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vendredi 31 mars 2023

Israel, l'Espagne, la France, au service de l'Esprit 2/2 par Dominique Blumenstihl-Roth

Israel, l'Espagne, la France, au service de l'Esprit 2/2

par Dominique Blumenstihl-Roth

La  première partie de ce texte se trouve ici
Le messianisme s'opère en 2 temps

Il existe, selon la tradition, deux temps réservés au messianisme. Au regard du Code, cela semble normal, s'agissant d'un Redoublement sur thème. La période dite « messie fils-de-Joseph » suivie de celle dite « messie fils de David ».
Le mouvement fils-de-Joseph est ainsi nommé parce que son langage est symbolique et s'apparente au génie visionnaire de Joseph, le fils d'Isaac qui lisait dans les songes. Cette capacité d'adhésion directe à la lecture et la fabrication des symboles est une première instance, correspondant aux phases Remez et Drash de la formule PaRDèS. Elle sont obligatoirement suivies par une seconde instance d'ordre exégétique aboutissant à l'explication des symboles, mise au clair en phase Sod. Ce sera le propre de l'époque « fils de David », appellation en analogie avec le personnage biblique dont le nom s'écrit Dalet, Vav, Dalet : le cycle Vav 6 est encadré par deux Dalet en gauche et droite, deux portes de la compréhension dont celle de gauche assume le regard objectif des sciences et celle de droite l'ouverture par la révélation. Le messie « fils de David » sera doté de cette double vue sur le réel, et assumera cette union, conformément au Het du mot « Machiah ».

Rappelons ce verset de la Tora :

יִשְׂרָאֵל אֲשֶׁר-כְּנַעֲנִים, עַד-צָרְפַת, וְגָלֻת יְרוּשָׁלִַם, אֲשֶׁר בִּסְפָרַד

Dans ce verset biblique "Obadia 20", on s'aperçoit que les noms d'Israël, de France (Tzarfat) et d'Espagne (Sefarad)  figurent dans la même ligne. C'est que ces 3 nations sont impliquées ensemble dans un grand projet civilisationnel, qui consiste à mener ensemble l'opération messianique.


Où se déroulent les deux phases du messianisme ?

« Dans la perspective hébraïque, le moment messianique est prévu comme une déflagration intellectuelle permettant d'établir les données de la Connaissance dans la fluidité de la raison commune ». Or, il ne faut pas confondre la voie culturelle (hébraïque) avec ses lieux de percussion (en face). « Le messie surgit donc dans le domaine de l'ex-plication, et sa propre explication sur lui-même est l'élément essentiel permettant de le cerner. » Il est clair que la coulée de la science dite objective est partie prenante de l'affaire messianique, annoncée en première phase, réalisée en seconde.
Le judaïsme, à n'en pas douter, est la maison de la réception, qui se réalise sur le lieu terrestre à valeur d'aire du langage. Et Israël « est le réceptionnaire génial de l'intégralité des données contenues dans la Parole divine ». L'épopée fantastique du judaïsme réceptionnaire de l'Alphabet a consisté à recevoir, capter et transmettre le message. Le temps de réception l'alphabet a été exclusivement réservé au peuple de Moïse et de Jacob. Mais il y a transfert, changement de lieu pour l'effectuation concrète. Il y a passage du relais, comme l'indique la lettre Schin de Massiah. « Le Messie doit présenter un trait de signification révélateur de sa position en Schin-Maqom, son lieu d'exercice est du ressort objectivant du  "faire" ».

Ce transfert est exprimé dans la prophétie Obadia, qui ne tient qu'une page dans la Torah, mais dont aucune ligne n'est à minimiser, singulièrement celles qui décrivent les étapes de ce transfert : « les exilés de cette légion d'enfants d'Israël répandus depuis Canaan jusqu'à Tzarfat, et les exilés de Jérusalem, répandus dans Séfarad, posséderont les villes du Midi… » Dans ce verset, Séfarad est le nom hébreu de l'Espagne, réceptacle de l'enseignement d'Israël, pays d'Occident missionné à travers Don Quichotte pour faire connaître aux Nations les termes de l'Alliance sinaïtique. « Séfarad signifie plus exactement sefer, descends, livre, descends là. Nous sommes ici dans le cadre de l'ère juive, et la prophétie d'Obadia dit aux exilés de Jérusalem de partir vers Séfarad, c'est-à-dire l'Espagne, et c'est d'ailleurs ce qui s'est produit. En second temps, les exilés se rendront en Tzarfat, c'est-à-dire la France… Il y a donc deux sorties messianiques, l'une en Espagne, l'autre en France… Le prophète Obadia est sans équivoque. Sa prophétie est reprise par Cervantès qui la met en œuvre. Pour Cervantès, le messie pointera son nez en Espagne lorsque la connaissance hébraïque flambera dans ce pays. Pour lui, Séfarad est bien le lieu de la percée messianique. Tzarfat, le lieu de l'aboutissement et de la délivrance : Tzarfat valeur 770 désigne la maison du Mashia… »

Rappelons le concept du Principe de Création : « Le Modèle Absolu a suscité un univers visible, face à l'invisibilité du " maître-hémisphère" dans le Rosch primordial. La chute dans le matériel est le sort cosmique, son malheur mais aussi sa gloire : cette descente dans l'incarnation substantielle, le passage à l'étape messianique la reproduit. Tout comme l'énergie passe de « Qui Sait » en « Qui Fait » à l'instant zéro de la Création, de la même manière archétypalement analogique, l'énergie du Premier Echange Latéral est passée du « Qui Sait » hébraïque — qui ne cesse d'être un « Qui Sait » — au « Qui Fait » espagnol où il rencontre l'esprit capable de mettre en œuvre la charge transmise. De ce transfert naît l'extraordinaire Don Quichotte. »

Selon la prophétie Obadia, Israël, zone de captation du sens, inonde l'aire associative dite Séfarade (Espagne) et à ce titre, l'échange est messianique car le message quitte la zone du sens pour entrer dans celle de l'émission verbale destinée aux Nations. Le messianisme s'accompagne dès lors d'une plongée profonde dans la réalité entraînant le caractère marqué de l'incarnation.

Espagne et France au service du messianisme

Conformément à la prophétie biblique d'Obadia, après l’Espagne qui s’illustre par Don Quichotte, c’est au tour de la France de prendre le relais. Don Quichotte raconte, dans l’épisode du Montreur de marionnettes, l’épopée de don Gayferos traversant les Pyrénées, Mélissandre en croupe, direction Paris. La France est sommée de réaliser un relais dans l’opération messianique. Tzarfat, la France, apparaît comme l'aboutissement et lieu de délivrance du message reçu. La valeur numérique de Tzarfat 770 est à mettre en relation avec le verset de Genèse 28, 14 : « Ta postérité sera comme la poussière de la terre, tu t'étendras à l'occident et à l'orient. » L'expression « tu t'étendras » — en hébreu ufaratza — était la profession de foi du célèbre rabbi Loubavitch Schneerson qui avait noté que le mot Tzarfat (France) s'écrit avec les mêmes lettres que paratsta, tu t’étendras. Il en avait intuitivement déduit le rôle primordial de la France dans le processus de l'extension messianique. Nous ne saurions rester en-deçà de cette subtile perception, ni ignorer les remarquables travaux sur le verset Obadia conduits par Dominique Aubier dans son livre la 23è Lettre de l'Alphabet hébreu qui apporte de fulgurantes précisions permettant d'identifier les acteurs agissant dans le processus messianique.

 
La France lieu bibliquement prévu…

 Tzarfat d'où la doctrine de vérité doit ressortir, afin d'être rendue au peuple dont elle est le patrimoine, donnée entre temps à l'humanité qui doit apprendre à vivre. Tzarfat donne la clé de l'état de savoir à attendre de la France. Le Tzadé devra être considéré comme établi entre la Droite et la Gauche dans le cerveau (Rosch), chargé de dire ses dernières valeurs (Tav).

Dans le verset Obadia, on remarquera que la France est mentionnée d'abord. L'Espagne ensuite. Alors que le circuit historique du transfert se fait dans l'autre sens. La France, apparaît d'abord, parce qu'elle est marqueuse de fin cyclique. L'Espagne ensuite, pour que l'on sache le chemin et combien la traction a été conçue comme décisive. Cette répartition en Occident correspond à la précision voulant qu'il y ait deux messies. L'un « fils de Joseph », en Espagne, l'autre « fils de David », en France.

Tzarfat est le mot-clé.

La lettre Tzadé en initiale montre une double polarité :
ץ
De là vient notre clivage en deux pôles contraires qui déchirent notre pays. La divergence est enracinée dans le génie du pays, manifestée par le Tzadé qui est à l’initiale de son nom. La déchirure vient de ce que les décideurs appuient le plus souvent sur la branche sénestre… Celle du « faire ».
Dominique Aubier écrit à ce sujet : « La France est toujours entre les deux extrêmes. Mais elle s’affirme fortement unitaire quand les contraires se parlent et ils ne se parlent jamais si bien qu’en langue française. C’est pourquoi la France est le territoire du Qorban. Elle est au paroxysme de sa puissance quand elle rapproche les contraires. Elle les met « ensemble » et elle atteint ainsi la véracité communicable qui habite la réalité. »

L'Auteure de l'exégèse messianique poursuit : « Le texte fondateur de cette prise de conscience est toujours le verset 20 d’Obadia. Le prophète désigne Tzarfat comme étant obligatoirement le lieu où surgirait le geyser messianique, après que Séfarad ait préparé le terrain. L’Espagne, de son côté, étale la substance de la doctrine à élucider. La France s’en empare et lui offre le traitement qui en libère l’enseignement. Son nom l’indique. Son génie entre en fonction et en efficience quand le cycle civilisateur en vient à écrire Tzadé. La péninsule ibérique a arrondi la formation cyclique autour du message. La France le soumet alors à son jeu de raquette. Du point Tzadé 900, pléthorique, elle renvoie la balle sur le Tzadé 90 qui la rabat au-dessus de lui sur le Qof. »
« La France, Tzarfat, second lieu du messianisme, est le berceau naturel de ce que la tradition appelle le  "messie Fils de David". Pourquoi ? Parce qu’elle est en équilibre sur les deux pôles de la montée cyclique balisée à l’extrême par la lettre Tzadé. Tzarfat est avant tout l’équation d’une position mentale. »

ץ ר ף ת

« Le mot (Tzarfat - France) considéré lettre à lettre veut dire : ici, la dualité des pôles contraires est à son maximum d’intensité (Tzadé) dans un cerveau (Reisch) qui a la vertu de parler (Pé la bouche) la fin cyclique (Tav). Cette équation a été conçue par l’esprit du prophète Obadia quand il a écrit son verset I, 20, prévoyant la sortie messianique en Espagne et en France. D'où la vocation universalisante de la France. »
L'Espagne (Séfarad) a assuré le relais d'universalisation au travers du Quichotte par Cervantès. Cet écrivain génial est le réceptionniste agréé des acquis hébraïques du Sinaï. Avec lui, l'épopée messianique, dans sa phase effectrice, commence. Il prévoit une suite à son œuvre, une mise au clair, une exégèse réalisant le « désenchantement », c'est-à-dire l'explication des symboles activés dans son œuvre et son décryptage. « Mon histoire aura besoin d'un commentaire pour être comprise » dira son héros. On en peut déduire que l'exégèse du Quichotte est essentielle à la poursuite de l'opération messianique, qui se produit en France, cette fois sous l'appellation « fils de David », dans le pays même où l'explicitation se donne. Puissent ces lignes, ici-même, accompagnées de votre attention, participer à cette opération.

 

La première partie de ce texte se trouve ici.

— Les passages entre « » sont extraits des livres : La 23è Lettre de l'Alphabet hébreu et Don Quichotte, la Révélation messianique

— Voir le film Le messianisme

— Le messianisme de la France : Le secret de Tzarfat et de la France

Exégèse de Don Quichotte, série de 5 ouvrages de Dominique Aubier.

Pour les personnes qui reprendraient des éléments de cette étude, © merci de citer la source.

 

dimanche 19 mars 2023

Israël, l'Espagne et la France au service de l'Esprit, (1/2) par D. Blumenstihl-Roth

Israël, l'Espagne et la France au service de l'Esprit 1/2

par Dominique Blumenstihl 

 

יִשְׂרָאֵל אֲשֶׁר-כְּנַעֲנִים, עַד-צָרְפַת, וְגָלֻת יְרוּשָׁלִַם, אֲשֶׁר בִּסְפָרַד

Dans ce verset biblique "Obadia 20", on s'aperçoit que les noms d'Israël, de France (Tzarfat) et d'Espagne (Sefarad)  figurent dans la même ligne. C'est que ces 3 nations sont impliquées ensemble dans un grand projet civilisationnel…

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Nous le savons, depuis 1948, le peuple juif a fait retour et avec lui, accompagnant sa formule unitaire — le langage. Ce retour, prévu par les textes, fait que les conditions sont remplies pour l'avènement du messianisme. Avec la fin du quatrième exil, qui a pris officiellement fin en 1948 par la création de l'Etat d'Israël, le « Messie » attendu par le judaïsme est donc en puissance de venir, le peuple ayant opéré le « retour à l'archigène » sur le territoire d'origine où les patriarches ont écrit les premières lignes de l'épopée.

Ce retour est un événement dont les répercussions ne cessent d'agir : le monde a du mal à l'accepter. Il faut pourtant regarder les choses en face, comme elles sont et non pas les lire dans l'amertume et la rancœur. L'adversité que suscite Israël naît d'une ulcération due à une incompréhension du judaïsme, d'un rejet de son ontologie. Rien cependant ne peut empêcher que désormais les 4 lettres du mot « Messie » (Machiah) Mem, Schin, Yod, Het soient écrites dans le réel dès lors que la condition « retour » est assumée par le peuple récepteur de la Chékinah. Parlerons-nous en ce sens d'élection, quand le mot biblique « ségoulah » évoque bien davantage la responsabilité contractée et endossée en vertu de « l'Alliance » (Bérith) ?
Le mot « Machiah » demande expressément à être activé depuis la création officielle de l'Etat d'Israël. Si le peuple est revenu sur les terres ancestrales, la Chékinah est-elle pour autant également revenue ? Il se pourrait en effet qu'il reste à écrire la dernière lettre du mot, qui marquerait cette fois le retour de l'absolu, c'est-à-dire l'Alef au bout de Machiah.


Messie s'écrit en araméen avec un Aleph.

L'Aleph signe l'aboutissement messianique, par son retour de la première lettre d'investiture dans le mot qui le désigne. Le Messie (ou la messie, car rien n'empêche que ce soit une femme et je dirais même que c'est probable puisque le messianisme consiste à aller jusqu'au bout du sens, afin de mettre au monde un nouveau cycle : donc affaire de parturition) doit connaître le système Aleph. Sans Aleph, dans son orthographe hébraïque normale, le mot signale le stade de l'attente de celui « qui viendra ».
מ ש י ח
Sa mission est désignée par le Het de terminaison, consistant à unir gauche et droite comme le montre le graphisme de la lettre. Lorsque l'union des contraires s'accomplit entre les deux partenaires de la compréhension du réel — connaissance et science — il en résulte une ère nouvelle, appelée « les temps messianiques ». Cette opération est donc affaire de partenariat entre deux entités, comme l'indique le Het, œuvrant au projet de dévoilement.
Où et quand cela doit-il se réaliser ?
Cela est notifié dans l'Ecriture. En effet, le « roi messie » est nommé « Machikha » avec un Aleph, en araméen, langue proche et jumelée avec l'hébreu dont il est une extériorisation. Araméen en « Qui Fait », hébreu en mode « Qui Sait », les deux langues forment une structure en dualité. Que peut-on en déduire ?

Si l'hébreu n'insère pas l'Aleph dans le mot qui signifie le messianisme, cela signifie que le messianisme annoncé en hébreu ne sera pas réalisé dans son secteur du « Qui Sait ». Il le sera en face, dans une région évolutive en partenariat analogue à l'araméen, en « Qui Fait ». Le Het l'affirme et décrit le processus : affaire de partenariat « Gauche » et « Droite ».

Le territoire du « Qui Fait » est largement impliqué par la présence du Het dans « Messiah ». Or analogiquement, c'est l'Occident qui occupe structuralement ce lieu. Le Messie devrait donc surgir dans la sphère de l'Occident, au travers d'une œuvre écrite, car la divulgation de la Connaissance se fait nécessaire par l'utilisation des Lettres, donc de l'écriture, conformément au phénomène de leur apparition au Sinaï. La mise au clair du sens des Lettres est au cœur de la démarche messianique, devant reconduire par ce dévoilement à l'information d'origine.


Machia sans Alef

Le mot hébreu Machia lance l'appel par le Het (sa dernière lettre) à l'union des contraires représenté par les deux colonnes de cette lettre pleinement reliées par le pont supérieur qui les unit. C'est de l'union entre gauche et droite que doit surgir, après transfert de « Qui Sait » en « Qui Fait » le « messie » opératif, auquel il faudra alors adjoindre la lettre terminale Aleph signalant le retour à l'information première. C'est le sens même de l'union biblique de Ruth, descendante de Moab, avec Booz dont sortira la lignée davidique.
מ ש י ח א
Le mot « Messie » ainsi doté de sa 5è lettre Aleph, lettre du système de vérité, se retrouve dans la formule « Hilkta le Machikha » où le mot « Hilkta » s'écrit avec un Tav d'où sort en effet l'Aleph terminal. Il émerge à la fin d'un parcours historique, nommé la « Halaka », c'est-à-dire la démarche, la marche, l'avancée d'un pas après l'autre finissant par former le chemin, comme le dit le poète Antonio Machado. Un chemin qui cependant s'écrit à l'avant de nous, et non à mesure que les pas écrasent les cailloux que nous regarderions derrière nous. Dans cette expression « Hilkta le Machikha » les deux mots se suivent et se terminent tous deux par un Aleph. Le premier marque la démarche menant à la sortie messianique, le second porte sur le résultat de cette « démarche » qui réalise la sortie effective de l'Aleph, du projet divin. « Le messianisme s'inscrit dans un cycle à vocation constructive » écrit Dominique Aubier, précisant : « on en peut déduire — au risque d'offusquer (ou rassurer) certaines opinions — que si l'alphabet hébreu ne met pas d'Aleph au mot qui désigne le messie, cela signifie… que le messie opératif n'est pas juif et que l'entité qui cependant note et annonce le message, l'hébreu, n'est pas celle qui le met en œuvre. » Il faut en effet distinguer entre l'expéditeur et le destinataire chargé d'action. Le destinataire, c'est « l'Autre », en « Qui Fait », chargé de réaliser ce que l'informateur lui délègue. Israël pour autant ne perd en rien son statut de récipiendaire initial, chargé de mission, étant directement placé sous l'impact de l'information issu du « Qui Sait » cosmique.
Le messianisme relève de la mise en pratique : c'est le don à tous des valeurs doctrinales et leur expansion dans le monde…

Nous y travaillons, avec vous, sans nous séparer de la source informante.

La suite de cette étude se trouve ici.


— Les passages entre « » sont extraits des livres Don Quichotte, la Révélation messianique du Code de la Bible et de la Vie, et La 23è Lettre de l'Alphabet hébreu.

— Une étude sur le sujet est réalisée dans le film Le messianisme

— Le messianisme de la France : Le secret de Tzarfat et de la France

Exégèse de Don Quichotte, série de 5 ouvrages de Dominique Aubier.

Pour les personnes qui reprendraient des éléments de cette étude, merci de citer la source.

mercredi 8 mars 2023

Journée internationale des Droits de la Femme. Corinne et son bourreau. Par Dominique Blumenstihl-Roth

Journée internationale

des Droits de la Femme.

Corinne et son bourreau

par Dominique Blumenstihl-Roth

 

Qu'il me soit permis de raconter l'histoire de mon amie Corinne. Doctorante en biologie, elle s'apprêtait à épouser un fringant athlète directeur d'une salle de sports. Un jour, je m'aperçus qu'elle avait un bleu sur son avant bras droit. Elle le justifia par une chute, une maladresse qui l'avait fait trébucher sur le seuil de son appartement. Nul n'y prêta attention. Leur mariage eut lieu, et le couple semblait filer le parfait amour. Nos rencontres furent plus rares mais je la retrouvais quelques temps plus tard chez une amie commune et là, je remarquais qu'elle portait un hématome au même endroit que six mois plus tôt. Je le lui fis observer, et elle répliqua plaisamment : « eh oui, je suis retombée exactement au même endroit… » Professionnellement, me dit-elle, tout allait bien, et dans peu de temps elle soutiendrait sa thèse universitaire. Je la revis quelques semaines plus tard, chez la même amie. Cette fois, je lui ai demandé de cesser la comédie, d'arrêter de nous leurrer. Elle avait le côté droit du visage tuméfié. « Montre-nous ton bras », demanda son amie. Il était bleu et l'on y voyait clairement l'impact d'un coup.

— Encore une chute dans ton appartement ? demandais-je. Tu tombes beaucoup, ces temps-ci… Dis-nous la vérité. C'est ton mari ? Elle tenta d'esquiver la question, — esquiver, elle en avait l'habitude — mais nous avons insisté et enfin elle avoua que son gentil-mari-si-propre-sur-lui la battait régulièrement, et de plus en plus sévèrement. Que le premier coup, au début, avait cogné le bras droit, quand elle avait tenté de parer la violence : son mari étant gaucher, ses coups de poing s'écrasaient sur la droite de son corps. S'en suivaient des avalanches de gifles, d'insultes… qui allaient crescendo à mesure qu'approchait l'échéance de la soutenance de la thèse.

— Mais pourquoi tu restes ? Pourquoi tu acceptes cela ?

Elle nous répondit la chose la plus sotte que j'ai jamais entendue : — Mais je l'aime, je n'y peux rien. — Tu l'aimes et il te détruit. Car bien évidemment, ta thèse, tu n'as pas pu aller au bout… Et quand il a vu que tu renonçais, il s'est calmé ?

— Oui, dès que j'ai laissé tomber, il est devenu adorable… Jusqu'au jour où je lui ai dit que je reprenais mes recherches et que cette fois j'irais jusqu'au bout… Il m'a tabassée… Voilà le résultat. — Tu ne peux pas continuer comme cela, lui dis-je. Tu dois le quitter. Pour ton bien, et pour lui aussi, car un jour où l'autre cela finira très mal. Tu ne peux pas vivre avec un monstre…

Notre amie s'insurgea. Elle n'acceptait pas que nous qualifions de monstre son tortionnaire. Elle lui trouvait des excuses, des justificatifs dont le plus étonnant fut le suivant : 

— Oui, il me frappe. Mais peut-être je le mérite ? 

— Comment cela, lui dis-je. Comment peux-tu croire que tu mérites d'être tabassée par ce débile ?

— J'ignore pourquoi il le fait, mais s'il le fait, c'est à cause de moi…

Nous étions sidérés, nous ses meilleurs amis : elle était attachée passionnellement à son tortionnaire et chaque coup qu'il lui avait administré avait paradoxalement renforcé le lien de dépendance, créant une sorte de miélinisation de la relation sur la douleur dont elle ne pouvait se défaire. Elle semblait en état d'hypnose, comme si la conscience d'elle-même l'avait fuit, retournant contre elle le poids de la violence qu'elle subissait par autoaccusation : elle avait tout inversé dans son esprit, selon elle, non plus victime mais responsable des tortures endurées. Selon son interprétation, la victime, c'était lui. Nous ne comprenions pas comment une femme intelligente, d'un niveau intellectuel élevé pouvait se retrouver à ce point dépossédée de toute capacité de réflexion quant à sa propre situation. Comment intervenir, quand le déni l'emporte ? Nous avons alerté ses parents. Sur intervention de son père, avec dépôt de plainte en justice, séparation immédiate et mise à distance, suivi d'un déménagement, elle fut tirée d'affaire…

Son mari ? Belle prestance, chaleureux, amical en société. Au delà de tout soupçon. Comédie à laquelle son épouse participait. Etait-elle dépendante de lui, subjuguée par son physique avantageux ? Elle l'aimait, disait-elle, excuse absolue pardonnant à tout. Il était son Maître. Elle ne pouvait pas vivre sans lui, disait-elle, parlant d'un attachement viscéral qui semblait l'engloutir. Quand à lui, bien cintré dans ses vestes de luxe, Dieu sait qu'il était fier d'elle, en société, quand il pouvait présenter sa docteure en biologie, s'attribuant par réverbération les diplômes qu'il lui reprochait de préparer… et dont il tirait l'humiliation de n'en être pas lui-même le titulaire… Jalousie, complexe d'infériorité, crise d'égotisme frustré ? Quelle est la cause, l'origine de la pulsion d'emprise ? Se sentait-il humilié par la supériorité intellectuelle de son épouse ? Fallait-il la « rabattre » au statut d'esclave et réaffirmer, au travers des coups, la puissance du chef ? 


La distorsion de l'inversion

« La conjonction du masculin et du féminin est le secret de la vraie croyance » écrit le Zohar. Il me semble que le mot croyance pourrait y être remplacé par le mot « certitude ». Ou « puissance ». Je m'associe à l'Autre que moi, et je m'unis à lui afin de réaliser une conjonction heureuse. Cependant l'impulsion inversante, par effet de réverbération de l'hémisphère Qui fait, placé en miroir, module le monde selon ce reflet. L'inversion est un phénomène archétypal. Redressée par un acte de conscience, elle ne laisse aucune trace, mais qu'elle s'installe en mode de fonctionnement et dans la durée, la voici qui s'empare de l'esprit et y exerce son empire : l'inversion peut, chez certains individus, graver son pli et y agrandir son sillon chaque fois que l'image de soi est contrariée. A chaque blessure de l'ego correspond une compensation augmentative qui renforce chez la personne l'idéalisation du « moi souverain ». Il supportera de moins en moins tout ce qui pourrait évoquer l'existence d'un « autre que lui ». La haine, l'invective, l'insulte, les coups, expriment la tragique méprise de l'être en qui l'inversion jette son puissant détournement. L'être appelé à être aimé devient objet et victime de la distorsion.
Il me semble que l'idéologie de la haine et de la violence naît de cette inversion : le bourreau est un psychopathe qui se venge de la beauté insoutenable que l'Autre est à ses yeux.
 
Sur le même sujet : Féminicide, lecture initiatique