'issue funeste. En accomplissant une première instance fautive il a conditionné l'avenir à l'image de sa faute. Le second voyageur, conditionné par une faute première, à son tour commet une erreur, en ce qu'il n'assume pas sa responsabilité. Il envoie son fils au lieu d'y aller lui-même. Il compromet la jeune génération en l'obligeant à se poser sur une branche cassante. Cette image m'a fait penser à l'héritage nucléaire que nous laissons à l'avenir…
10. Le rôle de l'observateur.
Il y a dans ce récit talmudique un personnage essentiel : c'est l'observateur-narrateur se tenant comme à l'écart des choses. Elicha assiste à ces scènes et nous en fait part. Il a donc vu le comportement des différents protagonistes. Se pose la question : comment, lui, Rabbi formé au Texte, à l'exégèse, au Commentaire, n'est-il pas intervenu ? Il a bien vu que le premier voyageur n'a pas respecté la règle en ce qu'il a pris l'oiseau et les petits. Que n'a-t-il fait la remontrance au voyageur ! Que ne l'a-t-il interpellé ! Que ne lui a-t-il dit : « mais tu commets une faute ! Au lieu d'écarter la mère, tu l'emmènes ! C'est contraire au Texte du Deutéronome dont tu t'inspires pourtant en ce que tu montes à l'arbre ! De la Torah, tu ne prends que ce qui t'arranges ! » Au lieu de cela, Elicha se poste au pied de l'arbre, spectateur silencieux et curieux de la suite.
Et c'est ainsi que le lendemain survient le second voyageur. Il succombera à la morsure du serpent enroulé, lui aussi, dans l'attente.
Voyant arriver le second passant, pourquoi Elicha ne l'a-t-il averti ? Pourquoi ne lui a-t-il pas dit : « Attention, hier quelqu'un est venu et a tout emporté. La mère et les petits. Hier, un malotru a tout pris, sans respecter le Texte, il a pris la mère au lieu de la renvoyer. Ayant fait cette erreur, je te déconseille d'y monter. Je ne voudrais pas qu'il t'arrive malheur en raison de l'inconduite de cet énergumène qui t'a précédé. » N'aurait-il pas dû compléter : « J'ai tout vu, Le premier a tout pris, il ne reste rien. Inutile de monter. Il a pillé la couvaison et n'a pas respecté la mère. Il vaut mieux que tu choisisses un autre arbre, un autre nid ».
Mais Elicha reste à nouveau silencieux : il se pose en observateur prétendument neutre, en narrateur soi-disant objectif de l'histoire qu'il raconte.
Et n'est-ce pas là son erreur ? Le narrateur n'est jamais neutre. L'observateur transforme, conditionne la réalité qu'il observe. La chose a été commentée par les physiciens depuis les travaux de Louis de Broglie sur l'onde et la particule, ayant noté que le comportement de la particule, sous le microscope électronique, changeait selon qu'il y ait ou non un observateur. C'est l'observateur, par le fait même de regarder, qui modifie le cours des événements.
La responsabilité de l'observateur est pleinement engagée dans l'exécution du drame se produisant sous ses yeux. Sa non-intervention, en toute connaissance de cause — ou toute ignorance — est à l'origine des désastres frappant les seconds voyageurs.
Le texte du Deutéronome et le récit talmudique ne deviennent intelligibles qu'à la lumière de la grille des archétypes :
1. Le Principe d'Unité.
Les cycles évolutifs :
Rabbi Elicha ne s'aperçoit pas de l'existence du cycle qu'il a ouvert en se postant comme observateur. Or « Chaque fois qu'une initiative est prise, un cycle s'ouvre autour d'elle. Les initiés surveillent avec attention les données qui pénètrent dans ce lieu. Les éléments qui s'y glissent vont agir par la suite » (D. Aubier).
3. Le Redoublement. Histoire en deux instances.
4. L'archétype du « Stop » présence du Serpent Nahach. (lire à ce sujet / Catalina. Une superbe explication de Nahasch se trouve dans ce livre.)
11. Les observateurs, c'est nous
J'ai soumis le récit talmudique à la perspicacité des lecteurs du blog que j'anime sur le site https://kabbale-kabbalah.blogspot.fr/. Plusieurs personnes ont réagi à mon appel.
Certains ont estimé que cette histoire était une absurde composition de situations irréalistes. Et que la leçon à en tirer, ce serait de ne pas se casser la tête, de vivre tout simplement sans se compliquer la vie. Si tel est le cas, nous serions en droit de nous demander pour quelle raison le passage du Deutéronome a été canonisé. Pour nous dire qu'il est absurde ? Ne serait-ce pas tenir en piètre estime l'enseignement des sages s'ils nous disaient de ne réfléchir à rien, d'engloutir œufs, oiseaux et nid, comme d'horribles gloutons, et pire, d'en faire une obligation ?
Un Lecteur nous a fait part d'une très intéressante approche en ce qu'il a tenu compte du nom Génézareth figurant en ouverture du récit talmudique. C'est un détail important : il ne figure pas dans le texte biblique du Deutéronome qui indique la loi générale. Le Talmud donne un cas particulier, et la mention de Génézareth qu'il ajoute n'est pas vaine. C'est tout exprès, dans un but pédagogique, que le Talmud a inséré cet élément. A nous d'en attraper le sens. La mention du lieu recèle à elle-même l'élément central de l'énigme. Il faut entendre le mot en hébreu et en faire la lecture en extrayant une à une les lettres composant le mot.
Frédéric Thomas a levé le lièvre. Il écrit : « Comme l'indique le lieu de Genézareth : la marche (Guimel) du cycle particulier (Noun) est close (Tzadé) et s'ouvre à sa synthèse (Reisch) et son intégration (Tav), ce qu'observe sagement l'homme qui s'empare de la matrice cyclique et de ses données pour en consommer le sens et ce que ne fait pas celui qui échoue en appliquant une consigne valable tant que le cycle n'est pas terminé. »
Je souscris à cette lecture du mot Génézareth, et nous pouvons l'améliorer en posant les choses de manière plus précise. On remarquera que le narrateur (Elicha) vient de Génézareth. Et dans Génézareth se trouve le mot de Nazareth. Un mot universellement connu. Nous pouvons partir de Nazareth et remonter à Génézaret pour avoir le sens complet du mot. Nazareth, nom d'un village, est un mot codé. En effet, écrit Dominique Aubier, « dans la Torah, on ne dit pas Labyrinthe. On dit plus conceptuellement Nazareth ». Lettre par lettre :
Noun = l'homme.
Tzadé = bifurcation et Stop sur la branche évolutive gauchère.
Resch = la connaissance du Verbe et ses lois.
Tav = la fin du cycle.
Nazareth signifie donc : l'homme, parvenu en Tzadé, doit opter pour la branche droitière, monter vers le Resch, le Verbe, jusqu'au bout du cycle.
Pour cela, il doit s'instruire des Lois du Verbe, donc des lois archétypales et de l'Alphabet.
Ajoutant l'initiale Guimel, présente dans Génézareth, on obtient la présence des « choses ». Les choses, la réalité, sont à l'initiale de la pensée d'Elicha. Il croit donc ce qu'il voit. Il décrit, raconte, mais comprend-il ? Remarque-t-il que l'homme (Noun) n'observe pas le Tzadé (il ne sépare pas la mère des petits et embarque tout) ? Voit-il la bifurcation en Gauche et Droite dans le cycle, (présence du Serpent sur la voie gauchère) ? Voit-il que l'homme devrait s'emparer de la leçon la plus aboutie (la nouvelle génération des oisillons) après avoir écarté l'ancien mode de réception (le symbolisme inachevé) afin de poursuivre son évolution jusqu'au Tav, dernière lettre du cycle ? S'aperçoit-il de l'erreur du père envoyant son fils, alors que c'est lui-même qui aurait dû y aller ? Elicha, venant de Génézareth, est instruit par les « choses ». Par l'expérience concrète dans leur déroulé linéaire. L'expérience du réel n'en donne pas la science. Il assiste au drame, il voit ce qui se déroule. Mais n'intervient pas, parce qu'il ne connaît pas les Lois qui président à la réalité dont il est le témoin. Il en reste à la lecture littérale des événements qu'il ne considère que comme une succession d'anneau s'enfilant l'un dans l'autre. C'est l'inconnaissance des lois cyclique qui produit la protéine terminale malheureuse, enroulée au pied de l'arbre. Elicha, de Génézareth, est comme nous : un somptueux ignorant. De là sa lamentation finale « Est-ce là, la Torah, est-ce la sa récompense ? Il semble bien qu'il n'y ait ni rémunération ni résurrection ! ». De là qu'il sera, dans une autre histoire, éliminé dans sa quête du PARDES.
12. La présence de Nahach.
Relevons, dans le récit, la présence de Nahach — le Serpent. Je consacrerai un blog spécifique au thème Nahasch.
Lire à ce sujet le chapitre consacré à ce reptile dans La Face cachée du Cerveau. Il est l'indicateur du « Stop » à marquer d'urgence. Ici, vous en voyez l'image. Cela signifie qu'il faut arrêter. Non pas arrêter de lire ce texte mais cesser d'ignorer le sens que cet animal recèle. Animal très respectable. En tant qu'être vivant, il est chargé d'une mission extraordinaire, ce qui le rend très précieux : il nous informe, par le fait même qu'il est la forme vivante de l'archétype, de ce qu'il convient de faire quand on le rencontre. En aucun cas le tuer. Mais s'en écarter. Pour cela, intégrer la pleine connaissance de ce qu'il est. Donc le regarder en face. J'ai fait cette peinture de Nahasch, pour lui dire : je sais qui tu es, et je sais, grâce à la leçon de mon Maître, que tu ne me mordras pas. Le Serpent parle. Et avant de mordre, il avertit. Dans le texte talmudique, il mord. Mais avant cela, il a parlé. Qu'a dit Nahasch ?
Comme il est de règle, il faut se reporter à sa première occurrence, c'est-à-dire remonter à sa première apparition dans le Texte. C'est une règle, pour bien étudier la Torah, que toujours rechercher « la première fois ». C'est aussi une règle applicable dans nos vies. Se rappeler, quand on entend un mot, quand on vit une situation, où et quand elle a pu survenir la première fois. Cela s'appelle rechercher le Guézer, remonter à l'information première. L'Écriture biblique ne cesse de s'organiser sur ces rappels et relances pour nous enseigner afin que nous puissions les voir, les intégrer, et en disposer pour la gestion de nos existences. En cela, « le monde réalise l'Écriture » parce que ce monde est le lieu même de la certitude et de cette Écriture certaine. La certitude initiatique étant l'expression de la vérité même. Dès lors le Talmud, par-delà ses apparences d'éclatement, est le territoire même du vrai, unifié, unique. L'incertitude n'étant que le fruit de notre subjectivité, de nos fuites et distractions. Trop souvent, ne sommes-nous pas, comme Elicha, à nous réfugier dans l'observation irresponsable face aux événements ? La vérité se saisit à bras le corps, et non dans l'hésitation « des infinis variations du possible ».
13. Nahasch est là.
Il est bien là, certain de mordre, parce que tout a été fait pour l'y inciter. Il se love dans sa certitude. Il assiste au désastre avec toute la malice propre à l'esprit « reptile ». Il est là, au pied de l'arbre, depuis sa première occurrence en Genèse III-1 : « Mais le serpent était rusé… » Observateur amusé, le Serpent examine le comportement du narrateur dont il remarque l'inertie ; elle est due soit à son ignorance de la règle, soit à une paresse intellectuelle le confinant à croire qu'il pourrait assister au malheur du monde sans y être mêlé. Orgueil suprême du joueur « hors jeu » convaincu qu'il serait enrobé d'un isolant le protégeant des fièvres de la réalité. Cette réalité, le Serpent y participe résolument. Le serpent est ce qu'il est. Nous aussi, nous pouvons être ce que nous sommes. Et n'être pas ses victimes.
Un lecteur attentif a souligné la présence du Serpent dans le récit talmudique. Emmanuel F. écrit : « L'oiseau, c'est l'envol en couche 5. Qui échoue ? Les oiseaux ou n'importe qui en couche 5 arrivée à son terme ? Allusion à la fin de la couche 5, au Stop, au danger de ne pas obéir au Stop… Et voilà un serpent, symbole de l'évolution côté gauche, de la protéine constituée… » Poursuivant son étude du récit talmudique, Emmanuel F. s'interroge : « avez-vous noté l'importance que l'auteur accorde au symbolisme des animaux, de la Nature en général ? Il pourrait vouloir attirer notre attention sur le fait qu'il faille regarder les choses dans le réel, et que nous devrions considérer l'utilisation du symbolisme des animaux dans les textes sacrés comme hautement valable. C'est un thème à explorer, qu'en pensez-vous ? »
Frédéric T. a été sensible à la présence de l'animalité dans ce récit talmudique : voici ce qu'il écrit en commentaire sur le blog précédant : « Énigme fort délicate, on marche sur des œufs... Difficile de rassembler ces données très intriquées en un tout qui fasse sens. L'oiseau se dit Tzipor et je pense que c'est aussi un indice important. » Oui, l'oiseau est au cœur de l'affaire : quelle idée daller prendre des œufs et de déranger des oiseaux à moins qu'il ne s'agisse de remarquer les volatiles dont le mot hébreu est en effet Tsipor. Tzadé, Pé, Resch lettres que l'on retrouve dans Tzarfat, la France en hébreu. Cela désigne la montée vers le Verbe (Pé) le dévoilement du Resch - Rosch le Cerveau. Le mot (Tzarfat - France) צרפת lettre à lettre veut dire : "ici, la dualité des pôles contraires est à son maximum d'intensité (Tzadé) dans un cerveau (Reisch) qui a la vertu de parler (Pé la bouche) la fin cyclique (Tav). Cette équation a été conçue par l'esprit du prophète Obadia quand il a écrit son verset I, 20, prévoyant la sortie messianique en Espagne et en France. D'où la vocation universalisante de la France. C'est le chant de l'oiselle qui le dit. Tsiporah, l'épouse de Moïse… Qui a donc un rapport direct avec la France. Chercher l'oiselle qui en France aura libéré le discours de Moïse…
J'ai traité cela dans le blog à cette page : le messianisme de la France.
C'est pour avoir ignoré la vérité des archétypes, pour avoir cru en la littéralité des événements dont il ne tire pas le sens — et dont il ne lit aucunement les lettres — que Rabbi Elicha empruntera, selon la légende talmudique des quatre Rabbins, le chemin le menant à sa perdition : il se maintient à distance de la vie, persuadé comme le sont de nombreux chercheurs que « seul comprend celui qui sait se tenir hors du jeu ».
Nous préférons adopter la maxime positive : seul comprend celui qui participe au jeu, celui qui s'implique, qui descend dans l'arène de la réalité (Guimel de Génézareth) — mais doté du Code des Archétypes et des Lois. Il n'existe pas de compréhension possible du monde à l'insu de sa réalité. La Connaissance, c'est précisément l'ensemble des lois structurant le réel, et Le Réel, c'est le territoire même de la grande leçon initiatique telle qu'elle se communique à nous.
14. Qui te l'a dit ?
Cette explication est issue d'une réflexion réalisée à partir de l'enseignement de mon Maître (post-kabbaliste). Elle m'a fait comprendre qu'il fallait étayer l'idée selon laquelle « chaque génération doit comprendre à sa manière le texte transmis. » En effet, il ne s'agit pas seulement de « comprendre à sa manière » comme le croit le philosophe auteur du Livre Brûlé, p. 87, encore faut-il que chacun comprenne de manière correcte. Autrement dit : à chacun sa manière de comprendre, mais la meilleure compréhension sera celle qui s'appuiera sur les critères invariables et stables de la Connaissance surplombant nos libertés subjectives.
Nous comprendrons mieux cette métaphore de l'oiseau en lisant ce passage du livre La 23ème Lettre de l'Alphabet hébreu, de Dominique Aubier, page 259 : « Il y a toujours eu deux voies dans l'histoire de la pensée juive : une phase constructive et une crise éruptive. La première conserve et fixe les acquis. L'autre comme un geyser, en véritable phénomène volcanique, pousse de l'avant la réflexion obtenue. Voie cavalière et cavalante, dirait Cervantès, observable sans difficulté dans l'histoire de la pensée juive qui suscite tour à tour les épisodes Mischna, Talmud et Kabbale. Il arrive qu'entre deux jaillissements, l'écart soit au maximum, entraînant des durcissements doctrinaux…
Justice sera rendue à l'œuvre du Maître grâce à qui cette réflexion libérante est rendue possible. C'est en effet elle (l'Oiselle) qui m'a appris à « écarter la mère » (donc le langage ancien de la tradition et tous les attardements qui s'y complaisent) et à prendre les petits oisillons (c'est-à-dire intégrer l'enseignement le plus en phase avec la modernité donc avec le concours des sciences). Prendre la Connaissance actualisée selon la grille de lecture dévoilée et le Code de l'Alphabet et des Archétypes. Donc… fermer le Talmud pour entrer dans le sens pleinement déployé et ouvrir les livres dévoilant la face cachée des choses.
— Je vous remercie de contribuer à cette recherche du sens si vous voyez des points pouvant être complétés ou améliorés.
— Je remercie les personnes s'inspirant de ce blog de bien vouloir citer leur source : Le Talmud enseigne en effet que « Quiconque rapporte une chose au nom de son auteur amène la délivrance pour et dans le monde. » (Lire aux Éclats, p. 313) . "Kol haomèr davar bechèm omro mévi guéoula laolam".
— Tous les livres et films de mon Maître.