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mardi 8 juin 2021

Une porte se ferme, une autre s'ouvre…Texte de Dominique Aubier

Quand on connaît l'esprit de la couche I, dans une structure, on peut surprendre son passage dans les cycles qui animent notre vie. Rien n'est plus simple qu'en repérer l'émergence ; elle succède aux manifestations de fin cyclique. Les actes d'achèvement structural sont si violents qu'ils ne peuvent passer inaperçus. La doctrine initiatique les décrit avec soins. Connus, ils deviennent des repères énormes pour situer le passage d'un cycle à un autre

1. Une structure s'éteint, une autre se met en place. 

Une porte se ferme, une autre s'ouvre, dit un dicton. Les phénomènes qui accompagnent la fin d'un cycle exercent une forte pression sur la conscience. Les bouleversements qu'ils entraînent sont tels que l'état d'alarme est forcément ressenti. Il est dangereux d' ignorer la cause des troubles qui sévissent dans la réalité. A les dramatiser, à s'enfoncer dans leur concrétisation, on accentue leur gravité et leur durée. Mais si l'on reconnaît en eux le dispositif de terminaison, l'espérance, aussitôt succède au désespoir. L'on sait qu'après le grand mélange et la dislocation de tout qui caractérise de l'achèvement viendra le retour cyclique. Il présentera d'abord sa couche I, porteuse de renouveau. Cette épaisseur évolutive sera le siège des informations déterminantes pour le style du cycle à venir. L'élément de variation dont il sera l'alambic dépendent d'elles. Commodité que savoir à l'avance quels pouvoirs attendent et guettent, dans cet avenir. L'être conscient du changement à venir surveille les éléments de nouveauté qui se présentent sous une forme verbale. 

L'initié contrôle toujours les projets parlés qui s'introduisent dans l'espace de la couche I d'un cycle quelconque marquant sa vie. Cela revient, pour lui, à repérer l'idée qui va opérer par la suite, au sein de ses événements. L'accoutumance à la petite voyance, à l'entretien intime avec l'invisible, permet de distinguer l'information lorsqu'elle surgit. Elle possède toujours un caractère verbal auquel la reconnaître. Très souvent, cette verbalité insistée, puissante et libre, passe par les noms de lieu, de personnes, par les conversations en jeu, par les réflexions ou les dires des enfants. A partir de ces étincelles, un projet se dessine. Il est toujours en cohérence marquée avec la continuité des événements de l'être qui interroge, avec sa forme particulière. Cependant, par rapport à cette continuité, la nouveauté, l'invention est sensible. Quelque chose d'inédit se propose. Cette "idée" appréhendée, en couche I, intégrée là, à la façon dont la langue maternelle l'est dans un cortex d'enfant, va être gérée par tout un cycle d'évolution. Elle se retrouvera tout au long des circonstances suscitées par l'ascension évolutive. Si le projet qu'elle introduit est favorable, on en facilite l'exploitation. S'il est mauvais, on en élude la réalisation.

L'intime connaissance de la constante couche I rend un grand service à la petite voyance. Elle l'aide à se transformer en Grande Voyance. L'on peut même dire que la couche I, par son intervention en tant que lieu typifié, inaugure la transformation du petit ta'wil en grand ta'wil. Pour la première fois, — dans le cours de l'explication — l'archétype local interfère sur le mécanisme Dedans-Dehors. L' Echange latéral compose, négocie avec l'esprit du site. Par là, on assiste à ce qui se passe dans un cycle. L'Echange latéral à l'état pur, séparé de tout support cellulaire, n'existe pas. Il a été isolé comme concept pour la compréhension de ce qui, maintenant, apparaît dans la vérité exécutoire. L'on découvre ainsi la différence qui va se poursuivre entre la petite et la grande Voyance. L'Echange latéral ne cessera pas d'apporter sa moisson signalétique. Mais il s'exécutera sur un plan en coupe réel, mettant en jeu la totalité des neurones "de surface". Dans une structure qui enregistre son passé et l'assimile, poussant les acquis vers son avenir, plus le plan en coupe s'ouvre, haut dans l'échelle, plus il contient d'éléments appartenant à l'étiage où il se situe. La grande Voyance consiste à reconnaître dans les signes de surface, tandis qu'ils s'élèvent, la participation des zones archétypales traversées. Ces régions seront celles de la grille à six couches. D'un côté comme de l'autre les effets Dedans Dehors, en s'accumulant, susciteront des seuils d'expression qui seront autant d'unités de signification repérables. La Grande Voyance saura les voir passer et les situer en fonction des paramètres verticaux.
 

2. Utilité de l'archétype couche I pour la reconstitution du passé
Dans ce dernier paragraphe, l'on a assisté à une procédure analogique ayant la valeur d'une règle de raisonnement. Extrapolation, diront certains. Dans le cadre de la pensée scientifique, rationnelle ou simplement analytique, une telle appréciation est péjorative. Et l'on admettra aisément qu'elle puisse l'être. Comment une pensée linéaire pourrait-elle permettre le déplacement brutal de sa séquence logique vers un point imprévu ? C'est alors qu'il y aurait extrapolation et péril en la demeure. Mais le substrat dans lequel se localise la pensée initiatique n'a rien de longitudinal. Le support général n'est pas la ligne et moins encore la direction séquentielle d'un point vers un autre. Une structure pleine et complexe soutient les références. Dans cette manière de comprendre les choses, l'analogie de motif unique à motif unique permet de repérer des similitudes. Les signatures jouent, certes, entre les unités observables. Elles sont également applicables au plan conceptuel.

Et que l'on n'aille pas croire que j'en découvre la mécanique. Elle a toujours été utilisée par les initiés. Tenant compte des effets surgis en couche I, au sein des unités observables dans leur environnement, les êtres de Connaissance en infèrent ce qui se passait dans des structures dont ils ne pouvaient pas avoir le contrôle. Ils se fiaient à l'esprit de la couche I pour concevoir, par exemple, le style des capacités mentales ayant agi aux premiers âges de l'humanité. La notion de Paradis terrestre en est l'illustration. La Bible conçoit l'existence, en couche I de l'ère humaine, d'un couple primordial, Adam et Eve. Ces êtres étaient doués d'un système de perception si fin qu'ils pouvaient entendre la voix d'Elohim courant à la surface des choses de leur vie. Cette conception est étonnante pour qui juge de l'aventure humaine en termes de progression continue et accumulatrice. Elle ne l'est pas pour les Fidjiens, par exemple. Ces peuplades primitives, comme il est convenu de dire, demandent au retour cyclique de la couche I de ramener l'état salutaire des beaux et idylliques commencements. Ils conçoivent l'historicité humaine comme enfermée dans des enclos cycliques, lesquels s'enfilent sur la ligne de temps comme les perles d'un collier. Chaque perle, bien qu'elle prenne sa place dans la durée, a la vertu de ramener les conditions intérieures qui façonnent l'unité. Il y aura donc autant de couches I qu'il y aura de cycles se succédant. Chaque nouvelle unité prend sa place dans le collier en cours de formation et y reste, historiquement, chronologiquement suspendue.
Ce qui ne l'empêche pas de ranimer, en son intériorité, les invariances rituelles (habituelles) du modèle absolu. La première de ces constantes consiste à ramener la période unitaire où la couche I abrite les opérations de solidarité Droite-Gauche. Sur quelque plan qu'ait lieu sa relance, la structure absolue entraîne la remise en émergence d'une période de renaissance, dès lors abrite elle-même une ère cyclique nouvelle. La résurrection sera immédiatement ressentie en fonction de la loi qui gouverne les conditions de vie, en couche I. Certaines valeurs y éclateront par force, dans la tenue unitaire du système local. 

Nous verrons plus tard qu'un élément essentiel de restauration et de régénérescence s'y introduit toujours, profitant des faveurs que lui consent à l'avance cette région évolutive. En l'ignorance de la cause structurale sur laquelle se fondent et s'appuient les croyances dites archaïques, pour décider qu'il y aura régénération périodique de la vie, les ethnologues s'imaginent que les peuples ritualistes n'ont ni la notion de temps ni celle de l'histoire. C'est ainsi qu'un Mircea Eliade en vient à faire tenir l'esprit de tous les rites en seul concept : la dévalorisation du temps. « Si on la regarde dans sa vraie perspective, la vie de l'homme archaïque (réduite à la répétition d'actes archétypaux, c'est-à-dire aux catégories et non aux événements, à l'incessante reprise des mêmes mythes primordiaux, etc...), bien qu'elle se déroule dans le temps, n'en porte pas le fardeau, n'en enregistre pas l'irréversibilité, en d'autres termes ne tient aucun compte de ce qui est précisément caractéristique et décisif dans la conscience du temps » (Mircea Eliade, Le Mythe de l'éternel retour).
Conclusion qui ne correspond aucunement à la pensée fondée sur la notion de cycle. La mentalité archaïque, par là où elle s'insère dans la première instance de l'histoire de la Connaissance, fait primer sur toute autre préoccupation le souci de sauver l'image du modèle absolu. Cette responsabilité est toujours et partout profondément ressentie par la mentalité initiatique. Elle ne doit pas être confondue avec l'incapacité de surveiller la durée, moins encore comme la preuve d'une volonté de vivre sans mémoire…
Bien des interprétations qui, actuellement, font loi dans les sciences humaines demandent à être reconsidérées à la lumière du Code de la Connaissance…

 

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