Dans ce Blog, je présente les ouvrages et les études les plus pertinentes concernant la Connaissance initiatique et sa tradition. Avec un regard attentif pour la kabbale hébraïque… et Don Quichotte. "Le vrai savoir est une restauration du Monde" (Dominique Aubier)
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mardi 5 novembre 2024
Pour les amis de l'Espagne et de Don Quichotte, par D. Blumenstihl-Roth
jeudi 31 octobre 2024
El codigo hebreo-arameo secreto de Don QuiXote
(¡ para los amigos de Don Quijote !)
DON QUIJOTE se edita en 1605 y conoce enseguida el éxito, una gloria que jamás se va a extinguir marcará ese libro el cual, con la Biblia, es la obra más leída del mundo. ¿Cuál es el secreto de Don Quijote?
La escritora francesa Dominique Aubier dedica su vida en resolver este misterio. A lo largo de su investigación, esa escritora —una vida de búsqueda y investigaciones para llegar a comprenderlo— llega a ser una experta mundial en Kaballah hebraica. Gracias a esa herramienta, ella será la primera en abrir el simbolismo de Don Quijote, decodificándolo y liberando su sentido oculto. El descubrimiento es fabuloso. Cervantes esconde en efecto, un mensaje en su texto. La segunda edición (1608) original del Quijote, revisada por su autor, está sembrada de “errores” burdos que los funcionarios de la erudición se apresurarán en corregir en las ediciones siguientes. Pero en realidad había que decodificar esos errores que, de hecho, no eran tales y a su vez transformaban, con la omisión de una letra o con una acentuación mal puesta, la novela castellana en un tratado iniciático habitado por el sistema fundamental de la hermenéutica: otros tantos mensajes codificados, de los cuales algunos salen directamente del texto bíblico especialmente de los capítulos de Ezequiel.Yo
sé quién soy, dice Don Quijote. ¿ Y quién es él realmente? Dominique
Aubier sigue los pasos de Cervantes, recobra el hilo conductor de su
pensamiento, de tal modo que la pesquisa está llevada por Cervantes en
persona, quién pone los jalones en una pista cuyo tesoro es la aparición
del sentido.
Henos
aquí que en plena Inquisición Cervantes, en una forma literaria nueva
de la cual es el propio inventor — la novela moderna — transmite una
enseñanza aquejada de interdicción. Cervantes devuelve lo que recibió de
la tradición hebraica, de la kabbalah y del Corán y acrecienta esa
donación con su propio poder profético. Don Quijote (Q ́jot en arameo
significa verdad) se escribió en el marco de una preocupación ecuménica.
En recuerdo de una España tierra de encuentro de las tres religiones
reveladas, propone al futuro un vasto proyecto cultural colocando en su
centro el poder del verbo. Y de repente estalla a la luz la verdadera
identidad de Cervantes.
Dominique Aubier ahonda en el núcleo del misterio del Hidalgo. Para poder llevar a cabo la exégesis de la obra cervantina, sublime proyecto intelectual plasmable a la realidad, se hacia necesario que una vida entera se dedicara al Gran Caballero. Dominique Aubier le ha consagrado su vida. En tres magníficos tomos, realiza una profunda exégesis haciendo resaltar el poder universalizador de Don Quijote. Este conjunto de obras, admirablemente labradas, redactadas en una inspirada locuacidad donde la precisión del pensamiento se une a la riqueza del vocabulario, constituye el desenlace de una indagación llevada a cabo con maestría. Dominique Aubier se impone por el rigor de su estudio. Su obra alcanza la cima de la elegancia del alma pues sitúa Don Quijote como el recurso civilizador de alta metafísica al servicio de lo humano.
D. Blumenstihl-Roth (trad. Marie-Michèle Jolibert)
Don Quijote, Profeta y cabalista
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La pelicula DVD : El Secreto de Don Quijote
dimanche 6 octobre 2024
Le secret d'Israel
Le secret d'Israël
par Dominique Blumenstihl-Roth
Il ne passe pas un jour sans que l'on entende des nouvelles d'Israël : tout ce qui touche Israël répercute sur le monde.
Il faut aller plus loin que la simple lecture géostratégique qui nous explique l'importance des enjeux économiques, stratégiques ou militaires. Tout le monde craint, à tout moment, un embrasement guerrier qui mettrait Israël face à un soulèvement général de voisins animés d'une haine féroce qui ne cessent d'exiger l'effacement du pays… Il faut avant tout connaître la vocation et le destin d'Israël.
L'alphabet hébreu dévoile qui est Israël
Israël est le nom d'un peuple et d'une communauté vivante ayant un lieu de présence sur terre qui porte ce nom. L'origine de ce nom est biblique et curieusement peu de gens savent que c'est le nom qui fut donné à Jacob, le fils d'Isaac. Un nom attribué à deux reprises — Redoublement notable —, une première fois par l'ange qu'il affronta lors de son passage au gué de Yabok (Genèse 32, 29), et une seconde fois par Dieu lui-même en Genèse verset 35, 10 à son arrivée à Luz.
D'un point de vue initiatique, Israël rappelle que l'alphabet hébreu, avec ses 22 lettres et ses 5 finales constitue la table des valeurs simple et forte servant et délivrant la connaissance du monde. L'hébreu s'avère l'instrument idéal de réception et d'exposition pour les détail du « système », car les normes en sont cryptées par les lettres de son alphabet. Ce que dit cet alphabet ne saurait être mis en cause au nom d'une mauvaise compréhension d'un processus qu'il décrit.
Israël s'écrit :
י שׂ ר א ל
La lettre Yod en initiale désigne l'énergie cosmique convoyée par le premier Echange Latéral depuis l'Invisible aboutissant à la création du réel. C'est la lettre de transmission : le message parti depuis l'Invisible à l'instant zéro de la Création.
La lettre Schin, ici pointée à gauche se prononce « sin » et indique que l'énergie du Yod cosmique doit avoir circulé de tête recevante en tête recevante pour que le nom d'Israël soit mérité. Car le récit biblique est clair : ce nom est donné en première instance à Jacob en raison de sa victoire sur l'ange — ici nous pourrons parler de la notion d'Allié qu'il a réussi à vaincre. C'est une nomination à un grade où il est reconnu comme « lutteur de Dieu ».
Le Schin indique qu'il faut que le système du Verbe (c'est le sens même de cette lettre) ait été capté tout au long d'un cycle dûment mesuré par les 3 niveaux d'organisation que signalent les 3 branches de cette lettre. Quand cette lettre est pointée à droite, cela veut dire que l'énergie va courir sur les 3 périodes porteuses encore devant elle (dans le sens de l'écriture hébraïque allant de droite à gauche). Pointée à gauche, l'énergie représentée par le point indique que le programme est entièrement réalisé. Cette réussite est inscrite dans le nom d'Israël. « Les 3 niveaux d'organisation repérables à l'œil nu dans le Schin / Sin renvoient à une norme du système de vérité. Rien ne se construit en ce monde sans que, dans une unité matricielle d'essence corticale la métabolisation n'ait rempli les 3 plans d'organisation s'inscrivant dans les 5 couches du corpus cérébral. Dès lors le Sin inscrit dans Israël présente ces 3 niveaux d'organisation comme ayant été vécus — ou devant l'être impérativement. »
Pour un kabbaliste, l'hébreu est la langue du réel, le contrefort universel de tous les idiomes. L'alphabet hébreu a en effet la capacité phénoménale de saisir les seuils de fonctionnement qui décrivent la dynamique d'un cycle.
Dès lors, poursuivons la lecture de ce nom, lettre par lettre : après Yod et Sin, apparaît Resch.
ר
Resch. C'est Rosch. La structure induite par le Sin. L'énergie du Sin convoque Rosch, structure corticale représentée par la lettre Resch. IsRaël prédestinée à vivre tout un cycle sous la férule d'une vocation qui s'écrit là : la vocation de recevoir l'énergie Yod, la faire circuler, l'exposer et l'affirmer. La communauté, fondée par Jacob devenu Israël, ne pourra se soustraire aux pressions historiques de l'énergie cosmique ayant établi ce contrat d'Alliance avec elle. Cela sera moins un privilège qu'une incessante responsabilité endossée par le peuple « otage » de l'Alliance.
א
Alef. Cette lettre confirme la finalité formulée par le Sin. « C'est dans cette structure corticale cérébrale, celle que forme la communauté nommée Israël, par la qualité de son élite intellectuelle, qu'à terme apparaître l'Alef du système. Ses éléments seront si bien captés, décrits, catalogués qu'ils deviendront objets d'enseignement. »
ל
Lamed confirme et nomme cet enseignement dont le contenu a été spécifié par Rosch, modèle cortical désirant être connu et Alef, lettre du système devant être maîtrisé. Cet enseignement devant édifier un cycle civilisationnel où le Verbe Sin et ses lois construise une humanité délivrée de tout obscurantisme.
Israël a donc pour mission de capter les normes du système de vérité et de les préparer pour qu'elles puissent être enseignées universellement. C'est là une mission fonctionnelle d'importance qui ne plaît pas à tout le monde. Que certains voudraient interdire ou anéantir. Que d'autres encore se plaisent à ignorer : Israël — son existence en tant qu'Etat —, ne doit donc rien aux Nations - Unies. Israël existe en vertu de la prophétie biblique du retour en Canaan qui se réalise à l'issue du quatrième exil.
Le programme assigné par la lettre Sin, vérifié par Alef, a été pleinement rempli par le peuple qui en était responsable et qui mérite absolument l'honneur de porter le nom que conféra Dieu, en seconde instance, à Jacob à titre personnel, lors de son arrivée à Luz (Genèse verset 35, 10). Ce nom s'est reporté sur la communauté tout entière et sur la nation dont le peuple-otage a assumé pleinement la mission révélatoire. Cette mission se poursuit à travers le Temps. En effet, les 3 niveaux représentés par le Schin démarquent l'histoire culturelle d'Israël écrite dans ses grands mouvements intellectuels aynt produit : Torah, Talmud, Kabbale (Zohar). L'élite du judaïsme a bien dégagé les lois herméneutiques décrivant le système de vérité et le peuple juif n'a pas raté sa mission. « Ce grand œuvre, le plus important qui se puisse concevoir au service de l'essor civilisateur, a été accompli en temps utile. »
Et continue de l'être, avec extension sur le monde qui dès lors participe à l'aventure civilisationnelle : c'est là qu'interviennent les Nations — voir la prophétie biblique Obadia, impliquant Séfarad et Tzarfat, autrement dit l'Espagne et la France...
A ce titre, la France a un grand rôle à jouer, encore faudrait-il que ses responsables sachent… quelle est la vocation de leur propre pays en regard avec Israël.
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Lecture :
— Le Principe du Langage ou l'Alphabet hébraïque
— La 23e Lettre de l'Alphabet hébreu
Films :
— Les charmes et les fastes de l'Alphabet hébreu
— Triptyques :
—3 films sur les secrets de l'Alphabet hébreu
3 films sur le secret des Séfiroth
samedi 14 septembre 2024
De Don Quichotte à Gershom Scholem, par D. Blumenstihl-Roth
De Don Quichotte à Gershom Scholem
De nombreux livres rabbiniques développent des approches philosophiques, hauteurs réflexives captivantes, adossées aux concepts d'éthique et de morale. Cependant, « pour être Juif, il ne suffit pas de servir Dieu par l'exercice des vertus morales… » écrit le Rabbin Elie Munk. En effet, précise-t-il, l'Alliance a d'autres exigences car étant conclue avec Dieu, elle demande une « obéissance librement consentie à la Loi, car Lui seul connaît le secret de l'harmonie universelle sur laquelle repose le salut du monde ». Cette phrase aux accents quichottiens pose la question de l'éthique, de la morale. Est-il besoin d'être juif pour se raccorder à ces valeurs ? Un chrétien peut tout aussi bien les adopter et observer ce code de conduite qui ne constitue pas la spécificité du judaïsme. En quoi consiste alors le fait d'être juif ? N'est-il pas suffisant d'être homme, tout simplement ?
La morale, l'éthique, pour le judaïsme, se situent dans l'Alliance, s'agissant du contrat établi entre Dieu et l'Humain, fondé sur un rapport réciproque entre l'être et la Loi. Quelle est cette Loi qui serait à même de gérer « l'harmonie universelle » ? Selon la Tradition, cette Loi n'est pas à inventer, elle est donnée, écrite en toutes Lettres, dans le texte biblique. Pour en prendre connaissance, il suffit donc, en substance, d'adopter l'attitude de Sancho Panza, tout disposé à la recevoir. Bien qu'il soit analphabète — en cela à l'abri de tout encombrement éditorial — il n'en est pas moins attentif à la chose écrite. Il est illettré mais le monde des lettres lui est accessible, par l'oreille, pour peu qu'il trouve un lecteur compétent qui reverse l'univers lettrique silencié en parole audible. La Loi veut non seulement être lue, mais entendue. Sancho incarne cette attitude du « bon entendeur ». Il veut en effet connaître le contenu de la missive que Don Quichotte adresse à Dulcinée : « Lisez-la moi, je serai bien aise de l'entendre, car elle doit être faite comme en lettres moulées ».
Mystérieuse lettre que l'écuyer écoute attentivement. Si le monde de l'écrit lui échappe, Sancho n'en est pas moins homme de lettres entendues dont l'audition affûtée capte l'immédiateté des finesses subliminales. Il s'écrie en effet : « Voilà bien la plus haute et la plus merveilleuse pièce que j'aie jamais entendue. » Qu'a-t-il compris au travers du discours apparent ?
Un texte ne s'ouvre que si la bonne clé en actionne la serrure, et ne se donne que si le mécanisme de l'intelligibilité est dégagé de toute oxydation. Dès lors, ne pas se contenter de lire au sens littéral quand la narration aux imbrications multiples propose une tension libératrice des symboles !
Toucher au sens ultime des lettres, Sancho en est capable. Il ne dévoile cependant pas ce qu'il a entendu par-delà le texte en apparence plutôt naïf de la lettre quichottienne. C'est qu'il est prudent, notre écuyer, ayant appris à ne pas divulguer la part qui échoit au lecteur des temps futurs : « ce ne sera pas par moi qu'on découvrira qui nous sommes », dit-il malicieusement au chapitre 31, tome II.
Engagé au côté de son Maître, il reçoit une formation intellectuelle privilégiée dispensée au quotidien par Don Quichotte ; en cela Sancho Panza peut dire qu'il bénéficie d'une investiture particulière que le destin lui aura réservée. Etre le disciple de Don Quichotte ! Sublime promotion valant tous les doctorats universitaires.
Et parlant d'université, je pense à Gershom Scholem (1897-1982). Un immense savant et historien du judaïsme. Il a fourni un travail impressionnant qui rassemble presque tout ce qui a été publié sous l'entrée des études hébraïques, depuis le Sefer Yetsirah au Zohar, si tant est que l'on puisse répertorier exhaustivement la bibliothèque hébraïque et ses millions de volumes, imprimés ou manuscrits. Il a consacré sa vie à l'étude des Textes ; ses ouvrages font autorité pour ce qui est de l'histoire de la kabbale hébraïque. Il est l'auteur de travaux considérables sur la kabbale provençale autour d'Isaac l'Aveugle, et d'une recherche sur l'histoire de la kabbale en Espagne où il sonde le Sefer haTemounah et les textes d'Abraham Aboulafia. Il exploré l'univers des kabbalistes espagnols, préparé une thèse de doctorat qu'il pensait consacrer à la métaphysique du langage de la Kabbale.
Modestie d'homme de science accompli, il a regretté ne pas avoir réussi à pénétrer le codage des textes kabbalistes qu'il fréquentait. Il en connaissait l'itinéraire historique mais il est resté — il le dit lui-même — au seuil de l'énigme du Principe d'Absolu dont l'identité lui demeurait impénétrable.
Ses travaux sur Judah Halévi, Maïmonide, Nahmanide, ses recherches sur les séphiroth, les lettres hébraïques, sa réflexion sur les questions théologiques et l'expérience prophétique lui valent l'admiration méritée des critiques, d'autant qu'il était persuadé inspirée que la renaissance du peuple juif dans sa terre ne pouvait avoir de chance de réussir qu'à partir d'un « renouvellement de sa tradition livresque, d'une vaste campagne de publication de ses trésors cachés dans les bibliothèques. »
Dès 1927, il publia une bibliographie cabalistique. Il apparaît dans cette recension que son enquête sur les kabbalistes espagnols ne franchit pas la date dramatique de 1492 qui marque à ses yeux, un puissant arrêt, avec transfert de l'enseignement vers les grands centres culturels d'Orient. Son attention se reporte dès lors vers les exilés de l'école de Safed. Il produit également une étude historique de Sabbataï Tsevi, une passionnante biographie de cet inspiré insolite, contemporain de Cervantès. Faute des clés de lecture, le chercheur cependant ne parvient pas à percer le voile qui recouvre le langage allégorique et les mises en scènes symbolique de cet extravagant rabbin qui fut considéré, un temps, comme le messie attendu par les communautés exilées d'Orient. C'est qu'il manquait au grand savant du judaïsme… Don Quichotte prophète d'Israël, l'ouvrage-clé qui réalise la jonction de la kabbale avec la continuité post-exilitique ! Publié du vivant de Scholem, lui fut-il connu ? En fut-il informé qu'il aurait sans doute appuyé de toute son autorité le résultat de cette investigation, à moins qu'inhibé par la puissance même de Don Quichotte qui ne voulut se faire connaître de lui, il fut maintenu à l'écart de la confidence. Gershom Scholem resta-t-il timoré, en retrait, n'osant ouvrir l'extraordinaire chapitre de la pensée prophétique de Don Quichotte dont il ne se crut pas en mesure de l'aborder ? Subissait-il une seconde fois un renoncement confirmant celui qui l'avait touché dans sa jeunesse quand il abandonna sa thèse sur la métaphysique du langage de la Kabbale pour lui préférer « un travail non moins complexe mais plus facile à mener, consacré à l'archétype de la cabale théosophique, le Sefer haBahir. »
Subissait-il de la part de Don Quichotte l'occultation d'un secret se refusant à lui ?
samedi 20 juillet 2024
Don Quichotte, par Dominique Aubier. Pour les vrais amis de Don Quichotte !
Le secret de Don Quichotte, par Dominique Aubier
Il est difficile d'aborder la littérature ou la peinture espagnole sans aller d'abord à la recherche de l'humain. C'est que toute littérature part de l'homme, s'occupe de l'homme et retourne à l'homme. Elle s'en échappe pour revenir sur terre, sur la chair. Les Espagnols semblent n'avoir jamais oublié que l'art est connaissance en même temps que création. Une création qui intéresse avant tout l'Homme.
1. El hombre a secas
L'Homme seul et nu, l'Humain qui peut toujours surgir de n'importe qui et n'importe où. Au sommet de toutes les valeurs, l'esprit espagnol place cette statue. Une silhouette humaine, essentiellement ouverte vers l'intérieur, montrant le vrai de la chair et du sang, jusqu'à l'os, jusqu'à l'âme. Témoin de cette vérité, par-dessus toutes les plaines ensoleillées de l'Espagne, tombe l'ombre toujours exemplaire du plus espagnol des personnages, Don Quichotte.
Cervantès réussit ce coup de maître, ce tour « castizo », d'enlever du premier geste la silhouette idéale, le fantôme espagnol poussé de tout un peuple. Il le capture et le glisse dans l'armure du chevalier « errant », qui va de l'avant : « andando ». Le fameux hidalgo de la Manche est la personnification même de l'esprit d'un écrivain et dans cette personnification trop bien faite, trop bien ajustée, surgit tout naturellement l'esprit espagnol. Un esprit qui connaît le mystère de vivre. Quand un danseur, un chanteur, un torero, un artiste a, par d'obscurs chemins, conduit le spectateur à entrevoir dans lui, par son œuvre, ce fantôme de l'homme éternel des terres castillanes ou andalouses, il est courant de dire d'après l'expression devenue fameuse de Federico Garcia Lorca qu'il a du duende. Du fantôme. Pour moi, je vois le duende avec l'allure et la nervosité de Don Quichotte et cette sagesse imperturbable qui fait éclater la folie que l'écrivain prête au « plus fin entendement de la Manche ».
2. Miguel Cervantès de Saavedra
naquit à Alcala de Henarès en 1547, non loin de Madrid, dans un bourg où les Gitans vont une fois l'an se réunir, dans un soulèvement de poussière qui ferme le paysage et dans quoi piétinent des milliers de mulets luisants. Il écrit les aventures de l'ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, publié en 1605, sur le tard de sa vie.
La littérature espagnole est de celles qui exigent la maturité. Même la langue demande un long apprentissage non de la grammaire, mais de la vie. Cette langue ne se donne qu'aux sages. Le Castillan ne se livre qu'aux esprits pour qui la chair et le cœur n'ont plus de secrets. Cervantès qui écrit pendant une bonne partie de sa vie reçoit, à la cinquantaine passée, les confidences de cette langue qu'il connaît, qu'il entend, qu'il fabrique. Dans son grand livre, chaque idée se met si naturellement en image, en mouvements, que le plus faux des personnages se met à vivre, d'une vie supérieure mais identifiable au regard. Don Quichotte agit avec toute l'espagnolité en lui. C'est l'essence de l'Espagne faite chair. Don Quichotte personnifie si souvent l'esprit dan ses explications que l'on en donne pour les enfants : il est à mon avis l'écrivain lui-même, qui conte ses mésaventures spirituelles par le truchement d'un fou qui souffre de trop de sagesse. Mais c'est là chose d'Espagne où l'esprit ne se conçoit pas hors de lui-même : il existe parce qu'il se manifeste, et s'il ne fait rien, il n'est pas.
Ces aventures peuvent être lues sur plusieurs plans, ayant secret à chaque étage, pour les simples et pour les subtils, emmenant les plus obstinés à des hauteurs insoupçonnées. Don Quichotte constitue, pour l'Espagne Le livre. Don Quichotte est Le personnage. Le livre de Miguel de Cervantès est la Bible de l'Espagne. Les enfants apprennent à lire dans ces pages, les étudiants apprennent l'art d'écrire dans ces phrases, les hommes apprennent, par lui, à penser.
3. Briser les enveloppes pour croquer l'amande
Il est impossible de comprendre la littérature espagnole dans son ensemble sans commencer par fréquenter ce livre qui parodie les romans chevaleresques du XVe siècle. La vêture du personnage et le décor des scènes sont empruntés à cette littérature, mais que l'on ne s'y fie pas. Cervantès entre dans cette coquille vide et y loge une vie neuve. Il est difficile pour le lecteur français, j'allais dire occidental, de pénétrer du premier coup dans ces images closes qui recèlent leur secret au centre. Il faut briser les enveloppes pour croquer l'amande. Les significations enfermées dans chaque scène, dans chaque mot apparaissent vivement à l'intelligence espagnole rompue à la compréhension des symboles, des gestes, des images. En un sens, l'œuvre maîtresse de Cervantès regroupe et réunit toutes les données de la vie spirituelle espagnole, et même le paysan s'y reconnaît.
On peut dire que la philosophie latente qui mène ces aventures est la philosophie même de l'Espagne, telle qu'elle sourd de son peuple et de sa terre. C'est pourquoi comprendre Don Quichotte c'est opérer la première naturalisation à l'esprit et à la pensée fondamentale de l'Espagne. Je fais allusion ici à la pensée non exprimée, non expliquée qui soutient le style de vie des paysans, de l'énorme masse rurale qui fait l'essentiel du peuple espagnol. Au début du XVIIe siècle paraît le livre qui met en action romanesque l'essentiel de cette pensée qui n'avait pas la possibilité de s'exprimer rationnellement. Depuis, ce livre entretient ceux qui le lisent dans cette connaissance d'un peuple qui ne change pas, s'interroge toujours sur lui-même et parfait son idéal.
4. La géométrie éthique - esthétique de Don Quichotte
Cette présence de l'Homme, dans Cervantès, est si caractéristique qu'elle décide même de ce que l'on pourrait nommer la géométrie esthétique. Le cadre dans lequel le plus « castizo » des auteurs place le plus « castizo » des personnages a toujours, en tout cas, cette proportion qu'auront les tableaux de Goya, l'horizontalité de la terre s'imposant à la plus grande dimension, le tableau mis en largeur plutôt qu'en hauteur. Et dans ce cadre, en plein milieu, dos tourné au lecteur mais fonçant vers l'horizon, Don Quichotte droit et hissé sur son cheval maigre afin d'en occuper toute la hauteur accordée. Vers quoi court-il à la vitesse de son cheval et de son imagination ? Remarquez-le : toujours vers des humains, sans souci du paysage, ayant plutôt soin de ce qui permet à l'être de venir, d'approcher, à ce qui est strictement humain dans les paysages, les chemins et les routes.
Cette préoccupation va loin. Elle engage la morale de tout un peuple qui dit : « Nadie vale mas que nadie », personne ne vaut plus que personne, et qui corrige cette affirmation toute métaphysique — la métaphysique espagnole étant retournée vers le cœur, vers l'être, et non partie de ce regard vers l'extérieur qui invente des dieux — par cette autre affirmation morale qui impose à l'homme, de se créer lui-même en toute responsabilité : « Chacun est fils de ses œuvres. » Ainsi, à une mauvaise plaisanterie du Duc, Don Quichotte répond que « Dulcinea est fille de ses œuvres et que les vertus corrigent le sang »…
Don Quichotte Prophète d'Israel
Le codage hébreu et araméen de Don Quichotte
Traduit en espagnol sous le titre Don Quijote Profeta y Cabalista
Ouverture 2
Victoire pour Don Quichotte
Les sources hébraïques et araméennes de Don Quichotte. Décryptage du texte original.
Volume 1.
Don Quichotte, le prodigieux secours du messie-qui-meurt
La dimension messianique de Don Quichotte, décryptage du texte original de Cervantès,
Volume 2.
Don Quichotte, la révélation messianique du Code de la Bible et de la Vie
Le message du Quichotte traversant les siècles, au service de la Vie
Éd. M.L.L. Livre cousu, 445 pages, 18 x 24 cm, lettrines et gravures extraites de l'original de 1608, : 47 €
Volume 3.
Don Quichotte, La Réaffirmation messianique du Coran
Don Quichotte et le soufisme d'Ibn' Arabî et Mansur Al Hallaj
Film
El Secreto de Don Quijote
Film espagnol de Raùl Rincon, RTVE, prix du meilleur documentaire au festival Las Duñas
avec Dominique Aubier, en DVD, sous-titré en anglais, Luca-films, 32 €