La canicule et le danger du feu
par Dominique Blumenstihl-Roth
par Dominique Blumenstihl-Roth
La
canicule de cette fin juin 2019 est un indice puissant sur l'état de
notre civilisation. Intimement liés et dépendants de notre monde, nous ne sommes pas des
observateurs neutres de la planète. Nous sommes la planète et elle nous
ressemble. Nous faisons corps avec elle et elle avec nous. Mais savons-nous l'aimer ? L'habiter respectueusement ? Et elle,
de son côté, continuera-t-elle de nous aimer et de nous laisser vivre
en elle ?
Le danger du feu nous guette. Dominique Aubier en a parlé très clairement dans son livre :
« Dieu a promis qu'il ne châtierait plus par l'eau. Mais il se peut que nous agissions par Lui en nous suicidant par le feu — nucléaire ? — qui se nourrit de l'air. Ces craintes n'ont rien d'illusoire et chacun le sait. Que la pluie doive revenir pour rappel et mémoire est un argument moins connu. Pluie entraînant le montée des eaux : annonce du danger, désormais, du feu… »
La canicule est un état de fait : elle exprime l'état maximal de l'entropie en Tzadé final. C'est la situation de la France dont la première lettre de son nom en hébreu est un Tzadé.
Mais — bonne nouvelle — ces clés de la Connaissance ont transité par des voies secrètes jusqu'à leur émergence au grand jour par une conduction initiatique remarquable, depuis Moïse, Esther, le Zohar… et Don Quichotte. La voie droite de la Connaissance est sauvegardée, dévoilée. Le Code des Codes, permettant de lire le Réel existe… à la portée de tous, et sans nécessité d'affiliation à quelque institution que ce soit.
La canicule entraîne la sécheresse. Elle est à l'image de notre pensée : prête à dévaster le monde pourvu que notre petit intérêt soit sauvegardé, à ceci prêt que nous ne sauverons rien si le monde est anéanti. Quelle est la limite — à mon avis depuis longtemps franchie — où commence la dévastation ? Je ne parle pas ici des forêts amazoniennes dont on s'émeut beaucoup d'autant qu'elles sont loin de chez nous, mais de nos critères de pensée, ce que Nietzsche appelait Verwüstung. Il entendait par là la désolation au-delà de la simple destruction, qui devient anéantissement de l'être.
Cette forme de destruction des esprits n'autorise plus aucune édification, cette désolation tombe comme une calamité sur nos systèmes dont nous étions persuadés qu'ils allaient se survivre pour l'éternité… Nous étions si bien installés dans notre croyance en l'éternelle productivité et expansion indéfinie… Un coup de sécheresse caniculaire et tout s'arrête, y compris nos centrales nucléaires, nos TGV dont on avait tant prisé la haute valeur technologique…
La canicule devrait nous donner pour le moins un coup de modestie sur la tête…
Du point de vue initiatique, il est clair que l'énergie brûle (beaucoup de choses s'enflamment, ces temps-ci…) ; la branche « hyponeurienne », la branche jusque-là prolifique du « Qui Fait », se voit obligée de restreindre sa prédominance. Mais elle a l'orgueil de sa mémoire, de ses extraordinaires succès — les « trente glorieuses » — et plutôt qu'accepter de voir l'énergie filer vers la branche évolutive d'En Face (sortie d'Egypte !), comme Pharaon, elle fait tout pour empêcher la migration vers la Connaissance.
C'est ainsi que « le désert croît » irrémédiablement, selon la formule du poète-philosophe allemand.
Hannah Arendt reprend cette idée dans son essai Qu'est-ce que la politique, et précise que le désert abolit, tandis que la désolation cultive précisément et étend tout ce qui garrote et tout ce qui empêche.
Serions-nous entrés en période de désolation dont la canicule serait le signe ?
La sécheresse des esprits est-elle responsable de la sécheresse qui s'étend sur le pays, ce dernier étant constitué de l'ensemble des réflexes intellectuels présidant à sa destinée ? La pensée courte, essentiellement matérialiste, axée sur la rentabilité financière… la sécheresse des âmes, la pauvreté des cœurs, la violence exercée contre toutes les formes d'espérances et d'élévation, le rabaissement général du rapport à la Vie et la négation du Principe de Création au profit du Principe de dévastation. Se pourrait-il que Dieu nous abandonne à notre sort, puisque nous sommes de si bon experts en matière de gestion ? Quelques séances de coaching (sur quels modules efficaces éprouvés ?) suffiraient-elles à remettre l'humanité sur les rails ? Quels rails ? On apprend justement que la canicule les a sévèrement déformés… Preuve que les anciennes structures ne peuvent plus accueillir les nouvelles énergies exigeant de toutes nouvelles voies.
« La désolation de la terre peut s'accompagner d'un haut standing de vie, écrit encore Hannah Arendt… et tout hanter de la façon la plus sinistre, à savoir, en se cachant… » Une désolation organisée donc, qui prévoit, dans sa mise en œuvre, la dissimulation de son véritable projet qui est d'anéantir.
Vivons-nous une telle période ?
Notre capacité d'accoutumance est telle que nous risquons de ne pas nous en apercevoir, confortés que nous sommes de disposer des alternatives possibles : un peu d'écologie raisonnable remettrait les choses en ordre, sans rien changer au fond de notre conception de la vie sur terre. Un peu de saupoudrage social suffirait en somme à calmer les angoisses et le « système » se sauverait ainsi lui-même, tout en interdisant le véritable transfert de l'énergie. On améliore parcimonieusement le sort de l'esclave en lui enlevant la chaîne, tout en lui interdisant de jamais quitter la plantation… S'accoutumant à ce nouveau confort, il sera reconnaissant à l'égard de la férule désormais cachée ne s'abattant pas moins le moment venu.
Nous nous habituons à l'intolérable, poursuit Hannah Arendt, sévèrement lucide : « grâce aux moyens d'adaptation que nous fournissent la psychologie… et la psychanalyse, dans son uniformité monstrueuse et la fadeur des catégories qu'elle invente, agent de désertification en ce qu'elle efface les richesses de l'amour, du cœur, réduisant tout à la petitesse des pulsions sexuelles… » Mystification prodigieuse des sciences légiférant les relations humaines, au service de ce système d'assèchement et de dévastation des âmes ? A noter que la philosophie non plus, n'a en rien résolu la question de la désertification des esprits, et que ce qu'elle reproche aux autres disciplines pourrait fort bien lui être retourner : autant de philosophies qu'il y a de philosophes, autant de modèles et d'anti-modèles qu'il existe de penseurs…
Restent les Îles, les Oasis.
« Si les Oasis ne demeuraient intactes, nous ne saurions plus comment respirer… » Quelles oasis ? Où sont-elles ?
Pour moi, les Îles-Oasis, ce sont les Lectrices (teurs) de ce Blog ; ce sont les livres et films de mon Maître spirituel. Ce sont certains amis du village que forme cette communauté des Gens du Livre… Les Oasis, ce sont les espaces, les êtres épris de liberté, capables de n'être pas inféodés au dogme des idées à la mode, des conventions institutionnelles, des appareils prétendant distiller leur autorité. Îles-Oasis, ce sont les déviances (non violentes) défiant l'Ordre et sa coercition, les insurrections de l'âme étouffée, les infatigables compagnons du Livre révélatoire. Les Îles-Oasis, ce sont « les Amis de Don Quichotte », car ils ne renoncent pas à rendre fertile le monde de leur semence, à recevoir cette semence en leur terre généreuse.
Que faire ?
« Un nouveau monde, doté d'une nouvelle politique », écrivait Tocqueville, sans cependant préciser sur quoi cette nouvelle politique serait fondée. Il me semble qu'il est temps non pas d'inventer des philosophies, mais de fertiliser les terres de résurrection déjà existantes, recevant la génération qui se dotera de la « nouvelle pensée » : la pensée initiatique. Faut-il préciser que cette pensée initiatique, elle aussi, est tenue de se renouveler, d'intégrer les mises à jour et se départir des obsolescences où certaines institutions, en dépit de leur noblesse, voudraient la maintenir ? Don Quichotte est passé par là, qui a ouvert la voie à l'universalité. Et qui agit selon un modèle… J'en appelle donc à une politique (po-éthique) quichottienne, fondée sur la connaissance du Motif d'universalité auquel recourent les rites et traditions du monde, motif dégagé dans la Face cachée du Cerveau. Qui dit mieux ?
Je propose une politique fondée sur les lois de l'Esprit. Une utopie ? Pas du tout. Puisque le Code des Lois du Réel a été dégagé, puisqu'une Connaissance précise du Réel, sa structure, son système, ses archétypes est connu. L'outil est disponible. On s'étonnera simplement que la prétendue élite sortant des hautes écoles ne s'en soit pas informée et se croit dispensée de l'être jamais. Étrange naïveté… A moins qu'il ne s'agisse d'une prudence calculée afin de garder la gouverne d'un navire… échoué ?
Parmi les outils formidables devant permettre d'organiser une nouvelle politique de la Vie se trouve bien entendu la connaissance de l'Alphabet hébreu, dont l'édifice relate la systémique du Vivant.
צ
Les deux polarités, nettement dessinées sur le haut de la lettre, se font face. Le côté « Qui Fait » (à gauche) présente une ligne continue, linéaire. Elle est convaincue de la continuité permanente des choses. Et c'est là que la maison brûle. Du côté « Qui Sait » (à droite), surgit la possible alternative. De ce côté se situe la Connaissance, sous ses diverses formes apparues au cours de l'Histoire humaine. La difficulté, sur la branche droitière, c'est que la Connaissance qui présente l'alternative, est restée bloquée sur les approches archaïques, sans que nous ayons intégré les avancées et les mises à jour actualisantes… Nous avons donc d'une part, un système ultra-matérialiste qui s'effondre et qui veut à tout prix se survivre et d'autre part le secteur de la Connaissance sclérosé dans les acceptions passéistes ignorant les clés de son propre entendement.Mais — bonne nouvelle — ces clés de la Connaissance ont transité par des voies secrètes jusqu'à leur émergence au grand jour par une conduction initiatique remarquable, depuis Moïse, Esther, le Zohar… et Don Quichotte. La voie droite de la Connaissance est sauvegardée, dévoilée. Le Code des Codes, permettant de lire le Réel existe… à la portée de tous, et sans nécessité d'affiliation à quelque institution que ce soit.
La canicule entraîne la sécheresse. Elle est à l'image de notre pensée : prête à dévaster le monde pourvu que notre petit intérêt soit sauvegardé, à ceci prêt que nous ne sauverons rien si le monde est anéanti. Quelle est la limite — à mon avis depuis longtemps franchie — où commence la dévastation ? Je ne parle pas ici des forêts amazoniennes dont on s'émeut beaucoup d'autant qu'elles sont loin de chez nous, mais de nos critères de pensée, ce que Nietzsche appelait Verwüstung. Il entendait par là la désolation au-delà de la simple destruction, qui devient anéantissement de l'être.
Cette forme de destruction des esprits n'autorise plus aucune édification, cette désolation tombe comme une calamité sur nos systèmes dont nous étions persuadés qu'ils allaient se survivre pour l'éternité… Nous étions si bien installés dans notre croyance en l'éternelle productivité et expansion indéfinie… Un coup de sécheresse caniculaire et tout s'arrête, y compris nos centrales nucléaires, nos TGV dont on avait tant prisé la haute valeur technologique…
La canicule devrait nous donner pour le moins un coup de modestie sur la tête…
Du point de vue initiatique, il est clair que l'énergie brûle (beaucoup de choses s'enflamment, ces temps-ci…) ; la branche « hyponeurienne », la branche jusque-là prolifique du « Qui Fait », se voit obligée de restreindre sa prédominance. Mais elle a l'orgueil de sa mémoire, de ses extraordinaires succès — les « trente glorieuses » — et plutôt qu'accepter de voir l'énergie filer vers la branche évolutive d'En Face (sortie d'Egypte !), comme Pharaon, elle fait tout pour empêcher la migration vers la Connaissance.
C'est ainsi que « le désert croît » irrémédiablement, selon la formule du poète-philosophe allemand.
Hannah Arendt reprend cette idée dans son essai Qu'est-ce que la politique, et précise que le désert abolit, tandis que la désolation cultive précisément et étend tout ce qui garrote et tout ce qui empêche.
Serions-nous entrés en période de désolation dont la canicule serait le signe ?
La sécheresse des esprits est-elle responsable de la sécheresse qui s'étend sur le pays, ce dernier étant constitué de l'ensemble des réflexes intellectuels présidant à sa destinée ? La pensée courte, essentiellement matérialiste, axée sur la rentabilité financière… la sécheresse des âmes, la pauvreté des cœurs, la violence exercée contre toutes les formes d'espérances et d'élévation, le rabaissement général du rapport à la Vie et la négation du Principe de Création au profit du Principe de dévastation. Se pourrait-il que Dieu nous abandonne à notre sort, puisque nous sommes de si bon experts en matière de gestion ? Quelques séances de coaching (sur quels modules efficaces éprouvés ?) suffiraient-elles à remettre l'humanité sur les rails ? Quels rails ? On apprend justement que la canicule les a sévèrement déformés… Preuve que les anciennes structures ne peuvent plus accueillir les nouvelles énergies exigeant de toutes nouvelles voies.
« La désolation de la terre peut s'accompagner d'un haut standing de vie, écrit encore Hannah Arendt… et tout hanter de la façon la plus sinistre, à savoir, en se cachant… » Une désolation organisée donc, qui prévoit, dans sa mise en œuvre, la dissimulation de son véritable projet qui est d'anéantir.
Vivons-nous une telle période ?
Notre capacité d'accoutumance est telle que nous risquons de ne pas nous en apercevoir, confortés que nous sommes de disposer des alternatives possibles : un peu d'écologie raisonnable remettrait les choses en ordre, sans rien changer au fond de notre conception de la vie sur terre. Un peu de saupoudrage social suffirait en somme à calmer les angoisses et le « système » se sauverait ainsi lui-même, tout en interdisant le véritable transfert de l'énergie. On améliore parcimonieusement le sort de l'esclave en lui enlevant la chaîne, tout en lui interdisant de jamais quitter la plantation… S'accoutumant à ce nouveau confort, il sera reconnaissant à l'égard de la férule désormais cachée ne s'abattant pas moins le moment venu.
Nous nous habituons à l'intolérable, poursuit Hannah Arendt, sévèrement lucide : « grâce aux moyens d'adaptation que nous fournissent la psychologie… et la psychanalyse, dans son uniformité monstrueuse et la fadeur des catégories qu'elle invente, agent de désertification en ce qu'elle efface les richesses de l'amour, du cœur, réduisant tout à la petitesse des pulsions sexuelles… » Mystification prodigieuse des sciences légiférant les relations humaines, au service de ce système d'assèchement et de dévastation des âmes ? A noter que la philosophie non plus, n'a en rien résolu la question de la désertification des esprits, et que ce qu'elle reproche aux autres disciplines pourrait fort bien lui être retourner : autant de philosophies qu'il y a de philosophes, autant de modèles et d'anti-modèles qu'il existe de penseurs…
Restent les Îles, les Oasis.
« Si les Oasis ne demeuraient intactes, nous ne saurions plus comment respirer… » Quelles oasis ? Où sont-elles ?
Pour moi, les Îles-Oasis, ce sont les Lectrices (teurs) de ce Blog ; ce sont les livres et films de mon Maître spirituel. Ce sont certains amis du village que forme cette communauté des Gens du Livre… Les Oasis, ce sont les espaces, les êtres épris de liberté, capables de n'être pas inféodés au dogme des idées à la mode, des conventions institutionnelles, des appareils prétendant distiller leur autorité. Îles-Oasis, ce sont les déviances (non violentes) défiant l'Ordre et sa coercition, les insurrections de l'âme étouffée, les infatigables compagnons du Livre révélatoire. Les Îles-Oasis, ce sont « les Amis de Don Quichotte », car ils ne renoncent pas à rendre fertile le monde de leur semence, à recevoir cette semence en leur terre généreuse.
Que faire ?
« Un nouveau monde, doté d'une nouvelle politique », écrivait Tocqueville, sans cependant préciser sur quoi cette nouvelle politique serait fondée. Il me semble qu'il est temps non pas d'inventer des philosophies, mais de fertiliser les terres de résurrection déjà existantes, recevant la génération qui se dotera de la « nouvelle pensée » : la pensée initiatique. Faut-il préciser que cette pensée initiatique, elle aussi, est tenue de se renouveler, d'intégrer les mises à jour et se départir des obsolescences où certaines institutions, en dépit de leur noblesse, voudraient la maintenir ? Don Quichotte est passé par là, qui a ouvert la voie à l'universalité. Et qui agit selon un modèle… J'en appelle donc à une politique (po-éthique) quichottienne, fondée sur la connaissance du Motif d'universalité auquel recourent les rites et traditions du monde, motif dégagé dans la Face cachée du Cerveau. Qui dit mieux ?
Je propose une politique fondée sur les lois de l'Esprit. Une utopie ? Pas du tout. Puisque le Code des Lois du Réel a été dégagé, puisqu'une Connaissance précise du Réel, sa structure, son système, ses archétypes est connu. L'outil est disponible. On s'étonnera simplement que la prétendue élite sortant des hautes écoles ne s'en soit pas informée et se croit dispensée de l'être jamais. Étrange naïveté… A moins qu'il ne s'agisse d'une prudence calculée afin de garder la gouverne d'un navire… échoué ?
Parmi les outils formidables devant permettre d'organiser une nouvelle politique de la Vie se trouve bien entendu la connaissance de l'Alphabet hébreu, dont l'édifice relate la systémique du Vivant.