Commentaire sur le Péché d'Eve (Hava). (1/1)
Par D. Blumenstihl-Roth
Il m'est arrivé, dans des blogs précédents, d'observer combien certaines approches du texte biblique souffraient d'être séduisantes au détriment de l'exactitude. Pour ce qui me concerne, je m'en tiens à la technique des kabbalistes, pour qui la Torah est un texte rigoureux, codé, crypté et dont il convient de libérer le sens au plus près des Lettres. Je m'en tiens aussi à une connaissance du Code initiatique fondée sur un Code établi, une grille de lecture applicable non seulement aux textes, mais aussi à la vie, nos propres vies.
Je propose aujourd'hui une mise au point documentée sur Eve (Hava). Ce sera un peu long. Je vous remercie de votre patience. Je la présente en deux parties dont la deuxième sera publiées dans un blog ultérieur.
1. Une lecture démocratique de Genèse.
En ces temps démocratiques salutaires et bénis où tout le monde a raison, chacun a le droit d'avancer sa propre lecture de la Torah, quitte à inventer une interprétation personnelle. Dans cette égalité où toutes les expertises se valent, l'étude d' Ève que présente tel auteur est certainement brillante selon qui Ève serait synonyme de vivante et la « mère des Vivants » parce que son nom évoquerait la vie. Ce raisonnement est généreux d'associer Ève (Hava) aux forces de la vie. La formule est répétée, reprise de livre en livre et finit par prendre la force de la chose admise. Nombre de lecteurs s'en sont convaincus et plusieurs auteurs ont repris la thèse avec conviction. Cependant, aucun kabbaliste sérieux n'appuiera cette lecture. Elle souffre en effet d'une erreur de parallaxe.
Une mise au point s'impose, au sens ophtalmologique de l'expression : régler correctement la focale et regarder de près comment s'écrit Ève en hébreu. Hava.
Son nom s'écrit Het, Vav, Hé.
חוה
Une mise au point s'impose, au sens ophtalmologique de l'expression : régler correctement la focale et regarder de près comment s'écrit Ève en hébreu. Hava.
Son nom s'écrit Het, Vav, Hé.
חוה
Son nom n'étant significatif qu'en hébreu, il n'incrimine en rien les femmes s'appelant Ève. Je pense que si ce beau prénom est de nos jours porté par quantité de femmes, c'est justement dans un esprit positif visant à réparer l'erreur de Hava. Pour rassurer les femmes s'appelant « Ève » je dirais que leur prénom intègre justement la lettre manquante de Hava. Le prénom moderne d'Ève correspond à mon sens au projet réparateur de l'humanité que Hava a raté.
Mon Maître m'a expliqué :
en hébreu la Vie s'écrit avec un YOD, lettre de l'énergie.
חיוה
Or Hava, dont le nom procède bien de la racine évoquant la vie, ne possède pas ce YOD. C'est qu'elle en est privée. Elle a bien commis l'erreur fatale. C'est de l'erreur qu'elle tire son nom, privé de Yod. Et comme elle ne possède pas de Yod dans son nom, elle ne possède pas l'énergie vitale alors même que son nom dérive du verbe « vivre ».
« Hava » est en cause pour avoir induit l'humanité dans une voie erronée. Il est donc impossible qu'elle soit en analogie avec les forces de vie, car elle est celle qui les a niées.
Certes, il est écrit dans la Torah ( Genèse 3-20) : « L'homme donna pour nom à sa compagne "Hava" parce qu'elle fut la mère de tous les vivants. » Mais ce nom apparaît après qu'il y eut le « péché ». Avant cela, elle s'appelait "Isha" (Genèse 2-23).
Isha (femme) s'écrit Aleph, Schin, Hé. « Celle-ci sera nommée Isha » dit l'homme -Adam à Genèse 2-23 tandis que Hava est appelée « sa femme » et ce nom Hava lui est donné par l'homme tel que le précise le verset : « L'homme donna pour nom à sa compagne "Hava"… » (Genèse 3-20). Dans le premier cas, c'est l'homme qui parle et Isha reçoit ce nom dans une phrase passive au futur (elle sera nommée…). Dans le second cas, l'homme donna pour nom Hava, le narrateur conte l'événement au passé. Hava porte sur elle le passé de l'erreur.
3. Isha s'écrit ainsi :
אשה
Isha possède l'Aleph en initiale, lettre désignant le système d'Absolu. Suivie du Schin : le Verbe. Suivi du Hé, avec ses deux piliers en gauche et droite, structure ouverte à l'avenir à l'endroit où la lettre présente un espace d'ouverture en haut à gauche. Le Zohar ajoute que « Isha signifie que Dieu a uni le feu (Esch) et le Hé », principe féminin. (Zohar I, 48b, vol I. éditions Maisonneuve, trad. Jean de Pauly). Isha est à mon sens l'archétype même de la vie, recevant l'information Aleph, la déployant sur les niveaux d'organisation Schin et projetant l'énergie, après les échange latéraux en Gauche et Droite, vers le futur (ouverture de la lettre Hé).
Certes, il est écrit dans la Torah ( Genèse 3-20) : « L'homme donna pour nom à sa compagne "Hava" parce qu'elle fut la mère de tous les vivants. » Mais ce nom apparaît après qu'il y eut le « péché ». Avant cela, elle s'appelait "Isha" (Genèse 2-23).
Isha (femme) s'écrit Aleph, Schin, Hé. « Celle-ci sera nommée Isha » dit l'homme -Adam à Genèse 2-23 tandis que Hava est appelée « sa femme » et ce nom Hava lui est donné par l'homme tel que le précise le verset : « L'homme donna pour nom à sa compagne "Hava"… » (Genèse 3-20). Dans le premier cas, c'est l'homme qui parle et Isha reçoit ce nom dans une phrase passive au futur (elle sera nommée…). Dans le second cas, l'homme donna pour nom Hava, le narrateur conte l'événement au passé. Hava porte sur elle le passé de l'erreur.
Après la faute, Isha n'est pas égale à Hava. L'une, Isha, est
l'archétype de la donneuse de vie possédant l'Aleph. L'autre, Hava, « sa
» femme (celle d'Adam) appartient à un tout autre registre. Elle n'a
pas repris à son compte l'Aleph (1) sous la forme du Yod (10).
Cependant, un bel espoir subsiste, car elle sera nommée Isha et
ce verbe au futur n'est pas aboli par l'erreur. Ce futur n'est pas fixé
dans une limite de temps et peut donc atteindre notre présent. Si
l'erreur de Hava est corrigée, aussitôt Isha retrouve son nom.
3. Isha s'écrit ainsi :
אשה
Isha possède l'Aleph en initiale, lettre désignant le système d'Absolu. Suivie du Schin : le Verbe. Suivi du Hé, avec ses deux piliers en gauche et droite, structure ouverte à l'avenir à l'endroit où la lettre présente un espace d'ouverture en haut à gauche. Le Zohar ajoute que « Isha signifie que Dieu a uni le feu (Esch) et le Hé », principe féminin. (Zohar I, 48b, vol I. éditions Maisonneuve, trad. Jean de Pauly). Isha est à mon sens l'archétype même de la vie, recevant l'information Aleph, la déployant sur les niveaux d'organisation Schin et projetant l'énergie, après les échange latéraux en Gauche et Droite, vers le futur (ouverture de la lettre Hé).
Sa valeur numérique est 1 + 300 + 5 = 306.
Tandis que Hava s'écrit ainsi : Het Vav Hé.
חוה
Je reprends le nom de Hava en police Times afin que l'on observe bien le tracé des lettres.
Hava, qui aurait dû récupérer l'énergie de l'Aleph après le Hé de Isha, ferme ce Hé et le transforme en Het. L'énergie de l'ALEPH (issue de Isha) n'y est pas reprise. Il aurait fallu qu'on retrouve soit un YOD (10) en reprise développée de l'Aleph (1) ou un Aleph répété. À la place on trouve une absence instillée par l'erreur, une vacuité qui glisse sur la plate-forme supérieure couvrant le Het (première lettre), elle monte le long du petit appendice terminal à gauche. Elle monte et ouvre un nouveau cycle Vav (deuxième lettre).
Tandis que Hava s'écrit ainsi : Het Vav Hé.
חוה
Je reprends le nom de Hava en police Times afin que l'on observe bien le tracé des lettres.
Hava, qui aurait dû récupérer l'énergie de l'Aleph après le Hé de Isha, ferme ce Hé et le transforme en Het. L'énergie de l'ALEPH (issue de Isha) n'y est pas reprise. Il aurait fallu qu'on retrouve soit un YOD (10) en reprise développée de l'Aleph (1) ou un Aleph répété. À la place on trouve une absence instillée par l'erreur, une vacuité qui glisse sur la plate-forme supérieure couvrant le Het (première lettre), elle monte le long du petit appendice terminal à gauche. Elle monte et ouvre un nouveau cycle Vav (deuxième lettre).
Ce cycle ouvert par HAVA est enrichi de l'erreur construisant à son tour une structure Hé en Gauche et Droite. Mais sans l'énergie de l'Aleph. Où est-il passé ? Hava a pour valeur numérique 19. C'est la même valeur que le mot « union » (ihoud). À ceci près que le mot ihoud possède justement ce qui manque à Hava , c'est-à-dire un bel Aleph en initiale (Aleph, Het, Vav, Dalet). Les mots sont à rapprocher, et leur différence est à observer.
L'union ne peut se réaliser que par le Système Aleph soutenant une structure duelle où Gauche et Droite (Hé) s'unissent, pour commencer un cycle (Vav) ouvert (Dalet). Hava n'a rien fait de tout cela, ayant méprisé l'Aleph et ignoré les lois de l'énergie.
Peut-être existe-t-il une possibilité de corriger le cycle qu'elle a ouvert ? C'est faisable, à condition que l'erreur soit bien identifiée et que l'énergie correctrice y soit inoculée. De nombreux correcteurs y ont travaillé, de Moïse à Rabbi Aqiba, Jésus, Bouddah et sans doute d'autres grands initiés de traditions non moins dignes d'intérêt.
4. Dans le nom de Hava, il faut remarquer l'absence de tout Aleph et de Yod. Les forces de vie n'y sont pas.
Dès lors, si Hava est appelée par l'homme « mère de tous les vivants » dans la Torah, c'est tout juste après que l'erreur fut commise. Elle tire son nom de l'erreur : le texte est sans ambiguïté : « elle fut appelée » (par qui ? par l'homme et non par Dieu), sous-entendu : elle reçut ce nom-là, bien que ce n'était pas le sien. C'est donc une sorte de surnom lié à son acte. Hava est une appellation distincte de Isha, ne désignant pas la mère des forces de vie, mais la génitrice de ceux qui vivent là, les vivants dans le cycle ouvert par la faute. Il faut entendre l'expression « tous les vivants » dans le sens de « tous ceux qui vivent là, à ce moment-ci du cycle. » Hava est la mère de tous les vivants de ce cycle qu'elle a induit en erreur où règneront les options prônées par le Serpent. Mais en aucun cas, elle n'est associée aux forces de la Vie dont elle est la négation.
Rachi, le grand exégète médiéval (né à Troyes en 1040) écrit, dans son commentaire sur le Pentateuque (vol 1 p. 18, éd. Comptoir du livre du Keren Hasefer 1957) que « le nom de Hava vient du verbe vivre ( חיה ) ». Je rejoins son avis éclairé. Car s'il dit que Hava vient du verbe vivre cela ne signifie pas que Hava soit elle-même la vivante. Avec le subtil Rachi, il convient de redoubler d'attention car il n'utilise jamais un mot par hasard. Il est dans sa technique de lancer une phrase à l'adresse du Lecteur, lui laissant le soin de chercher par lui-même une suite qu'il s'interdit d'expliciter. Comme il se doute que nous ne trouverons pas aisément, il ajoute ces mots brefs : « parce qu'elle donne la vie à ses enfants ». Voilà une réponse lapidaire. Faut-il entendre qu'elle est Hava, en tant qu'être biologique donnant vie à ses enfants, sans plus ? Qu'elle met au monde sa descendance qui vivra dans un cycle civilisateur entaché par son erreur ?
Peut-être existe-t-il une possibilité de corriger le cycle qu'elle a ouvert ? C'est faisable, à condition que l'erreur soit bien identifiée et que l'énergie correctrice y soit inoculée. De nombreux correcteurs y ont travaillé, de Moïse à Rabbi Aqiba, Jésus, Bouddah et sans doute d'autres grands initiés de traditions non moins dignes d'intérêt.
4. Dans le nom de Hava, il faut remarquer l'absence de tout Aleph et de Yod. Les forces de vie n'y sont pas.
Dès lors, si Hava est appelée par l'homme « mère de tous les vivants » dans la Torah, c'est tout juste après que l'erreur fut commise. Elle tire son nom de l'erreur : le texte est sans ambiguïté : « elle fut appelée » (par qui ? par l'homme et non par Dieu), sous-entendu : elle reçut ce nom-là, bien que ce n'était pas le sien. C'est donc une sorte de surnom lié à son acte. Hava est une appellation distincte de Isha, ne désignant pas la mère des forces de vie, mais la génitrice de ceux qui vivent là, les vivants dans le cycle ouvert par la faute. Il faut entendre l'expression « tous les vivants » dans le sens de « tous ceux qui vivent là, à ce moment-ci du cycle. » Hava est la mère de tous les vivants de ce cycle qu'elle a induit en erreur où règneront les options prônées par le Serpent. Mais en aucun cas, elle n'est associée aux forces de la Vie dont elle est la négation.
Rachi, le grand exégète médiéval (né à Troyes en 1040) écrit, dans son commentaire sur le Pentateuque (vol 1 p. 18, éd. Comptoir du livre du Keren Hasefer 1957) que « le nom de Hava vient du verbe vivre ( חיה ) ». Je rejoins son avis éclairé. Car s'il dit que Hava vient du verbe vivre cela ne signifie pas que Hava soit elle-même la vivante. Avec le subtil Rachi, il convient de redoubler d'attention car il n'utilise jamais un mot par hasard. Il est dans sa technique de lancer une phrase à l'adresse du Lecteur, lui laissant le soin de chercher par lui-même une suite qu'il s'interdit d'expliciter. Comme il se doute que nous ne trouverons pas aisément, il ajoute ces mots brefs : « parce qu'elle donne la vie à ses enfants ». Voilà une réponse lapidaire. Faut-il entendre qu'elle est Hava, en tant qu'être biologique donnant vie à ses enfants, sans plus ? Qu'elle met au monde sa descendance qui vivra dans un cycle civilisateur entaché par son erreur ?
Rachi nous invite (sans rien en dire) à regarder la différence fondamentale entre les deux termes hébreux écrivant d'une part Vivre, et Hava d'autre part.
À nous de voir clair dans ce non-dit. J'ignore si les commentateurs de Rachi ont fait la distinction, car il est difficile de lire les sous-entendus d'un initié qui s'interdit d'en dire davantage, estimant avoir déjà franchi la limite de ce qui pouvait être révélé en son temps.
Dominique Aubier a observé que si vivre s'écrit bien avec un Yod, le nom de Hava n'en possède aucun. Son nom se voit précisément privé de ce qui caractérise l'énergie et la vie. Hava est donc celle… qui n'en a pas et ce qu'elle engendre, ce sont des cycles pénalisés par cette absence. Ce qui expliquerait pourquoi Rachi, dans sa technique du non-explicite, établit un lien peu évident à première vue entre Hava et le mot « être », « devenir » (היה) en citant Eccl. 11,22 : « qu'advient-il à l'homme ». Ce rapprochement devient intelligible après que l'on ait bien saisi la leçon touchant les lettres : en effet, qu'advient-il à l'homme (sous-entendu : après Hava) : autrement dit, comment l'homme peut-il vivre, si le verbe vivre, dans ce cycle, se trouve dépourvu de Yod ?
À nous de voir clair dans ce non-dit. J'ignore si les commentateurs de Rachi ont fait la distinction, car il est difficile de lire les sous-entendus d'un initié qui s'interdit d'en dire davantage, estimant avoir déjà franchi la limite de ce qui pouvait être révélé en son temps.
Dominique Aubier a observé que si vivre s'écrit bien avec un Yod, le nom de Hava n'en possède aucun. Son nom se voit précisément privé de ce qui caractérise l'énergie et la vie. Hava est donc celle… qui n'en a pas et ce qu'elle engendre, ce sont des cycles pénalisés par cette absence. Ce qui expliquerait pourquoi Rachi, dans sa technique du non-explicite, établit un lien peu évident à première vue entre Hava et le mot « être », « devenir » (היה) en citant Eccl. 11,22 : « qu'advient-il à l'homme ». Ce rapprochement devient intelligible après que l'on ait bien saisi la leçon touchant les lettres : en effet, qu'advient-il à l'homme (sous-entendu : après Hava) : autrement dit, comment l'homme peut-il vivre, si le verbe vivre, dans ce cycle, se trouve dépourvu de Yod ?
Oui, qu'advient-il à l'homme s'il se prive de l'énergie Yod, s'il s'enfonce dans le devenir non soutenu par les forces du verbe ou du mensonge ?
La suite de cet article est publiée ici : Hava et le Serpent
Le Yod en action dans le Cœur… Qu'est-ce que le Cœur ?
Le Yod en action dans le Cœur… Qu'est-ce que le Cœur ?
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