par Dominique Blumenstihl-Roth
Nous sommes consternés par la violence de l'intégrisme musulman. Comment faire pour mettre fin à ce processus morbide ?
Les intégristes, comme le nom l'indique, ont l'esprit attaché aux ritualisations désuètes, aux méthodes violentes.
Alors
regardons les religions : elles sont toutes immobilisées dans des
symbolismes de décoration, d'architecture, de peinture, de langage, de
vêtements mais les données essentielles ne communiquent plus.
Les religions n'ont pas franchi le pas qui sépare l'appréhension symbolique de la maîtrise explicative consciente. C'est dans ce contexte que l'on doit regarder l'Islam, ses réactions, ses blocages, et l'intégrisme qui émane de lui. L'intégrisme, pour tenter de revivifier une dernière fois sa
vague, replonge dans le passé des fondateurs pour y puiser l'énergie des
premières heures conquérantes. Ce phénomène s'appelle "le retour à
l'archigène". Ils n'ont, pour survivre, d'autre recours que s'enfoncer
dans la croyance fanatique, à des formes d'expression dont le sens leur
échappe.
L'intégrisme correspond à ce que Dominique Aubier a identifié dans son livre "La Face cachée du Cerveau", au retour en force des strates anciennes, activées par des liaisons correspondant à des axones remontant aux couches premières. L'intégrisme est une émanation régressive, mais parfaitement prévisible dans le cadre d'une évolution cyclique à l'intérieur de laquelle le retour à l'archigène est structurellement inscrit.
L'intégrisme correspond à ce que Dominique Aubier a identifié dans son livre "La Face cachée du Cerveau", au retour en force des strates anciennes, activées par des liaisons correspondant à des axones remontant aux couches premières. L'intégrisme est une émanation régressive, mais parfaitement prévisible dans le cadre d'une évolution cyclique à l'intérieur de laquelle le retour à l'archigène est structurellement inscrit.
Si
nos experts de la politique avaient un peu plus de culture — ou s'ils
acceptaient de s'instruire ou du moins écouter —, ils auraient pu
anticiper la vague intégriste. Celle-ci est puissante, parce que le
"retour à l'archigène" en tout cycle se myélinise sur un axone qui
replonge dans les strates premières du cycle en suivant itinéraire
fortement innervé. L'Islam cherche à se ressourcer à son origine, faute
d'apercevoir l'issue exégétique de ses textes fondateurs.
Défaillance de l'élite musulmane et incapacité totale de ses intellectuels de réaliser cette exégèse libératrice du langage symbolique du Coran…
L'intégrisme
salafiste est une volonté de renouer avec les formes "intégrales" des
premières années de l'Hégire… mais il est bien incapable de produire la
moindre lecture initiatique de son Texte. Il ne connaît que la lecture littérale et interdit fermement l'approche symbolique. Quant à "l'Islam de France", il est dirigé par des dévots en
charge du culte, mais aucunement d'initiés capable de dégager le sens.
Face
à la forme régressive qu'emprunte la religion musulmane, il faut
constater qu'il n'existe, à l'intérieur de la même religion,
aucune poussée verticale exégétique qui sortirait le texte de référence
coranique de son ornière symboliste. Le soufisme est resté bloqué dans
les allégories, et les penseurs qui auraient pu susciter l'avancée
intellectuelle de l'Islam ont été assassinés dans des conditions
horribles. Le supplice du grand poète Mansûr Al Hallaj, tué en raison de
ses remarquables perceptions, est emblématique.
L'avancée maximale de l'Islam demeure, encore aujourd'hui, Ibn' Arabî, l'initié andalou… mais son langage métaphorique (du XII° siècle !) reste quasi inaccessible à l'entendement du XXI° siècle. L'Islam n'a produit aucune actualisation de sa propre théologie. (Selon la tradition musulmane, ce serait le rôle de "l'Imam cachée" que la produire. Le chercheur Henry Corbin l'a mentionné dans plusieurs de ses ouvrages.)
Dans sa forme symboliste et littérale, l'Islam se heurte au mur du Temps qui construit une barrière infranchissable aux acceptions archaïques. L'intégrisme est donc sans avenir, car dans un cycle, la liaison vers les couches ancestrales ne dure qu'un temps délimité. Combien de temps va durer cette régression ? Il est démontré que, dans un cycle, quel qu'il soit, des lignes de persistance maintiennent en vie des états de conscience surannés. Tout dépend si, à son opposé, se propose la sortie exégétique drainant l'énergie vers le futur et si cette sortie est soutenue par suffisamment de personnes.
Où est-elle, cette sortie exégétique ? Et qui la réalisera ?
L'avancée maximale de l'Islam demeure, encore aujourd'hui, Ibn' Arabî, l'initié andalou… mais son langage métaphorique (du XII° siècle !) reste quasi inaccessible à l'entendement du XXI° siècle. L'Islam n'a produit aucune actualisation de sa propre théologie. (Selon la tradition musulmane, ce serait le rôle de "l'Imam cachée" que la produire. Le chercheur Henry Corbin l'a mentionné dans plusieurs de ses ouvrages.)
Dans sa forme symboliste et littérale, l'Islam se heurte au mur du Temps qui construit une barrière infranchissable aux acceptions archaïques. L'intégrisme est donc sans avenir, car dans un cycle, la liaison vers les couches ancestrales ne dure qu'un temps délimité. Combien de temps va durer cette régression ? Il est démontré que, dans un cycle, quel qu'il soit, des lignes de persistance maintiennent en vie des états de conscience surannés. Tout dépend si, à son opposé, se propose la sortie exégétique drainant l'énergie vers le futur et si cette sortie est soutenue par suffisamment de personnes.
Où est-elle, cette sortie exégétique ? Et qui la réalisera ?
Face
aux religions, le rationalisme — notre mode de pensée privilégié — est
bien incapable de libérer ces compréhensions anciennes de leur carapace
symboliste. L'anthropologie a échoué et l'ethnologie n'a pas réussi à
réaliser la synthèse des croyances. Echec sur toute la ligne.
Dès lors se pose la question : nous, en face, dans nos pays occidentaux dits "raisonnables", avons-nous réellement fait le nécessaire pour que notre civilisation produise une grande avancée culturelle aidant la pensée symboliste à se libérer de la gangue des images et textes allégoriques ?
Dès lors se pose la question : nous, en face, dans nos pays occidentaux dits "raisonnables", avons-nous réellement fait le nécessaire pour que notre civilisation produise une grande avancée culturelle aidant la pensée symboliste à se libérer de la gangue des images et textes allégoriques ?
Nous sommes face à un terrorisme de "post-modernité"
disait récemment une intellectuelle à la télé. Elle avait raison. Dès
lors il faut trouver une réponse du même type. "Notre réponse sera
impitoyable", ajoutait un interlocuteur… "notre amour sera impitoyable."
Réponse sublime.
Car
si l'amour doit répondre à l'intégrisme
terroriste, dans ce cas, qu'est-ce que cet "amour impitoyable" ? L'arme
absolue ? On a galvaudé trop souvent le sens du mot "amour" par des acception pathétiques de sentimentalité, alors que dans le langage initiatique c'est un acte symbolique positif : sous ce terme, s'exprime la doctrine de l'Union, de la
Synthèse, l'Union des Contraires, que la Tradition hébraïque appelle le grand Qorban. Unir Connaissance et sciences, réaliser la conciliation des contraires dont il doit émerger… une lumière nouvelle.
En
France, nous avons les bistrots, la chanson, la philosophie… "Tous au
bistrots", disait un responsable culturel, après l'attaque du Bataclan, espérant produire par là un
acte de "résistance". Il aurait dû préciser quelle
devrait être la boisson universellement servie à table. Le vin de Don
Quichotte ? Le vin d'une mise au clair universalisante donnant une vue
globale sur les religions et la diversité des cultures ?
"L'Amour nous sauvera". L'Amour… certes. Le mot ne remplace pas la chose et la chose ne donne pas son explication. Avons-nous produit l'acte d'amour civilisateur : la grande synthèse des cultures ? Nous parlons de "diversité culturelle", au point que c'est devenu un poncif mais on fait tout le nécessaire pour qu'elle n'émerge jamais. A ce jour, l'Unesco dont ce serait pourtant la mission de soutenir un tel projet, est restée inopérante.
Diversité, oui. Mais entre claironner une thématique sous des termes sentimentaux et en produire la charte, il en va d'une sacrée différence. Alors, qu'en est-il de produire la synthèse universalisante (acte d'amour !) qui dégagerait le cœur conceptuel de toutes les croyances et religions et les unifierait sous la bannière d'une compréhension unitaire ?
"L'Amour nous sauvera". L'Amour… certes. Le mot ne remplace pas la chose et la chose ne donne pas son explication. Avons-nous produit l'acte d'amour civilisateur : la grande synthèse des cultures ? Nous parlons de "diversité culturelle", au point que c'est devenu un poncif mais on fait tout le nécessaire pour qu'elle n'émerge jamais. A ce jour, l'Unesco dont ce serait pourtant la mission de soutenir un tel projet, est restée inopérante.
Diversité, oui. Mais entre claironner une thématique sous des termes sentimentaux et en produire la charte, il en va d'une sacrée différence. Alors, qu'en est-il de produire la synthèse universalisante (acte d'amour !) qui dégagerait le cœur conceptuel de toutes les croyances et religions et les unifierait sous la bannière d'une compréhension unitaire ?
Le
meilleur moyen de lutter contre l'intégrisme, du point de vue culturel,
c'est de promouvoir l'émergence de la grande synthèse. Je ne
dis pas : dialogue inter-religieux. Car le dialogue interreligieux est
une illusion, chaque religion restant sur sa posture, persuadée qu'elle
est la
meilleure. Ce qui importe, c'est l'identification du motif à la base
de toutes les traditions du monde. Le
temps de l'universalité est là, unificatrice.
Ce travail de synthèse a été fait.
Sous
la forme d'une lumineuse mise au point qui jette
les bases de la civilisation de l'Universel, rendant justice à toutes
les formes de tradition, y compris la Science et donc… la raison.
Et cela se trouve dans ce livre :
En français
En anglais
Pour rebâtir le monde, affirmer les valeurs de l'Esprit.
7 commentaires:
Une phrase capitale dans cet article. Et soulignée d'un trait :
____________________________
Les religions n'ont pas franchi le pas qui sépare l'appréhension symbolique de la maîtrise consciente.
_________________________________________________
Tenté de mettre alors au même niveau que les religions officielles la poésie, les arts et... les sciences qui ratent le passage au niveau "maitrise consciente". Stade 4 du Pardes, sauf erreur de compréhension ?
Une guerre du Savoir...
Dominique dit que Dominique Aubier n'a pas été écoutée par les "grands" de ce monde .
Mais quelle idée de parler aux grands ? écoutons cette comptine :
"Les grands" : Qu'est ce qu'elle dit la belle enfant ?
la belle enfant: Elle vous dit qu'les gens sont grands ,
qu'ils sont grands de temps en temps ,
mais qu'çà dure pas très longtemps .
Y'a qu'les grands qui se battent tout le temps ;
et çà dure depuis longtemps ,
finalement sont pas très ...grands .
La sortie exégétique est déjà produite , personne n'est en mesure de la reproduire mais alors .....attend elle un bop médiatique ? Dominique bip et Dominique bop .
J'ai appris de mes parents une Loi de la Vie (confirmée par ma vie) et que j'essaye (j'essaye parce que c'est pour moi une attention de tous les instants) d'inculquer à mes enfants: tout ce que l'on pense, dis ou fais qui puisse blesser l'autre, abstiens-toi.
La sacro-sainte "liberté d'expression" est comme une arme très dangereuse mise entre les mains d'un enfant.
Rodrigue
Pas sans intérêt d'écouter - ce qui ne veut pas dire cautionner- ce que la philosophie comprend de la haine et des haineux. Et quand c'est un compatriote de Cervantès, il a droit à la parole sur ce blog, non ? Source : wiki
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" Le philosophe espagnol José Ortega y Gasset définit la nature de la haine :
« Haïr, c'est tuer virtuellement, détruire en intention, supprimer le droit de vivre. Haïr quelqu'un, c'est ressentir de l'irritation du seul fait de son existence, c'est vouloir sa disparition radicale. » Il précise ses modalités : « La haine sécrète un suc virulent et corrosif. […] La haine est annulation et assassinat virtuel - non pas un assassinat qui se fait d'un coup ; haïr, c'est assassiner sans relâche, effacer l'être haï de l'existence. »
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Une question
se donner le droit de refuser à un, ou beaucoup, d'autre(s) le droit de continuer à exister, n'est-il pas la négation absolue de l'intelligence ou de la compétence du créateur lui-même ?
Réponse à Rose
Il ne me semble pas que Mme Aubier, que je n'ai jamais rencontré, ait été assez naïve pour penser qu'une révolution des esprits puisse venir du haut du pouvoir pour se répandre ensuite dans toute une communauté.
Avoir le courage de s'adresser à qui on souhaite le faire et selon la méthode qu'on choisit ne court pas les rues. On a tous si peur que la vérité irritant celui qui est en haut nous retombe sur la tête !
DA, une femme sans peur, bel exemple, très donquichottien est bien plus subtile dans son avantgardisme de l'esprit. Il n'y alors ni grand, ni petit, la lutte des classes est sans objet.
DBR répond à la question qu'il pose en titre.
En haut de page à droite, voici sa devise :
Domino
Ce qui m'intéresse, c'est la vérité en toute chose.
Cultiver le plaisir de rechercher la vérité en toute chose, quel beau programme de vie mettant KO toute haine et tout terrorisme en soi-même.
Lutter contre la haine, c'est la renforcer ! Irradier l'Amour, c'est dissoudre la haine, et c'est la seule possibilité qui nous est donnée pour cela...
Régor
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