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samedi 19 janvier 2019

Gilets Jaunes et rituel sacrificiel

Gilets Jaunes et rituel sacrificiel
par Dominique Blumenstihl

La crise des Gilets Jaunes  se poursuit et s'aggrave.
Le Président Macron s'évertue en livrant de remarquables performances publiques, donnant libre cours à son talent d'orateur… des valeurs-mêmes qui sont contestées…
Ne faudrait-il pas sortir de la lecture littérale de cette crise, et considérer qu'il s'agit là d'une énorme représentation symbolique du changement que la Vie exige ? Cesser de lire et penser uniquement en termes d'économie, de psychologie ou de politique, et porter sur les événements la grille des archétypes que l'initiation connaît fort bien ?
Tâchons de comprendre une certaine vérité, la vérité étant la parole que reconnaît le Réel…

1. Je crois que la France est un organisme vivant dont nous sommes les cellules.
Chaque cellule participe au tout et subit les violences infligées à l'organisme.
Voilà le "corps" de la France fébrile, agressé par un traitement violent qui prétend le guérir alors même que la pathologie n'est pas identifiée. On agit sur les symptômes… mais pas sur les causes. On prend des mesures ponctuelles (impôts, 80 km/h etc.) alors qu'il s'agit d'un problème civilisationnel, culturel. Le mot "culture" est d'ailleurs banni du Grand Débat… Grande absente, exilée…
Malaise économique ? Certainement, mais ce n'est qu'une conséquence et non la cause.
Colère du peuple… La colère est l'expression d'un sentiment qui ne trouve pas satisfaction à son désir, exutoire visant l'Autre (ou soi-même), afin de survivre. Survivre au désert… sans espoir de trouver la source où abreuver… l'esprit. Encore un mot banni de tous les débats.
Pourquoi tant de colère ? Se mettre en colère parce qu'on roule à 80 par heure ?
Il y aurait, à ce propos une étude à faire sur le sens et le symbolisme du chiffre 80.
J'y suis favorable. Et j'ai expliqué pourquoi.

2. Pourquoi tant de haine à l'égard du Président de la République ?
Ce jeune homme (à peine 40 ans) semble reporter sur lui tous les reproches, et devient l'émissaire des violences et des accablements. Qu'il en soit responsable ou non, peu importe, il apparaît comme l'archétype du "bouc émissaire" des "Furies" dont la figure sacrificielle est amenée à l'autel en vue de l'immolation… La mémoire cyclique de 1789 plane et l'on voit ressurgir les thématiques : gilets-jaunes = sans culottes ; les cahiers de doléances… La mémoire cyclique enregistre les informations en début de cycle et les restitue selon des cycles historiques. Les psychanalystes appellent cela le syndrome des anniversaires, et ce qui est vrai pour une personne l'est également pour un groupe ou une nation…

Autour du Président-monarque, une partie de la communauté nationale, réunie dans la haine la plus abjecte, à la fois l'admire en raison de sa fonction d'élu, et le déteste en ce qu'il coagule et porte la violence. Le Président Macron est-il l'être accusé dont le sacrifice (non de la personne mais de la fonction) serait nécessaire pour sortir de la crise ? (Je précise que sa personne n'est pas en cause, et je rejette toute forme de violence qui le viserait à titre personnel : il n'est que dépositaire institutionnel d'une incarnation du pouvoir). Et c'est en tant que dépositaire de cette autorité qu'il se voit désigné : et il le sait, il en est parfaitement conscient, s'étant lui-même offert en sacrifice (selon ses propres paroles) lors de son déplacement en Normandie du 15 janvier 2019.
S'avance-t-il ainsi vers l'immolation de sa fonction (sauvons la personne) ?
A moins que la fonction royale ne trouve rapidement quelque substitut représentant de l'autorité qui puisse symboliquement être sacrifié…
Je pense que ce processus de substitution victimaire est en cours, et l'on verra successivement passer à la trappe plus d'un responsable (ou ex-ami du pouvoir) subir le dérivatif de l'émissaire sacrifié devant protéger le prince.
En ce sens, M. Alexandre Benalla, proche ami et gardien du Président est proprement lynché après avoir été une sorte de double inversé de son Maître dont il assurait la protection. Son sacrifice est tout à son honneur, allant jusqu'au bout de sa mission protectrice… de Gardien. Et je refuse de l'accabler d'accusations surgonflées par les médias, quand il serait juste que chacun, (moi y compris) se trouvant irréprochable, balaie devant sa porte…
La notion de Gardien méritera une étude que je publierai sur le Blog.
Dominique Aubier en parle dans son livre "Le Pouvoir de la Rose".

3. Le grand débat national
Voici que "le Pouvoir" recherche, au travers du "débat national", une union. Une symbiose avec le peuple qu'il désire écouter…
Il aurait suffi qu'il "traverse la rue" et aille prendre un café au bistrot du coin pour prendre, en cinq minutes, la mesure du malaise et pour recueillir rapidement les suggestions pratiques qu'il demande au "Grand Débat" de faire "remonter" jusqu'à lui… Et cependant, ce "grand débat" est nécessaire… Non point tant pour l'efficacité toute relative qu'il aura, mais au titre de l'archétype qu'il convient d'observer. Organiser ce "grand débat", c'est autoriser chaque cellule du corps de vibrer, de s'exprimer. C'est renouer avec le corps de la France en tant qu'organisme vivant. Le "grand débat" permettra de fixer le constat et… de donner libre expression aux égotismes…

4. Qu'en sortira-t-il ?
Il en sortira l'expression inlassablement répétée des mécontentements identiques. Une dizaine de suggestions portant toutes sur les questions les plus matérielles. Et c'est une bonne chose. Chacun y va de son égo et de sa particularité. C'est un droit absolu. Chacun a droit au respect de son être et chacun est important. Et ensuite ?
Chacun aura "vidé son sac" et le sac sera rempli à déborder. A ce moment-là, entropie maximale, (que les kabbalistes identifient par la lettre Tzadé final), et le "débat national" pourrait bien se retourner contre celui-là même qui l'organise. 
"L'entropie accédant à son maximum de désordre se coagulera tout à coup en un "renversement soudain", l'unité se faisant "contre un élément donné d'un seul élan vers une unanimité violente qui va délivrer…" écrit René Girard dans son livre La Violence et le Sacré.

5. Le Labyrinthe
Je ne doute pas qu'après le paroxysme de la crise (c'est le moment évolutif maximal à Gauche en couche Vc du cycle, balisé par la lettre hébreu Tzadé final valeur 900), il existera le Labyrinthe.
Le Président Macron possède-t-il le code pour en sortir ?
Et à travers lui, notre pays dont il est l'élu, s'en sortira-t-il ?
En sortir pour aller où ? Sur une autre planète ?
Il rencontrera, dans ce long chemin, le "Monstre", le Minotaure bien connu de la tradition grecque. Parviendra-t-il à le terrasser ?
Avec quelle arme ? Avec quel outil ? Celui de ses réflexes mentaux habituels ?
Croit-il le vaincre en débattant avec lui pendant des heures et le convaincre en lui ressassant les banalités économiques ?
La technicité (brillante) de l'énarque suffira-t-elle pour affronter le Monstre ? Ce dernier s'amusera de l'argumentaire risible du Président, car le déploiement économico-productiviste, c'est justement son aliment préféré…
Le Minotaure ne peut être vaincu que par les armes initiatiques… Car la crise n'est pas économique mais culturelle, encore faut-il affronter le Monstre avec les éléments culturels adaptés, tressés dans le fil d'Ariane de la Connaissance actualisée.
Pour s'en sortir, j'ai fait parvenir au Président l'arme et l'outil pour terrasser le Monstre : c'est ce livre, "La Face cachée du Cerveau" (Le Code des Archétypes), avec l'aide de quelques Lecteurs qui ont eu cette même idée et qui lui ont envoyé "Le Réel au Pouvoir". Ouvrages de Dominique Aubier.

6. Non, je dois corriger, le Président Macron n'est pas dans le Labyrinthe.
Car le Labyrinthe ne se présente qu'à partir du moment où l'on quitte le Tzaddé final. Or le Pouvoir est devant ce mur évolutif, et cherche à en forcer le passage du côté entropique, incapable qu'il est de marquer le "Stop" et de dire "Chaddaï", nom de l'immanence divine hébreue signifiant "assez fait". C'est justement le Code des Archétypes qui me permet de situer le lieu où se trouve M. Macron.
Il est à l'endroit où une décision doit être prise et la première consiste à donner l'ordre d'arrêter. Il faut dire « assez », « stop » et libérer l'énergie de l'enclos où nous l'avons enfermée. Sur l'arbre évolutif, la branche de Gauche présente un point-limite à ne pas franchir. Les initiés de toutes les traditions le savent. Il ne faut pas franchir « le lotus de la limite ». Il existe une falaise qui interrompe la continuité. Il faut s'arrêter avant le précipice. Le problème, c'est que nous croyons en la continuité linéaire de l'histoire. Nous avons l'illusion que ce qui est doit perdurer. Nous croyons que les raffinements inventifs peuvent suppléer à l'exigence de la vraie nouveauté. Alors qu'il faut marquer une rupture avant de recréer le nouveau…
Ce qui manque, c'est l'instrument de la lucidité…  Et pas facile d'être lucide quand on tient pour vrai ce qui nous illusionne…
Je crains qu'après le Débat — sur-ajout de "faire" alors qu'il faudrait "arrêter" de faire — la Furie cherchera un responsable unique dont elle voudra se débarrasser… Le symbole préfigurant cette étape est déjà visible. Il faut en protéger M. Macron. C'est pourquoi j'écris cet article afin qu'il suscite le sursaut et la salvation.

7. L'animal totémique du sacrifice
Un animal totémique apparaît en fin cyclique d'entropie (Tzadé final). Un animal archétypal symbolisant la victime expiatoire. Cet animal est, à lui seul, un archétype (voir "La Face cachée du Cerveau").
Avons-nous observé l'existence d'un tel animal dans les événements ?
Un animal-totem, qui serait accusé, visé et tué, devant assumer le poids de la "souillure", responsable par transfert de la décomposition sociale ? Y a-t-il un "bouc émissaire" à l'horizon ?
Un animal-coupable sur quoi se reportent les reproches, l'obscurité, l'impureté mythique, le "péché".

8. C'est le sanglier.
Et en effet, depuis des années, les sangliers prolifèrent, hardes quittant les forêts, apparaissant parfois au cœur des villes où ils viennent se perdre dans les centre commerciaux.
Une contamination virale, touchant l'espèce, semble se répandre en Europe, au point que la Belgique a édifié un grillage le long de la frontière française pour empêcher les sangliers de passer dans l'Hexagone. Une vaste opération de chasse, dans une bande de 10 km sur 80 km, a été déclenchée en France, à la frontière belge, où tous les animaux sont abattus. Une hécatombe.
Il s'agit de tuer les sangliers porteurs potentiels du virus (dont ils ne sont pas responsables) : l'animal en devient sacrificiel, expiatoire, condamné symbolique : la crise porcine symbolise la crise et l'animal est désigné comme responsable. L'extermination du "fauteur de trouble" (expiatoire) afin que "le retour à l'ordre" puisse se faire. Mais quel "ordre" ?
Il ne peut y avoir de "retour à l'ordre antérieur", car la loi évolutive du vivant ne régresse jamais sur les positions antérieures, à moins de s'enfoncer dans les impasses reliquaires inertes de l'évolution. Les spécialistes de l'Evolution sont formels à ce sujet (voir le prof. Lucien Cuénot, le Traité de zoologie). L'énergie évolutive va de l'avant, à nous de ne pas nous tromper de direction…
Je crains aussi qu'en paroxysme de crise, on choisisse des victimes… humaines et qu'on désigne — lamentable habitude — des expiatoires…

A moins d'une "sortie par le haut", comme le proposent les chamanes amérindiens lors du rituel de la "tente de sudation". Après la chaleur maximale (crise) il faut sortir par le haut de la tente… Et vite.

9. Sortir par le haut suppose le recours à l'Esprit.
Et donc une pleine conscience de la vocation de notre pays.
J'en ai longuement parlé dans des articles antérieurs.
Qui sommes-nous ?
Qu'est ce que la France ?
Quelle est sa mission ?
Vendre des armes dans le monde ? Voilà une sainte vocation !

Il serait nécessaire que le Président-monarque, visé par tant de haines, tout en acceptant comme il l'a fait d'être désigné comme responsable, accepte également et surtout d'endosser le discours permettant la transmutation. Il en serait sauvé, épargné, aimé. Je le lui souhaite de tout cœur. Qu'il parle de l'Esprit, qu'il ose parler de la Connaissance dont il est fort bien informé. Car il connaît les livres qui en traitent. Qu'il ait l'audace de briller par la science de l'Esprit… et qu'il renonce à cette pensée convenue, conventionnelle (et petite) trouvant satisfaction autour des expédients financiers dont il faudrait arroser les uns et les autres pour acheter la paix civile.
Qu'il donne l'argent réclamé ! Qu'il satisfasse les faims et doléances catégorielles ! Sans discuter, sans chipoter ! Qu'il ait la main large. Et que parallèlement, il prononce, avec cœur, le seul discours qui vaille, celui s'adressant à l'Esprit… et tout changerait. Sans violence, et avec grâce.

Il pourrait commencer ce discours par la phrase : « Il s'agit d'organiser ce changement, ce passage où d'autres valeurs président que celle du verbe AVOIR. Apprenons à conjuguer le verbe ETRE. »



7 commentaires:

Serge a dit…

Décidément ,il est con-sacré(!) énormément de temps de paroles à cette crise nationale dont les porteurs ,bien en signalétique d'avertissement ,ne laissent planer aucun doute sur le contenu de leur sac ,ils viennent en exprimer dans la rue la perte ,le vide, ,lequel est visiblement passé du côté d'un mécanisme distributif abusif assurant que les fortunes seront protégées et même au passage augmentées .
Les outils symboliques sont eux aussi malmenés ,les sangliers (?),s'ils sortent des forêts ,c'est aussi parce-que le domaine de l'humain est venu s'emparer d'un espace vital pour l'animal .Il y a dans les deux cas mise en évidence d'une spoliation .
Et le sanglier , dans l'aire culturelle des Celtes reste un animal sacerdotal, symbole de connaissance . Voilà la connaissance que l'on voudrait abattre lors de battue entre la France et la Belgique ? Tzarfat versus le minotaure européen? dont Bruxelles est le coeur ? Le Monarc/Macron présidant aux affaires de ce pays lui signifie que sa place n'est plus française mais internationaliste .Se dire français est devenu un "populisme" ,un outrage à la pensée mondialisante. Qui va parler la langue de Tzarfat ? Le président n'a pas le temps de s'intéresser à la face cachée du cerveau , et étonnamment , les Chinois vont rendre visite à la face cachée de la lune . Une "liberté" viendra de l'extérieur ? ou la fin de la pensée française ?

Unknown a dit…

Merci pour cette contribution originale et peut être bien pertinante.
J'espère que Macron disposera de temps pour la lire et s'en inspirer avec courage et détermination.

Anonyme a dit…

Je suis tout à fait d'accord avec votre texte qui est apaisant et encourageant .

François-Marie Michaut a dit…

Il me semble judicieux de convoquer la pensée de René Girard.
Il est le père de la rivalité mimétique. L'imitation, selon lui, est le ressort initial du comportement humain. Avoir envie de ce dont l'autre a envie. Cela conduit à la violence et à la mélée générale : crise mimétique comme une énorme mêlée de rugby sans arbitre ni règles. Le groupe atteint est menacé de disparition. Arrivé au paroxysme de la violence, se produit un retournement, les membres du groupe se mettant d'accord pour désigner un supposé coupable, un bouc emissaire. Il suffit alors de le sacrifier, comme le fit Abraham et la paix revient.
Condensé très sommaire, juste informatif pour ceux qui n'en ont jamais entendu parler.
La rencontre avec cet auteur a été pour moi, dans les années 1980, un premier pas vers une compréhension systémique de la réalité. Je lui en reste très reconnaissant.
F-M Michaut

François-Marie Michaut a dit…

En approuvant totalement la pertinence et le côté dynamisant, je me suis permis de transmettre intégralement le dernier paragraphe de cet article Gilets Jaunes et rituel sacrificiel sur le site du Grand débat national. " Il serait nécessaire que le Président-monarque etc... jusqu'au PS inclus)
En citant bien entendu son auteur Dominique Blumenstilh, n'en étant moi-même qu'une courroie de transmission.

Théophile a dit…

" Qu'il ( E.Macron) ait la main large. Et que parallèlement, il prononce, avec cœur, le seul discours qui vaille, celui s'adressant à l'Esprit… et tout changerait. Sans violence, et avec grâce.

Il pourrait commencer ce discours par la phrase : « Il s'agit d'organiser ce changement, ce passage où d'autres valeurs président que celle du verbe AVOIR. Apprenons à conjuguer le verbe ETRE. » DBR post du 19 janvier
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- Est-ce que ce blog réalise ce " conjuguer le verbe ETRE" ?
- Etre, c'est questionner, pas imposer son pouvoir ?
- Avoir, c'est croire qu'avec ça on a la solution à toute question ?
- Plus d'argent-travail-santé- ou toute autre "revendication" concrète et le bonheur forcément est là ?

François-Marie Michaut a dit…

Le réel s'amuse toujours :
Rapporté par la presse,ce jour 2 février, monsieur Macron répond à un journaliste sur les gilets jaunes avec cette phrase : " Cela m'a scarifié ". Bon OK, petite éraillure superficielle de la peau en 1ere lecture.
En changeant de grille de lecture des mots, on peut comme DA et DBR, scruter ce que cette actualité dit aussi.
Scarifié, c'est exactement, à l'accent près, les mêmes lettres que "sacrifié". Sens numéro un, être exécuté. Sens numéro deux, plus proche de l'origine du mot : rendu sacré.
Et là : retour au titre prémonitoire de DBR : RITUEL SACRIFICIEL, avec clin d'oeil à René Girard.
Comment faire savoir à celui qui a dit cette phrase curieuse de scarification ce qu'il a dit très probablement sans le savoir ? Qu'il vit, sans en être le maître, son propre rituel sacrificiel. Et là, c'est pas de la com, les amis.
Ce coquin de réel pourrait bien se décider à mettre les points sur les i !