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vendredi 30 juin 2023

Pour aller au sens des choses : le miel du Verbe. Par Dominique Blumenstihl-Roth

Pour aller au sens des choses : le miel du Verbe
par Dominique Blumenstihl-Roth


Comment « piéger ce qui est à l'origine de nos faits » ?

« Les données comme les acquis dont nous sommes façonnés forment un globe invisible qui nous tient sous sa cloche. Recevant ce qui arrive sous forme d'événements, chacun de nous est dans sa propre bulle, assumant son moi dans la singularité qui lui en vient, au gré des jours et de leurs accidents… »


 « La vie fait du cinéma. C'est qu'elle appartient au régime cosmique. Nous vivons sur une planète qui appartient au tissu de l'Univers, à ce qui est versé de ce côté-ci du Rosch Primordial. Tout ce qui décrit le terrestre relève du cosmique et de son caractère objectivant. L'ordre qui règne sur notre globe obéit à l'imprégnation du « qui Fait » cosmique. Tout ce qui s'y passe s'organise d'office dans la substantialité, sous l'influence d'un « qui Fait » matériel, concret, visible, qui reçoit ses directives d'un « qui Sait » invisible. Les vicissitudes qui remuent nos existences répondent donc à des décisions venues du plus loin. Nos aventures privées, nos histoires sociales, nationales ou mondiales, les événements et accidents qui s'y clouent sont des effets et non des causes. Des effets visibles, mouvementés, dont la source est ailleurs. Tout ce qui se passe sur la planète serait de l'ordre d'une mise en forme dont l'intention qui l'inspire serait retenue dans l'au-delà. Belle liberté que celle de la créature humaine, puisqu'en définitive c'est l'Humanité qui recouvre la planète ! Nous serions mus par des données impératives dont le contenu magistral nous serait interdit. Nous en vivrions les effets, sans avoir le droit d'en connaître les causes. Seraient-elles à jamais prisonnières de l'Invisible en sa qualité d'hémisphère « qui Sait » ? Hors de portée pour la raison humaine ? A quoi bon, alors, disposer d'un cerveau doué de conscience ? Cette notion déterministe de la condition humaine contrarie tellement le sentiment que nous avons de nous-mêmes qu'il est impossible de l'accepter. Il doit exister un moyen de remonter à la source. »

 

Ces lignes extraites du livre Inédits 2., de Dominique Aubier, page 218, m'ont vraiment interpellé. Comment trouver le sens des événements ? Comment « piéger ce qui est à l'origine de nos faits » ? La réponse de l'initiée : « il suffit de se doter des outils conceptuels convenables. » Voilà qui est vite dit. Encore faut-il les trouver, ces outils, et ensuite, savoir les utiliser…


Comment « piéger ce qui est à l'origine de nos faits » ?

Rechercher l'information dictée depuis « l'autre côté », la comprendre, la sublimer, l'assumer, lui donner fait et corps en retrouvant son sens… Une sacrée affaire. Tout ce « film » de l'échelle, la chute, les soins, la douleur « exquise » que j'ai raconté dans un blog précédent, tout cela aurait un sens ? Lequel ? Il faut tout d'abord décrasser l'événement pur. Il est plus que ce qu'il laisse apparaître. Se rappeler que les événements sont le langage de la vie. Il s'agit donc de démaquiller l'événement, le nettoyer de ses apparences de manière à libérer le sens qui est son vrai visage. (Cf Rebâtir le Monde, p. 21) Considérer l'événement comme l'expression d'un signe où la « vérité est dans la vérité ». C'est-à-dire qu'il est un symbole appelant à son exégèse. Comment lire le réel ? Il faut apporter la Tête dans sa toute intelligence d'elle-même et en aucun cas s'engluer au narratif littéral de premier niveau d'immédiateté.

Il y a des signes, dans la réalité, parce que nous vivons dans un cosmos qui est le « Qui Fait » d'un cortex dont le « Qui Sait » est situé dans l'invisible. Sans cette représentation, il est impossible de comprendre que l'incessant arrivage de nos faits puisse avoir un sens : une règle fonctionnelle d'essence cérébrale fait qu'une information activée en « Qui Sait » subit, pour entrer en « Qui Fait » une série d'adaptations qui lui confèrent un état de concrétisation. Par analogie, nous dirons qu'un signe est le produit métabolisé d'une information insaisissable à sa source, et le modèle microbiologique montre que la formulation d'origine n'est jamais recopiée à l'identique mais il subit une altération adaptative avant de devenir une réalité. Face à cette réalité, peut-on retrouver l'information codante d'origine et recomposer l'information qui a été instillée, donnant naissance à l'événement ? En utilisant les archétypes, il est possible de remonter en amont de l'événement et recomposer la donnée qui l'a induit, écrit Dominique Aubier (Rebâtir le monde p. 174). Cela s'appelle précisément : lire un signe.

La lecture du signe implique le recours à la… « lecture » : l'art de décortiquer le visible et lui arracher la part verbale du secret qu'il dissimule. Faire ressortir de l'événement vécu la charge verbale qui est à sa source, exsuder du réalisme le plus épais sa part de lumière voilée sous les apparences. Autrement dit : faire tomber le voile et laisser apparaître le vrai visage du vrai. Le recours au langage est le seul moyen d'exégétiser l'événement et en extirper le sens ; car le langage est l'être même du monde, il est l'être de l'humain, donnée élémentaire et fondamentale de la réalité. Le rabbin Hayyim de Volozhyn, kabbaliste lithuanien, ne doutait pas que c'est par le langage que Dieu se manifeste, qu'Il se communique à la Création, qui vient, elle aussi à l'être par l'intermédiaire du langage (Cf L'Âme de la vie, éd. Verdier, introduction page XXXII de B. Gross). 


La fatalité de l'Inversion

Il fallait donc tout d'abord repasser le film de la chute, transformer les événements vécus — le souvenir de leurs images — en mots. Lire et relire le récit, repérer les mots-clés qui en émergeaient, considérer également l'événement, déplaisant en soi car c'était un accident, comme l'expression d'une pensée « venue de plus loin » et dont je vivais une forme interprétative… inversée : L'hémisphère « Qui Fait » — celui dans lequel je vis en pur et lourd réalisme — commence toujours par inverser l'information qu'il reçoit. Phase brève dans laquelle ne pas s'attarder et recourir le plus vite possible à un « redressement » faisant du négatif immédiat au contraire la plage inversée d'un message lumineux demandant à être vu et compris. Lire le signe exige que l'on effectue des actes de conscience par lesquels on transcende ce que nous vivons

— Ne pas se laisser posséder par l'interprétation tronquée que l'humeur pourrait inspirer : tout transfert d'énergie et d'information d'un « Qui Sait » à un » « Qui Fait » se heurte d'emblée à la fatalité de l'Inversion (Rebâtir le Monde, p. 111). Là réside un danger d'erreur, de mauvaise lecture du signe. L'Inversion se produit dès lors qu'il y a passage de l'énergie de Droite à Gauche dans quelque structure que ce soit… et notre conscience en est à chaque instant le poste de douane… précise Dominique Aubier : ne pas s'attarder sur la négation, reverser en positivité ce qui semble s'imprimer en « non », car la phase négative n'est qu'une phase d'adaptation au régime local du « Qui Fait ». Connaître cette règle archétypale évite bien des écueils. Hélas, les sciences humaines telles qu'elles sont actuellement enseignées ignorent la vigueur normative des archétypes cérébraux, et si la psychologie et la psychiatrie en connaissent les effets principalement en raison des dysfonctionnement qu'ils occasionnent, elles en ignorent la cause fautes d'être appréhendées au plan systémique, et engluées qu'elles demeurent de « matière » observée. Il me fallait donc au plus vite « décoller », quitter le lieu inversif, ne pas immobiliser ma pensée dans la dramaturgie, refuser que se cristallisent les images et le ressenti : d'urgence, en appeler au sens.

J'ai applique cette leçon exposée à la page 114 du livre Rebâtir le Monde : Il ne s'agit pas de taire l'existence des événements, mais au contraire, d'en parler jusqu'au bout, jusqu'au point où la vérité du désir serait positivement lue. Non pas, comme les médias, raconter à l'infini le déroulé de la journée, répéter sans cesse le film, et en accroître la portée en y ajoutant des détails sous prétexte d'analyser. Mais en appelant… au miel de l'affaire. Au sens pleinement déployé. 

Pour cela, le recours à la langue du vrai pour trouver le vrai.


Le Code 130 / 3-14

J'étais tombé de l'échelle. J'ai d'emblée pensé à l'échelle : soulam, valeur 130, qui ramène forcément  à la thématique du Sinaï, valeur 130. Episode du Buisson Ardent, au chapitre d'Exode… 3-14. Là fut donnée l'identité de l'être suprême par la formule Ehié Acher Ehié  ; là se révélèrent les lettres divines qui jusqu'alors demeuraient dans une rétention en ce qu'elle ne pouvaient se donner à un peuple asservi : la liberté est la condition absolue à la Révélation qui ne peut s'offrir sous régime d'asservissement — à méditer quand on sait combien nous vivons sous assujettissement de la pensée hyponeurienne. 314 est aussi la valeur du nom de l'immanence divine El Chadaï, signifiant assez fait, autorité marquant l'arrêt en phase des entropies. Ordre de cessation du « faire » impliquant le retournement vers le donneur de l'information. La protéine, une fois constituée, ne peut poursuivre sa croissance indéfiniment après qu'elle se soit enroulée sur elle-même : fin de la croissance, retour à l'origine, donc vers le Code des lettres révélées.

L'échelle brisée indique à mon sens la nécessité de ce retour vers le sens ultime des lettres en quoi s'écrivent nos actes. Il s'agit bien de monter vers cette source lumineuse, éclairant nos vies, qui ne sont pas faites uniquement de « faire » productiviste, mais vouées à être toujours reliée au sens de leur vocation. Le sens, toujours présent en tout acte, s'écrivait dans l'échelle des mesures : brisure suivie de réparation, il va nous en coûter, avant résorption de la fracture, mais les remèdes sont là, par la prise de conscience de l'information donnée en « Qui Sait » dont l'accident est l'interprétation symbolique très réaliste, donnant un aperçu de ce qui nous attend.


L'Indicateur de vérité

Il y avait encore des choses à débusquer que par moi-même je ne trouverais pas. Aussi je me suis décidé à sortir.

C'est ainsi que « marchant sur des œufs », j'ai fait quelques pas dehors, et voilà qu'au bout de la rue je croise à nouveau le docteur D. Il prend de mes nouvelles. Je lui demande ce qu'il fait là, avec ces caisses de bois. Il me répond que ce sont des ruches d'abeilles qu'il va installer dans un petit bois. — Et tenez, dit-il, vous aimez le miel ? Je vous en offre un pot. C'est un bon remède.

J'ai trouvé cela magnifique, hasard sur hasard… ou plutôt ces plans de cohérence répétés, ces rencontres que je n'ose qualifier de fortuites ! Faut-il être totalement « bouché » pour ne pas y être sensible. En tout cas, rentrant chez moi, j'ai goûté ce miel fait maison. L'effet a été surprenant, immédiat. Et ce n'est pas psychologique. Un étrange frisson d'énergie m'a parcouru le corps, quelque chose s'est illuminé dans le cerveau et j'ai ressenti, dans mes yeux, un agrandissement de lumière. Apport de glucose, dira le biologiste : peut-être, mais il y a plus que cela. Car du sucre, j'en mange par ailleurs sans jamais ressentir ce type de réaction. Il y avait là autre chose, lié à la qualité même de ce produit, sa conception en tant que produit naturel, augmenté de la bonne intention de celui qui me l'offrait. Il agissait là en pur « Indicateur » du bon chemin à suivre.

Abeille, miel… Voilà un thème éminemment biblique, avais-je dit au docteur D. Aussi ai-je rédigé un petit topo à son intention afin que son geste soit lui aussi raccordé à un sens plus haut, donnant à sa générosité la valeur de l'information habitant le produit qu'il me donnait.  En voici le texte, que je donne en partage afin que chacun en prenne une pleine cuillerée.

Qu'est-ce que l'abeille ? Qu'est-ce que le miel ?

Toute cette affaire d'échelle, Soulam, Sinaï, 130, conduisant aux Lettres révélées du texte biblique d'Exode 3-14, m'amène à soulever le couvercle de la ruche et dirige droit sur une synthèse — le miel du verbe et sa quintessence en hébreu ? La chute de l'échelle n'aurait donc été que l'événement me conduisant vers « l'indicateur » — le docteur D… — qui à son tour me dirigeait droit vers la source ? « L'Indicateur balise le terrain qui conduit à l'enclos où se trouve le miel de l'esprit… »


Le thème de l'Abeille et du Miel dans la Bible

Abeille
ד ב ו ר ה
= DeBORaH. C'est le nom de deux personnages bibliques.

1) Déborah, la nourrice de Rebecca (l'épouse d'Isaac). Elle a élevé Jacob (qui deviendra Israël). Son nom s'écrit ici sans la lettre Vav (prononcé o) :
ד ב ר ה
Son nom n'est mentionné qu'une seule fois dans la Torah, à Genèse 35 verset 8.
Elle apparaît au moment de son décès, alors que Jacob revient d'exil et s'arrête à Louz et y a sa vision des forces célestes. C'est donc au moment de sa disparition que l'on apprend qu'elle a existé. Le fait de n'apparaître qu'une seule fois dans le texte est une distinction.

2) Déborah, gouverneure et juge d'Israël rend justice sous un arbre (le Palmier de Déborah est aussi le titre d'un classique écrit par le kabbaliste Moïse Cordovero). Elle apparaît au chapitre Juges 4, 4. Son nom s'écrit cette fois avec la lettre Vav (O). Le nom Abeille est donc lié à la fonction de nourrice et de justice.

Avec la racine du mot DeBoRaH on écrit le mot DaBaR.
ד ב ר
qui signifie : la parole, la promesse, annoncer. Par analogie, la tradition considère que la parole (DaBaR) est le miel de l'esprit, et DéBoRaH est donc celle qui parle la vérité. C'est pourquoi elle est juge. La parole nourrit l'esprit, c'est pourquoi elle est nourrice.

Miel
ד ב שׁ
= DaBaCH. Ce mot commence par les mêmes lettres que Déborah (Abeille) et que DaBar, c'est-à-dire parler. Par ces racines identiques on comprend que l'abeille DéBoraH
ד ב ו ר ה
produit le miel DaBaCH
ד ב שׁ
et que le miel est lié à la parole DaBaR
ד ב ר
Dans le mot DaBaCH, la dernière lettre est un Schin שׁ
Cette lettre symbolise le Verbe en tant qu'expression de la pensée aboutie. Le point sur la branche droite de la lettre représente l'énergie qui circule dans le cycle évolutif. Le miel est donc le produit résultant de l'énergie donnée par une structure (Bet) à qui la porte (Dalet) est ouverte. Le miel est considéré comme étant la nourriture du cerveau.
Bet : ב
Dalet : ד

Le miel apparaît comme l'élément nutritif déterminant dans l'épisode biblique relaté au chapitre Samuel livre I, versets 14-24 à 14-43.
Jonathan, ignorant l'interdiction du roi Saül qui a décrété un jeûne, mange du miel et c'est grâce à cette énergie acquise par le miel qu'il remporte la victoire.
Samuel 14-25 : « Toute l'armée était arrivée à un bois où la surface du sol était couverte de miel ». Jonathan mange de ce miel et dit que le miel lui éclaircit la vue :
Samuel 14-29 : « Voyez comme ses yeux sont éclairés, pour avoir goutté un peu de miel ! »

Comme Déborah (nourrice) et Parole s'écrivent en hébreu avec les mêmes lettres, on en peut déduire que la nourrice ayant élevé Jacob lui a enseigné le sens des Paroles. Elle lui a ouvert la porte (Dalet) de la structure (Rech) et fait découvrir la fonction parlante du cerveau (Schin) établie en ses niveaux d'intégration. 
Déborah, nourrice de Jacob, est une héroïne de l'esprit, qui brille dans la Torah par la modestie de la place qu'elle y occupe — une seule mention — mais cette unicité nominative précisément invite à considérer sa haute fonction maternelle. Déborah rappelle l'indispensable recours au Verbe, à son Alphabet, pour décrypter le sens jusqu'à la quintessence de l'information d'origine.
 
C'est assurément le miel de l'esprit qu'il faut donner à la jeunesse révoltée dont l'insurrection incendiaire est avant tout un appel à l'aide. La Connaissance est à même de les sauver.

mercredi 21 juin 2023

Inédits 2. Le livre est disponible…

Disponible à partir du 18 juin 2023

DOMINIQUE AUBIER 



Dans ce deuxième ouvrage de la série Inédits, Dominique Aubier approfondit les thèmes initiatiques ouverts précédemment : connaître et maîtriser son Allié ; lire les symboles et les signes ; comprendre le rôle spécifique de la France au regard de l'évolution culturelle.
Elle y raconte comment elle fut prise dans « les serres de l'aigle », le grand oiseau de la Connaissance qui ne l'a dès lors plus lâchée. De passionnants chapitres sont consacrés aux espaces blancs et noirs dans l'Alphabet hébreu, à « Métatron », surnommé « l'Ange de la Face », à Amaleq, l'ennemi d'Israël et du Verbe, au Tzim Tzoum d'Isaac Louriah. Dominique Aubier réaffirme dans ce livre la puissance qu'a l'Alphabet non seulement de dire le réel, mais de fabriquer le cerveau capable de le penser.
Dans une saisissante lecture de la Crise culturelle et civilisatrice que nous traversons, Dominique Aubier revient sur les désastres écologiques qui constituent autant d'appels au changement du paradigme civilisateur : il est urgent d'embrasser le réel par des modalités de pensée qui sortent de l'ornière du matérialisme. Urgent de lire, connaître, apprivoiser le Code de la Vie, tel qu'il s'écrit, tel qu'il se donne et demande à être compris… 
Au cœur de cet apprentissage où l'approche scientifique garde toute sa valeur, la Connaissance initiatique telle que l'enseigne Dominique Aubier atteint à son plus haut niveau de pertinence.

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Dominique Aubier 

262 pages, format A5, 49 euros
ISBN : 97829166119576
expédition incluse pour la France, + 8 euros C.E.E. / Suisse 
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mardi 13 juin 2023

Il m'est arrivé une nouvelle histoire d'échelle : lecture de signe

Il m'est arrivé une nouvelle histoire d'échelle (1/2)

par Dominique Blumenstihl-Roth


L'ampoule de la lampe extérieure éclairant l'entrée de ma maison vient de claquer. Rien d'étonnant, usure normale, me dis-je. Mais il faut agir vite pour ne pas me trouver sans lumière. Dès le lendemain, j'installe mon échelle, je monte au 5e échelon et je démonte la lampe. Aucune difficulté, je dévisse l'ampoule grillée et je redescends. Je prépare la nouvelle ampoule de rechange, une « LED ». N'ayant rien remarqué de spécial jusque-là, je remonte en toute confiance et là, parvenu une seconde fois au 5e échelon, patatras. L'échelle pivote, tourne sur elle-même et me voici voltigeur d'une acrobatie peu glorieuse. Le tout ne dure qu'une seconde, et je me retrouve par terre, dans l'herbe, le souffle coupé, éberlué. Une vive douleur s'enfonce dans mon côté droit. Que s'est-il passé ? Aucune idée. Pour l'instant, je reste allongé, bien sonné, à regarder le ciel. J'arrive enfin à respirer. Je tente de réfléchir à ce qu'il faut faire.

Je suis seul dans le jardin, personne ne m'a vu. Pas de téléphone sur moi. Rester calme, respirer, sentir mon corps. Côté droit très douloureux. Mais je peux bouger. Je me roule sur moi-même et ne sais trop comment, je parviens à me relever. Le mieux est d'aller tout de suite consulter le médecin à la maison médicale de la commune, qui est à cinq minutes à pied.


Mes pieds ont marché tout seul jusqu'à la consultation. Par chance, le docteur C. était là ; il m'a immédiatement reçu. J'ai pensé : « bon signe malgré tout. On n'est pas perdus. » Un bref regard sur l'hématome. Je crois à la pertinence d'un regard averti capable de déceler un traumatisme au moyen d'un coup d'œil affûté. Il m'a aussitôt prescrit des antalgiques et une analyse des urines. Quant à savoir ce que j'avais, pas un mot. Mais j'ai confiance et j'ai mon idée.

 Sur le chemin du retour, je passe devant le domicile du docteur D. qui exerce dans une institution pour personnes handicapées. Hasard, ou coïncidence, à la seconde où je passe devant sa porte, il sort de chez lui. Me regarde : « Qu'est-ce qui vous arrive ? » demande-t-il. Je lui raconte mon accident. — Bon, venez, suivez-moi. On va voir cela de plus près.

N'était-il pas étonnant de croiser le docteur D. juste à l'instant où franchement, j'avais besoin d'un toubib ? Il était là, en redoublement du premier médecin. Le second (médecin ancienne génération), croisé en mode répétition, autre méthode, a procédé à un complément très minutieux avec palpation des vertèbres et des côtes. Le second médecin différait du premier par l'intérêt qu'il portait également à la narration. Il était en outre sensible au « hasard » de notre rencontre et voulut connaître les circonstances de l'accident. Savoir ce qui s'est passé, où et comment, pour mieux comprendre le traumatisme… J'ai apprécié cette écoute, ainsi que la clarté de son explication par quoi il m'expliquait la prescription… de son collègue qui avait été plus expéditif — ce qui n'enlève rien à sa compétence : on ne compare pas les noblesses entre elles, dit Don Quichotte. J'observais cependant que la vie, le réel, dans son déroulé, et sans que je le recherche, m'avait mis tour à tour en présence de deux styles d'auscultations totalement différentes.


Le Redoublement opérait de tout évidence

La consultation de seconde instance se déroulait sur la base de la première, en précisait le contour, en éclairait le diagnostic par un dialogue ordonné sur une écoute. Côte cassée ? C'est moi-même qui avais, selon la douleur localisée et éprouvée, déduit cette conclusion, que j'avais sans doute lue dans l'esprit du premier médecin : il était passé directement de l'observation à l'ordonnance, en professionnel expérimenté qui n'a pas le temps d'expliciter le comment et le pourquoi de ses décisions. Pourquoi une analyse d'urine ? Mais quoi, on est ignorant face à la science, on a confiance, on fait ce qui est demandé.

C'est donc le second médecin qui m'a expliqué : — C'est pour vérifier s'il n'y a pas d'infection interne qui résulterait d'une lésion. C'est pertinent, dit-il.

— Mince alors, me dis-je, le premier aurait pu me le dire. Car je suis homme de raison, capable de comprendre, et si j'adhère à la science ce n'est pas sur un acte de foi, mais par la raison objective. Expliquer les choses, c'est augmenter la conscience avec laquelle on agit. Le processus de guérison ne s'opère pas en-dehors de la participation intellectuelle du patient qui est en droit de recevoir une succincte explication du diagnostic. La toute puissance du docteur silencieux face au patient maintenu dans un non-dit favorise-t-elle la résorption du traumatisme ? Le processus de guérison passe aussi — et surtout — par la parole explicative qui touche la conscience du premier concerné qu'est le patient lui-même.

Que faire ? Le docteur D. me répond : « il faut supporter, être patient. On ne peut pas vous plâtrer les côtes… Vérifier qu'il n'y a pas d'autre casse, cela se verra dans les urines. Porter un bandage ou des straps. Prendre les antalgiques… »


Une heure à peine s'était écoulée depuis ma déconvenue

J'ai pris conscience de la chance dont j'ai bénéficié, d'être immédiatement reçu en consultation en première instance par un médecin débordé (je vis dans ce que l'on appelle un « désert médical ») et de recevoir l'expertise d'un second docteur, placé sur ma route alors que je n'en espérais pas autant. J'en ai déduit que j'étais sous la bonne étoile. Je voyais bien qu'une « grâce » toute spéciale m'entourait. Il y avait là un message à entendre, à comprendre. Ne pas en rester à l'affaire de la « côte cassée », anatomie en détresse, mais soutenir la médication par un acte de conscience par quoi je toucherais au sens de l'événement.

— Etais-je tombé par hasard ?

— L'ampoule éteinte… Durée de vie terminée… Cycle achevé… 

— Extinction de la lumière…

— Mon échelle, en hébreu Soulam, valeur numérique 130, la même que le mot Sinaï.

En la regardant de près, après la chute, je remarque qu'un des pieds de l'échelle pourtant en aluminium, s'était littéralement déchiré. Une échelle boiteuse… A l'image de l'ancien cycle civilisateur qui se termine… sur une actualité de violence ? Car sur un plan de cohérence, ce qui m'arrive à titre personnel n'est pas détaché de ce qui se passe dans le monde. Ce monde, j'y participe, j'en reçois et subis les conditionnements, n'étant pas sur une île à l'abri de tout. Cette guerre en Ukraine perturbe l'ordre du monde, quantité d'esprits s'en trouvent affectés, sans même se trouver directement exposés au conflit. Certains esprits chavirent, sombrent dans la folie, dans la violence, étant sous l'emprise d'une inversion négatrice. Les crimes, meurtres, attaques sanguinaires découlent à mon sens de la puissance inversante qui transforme le message originel de vie et d'amour en une charge négatrice qui s'augmente de manière entropique à mesure que le cycle progresse vers sa propre fin.


A en croire les signes, un remarquable renouveau est en cours

Les quatre enfants perdus dans la forêt amazonienne de Colombie ont survécu après le crash de leur avion, ils ont été retrouvés. Les quatre enfants gravement blessés par couteau à Annecy, sont hors de danger. Ces deux événements ont été relayés par les médias qui ont senti la pression de l'Invisible mettant en avant le message de la salvation. Les secours ont été efficaces, La nouvelle génération est sauvée. Mais elle ne fonctionnera certainement pas comme l'ancienne dont nous savons combien elle tire ses prospectives de la lecture linéaire ce qu'elle sait (ou croit savoir) déjà. La nouvelle génération, échappée de la jungle — la jungle sociale et ses critères darwiniens obsolètes et faux — sera instruite de la Connaissance et n'ignorera rien du Code de la la Vie. Elle provoque certes la folie meurtrière des adeptes d'Amaleq mais elle sera protégée par une main puissante à l'ombre de laquelle la vérité s'enseignera.

Le vieux système, nous en garderons ce qui sera jugé valable ; l'inutile, le faux finissant par de discréditer lui-même et s'anéantir. L'ancienne échelle des valeurs productivistes, idéologiquement marquée par l'idée du « messianisme matérialiste » est bonne pour la casse. Cette loupiote n'est pas « sauvable ». Il fallait — il faut — d'urgence visser la nouvelle ampoule « LED », entendre ici : « l'Aide », garantie 10 ans super-lumineux.


La réparation est en cours

Le soir, même mon ami Olivier est venu. Il a compris que ce signe dépasse l'anecdote personnelle : il fallait prendre quelque initiative Se débarrasser au plus vite des vestiges de l'échelle cassée, et au moyen d'une autre échelle, plus stable et plus haute, changer l'ampoule réelle devenue symbole d'une situation. Nouvelle échelle, nouvelle ampoule, nouvelle lumière… En un moment : réaliser ce que la tradition appelle le « tikoun », la réparation, la restauration du vase brisé dont parle si bien Louriah.

La réparation s'opère juste avant l'entrée du nouveau cycle historique. Comment ?

Par le travail des initiés qui résorbent la fracture. Mais aussi par l' « aide » extérieure d'alliés venus en renfort. Je me suis aperçu — faut-il le sentir dans son corps pour le saisir vraiment ? — que la participation effective des personnes est indispensable à toute réfection. C'est avec enthousiasme que les aides se manifestent, dès lors qu'elles se sentent informées, impliquées dans quelque chose de nouveau, de plus grand. Si les politiques déçoivent tellement, n'est-ce pas en raison de leur stagnation sur des critères surannés et du rétrécissement spirituel qu'elles pratiquent ? Nous attendrons longtemps avant que quelque lumière vienne de ce secteur de la pensée.

J'avais certes l'ampoule neuve. Mais c'est une aide extérieure qui est venue la visser.

L'ancienne échelle est à la casse. Un nouvel outil désormais se propose, c'est la Connaissance expliquée, actualisée, où les symboles, ayant donné toute leur lumière, se voient remplacés par la claire compréhension de leur message. « L'aide » éclairante du Code — le Code de l'Alphabet — est mise en place par une nouvelle échelle et l'intervention des secours. Jacob n'est plus seul dans sa lutte, il se voit secondé par l'appui de tous ceux qui ont été instruits de la Connaissance. Nous en sommes.

On en peut déduire que le personnage biblique, fondateur de la longue généalogie de prophètes, bénéficie désormais d'une réparation : sa hanche, abîmée lors du combat avec l'Ange (Genèse 32-25) a été réparée par la chirurgie équilibrante unissant sciences et connaissance. Aujourd'hui, le « Boiteux biblique » recouvre sa pleine capacité ambulatoire, la science est intervenue, remettant la hanche blessée en place ou lui substituant une prothèse efficace. En cela, je reconnais l'intervention de « l'autre », en interaction avec l'initiative initiatique où le « Ma » vient soutenir le « Mi », selon le lexique des kabbalistes. Rencontre et union des contraires, parfaitement réalisée… dans ce livre dont on me reproche de trop parler. Mais allons plus loin.


Ouverture des temps nouveaux !

J'étais dans la même situation que Sancho Panza : « quoiqu'il fît tout ce qu'il put pour dormir, la douleur de ses côtes l'en tenait empêché, et quant à Don Quichotte, avec la douleur des siennes, il avait les yeux ouverts comme un lièvre. » (Don Quichotte, chapitre XVI, vol. I) Le médecin, par chance, m'avait prescrit un antalgique. Que j'ai pris. La douleur s'est en effet calmée. Cependant, trois jours plus tard, ventre gonflé et constipation sévère. Contraction intestinale hyper-douloureuse dont je passe la description. A la pharmacie on m'informe que cela vient… du remède dont c'est un effet secondaire notoire. — Bon sang me dis-je, pourquoi le toubib me prescrit-il ce remède sans m'avertir de cet effet ? A moins qu'il l'ignore ? Le pharmacien me dit : — la prochaine fois qu'il vous ordonne du paracétamol/codéine, il faut lui demander de prévoir un accompagnement avec Macrogol 4000 à prendre immédiatement…

Autrement dit, c'est à moi de dire au docteur ce qu'il me faut comme remède ? Peut-être fallait-il en effet me prescrire à moi-même la fameuse liqueur de Fierrabras, remède universel concocté par Don Quichotte ? Lui aussi, souffre régulièrement des côtes, suite à ses chutes et des coups qu'il reçoit.

Eh oui, c'est à l'humanité de dire ce dont elle a besoin, et pour le savoir, elle doit elle-même s'instruire en lisant elle-même la fameuse « notice avant de prendre ce remède ». « N'attends pas tout du thérapeute et prends en charge ta part », me dis-je, « ne renonce pas à t'informer auprès de ceux qui pourraient en savoir davantage. »


Ouf, le bouchon s'est débloqué non sans l'usage de la pipette Microlax au sorbitol, citrate et laurilsulfoacetate de sodium, à effet pour le moins « spectaculaire », dirais-je pour imiter le langage d'une autorité, le docteur François Rabelais (mon médecin traitant). Quel soulagement !

J'en ai déduit que les obstacles sont levés, dissous. Aucun barrage ne s'interposera plus dans l'écoulement naturel de la Connaissance bien comprise et bien… digérée. Plus de rétention, plus de durcissement, de contractions douloureuses, le nouveau cycle bénéficiera d'une libération de toutes les voies. On me répondra que j'exploite là un terrain physiologique peu ragoûtant pour en faire une lecture de signes : l'invisible n'a pas peur des mots, il n'a aucune pruderie. Pour lui, tout ce qui existe est vrai. Et concernant le corps, ce dernier est à lui-même un terrain sur quoi s'écrivent les messages, il est ce par quoi nous sommes dans le monde réel, aussi mérite-t-il la plus grande attention.

Le même jour, je reçois un coup de téléphone de l'imprimeur Hérault, basé à L'Aigle, qui m'informe que le livre « Inédits 2. » de Dominique Aubier vient tout juste d'être imprimé et qu'il me sera livré pour le 18 juin. Une date mémorielle d'appel à une délivrance.


A la série d'interventions secourables dont j'ai bénéficié pendant ces jours difficiles, je salue la présence de l'ami Philippe qui s'est proposé de faire mes courses, celle de Chantal qui m'a donné de judicieux conseils pour accompagner la thérapie et bien d'autres bons soutiens. J'en ai déduit que de puissants secours sont à l'œuvre ; les secours et appuis, spontanément présents, chacun dans son style, c'est vous-même, ami(e)s lectrices et lecteurs qui participez à l'aventure initiatique en soutenant le projet éditorial que je maintiens « quoi qu'il en coûte ».

 

(Suite de cet article ici)



Au programme :

le tome 2 de la série « Inédits », disponible à partir du 18 juin 2023;

— le tome 3 est en cours de préparation, car j'ai retrouvé le manuscrit original, une superbe étude de la crise, sa raison d'être, et comment en sortir ;

— « La quichottisation d'une existence » un inédit de Dominique Aubier… peut-être le dernier ? 


A cela s'ajoute une série sur Don Quichotte, que j'écris, dans les pas du Maître, en plusieurs volumes…

Avec votre aide ce programme éditorial pourra se réaliser.