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jeudi 30 novembre 2017

L'erreur de M. Adin Steinsaltz au sujet des Séphiroth (sefirot)

Mise au point sur les Séphiroth. L'erreur de Adin Steinsaltz (2)
par Dominique Blumenstihl

début de cet article 1
suite de cet article : Le secret de la Daat 3 

« Réputé mondialement pour son édition du Talmud, Adin Steinsaltz passe pour l'auteur le plus compétent qui soit pour présenter les concepts de la Kabbale et du judaïsme ». C'est en ces termes flatteurs que l'éditeur Albin Michel présente l'auteur de La Rose aux 13 Pétales.

Et pourtant…  je suis désolé de vous le dire et de l'écrire, ce que vous dites dans ce livre, M. Steinsaltz, au sujet des Séphiroth… est juste : il vous suffit de tirer une phrase du Palmier de Deborah ou du Verger des Grenadiers (Pardès Rimonim) pour être sûr de ne pas vous tromper. Encore faut-il indiquer la source de votre science, car elle n'est pas infuse, mais apprise au près de Maîtres dont les noms sont systématiquement… occultés dans votre livre. Et là, ça ne va pas du tout. C'est un manquement sérieux, et quand bien même ma connaissance n'arrive pas à la cheville de votre immense savoir, je vous signale que vous avez commis une grave erreur. « Ne pas citer ses sources, c'est empêcher le messie de venir. » Eliézer le dit, et s'il le dit, c'est que déjà de son temps, il a dû observer cette tendance qu'ont les érudits de tirer la couverture à soi, comme s'ils étaient les inventeurs de ce qu'ils enseignent. Vous devez impérativement réparer cela et veiller scrupuleusement à ce que cela ne se reproduise pas. Car si vous l'avez fait une fois… vous le referez.
10 Séphiroth et pas 11… Tout est expliqué dans ce film.

Votre énumération des Séphiroth, page 49, pose problème. Vous affirmez, avec raison, qu'il n'en existe que 10. Mais vous en étalez 11. Et de chacune d'elles vous dressez un court portrait dont on se demande : « mais qui vous l'a dit ? » Votre liste se termine sur Malkhout, dixième et dernière Séphira qui « incarne le Verbe et le réceptacle ultime. » Mais si je compte une à une les Séphiroth que vous avez mentionnées, j'en trouve 11 et non pas 10 et Malkhout, la dixième, serait de fait la onzième séphira si j'en crois votre décompte. La confusion dans ce domaine est classique, et nombre de kabbalistes modernes la commettent, se persuadant qu'il y aurait 11 Séphiroth… tout en affirmant qu'elles sont au nombre de 10. 
Mais peut-être vous avez raison ? Dans ce cas, c'est le Séfer Yesira qui se trompe. Et Moïse Cordovera a tout faux…

Dans une note en bas de page, acceptant les deux comptabilités, M. Steinsaltz tente d'expliquer cette différence : « La première Séphira Kether étant la plus cachée est quelquefois remplacée par Daat. Au contraire lorsqu'on compte Kether au nombre des Séphiroth qui est limité à 10, c'est Daat qui disparaît. » Nous retrouvons là cette défaillance de M. Steinsaltz qui est de ne pas citer sa source. « Kether est remplacé par Daat ». Mais par qui ? Qui réalise cette substitution ? « Daat disparaît ». Mais qui la fait disparaître ? Qui se cache derrière le pronom impersonnel dans la phrase « lorsqu'on compte Kether… » ? Qui est ce on ? Faut-il accepter ces anonymats ? Soyons sérieux : il est impossible de concevoir l'Arbre des Séphiroth en l'absence de Kether, la couronne, qui d'aucune manière ne se laisse substituer par quoique ce soit, étant  la distributrice de l'énergie. Enlever la Couronne, c'est décapiter tout l'édifice. Dès lors la Daat mérite quelques éclaircissements…

Mise au point sur les Séphiroth : le secret de la DAAT
Le film de Darren Aronofsky Fountain met la couronne au cœur de son propos, en ce que la Reine d'Espagne (Kether) tient à sauver le royaume contre ceux qui voudraient la détrôner. De même, Don Quichotte lutte contre les ennemis de la Princesse Micomicona, afin de restaurer la Couronne. Il est parfaitement incongru d'envisager l'hypothèse que la couronne puisse se volatiliser sans que l'arbre tout entier ne disparaisse. Aucun kabbaliste sérieux ne se risquerait à défendre la thèse de la dissolution de Kether. Et ceux qui le feraient commettraient une erreur monumentale… à moins que…

À moins qu'ils ne s'amusent à user d'un précepte zoharique qui dit : il est du devoir d'un homme qui enseigne la sagesse de faire connaître en même temps à ses auditeurs un peu de sottise, parce que la sottise profite à la sagesse autant que les ténèbres profitent à la lumière puisque sans ténèbres on ne connaîtrait pas la lumière et on n'en comprendrait pas l'utilité (Zohar vol 5 p; 132, éd. Maisonneuve et Larose). Il se pourrait donc bien que des kabbalistes coquins se soient enjoués à faire clignoter tour à tour Kether et Daat — simulation de sottise — afin de susciter, à contrario, la mise au point : ce serait là une pédagogie très stimulante, tout à fait dans le style des grands Maîtres kabbalistes, experts de « gai savoir » où l'humour et l'espièglerie sont non seulement permises, mais recommandées. Leur enseignement est participatif, parfois provocateur… souvent incompris par des élèves qui prennent tout au pied de la lettre, ne s'imaginant pas que la parole puisse être interrogée et questionnée.

À mon sens, Adin Steinsaltz aurait donc raison d'admettre la validité de cette double comptabilité, c'est une astuce pour obtenir un compte juste : on jongle avec Kether et Daat, enlevant tantôt l'une tantôt l'autre, l'essentiel étant d'obtenir 10, et de caser la Daat parmi les Séphiroth. C'est un forçage assez cocasse, et comme j'ai moi-même l'esprit assez allègre, la technique m'a paru plaisante : joyeux « pince sans rire » derrière son grand sérieux, M. Steinsaltz lâche volontairement une bourde pour voir comment réagit l'assemblée, dans l'attente qu'un doigt se lève parmi ses Lecteurs ou disciples et lui fasse la remarque. Je crains hélas que personne n'ait relevé « l'erreur volontaire » et que finalement ce qui ne devait être qu'une pichenette de provocation soit désormais pris pour une vérité solennelle. C'est pourquoi, depuis le fond de la salle, en tout respect du savant, je lève la main et m'écrie : « objection votre honneur ! »


Amusement et plaisanterie mises à part, le véritable enseignement qu'il faut tirer de cette vraie-fausse erreur, c'est que Kether est inaltérable, étant la source et le point de retour de l'énergie. Tout commence par Kether, induite par l'Ein-Sof. Tout s'écoule depuis Kether jusqu'en Malkhout. Et de là, retour à la source. Retour archigénique observé par les sciences. Pressenti intuitivement par Nietzsche avec son « éternel retour ». Retour que nous vivons en chaque fin de cycle, y compris à l'instant de notre mort. L'énergie retourne alors à sa source Kether, sans renvoi vers de nouvelles Séphira. Enrichie de toutes les expériences vécues et de la compréhension que notre esprit en produit, l'énergie remonte alors de Kether vers l'Ein-Sof où elle est confrontée à l'information d'origine. Se pose la question : l'énergie revenant en fin de cycle est-elle conforme à l'information émise au départ ? 

Je tâcherai de trouver des pistes de réponses dans un prochain Blog…  suite ici.

Mes sources pour écrire cet article :
Moïse Cordovero : Le Palmier de Deborah
— Dominique Aubier : Don Quichotte prophète d'Israël, Le secret des Séphiroth (films)
Charles Mopsik : Cabale et Cabalistes

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous dites dernièrement : l'énergie en fin de cycle est-elle conforme

à l'information émise au départ ?


depuis que je lis D . Aubier ,il me semble avoir compris

que la grosse "chute" de tension informationnelle produite

en Eden a tordu considérablement l'initiale ,

qui n'a pas été corrigée et qui a été envoyée dans les temps

( le créateur en Génèse nous livre le "spectacle de ce qui va advenir"

à l'humain et à son environnement) .

Quelle conscience en nous peut saisir l'info initiale ?

Un samadhi renseigne t-il ?

Le retour archigénique laisse un dépôt informationnel ?

VIVEMENT LA SUITE ! et merci pour tout ce merveilleux travail .

Sancho panza est à un maître de la vérité .

et vous ; vous repasser le travail de D . Aubier.

Q.Rieuse a dit…

Comment est perçue la révélation kabbalistique de Don Quichotte par la communauté hébraïque ?
Dans la tradition catholique, ce serait l'excommunication immédiate.
Pour l'Islam, comme pour Salman Ruschdie, une fatwah .
Pour la Mafia, un contrat sur la tête de Dominique Aubier.
Pour la rationalité matérialiste athée... elle a rien vu, rien entendu, rien compris.