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jeudi 24 mars 2022

L'archétype de l'Inversion. La France en est-elle la victime?

par Dominique Blumenstihl-Roth

 
La structure d'Absolu présente deux hémisphères. Le néocortex humain en donne l'image. L'un de ces hémisphères possède l'aire du langage. Il dit, tandis que l'autre… traduit, tendant à inverser, en raison de leur disposition en miroir. L'un donne et l'autre prend. Celui qui donne, donne toujours. Celui qui prend, prend toujours et ne peut que prendre. Le geste de prendre suppose un vide. Il est comblé momentanément par la chose prise. Mais celle-ci s'en va aussitôt qu'utilisée. Le vide se creuse à nouveau, se comble provisoirement, dans une incessante captation de la vacuité faisant le plein. C'est le temps vide qui se nourrit des événements remplissant une vie. L'informant donne, le vide appelant est comblé… provisoirement. Loi de l'amour donné qui sans cesse donne, et de l'amour reçu qui sans cesse augmente son appel… 
C'est aussi la loi du possible excès de l'insatiable qui, parvenu à son paroxysme, retourne sa dépendance en haine à l'égard du donateur : pour s'affranchir du lien, il cherche à éliminer celui qui lui prodigue la nourriture informationnelle afin de pouvoir se prétendre seul.
La négation exercée à l'encontre du donateur est à la source de l'antisémitisme, expression d'une inversion consolidée en haine.
 
L'inversion est une réalité fonctionnelle
L'apparition de l'interprétat négatif, surtout quand il prend une forme obsédante, signale la présence de la « régularité fonctionnelle ». C'est par le terme « archétype » que le psychanalyste Jung a nommé  ces « régularités » dont il a pressenti la tension sur les événements, mais en tout respect de son œuvre immense, il convient de reconnaître qu'il n'en a pas dressé la liste, et n'a donc pas pu les inscrire dans un principe d'unité qui est à lui-même un archétype. Il ne les a pas raccordé à la cohérence d'une structure qui en serait le réceptacle conditionnant. Mais qu'irions-nous adresser des reproches au savant ? Je crois qu'il a poussé son enquête aussi loin qu'il a pu, laissant le champ ouvert à d'autres investigations devant résoudre l'énigme du Modèle d'Absolu qu'il avait sans doute pressenti. Grâce aux travaux de Dominique Aubier, le Code des archétypes a pu être identifié, il a été publié sous le titre La Face cachée du Cerveau. Cet ouvrage situe le code archétypal dans une unité fonctionnelle d'essence corticale, animée par une énergie activant un système soumis à la structure récipiendaire. Il en résulte la mise au clair de la trame des lois universelles que des chercheurs brillants tels René Guénon ou Mircéa Eliade avaient soupçonnées — sans parvenir à les percer.
 
L'interprétat négatif source de conflit
L'un des archétypes — nommés également arcanes, unité de signification — est l'Inversion. Présente dans le fonctionnement mais non visible au microscope, elle est un effet de la dualité des hémisphères en miroir. Observable dans les faits, elle ne l'est pas dans la structure dont elle subit le conditionnement. Mais chacun peut la constater, en soi et autour de soi. « On reconnaît sa présence dans l'interprétat négatif qui lui accordent les faits qui l'extériorisent ». Description : « Ce qui était à l'endroit informationnel une donnée positive devient, côté manifestant, une précision négative ». Car s'opposer à une sommation, c'est aussi une manière de la percevoir…
Dans toute unité corticale, l'énergie circule de Droite à Gauche, et retour, allant de l'hémisphère Qui Sait vers l'hémisphère Qui Fait (dénomination du neurologue Deglin) avec changement de régime et inversion à la frontière, ce qui donne prise à l'archétype de l'Echange Latéral. Cela est valable pour toute unité vivante, dans toute structure unitaire où il se développe toujours une dualité — y compris dans les régimes les plus totalitaires qui deviennent totalitaires précisément parce qu'ils s'acharnent à ne pas accepter l'existence de l'Autre, partenaire en symétrie. Le totalitarisme est donc une négation de la réalité structurelle édifiée en dualité, négation de l'Echange Latéral, et cristallisation dans l'Inversion négatrice d'un message perçu à l'envers.
 
Les experts en sciences politiques nous abreuvant de commentaires envisagent-ils cette dimension dans la lecture qu'ils font des événements ? Leur approche est essentiellement fondée en pragmatisme linéaire, où ils convoquent toutes sortes de sciences (histoire, géographie, économie etc…) à l'exclusion de la lecture archétypale d'essence initiatique qui pourtant détient la clé pour décoder le réel.
 
Nous pourrions faire une lecture succincte de la guerre en Ukraine sous l'aspect de cet archétype de l'Inversion. Au delà des motivations de surface dites géostratégiques, on aperçoit nettement dans les discours de M. Poutine la tendance systématique qui le fait accuser les autres de ce que lui-même a fait ou prépare. Au lieu de concevoir une relation positive de paix et de développement harmonieux en cherchant à favoriser le dialogue, il est sous la pression d'un Qui fait excessif qui se nourrit d'une propension à l'inversion (qu'il ne redresse pas). Aussi développe-t-il tout à l'envers ce que l'Invisible lui dicte positivement. Il extériorise, métabolise à l'envers ce que la Vie attend de lui.
D'où le bombardement par son aviation d'un hôpital pour enfants et d'une maternité : tout s'inverse et au lieu de favoriser la naissance d'un cycle heureux, les faits se rangent à cette inversion et donnent à voir son erreur fonda-mentale : celle d'un homme dont la vocation aurait été d'œuvrer pour la paix se retourner en son contraire, tant il a obturé les voies de l'échange finissant par n'entendre que l'inverseur en lui. « Là où était la négation, là était la vérité ». Là où le missile est tombé, dans la cour de l'hôpital tuant un enfant, là était la vérité à sauver.

Comment y remédier ?
Que faire quand on se trouve face à une personne, ou un groupe, où visiblement la puissance de l'Inversion dirige la pensée et les actes ? Peut-être en éclairant (si son esprit est encore accessible à la parole) la personne de ce qu'elle subit en charge négative inversante ? Cela risque d'augmenter la charge inversante que de la pointer, mais cela peut également susciter une prise de conscience que dire à l'Inverseur : « voilà ce que tu fais ». Il est bon d'avertir une personne de son erreur quand on s'en aperçoit, c'est même un conseil — une prescription — donné dans la Torah au verset d'Ezéchiel 3-18 à 21.

La France est-elle victime de l'Inversion ?
Plus près de nous, nous pourrions prendre l'exemple de la France. Tzarfat en hébreu. C'est bien dans la Torah qu'apparaît sa première occurrence, longtemps avant que le pays portant ce nom n'apparaisse. Il est mentionné dans la prophétie Obadia, au côté de Séfarad qui désigne l'Espagne. Obadia, verset 20 : « Et les exilés de cette légion d'enfants d'Israël, répandus depuis Canaan jusqu'à Tzarfat, et les exilés de Jérusalem, répandus dans Séfarad, posséderont les villes du Midi. » 
Le verset en cause désigne l'Espagne et la France comme vecteurs par lesquels transite le message du Sinaï transporté par le peuple qui les parcourt et les habite. Noble mission que celle de ces deux pays, liés par une vocation sinaïtique à vision universalisante, s'agissant de véhiculer la leçon des Lettres révélées dans le monde. Pour affiner le sens de cette vocation, il suffit de sonder le nom Tzarfat dans ses caractères hébreux, que le prophète Obadia a conceptualisé précisément pour que s'y écrive ce que les gaullistes appelle « le grand dessein de la France » — sans pour autant savoir de quoi il serait fait. La France répondra-t-elle à cet appel de l'esprit ou se contentera-t-elle, par inversion, de n'être qu'une banale nation industrielle enfoncée dans le Qui Fait ?

Nous pouvons changer les choses…
en prenant conscience de ces phénomènes structuraux, en voyant le mécanisme structurel qui manœuvre les choses qui nous regardent. Et si possible le plus rapidement possible. En cherchant à identifier le contenu de l'Appel qui nous concerne — et qui concerne toutes les formes de structures vivantes, y compris les projets, les entreprises, la vocation d'un pays. Donc à retrouver — remontant avant l'inversion — la première phase d'évidence où les mots qui motivent l'apparition de l'être ont été dits. Trouver la première occurrence d'un mot… Là s'écrit l'intention du devenir qui ne manque pas de se développer.
A chacun de découvrir son Appel, à chacun de maîtriser l'Inversion qui immanquablement se manifeste, à chacun de ne pas se laisser engloutir par cette propension inversante que Goethe appelait « l'esprit qui toujours nie ». Sa pression est puissante tandis que la même négation suscite l'isolement dans le secteur du Qui Fait. Elle s'accentue à mesure que le rapport au Sacré s'affaiblit et que la conscience s'assoupit. Mais cet esprit négateur, il est possible de le soumettre : par une restauration de notre alliance à l'Esprit.
Nous y travaillons… Avec vous.



dimanche 13 mars 2022

Répondre à l'Appel de sa propre vie…

Répondre à l'Appel de sa propre vie…
par Dominique Blumenstihl-Roth

1. Lire le décret
Nous ne sommes pas dans la tête des uns et des autres : en effet, la perception n'est réelle que pour celui qui la subit. Elle n'a pas d'objectivité transmissible. D'où l'incompréhension des motivations dirigeant les actes des autres.
Pour se départir des jugements psychologiques, le mieux est de voir le mécanisme structural qui manœuvre les choses que l'on regarde. Se rappeler que ce que l'on voit est essentiellement du manifeste. On voit les choses se réaliser, on ne voit pas l'information qui préside à la mise en œuvre. C'est pourtant elle qu'il faut rechercher. Elle s'inscrit dans une donnée verbale, dans un mot, dans une suite de mots formant une phrase s'inscrivant dans la détermination de l'être. La tradition hébraïque appelle cela le « guézer », c'est-à-dire le « décret » qui détermine ce qui est fait. Trouver et lire ce décret s'appelle faire une « guézéra chéva ». Toute réalisation matérielle, que ce soit au niveau politique, militaire, nationale, mondiale ou dans nos vies personnelles est toujours la concrétisation d'un « guézer » rempli d'une information développant sa thématique. Le processus biologique de l'ADN menant à l'ARN puis à la protéine finale offre une image de cette modalité que les initiés ont de longtemps connue. La science en confirme la validité.

Ce même processus opère dans la structure cérébrale : le côté moteur (Qui Sait), doté de l'aire du langage reçoit et libère une information. Celle-ci est transmise à son en-face, le côté Qui-fait actualisant qui la récupère. L'opération s'appelle l'échange latéral interhémisphérique. Elle est connue de tous les neurologues, scientifiquement attestée par les travaux de Sperry, cités dans tous les ouvrages des spécialistes.
Il a été observé que l'hémisphère Qui-fait (cette dénomination judicieuse est due au neurologue Deglin), miroir de l'autre, met en négatif ce qui est donné positivement. C'est l'archétype de l'Inversion. « Les faits projettent une image qui s'inscrit dans notre vécu. Nous sommes des inscriptions factuelles d'une information préalable positive, souvent déterminées par la puissance de l'Inversion qui nous fait dire « non » à ce qui sera l'essentiel de notre vie », écrit Dominique Aubier. Ajoutant que le « non » cependant se retourne à moins d'une cristallisation qui, à mesure qu'elle persiste dans sa puissance négative, s'épaissit dans sa résolution. Pour s'en apercevoir, il faut contrôler avec sincérité l'ordre de nos mouvements d'âme et l'ordre des faits qui les déterminent. Pour cela, « se connaître soi-même », comme disait Socrate. Se connaître soi-même… vraiment, et non pas croire que l'on se connaît quand on a reconnu en soi la constante de quelques petits défauts. S'habituer à son portrait n'est pas se connaître. C'est tout au plus se tâter… dans le noir. Se connaître, c'est contrôler le jeu de l'Absolu dans l'arrangement de sa vie. C'est repérer le « guézer » de son existence.

Savoir qui l'on est, c'est trouver le décret qui a motivé notre apparition dans l'être que nous sommes, à l'endroit qui était encore non-manifesté, mais que la vie laisse entrevoir car elle en est la concrétisation. Ce décret est retransmis de phase en phase dans l'organisation de notre existence allant jusqu'à conditionner l'action dont nous sommes responsables. La tradition hébraïque présente cette évolution du décret initial sur le parcours qu'il réalise menant tout d'abord au Rouah (le souffle), puis au Nefech (sa concrétisation symbolique), suivi de la Nechama (sa prise de conscience et son action décidée). La Nechama normalement s'accorde avec le décret… à moins qu'une inversion au cours de l'évolution ne retourne l'ordre donné par l'Appel, transmis par le Rouah, et le fige en son contraire. 
Nous pourrons citer l'exemple des individus habités d'une persistance dans la violence, meurtrière. Leur décret d'origine ne leur commande certainement pas d'être des tueurs, bien qu'ils invoquent parfois l'existence d'une voix qui le leur ordonne. Ce qu'ils entendent, c'est la voix de l'inversion issue d'un Qui-fait s'insurgeant contre le message d'amour et de vie qu'ils reçoivent de la part du Qui-sait. Nous connaissons tous des personnes sujettes à la domination irréductible du Qui-fait, finissant par « faire » l'acte négatif qu'elles s'imaginent indispensable. Les féminicides sont à coup sûr le résultat funeste d'actes réalisés par des individus en qui l'amour initial s'est reversé en haine irréversible suite à une cristallisation absolue en Qui-fait : le « faire » fatal commence par nier l'existence de l'Autre, s'arroge le droit de l'éliminer, de sorte qu'il n'existe plus qu'un seul hémisphère de la structure, l'hémisphère Qui-fait, dans son délire autocentré sur son propre pouvoir. Narcissisme absolu, s'inscrivant dans l'orgueil de la volonté de pouvoir.

2. Pourtant, la vie appelait à tout autre chose
Dès que l'on entend se répandre un appel à la haine, à l'ostracisme, on peut diagnostiquer l'effet d'une inversion cherchant à obtenir un acquiescement collectif. Dès qu'apparaissent ces vociférations ou insinuations, on peut en déduire qu'il y a eu tout au contraire, au départ, l'émission dans l'Invisible d'un message de paix et d'amour, ayant subi l'inversion dans un esprit suffisamment doué pour capter l'original, mais troublé au point de l'inverser et de faire de cette inversion une irrémédiable obstination.
L'antisémitisme est une de ces expressions de la négation inversante, pathologie qui touche quantité de personnes à hauteur de la force du message initial perçu puis rejeté, nié, et inversé. Tel grand religieux iranien par exemple, prônant la haine du principe biblique que représente Israël, serait fort surpris si on lui disait qu'en réalité il est intimement touché par un appel initial de l'Invisible lui dictant le rapprochement, la fraternisation, mais que sous le poids d'une énorme charge d'inversion, issue d'une mauvaise compréhension des textes et d'une conviction coulée dans le béton le plus réfractaire, il retourne systématiquement le message d'amour en désir d'extermination : il ignore qui il est, ignore le véritable Appel qui le traverse, ignore le partenaire d'En-Face et sa raison d'être.
Ces appels au crime, à la guerre, confirment que là où est la négation, là se trouve la vérité bafouée.
L'appel initial, insufflé dans l'être au moment de sa naissance, ne peut consister à administrer la mort. L'être naissant au monde porte nécessairement en lui un message de vie. Il vit pour une cause, qu'il lui reste à découvrir. L'inversion manifestée lui en indique le chemin… à l'envers. On en peut conclure que la Shoa était en réalité l'anti-projet de ce que la Vie voulait réellement. Le message expédié depuis l'Invisible Qui sait valorisait le thème du judaïsme, et sans doute demandait-il dès 1933 dans la suite des initiatives de Théodore Herzl qu'une politique favorable à la Connaissance soit mise en œuvre : la pression du Temps exigeait la fin du quatrième et dernier exil, donc le retour du peuple juif en Israël. La « solution finale » aurait dû consister non à l'extermination du peuple juif, mais au contraire à son retour messianique que l'Allemagne non nazie aurait pu mettre en œuvre positivement en concertation avec la diaspora et les autres nations du monde.
Au lieu de cela, tout fut interprété à l'envers, par un esprit satanique qui s'empara du message pour en inverser le sens. Il n'en reste pas moins que Satan a perdu, du moins momentanément, et que les temps messianiques sont ouverts, depuis 1948, depuis la création officielle de l'Etat d'Israël qui signe l'ouverture de ces temps nouveaux auxquels l'Occident est prié de prendre une responsabilité décisive. Pour ce qui me concerne, vivant en Occident, en France, j'y prends ma part, ici même.

3. L'appel vient « de plus loin »
« Ce qui fait racine dans l'Appel se développe en proportion de l'accroissement et de la précision acquis, finissant par ressortir en un lieu et un moment décisifs. » L'Appel obéit à l'organisation structurale de nos vies. D'étape en étape, des états de conscience le valident si bien que l'évolution nous conduit à une maximalisation de la conscience. Parcours idéal, entre chaque étape il y a des occasions de finir… et de se renouveler. 
Il y a des lieux d'arrêt, suivi de résurrection, à chaque passage de cycle en cycle, car finir un cycle n'est pas mourir. Et pourtant, le monde est plein d'êtres qui meurent avant l'heure. Ils ne parviennent pas à franchir les diverses frontières de leur sort, soit par accident, si nombreux, soit par l'action d'êtres malfaisants dont ils sont victimes, qui détruisent des vies qui étaient riches de promesses. Ce sont là des monstres qui infligent à la vie des blessures que les initiés tentent de réparer tant bien que mal en opérant ce que la tradition lourianique nomme « tikoun ». La réparation du vase brisé dont les débris continuent d'être fracassés par les adaptes du Mal. La grande réparation cosmique envisagée par Louria commence par l'action personnelle que chacun peut directement mener dans son entourage.
De cycle en cycle, il y a épreuve, passage au labyrinthe, voyage vers l'autre rive où la nouveauté nous attend, en rupture avec un passé dont nous n'oublions rien. L'avenir nous appelle, depuis l'endroit situé en face de la situation que nous croyons fatale. Il y a résurrection possible, sans que la mort l'emporte. L'alphabet hébreu, dans sa représentation sous la forme d'arbre en Y*, tel que le présente Dominique Aubier, connaît cette dynamique et la donne à voir par le circuit de l'énergie quand elle déserte la lettre Tzadé final (900) pour se diriger vers le Tzadé 90 et monte vers le Qof (100). Cet appel provenant du futur répond au décret initial donné en toute première phase. Le cycle nouveau intègre la mise en œuvre de l'appel initial, jusqu'à l'épuisement des instructions premières. L'existence s'achève alors quand la fibre événementielle dans le fil de notre vie a épuisé tous les potentiels de l'Appel.

4. Comment lire le décret de notre vie ?
Comment savoir ce que la vie attend de nous ? Il faut pour cela avoir de la mémoire, en quelque sorte se souvenir de qui l'on fut, et verser son propre passé dans le pressoir et observer ce qui en ressort : on identifie alors l'informant fondamental dans la langue où il a été donné. Il existe un procédé technique efficace pour repérer et lire la teneur du décret : c'est d'identifier son Allié. Car l'Allié, c'est l'inverseur de l'Appel. Par inversion il donne à voir son envers d'origine.
Dans le phénomène de l'Appel il existe un moment où apparaît l'image symbolique de ce que nous devons être. C'est lorsque notre vie atteint le stade de son Nefech. Les éléments fondateurs sont déjà là, inscrits dans les détails qui semblent sans intérêt, parfois incongrus ou comiques pour les autres. Mais pour la personne en qui résonne l'Appel, ces détails sont fulgurants. Ils allument des lignes de vitalité. Ces lignes ne sont pas intelligibles immédiatement quand elles s'électrisent, car il leur reste à se façonner, se myéliniser, mais la conscience intime de l'être perçoit leur valeur d'alarme et d'information commandante.
L'Appel s'active sur un message venu de plus haut, il commande à l'avenir de la personne et pour l'entendre… il faut alors s'écouter. Le contenu de l'Appel se laisse en effet entendre par la sensibilité et se traduit par les intuitions qui nous font agir au grand désespoir de ceux qui voudraient légiférer le réel par le rationalisme. Le message reçu se transcrit exactement comme le fait l'ADN qui le transmet à l'ARN messager. Lors de ce passage, le message peut être perçu car il n'appartient pas à l'enclave du secret jusque là réservé au seul ADN. Le messager prend en charge l'information et la transporte et c'est au niveau de la transcription par l'ARN messager d'une information donnée que se produit le phénomène de l'intuition. La sensibilité touche l'événement en voie d'existence, c'est le lieu de la perception prémonitoire, elle se réalise dans la brièveté du transfert. C'est là que la Vie peut nous dire ce qu'elle attend de nous par le moyen de situations qui en symbolisent le sens. Reste à le voir. Voir le mot-clé codant, précurseur des événements futurs que nous sommes appelés à « faire ». Le mot-clé déterminant du destin appartient à la première instance de notre existence. La seconde en compose la mise en forme et la protéinisation.

5. Le secret de l'Appel 
L'Appel est une « régularité structurale », autrement dit un archétype du réel. On en ressent fortement l'injonction en seconde phase de l'existence (phase dite BOP), à l'instant du retour archigénique des conditions de la naissance. Mais tout au long de la vie, le mot-clé inséré lors de l'Appel s'active et nous « fait faire » : une sensibilité suffisamment exercée à observer ses propres réactions peut parvenir à identifier pour son propre compte les événements marquants se proposant en des lieux significatifs de l'existence. C'est pourquoi il est toujours intéressant de lire des biographies historiques qui, quand elles sont honnêtes, laissent transparaître au travers des faits vécus les forces impliquées par le « guézer » d'origine. On y voit le destin à l'œuvre dont l'individu concerné perçoit intimement l'injonction. Cela est visible par exemple dans les Mémoires du Général De Gaulle, éditées aux éditions de la Pléiade. En plus d'une œuvre littéraire remarquable, on y découvre la lucidité d'un esprit s'observant lui-même. Le regard du lecteur initié y relèvera la présence toujours active des archétypes (Redoublements, Inversions, Retour, Labyrinthe… Passage au tunnel, Tzadé final, montée en Qof etc…) tel que le personnage historique en a perçu intuitivement la persistance, si bien que plus d'une fois, pariant sur ces invariances dont il a observé la récurrence, il engage des initiatives d'une folle audace. Il a observé par exemple le phénomène du Redoublement et de l'Inversion lorsqu'en 1940 il se retrouve en conflit ouvert avec le Maréchal Pétain dont il fut, dans sa jeunesse, le subalterne. Une opposition de longue date entre deux polarités totalement divergentes monte progressivement au cours des années jusqu'à aboutir à une condamnation à mort prononcée par le Maréchal… qui finit par se retourner contre lui à l'issue de son procès. Mais gracié par son ancien ennemi, sa condamnation est commuée en peine de prison et indignité nationale. Toute une épopée s'écrit là, lisible à la fois en surface pour le lecteur qui se contente des faits, mais passionnante dès lors que l'œil repère la présence du code qui tisse secrètement sa trame. Les lecteurs de La Face cachée du Cerveau (F.C.C.) y reconnaîtront un florilège d'archétypes dans leur activation réaliste. J'ai fait de même dans mon livre traitant de l'épopée de Jeanne d'Arc où j'ai tenté de sonder l'histoire par-delà le narratif bien connu des historiens afin de laisser émerger la puissance des Invariants qui ont conditionné l'extraordinaire aventure de cette femme dont le combat a marqué le destin du pays. Lire les événements en dégageant la signalétique archétypale donne la possibilité de comprendre l'Histoire — la nôtre — d'une manière toute nouvelle, dépassant le déroulé linéaire des datations : nous accédons au sens de l'existence, à la mise au clair du destin tel qu'il s'écrit pour chacun de nous.

6. Comment connaître le contenu de l'Appel ?
« Il faut, pour repérer le message de l'Appel, "espionner" sa propre vie », écrit Dominique Aubier. Il faut donc déjà avoir vécu pas mal de choses. Ce repérage ne peut se réaliser en première instance de notre vie, lorsque l'énergie circule en première instance dans les couches I, II et III de notre cycle (cf F.C.C.). Mais il devient observable à l'entrée en couche IV, dès lors que le regard se porte sur le chemin déjà parcouru. L'esprit attentif peut alors repérer la constance de certains thèmes qui auront marqué de leur première empreinte cette période de notre vie. Ces éléments constitutifs de l'Appel deviennent visibles quand ils constituent des événements réels. Pour en revenir au modèle biologique, on peut dire que les événements constituent la fibre polypeptidique de l'évolution organique, tandis que la première partie a permis l'élaboration des aminoacides en fonction des déterminants nucléiques… C'est-à-dire que les chromosomes lâchent les principaux thèmes dont ils sont les porteurs, ceux-ci sont intégrés aux accidents de notre vie. Ils en sont, peu à peu, devenus les constantes. On repère la présence de ces constantes à la réapparition du même sous diverses interprétations. Mais on ne peut totalement « espionner » le sens de ces constantes qu'après coup, en un moment unique et crucial de l'existence où tout s'éclaire soudainement. « Pour savoir ce que la vie attend de nous, il faut verser le passé dans le présent et regarder ses souvenirs dans le brûlant de ce que nous avons vécu, d'heureux ou de douloureux ». Considérer ces souvenirs comme des images de ce qui écrit le sens de l'existence.

L'Amérindien Juan Matus, initié de la tradition des Yaquis dont parle l'ethnologue Carlos Castaneda,  nomme ce processus « danser sur sa vie ». Il appelle « danser » l'acte par lequel il piétine mentalement les braises de tous les souvenirs qui brûlent en lui. Il raconte l'extermination de sa famille par les colons, les humiliations et blessures qu'il a subies tout au long de sa vie, mais aussi ses rencontres extraordinaires avec des maîtres qui lui ont communiqué les secrets initiatiques de la tradition à laquelle il a lui-même ajouté sa contribution.
Cette danse sur sa propre vie est, selon lui, l'acte mental le plus beau qu'une conscience puisse réaliser, et c'est, dit-il, un spectacle intime inouï car le regard intérieur assiste à l'admirable arrangement des faits qui ont peu à peu assuré la descente de l'information de l'Appel confié à la vie humaine.
La mémoire est donc essentielle, dans tous les systèmes d'initiation, s'agissant de traiter tous les éléments déposés dans nos souvenirs. Les ramener à l'évidence, se rappeler avec exactitude l'état d'esprit qui nous animait à ce moment-là… L'événement vécu a toujours un poids, une forme, et on le retrouve. Il revient, il cherche à se faire non pas revivre, mais comprendre. Il ne s'agit donc pas de retourner en arrière, l'énergie vitale ne régresse jamais — c'est une loi observée par les spécialistes de l'Evolution — il n'y a pas de rétrogradation, mais intégration de tout le passé, et, pour notre conscience, appel à retrouver le codage de l'Appel premier.
 
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— La notion de Nefech, Rouah, Nechama est expliquée dans le livre Le Pouvoir de la Rose.
— Livre sur l'épopée de Jehanne d'Arc, lecture initiatique de l'épopée.
— Le Code des archétypes : La Face cachée du Cerveau.
 
* La représentation de l'Alphabet hébreu sous la forme d'un Y a été mise au point par Dominique Aubier qui a réalisé là un pur « hidouch », c'est-à-dire une trouvaille qui fait avancer la compréhension du monde.
 

mercredi 2 mars 2022

Dans la tête de Vladimir Poutine… (ou la chronique de sa mort annoncée)

Par Dominique Blumenstihl-Roth


La guerre en Ukraine est déclenchée. Les experts économistes et militaires expliquent les enjeux stratégiques et quand on leur demande comment cela va évoluer, le plus souvent ils répliquent par cette phrase devenue rituelle : « nous ne pouvons pas savoir ce qui va se passer, car nous ne sommes pas dans la tête de Poutine ».

Tout dépendrait donc de « ce qui se passe dans la tête » de cet homme, comme si les forces du cosmos tout entier étaient tributaires de la volonté d'un seul…


On s'aperçoit que les négociations, débats diplomatiques n'ont servi à rien, face à son intransigeance centrée sur d'irrévocables décisions. Que se passe-t-il dans sa tête ? Il est certain qu'il est habité d'une forme d'imaginaire, hanté par des images du passé, d'une mythologie personnelle, d'un complexe que certains appellent folie : déraison par rapport au sens commun, qui s'en va explorer les confins d'un imaginaire dont les images transparaissent dans ses discours. La raison, dans ce cas, se met au service de cet imaginaire et en développe la mise en œuvre de manière très rationnelle.

En tout cas, il y a dans cette tête, deux hémisphères, une structure, un système, une énergie, une pensée… et un fonctionnement d'ordre archétypal. Le cerveau de Poutine est forcément soumis à la pression du fonctionnement archétypal que sa structure lui impose. Il est, comme tout un chacun, sous la pression de la dualité structurelle des hémisphères et des redoublements, inversions fonctionnels.


Redoublement : dans la vie, tout se passe en deux temps. Passe et Repasse. On remarque ainsi que l'actuelle invasion de l'Ukraine est la seconde instance augmentée de la première invasion réalisée en 2014 en Crimée. L'esprit sensible relèvera la phénoménologie du Redoublement et notera que l'information donnée par la première instance contenait un jugement contenu dans le nom de la province attaquée : Crimée, Krim. Il y avait là un crime qui s'exécuterait en deux temps.

Autre redoublement : l'existence de la question nucléaire en Ukraine. L'accident de Tchernobyl fut la première instance. Il n'est pas étonnant que le thème nucléaire resurgisse, cette fois de manière non pas accidentelle, mais volontaire dans un but destructeur. L'idée atomique obsède M. Poutine, tenté de lui donner corps…

Si nos responsables étaient des initiés, ils auraient su que c'est au niveau du symbolisme que l'on puise les informations conditionnant le futur. Ils auraient observé l'endroit exact de la première instance, le « Passe », l'endroit où s'instruire de l'avenir programmé, avant que se produise le « Repasse ». En « Repasse » de seconde instance, les dés sont joués. Cependant, à l'entrée de la seconde instance, il existe deux voies de réalisation. Il y a une bifurcation (cf La Face cachée du Cerveau). La Connaissance permet de choisir le « chemin qui a du cœur », sans s'égarer dans l'impasse. M. Poutine, après l'instance Crimée, s'est enfoncé dans le crime. Il a choisi, confirmée en seconde instance, la voie du Mal.

Le président ukrainien, M. Zélinski, ne s'y est pas trompé : il a identifié l'ennemi envahisseur en l'appelant ainsi : le Mal.


On dit de M. Poutine qu'il serait irrationnel : il semble au contraire très rationnel, calculateur, manipulateur. La raison même au service de son objectif parfaitement raisonné. Une raison tout entière dévolue à la cause qu'il s'est donné. L'efficacité de sa méthode et sa référence : c'est celle de Caïn. Il utilise la même violence, le même procédé qu'il augmente du bannissement de la parole vraie et de la justification a posteriori niant les faits accomplis qu'il tente de cacher.

Sur le chemin de la dialectique, bien connu par les initiés, il existe la voie dirigée par la dictature du « faire », du « Qui Fait » face au « Qui Sait ». Les kabbalistes distinguent les forces du « Ma » de celles du « Mi ». S'inscrivant exclusivement dans la voie du « Ma », le président Poutine épouse une typologie connue de la Connaissance : connaître le « Ma » permet de savoir exactement ce que pense et fera M. Poutine.


Jusqu'où peut aller Poutine ?

« Aller jusqu'au bout, jusqu'à ce que tous les objectifs soient atteints… » Ce sont ses mots. Reste à savoir quels sont ces objectifs. Le regard initié permet de les reconnaître, par-delà les cartographies politiques ou militaires. Les objectifs des forces « faisantes » consistent à « faire », et ce qui les caractérise, c'est de prononcer leur autorité unique, d'écraser et nier l'existence du « Mi ». Les êtres voués à servir cette entité s'adonnent à l'extermination de l'Autre, et finissent par s'autoinformer de leur propre puissance : ils en tirent un sentiment d'invulnérabilité. Cela se concrétise par l'isolement dans le « Qui Fait » qui ne cesse de s'augmenter et, dans le discours, par  l'accusation qu'il porte à l'encontre de l'En face. Caïn se justifie en se faisant passer pour victime.

Une des caractéristiques du « Ma » — dans Don Quichotte, cette entité est incarnée par le géant Caraculiambro — est qu'il ignore la notion de « limite ». Le « Qui Fait », isolé dans son secteur, ne sait pas qui il est. Il ignore sa propre identité. Les « choses » fomentées et construites en « Qui Fait » voudraient ne jamais s'arrêter. Bien que ce secteur soit frappé de l'ordre d'arrêt — signalé par la lettre Tzadé final dans l'Alphabet hébreu — la pensée gouvernant ce secteur ne conçoit aucunement qu'il existe un mur imposant l'arrêt évolutif du « Qui Fait ». Les agents spécialisés au service du Mal ne veulent pas et ne peuvent pas s'arrêter. Au contraire. En fin cyclique, croyant à leur éternité, ils s'adonnent à une agitation maximale dans un mouvement entropique générant le chaos. Il faut les stopper. Inutile d'attendre qu'ils viennent à de meilleurs sentiments : d'eux-mêmes, ils ne renoncent jamais à continuer, ils veulent recommencer et prolonger les choses. Nous connaissons tous, dans notre entourage, des personnes relevant de cette typologie archétypale. La pensée qui prospère dans ce secteur développe non seulement ses thèmes jusqu'à épuisement total des possibles… mais s'invente des possibilités raffinées — devenant sataniques par leur excès — d'utiliser les derniers potentiels plutôt qu'accepter le principe de l'arrêt.

 

Regarder au travers du tamis

Pour voir clair dans ces événements, il faut regarder au travers du tamis. Mais comment voir clair, pour nous qui sommes tributaires de la géométrie euclidienne et de la pensée linéaire qui conditionne notre pensée ? Voir les choses qui se produisent et voir leur envers… c'est impossible sauf si l'on a le « troisième œil ».

Tout est affaire de regard ajusté et de bonne écoute. En effet, l'esprit éveillé sera sensible aux mots. Dans le discours des deux présidents, M. Zélinski et M. Poutine, des mots-clés sont prononcés qui permettent d'identifier les forces en conflit. Le Mal est entré en action. Le Mal, c'est le côté du manifeste quand il se détache du côté informationnel et s'estime lui-même son propre informateur. Le « Mal » (Ra) désigne l'empire du Faire, tandis que le « Bien » (Tov) désigne ce qui est bon, qui se réfère à la séquence informationnelle, le côté invisible mais directeur de la structure. Le « Mal » existe, et selon la tradition, il est inscrit dans notre histoire. Il y joue même le principal, tant dans l'histoire de l'humanité que de celle, personnelle, de tout humain. Le « Mal » précipite et aboutit à cela même qu'il prétend nier. Echapper au « Mal » est impossible, il est une réalité, mais il n'y a aucune raison de s'en laisser engloutir. La grille et le Code initiatique sont les instruments pour n'en pas être victimes. Le « Bien » (Tov) existe. La voie du Bien survit par la naissance du troisième fils d'Adam, Seth, en qui tout renaît. Caïn, quant à lui, laissé à son sort, banni, finit par être tué par un de ses propres descendants.


Négocier avec M. Poutine ?

M. Poutine se comporte exactement comme une protéine qui voudrait se construire à l'infini, alors que la loi naturelle lui impose la phase d'arrêt. La volonté de dépasser l'arrêt — volonté de puissance — marque l'ouverture de la phase satanique. Tout ce qui dépasse la limite marquée par le Stop en Tzadé final se voit marqué par le signe de Satan.

J'ai vu, sur les chars de l'armée russe, la lettre « Z ». Dernière lettre de l'Alphabet latin, elle signe la phase ultime. La fin. Cette lettre correspond au Tzadé final, le franchissement de cette limite évolutive du côté quantitatif est interdit, impossible, non soutenu par les forces de vie. Satan est l'ouvrier de l'entreprise marquée par l'excès du « faire ». Et Dieu sait que M. Poutine ne cesse de mijoter de nouvelles initiatives, alors que le signe du « Z » / Tzadé se tatoue sur les outils de son action. Cette lettre signale la nécessité de passer à un cycle nouveau.

« Tant qu'il lui reste une possibilité d'avancer, et d'agir, il l'utilise. Il ne se décourage jamais. Jusqu'au bout, il s'invente des situations pour affirmer son « génie » — celui du Mal — sa présence, son action. On voit en lui s'interpréter la règle initiatique selon laquelle le côté du manifeste ne veut pas s'arrêter. C'est dans la logique de la puissance dont il est le soldat : ne jamais admettre la fin de son règne. En cela réside sa force, à nier qu'une limite lui soit assignée. »*

Poutine a la lucidité luciférienne la plus exacte et c'est une dimension que les analystes ne parviennent pas à cerner. La psychologie enseignée à la Sorbonne, en sciences politiques — et même à l'école de guerre — ne pénètre aucunement cette puissance mentale. L'esprit de Satan — car c'est bien de cela qu'il s'agit — exploite, grossit l'enflure sur place d'une situation… de sorte qu'elle ne s'arrête jamais. L'espérance de pouvoir « négocier » avec lui est vaine, diplomatie de naïfs qui ne savent pas qui est l'adversaire. Discuter avec qui vous étrangle ? Débattre avec qui cherche à vous exterminer ? Quelle diplomatie est-ce là ? Elle est fondée sur la méconnaissance totale de l'adversaire, devenu Satan, hors norme, hors mesure. Discuter avec lui, alors qu'il a franchi la limite, ce serait entrer avec lui dans l'espace interdit. Lui parler — lui téléphoner, alors qu'il est le négateur de la Parole, c'est lui donner encore de la puissance. Il faut marquer l'arrêt absolu de tout échange verbal avec le Tzadé final : cela concerne plus particulièrement les efforts de M. Macron. 


M. Macron et M. Poutine

« Dans un cycle évolutif et dans une structure vivante, 6 couches ouvrent la naissance à 10 occasions dynamiques. Quand une situation a été marquée par 10 opérations successives, on peut considérer qu'elle est pleine »*. Or on peut décompter, avant l'intervention russe en Ukraine, le nombre de coups de téléphone et de rencontres entre M. Macron et M. Poutine. Il y a eu 10 rendez-vous de discussion. M. Macron est en quelque sorte l'élément diplomatique comptable du cycle. Autant de conversations aboutissant à une fin de cycle, l'invasion survient en décision protéinique de « solution finale ». Le président Macron a sans doute bien fait d'égrener ainsi les rendez-vous, tout en s'illusionnant quant à la possibilité de « dialogue » avec le président russe. Il l'a approché — sur son terrain, en Russie — ignorant la règle fondamentale de l'énergie du lieu. Un torero n'aurait pas commis cette erreur, dans l'arène, que se rendre sur le territoire adverse. En effet, dans l'art sanglant de la corrida, l'homme dans son « habit de lumière » reste toujours dans la partie ensoleillée du terrain. Tout son art consiste à faire sortir l'animal de l'ombre pour l'attirer dans la partie lumineuse où doit se dérouler le combat. Jamais le torero ne confond l'ombre et le soleil, jamais il ne se rend dans la partie ombragée. Cela s'appelle « la science du terrain ».


« Qui Fait » inverseur

L'information précède toujours le manifeste. De même que l'ADN précède toujours l'ARN et la protéine terminale. On retrouve, dans le langage utilisé, quelles furent les informations (de type ADN) codantes qui animent M. Poutine.

En effet, Vladimir choisit des termes très expressifs. Il faut écouter ce qu'il dit, le prendre au mot. Il a suscité une première instance en prenant la Crimée, écrivant ainsi le crime dans sa méthode. S'imaginant invulnérable (autopersuasion du « Qui Fait »), il se croit maître universel de toutes les psychologies. Il est vrai qu'il possède cette puissance mentale par laquelle il impose à tout interlocuteur sa force, plus encore quand cela se déroule sur son territoire, à sa table.

Dans chaque discours, M. Poutine lâche des mots, parfois insolites, voire absurdes… C'est justement dans ces singularités que se cache le sens. La structure dégage une information, le côté moteur du cerveau l'expédie au « Qui Fait ». Que fait-il ? Le passage à l'acte, par le phénomène de l'Inversion, met au négatif ce qui était donné positivement. Résultat : il fait la guerre alors que le message initial émis par la vie était de faire la paix. La puissance de l'Inversion fait dire « non » à ce qui est l'essentiel. La cristallisation obstinée dans le « non » conduit à des crispations qui obturent progressivement la perception des informations, et épaississent le « Qui Fait » sur lui-même : ce dernier finit par se donner lui-même de rôle de l'informateur et trahit ainsi ses fascinations. Ecoutons ses mots, ils expriment les fascinations qui peuplent sa construction mentale.

M. Poutine ne cesse de parler de « dénazifier ». Il accuse le Président Zélinski — dont la famille a subi la Shoa — d'être antisémite. Et soutient le « groupe Wagner » des mercenaires qui tire son nom du compositeur préféré d'un certain Adolf Hitler. Ces trois éléments signent chez lui une obsession haineuse à l'endroit du judaïsme. M. Poutine crie à l'antisémitisme de son En-Face : il dénonce par là ses propres sentiments. Par inversion, il accuse l'adversaire de ce qu'il est lui-même. Raison pour laquelle il se persuade de devoir « dénazifier » : conseil qu'il se donne à lui-même mais qu'il voudrait par inversion appliquer à M. Zélinski. La thématique Israël, judaïsme, introduite par l'agresseur, transforme cette guerre en une affaire métaphysique. Une dimension qu'aucun expert ne remarque. Cette guerre vise à tuer M. Zélinski, en tant que chef d'Etat, mais aussi en tant que Juif dont l'existence même est insupportable à l'esprit de Poutine : son esprit est en effet formaté sur les méthodes et la pensée hitlériennes (invasion des Sudètes, annexion de la Tchécoslovaquie, de la Pologne, mensonges, comédies diplomatiques, affirmation ici inversée de l'antisémitisme…) 

Les thèmes judaïsme, antisémitisme, nazisme étant introduits par l'agresseur, nous sommes en droit de considérer dans ce conflit l'apparition de forces métaphysiques : le « Ma » a décidé d'anéantir le « Mi ». C'est très clairement Goliath contre David. Alors qu'en toute logique rationnelle, le rapport des forces matérielles impliquerait son écrasement, il se pourrait que David l'emporte une nouvelle fois. M. Zélinski a eu des termes appelant aux forces de vie : « la vie l'emportera » dit-il au Parlement européen, ajoutant : « la lumière l'emportera sur les ténèbres ». Je partage ce point de vue. Et vous ?




PS : J'ai fait ce rêve l'autre nuit. Marchant dans les rues de mon village, je croise mon ancien maître de l'école primaire lorsque j'étais au CM1 ou CM2. Il me dit : « je suis désolé, mais nous avons dû tuer le grizzli ». Je lui demande pourquoi. Il me répond : « nous étions obligés, on ne pouvait plus le tenir… » Au réveil, me souvenant du rêve, je me suis dis que le Maître, c'est l'image symbolique du véritable Maître du Monde, le « Modèle d'Absolu ». Le grizzli, de toute évidence, c'est l'ours, et cela ne peut être que l'ours russe : M. Poutine. Serait-ce un rêve prémonitoire ?

 

* Les citations marquées d'un * sont extraites d'un manuscrit de Dominique Aubier où elle décrit la typologie des êtres selon le secteur évolutif auquel ils se rangent. Cf : La Face cachée du Cerveau, Lire sa Vie.

 

 

— A propos de Caïn et Abel et la 3ème voie ouverte par le 3ème fils Seth. Retrouver le chemin qui a du cœur

—  Les archétypes et seuils du fonctionnement cérébral sont explicités dans : La Face cachée du Cerveau

La 23è Lettre de l'Alphabet hébreu. Le sens du "Z".