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vendredi 1 mars 2019

« Nous étions tous au Sinaï » (vous aussi). Suite n° 2


La Connaissance est l'affaire de tous
« Nous étions tous au Sinaï » (vous aussi).
par Dominique Blumenstihl-Roth

Dans un article précédent, j'évoquais l'idée selon laquelle la Connaissance pourrait être réservée à une élite. En réalité, chacun bénéficie des émanations de la Connaissance et reçoit ce qu'il peut, en fonction de ses propres dispositions et capacités. L'Eternel n'est pas avare de révélations, il les adapte à nos possibilités… Il n'a pas le « bras court » et c'est plutôt nous qui avons l'oreille dure.
Ceci est valable pour les individus aussi bien que pour les peuples et traditions du monde. Elles sont certes toutes à égalité de dignité, et cependant elles ne perçoivent pas exactement la même densité de révélation et ne l'expriment pas de la même manière. L'inventivité humaine est telle que chaque peuple construit une modulation particulière de sa perception, et ce qui se traduit chez les uns sous formes de gestuelles silencieuses devient fresque colorée chez les autres. Ou subtil cérémonial silencieux…

1. La cérémonie du thé japonais
Pensons par exemple à la cérémonie du thé au Japon. Les détails du rituel ont été largement décrits dans de nombreux ouvrages sans qu'ils n'aient été clairement « mis à nus » : les gestes sont connus, mais leur sens a-t-il été dégagé ? A-t-on observé que tout s'exécutait selon un formalisme codé sur les lois archétypales — et quels sont ces archétypes ? Assistez à une telle cérémonie et tentez d'en décoder les phases… vous verrez que c'est l'exposé raffiné d'un code… silencieux. Le maître ne l'explicitera pas, car ce n'est pas sa mission de dire, mais d'être l'officiant taiseux. Celui qui comprend doit comprendre par lui-même… Interdiction formelle pour le maître de rien dévoiler. La tradition ne se dévoile jamais, c'est sa règle. L'explication n'est pas son domaine. Le symbolisme ne s'explique jamais sur lui-même.
Dès lors, je vous garantis qu'ils ne sont pas nombreux ceux qui, dégustant le thé vert dans la maison du thé outre le charme de la cérémonie, savent à quoi ils participent… Il y aurait là un ouvrage à écrire qui consisterait à décoder la cérémonie, geste par geste, en les raccordant à l'archétype sous-entendu, mis en œuvre et ne se trahissant pas lui-même tout en faisant tout pour se faire remarquer. Un tel décodage est possible en s'appuyant sur La Face cachée du Cerveau comme guide de décryptage. On lira, pour s'informer de la leçon orientale, le livre La Puissance de Voir selon le Tch'an et le Zen
Et plus près de nous, en Occident, sans entreprendre de longs voyages exotiques, regardons la messe chrétienne : a-t-on jamais réalisé une exégèse de ce rituel, calqué sur le Sabbat des hébreux ? S'est-on aperçu qu'elle était une mise en forme allégorique… du « code Béréchit », autrement dit… de la Tête, du Cerveau ?

2. Etude d'un mythe iroquois
A-t-on sérieusement étudié les mythes des amérindiens que les ethnologues ont si soigneusement collationnés… sans en libérer pour autant la signification ? Par exemple cette légende des Iroquois : « un jour, la femme a soudain été prise d'un grand désir de coiffer l'homme. Comme elle possède un peigne, elle s'en va visiter l'homme ; elle lui dit de se lever parce qu'elle veut lui peigner les cheveux. Cela se répète tous les jours… Et la visiteuse devient enceinte, bien qu'aucune relation n'ait uni les deux êtres. »
Quel ethnologue a réussi à décoder ce récit traditionnel ? Merci de me le faire connaître d'urgence afin que je le mentionne ici.
Devant ce récit mythologique, la première question qui se pose est : même s'il s'agit d'un mythe, en quoi le désir de peigner la chevelure d'un homme pourrait-il conduire à une grossesse ?
Dominique Aubier apporte cette réponse :
— Il faut lire le récit en détail et relever tout d'abord l'allusion à la tête : le modèle Tête est invoqué. Les cheveux symbolisent les archétypes, les lois qui composent l'ordre cortical. Leur lissage est une manière métaphorique de désigner l'acte au cours duquel les outils ont été utilisés dans la mise en œuvre cosmogonique. Le peigne désigne la capacité d'intervenir, confondue au fait de posséder la règle fondatrice. La femme possède le peigne. Elle prend l'initiative de coiffer son époux. Cela signifie qu'elle détient la Connaissance. 
— Pourquoi la femme est-elle impliquée dans cette possession ?
— Par sa nature féminine, elle participe au Cosmos, au « Qui-fait » universel. Le réel, c'est elle, un réel d'essence féminine, capable de procréer. Le Cosmos tout entier relève de la féminité, c'est-à-dire du côté « Qui-fait ». Dans ce conte amérindien, la femme va vers la « demeure de l'homme ». L'archétype en jeu, c'est « l'Union des Contraires ». Ce mythe évoque le don originel du principe d'Unité ; on y voit bien le motif unique. Ce principe d'Unité remonte au tout premier moment de la Création, il est donné d'office, ce n'est pas une création humaine…
— L'ethnologue Lévi-Strauss avait parlé de l'existence d'un modèle…
— Oui, il a tracé un relevé approximatif au moyen des mythes qu'il a décrits. Mais il n'a pas percé le secret des archétypes en action. Décrire est une chose, dévoiler en est une autre. Il n'en a pas expliqué les fondements. En réalité, le modèle dont je vous parle, c'est Rosch, la tête, c'est un substrat connu de toutes les traditions. Ce qu'il faudrait, c'est mettre à l'unisson les voix spirituelles du monde. Ce serait un programme culturel exceptionnel qui nous sortirait… de la crise.
— Vaste ambition ! Comment faire ? Vous avez une idée ?
— Il faudrait que chaque peuple, chaque culture assume l'exégèse de sa propre croyance et tradition, ainsi les particularismes se soutiendraient entre eux au lieu de s'exclure. On s'apercevrait qu'ils sont tous compréhensibles à l'intérieur du principe d'unité.
— Ce serait la mission de l'Unesco…
— A condition que l'Unesco ait le courage d'affirmer l'existence du modèle de référence. Et surtout qu'elle cesse d'être une institution d'obédience rationaliste soumise au seul verdict de la diplomatie intéressée des cultures dominantes…
— Vous voulez parler de la culture occidentale ?
— L'Occident rationaliste a bien compris la nécessité d'unir et d'unifier. Mais il le fait sous l'aspect d'un ordre mondial soumis aux intérêts financiers, sous le couvert des notions de démocratie et celle, très morale, des droits de l'homme. C'est une philosophie sympathique mais peu efficace…
A préciser que le décryptage du récit iroquois a été réalisé non pas à partir d'un acte imaginaire inspiré, mais selon une grille de lecture : Dominique Aubier la présente dans La Face cachée du Cerveau, le référentiel unitaire étant bien le Cerveau.

3. L'Unité dans la tradition des kabbalistes
La notion d'unité est à tout instant présente dans la tradition des kabbalistes, concept d'unité donnée au Sinaï et reçue DU Sinaï. Pour savoir de quoi il retourne, il s'agit de faire l'étude de ce mot.
Et de se souvenir qu'au Sinaï, nous y étions tous. Et ce qui fut donné là, ce fut le Code de l'Alphabet par l'expérience concrète de la vision des Lettres. On notera ici que la tradition hébreue se fie essentiellement à la puissance des lettres en ce qu'elles sont l'expression directe de la pensée divine sans intermédiaire : elles sont ce qu'elles disent et non pas mise en forme interprétative. Le lien entre la lettre et le sens est direct, n'étant pas des allégories du sens. Le mot Sinaï écrit donc directement une formule intelligible donnant sens à ce qu'il est.
Le mot Sinaï a pour valeur numérique 130. Même valeur que le mot Yain qui désigne la vue, l'art de voir. Et même valeur numérique que le mot « Soulam », l'échelle. Ce qui est descendu ce jour-là doit être vu et reçu, et ce qui est descendu, c'est l'image-même des Lettres divines qui furent VUES. « Ce n'est qu'au mont Sinaï que les lettres paraissent, et complètes et disposées dans l'ordre normal. » La Connaissance fut donnée ? Non, elle est donnée du Sinaï — et donc ne cesse de l'être au cœur du Sinaï que nous portons en nous . Elle est donnée, renouvelée chaque jour, par l'expérience concrète du réel dont elle exprime le codage.

4. Sinaï 130 :
סיני
Les textes doivent être lus au plus près de leurs détails : cette « descente des Lettres » s'opère par leur apparition. Il nous est difficilement imaginable comment des lettres pourraient s'écrire dans le ciel. Toujours est-il qu'avant d'être entendues, leurs signes s'écrivirent et que c'est l'écriture qui fut (est) perçue.
« Tout le peuple VIT les voix et le feu et le bruit du choffar et la montagne fumante ; et le peuple VIT… Et ils dirent à Moïse : " que ce soit toi qui parles, et nous pourrons entendre ; et que Dieu ne nous parle point de peur que nous mourrions… » (Exode 20, 18-19).
« L'Eternel dit à Moïse : "ainsi tu diras aux Enfants d'Israël : vous avez vu, vous-même, que c'est du ciel que j'ai parlé avec vous… » (Exode 20, 22).
Citations que j'indique attestant le phénomène visuel : les paroles sont vues. Selon Rachi, Dieu n'a prononcé qu'une seule parole, et non un déroulé de mots. Le discursif est adapté à l'homme, mais pour Dieu, temps et divisions n'existent pas. Les « Commandements » s'expriment donc sous la forme d'un seul concepts, un seul mot. On notera ici que, dans l'Ecriture, il n'est pas question de « Commandements » mais de « Paroles » : Les Dix Paroles qui demeurent. 
Ces Paroles issues du Sinaï, lieu terrestre, semblent donc s'écrire dans le ciel. Au début, cette montagne ne s'appelle pas encore Sinaï, c'est le mont Horeb. Qui ne prendra le nom de Sinaï qu'après que le Verbe s'y soit donné afin d' être vu.
Le mot Horeb, indique Raphaël Draï dans son livre La Sortie d'Egypte, est construit sur la racine HRB. Evoquant l'épée. Précisant que Horeb est le « hipoukh » (le mot lu à l'envers) de BRH, la fuite. Dès lors Horeb marque la fin de la fuite de Moïse et inversant la fuite HRB on fait face en inversant le mouvement de la fuite. A quoi on peut ajouter que la rencontre avec le Verbe se réalise sur une montagne, Har en hébreu. Lié à l'idée de conception, Invitant à la montée vers… en même temps que le Verbe, de son côté, s'invite à descendre. C'est là une image de l'archétype Echange-Latéral, précise Dominique Aubier dans son livre l'Ordre Cosmique : l'information issue du secteur Qui-Sait vient à la rencontre du récipiendaire Qui-Fait, qui à son tour répond à l'expéditeur : d'où ce dialogue permanent entre l'Ange informateur et Moïse.
Il est nécessaire, pour comprendre ce processus, de lire le texte en ayant bien en tête le Code des Archétypes : Moïse le connaît. Il se rend au Mont Horeb bien avant la Sortie d'Egypte, alors qu'il est encore chez son beau-père Jetro. A remarquer là, le processus du Redoublement.
Sur la montagne, il rencontre non pas Dieu comme on le croit, mais son ange locuteur. Le Texte (Torah) est clair à ce sujet. C'est la première rencontre, une première fois. Le kabbaliste Nahmanide parle de « l'Ange de l'Ecriture » qui apparaît à Moïse ; il en est le messager, et cet ange, selon nous, ce serait l'Ange tutélaire d'Israël, c'est-à-dire Métatron. Dominique Aubier développe cette idée dans son film Le Messianisme.

5. Au cœur du feu
L'Ange se dévoile au cœur du feu, en Exode 3,14. Ce n'est que plus tard, amenant non plus son troupeau de chevreaux mais son peuple au mont Horeb que Moïse se rend une seconde fois sur la montagne, désormais Sinaï, pour la rencontre décisive. Il savait qu'il rencontrerait là le « Buisson Ardent » qui lui délivrerait le message destiné à tous et dont lui, Moïse, serait l'interprète.
Ce qui s'écrit dans le ciel, ce sont des lettres visibles. L'Alphabet tout entier qui s'imprime, aux yeux de tous. L'Ecriture est donnée publiquement, et en ce sens, « quiconque veut la recevoir, peut la recevoir ». Elle est là, pour tous. Manière réitérée de rappeler que tous les peuples sont concernés.
Ce phénomène physique de l'Ecriture apparaissant aux yeux de tous comme une démonstration révélatoire ne laisse de surprendre : 
— L'Ecriture précéderait-elle la parole ?
— Le tracé des lettres est-il antérieur à leur énoncé ?
— La perception des formes que dessinent les lettres est-elle intelligible par l'esprit avant-même qu'il ne sache les prononcer ?
Je n'en ai pas la réponse. Je propose d'interroger l'En-Face de la Connaissance, c'est-à-dire… les disciplines scientifiques ayant une expérience concrète du réel (ce qui tient la philosophie quelque peu à distance…)

6. Un regard du côté de la physiologie
Qu'y avait-il d'abord, au commencement ?
Le Maharal de Prague écrit qu' « au début il n'y a ni Verbe, ni action, mais la capacité originante elle-même déterminée par cette force appelée coah Leath'il, c'est-à-dire « la force de débuter.» (cité par Raphaël Draï p. 144 de La Sortie d'Egypte). Cette manière de dire cependant n'explique pas « les choses ». Car d'où viendrait cette « force de débuter » ? Je me suis donc rendu là où « l'altérité » apporte sa participation à l'enquête. Je parle de la Science objective, son microscope, ses scanners : ils peuvent nous aider. Voyons ce que dit l'anatomie de l'homme parlant. Regardons l'évolution du fœtus humain : les aires corticales dévolues au langage sont aisément reconnaissables grâce aux appareillages modernes. Ces aires existent avant qu'elles ne soient visitées par l'énergie du Verbe permettant l'élocution (aire de Broca). L'aire réservée à l'écriture — distincte de celle de la parole — surgirait-elle dans le néocortex avant l'aire de Broca et de Wernicke ? Avis aux neurologues de nous éclairer sur le sujet.
Les lettres furent vues. Le cerveau les as vues en premier… il se pourrait bien que la capacité de voir les signes précède la possibilité de les exprimer. « Qu'enseigne l'expérience du Sinaï ? demande Dominique Aubier dans son livre Le Principe du Langage ou l'Alphabet hébreu. 
« Les sons, écrit-elle, ont été vus. "Tout le peuple voyait les voix". Ce verset propose d'atteindre la parole par deux systèmes de perception : l'ouïe et la vue. Certainement, un traité d'alliance les unit au sein de la vie cérébrale… » Passionnante enquête présidée par l'Alphabet, secondée par les sciences !

7. L'Ecriture en premier ?
Tous les noms sont des condensations où « coïncident les aspects optiques et acoustiques de l'énergie qui se dégage de l'En Sof », écrit l'historien de la kabbale M. Gershom Scholem (je le cite de mémoire, mais je crois qu'il dit cela dans son livre sur la kabbale et sa symbolique. A moins que ce soit dans son essai sur le messianisme juif ? Je vérifierai…) L'En-Sof nous apparaît ainsi, dit-il, comme « l'aspect linguistique interne d'un processus universel qui s'exprime … comme un verbe en déploiement ».
Et C'est précisément ce déploiement qui nous intéresse. Ce déploiement du verbe, dont parlent tous les kabbalistes : nous voulons le connaître. Comment s'opère-t-il ? Quelles en sont les étapes ? Déploiement après contraction, comme le suggère le Tsim-Tzoum ? Il se réalise nécessairement en respect des archétypes édictés par le système dont il est le vecteur. Déploiement en Redoublement ? Selon le processus du Davar Schanoui, le « dire deux fois » ? Déploiement selon le mode de l'Echange Latéral entre l'Invisible et la Création où le Verbe induit l'Ecriture, et l'Ecriture se rend visible sur terre — parce qu'elle est le vecteur du Verbe invisible ? Cette Ecriture devient lisible et prononçable… en second temps ? Je rejoins, au travers des explications de Dominique Aubier donnée dans son livre l'Ordre cosmique, la thèse de l'école lourianique pour qui « le langage naît de l'Ecriture », étant précisé que l'Ecriture est l'expression du Verbe qui lui, reste dans l'invisible, dans l'hémisphère « Qui Sait » (par analogie au cerveau et ses deux hémisphères).
Nous vivons, explique Dominique Aubier, dans un « Qui Fait ». Le cosmos est un « Qui Fait ». Visité par l'information issue de l'Autre côté,  un « Qui Sait » inaccessible, et qui pourtant expédie son énergie. « Au commencement était le verbe », verset célèbre… et pourtant, si je m'en tiens à l'ordre des mots de la phrase ainsi traduite, au commencement était le mot « au », et le Verbe ne surgit qu'en fin de phrase…
Qu'est-ce qui surgit « au » ?
Au Sinaï, la Loi est donnée, à tous, publiquement, et elle continue de l'être, encore aujourd'hui. Ce qui surgit DU Sinaï c'est l'éclaircie de l'esprit, soudain conscient de sa capacité de liberté et depuis lors, « l'irradiation des 10 Paroles perdure et illumine quiconque déroulant un Séfer Totah (rouleau de la Loi) relit et (ré)écoute le texte contenant les 613 lettres correspondant aux 613 obligations par lesquelles l'Alliance (Berit) entre Dieu et la Création continue de se réaliser… » (Raphaël Draï, La Traversée du Désert).
Au Sinaï, venant du Sinaï, les Hébreux voient les voix. Ils en ont la vision, et comme dit R. Draï, ce qui est visible s'entend et ce qui est audible se voit pendant que le son du Choffar établit le lien. Encore faut-il procéder au décodage en règle de l'Alphabet et c'est, me semble-t-il, que se situe l'extraordinaire performance de mon Maître. Si vous connaissez quelqu'un qui a fait mieux, merci de me l'indiquer d'urgence afin que je le signale à tous.

8. Ce qui fut donné au Sinaï, c'est l'identité du Locuteur.
Au commencement était la lettre Beth, pointée en son ventre,. Le Bet d'initiale est plus gros que toutes les autres lettres. Beth marqué d'un point dans son creux, signal de l'énergie venant le pénétrer « en même temps » qu'il s'écrit.
« D'un point de vue calligraphique, m'avait dit mon Maître Dominique Aubier, je serais tentée, en écrivant le mot « Béréchit » ouvrant la Torah, de commencer par ce point et de tracer ensuite le graphisme du grand Bet autour de lui… » Car sans l'énergie, la structure ne saurait exister. Mais sans la structure, l'énergie ne saurait où s'inscrire. La fusion entre énergie, structure, système est telle qu'il faudrait non pas tracer linéairement la lettre, mais l'apposer comme un cachet qui, d'un seul tenant, porte la marque de tous les éléments. C'est un sceau unitaire.
Réflexion : avant l'arrivée du Beth d'initiale, avant l'arrivée du commencement qu'y avait-il ? Le vrai commencement, ne serait-ce pas le vide ? Le vide dans lequel la déflagration du Verbe invisible devenu Alphabet visible a tracé le premier existant sous la forme du Point ? Au début de la Torah, ce qui arrive, simultanément imbriqués, ce sont : l'énergie, la structure, le système et son fonctionnement. Mais qui en est l'expéditeur ?
L'identité du « locuteur » est donnée en Genèse III. Moïse avait conduit le bétail au fond du désert et là un ange lui apparaît dans une flamme au milieu d'un buisson… Le fameux épisode du « Buisson ardent ». Qui est le « parleur » ?
Ce Locuteur ne reste point secret. « Je suis » dit l'Ange dont le nom s'écrit « Anoki ». Je suis. Mais je suis « qui » ? est-on en droit d'interroger. Réponse est donnée dans ce verset :  « je suis celui qui est ». C'est la traduction habituelle de"Ehié acher Ehié" :
אהיה  אשר  אהיה
En hébreu, c'est très clairement un futur, il faudrait donc lireJe serai qui je serai. Et qui sera ? C'est justement le pronom relatif « qui » (Acher). 
אשר
Si bien que le parleur, c'est qui ? C'est précisément « qui », le mot-concept Acher. Et « qui », c'est qui ? Mise en abîme du questionnement où la réponse se trouve dans l'interrogation. Le seul moyen de résoudre l'énigme, c'est d'entrer dans le secret du mot, et comme un cruciverbiste de l'école de Philippe Laclos, tentons d'ouvrir ce qui n'est point clos… L'exégèse du fameux verset se trouve dans le livre L'Ordre cosmique
« Je suis » informe Moïse en lui disant au futur « je serai qui je serai », il lui donne sa feuille de route pour mener son entreprise initiatique-politique devant aboutir à la délivrance et la sortie d'Egypte.
Plus tard (Exode XIX), entouré de son peuple, Moïse reviendra sur ce lieu, le Sinaï  et  « je suis » (Anoki)  descendra aux yeux de tout le peuple — et les autres — sur le Sinaï… 
סיני
Remarquez dès maintenant la présence répétée dans ce mot de la lettre Yod. Redoublement de l'énergie en droite et gauche du Noun. Le tout s'ouvrant avec un Samekh. Un cycle s'ouvre là où l'énergie répétée encadre l'humain (Noun).

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Extrait du livre Le Principe du Langage ou l'Alphabet hébreu : « Les lettres se sont montrées sans mystère aux générations qui assistaient Moïse. Mais leur révélation ne s'adressait pas seulement à ces témoins immédiats. L'alphabet hébraïque intéresse l'Humanité. L'instruction universelle se réalise par son adoption. « Nous étions tous au Sinaï ». En cause, les hommes du désert et ceux des époques futures… c'est-à-dire nous. 
Pour les personnes qui reprennent mes enseignements, je les remercie de bien vouloir citer leurs sources. C'est une obligation morale, éthique qui s'appuie sur l'idée qu'il s'agit d'une transmission devant se propager, sans réduire la source dont elle émane.

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6 commentaires:

Pierre REGINA a dit…

Cette judicieuse rétrospective relative à l"épopée autour du
Sinaï me titille à bien des égards et me rappelle entre autre à ces épisodes dans le témoignage de C.Castaneda
et où est évoquée dans ces termes "la voix de voir".
D'abord est entendu ce qui est perçu par la suite.














François-Marie Michaut a dit…

La réponse de Pierre REGINA est interessante et à creuser.
En restant, faute de mieux pour ce qui me concerne, les pieds ancrés dans la langue française, voici quelques pistes.
" La voix de voir" transmise de l'initié Yaki par l'ethnographe Carlos Castaneda.
La voix, celle qui s'est fait entendre au Sinaï pour rester dans le sujet. Entendre, mot intéressant. C'est à la fois percevoir à l'oreille mais aussi comprendre. L'entendement, l'intelligence. Dans le papier de Domino il y a un phénomène incompréhensible pour notre rationalité scientifique. Le son de la voix shunte l'audition du témoin pour se transformer directement en vision des lettres. De l'aire corticale de l'audition à l'aire corticale de la vision. Voir, là encore, en français, est à double sens. Résultat du fonctionnement des yeux,avec ou sans lunettes pour nous. Mais aussi fruit de la réflexion, comme dans l'expression interrogative : " faut voir" .

François-Marie Michaut a dit…

Si je comprends (un peu) ce que dit Dominique Aubier, il me semble nécessaire de bien regarder ce qui apparait à la fin d'un cycle. Le papier sur le Sinaï me semblant un cycle, je regarde avec soin comment il a été conclu par DBR.
Début de citation :
סיני
Remarquez dès maintenant la présence répétée dans ce mot de la lettre Yod. Redoublement de l'énergie en droite et gauche du Noun. Le tout s'ouvrant avec un Samekh. Un cycle s'ouvre là où l'énergie répétée encadre l'humain (Noun). Fin de citation
Non hébraïsant, je bute sur la signification de Samekh.

Vite, je saute sur mon " Le principe du langage" de D.A, page 219. Citation intégrale du début du chapître intitulé " Samekh, le souteneur " Et quel soutien les amis, non ?
" Temps futurs ! L'évolution s'exécutera selon ses canons et ses préceptes. L'Homme sera civilisé, porteur compétent de sa tête, manipulateur pertinent de sa raison. Que promettent-ils, ces siècles d'or, pour notre consolation d'exister aujourdhui ?" ... " Chacun se servira habilement de son esprit. Santé, psychisme sans alarme, pensée rythmée par les tempos de l'âge, vieillissement créateur dans la consolation de marcher vers une fin utile, chacun sachant tenir sa place en la composition. La vision rassure. " FIN de citation.

Je ne fais aucun commentaire personnel, tout est dit sur ce Sinaï pour tous comme le propose cordialement avec sa plume Domino.

Paul.G a dit…

Bonjour,
Vous dites:
"La Connaissance fut donnée ? Non, elle est donnée du Sinaï — et donc ne cesse de l'être au cœur du Sinaï que nous portons en nous . Elle est donnée, renouvelée chaque jour, par l'expérience concrète du réel dont elle exprime le codage."

Il nous faudrait donc réapprendre à lire ?
Petit, j'avais appris à lire très facilement.
Ici, cela semble être une autre paire de Manche.
Apprendre à reconnaître les lettres qui s’adressent, ou se sont adressé à nous au cours de la vie, les nommer ...
Apprendre à se lire en fait.
La prochaine fois que l'on me demande ce que je compte faire pendant ma proche retraite, je réponds.
"Je vais essayer d'apprendre à me lire."
Pas sûr d'être compris...

Paul

Lerman a dit…

“Yaveh” in the southern kingdom (Yehudah) is from Edom (Seir)/ Midian ( and not from Sinai.)
“El” from the northern kigdom (Israel) is from Ugarit and Tsidon. (Knaan)
The Hebrew Goddess was Asherah the consort of Yahve ( Jehova)
In the first Temple in Yerushalaim were statues of several gods, included the Nechushtan , god of medicine.
The monotheism came to Israel after the Galut Babel and strongly influenced by the Persian religion.

Pesakh
Pesakh is celebrated as liberation from Mitsraim but…
Israel did not came out from Mitsraim. It was Mitsraim who abandoned Erets Israel because of intern wars in the land of the Nilus.
That is the naked truth behind the Pesakh mythological story.

Scholmo Lerman, Israel

Domino756 a dit…

Dear Shlomo Lerman,
I thank you very much for your point of view.
Your interpretation is very interesting and very well known, it's a classical denegation of the Sinaï.
What you call the "naked truth" : is it refered to scientifical researches ? What are the references ?
If your allegation is true, then all the story of the Sinaï Revelation becomes absurd.
And even the presence and existence of Israel is then denied as soon as you consider it based on a mythology while it is a coded Text that has to be deciphered…
Sincerely,

DBR
Author of
Esther la Délivrance d'Israël