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jeudi 7 décembre 2017

Johnny Halliday : quel est le secret de Jean-Philippe Smet ?

6 décembre 2017, décédait Johnny Hallyday, immense star de la chanson française.

J'ai été profondément touché par la nouvelle de la disparition de Jean-Philippe Smet. J'ai, dans ma tête, comme tous les français, la mélodie de certaines de ses chansons et des paroles qu'il a portées haut dans le cœur de tout un pays. « Que je t'aime » chantait-il… Et qui, désormais chantera l'amour aussi puissamment ?

J'ai rejoint la tristesse de ceux qui aimaient en lui l'Artiste sincère, se donnant à son public de tout son corps. Sa droiture, le don de soi, sa vérité : tout cela a façonné son être au cours de sa longue carrière. Aucune malice chez lui, aucune fausse empreinte. Cet homme a été ce qu'il voulait être, un Artiste complet. Il n'y a pas chez lui de faux regrets, mais un amour authentique de son Art et de son Public. De là, la belle passion d'un Public qui lui rend ce qu'il lui a donné.

« Il suffira d'une étincelle » chantait-il, pour  « allumer le feu ». Si ce feu, c'est celui de l'amour, il l'aura gagné. Dans les paroles de ses chansons passait plus d'un message qui aura touché des millions de personnes. Je pense à l'amour de « Laura » que des milliers de fans fredonnent à longueur de journée… Il habite le cœur profond de la sensibilité française, à la fois sa révolte et sa capacité du don de soi.

Avec l'écrivain Dominique Aubier, qui avait alors 88 ans, nous avions vu à la télé le grand concert qu'il avait donné aux pieds de la Tour Eiffel. Non que nous étions exactement des fans… mais tout de même, l'Artiste avait notre sympathie. C'est le feu d'artifices, le déploiement des lumières qui avait retenu notre regard alors que nous cherchions un programme susceptible (méritant) d'être regardé. Il était donc là, sur scène, avec ses décibels, sa voix puissante, sa présence totale.

À un moment, j'ai demandé à Dominique Aubier ce qu'elle pensait de lui. Et ce qui, d'après elle, était à l'origine de son succès. Elle m'a répondu : « il est certain que pour arriver à un tel niveau de popularité sur scène, il faut quelque chose de spécial. Il a sûrement beaucoup travaillé car rien ne vient tout seul. Mais il y a plus… Regardons-le encore un peu. »
Je n'aurais jamais cru que Dominique Aubier, auteure de la Face cachée du Cerveau et autres livres très sérieux sur la Connaissance, passerait une soirée à suivre Johnny. Elle qui préfère plutôt la musique classique… Mais elle était comme ça : tout l'intéressait à condition que ce soit vrai. Et là, ce concert en direct, ce n'était que du vrai.
Pour rien au monde, elle n'aurait voulu manquer l'occasion d'apprendre quelque chose, car, me disait-elle : « c'est la Vie qui nous enseigne ce dont nous avons besoin pour comprendre notre propre vie ».

 Je me souviens avoir mis en route la fonction du soutitrage de la télé, ce qui permettait de lire les paroles des chansons. Et mon Maître y était d'autant sensible : 
— Vous vous rendez compte des textes qu'il chante ? Il y a de l'amour à chaque ligne… me dit-elle. Faut-il que ce soit Johnny qui nous dise « Quel est ce pays. Où frappe la nuit. La loi du plus fort ? » (paroles de Michel Berger). Faut-il que ce soit ce rocker qui nous rappelle la nécessité de « la solitude aussi pour que j'aime les gens »…
Quelle chanson ! me dit Dominique Aubier après avoir entendu :

Qu'on m'enlève ce qui est vain et secondaire
Que je retrouve le prix de la vie, enfin !

Qu'on me donne la peine pour que j'aime dormir
Qu'on me donne le froid pour que j'aime la flamme
Pour que j'aime ma terre qu'on me donne l'exil
Et qu'on m'enferme un an pour rêver à des femmes !

La solitude aussi pour que j'aime les gens
Pour que j'aime le silence qu'on me fasse des discours
Et toucher la misère pour respecter l'argent !

Pour que j'aime être sain, vaincre la maladie
Qu'on me donne la nuit pour que j'aime le jour
Qu'on me donne le jour pour que j'aime la nuit
Pour que j'aime aujourd'hui oublier les "toujours" !


A la fin du concert, nous sommes resté silencieux un bon moment. Puis nous sommes allés nous coucher. Longtemps encore, dans ma chambre, j'ai entendu au fond de mes oreilles, l'écho de la chanson :

On m'a trop donné bien avant l'envie
J'ai oublié les rêves et les "merci"
Toutes ces choses qui avaient un prix
Qui font l'envie de vivre et le désir
Et le plaisir aussi
Qu'on me donne l'envie !
L'envie d'avoir envie !
Qu'on rallume ma vie !


Le lendemain matin, Dominique Aubier, déjà au travail, un livre très sérieux à la main, m'appelle :
— Il faut que je vous dise… À propos du concert que nous avons vus ensemble hier soir. Vous m'avez demandé quel était le secret de votre énergumène… Johnny. Eh bien je vais vous le dire. Ce garçon a quelque chose de très rare. Je n'ai rencontré que peu de personnes ayant cette disposition. Outre son talent indéniable, il bénéficie d'une singularité qui est à la source de tout son succès.
— Ah oui ? ai-je demandé. Qu'a-t-il de tellement spécial ?

Je n'ai pas douté une seconde que Dominique Aubier ait vu clair dans l'âme de cet artiste, car elle avait ce don de percevoir au travers des gens tout ce qui émanait d'eux. Elle lisait dans les regards comme dans un livre ouvert.
— Alors, dites-moi, ai-je repris, qu'a-t-il donc, notre « Johnny national » ?
— Je devrais plutôt dire que c'est quelque chose qu'il n'a pas, et que tous les gens possèdent… souvent à leur détriment.

Je me sentis quelque peu visé par la seconde partie de sa réplique :
— Si je comprends bien, c'est l'absence de quelque chose qui serait à la clé de sa popularité ?
— Oui. C'est quelque chose qui est totalement absent de sa personnalité. Il a certes son caractère, cela se voit. Il a sa force. Sa puissance. Mais tout cela, il le tire d'une seule et unique disposition, tout à fait naturelle chez lui et que certains ne parviennent à obtenir qu'après de longs exercices : cet homme n'a pas d'égo. C'est cela son secret. N'ayant pas d'égo, il peut tout donner. N'attendant rien, il peut tout recevoir. Les Maîtres du Zen invitent leurs élèves à lisser le « miroir de leurs représentations ». C'est parfois le travail de toute une vie. C'est une chose rarissime. Eh bien Johnny a d'emblée cette qualité inouïe : son miroir est lisse. Il peut donc tout chanter, et ce qu'il chante, c'est le plus souvent de bons sentiments. Étant un miroir pur, il transmet un reflet transparent de lui-même à son public qui en perçoit l'impact et qui, grâce à cette transparence, communique avec lui. D'où la passion qu'il suscite auprès de tous ces gens aspirant à la sincérité. Il est ce qu'ils cherchent, un miroir sans aspérité. Il garde pour lui ses rayures, les blessures qu'il a pu supporter. Cela se voit. Et à l'extérieur, sur scène, il offre une surface limpide. Son spectacle est donc une offrande lyrique où s'exprime un être pur.

Si j'étais un responsable politique, a poursuivi Dominique Aubier, je tiendrais compte au plus haut degré de l'impact de cet artiste car il permet de mesurer l'attente profonde de toute une population en quête de vrai, de sincérité, de respect. La population veut de la vérité, des sentiments, un rapport charnel qu'elle puisse en quelque sorte épouser et suivre…

J'étais resté étonné de la clairvoyance avec laquelle Dominique Aubier avait en quelque sorte « sondé » l'âme de l'Artiste. Et j'en avais pris « pour mon grade » comme on dit, en ce qui concerne l'idée de raboter quelque peu l'égo afin d'être un tout petit peu plus lisse… Ce fut une sacrée leçon.

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Maintenant que cet artiste est décédé, il me semble, compte tenu de l'immense émotion qui étreint la France, que Jean-Philippe Smet était devenu, au cours des années, une sorte de Fontaine naturelle déversant sans compter amour et compassion. Un Artiste initié par la Vie (avec 3 x "Y" dans son nom d'Artiste, donc une énorme énergie concentrée) qui chantait le sentiment que la France attendait. Je l'écoute avec joie, et je le considère avec respect.

6 décembre 2017 : que s'est-il passé d'autre ce jour-là dans le monde ?
Sur un plan de cohérence temporelle, tout est lié… Y compris le beau soleil qui a brillé le jour de ses obsèques. Et si c'était un jour saint "holy - day "?

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Un biker inspiré m'a écrit pour me dire qu'il voyait dans la marque "Harley Davidson" un message important… C'est bien possible, le deux-roues étant le symbole d'un cycle en route, un cycle historique. Peut-être il faut lire "David-son" =  le fils de David… ce qui est justement le surnom biblique… du "Messie" (appelé "fils de David"). Faut-il que ce soit un Artiste qui nous rappelle la dimension et le rôle de l'Amour ! 
"Tout donner… plus riche de ne rien garder… que l'amour…"
Peut-être aurons-nous droit à une rémission ? C'est le sens du mot hébreu écrit dans son nom Smet(a) prononcé Schémitah =  שְׁמִטָּה
Johnny a incarné le chant de la France, dans sa dimension lyrique. Il nous renvoie vers le meilleur de nous-même.
"Il suffira d'une étincelle et d'un mot d'amour…
pour allumer le feu…
Dans ces paroles prophétiques, il faudra choisir quel feu nous voulons.


7 commentaires:

François-Marie Michaut a dit…

Vraiment superbe témoignage et analyse percutante.
Juste une question: le degré de "lissitude" de l'égo peut-il se "travailler" ? Ou bien l'égo fonctionne-t-il selon le mode on/of, comme semble le dire Krishnamurti que Dominique Aubier ne négligeait pas, je crois.
Plus légèrement, entre rock et rosh, y a comme un voisinage.
Quant à l'organisation d'une veillée de prière à l'église Saint-Roch, c'est épatant...

PS : dans le milieu du spectacle, il me semble que Depardieu est du même calibre. Un sans ego lui aussi. Club très très fermé.

Biker retraité a dit…

Johny fut un porte-drapeau :
- la rock attitude. Comment pas entendre rosh ( la Tête ) là dedans ?
- le culte de la moto. C'est le cheval moderne, le cheval de la connaissance ( celui de Mohammad comme celui de Don Quichotte, Rossinante)
- et pas n'importe quelle moto. La Harley Davidson s'il vous plait. Davidson = le fils de David et son étoile. Harley peut devenir Lehar. L'auteur autrichien de La veuve joyeuse !

Elio Di Lupo a dit…

Grand merci !

Elio Di Rupo
Président du PS
Boulevard de l'Empereur 13
1000 Bruxelles

Domino a dit…

Oui, la moto est le symboe du cycle en cours.
Davidson : oui, c'est "fils de David", ce qui renvoie à la notion biblique de "messie-fils-de-David".
Et son nom "Smet" est la racine du mot hébreu Schmemitta, le cycle historique en cours.

Anonyme a dit…

une voix vient de s"éteindre mais la magie de la technologie la fera encore et toujours l"entendre.....Le secret de Jean-Philippe SMET ,j"en suis demandeur , j"aimerais le savoir !

Anonyme a dit…

Je ne me lasserai jamais de votre superbe façon de nous parler de l' amie dans mon
coeur qu'est Mme Dominique AUBIER, elle vous a si bien initié qu'à votre tour, vous
nous passionner par vos analyses et vos écrits.
Je suis toujours si heureuse de recevoir votre point de vue sur les êtres et sur la vie.
Cette analyse sur notre "Johnny" est superbe et vous me le faites apprécier voir aimer
davantage, je ne suis pas une fan de ces chanteurs de variété, je préfère la musique classique
où les chants hébreux, les mantras de l'Inde tout ce qui peut nourrir en profondeur mon coeur
et mon âme.
Alors, merci pour cette page si inspirante, qui me permet de voir ce que je peux faire aussi pour
non pas éloigner mon égo, mais le domestiquer un peu plus pour faire rayonner mon miroir
et apporter le meilleur de moi-même et l'offrir sans compter à tous ceux et celles qui croisent ma route.
Merci à Jean-Phillipe SMET, pour cet exemple d'amour inconditionnel qui partage avec le plus grand nombre.

Gabrielle a dit…

Une statistique à été établie concernant les paroles des chanson de Jonnhy le mot qui revient le plus souvent est le mot.....Amour....