Rechercher dans ce blog

Translate

vendredi 30 juin 2023

Pour aller au sens des choses : le miel du Verbe. Par Dominique Blumenstihl-Roth

Pour aller au sens des choses : le miel du Verbe
par Dominique Blumenstihl-Roth


Comment « piéger ce qui est à l'origine de nos faits » ?

« Les données comme les acquis dont nous sommes façonnés forment un globe invisible qui nous tient sous sa cloche. Recevant ce qui arrive sous forme d'événements, chacun de nous est dans sa propre bulle, assumant son moi dans la singularité qui lui en vient, au gré des jours et de leurs accidents… »


 « La vie fait du cinéma. C'est qu'elle appartient au régime cosmique. Nous vivons sur une planète qui appartient au tissu de l'Univers, à ce qui est versé de ce côté-ci du Rosch Primordial. Tout ce qui décrit le terrestre relève du cosmique et de son caractère objectivant. L'ordre qui règne sur notre globe obéit à l'imprégnation du « qui Fait » cosmique. Tout ce qui s'y passe s'organise d'office dans la substantialité, sous l'influence d'un « qui Fait » matériel, concret, visible, qui reçoit ses directives d'un « qui Sait » invisible. Les vicissitudes qui remuent nos existences répondent donc à des décisions venues du plus loin. Nos aventures privées, nos histoires sociales, nationales ou mondiales, les événements et accidents qui s'y clouent sont des effets et non des causes. Des effets visibles, mouvementés, dont la source est ailleurs. Tout ce qui se passe sur la planète serait de l'ordre d'une mise en forme dont l'intention qui l'inspire serait retenue dans l'au-delà. Belle liberté que celle de la créature humaine, puisqu'en définitive c'est l'Humanité qui recouvre la planète ! Nous serions mus par des données impératives dont le contenu magistral nous serait interdit. Nous en vivrions les effets, sans avoir le droit d'en connaître les causes. Seraient-elles à jamais prisonnières de l'Invisible en sa qualité d'hémisphère « qui Sait » ? Hors de portée pour la raison humaine ? A quoi bon, alors, disposer d'un cerveau doué de conscience ? Cette notion déterministe de la condition humaine contrarie tellement le sentiment que nous avons de nous-mêmes qu'il est impossible de l'accepter. Il doit exister un moyen de remonter à la source. »

 

Ces lignes extraites du livre Inédits 2., de Dominique Aubier, page 218, m'ont vraiment interpellé. Comment trouver le sens des événements ? Comment « piéger ce qui est à l'origine de nos faits » ? La réponse de l'initiée : « il suffit de se doter des outils conceptuels convenables. » Voilà qui est vite dit. Encore faut-il les trouver, ces outils, et ensuite, savoir les utiliser…


Comment « piéger ce qui est à l'origine de nos faits » ?

Rechercher l'information dictée depuis « l'autre côté », la comprendre, la sublimer, l'assumer, lui donner fait et corps en retrouvant son sens… Une sacrée affaire. Tout ce « film » de l'échelle, la chute, les soins, la douleur « exquise » que j'ai raconté dans un blog précédent, tout cela aurait un sens ? Lequel ? Il faut tout d'abord décrasser l'événement pur. Il est plus que ce qu'il laisse apparaître. Se rappeler que les événements sont le langage de la vie. Il s'agit donc de démaquiller l'événement, le nettoyer de ses apparences de manière à libérer le sens qui est son vrai visage. (Cf Rebâtir le Monde, p. 21) Considérer l'événement comme l'expression d'un signe où la « vérité est dans la vérité ». C'est-à-dire qu'il est un symbole appelant à son exégèse. Comment lire le réel ? Il faut apporter la Tête dans sa toute intelligence d'elle-même et en aucun cas s'engluer au narratif littéral de premier niveau d'immédiateté.

Il y a des signes, dans la réalité, parce que nous vivons dans un cosmos qui est le « Qui Fait » d'un cortex dont le « Qui Sait » est situé dans l'invisible. Sans cette représentation, il est impossible de comprendre que l'incessant arrivage de nos faits puisse avoir un sens : une règle fonctionnelle d'essence cérébrale fait qu'une information activée en « Qui Sait » subit, pour entrer en « Qui Fait » une série d'adaptations qui lui confèrent un état de concrétisation. Par analogie, nous dirons qu'un signe est le produit métabolisé d'une information insaisissable à sa source, et le modèle microbiologique montre que la formulation d'origine n'est jamais recopiée à l'identique mais il subit une altération adaptative avant de devenir une réalité. Face à cette réalité, peut-on retrouver l'information codante d'origine et recomposer l'information qui a été instillée, donnant naissance à l'événement ? En utilisant les archétypes, il est possible de remonter en amont de l'événement et recomposer la donnée qui l'a induit, écrit Dominique Aubier (Rebâtir le monde p. 174). Cela s'appelle précisément : lire un signe.

La lecture du signe implique le recours à la… « lecture » : l'art de décortiquer le visible et lui arracher la part verbale du secret qu'il dissimule. Faire ressortir de l'événement vécu la charge verbale qui est à sa source, exsuder du réalisme le plus épais sa part de lumière voilée sous les apparences. Autrement dit : faire tomber le voile et laisser apparaître le vrai visage du vrai. Le recours au langage est le seul moyen d'exégétiser l'événement et en extirper le sens ; car le langage est l'être même du monde, il est l'être de l'humain, donnée élémentaire et fondamentale de la réalité. Le rabbin Hayyim de Volozhyn, kabbaliste lithuanien, ne doutait pas que c'est par le langage que Dieu se manifeste, qu'Il se communique à la Création, qui vient, elle aussi à l'être par l'intermédiaire du langage (Cf L'Âme de la vie, éd. Verdier, introduction page XXXII de B. Gross). 


La fatalité de l'Inversion

Il fallait donc tout d'abord repasser le film de la chute, transformer les événements vécus — le souvenir de leurs images — en mots. Lire et relire le récit, repérer les mots-clés qui en émergeaient, considérer également l'événement, déplaisant en soi car c'était un accident, comme l'expression d'une pensée « venue de plus loin » et dont je vivais une forme interprétative… inversée : L'hémisphère « Qui Fait » — celui dans lequel je vis en pur et lourd réalisme — commence toujours par inverser l'information qu'il reçoit. Phase brève dans laquelle ne pas s'attarder et recourir le plus vite possible à un « redressement » faisant du négatif immédiat au contraire la plage inversée d'un message lumineux demandant à être vu et compris. Lire le signe exige que l'on effectue des actes de conscience par lesquels on transcende ce que nous vivons

— Ne pas se laisser posséder par l'interprétation tronquée que l'humeur pourrait inspirer : tout transfert d'énergie et d'information d'un « Qui Sait » à un » « Qui Fait » se heurte d'emblée à la fatalité de l'Inversion (Rebâtir le Monde, p. 111). Là réside un danger d'erreur, de mauvaise lecture du signe. L'Inversion se produit dès lors qu'il y a passage de l'énergie de Droite à Gauche dans quelque structure que ce soit… et notre conscience en est à chaque instant le poste de douane… précise Dominique Aubier : ne pas s'attarder sur la négation, reverser en positivité ce qui semble s'imprimer en « non », car la phase négative n'est qu'une phase d'adaptation au régime local du « Qui Fait ». Connaître cette règle archétypale évite bien des écueils. Hélas, les sciences humaines telles qu'elles sont actuellement enseignées ignorent la vigueur normative des archétypes cérébraux, et si la psychologie et la psychiatrie en connaissent les effets principalement en raison des dysfonctionnement qu'ils occasionnent, elles en ignorent la cause fautes d'être appréhendées au plan systémique, et engluées qu'elles demeurent de « matière » observée. Il me fallait donc au plus vite « décoller », quitter le lieu inversif, ne pas immobiliser ma pensée dans la dramaturgie, refuser que se cristallisent les images et le ressenti : d'urgence, en appeler au sens.

J'ai applique cette leçon exposée à la page 114 du livre Rebâtir le Monde : Il ne s'agit pas de taire l'existence des événements, mais au contraire, d'en parler jusqu'au bout, jusqu'au point où la vérité du désir serait positivement lue. Non pas, comme les médias, raconter à l'infini le déroulé de la journée, répéter sans cesse le film, et en accroître la portée en y ajoutant des détails sous prétexte d'analyser. Mais en appelant… au miel de l'affaire. Au sens pleinement déployé. 

Pour cela, le recours à la langue du vrai pour trouver le vrai.


Le Code 130 / 3-14

J'étais tombé de l'échelle. J'ai d'emblée pensé à l'échelle : soulam, valeur 130, qui ramène forcément  à la thématique du Sinaï, valeur 130. Episode du Buisson Ardent, au chapitre d'Exode… 3-14. Là fut donnée l'identité de l'être suprême par la formule Ehié Acher Ehié  ; là se révélèrent les lettres divines qui jusqu'alors demeuraient dans une rétention en ce qu'elle ne pouvaient se donner à un peuple asservi : la liberté est la condition absolue à la Révélation qui ne peut s'offrir sous régime d'asservissement — à méditer quand on sait combien nous vivons sous assujettissement de la pensée hyponeurienne. 314 est aussi la valeur du nom de l'immanence divine El Chadaï, signifiant assez fait, autorité marquant l'arrêt en phase des entropies. Ordre de cessation du « faire » impliquant le retournement vers le donneur de l'information. La protéine, une fois constituée, ne peut poursuivre sa croissance indéfiniment après qu'elle se soit enroulée sur elle-même : fin de la croissance, retour à l'origine, donc vers le Code des lettres révélées.

L'échelle brisée indique à mon sens la nécessité de ce retour vers le sens ultime des lettres en quoi s'écrivent nos actes. Il s'agit bien de monter vers cette source lumineuse, éclairant nos vies, qui ne sont pas faites uniquement de « faire » productiviste, mais vouées à être toujours reliée au sens de leur vocation. Le sens, toujours présent en tout acte, s'écrivait dans l'échelle des mesures : brisure suivie de réparation, il va nous en coûter, avant résorption de la fracture, mais les remèdes sont là, par la prise de conscience de l'information donnée en « Qui Sait » dont l'accident est l'interprétation symbolique très réaliste, donnant un aperçu de ce qui nous attend.


L'Indicateur de vérité

Il y avait encore des choses à débusquer que par moi-même je ne trouverais pas. Aussi je me suis décidé à sortir.

C'est ainsi que « marchant sur des œufs », j'ai fait quelques pas dehors, et voilà qu'au bout de la rue je croise à nouveau le docteur D. Il prend de mes nouvelles. Je lui demande ce qu'il fait là, avec ces caisses de bois. Il me répond que ce sont des ruches d'abeilles qu'il va installer dans un petit bois. — Et tenez, dit-il, vous aimez le miel ? Je vous en offre un pot. C'est un bon remède.

J'ai trouvé cela magnifique, hasard sur hasard… ou plutôt ces plans de cohérence répétés, ces rencontres que je n'ose qualifier de fortuites ! Faut-il être totalement « bouché » pour ne pas y être sensible. En tout cas, rentrant chez moi, j'ai goûté ce miel fait maison. L'effet a été surprenant, immédiat. Et ce n'est pas psychologique. Un étrange frisson d'énergie m'a parcouru le corps, quelque chose s'est illuminé dans le cerveau et j'ai ressenti, dans mes yeux, un agrandissement de lumière. Apport de glucose, dira le biologiste : peut-être, mais il y a plus que cela. Car du sucre, j'en mange par ailleurs sans jamais ressentir ce type de réaction. Il y avait là autre chose, lié à la qualité même de ce produit, sa conception en tant que produit naturel, augmenté de la bonne intention de celui qui me l'offrait. Il agissait là en pur « Indicateur » du bon chemin à suivre.

Abeille, miel… Voilà un thème éminemment biblique, avais-je dit au docteur D. Aussi ai-je rédigé un petit topo à son intention afin que son geste soit lui aussi raccordé à un sens plus haut, donnant à sa générosité la valeur de l'information habitant le produit qu'il me donnait.  En voici le texte, que je donne en partage afin que chacun en prenne une pleine cuillerée.

Qu'est-ce que l'abeille ? Qu'est-ce que le miel ?

Toute cette affaire d'échelle, Soulam, Sinaï, 130, conduisant aux Lettres révélées du texte biblique d'Exode 3-14, m'amène à soulever le couvercle de la ruche et dirige droit sur une synthèse — le miel du verbe et sa quintessence en hébreu ? La chute de l'échelle n'aurait donc été que l'événement me conduisant vers « l'indicateur » — le docteur D… — qui à son tour me dirigeait droit vers la source ? « L'Indicateur balise le terrain qui conduit à l'enclos où se trouve le miel de l'esprit… »


Le thème de l'Abeille et du Miel dans la Bible

Abeille
ד ב ו ר ה
= DeBORaH. C'est le nom de deux personnages bibliques.

1) Déborah, la nourrice de Rebecca (l'épouse d'Isaac). Elle a élevé Jacob (qui deviendra Israël). Son nom s'écrit ici sans la lettre Vav (prononcé o) :
ד ב ר ה
Son nom n'est mentionné qu'une seule fois dans la Torah, à Genèse 35 verset 8.
Elle apparaît au moment de son décès, alors que Jacob revient d'exil et s'arrête à Louz et y a sa vision des forces célestes. C'est donc au moment de sa disparition que l'on apprend qu'elle a existé. Le fait de n'apparaître qu'une seule fois dans le texte est une distinction.

2) Déborah, gouverneure et juge d'Israël rend justice sous un arbre (le Palmier de Déborah est aussi le titre d'un classique écrit par le kabbaliste Moïse Cordovero). Elle apparaît au chapitre Juges 4, 4. Son nom s'écrit cette fois avec la lettre Vav (O). Le nom Abeille est donc lié à la fonction de nourrice et de justice.

Avec la racine du mot DeBoRaH on écrit le mot DaBaR.
ד ב ר
qui signifie : la parole, la promesse, annoncer. Par analogie, la tradition considère que la parole (DaBaR) est le miel de l'esprit, et DéBoRaH est donc celle qui parle la vérité. C'est pourquoi elle est juge. La parole nourrit l'esprit, c'est pourquoi elle est nourrice.

Miel
ד ב שׁ
= DaBaCH. Ce mot commence par les mêmes lettres que Déborah (Abeille) et que DaBar, c'est-à-dire parler. Par ces racines identiques on comprend que l'abeille DéBoraH
ד ב ו ר ה
produit le miel DaBaCH
ד ב שׁ
et que le miel est lié à la parole DaBaR
ד ב ר
Dans le mot DaBaCH, la dernière lettre est un Schin שׁ
Cette lettre symbolise le Verbe en tant qu'expression de la pensée aboutie. Le point sur la branche droite de la lettre représente l'énergie qui circule dans le cycle évolutif. Le miel est donc le produit résultant de l'énergie donnée par une structure (Bet) à qui la porte (Dalet) est ouverte. Le miel est considéré comme étant la nourriture du cerveau.
Bet : ב
Dalet : ד

Le miel apparaît comme l'élément nutritif déterminant dans l'épisode biblique relaté au chapitre Samuel livre I, versets 14-24 à 14-43.
Jonathan, ignorant l'interdiction du roi Saül qui a décrété un jeûne, mange du miel et c'est grâce à cette énergie acquise par le miel qu'il remporte la victoire.
Samuel 14-25 : « Toute l'armée était arrivée à un bois où la surface du sol était couverte de miel ». Jonathan mange de ce miel et dit que le miel lui éclaircit la vue :
Samuel 14-29 : « Voyez comme ses yeux sont éclairés, pour avoir goutté un peu de miel ! »

Comme Déborah (nourrice) et Parole s'écrivent en hébreu avec les mêmes lettres, on en peut déduire que la nourrice ayant élevé Jacob lui a enseigné le sens des Paroles. Elle lui a ouvert la porte (Dalet) de la structure (Rech) et fait découvrir la fonction parlante du cerveau (Schin) établie en ses niveaux d'intégration. 
Déborah, nourrice de Jacob, est une héroïne de l'esprit, qui brille dans la Torah par la modestie de la place qu'elle y occupe — une seule mention — mais cette unicité nominative précisément invite à considérer sa haute fonction maternelle. Déborah rappelle l'indispensable recours au Verbe, à son Alphabet, pour décrypter le sens jusqu'à la quintessence de l'information d'origine.
 
C'est assurément le miel de l'esprit qu'il faut donner à la jeunesse révoltée dont l'insurrection incendiaire est avant tout un appel à l'aide. La Connaissance est à même de les sauver.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Très belle remontée vers la source
Merci beaucoup pour l'exemple
MFR

Domino a dit…

Petite erreur dans la première version de ce blog où j'avais écrit que Soulam (échelle) = 314 même valeur de Sinaï. En réalité (j'ai corrigé), Soulam = 130 ; Sinaï = 130. Et comme le Sinaï est en cause au verset 3-14 d'Exode, un raccourci a fait que j'attribue au Sinaï la valeur 314… Le blog a remis les choses dans le bon ordre. Merci à Sophie G. de me l'avoir signalé.