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dimanche 4 août 2019

Prime à la conversion. Pour tout savoir sur la prime…

Prime à la conversion.
(pour tout savoir sur la prime à la conversion.) 
par Dominique Blumenstihl-Roth

Quand j'ai entendu cette expression pour la première fois, je n'ai pu m'empêcher de penser, s'agissant de « conversion », à l'usage classique de ce mot quand il sert le plus souvent à parler de… la conversion religieuse.
Les conversions seraient nombreuses, paraît-il, de croyants passant d'une religion à l'autre, du catholicisme à l'Islam, du judaïsme au catholicisme, du catholicisme au bouddhisme etc. On change de religion, pour insatisfaction de résultat. Par séduction de la nouveauté, par espérance d'un meilleur accueil et d'un degré supérieur de compréhension du monde… Mais en réalité, on passe surtout d'une expression symboliste à l'autre, d'un dogme à l'autre, d'une communauté à l'autre sans que ces « conversions » ne correspondent à une élucidation aboutie.
On change de contenant, et le fauteuil en devient plus ou moins confortable ou flatteur pour celui ou celle qui s'y glisse : un mouvement très gratifiant de « devenir » converti à la nouvelle religion qui n'est nouvelle… que pour celui qui vient de s'y inscrire alors qu'elles sont toutes… des codifications ritualistes fort anciennes de la connaissance, figées sur des compréhensions passées et immuables n'ayant pas intégré l'actualisation que transporte le temps.
Le catholicisme a tenté d'intégrer l'adaptation au monde moderne quand il lança la charte de Vatican II. Elle eut pour principal effet de modifier le rituel — le moderniser, disait-on — comme si un rituel ou un symbolisme étaient assujettis à l'adaptation temporelle : en réalité, ce fut une naïveté, car un symbole ne se modernise pas : il appelle à son explication. Un symbole doit s'ouvrir. C'est là son destin. Et non pas se transformer en un autre symbole à l'infini, avec déperdition de sens à chaque changement. On ne change pas un symbole, on l'explique.
Les autres religions, fixées davantage dans leur immuabilité, restent ancrées dans des rituels qui ne s'expliquent pas sur eux-mêmes, d'autant que la compréhension que nous avons des symboles est actuellement totalement détachée du référentiel unitaire qui les a fondés. Les ethnologues n'ont pas résolu la question, ni les historiens des religions.

1. Le Code des symboles s'est perdu,
Il s'est dissout par l'ignorance d'une élite qui n'a pas su suivre toutes les étapes évolutives menant à l'exposition du sens. Ce reproche est cependant injuste, car les religions ne sont point vouées à « expliquer » mais à exposer, au travers de leurs ritualisations dramatiques — leur caractère théâtral — une connaissance initiatique, captée par les initiés des temps anciens et qui voulurent par ce moyen pédagogique enseigner les hommes et les femmes de leur temps. La transmission du Code, à travers les siècles s'est réalisée au travers de ces symboles dont la clé de lecture est aujourd'hui perdue. Les religions sont chargées de ces signes rédigés selon un code crypté dont l'énigme ne s'ouvre pas à l'inspection ni de la théologie ni d'aucune discipline universitaire. On se contente dès lors d'un petit code moral et du pointillisme philosophique : cette science cependant ne possède pas la clé ouvrant le serrure du cryptage des symboles. La psychanalyse non plus n'y réussit guère, qui aurait voulu performer, par Freud, un Code universel fondé sur les mythologies. L'échec est patent.

2. Il manque le Code de décryptage.
Il faudrait détenir le modèle commun à tous les fiefs des croyances et religions et posséder la grille explicative de leurs invariables… plutôt que butiner les fragrances d'une fleur à l'autre sans faire de lien entre elles. Carl Gustav Jung a sans doute essayé de mettre au point une universalité de l'âme humaine, lui qui a voyagé beaucoup en Afrique, visité les tribus Amérindiennes, exploré le bouddhisme. Il a soupçonné l'existence de certaines invariances qu'il appela judicieusement « archétypes »… mais à y regarder de près, on s'aperçoit que tout en les pressentant avec une belle intuition, il n'en a identifié aucun.
Les religions, les Traditions, pour gardiennes qu'elles se veulent du sacré, ne s'ouvrent pas sur les enseignements prodigués pas le temps. L'intérim des métaphores persiste chez elles, dont elles font le cœur de leur méthode, cloisonnant la réflexion sur une modalité singulière qui ne peut être valable pour l'éternité. Le symbole a son temps d'existence : l'énergie vitale le traverse mais ne peut y demeurer à jamais. Il existe « autre chose » qui surplombe le temps des symboles.
 
Dans la structure cérébrale — dans notre cortex — édifié sur 6 couches et 10 strates, les fonctions symbolistes s'activent en couches II et III (cf La Face cachée du Cerveau et les travaux du prof. Changeux). L'énergie n'y stagne pas, cherchant un relais d'avenir, à moins qu'un traumatisme ne l'y bloque, générant de graves troubles que les psychothérapeutes parviennent parfois à dégager chez les patients souffrant de ces blessures. Au-delà de la couche III tellement propice à la pensée symbolique, il existe encore de vastes zones cérébrales où les acquis des trois premières couches se développeront pleinement à condition que l'énergie puisse opérer la montée dans ces lieux que tout un chacun est invité, dans sa propre vie, à explorer.
Se convertir, passer d'une religion à l'autre, c'est une expérience sans doute valable, mais il est clair que cela se déroule à l'intérieur de la zone symboliste et c'est donc une aventure de type « couche III ». Passer d'un lieu religieux à l'autre, c'est comme passer d'un poète à un autre, mais ce n'est en aucun cas opérer une montée : c'est élargir l'exploration du domaine propre aux zones métaphoriques, tandis que la vraie montée ne relève pas d'un changement de religion ou d'une « conversion ».
 
Le besoin de « monter » se fait ressentir chez les jeunes esprits, ils en ressentent le besoin et espèrent, à la faveur d'un changement religieux, gravir vers les couches supérieures de l'esprit, alors qu'ils ne réalisent qu'un mouvement latéral d'une obédience vers l'autre. Ils se forgent ainsi une conviction de progrès alors que c'est un sur-place, parfois même une régression quand ils s'appuient sur les formes ancestrales de la nouvelle religion choisie, dont ils épousent les archaïsmes sans pour autant rien comprendre aux symboles nouveaux dont ils se revêtent.
Tel philosophe aimable, la main sur le cœur, devient bouddhiste, endosse l'habit du moine, très esthétique à la télé, emprunte (du moins le croit-il) la charmante pensée  de Bouddha, mais serait bien incapable d'ouvrir le sens du moindre Ko'an ou d'expliquer pourquoi Bodhidharma a entrepris son voyage vers l'Est. Tel autre se convainc de devenir intégriste musulman, s'enferre sur des notions dite « fondamentalistes », et renie par là-même les acquis évolutifs que cette religion a pu concevoir au travers des siècles, par ses initiés les plus avertis. Ils sont victimes d'illusions qui voudraient reconstituer les conditions d'un commencement qui n'est plus de mise et qui ramène la mentalité de ces croyants néo-convertis à une conception négatrice du temps, à des valeurs qui ont fait leur temps. Il en empruntent les modalités qui leur conviennent mais sont bien embarassés d'en percer le cœur conceptuel.

3. Se convertir pour quoi faire ?
Pour retrouver quel paradis perdu ?
S'enferrer dans une religion alors que le temps voudrait que nous passions à une étape supérieure de l'entendement ? N'est-ce pas une stagnation, l'enfoncement dans une culture de première instance (localisée dans les couches I, II et III) suivie d'un attardement dans ces acquis anciens ? Le résultat en est que l'énergie qui aurait poussé les « convertis » à avancer, à poursuivre plus haut leur histoire et leur destin, perdent leur avenir. Ils se sont enfermés dans la satisfaction d'avoir sécrété une nouvelle coulée de pensée obsolète, de s'enfoncer dans la pensée symbolique, de l'épaissir sans la résoudre. Le souvenir de ce qui en constituait l'originalité première s'efface et la mémoire retombe. La culture des peuples s'attardant dans les couches anciennes s'endort sur les lauriers de leur prestigieux passé — nous aimons tant les cathédrales et les vestiges de pierres que nous laïcisons — ; il s'en suit une régression et l'immobilisation au niveau le plus bas de l'idolâtrie.
La stagnation prolongée dans la couche III provoque ce retour en arrière, et cela explique, dans l'Islam, la chute dans le fondamentalisme, qui engendre la violence : « religion concrète, et désuète, présente et dépassée tout en étant pressante. Mal à l'aise dans un temps qui n'est pas fait pour elle, elle s'arroge une autorité compensatoire qui aggrave le porte-à-faux avec le présent. L'Islam moderne est touché par ce phénomène et ses intellectuels ne parviennent pas à expliquer la contradiction qui fait surgir cette violence alors que la religion se veut officiellement pacifique », écrit Dominique Aubier.

4. Le tourisme de la Connaissance.
La vraie modernité ne consiste donc pas à l'acte de conversion — encore qu'au titre du romantisme personnel je trouve qu'il n'est pas mauvais d'explorer tel ou tel territoire exotique de la foi : un tour par le Bouddhisme, un séjour dans l'Islam, puis un stage dans la tente de sudation des Cheyennes, et pourquoi pas une conversion au judaïsme dans l'espoir de toucher à la sainteté des Textes ? C'est là du tourisme ne menant en aucun cas à quelque délivrance que ce soit du Code. Tout au plus en tire-t-on une satisfaction de consommateur pouvant invoquer son droit à la garantie du constructeur…

L'acte de conversion consiste, si j'ai bien compris la campagne lancée par le gouvernement, à favoriser le changement des véhicules les plus anciens en faveur de véhicules modernes mieux adaptés à notre temps. Cela suppose tout d'abord le renoncement au vieux modèle qui a fait son temps — cruel passage à la « casse » pour obsolescence — suivi d'un changement de voiture. Il s'agit, en quelque sorte, de changer de ce que la Tradition des kabbalistes appelle le « char ». Le char, en tant que véhicule transportant nos vies, nos existences, nos corps, représente aussi le contenant de toutes nos modalités de pensée, notre culture, nos options civilisationnelles.
Il y a là une immense opération « vide-grenier » à organiser, tant nos structures mentales sont encombrées de concepts inadaptés dont on voudrait nous faire croire qu'ils seraient à la pointe de la modernité. Qui peut croire encore aujourd'hui (car c'est une croyance, elle aussi
présente et dépassée tout en étant pressante) que la croissance économique reviendra jamais aux taux qui ont prévalu pendant les prétendues « trente glorieuses » ? Qui peut croire à la notion de bienfait pour l'humanité quand la science clône des organes humains sur les animaux, nous faisant miroiter des fictions d'immortalité ? Vide grenier et débarras sur une immense décharge de tous ces concepts trompeurs fomentés dans les esprits de l'obédience hyponeurienne… On y jettera également les centrales nucléaires et les fausses idées de grandeurs fondées sur la puissance militaire quand la vraie grandeur d'une nation se mesure à sa culture. A la décharge… les vieux véhicules de nos obsessions financières, ultra-économistes étouffant l'humanité : exit les basses justifications mercantiles devant légitimer les misères organisées.

5. Nous sommes invités à changer. 
A nous « convertir », non pas sous la bannière de quelque religiosité, mais nous convertir au temps réel, en acceptant la pression du temps qui exige que nous montions dans un « char » nouveau. Un « char » fonctionnant sur les couches supérieures (IV, V, VI) de nos cerveaux et qui, sans renier rien du passé, en valident les apports après inspection de leur valeur. Sans doute l'esprit reçoit-il sa « prime de conversion » quand il se décide à « monter » vers les sphères supérieures, quand il a le courage de renoncer au confort de l'acquis tellement séduisant et du molletonné des sièges patiemment cardés par les générations antérieures.
L'aventure collective de notre civilisation, mais aussi notre propre aventure personnelle exigent le changement de monture.
Cette monture devra se doter de la « charte de l'esprit », du « Code des lois » régissant toute réalité. Elle devra nous présenter une claire identité du rôle de l'humanité, nous mettre face à notre responsabilité : qui nous sommes, ce que nous faisons sur terre. Non pas des êtres absurdes tirés du hasard comme l'imaginent encore tant de scientifiques naïfs — à la décharge aussi, ces conceptions qui invoquent le hasard comme une divinité !

Ce Code pour la conversion moderne où est-il ?
Il se pourrait qu'il se trouve .
S'il est ailleurs, dites le moi de toute urgence…

6. Qu'en pense Don Quichotte ?
Pas facile de changer de monture… D'évoluer dans nos « critères ». Comment obtenir le critère numéro 1 ? Don Quichotte (encore lui) nous met en scène au travers de Sancho Panza (nous sommes tous des Sancho Panza bien lourds et grassement englués dans nos « critères » de jugement que nous estimons toujours infaillibles… juste parce que ce sont les nôtres…)
Au chapitre XXIII du volume I, on apprend que Ginès de Pasamont a volé l'âne de Sancho Panza. (p. 191 dans la traduction de Louis Viardot, éditions Garnier. A mon sens la meilleure traduction). Mais Cervantès continue obstinément de parler de l'âne, comme s'il était toujours la monture de Sancho. Dans la deuxième édition qu'il supervisa avec Juan de la Cuesta, son imprimeur, il corrigea son texte en ajoutant le détail expliquant la disparition de l'âne, mais il ne reprit pas tous les passages où l'âne volé resurgit comme par enchantement de temps à autre au côté de Sancho. Âne volatile allant et venant, auquel Sancho ne peut renoncer…
Dans le volume II, chapitre IV, Cervantès, s'insinuant dans son propre roman, s'amuse de cette « négligence » que lui avait reprochée l'auteur du « faux don Quichotte » et dont aujourd'hui encore les spécialistes de la bonne écriture romanesque s'inquiètent.
La disparition de l'âne est pourtant aisément intelligible : l'âne symbolise la monture de la pensée littérale tandis que le cheval est la monture de la pensée prophétique. A mesure que l'esprit de Sancho se quichottise, ses anciennes conceptions du monde vacillent et, devenant moins certaines, elles finissent par se dissoudre et disparaître. L'âne qui en est le symbole disparaît, il est volé par un bandit de grand chemin, tandis que Sancho, en attendant de récupérer quelque monture que ce soit, est prié de marcher à pied. Les passages que Cervantès ne corrigea pas, laissant subsister l'équivoque (Sancho a-t-il ou non recouvré son cher grison ?), évoquent l'hésitation de l'esprit en Sancho qui ne sait plus trop sur quel pied danser : rester coûte que coûte sur le dos de la pensée linéaire, positivisme objectif de la raison immédiate (l'âne) dont il est le champion ou se doter d'une nouvelle selle mieux adaptée à sa nouvelle condition ? Don Quichotte le console en lui promettant de rédiger à son intention une lettre de change lui attribuant trois des cinq ânons qu'il possède. Âne pour âne, dirons-nous, il n'évolue donc guère, notre ami Sancho… A ceci près qu'en échange de l'âne perdu, il en récupère trois, et non des siens, mais ceux de son Maître. Sans doute un âne de Don Quichotte, fût-il âne, n'est aucunement comparable avec celui qu'à l'origine possédait Sancho.

La disparition de l'âne de Sancho m'a fait plaisamment penser à la décision du Président Macron de supprimer l'Ecole Nationale d'Administration (dont il est d'ailleurs issue). Sage mesure que mettre fin à l'enseignement prodigué dans cette école de formatage à l'identique de la prétendue élite exerçant le pouvoir dans les palais de la République, son sigle E.N.A. était regrettablement l'anagramme de la monture de Sancho et je comprends que ceux qui en sont les émules aient l'esprit chagriné de devoir se défaire de cette écurie désormais obsolète, inadaptée au réel. Belle introspection qu'a exercée là le Président de la République au regard de l'école dont il est sorti. Il aura gardé suffisamment de liberté pour en appeler à une formation d'une élite plus en phase avec les réalités de la société civile. A quand la création de l'Ecole de la Vie où la vision quichottienne — initiatique — du réel pourrait s'enseigner ?
 
Le changement de monture est commenté dans Don Quichotte au chapitre IV du volume II. Cervantès s'explique à l'intention de ceux qui désirent savoir « par qui, quand et comment fut volé l'âne » et il promet que dans une seconde édition, il ferait imprimer tous ces éléments de l'histoire car « ce sera la mettre un bon cran plus haut qu'elle n'est ».
Un cran au-dessus, c'est bien de cela que nous avons besoin, quand nous évoquons la nécessaire conversion de monture. Nous aussi, nous avons besoin de changer nos confortables petits ânons pour des cavales quelque peu plus hautes…

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3 commentaires:

Anonyme a dit…

Pas si bête Sancho qui savait d'emblée que sa monture lui deviendrait insuffisante et qu'une gradation de la qualité de ses déplacements se ferait sur le dos des valeurs de l'Hidalgo . D'autre avant lui ,expert
en ânon , a illustré une magistrature illustre dans le testament de l'imprimatur chrétienne .Sancho montre comment seller la connaissance avec talent . Et pour traverser les Pyrénées avec un bât bien scellé et bien en selle , quoi de mieux qu'un âne ;compagnon de routine et de route de l'humain quiet . A nous les chemins de Tzaréphat !!

François-Marie Michaut a dit…

Pour un médecin, la conversion est une manoeuvre destinée à rendre possible la naissance d'un enfant par les voies naturelles.
Le problème est le suivant. La partie la plus volumineuse à faire passer par le bassin maternel est la tête. Tout faire pour que le travail ( terme utilisé par les médecins) se passe bille en tête. Si c'est pas la tête d'abord, le risque dramatique est que le petit reste bloqué en route.
Réaliser une conversion pour favoriser la priorité de la tête, cela parle ici aux lecteurs de La Face cachée, non ?

En lisant le papier de DBR m'est venue la façon qu'ont les canadiens de nommer une voiture : un char. Pas très loin du car des anglais...

Charles a dit…

Quand j'ai rencontré les écrits de Dominique Aubier, je me suis demandé si elle cherchait à convertir ses lecteurs à une sorte de nouvelle religion.
Il m'a fallu du temps pour comprendre - malgré son look exotique bien décalé dans les videos- qu'elle n'était pas un gourou en jupons. Elle ne cherche pas à faire croire quoi que ce soit, mais à faire comprendre d'une autre façon la réalité, sans y mettre aucune frontière, par le seul jeu de la connaissance. Croyance et connaissance, la pierre angulaire. De la falaise de l'inconnu le saut dans le vide pour le croyant ; la descente en rappel du connaissant.
Tiens voilà comme dans un film la corde Quichotte dans la grotte obscure de Montesino.