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samedi 23 juillet 2022

Le secret d'Israël. Par D. Blumenstihl-Roth

Le secret d'Israël
par Dominique Blumenstihl-Roth


On a souvent tendance à confondre YHVH et ELOHIM.
Le mot hébreu Elohim est un pluriel et s'écrit Alef, Lamed, Hé, Yod, Mem.
Il désigne les choses de la nature, le réel pouvant être connu par l'expérience, les faits pouvant être étudiés. Le savoir objectif peut accéder à la connaissance d'Elohim, la science permet d'en cerner le territoire.
Le mot YHVH quant à lui, en hébreu Yod, Hé, Vav, Hé est en réalité « imprononçable ». Il implique une abstraction qui ne se dissout pas dans le visible, mais ses valeurs y sont actives. Il implique l'intelligence du système qui régit le fonctionnement du modèle absolu, dont les « choses du réel » et de la Nature sont les résultats visibles.
Lettre à lettre : Hé, c'est la Droite et la Gauche dans les deux instances d'un cycle visité par l'énergie Yod. Vav indique la mesure des métabolisme propres à la seconde instance (après Yod - Hé), elle aussi tributaire de la dialectique Droite-Gauche. Dès lors YHVH ne relève pas de la métabolisation, ni des choses concrètes. Il est la contraction lettrique des lois du système Alef, dont seuls les effets sont visibles, non la cause.
On relira à ce sujet l'étude réalisée cet ouvrage magistral : Le Principe du Langage ou l'Alphabet hébraïque. (Ce livre présente la dynamique des lettres hébraïques, mise en relation avec l'ensemble du système cérébral. Une donnée oubliée, voire ignorée des commentateurs actuels qui glosent sur les éléments de la tradition tout en occultant le code systémique présidant à l'ensemble de la structure.)
Partant de cette ignorance de l'identité du motif d'absolu, de nombreux auteurs, davantage férus de philosophie que de Connaissance, s'enfoncent dans les errances que Heidegger appelle en Allemand « Holzwege » — chemins qui ne mènent nulle part — et inventent une fausse initiation selon laquelle la quête infinie serait à elle-même la raison d'être de toute initiation.
C'est là une conception tout à l'opposé de la révélation donnée au Sinaï : en rien le dévoilement des Lettres ne propose une errance, ni l'infinitude du débat. L'Alphabet se donne en code résolutoire de vérité, sans partage avec les idées d'Aristote.

Emmanuel Lévinas a signalé combien l'école philosophique a amoindri la pertinence des efforts rabbiniques, au point que nul rabbin désormais n'ose s'affranchir de cette discipline dont il croit qu'elle serait la partenaire indispensable de la révélation. La philosophie, en effet, ne résout aucune question existentielle, tandis qu'elle démultiplie les questionnements, plonge les esprits dans la perplexité — use d'une enflure du langage qui suscite l'ennuagement total de la pensée de plus en plus distanciée de toute forme d'instruction initiatique.
Aucun initié sérieux ne fera allégeance à cette disciple incertaine, séduisante dans ses épanchements, mais en rivalité avec le principe de révélation. Et que l'on ne me cite pas l'admirable Spinoza parmi les philosophes, que ces derniers ont « récupéré » dans leur obédience : toute la connaissance de Spinoza sort droit de la kabbale, étant lui-même le fils d'un rabbin séfarade, expert de l'hébreu et de l'herméneutique hébraïque. Opticien polisseur de verres de lunettes, il a lissé bien des concepts issus de la kabbale pour les introduire dans la pensée occidentale sous couvert de philosophie, sage précaution sans quoi ses propositions d' « amendement de l'esprit » seraient restées sans suite.

Le problème du judaïsme (« mais pas que »)
c'est qu'il est pétrifié dans son zèle à respecter le carcan des normes rabbiniques fixées pendant l'exil de Babylone et que sa volonté de modernisation s'est réalisée par la philosophie qui n'ouvre en rien le sens de la Révélation. Rabbi Hayyim de Volozhyn (1759 - 1821) a observé ce phénomène et s'exprime en ces termes dans son ouvrage L'âme de la vie (éd. Verdier,p. 123) : « Depuis longtemps nous sommes privés du maître, chacun suit son propre chemin, suivant les tendances de son esprit, et le penchant naturel de la spéculation pousse la réflexion à s'élever exclusivement sur les ailes de la pensée vers une spiritualisation abstraite… »
Le rabbinisme actuel, en tout respect de sa noble fonction, comparé à l'enseignement des grands maîtres de la tradition que furent par exemple Moïse de Leon, Isaac Louria, Rambam ou encore Rabbi Hayim de Volozhyn, me paraît extrêmement démuni et déconnecté des concepts régissant l'exactitude de la connaissance hébraïque. Je rejoins en ce sens l'historien Moshé Idel, qui écrit que « les maîtres ont oublié le secret du vêtement… » (cf. Les kabbalistes de la nuit, p. 53). Certes, leur savoir est immense, ils connaissent les textes par cœur. Et cependant l'accès au sens — l'accès au quatrième niveau de la formule Pardès — me paraît sérieusement obturé, tant ils en restent, dans leurs lectures, dans leurs interprétations, en-dessous du sens exact. Pour justifier cette inadéquation face au sens, il est une mode qui prétend que les interprétations des textes seraient infinies, c'est là un astucieux argumentaire permettant de tourner en rond au niveau du Remez et du Drash, les deuxième et troisième niveaux de lecture. Un tourbillon bouillonnant d'interprétations subtiles génère l'étourdissement de la pensée qui croit avoir résolu la question, alors que le quatrième niveau, celui du Sod, reste hors d'atteinte, faute de la clé de lecture.
Emmanuel Lévinas signalait dramatiquement que « le judaïsme ne se dit même plus contenu culturel. Dans l'ignorance totale de ses sources et de ses fondements… » (in : L'au-delà du Verset, éditions de Minuit, 1986, p. 22).
Il faut, à mon sens, tout d'abord se rappeler — ou (ré)apprendre ce qu'est Israël.

Israël est le nom d'un peuple, d'un pays, d'une communauté vivante ayant un lieu de présence sur terre qui porte ce nom. Il fut donné à Jacob, à deux reprises — redoublement —, une fois par l'ange qu'il affronta au gué de Yabbok et une fois par Dieu lui-même.
Israël s'écrit :
י שׂ ר א ל
Yod en initiale désigne l'énergie cosmique convoyée par le premier échange latéral depuis l'invisible. C'est la lettre de transmission. Le message parti depuis l'invisible à l'instant zéro de la Création…
Schin (pointé à gauche) se prononce Sin et indique que l'énergie du Yod cosmique doit avoir circulé de tête recevante en tête recevante pour que le nom d'Israël soit mérité. Il faut que le système du Verbe ait été capté tout au long d'un cycle dûment mesuré par les 3 niveaux d'organisation (PaRD) que signalent les 3 pointes du Schin. Quand cette lettre est pointée à Droite, cela veut dire que l'énergie va courir sur les 3 périodes porteuses. Pointée à Gauche, l'énergie représentée par le point indique que le programme est entièrement réalisé. Cette réussite est inscrite dans le nom d'Israël. « Les 3 niveaux d'organisation repérables à l'œil nu dans le Schin / Sin renvoient à une norme du système de vérité. Rien ne se construit en ce monde sans que, dans une unité matricielle d'essence corticale, la métabolisation n'ait rempli les 3 plans d'organisation s'inscrivant dans les 5 couches du corpus cérébral matérialisantes. »* Le Sin inscrit dans Israël présente ces 3 niveaux d'organisation comme ayant été vécus — ou devant l'être impérativement.
Le Resch, c'est « Roch », structure induite par le Schin. Israël ainsi nommé s'insère dans une unité corticale, comme entité prédestinée à vivre tout un cycle de soumission à cette haute vocation. La Communauté ne sera pas libre d'échapper aux pressions directives de l'énergie cosmique.
L'Alef confirme la finalité formulée par le Sin. C'est dans cette structure cérébrale, celle de la Communauté nommée Israël, qu'à terme apparaîtra l'Alef du système. Ses éléments en seront si bien captés, décrits, catalogués, qu'ils deviendront objets d'enseignement.
Lamed confirme et nomme cet enseignement.*
Israël, dès lors, a pour mission de capter les normes du système de vérité et de les préparer pour qu'elles puissent être enseignées universellement. C'est là une importance fonctionnelle qui ne plaît pas à tout le monde. Mais le programme assigné par Sin, vérifié par Alef, a été pleinement rempli par la Communauté — et son élite — qui en étaient responsables. Les 3 niveaux d'organisation représentés par la lettre Sin marquent son histoire culturelle : Torah, Talmud, Kabbale. L'élite juive a bien dégagé les lois herméneutiques qui décrivent le système de vérité.

Le peuple juif n'a pas raté sa mission.
« Ce grand-œuvre, le plus important qui se puisse concevoir au service de l'essor civilisateur, a été accompli en temps utile. Mais le temps, lui aussi, a fait son œuvre, et ces données, versées sous la forme de symbolisme dans la conscience humaine, se sont distancées peu à peu de leur raison d'être si bien que le formalisme religieux tout en consacrant ces données, n'en donne plus le sens »*. Une oxydation s'est déposée sur les « armes » de la Connaissance, et c'est à cela que fait allusion Don Quichotte quand, au tout début de ses aventures, avant de se lancer dans le monde pour redresser les torts, il commence par ôter la rouille recouvrant l'arsenal — algunas armas — quelque peu délaissé qu'il vient de retrouver. C'est aux critères initiatiques de la kabbale hébraïque qu'il va redonner le lustre en les tirant de l'oubli, en les ressortant de leur cachette où ces armes furent enfouies comme un trésor qui, un jour, recouvrirait sa splendeur, redonnée à une communauté harcelée et expulsée par la police inquisitoriale.

Israël ne se sépare jamais de la lettre Rech qui se grave en son centre. Israël connaît le nom et la nature du Modèle d'Absolu, quand bien même les modernes se sont engoncés dans des options peu éclairantes sous influence occidentale détachée du système divin qui seul garantit la pérennité de l'Alliance.
On remarque dans le graphisme du Resch une sorte de « toupet » qui monte à l'avant, et qui désigne l'accrochage de l'énergie. La haute plate-forme horizontale surplombe l'axe droitier et représente la circulation de l'énergie de Qui-Sait vers le Qui-Fait. Cette lettre indique qu'il faut se référer au Cerveau pour comprendre le génie ontologique d'Israël. C'est d'être une antenne qui capte les émissions cosmiques. L'antenne, c'est l'aire du langage.* La zone de phonation de la terre est sous la pression directe de l'énergie vitale. Israël en assume le rôle dans le cerveau planétaire, de là que le système Alef a été absorbé par les « fortes têtes » de l'élite hébraïque d'antan. Jérusalem est en ce sens le point d'impact de l'échange latéral où l'énergie du Qui-Sait invisible s'insère sur terre. C'est là que le verbe s'inocule. Et je veux d'emblée préciser que les autres traditions et cultures du monde n'en reçoivent pas moins, à égalité de dignité, leur juste part des effluves divines, mais c'est en ce lieu disputé entre tous — et pour cause — que l'injection de la seringuée est directe, après quoi il y a distribution de l'énergie selon un train d'onde qui la propage.
Israël en tant que réceptionnaire des données contenues dans la parole absolue ne peut que transmettre, redonner ce qu'il reçoit, tout en restant ce qu'il est sur le territoire qui lui est dévolu à jamais et dont il ne peut être exproprié. L'adversité fait la tare de la réalité qu'elle nie. Pathétique antisémitisme… A ce titre, les hallucinés qui s'imaginent qu'Israël doit disparaître, rejeté à l'eau, ou exterminé, affirment par inversion leur profonde passion à l'endroit de ce qu'ils imaginent être leur insupportable ennemi : il viendra un jour où les ennemis que l'on croyait irréductibles se transformeront en amis fidèles qui défendront mieux que tout autre la cause d'Israël.

Israël est la zone de captation du sens.
Raison pour laquelle la prophétie d'Isaïe 50-16 affirme « Tu es mon peuple ». Ce qui ne se prononce pas au détriment des autres, car l'expression « Ami ata » peut se lire également et sans changement de lettres « imi ata », c'est-à-dire « tu es avec moi ». Quant à la spécificité du lieu — le Maqom — où se déverse en direct le flux divin, il est indiqué en Exode 33-21 : « Voici un lieu près de Moi ». Le Texte ne dit pas comme cela apparaît en certaines traductions « Je suis en ce lieu » mais bien « un lieu près de moi ». L'expression « près de moi » est également une manière de signifier la propriété : on possède une chose par sa proximité et l'union que l'on fait avec elle. « Le lieu n'affecte pas mon essence, mais je suis essentiel au lieu » précise l'initié Hayyim de Volozhyn, (citant Yossi ben Halafta dans son livre l'âme du monde, éd. Verdier p. 118).
L'énergie reçue en Jérusalem, lieu de réception dévolu à Israël, se déverse sur les zones associatives. En d'autres termes, le message, sans rien perdre de son acuité, quitte la zone de la perception directe pour entrer dans celle de l'émission verbale et d'expansion ouverte au monde. La Connaissance, qui ne cesse d'être perçue en Israël, passe aux nations. Ce processus de transfert n'est rien d'autre que le « messianisme ». Je ne doute pas que l'intelligence du judaïsme reconnaîtra tout son patrimoine dans le discours messianique — dès lors qu'il sera explicité…


A découvrir :
Les secrets de l'Alphabet hébreu (série de 3 films)
La Mission juive (Réponse à H. )


Les passages de ce texte marqués d'une * sont de Dominique Aubier, tirés des ouvrages Le Principe du Langage ou l'Alphabet hébraïque, Don Quichotte la Révélation, La Porte de l'Inde et de textes encore inédits… 
 
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5 commentaires:

Sendirosch a dit…

Merci pour ses précisions.

Rose a dit…

Peut-on savoir comment fut déterminé l'emplacement de l'injection du Qui Sait .
Pourquoi ce lieu fut choisit comme antenne planétaire .
Est-ce dû à des qualités spécifiques des populations du lieu ?
Comment auraient-elles été préparées ?
C'est l'impression que le texte donne .
Ce n'est pas une élection mais un choix ? la meilleure option ?

Yehouda Guenassia a dit…








AMEN !!! אידהנויה אמן

From Jerusalem with Love

Yehouda Guenassia

Anonyme a dit…

Merci !!!
Pour ce texte dont le contenu se dilate au-delà de son contenant, provoquant joie mais aussi fatigue en même temps...
Comme de coutume, pour entrer dans les pensées de Poids, il faut surfer une 1ère fois sur l'ensemble. Le trop-plein ressenti oblige à "avaler" le sens peu à peu, le ruminer presque ... puis attendre ...
Difficile d'ingérer le tout lorsqu'il manque des pans de connaissance.
Jérusalem, premier Haut-Lieu de Notre Dame la Terre. Il s'est passé là tant de choses ! Israël, Rayon du Verbe incarné. Cela peut parler à beaucoup d'entre nous, quel que soit notre Orient spirituel. Jérusalem, ville sainte, et son écho en l'homme.
Un jour peut-être se fera l'entrée dans notre Jérusalem intérieure.
Seul, nous ne le pouvons pas.

Marie-France

Ikoho Massalas a dit…

Profonde gratitude pour cet article que vous venez de publier et qui
m'offre de nouveaux regards sur ISRAEL..'' QUEL EST LE SECRET
D'ISRAEL ? ETUDE SUR LE SENS ET LA MISSION D'ISRAEL...éclaire
largement sur ce qu'est ce pays et sur ce qu'il demeure depuis que le
Créateur l'ayant prédestiné à porter sa parole l' avait aussi béni
pour vaincre toutes les animosités...Merci M. Blumenstihl-Roth pour
cette lumière que vous venez de m'apporter en ces moments où mon
engagement pour le retrait de la Charte Africaine des Droits de
l'Homme et des Peuples amorce le virage qui mène à la victoire..Merci
infiniment pour cet édifiant article.Merci encore. Cordialement.
IKOHO MASSALAS François-Xavier Fondateur du Cercle des Amis d'ISRAEL
au CONGO-BRAZZAVILLE