Twitter devient X. Le retour du X…
par Dominique Blumenstihl-Roth
Le retour du X… au cœur du QuiXotte
Si vous fréquentez les réseaux sociaux vous aurez certainement remarqué que le logo de Twitter qui représentait un oiseau a disparu, remplacé par le design d'un X.
Cela s'est produit à la demande de son nouveau propriétaire, M. Elon
Musk, qui désire « moderniser » son nouveau jouet et le rendre plus
attrayant.
Le
gazouilleur s'est envolé, laissant dans son nid cette lettre qui fait
le bonheur des mathématiciens quand ils nomment ainsi les inconnues de
leurs équations.
Twitter devient X : Le retour du X…
L'apparition du X
sur l'écran d'ordinateur m'a fait penser à ce phénomène linguistique
bien connu des Espagnols qui, au courant du XVIIe siècle ont assisté à
la substitution progressive du X dans leur écriture par l'apparition de la jota, c'est-à-dire le remplacement systématique de tous les X par des J. C'est ainsi que don QuiXote devint don QuiJote,
suite à une étrange réforme orthographique valant dissolution de la
lettre centrale du nom du grand héros hispanique au bénéfice d'un J. La prononciation espagnole ancienne disait « Quichotte », comme cela appert en français, pour devenir phonétiquement « Quirote » avec un « r » mouillé.
Le X au
cœur du Quichotte est singulièrement mis en valeur dans les éditions
originales imprimées en 1605, confirmé dans celle de 1608 dont le
spécialiste Diego Clemencin (1765-1834) assure qu'elle fut supervisée
par l'auteur dans les ateliers de son ami l'imprimeur madrilène Juan de
la Cuesta. Observer la calligraphie du nom de notre héros. Le X en position centrale semble désigné par l'extension du Q qui, tel un chat, déroule sa queue, surligne et englobe les trois premières lettres Qui. Dans le prolongement du Q, apparaît le X.
Le nom se présente ainsi en deux parties distinctes : Qui suivi d'un ote, syllabes séparées ou plutôt unies par le X assumant le rôle de ligateur croisé.
La résurgence médiatique du X laisse-t-elle augurer le retour de Don QuiXote, le vrai, qui en son nom porte un X que Cervantès avait choisi après de longues réfleXions ? Serait-ce un X en analogie (subliminale, subtilement dissimulée mais à la vue de tous) avec l'Alef hébreu ?
א
Le retour du sens même du Quichotte dont le nom, en araméen, signifie vérité ?
L'araméen — la langue orale dont usait Jésus — s'écrit avec des
caractères hébreux, et ce n'est pas une langue inaccessible, étant
encore aujourd'hui en usage. Les communautés juives d'Espagne et du
Portugal l'ont longtemps pratiqué, traversant les vicissitudes
inquisitoriales qui en interdisaient l'existence. Le livre de
l'historien Albert Sicroff (Les controverses des statuts de « pureté du sang » en Espagne du XVe au XVIIe siècle) est très intéressant à lire à ce sujet.
Mais revenons au X
Grâce au milliardaire américain dont je ne crois pas qu'il s'intéresse au Quichotte (mais sait-on jamais ?) le X
se fait mondialement voir, comme une lettre emblématique. Certains
thèmes travaillent les esprits, suscitent en eux des réactions
insolites, parfois inspirées dans la droiture ou subissant des effets
d'inversion, mais ce sont toujours des appels à l'acte de conscience —
qui se produit ou non. Afficher le X serait-il une nécessité
planétaire ? Faut-il recourir à l'Alef, lettre fondant le système du
vivant ? Le fameux Alef ouvrant le mot Acher, que nous connaissons par le verset d'Exode 3-14, lorsque la divinité se révèle à Moïse à travers le Buisson Ardent par le Sinaï ?
אשר
Ce mot signifie « Qui » en hébreu. C'est le pronom relatif pour une personne, signifiant celui qui. Celui qui est ou qui sera. Il se trouve au cœur du verset :
אהיה אשר אהיה
« Le système Alef se déploie sur les niveaux d'organisation (Schin).
Le Schin étant la forme explicitée du système induit le Resch exprimant la structure cérébrale. » (cf Dominique Aubier)*
Serait-ce
cet Alef-là qui voudrait se rappeler à notre conscience, plus
particulièrement en ces temps de calamité climatique ? Peut-être est-ce
avant tout une question de climat spirituel qui se pose, tant
l'esprit de l'humanité influe sur le devenir du monde et le conditionne ?
Le premier acte efficace à poser pour garantir notre survie ne
consisterait-il à reconnaître la primauté de la conscience — la nôtre si
tant est que nous soyons capables de nous apercevoir que nous en avons
une — mais surtout la conscience qui pense l'univers dans lequel nous
évoluons. Nous pensons et nous sommes pensés. En ce sens, rien n'est
plus faux que la prétention du Cogito « je pense donc je suis » de René Descartes ; je la retourne en disant : « je suis pensé, et c'est pour cela que je peux être… si je m'en aperçois ».
L'Invisible nous pense…
et attend de nous que nous pensions à Lui, et en ce sens, la résurgence de l'Alef est une invitation à communiquer, twitter
avec lui, mais sans appareil électronique : en utilisant les capacités
naturelles de l'esprit à lire les signes, à leur répondre. L'Alef, en
cette circonstance du changement de logo, nous envoie un signe
considérable. Il est à l'initiative du « Qui », donneur d'informations conditionnant le « Quoi », et c'est ce « Quoi
» dans lequel nous vivons qui tend à ignorer qu'il existe sous la
tutelle de l'informateur premier. Rétablir la prééminence du « Qui » — en terme de génétique nous dirions l'ADN — sans nous laisser dominer par la puissance du « Quoi », autrement dit, la force de la protéine.
Nous
vivons le plus souvent en retard sur les choses et ne les comprenons
que lorsqu'elles ont déposé leur « concrétude ». Les signaux
avertisseurs nous échappent, faute de grille de lecture efficace, faute
de sensibilité, faute d'éducation aux signes. Qui pourrait nous
enseigner cet art de vivre en corrélation permanente avec le langage de
la vie, nous évitant d'être engloutis par les choses ? Sans craindre de
s'approcher du savoir objectif, notre esprit ne doit pas craindre non
plus de s'ouvrir à la pensée initiée : il s'agit d'entrer dans le monde
avec son vrai « moi » et non avec celui des idées toutes faites,
établies sur la certitude commune que la matière est à la clé du réel…
Les
actions que nous menons interviennent et portent le plus souvent sur
l'état protéinique des choses constituées quand elles sont devenues des
faits : ces derniers ne se laissent que peu infléchir, à moins de
relancer des cycles nouveaux instruits de nouvelles informations qui
pourront se développer selon le processus évolutif.
Deux
exemples pour illustrer cette attitude : voilà que l'on interdit les
chaudières au fuel et que l'on mise à tout crin sur les voitures
électriques. Grandes idées germées dans des esprits prétendument
éclairés à qui l'on a demandé de trouver des solutions d'urgence pour
sauver la planète. Nous partageons cette idée généreuse, et nous voulons
sauver la planète, nous sauver nous-mêmes, mais je ne saurais adhérer à
la naïveté de la pensée quand elle persiste à croire que les choses ne
s'opèrent que par les actions cumulatives du « faire », indépendamment
de toute considération métaphysique par quoi se révèle la nature
spirituelle de notre monde.
C'est
tout le système de la production d'énergie qui doit être repensé, selon
des critères différents de ceux qui ont prévalu jusqu'alors : prioriser
systématiquement le sens des choses, certes au regard de l'efficacité
pratique, mais également et à égalité d'importance, au regard de la
justesse initiatique. Le paradigme matérialiste a échoué, quand bien
même ceux qui ne jurent que par lui prétendent sauver le monde par les
moyens mêmes de ce paradigme de forcenés.
Le véritablement changement
ne peut se réaliser que par une modification climatique intellectuelle : que l'on cesse de penser le monde par les moyens exclusifs du « Quoi » matérialiste, et que l'on admette que nous ne sommes pas seuls
: de l'autre côté des « choses » prédomine l'information, transmise par
un code, un alphabet. Folie que tout cela s'écriera l'esprit
contingenté en alvéoles rationalistes, persuadé de penser que la raison
se limite à l'usage de la pensée linéaire. Folie que j'oppose à celle du
Quichotte pour qui tout au contraire est signe, langage, et soumission à
la raison… amoureuse. Son esprit forme unité cohérente, toujours à
l'affût de l'impromptu et des signes avant-coureurs de l'événement. Ses
actes lui semblent raisonnables par rapport à la mission qu'il se
connaît. Pour lui, saine gestion de l'esprit, l'essence d'une chose est
telle que l'exprime sa définition. Il sait que « le monde sera édifié par la grâce
» (Ps 89, 3) donc par Dulcinée du Toboso en qui il reconnaît la figure
emblématique de la Schékinah : et certainement pas au moyen du dogme de
la puissance matérielle. « Ne te prosterne pas » (Lo ticht' h' aie) est le mot-clé de la doctrine quichottienne : « Ne les sers pas » (Lo Toabdem), reprise des prescriptions sinaïtiques face aux idoles.
Le X est de retour
Espoir
pour la jeunesse qui a besoin qu'une pensée nouvelle survienne
redonnant goût à l'aventure de vivre ! Que ses yeux s'ouvrent à la
réalité du poème qui s'écrit pour elle ! Le retour de l'Alef — qui ne
s'est jamais absenté — signe à mon sens le grand retour de :
Don Quiאote,
que
j'écris avec un Alef, reproduisant ainsi la claire intention qui fut
celle de Cervantès quand il inventa ce nom porteur de vérité. Vérité et
réel ayant partie liée avec la vie, dirigées par la même loi, quand bien
même « il est toujours loisible de préférer le faux, juste pour
prouver son libre-arbitre », comme l'écrivait judicieusement Descartes
dans une lettre au père Mesland le 9 novembre 1645.
Je salue ce « retour de l'Alef
» à travers qui le « Locuteur » universel, accessible et à portée de
conscience, se rappelle à notre bon souvenir, afin que nous reprenions /poursuivions
le dialogue avec Lui.
— Le Réel au Pouvoir (comment sortir de la crise)
— L'ordre cosmique (le secret de 3,14 Exode)
— Exégèse de Don Quichotte (en cinq volumes)
Films : — Après la Tempête (la lecture des signes)
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