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dimanche 31 août 2014

L'Etat islamique, et la lutte entre sunnites et chîîtes

L'Éternel retour et l'État islamique

(Extrait du livre Fatimah, la Délivrance de l'Islam)

L'apparition soudaine, en Irak, de l'entité politique de l'Etat islamique correspond à une résurgence du passé glorieux de l'antique Khalifat que les intégristes cherchent obstinément à faire renaître. Il n'est que les écouter ou lire leurs déclamations pour en saisir la localisation évolutive. Les intégristes, par leur propre désignation, se situent sur l'axe neuronique du retour en phase vers les couches IV et I du cycle islamique.
Chevauchant cet axe, prévu en toute structure vivante, — ce que Nietzsche appelait l'Eternel Retour — ils bénéficient d'une vitalité puissante, s'agissant d'une fibre naturelle énergétisée par le Temps. Faut-il lutter contre cette mouvance ? L'Occident, effrayé par la montée en puissance de cet Etat islamique, envisage-t-il de se lancer dans une croisade ?
 Les appels pathétiques à la morale, à l'éthique, à l'indignation, aux droits de l'homme ne sont d'aucune efficacité contre la puissante impulsion islamique s'engouffrant le long des axes naturels du retour à l'origine. Un peu de connaissance initiatique permettrait aux dirigeants occidentaux de mieux comprendre les schémas structuraux et systémiques en jeu.
Si l'Islam vit actuellement son grand retour archigénique s'illustrant par le retour des phases symbolistes premières de son évolution, on ne sera pas étonné de voir resurgir l'intransigeance des fondateurs et les disputes initiales des premiers successeurs du Prophète. Qui dès lors pourrait être surpris de voir apparaître sur le devant de la scène une personnalité incarnant et revendiquant la succession khalifale, quand ce titre signifie précisément successeur ? L'apparition sur les écrans télévisés d'un homme s'affirmant khalife du Levant n'est pas aberration et on ne saurait être effaré par le caractère autoproclamé de sa promotion. Aurions-nous tendance, en Occident, de nous moquer de cette auto-élection qu'elle n'en est pas moins comprise tout autrement par les adeptes (ou sujets) de l'Etat islamique. Son Khalife, entré en guerre contre le gouvernement de l'Etat irakien, persécuteur des chrétiens et autres prétendus "infidèles" dont les musulmans chîîtes, s'inscrit en droite ligne de la politique instaurée non par le Prophète mais par celui qui se pense l'héritier : Abu Bakr ?
 
Chîîsme et sunnisme
Qui a déjà cueilli un cep en début d'automne, au pied d'un chêne ? Étrange végétal que le champignon qui, en science n'est en fait que la fructification temporaire et visible, d'un organisme à caractère plus durable et plus discret, le macromycète dont la structure habituellement filamenteuse constitue le mycélium dont les filaments isolés sont généralement invisibles à l’œil nu.
L'amateur en mycologie comprendra l'analogie : voici que surgit, violent et soudain, cet Etat islamique du Levant dont on a l'impression qu'il a prospéré en une seule nuit, comme un champignon qui brusquement bondit hors de sol. Mais en réalité, bien avant que n'apparaisse au grand jour cette entité, longtemps ses spores disséminées mais liées entre elles par une secrète connivence se sont silencieusement rapprochées l'une de l'autre avant de produire brusquement l'élément de synthèse visible couronnant d'un coup brutal ce qui jusque là sourdait subrepticement. Création surprenante et improbable d'un État, promis à une existence brève et sporadique — mais non moins conquérante et farouche ?
Le Khalife Al Baghdadi est entré en guerre ouverte contre les musulmans chîîtes, pour venger les rigueurs qu'ont imposées les chîîtes aux sunnites après l'effondrement de la dictature en Irak de Saddam Hussein, disent les experts. S'agirait-il d'une querelle de pouvoir comme il a pu en exister dans toutes les dynasties ? Courtes vue politicienne faisant fi de la longue mémoire musulmane et de l'Histoire. Ne serait-ce pas en réalité au nom de la vieille querelle — initiée en couche II du cycle il y a quatorze siècles — opposant les adeptes et amis du beau-père du Prophète qui s'empara du pouvoir au détriment d'Ali, le fils adoptif et gendre de Muhammad héritier désigné et mari de Fatimah ? Les fondements du nouvel État dirigé par un nouvel Abu Bakr s'instituant Khalife ne reposent que sur l'énergie qu'il tire du retour archygénique. Et la puissance qui en découle est considérable, au regard de l'extraordinaire expansion qu'a connu l'Islam des premières heures, conquérant un immense empire en moins d'un siècle.
Faut-il s'étonner qu'il soit pressé, le nouveau Khalife, dans sa guerre de conquête, d'asseoir son autorité sur la plus grande surface de territoire possible, poussant ses troupes aussi bien vers la Syrie que vers la Turquie avec infiltrations préparatrices d'insurrections au Liban, en Libye et dans les Territoires palestiniens ! Pressent-il la fragilité de son entreprise et la stricte délimitation temporelle imposée par la procédure du retour archigénique ?

… à suivre, dans le livre "Fatimah, la Délivrance de l'Islam"

1 commentaire:

François-Marie Michaut a dit…

Magistrale analyse en vérité.
La duplication du caliphat sur les bords du Lac Tchad avec Boko Haram reprenant les cendres du redoutable empire du Kanem du 13eme siècle,
ne peut manquer de faire penser à l'histoire des successeurs "politiques" du Prophète lui-même.
Un autre retour archigénique ?
Une nouvelle division déjà en cours ?
Bravo DB pour cette série remarquable.