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samedi 4 novembre 2023

Comment lutter contre l'antisémitisme ?

Par Dominique Blumenstihl-Roth


Nous étions tous au Sinaï, aimerais-je dire aux antisémites dont les éructations sont largement relayées par les médias. Médias qui, à force de les diffuser, finissent par être les informateurs de ce qu'ils voudraient dénoncer. Les antisémites se réjouissent de ce que l'on parle d'eux : notre indignation les amuse et les conforte dans leur raison d'être.


1. Comment lutter contre l'anti S ?

En surveillant les réseaux sociaux, en punissant les impétrants… Tout cela est sans doute louable, peut-être efficace, mais c'est là une action portant sur l'extérieur et non sur l'origine. Pour refroidir les inflammations chroniques, il ne suffit pas de prendre un antibiotique dont l'effet cesse rapidement après qu'il a été administré, d'autant que l'organisme s'y habitue. L'amoxycilline perd de son efficacité, quand bien même on en augmente les doses. Une autre médication est-elle envisageable qui mette fin aux purulences ? Neutraliser l'agent pathogène ? L'extraire ? Impossible de vérifier ce qui mijote au cœur des âmes, au secret des lourds silences qui parfois n'attendent que l'occasion pour enfin lâcher leur terrible secret. Car enfin, si l'antisémite lourd et gras vociférant sa haine dans la rue est facile à repérer, qu'en est-il quand il se larve dans la bienséance propre-sur-elle de l'intelligentsia, persuadée de n'être jamais démasquée ?

— Tel écrivain raciste et antisémite comme Louis Ferdinand Céline continue d'être adulé par une caste de bien-pensants en raison de la prétendue haute qualité littéraire de son œuvre.

— Le philosophe Heidegger en grâce chez les universitaires qui lui consacrent quantité de conférences sous toutes sortes de prétextes. Il fut étrangement complaisant à l'égard du nazisme qui lui offrit un poste prestigieux à l'Université de Freiburg…

— Tel auteur actuel célèbre écrit une pièce de théâtre à gros succès où Hitler apparaît comme un sympathique artiste-peintre et Albert Einstein en monstrueux savant responsable d'Hiroshima…

— Tel éditeur publie Mein Kampf, désormais tombé dans le domaine public, en tire de substantifiques revenus et justifie cette édition au nom de la recherche scientifique…

— Tel président de la République se rend sur la tombe du Maréchal Pétain et lui rend hommage, y dépose une gerbe de fleurs, sous prétexte d'Ancien Combattant. Et ricane en secret du subterfuge qu'il accomplit. Tel autre se rend en Israël, en voyage officiel, et soutient l'idée de la coupure en deux de Jérusalem — thèse délirante défendue — histoire de ménager les susceptibilités du Golfe alors que l'entité même de la ville en tant que lieu d'insertion du Verbe ne peut en aucun cas être divisée sous peine d'ablation de l'aire du langage. Antisémitisme dosé au nom du prétendu pragmatisme d'Etat, qui se défend, la main sur le cœur, de jamais le paraître au nom des Droits de l'Homme.

Tout cela repose sur la méconnaissance, la négation même du rôle de la France, dont la mission est étroitement liée à celle d'Israël. La politique se pense en terme de pouvoir. Serait-il possible de la penser en terme d'utilité au service de l'esprit ? La politique, c'est la relation. Peut-elle se fonder sur autre chose que la volonté de domination? Pour Israël, c'est avant tout la volonté de survie qui domine la dynamique existentielle de l'Etat. Pour la France, c'est la volonté de confort, de paix sociale. J'allais dire de suprématie en boffitude. Elle se range sur un projet de développement de type hyponeurien, avec sa croyance au progrès éternel, technologie illimitée, soumission des êtres à l'accroissement productif. Pourtant, par sa vocation, la France s'inscrit dans la continuité de la Révélation. Ouvrir le message de la Révélation, l'expliquer, l'universaliser, la mission française se cale sur ce rail, en liaison directe avec l'extraordinaire travail accompli par la longue histoire d'Israël. Une réorientation au plus haut niveau de la politique de l'Etat serait souhaitable qui fasse de la doctrine de l'intérêt immédiat une obsolescence au profit de la fidélité à la vocation spirituelle.

 

2. L'antisémitisme, c'est aussi au quotidien

Il y a quelques jours, au café, un pilier du bistrot dit à son collègue : « oh toi, t'es radin, un vrai juif ». Personne ne réagit, moi non plus. Allais-je invectiver un brave buveur ? Et pourtant… Peut-être aurais-je dû me lever et le mettre face aux mots qu'il a employés ? Il ne présente aucun danger pour personne, si ce n'est pour lui-même : son antisémitisme est tellement sot, normalisé et admis… Il vit avec, sans se rendre compte de rien. Oui, j'aurais dû lui dire quelque chose. L'emmener à la maison, lui présenter la Torah, les Talmud, lui montrer les livres de mon Maître sur l'Alphabet hébreu. L'inviter à s'en instruire. Lui proposer d'apprendre les secrets de l'Alphabet et ses arcanes. Lui expliquer que l'antisémitisme, la haine, le racisme procèdent de l'Inversion. Lui montrer aussi les Evangiles, et lui dire : « tiens, voilà un juif qui te regarde et qui n'était pas radin ».

Ai-je raté l'occasion d'instruire un ignorant qui n'attendait que cela ? Ce n'est que partie remise et m'en tenant à la loi du Redoublement, il est certain qu'une nouvelle occasion se présentera. Oserais-je lui dire : — Mon ami, être juif, c'est aussi et surtout vivre sous contrat avec l'Alliance (Bérit), l'Alliance du Sinaï, à laquelle toi aussi tu es convié, depuis toujours. Etre Juif, c'est s'engager, devenir Israël dont le nom signifie lutter pour l'Esprit. Toi aussi tu peux lutter « pour ». Depuis des millénaires, le judaïsme tient cet engagement, et nous sommes tous impliqués dans la grande Alliance. Elle fait de nous des humains à part entière, connecté à l'Invisible. Briser ce lien fut l'objectif de la Shoah. Si tu enlèves en toi-même ta part te reliant à l'Absolu, alors tu pratiques une ablation de ton propre cerveau. Et que restera-t-il de toi, si on coupe, dans ton propre cerveau, l'aire du langage ? L'expérience a été faite par les neurologues : selon la zone détruite, tu peux continuer de parler, mais tu n'as plus accès au sens. Ou alors tu gardes la capacité du sens, mais tu ne peux plus parler. Dès lors : ne te coupe pas du Sinaï.

Je crois que l'antisémitisme est l'expression d'une souffrance atroce, la détresse d'un esprit qui reconnaît dans « le Juif » — dans l'Autre — ce qui lui manque… et qu'il rejette tout à la fois. La haine viscérale s'exprime contre « le Juif », en ce qu'il est le porteur de l'Alliance sinaïtique à laquelle l'Invisible cependant appelle tout le monde. « Par toi sont bénies toutes les nations de la Terre », dit Dieu à Abraham. Dès lors, l'antisémitisme c'est la haine de soi-même, la haine du meilleur que l'humain porte en lui, c'est-à-dire sa connexion avec l'Esprit. 

 

3. A chacun sa manière

Je vois autour de moi quantité de manifestations d'amour dont les média ne relaient pas le message. Pour eux, ce sont des non-événements. L'amour d'une mère pour ses enfants, l'amour qui s'éveille entre deux adolescents — qui s'embrassent, à la vue de tous, sur le banc, devant le collège. Cela aussi mérite d'être vu : leurs regards amicaux et complices quand je leur ai fait signe du pouce pour leur dire « OK ». Passant devant eux, pendant qu'ils reprenaient leur respiration (ils étaient tout émerveillés l'un de l'autre), je leur ai dit : — Vous êtes beaux tous les deux. C'est beau l'amour. Ils m'ont répondu en me remerciant de ces paroles. Voilà des images que nous aimerions voir sur les écrans. L'amour, puissante réponse à la haine, sans cesse nous appelle, nous rappelant que la Révélation ne cesse de se donner, à chaque seconde, à chacun de nous, afin que nous en validions l'enseignement.



Concilier la diversité des croyances en identifiant le principe d'unité : La Face cachée du Cerveau

Lutter contre l'Anti-S : ce livre exceptionnel, Réponse à Hitler

et ce livre : Esther, la Délivrance d'Israël

Réconcilier l'Islam… avec lui-même : Fatima, la délivrance de l'Islam.


4 commentaires:

Rosée a dit…

En Tzarfat , le "cordon ombilical" de la transcendance , de la révélation , a été coupé au moments de la révolution , Tzarfat sans tête ne peut plus se voir dans cette image de ceux qui la cultivent : " la haine de soi-même,"dixit DBR
l'inversion est totale et non redressée .
Qui va rendre à ce pays la vision juste ?
Pour la France, c'est la volonté de confort, de paix sociale. J'allais dire de suprématie en boffitude. DBR

Myriam a dit…

Merci beaucoup.

Gerard K a dit…

Bonjour Rosée,

Expliquez-moi : pourquoi dites-vous que Tzarfat, la France, est le "cordon ombilical de la transcendance" ?

Cela a-t-il un rapport avec le Tzadé ?

J'ai encore beaucoup à apprendre, merci de m'éclairer.

Rosée a dit…

à Gerard K :
relisez ce qui est écrit ; je ne dis pas que la France EST le cordon ombilical de ...
Je dis plus simplement que ce lien précieux entre le ciel et la terre a été sanctionné
par le "rasoir national" , Louis XVI décapité par l'élan révolutionnaire et voilà la France privée de cet axe précieux qui permettait à une nation de "faire"corps dans un même élan de foi.