Lisons-nous ce qui s'écrit dans le réel ?
« Fais de tes yeux des lanternes » (Don Quichotte, chap. 23, tome I) |
L'œil est en relation directe avec la fonction mentale qui a pour mission de voir. De tout voir, c'est-à-dire le réel, y compris la représentation symbolique de ce dernier. Les yeux ne sont pas seulement les capteurs d'images projetant une impression sur le nerf optique, mais également les instruments par quoi s'induisent des opérations de l'esprit, de lecture, de compréhension, d'interprétation. « Les yeux sont des instruments de la pensée », précise Dominique Aubier, dans son étude sur l'Alzheimer, ouvrage qui devrait se trouver dans la bibliothèque de tout professionnel de la santé, tant il dessille le regard sur « l'appareil de voir » : elle y fait remarquer que les dépôts de peptides bêta-amyloïdes apparaissent dans le cristallin des patients atteints de la maladie d'Alzheimer, et qu'il existe une corrélation entre « une protéine responsable de cette maladie et l'un des mécanismes fondamentaux du glaucome », si bien que l'œil peut devenir le lieu des diagnostics précoces de cette maladie, et si elle touche l'œil, cela pourrait signifier que la fonction oculaire est en cause dans son apparition et évolution. L'Alzheimer serait-il lié à un mauvais usage de la capacité visuelle ?
Nous voyons, certes. Mais voyons-nous au travers des choses ? Voyons-nous leur sens ? Lisons-nous ce qui s'écrit sur le réel ? Quelle est notre capacité de « voir », de lire les symboles, de redresser la perception littérale, de retourner la croyance que nous avons de ce que projette l'objectif inverseur ? Le cerveau unifie l'image issue des deux conduits nerveux distincts, tirés depuis des deux rétines, circuit croisé au niveau du chiasma, et retourne l'image à l'endroit, il réalise une invraisemblable opération dont les sciences ne s'expliquent pas comment il procède : activité hautement cognitive, le cerveau « sait » que l'information doit être interprétée, lue, explorée… il applique une « seconde vue » sur la chose vue. Lire le réel comme support d'une pensée appelée à le comprendre, au moyen d'une double vue semble être la mission des zones visuelles. Amoindrir cette capacité de lecture — la vision du monde au travers des symboles — revient à appauvrir la puissance cérébrale tout entière… et favoriser la dégénérescence du cerveau. « L'Alzheimer est dû à ce qu'une prise de sens symbolique n'a pas été opérée par l'être au sein de ses détermination personnelles… »
Diagnostic de démence qui s'applique aussi à notre société qui ne sait plus où elle est ni où elle va. Thèse à méditer. Ne pas craindre, comme dit Don Quichotte, de « clouer les yeux dans la porte », d'ouvrir « les yeux de l'intelligence » et de « faire de nos yeux des lanternes »… A cette fin, je reproduis ci-dessous un extrait du livre déjà cité, page 94 et suivantes, où Dominique Aubier présente…
La vue selon l'alphabet hébreu
« Dans l'alphabet hébreu, la lettre Ayin précède le Pé qui nomme la bouche comme si la langue biblique estimait (ayant le coup d'œil très vif sur le réel) que la puissance de voir conditionne une fois pour toutes le droit de parler. Le cerveau est calqué sur la structure du Modèle Absolu. On peut en voir une reproduction miniature dans l'embryologie. Le même motif s'agrandit dans un cycle culturel ou une épopée historique. L'alphabet hébraïque en expose le processus. »
« La vision par les yeux est une donnée du système Alef, une propriété du système de vérité, efficace dès le démarrage d'une unité. Elle se démarque dans l'échelle des lettres. Son moment révélatoire est inscrit dans la séquence. On n'a aucune peine à l'identifier. Un glyphe la représente. C'est le Ayin. Son graphe fait la synthèse du cheminement anatomique des voies visuelles. Cela s'identifie par comparaison avec le relevé scientifique des mêmes trajectoires. »
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« On y voit les deux yeux attachés à deux pédoncules qui se croisent au niveau du chiasma optique, puis se dirigent vers les bandelettes blanches, le corps genouillé pour arriver finalement au cerveau, séparés. Le corps calleux unit les deux perceptions. »
« Le Ayin, valeur 70, en est l'icône de génie. Et le génie de son icône commence au fait d'être binoculaire. Quand on le regarde à la loupe, on voit qu'il distingue sa gauche de sa droite et qu'il les représente après que le chiasma ait opéré, au niveau du tractus optique. À gauche le pédoncule qui mène du globe oculaire au cerveau présente une ligne tordue. À droite, le même nerf accomplit son trajet avec netteté d'un seul trait plein. Ce signe se place au seizième rang de la montée évolutive. Ne devrait-il pas être à son début, s'il est la clé du cerveau ? Il est vrai qu'il y est, présent dans l'Alef. La première lettre de l'alphabet détient toutes les puissances de l'unité. L'alphabet les déroule ensuite. Ce phénomène expliquerait que la lettre de la vision se spécifie tardivement sur un ordre qui n'en a pas moins été donné dès le commencement. Si ces évaluations sont exactes, des faits s'en portent garants. C'est à vérifier afin de pouvoir retenir l'instruction et l'engrammer en toute sécurité. »
On se reportera également au livre Le Principe du Langage ou l'Alphabet hébraïque, au chapitre dédié à cette lettre (p. 224). « Ce glyphe représente la vision, le regard mental et dispose aussi d'un appareil stéréoscopique. Deux images le desservent, l'une correspondant à la rétine cérébrale gauche, l'autre venant de son homologue droite. Que discerner dans la gauche et la droite de la structure évolutive, à la hauteur où Ayin donne droit de regard ? Ayin vaut 70. Le chiffre 7 est efficient dans sa valeur numérique. Il signifie que toutes les connexions sont ouvertes dans la totalité de la sphère évoluée. Il désigne également la fin de l'évolution dans une forme qui vit son sabbat. Les deux références s'ajoutent, corollaire l'une de l'autre. Dès lors, Ayin indique fermement que le belvédère d'où il offre son panorama sur la structure est celui qui caractérise en général le cerveau réflexif. De la plus haute cime, Ayin plonge sur les espaces évolués et permet de les observer… L'inspection, par la double vue du Ayin, s'exerce autant de fois que des êtres humains ou cycliques accèdent à la position d'achèvement. »
En serions-nous là ? A un achèvement cyclique demandant à être vu ? Dès lors que les voiles tombent, Ayin cherche à concilier la vue des yeux, unifier le regard pour une compréhension redressant à l'endroit ce qui se propose à l'envers, de manière à unifier ce qui parvient le long de deux voies différentes et croisées. Sciences et Connaissance et appelées à se rejoindre, pour une plus haute vision du réel ?
— Le Principe du Langage ou l'Alphabet hébraïque
— PaRDèS sur Alzheimer (film)