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lundi 5 octobre 2020

De l'efficacité de la prière face aux cataclysmes.

par Dominique Blumenstihl-Roth
 
Les désastres s'abattent sur le monde — sur notre pays. Covid 19, inondations, incendies… les cataclysmes se suivent… Et nous regardons les phénomènes comme des événements séparés les uns des autres, comme des fatalités.
En réalité, il existe un principe d'unité auquel tous ces phénomènes sont corrélés.
Seul un acte de conscience, s'adressant à ce principe d'unité peut agir sur le monde.
Comment faire ? Comment s'adresser à ce « Principe » gouvernant le réel ? Par quelle initiative peut-on infléchir le cours de choses ? Si le réel — la Création — est issue d'un Verbe, n'est-ce pas ce Verbe qu'il convient d'interroger ? Est-il possible d'établir un dialogue avec cette puissance ?

En ces temps calamiteux, j'ai entendu et vu beaucoup de gens qui priaient, espérant une intervention divine qui rétablirait l'ordre des choses et nous sortirait des difficultés… Mais qu'est-ce que la prière ? Est-elle efficace ?
Avec la Covid, nous avons cru en la science, avec son cortège de « sachants », les scientifiques, prêtres des temps modernes. Mais voilà que la science est tenue en échec. Un échec que l'on tente d'amoindrir en nous répétant que la recherche… progresse et qu'on « finira par trouver », tandis que l'objet de la quête se dissimule… Tant d'investigations, tant d'intelligences finissant dans une impasse ? Le seul remède pour l'instant, c'est le port du masque et le bon vieux lavage des mains dont on s'étonne qu'on le redécouvre comme une nouveauté révolutionnaire alors qu'il est préconisé dans la Torah depuis 5000 ans.

Un regard du côté de la Connaissance
aurait permis une prise de conscience puissante. Nous aurions vu, dans le Corona, un signe. Puisque tout en ce monde est signe : « signes de surface », écrit le soufi andalou Ibn' Arabî, dans son Voyage vers le maître de la Puissance, pour qui le réel est le territoire où s'exprime la pensée divine. Quelle est la pensée dont le Corona serait la manifestation ? Peut-on remonter à l'information ayant suscité la chose ? Elle est lisible dans le nom : si nous vivons dans un monde créé à partir d'un Verbe, alors ce Verbe ne cesse de dire « sois » et aussitôt la chose « est ». Si la chose suscitée se nomme Corona, c'est que de l'autre côté, ce mot a été prononcé. Alors pourquoi sous la forme d'un virus ? La « Couronne » (Kether) de dimension universelle (pandémie) désire être considérée. Mais l'humanité, fascinée par la pensée dite objective, n'en veut pas. La Couronne prend dès lors la forme correspondant au territoire que nous avons favorisé, celui du « faire ». Le virus est un « super-faire » expansif, contagieux, super-productif… à l'image de notre civilisation axée sur les rapports de force et de violence. Le virus nous renvoie à notre conception du monde. Il est une matérialisation de la pensée dominante de notre civilisation.

La Connaissance nous incite à voir dans cette pandémie le signe appelant à un retour vers ce que le kabbaliste appelle la Couronne, la Séfira Kéther depuis laquelle émane tout l'édifice du vivant. Hélas, comment faire entendre le discours initiatique quand tous les médias (et nos consciences) sont saturés par la pensée linéaire ? La science est partout érigée en divinité, alors qu'elle est incapable de fournir la moindre synthèse de son propre savoir.
Nous avons donc assisté à la dispute interne des sciences entre elles, chamailleries sur fond d'égos et de financements : le professeur Raoult, en grand maître contesté, a capté le regard et l'espoir du peuple tandis que d'autres grands prêtres furieux de n'être pas sous les feux des projecteurs se sont livrés à une bataille rangée en invoquant la sainte méthodologie scientifique. Querelle hyponeuriennes, à l'intérieur du « faire » dont chaque parcelle revendique sa suprématie sur le Tout.

Le Président de la République, entouré de son comité d'experts — tous scientifiques et pas un initié — en a été troublé : autant de regards que de spécialistes, aucune synthèse. Autant de points de vues sur la situation qu'il y a de disciplines. Les sciences portent en effet sur le réel un regard… d'insecte, dont l'œil est construit en hexagones multiples juxtaposés et dont chacun détache un détail infime sans que l'unité de la chose observée soit jamais possible. Cruelle analogie avec les sciences… (lire à ce sujet : la Synthèse des Sciences, par Dominique Aubier).
Combien manque un comité d'initiés (et je ne dis pas de philosophes), formés à la Connaissance, ayant le double-regard sur le monde, alliant Connaissance et sciences ! On aurait vu de loin la perspective de la contamination dès l'instant où le virus s'est déclaré au lieu dit Les Contamines. L'avertissement était clair. De même on aurait corrigé le langage : le virus n'est pas « saisonnier » car il ne connaît pas les « quatre saisons » de Vivaldi. Parler de saison, c'est confondre l'effet saisonnier avec la cause ontologique qu'est le cycle. Nos scientos ne se sont pas aperçu qu'ils se laissaient abuser par leur propre langage, d'où la croyance naïve chez de nombreux spécialistes, que le virus serait sensible à la « belle saison » et qu'il prenait, lui aussi, des vacances. Par contre, il connaît l'archétype du Redoublement.

Un milligramme de Connaissance initiatique aurait suffi pour comprendre que la « deuxième vague » correspond à l'archétype Redoublement. Tous les Lecteurs et Lectrices de La Face cachée du Cerveau (F.C.C.) auront compris que le mécanisme de cet archétype est en action dans la dynamique du virus. La deuxième vague est inévitable.
Le soufi de Murcia du XIIIè siècle évoque ce mécanisme au travers de son langage poétique : « le Caché impose son état de dissimulation sur la première manifestation » (c'est le premier signe). « Puis vient l'autorité du Manifeste… » (c'est la seconde instance active en tout cycle vivant). Car tout est soumis à cette dynamique en double-détente où la première instance informe et la seconde réalise durement la chose en ajoutant de nouveaux éléments de fabrication. (Je précise que le langage métaphorique du soufi ne devient intelligible qu'après la mise au point réalisée dans la F.C.C. qui permet le décodage de ce langage qui, autrement, reste hermétique même aux yeux d'un érudit comme Henry Corbin.)

Dans cette pandémie, comme en toute chose de nos vies, il s'agit, comme le disait René Guénon, « de tout voir dans l'unité de la norme. » De quelle norme parlait-il ? Celle du Code dont il a intuitivement pressenti l'existence dès les années 1960, sans pour autant le mettre au clair… (mais depuis lors, c'est chose faite : F.C.C.)
Le sage chinois Tchouang Tsen ne le dit pas autrement : « Vas donc voir ce qu'il en est du réel quand on regarde ses choses à la lumière du Ciel » : c'est précisément cette hauteur de vue — la connaissance de l'unité de la norme — qui manque au politique.

J'aurais conseillé au Président Macron, si tant est qu'on puisse lui suggérer quelque chose, de regarder le film Le facteur sonne toujours deux fois, de Tay Garnett. Il met en scène le mécanisme du Redoublement. On y voit comment une information émise devient acte, entraînant à son tour l'existence d'une situation formant un cycle… le tout dans un processus édifié sur l'archétype bien connu des kabbalistes sous l'appellation Kafil.  Il procède du dire deux fois, que l'on appelle le Davar Chanoui. Ce film tiré du roman de James Caïn, restitue la leçon initiatique du verset biblique « une fois Dieu a parlé, deux fois j'ai entendu » (Psaume 62/12). Le problème avec nos responsables, c'est qu'ils n'entendent pas même la première fois et qu'on ne peut rien leur dire. Pourtant, depuis des millénaires, l'expérience humaine inspirée et enrichie par l'apport considérable des initiés a engrangé cette Connaissance qu'aujourd'hui on méprise.

La « deuxième vague » virale est plus que prévisible, elle est ontologiquement, mécaniquement vouée à être. Donc nous préparer dès maintenant. Elle va se présenter. On peut passer au travers si, en humains ayant vu avec l'œil de voir, nous adoptons l'attitude préventive. Cette action fondée sur la bonne réception de l'information et la connaissance de la Loi de l'archétype, est une prière active et efficace. A défaut de chloroquine miraculeuse, il existe donc l'acte de conscience responsable que produit l'individu.
J'ai écrit ces lignes en août 2020.

Rien n'empêche de prier Dieu et lui demander d'agir… mais franchement, il nous a avertis, informés. Il nous a pourvu de l'instrument initiatique pour traverser.
Il paraît assez « naïf de croire que Dieu subordonne son secours à la demande formulée par les hommes » (Elie Munk), surtout quand ces derniers ont auparavant nié et rejeté tout l'enseignement que la norme divine leur prodiguait. Comment demander secours au capitaine d'un navire que l'on a saboté ?
A quoi bon encore nos supplications d'irresponsables qui ne veulent entendre ?
Comment, la déesse Sanofi n'a pas exaucé les vœux élyséens? Alors vite nous courrons à la messe, à la mosquée, à la synagogue, au temple et implorons la pitié divine, pratiquons la grande prière universelle à laquelle Dieu devrait répondre… tandis que nous nous accordons le privilège de la paresse intellectuelle, le refus de Connaître, le rejet de la Connaissance.
Dieu nous a donné l'instrument, le Code et la Boussole pour nous diriger dans nos vies. La bonne prière serait donc de se servir de ce Code. Pour cela, un retour de l'Humain sur lui-même est nécessaire. Une refonte de nos critères de pensée. Et c'est bien là, le sens du mot « prière ». 

La prière n'est entendue que si elle est émise dans les normes de l'Absolu et non selon celles de nos égos contrariés. Selon le kabbaliste Gikatila, elle est acte de pensée, un élan de volonté. « La requête doit se faire sur les Séphiroth une à une jusqu'à atteindre ce qui domine, c'est-à-dire Ein Sof. L'orant unit les Séphiroth pour les remplir de la bénédiction d'En-Haut. Il atteint la Source du Désir. » Cette conception de la prière en langage imagé s'appuie sur le sens exact du mot en hébreu.

Le mot hébreu désignant la prière se construit sur le verbe « hithpalel », c'est la forme réflexive du verbe « Palol », juger (cf. Elie Munk, La Voix de la Torah, vol 3, p. 126). Nous en déduisons que Hithpalel (prière) signifie : se juger soi-même. Se juger en face de soi, devant une situation.
En français, prière équivaut à « demande » ou même à « supplication ». Elle a trait à un appel à l'aide. Tel n'est pas le sens du mot hébreu et l'on s'en aperçoit dans l'épopée de la reine Esther : tandis qu'elle organise — au moyen d'un Redoublement — la salvation du peuple, elle demande à toute la communauté de se mettre en prière, c'est-à-dire en position de « hithpalel », de retour sur soi réflexif et de jugement individuel et collectif sur elle-même. Esther n'exprime aucune supplication à Dieu, dont le nom YHVH est d'ailleurs absent dans tout le chapitre (Méguilah). Elle pense et agit uniquement selon la norme de l'unité dont elle connaît les règles sur le bout des doigts. J'ai écrit un livre sur le sujet (Esther, la Délivrance d'Israël). C'est par l'application raisonné et résolue du Code des Archétypes, Code de la Vie, qu'Esther réussit son opération hautement politique sauvant les juifs du génocide qu'avait organisé Haman. La commémoration de l'événement perdure depuis 2600 ans sous la forme des fêtes de Pourim dont le but est précisément de rappeler la validité permanente de ces normes.
Cette épopée fût canonisée pour nous instruire de l'efficacité de la norme et du Code des Lois.
Prier, c'est cela : se tourner vers soi, agir en connaissance de cause en fondant l'action sur la Connaissance de la « grille » initiatique qui nous fut donnée… La grille des actions sûres car fondée sur les lois de la Création.
 
 Références :
Le Code des archétypes du Réel. La grille du Principe d'universalité.
— La Voix de la Torah (Elie Munk)
 

7 commentaires:

Rose a dit…

Tous les phénomènes corrélés par le principe d'unité sont abondamment mis en lumière dans les récits de l' aventure humaine relatée par la bible . A-t-il jamais été question d'établir un lien avec cette puissance par le dialogue ? Qui parle Aleph ? Qui tient la main de Yod ? Les premiers dialogues entendus en génèse révèlent une humanité hésitante voire incapable d'être au niveau utile du dialogue . Les humains ont-ils tiré profit de ces milliers d'années passées en co-habitation avec la création ? Afin de dialogue ? Le décret diluvien est à jamais obsolète , il n'y aura plus de châtiment , rien qui puisse permettre à la cible élue par la création de corriger ses visées .
Apprend on la grille initiatique sur les bancs de l'école ?

François-Marie Michaut a dit…

Le premier foyer de dissémination épidémique en France semble être né au coeur d'un grand rassemblement consacré à... la prière. Humour noir du réel ? Panneau indicateur nous disant que cette prière se proclamant évangélique au sens premier du terme, c'est justement pas de la vraie prière telle que définie ici par DBR.
Un DBR qu'il faut, pour moi, lire et relire

La science a tenté de mesurer l'efficacité thérapeutique de la prière des soignants et des patients hospitalisés aux USA. Avec ses lunettes d'observation ne voyant pas le Qui-Sait, elle est incapable de donner une réponse devant les résultats discordants des études. Elle n'en conclut pas pour autant que ses méthodes ne peuvent toucher qu'une partie de la réalité. La Face Cachée du Cerveau encore et toujours...

Anonyme a dit…

Salutaire coup de pied dans toutes les prières que l'on fait apprendre par coeur à tous les enfants des différentes religions du monde.
Merci l'auteur

Domino a dit…

Lettre écrite à M. Y.G. qui a bien voulu me signaler la mauvais orthographe de ma transcription du mot "prière" en hébreu.

Cher Y. G.,
Je vous remercie de votre vigilante attention qui en effet confirme la modestie de mes contributions. Je ne suis aucunement blessé par vos propos et cela ne me gêne pas que l'on stigmatise mes insuffisances.
J'ai aussitôt corrigé l'orthographe (phonétique) du mot "Hithpalel".

En regardant de plus près, vous remarquerez que je citais l'explication du Rabin Elie Munk dont je donne les références de sa remarquable étude du Pentateuque, et que de toute évidence, le rabbin n'a pas pu faire l'erreur.
S'il y avait une erreur dans l'écriture du mot (transcrit), cela ne pouvait venir que d'une faute d'inattention assez bizarre de ma part, car j'ai écrit un "T" à la place du "L" uniquement dans la version finale de mon texte alors que sur le brouillon écrit à la main, je l'ai écrit correctement. Voilà qui m'amène à réfléchir sur le sens de ce "transfert" (une lettre à la place d'une autre, quel est le sens du mouvement ? Pourquoi cela survient-il ?). "Lire ceci plutôt que cela" est un classique des leçons talmudiques.
En tant que kabbaliste, tout en reconnaissant l'erreur formelle, si j'ai entendu un "T", dans "palel" devenant alors "patel" ou "patil" (Pé, Tav, Yod, Lamed), cela ne me semble pas une extravagance si j'en crois le dictionnaire El Maleh page 3123 qui indique que c'est "une fusée instantanée". Il y a de l'humour dans l'erreur involontaire et qui confirme alors le sens de la prière qui, en effet, doit être dite, prononcée, pour monter vers le Trône pour être entendue.
Le texte gagne même en qualité dès lors que l'erreur (désormais corrigée mais que je revendique comme une bonne inspiration) engage à de telles précisions que votre commentaire a appelées.

Je crois comme vous que la Connaissance, et la Kabbalah se vit en V.O. Mais toutes les langues du monde participent à l'élocution du réel qui s'exprime et s'adapte selon le territoire.
L'hébreu est récipiendaire direct de l'information. Les « autres » langues en reçoivent l'écho par un train d'onde et participent au projet d'universalité non exclusif. Dominique Aubier en a magnifiquement traité dans son livre "L'Ordre cosmique".
Israel est le territoire où l'influx cosmique descend en direct, au point d'impact de Jérusalem. Pour l'instant, il me semble qu'un gros travail doit être fait en Tzarfat (la France) pays où l'explication doit être délivrée, et la tâche est rude, comme vous le savez…
Bien cordialement…

Deborah a dit…

En effet, comment ne pas imaginer qu'aujourd'hui ce fléau n'est pas une réponse à notre comportement irrespectueux face à la nature, à l homme même, et à Dieu quel que soit le nom qu'on lui donne? Il est sans doute grand temps de se recentrer sur les valeurs fondamentales je pense, et retrouver le respect du monde pour qu'il y ait un équilibre naturel...
Deborah

Anonyme a dit…

Bien sûr que nous avons du mal à entendre, puisque bcq d'entre nous ne savent pas "ECOUTER" donc ils ne peuvent t'entendre car ils sont ailleurs quand on leur parle…
Etre Présent à soi-même, c'est être aussi Présent à CELUI QUI VIT en JE, alors la LUMIERE peut s'effectuer et agir au son de la voix qui interpelle. Quand on a la grâce d'avoir lu les livres de Dominique AUBIER de mémoire bénie, nous avons cette co-naissance du Réel et nous pouvons cheminer ensemble pour le meilleur, hélas ce n'est pas le souci des scientifiques, et autres politiciens assis et enracinés dans leur ego et leur quant à soi. Pour moi, vos commentaires sont toujours un bain de jouvence dont mon âme et mon coeur se délectent, et vous en suis infiniment reconnaissante. C.

Alain a dit…

merci DOMINIQUE j’ai lu ton email avec attention , je vais prier merci ALAIN.