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lundi 30 juin 2025

Appel au Principe du langage. Réponse au philosophe Jacques Derrida.

Appel au Principe du langage

(réponse à Jacques Derrida)

par Dominique Blumenstihl-Roth


« Je n'ai qu'une langue, et ce n'est pas la mienne » écrivait le philosophe Jacques Derrida. Fine perception du penseur de sentir vibrer en soi une parole, une langue à laquelle il n'accéderait pas, qui ne serait pas la sienne, et dont il ressent l'exil.

Quelle est cette langue, qui lui est unique et cependant ne lui appartient pas ? Langue de synthèse de toutes les langues, qui ne serait à personne, précisément parce qu'elle est à tous, une langue disant le vrai par le vrai, non seulement au moyen de sa parole énoncée, mais également de son écriture, de ses mots, et donc de ses lettres.


1. Une langue de l'exil

Quelle langue, parmi toutes celles qui sont parlées, satisferait à cette exigence par quoi tout serait dit au travers de son énoncé et de sa représentation sonore et physique par l'écrit ? Non qu'il y ait concurrence entre les langues — chacune s'exprime par ses propres moyens — et nul besoin de les critiquer ni les comparer l'une à l'autre, car comme l'écrit Cervantès dans Don Quichotte (chap. 1, tome II) : « les comparaisons de noblesse à noblesse sont toujours odieuses et mal reçues ». Il n'en est pas moins nécessaire de rechercher cette « métalangue » qui fut celle, secrète, inconnue peut-être par lui-même, que Jacques Derrida, ressentit en lui, comme une habitante son esprit, au point qu'il avait le sentiment de son étrangeté. Une langue en exil qui cependant ne cesse d'envoyer ses messages au récipiendaire qui en reçoit les impulsions, selon la finesse de ses propres capacités perceptionnelles.


2. Neurologie et langage

La neurologie, dans cette enquête, a son mot à dire, science qui explore physiologiquement le domaine cortical où s'inscrit la capacité langagière de l'humanité. Il existe au moins deux « aires du langage », identifiées depuis plus d'un siècle et demi par les scientifiques, qui leur ont donné leurs noms. L'aire de Broca (Paul Broca l'identifia le 18 avril 1861) et l'aire de Wernicke sont connues de tous les physiologistes. A chacune sa particularité : l'aire de Broca est propre à l'humanité : « elle n'existe pas dans la série animale. A peine en trouve-t-on, quelques indications dans le cerveau jeune de l'orang-outang », précise l'expert Constantin Von Economo (L'architecture cellulaire normale, éd. Masson et Cie, Paris 1927, p. 64, cité in La Face cachée du Cerveau, D. Aubier vol. I, p. 130, éd. M.L.L. 2011). Elle permet l'articulation et la prononciation des mots, tandis que l'aire de Wernicke autorise l'accès au sens. Les travaux du prof. Sperry sont formels à ce sujet, la personne dont l'aire de Broca est détruite (notamment suite à un traumatisme brutal) n'accède plus à la parole et celle dont l'aire de Wernicke est atteinte peut certes parler mais ne tiendra qu'un discours incohérent, insensé. (cf : Dr. John C. Eccles, Evolution du cerveau et création de la conscience, éd. Fayard Paris 1992.)

Une troisième aire du langage a été repérée par les chercheurs, (Prof. Antonio Damasio) dans une sorte de « cerveau caché » dans l'aire somatosensorielle qui recevrait les impulsions d'un verbe « venant de plus loin » et que nos langues vernaculaires retraduiraient pour l'usage pratique. Nous serions tous au moins bilingues, dotés d'une langue qui est nôtre, que nous apprenons, qui nous lie socialement à nos cultures locales, tandis qu'une métalangue universelle instille dans nos appareils cérébraux une pensée profonde, qui n'est pas la nôtre, qui nous traverse, nous fait penser, et que la folie humaine tantôt accepte, rejette, voire inverse. La langue dont le philosophe sait la présence, et dont il ressent l'absence est cette lingua en exil après laquelle soupirent les mystiques. Les écrivains ne sont pas en reste, percevant l'appel de ce « verbe », le poète Arthur Rimbaud (1854-1891) en a décrit la subtile perception — « Je est un Autre » — dans sa « Saison en Enfer ».


3. Ressource poétique du langage

Célèbres lignes du Poète : « il épuise en lui tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, — et le suprême Savant ! — Car il arrive à l'inconnu ! Puisqu'il a cultivé son âme, déjà riche, plus qu'aucun ! Il arrive à l'inconnu, et quand, affolé, il finirait par perdre l'intelligence de ses visions, il les a vues… »

Le poète est donc spécialement investi pour voir la trame secrète des choses. C'est sa fonction même, en tant qu'expert du langage, que donner à voir tout ce que lui-même a pu voir. Rimbaud précise la responsabilité poétique d'assumer cette vision et pose l'existence d'un « là-bas », source non seulement de l'inspiration mais dispensateur du Verbe avec qui le poète passe contrat. Comment restituer ce qu'il ramène de « là-bas » ? En quels termes témoigner de ce qu'il a vu, lors de son voyage dans les profondeurs de l'être ? En quelle langue s'exprimer ? « Trouver une langue… » menant l'humain à une haute civilisation. Il écrit une Alchimie du Verbe où les lettres racontent l'histoire du monde : « Je croyais à tous les enchantements. J'inventais la couleur des voyelles ! — A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. — Je réglais la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rythmes instinctifs, je me flattais d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens. Je réservais la traduction. »

L'appel — le défi — a été lancé, appel à cette langue qui sera « l'âme pour l'âme, le poète définirait la quantité d'inconnu s'éveillant en son temps dans l'âme universelle : il ne donnera plus — que la formule de sa pensée, que la notation de sa marche au Progrès ! Enormité devenant norme, absorbée par tous, il serait vraiment un multiplicateur de progrès ! » Tragique destin d'être celui qui sait déjà tout, mais qui ne dispose pas du langage explicatif mais seulement métaphorique pour le dire… à un peuple — son élite — qui ne veut rien entendre. Le progrès auquel appelle le poète, c'est celui de la montée en esprit, tout à l'opposé de cette macération dans la concrétude propre à notre siècle de fer. Le poète la rejette. Il est tenu de fuir le lieu de l'oppression, partir, « devenir féroce » pour venger la poésie trahie. Cette langue que « l'homme aux semelles de vent » a entendue a fait de lui un rebelle, un exilé en Aden. Il en a vécu jusque dans sa chair l'ablation, par une société qui refuse de l'entendre. Il a métabolisé, en développant une gangrène fatale, le bannissement de ce verbe inconnu mais si bien ressenti par le philosophe. Destin du Poète, non seulement de déplorer avec le philosophe l'absence d'une langue — « et ce n'est pas la mienne » —, mais de faire en sorte qu'elle le devienne. Rimbaud en a payé le prix. Il avait compris combien le Temps exige la poussée en avant vers plus de lumière : « La Poésie ne rythmera plus l'action ; elle sera en avant… » Magnifique pressentiment. La poésie s'avançant vers son propre sacrifice, se donnant à ce qui la surplombe : la Connaissance de cette langue parlée par la Nature, par le Réel dont le poète, de longtemps avait l'intuition. C'est cela, « la pensée accrochant la pensée et tirant ».


4. Appel au vrai langage du vrai

Le poète a fait son travail, mais combien de temps encore l'humanité persévérera-t-elle dans ses étroitesses intellectuelles, à l'écart de la grande communion universelle par l'intelligence ? La science, par sa méthode analytique, parviendra-t-elle jamais à expliquer cette grammaire du réel, que le poète, déjà, avait attrapée au vol ?

La quête philosophique, quant à elle, avec le soutien de la science neurologique, et sans se séparer de la richesse des perceptions artistiques — écrivains, poètes — et du savoir inestimable de la pensée non linéaire et non inféodée au cartésianisme, réussira-t-elle à identifier cette « autre langue » que nul ne veut entendre ? Cette langue par quoi la raison se donne et offre l'intelligibilité du monde, y accéderons-nous ? Le célèbre CaballeroDon Quichotte, chapitre 2, tome II, qui ne doute jamais de lui — en appelle aux « ponctuelles exigences de la vérité » et précise (chapitre 19, tome II) que « les lumières sont la vraie grammaire du bon langage ». Etait-il tellement fou de croire que « Le temps viendra où nous pourrons peser la chose et la mettre à son vrai point » ? Peut-être la vérité s'écrit-elle justement là, dans la narration traduite dans toutes les langues du monde, d'un « fou » (qui ne l'est pas tant que cela) dont le vrai langage nous échappe ?


Ce texte sera publié dans un prochain ouvrage en cours de préparation.


Bibliographie

Constantin Von Economo (L'architecture cellulaire normale, éd. Masson et Cie, 1927.

Dominique Aubier, — La Face cachée du Cerveau, éd. Jean Séveyrat 1989, Dervy, 1992, M.L.L. 2011. — Le Principe du Langage, ou l'Alphabet hébraïque, éd. Mont-Blanc /M.L.L. 2012.

Dr. John C. Eccles, Evolution du cerveau et création de la conscience, éd. Fayard Paris 1992.

Antonio Damasio, Spinoza avait raison, éd. Odile Jacob, 2003 ; L'erreur de Descartes, éd. Odile Jacob, 1995.

Claude Edmonde-Magny, Arthur Rimbaud, Collection Poètes d'aujourd'hui, éd. Seghers,1949.

Cervantès, Don Quichotte, trad. César Oudin, éd. de la Pléiade, 1949 ; trad. Louis Viardot, éd. Garnier, 1989.
Dominique Blumenstihl-Roth, Exégèse de Don Quichotte, tome I : Don Quichotte, la Barque enchantée, éd. M.L.L., 2024 ; tome 2 : DulZinea, éd. M.L.L. 2025.

samedi 7 juin 2025

Voici un livre pour les vrais amis de Don Quichotte. Le secret de Dulcinée…

 Pour les vrais amis de Don Quichotte

 


 


Après Don Quichotte, la Barque enchantée,
voici le second volume de la série consacrée à Don Quichotte:

DULZINEA
ISBN : 9782916619194
volume 2 dans la série 

Nouvelles exégèses de Don Quichotte

vol II : DulZinea
ISBN : 9782916619194
vol I : La Barque enchantée
ISBN : 9782916619187


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jeudi 1 mai 2025

Don Quichotte et Dulcinée. Nouvelles exégèses de Don Quichotte, volume 2 : DULZINEA

Nouvelles exégèses de Don Quichotte
par Dominique Blumenstihl-Roth
Tome II

 En hommage à Dominique Aubier

 

Volume 2 des Nouvelles Exégèses
Don Quichotte voit en elle la dame souveraine de ses pensées. « Sa qualité ? Au moins princesse, puisqu'elle est ma reine et ma dame. » Mais qui est donc cette fameuse Dulcinée, de son vrai nom Aldonza Lorenzo Nogales ? Originaire du Toboso, petit village de la Mancha mondialement célèbre par l'éternel ouvrage de Cervantès, Dulcinée inspire et guide Don Quichotte en tout moment et tout lieu. Il ne la rencontre jamais, il est cependant prêt à tout pour elle, « hasta la muerte ».

DulZinea del Toboso — « en beauté nulle ne l'égale » — incarne la figure de la Grâce accompagnant Don Quichotte tout au long de ses aventures. Ne tolérant aucune mise en cause de sa lumière, il voit en elle l'image de la Chékinah, abstraction métaphysique non moins réaliste quand elle revêt la forme de cette modeste fermière pour qui le Caballero engagera tous ses combats : elle est la garante de sa généreuse implication dans le monde et de son intransigeante éthique. A travers Dulcinée, Don Quichotte pose une parole d'amour puissante et de justice dont la prophétie s'épand sur chaque lectrice et lecteur qui, à son tour, par son acte de lecture, intègre et relance l'engagement quichottien.

DulZinea et le deuxième volume de la série des Nouvelles exégèses de Don Quichotte. Cette série en six volumes, appuyés sur les originaux de 1605, 1608, 1615, explore le symbolisme et le codage hébreu et araméen du grand chef-d'œuvre cervantien. Un voyage au cœur du secret dulcinéen de Don Quichotte.


Nouvelles exégèses de Don Quichotte

par Dominique Blumenstihl-Roth, éditions M.L.L. La Bouche du Pel 

« Dans les pas du Maître »


Tome II : DulZinea

Tome I : La Barque enchantée

 



 

 Nouvelles exégèses de Don Quichotte, éditions M.L.L. La Bouche du Pel

Vol I : Dulzinea, 352 pages, format 14,8x21cm

Vol 2 : La Barque enchantée, 408 pages, format 14,8x21cm

jeudi 24 avril 2025

Don Quichotte, la méthode et le Code. Seulement pour les vrais amis de Don Quichotte

Don Quichotte, DulZinea, et le Code

par D. Blumenstihl-Roth

 

Dans la série Nouvelles exégèse de Don Quichotte, le tome II :  

 

 


 

1. Dulcinée est-elle le fétiche sexuel de Don Quichotte ?

Un psychanalyste de mes amis a émis cette idée. Dulcinée du Toboso serait le fruit du fétichisme cervantien qui idéaliserait une féminité dont il n'ose s'approcher, tant il redoute de voir son vrai visage. Cette thèse plus ou moins freudienne repose sur une lecture psychologique qui réduit la relation entre le héros et Dulcinée à un complexe dont j'ignore le nom, où le désir entravé d'un puceau fantasmagorise une femme laide pour l'élever en idole. J'ai dit au thérapeute que sa lecture est scientifico-suffisante qui vise à nier le rapport de l'être avec le concept de la Chékinah et qu'à mon sens, la sublimation quichottienne de Dulcinée ne s'explique et ne se justifie que par son rapport au sacré. C'est pourquoi Don Quichotte est dispensé d'une séance sur le divan.

Mademoiselle Aldonza Lorenzo (le vrai nom de Dulcinée) native du Toboso, n'est pas un fétiche : elle n'a pas son pareil pour « saler le cochon », et pour ce qui est de sa poitrine, qui n'est visiblement pas un fantasme, Sancho en est émerveillé. Elle crible le blé, monte à dos d'âne, et sait remettre les audacieux à leur place. Don Quichotte voit en elle une haute figure transcendée : elle incarne à ses yeux la grâce qui accompagne l'homme en toute circonstance. Elle est la Chékinah, selon la description même qu'en donne le Zohar et sans que nous l'ayons vue, elle devient nôtre. Nous acceptons volontiers « qu'il faut confesser, sans l'avoir vue », que « sa qualité est au moins celle de princesse puisqu'elle est ma reine et ma dame et ses charmes, surhumains, car en elle viennent se réaliser et se réunir tous les chimériques attributs de la beauté que les poètes donnent à leurs maîtresses… »

 

2. Mystères de l'amour !

— Aimez-vous ? demande Éone dans Phèdre.

Rude pièce de Racine qui laisse entrevoir les « fureurs de l'amour », mais aussi sa grâce. Don Quichotte ne connaît pas « Vénus et ses feux redoutables », mais lui aussi bâtit un temple pour cet amour et prend soin de l'orner. Si Phèdre nourrit un amour passionnel qu'elle croit coupable, désirant mourir d'un excès d'amour, Don Quichotte, quant à lui, s'adonne sans complexe à Dulcinée dans la chasteté la plus… téméraire, l'amenant à défier quiconque ne serait pas de son avis pour ce qui concerne l'adoration de sa dame de cœur. 

Si le lecteur admet que Dulcinée soit le comble de la perfection, il se demandera cependant comment le chevalier va s'y prendre pour vivre cette passion : non pas en mourir ou s'en culpabiliser, mais convaincre ses interlocuteurs parfois férocement opposés à sa thèse.


3. Préférer DulZinea

Nous trouvons Don Quichotte attachant, sympathique, exemplaire : plutôt vertueux, parfois assommant, mais toujours chaleureux. Et souvent, nous voudrions l'aider, car ayant lu le texte, nous en connaissons l'intrigue avant le personnage. Nous voudrions l'avertir, mais lui, mieux que nous, connaît le codage dont il est… la marionnette. Nous voudrions l'aider à persuader les récalcitrants, qui encore aujourd'hui s'adonnent à Cassilda de Vandalie. Que ne préfèrent-ils Dulcinée, figure éternelle ayant éclaté la limite du roman où elle voit le jour. Elle n'est pas une image de « l'éternel féminin ». Elle est ce féminin, qui n'a pas besoin que l'on précise son éternité, s'agissant du concept de la grâce providentielle, accompagnatrice et partenaire en tout lieu et tout instant de l'être en voyage sur terre. Chékinah, du verbe Chakan, demeurer. Elle reste, demeure, ne quitte jamais, car elle est ce qui survit. Elle est le cœur palpitant de Durandart, qui continue de battre dans la caverne de Montésinos, elle est ce qui persiste, dans l'attente de la fin de l'exil — fin du désenchantement avant montée en lumière. Elle est ce que le kabbaliste appelle « le siège du monde de l'Emanation », ce sur quoi l'Emanation se pose avant de se répandre. Elle est ce à quoi « il convient de s'unir » précise le Zohar.


4. La Chékinah demeure

La Chekinah accompagne Don Quichotte, par-delà le roman dont ils s'échappent tous deux, et de cette escapade, hors des murs littéraires, ils entrent dans le domaine de la substance sacrée ; ils en deviennent intemporels par leur entrée au cœur de nos cellules cérébrales, au cœur de nos cœurs qui se reconnaissent en eux. Ainsi se construit le lien entre l'écrit et son inscription dans le vécu, dans le temps et l'avenir. Don Quichotte et Dulcinée sont éternellement devant nous : non pas souvenirs de lecture, mais point d'énergie émané du futur et nous tirant vers lui. La Chékinah non seulement demeure, mais conditionne le temps et l'incurve sous la tension de sa Présence. Elle soumet le présent à l'à-venir. Le non-encore vécu, déjà écrit, garantit son éternité.

Le géant Malambruno s'y oppose ? Nous n'avons que faire des Caraculiambros et autres géants de notre temps qui ne peuvent supporter la prééminence de cette beauté. Il leur importe d'imposer leur emprise et nous conditionner à l'asservissement : nous mettre en cage, obtenir notre assentiment, afin que docilement, ils puissent nous reconduire dans le cachot que nous n'aurions jamais dû quitter. Nous y sommes tellement bien installés, entourés des milliers de livres qui ne se parcourent qu'à demi et jamais deux fois. Mais Don Quichotte veille au grain, il brave l'autorité de l'obscur. Il remporte la victoire. Grâce à lui, Dorothée — la princesse Micomicona — recouvre son royaume, et nous à travers elle. Elle nous promet une génération (Doro) dotée de l'information (Mi) garantissant l'intégrité du trône (cona). Don Quichotte est le héros de cette intégrité.
 
 
 
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jeudi 17 avril 2025

Réponse à Reltih. La mission spirituelle du judaïsme. Un livre de Dominique Aubier

 
Ce livre de Dominique Aubier présente une remarquable étude de la mission spirituelle du judaïsme en réponse à l'antisémitisme. Il montre en quoi le nazisme a échoué et ne saurait jamais réussir, aussi longtemps que l'affirmation sinaïtique assumera l'Alliance et qu'il se trouvera des personnes qui en assument la perpétuation.

En effet, à l'opposé de la tentative d'extermination des Nazis, se dresse l'Alliance, le contrat intime et privilégié que le Créateur a établi entre Lui et l'Humanité tout entière, contrat confirmé par Moïse au Sinaï et par Esther, dans des circonstances annonciatrices de la Shoa.

Ce livre aborde également le sujet des séphiroth. La mise au point que présente cet ouvrage établit les corrélations anatomiques et physiologique des séphiroth. L'enquête est fondée sur le Sefer Yetsirah dont l'autrice sonde le codage. Rédigé pendant ses années d'exil en Espagne, ce livre incontournable vaut, depuis sa première édition, à Dominique Aubier, le respect des meilleurs Talmudistes. Un livre de référence.

Livre typographié. Façonné en cahiers cousus. Par respect du Livre, objet de culture et de civilisation.
 

lundi 7 avril 2025

Appel à investir dans l'armement (initiatique)

Appel à investir dans l'armement (initiatique)
par D. Blumenstihl-Roth

Le Président de la République vient de lancer un appel à soutenir une économie de la défense. Renforcer le financement de l'armement. Produire plus de « Rafales », plus de missiles « Mistral », chars AMX et autres « Césars », obus et accessoires afin de prévenir un conflit ou dissuader qui voudrait nous menacer. J'ignore si de son côté le Président russe se laisse impressionner, toujours est-il que le Ministre du Budget pense ouvrir à ce propos un « plan d'épargne défense » auquel chacune et chacun pourrait souscrire. « Un bon placement » assure-t-il, sans préciser quel en serait le taux d'intérêt.

J'approuve cet appel « aux armes ».
Mais laissons à César ce qui est à César, laissons-lui les obus de 115 millimètres à ogives de titane, je parle ici des « armes » tel que l'entend le prophète Isaïe, chapitre 52, versets 11 et 12: « Vous qui portez les armes de l'Eternel… » Les armes dont il est question, ce sont celles de la Connaissance, dont la portée est bien supérieure à tous les missiles intercontinentaux, et autrement plus efficaces puisqu'il s'agit du Code des archétypes et des Lettres de l'Alphabet sinaïtique.
Les kabbalistes disposent de la « cuirasse ». Non pas celle dont s'orne le fameux char « Abraham » de l'armée américaine, mais celle qui protège tout esprit décidant de s'instruire des « armes » initiatiques. Le blindage est autrement plus solide. Isaïe appelle en hébreu « keli » les principes systémiques et structuraux du réel. Les « armes de l'Eternel », dans son langage, ce sont les règles de pensée, les principes de l'herméneutique dont est porteuse l'élite initiée au Code.

Au chapitre 52 de sa prophétie, Isaïe invite ses contemporains, (mais aussi le lecteur intemporel de son texte) à refuser les modalités de la pensée linéaire, les habitudes et réflexes psychologiques qui façonnent nos manières d'être et de miser sur un « armement » intellectuel supérieur, libérant l'esprit de toute emprise.
Don Quichotte s'inspire de ces versets bibliques quand, tout au début de ses aventures, il décide de nettoyer les « armes » de ses ancêtres qu'il a retrouvées. Il en ôte la rouille et leur redonne leur éclat d'origine. L'épée retrouve, entre ses mains, la puissance rénovée de son symbole : elle est le symbole du verbe au service de la vérité. Et c'est ce verbe, épuré de toute oxydation, qui est chargé d'imposer par sa propre force un langage non-équivoque, en toute droiture d'esprit. Une denrée rares dans les milieux « diplomatiques ». Fin des marchandages, fin des dialectiques infinies, fin des surenchères : les « armes de l'Eternel » exigent le recours et le retour de la parole vraie. Cette Parole finit par s'imposer.

En hébreu, « armes de l'Eternel » s'écrivent :

כ ל י   י ה ו ה       

Pour le mot Keli, le sens de « vases sacrés » est également admis (indiqué à la note 147, page 723 de la Bible bilingue éditée sous la direction du rabbin Zadock Kahn.) Le véritable armement dont nous aurions besoin se trouverait donc dans ces vases : image du Graal, vase sacré contenant tous les principes de l'herméneutique.
Etudions le mot Keli (Caf, Lamed, Yod). Son instruction se trouve dans les lettres qui le composent. Leur poudre est pour le moins détonante.

 

— « Caph désigne la seconde instance d'un cycle, celle que j'appelle BOP. On y voit l'énergie monter de la première instance Bip et inscrire son signe, le point, au centre de son creux ventral. Cela veut dire qu'une première phase d'intelligibilité a déjà été vécue quand Isaïe parle. Le prophète s'appuie sur cet acquis, produit désormais assimilable. Le savoir du passé pénètre dans la période qui s'ouvre et y devient actif. 

— « Lamed signifie enseignement. Un certain savoir monte du passé, qui peut désormais être enseigné. Les critères divins sont devenus objets de pédagogie. Indication donnée par le mot à deux lettres qu'écrivent un instant Caph et Lamed : tout, au sens entier, intégralement. Il suffit d'en prononcer la syllabe pour que l'idée de totalité apparaisse, s'appliquant au mot dont elle est partie, Keli. 

 

— « Yod symbolise l'énergie porteuse des acquis instructifs drainés depuis la phase Bip, prête à conduire l'action dans l'instance qui s'ouvre. »

Ces explications sont extraites du livre Don Quichotte, la Révélation messianique de la Bible et de la Vie, pages 47 et 48 de Dominique Aubier. 
L'experte de l'hébreu scripturaire explique que dans le mot Keli, « un passé instructif est mis en cause. Un avenir réflexif est prévu. Le temps d'un cycle complet est donc assigné à la perception des Keli, armes, ou vases sacrés […] La première moitié a été vécue quand Isaïe parle, augurant la suivante. Le prophète incite le peuple exilé à Babylone à se souvenir de son passé, à renouer avec l'expérience qu'il a déjà eue des outils intellectuels d'origine divine. Le prophète conseille de s'en réapproprier les données et de fuir les modalités de pensée qui ont cours à Babylone. »

Cet « appel aux armes » lancé par le chef d'Etat pour une « économie de la Défense » mérite d'être entendu et surtout reversé puissamment du côté du sacré. Cet appel, je l'entends comme une suggestion prophétique (dont il n'a aucune idée) s'adressant à notre Nation et son peuple dont la mission est de « briquer » les armes de la Connaissance, et de les faire connaître. Que la France, en effet, s'approprie les données de l'herméneutique, celles que Don Quichotte défend inlassablement, et qu'elle fuie la culture ultra-matérialiste qui tente de s'imposer en culte idolâtrique. Construisons-nous un arsenal initiatique puissant — l'arme absolue par la vérité qu'elle implique.

Je propose donc un appel (pacifique, il va sans dire !) à souscription, adressé à toutes les personnes désirant investir dans la construction d'une société initiatiquement dirigée : pour renforcer la défense des valeurs de l'esprit. Bien sûr, chacun est libre d'acheter des « obligations » ou « actions » soutenant l'équipement strictement militaire, pour ce qui me concerne, mon idée consiste à investir dans l'arme supra-atomique de la Connaissance, de la mise au clair du Code des Lois par quoi l'intelligence de l'humanité instruite de vérité ouvrira un cycle civilisateur nouveau.

Nous y travaillons, par les livres, par les films, par ce blog.
Par le fait même d'exister et de persister.
 
 
Livres
 
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dimanche 23 mars 2025

Que ferait Don Quichotte face à M. Trump et M. Poutine ?

Que ferait Don Quichotte face à M. Trump et M. Poutine ?
par D. Blumenstihl-Roth
 
 
Don Quichotte a l'habitude des adversités. Il rencontre plus d'une fois des « géants » et toutes sortes de moulins : à les affronter directement, il se retrouve jeté à terre. Cependant, il remonte toujours en selle (bien courbatu), prêt à contrer tout impertinent qui oserait remettre en cause la suprématie de sa dame de cœur, Dulcinée du Toboso.
S'il avait dû « négocier » avec un Poutine ou un Trump, qu'aurait-il fait ? Il ne s'y serait peut-être pas rendu : affronter le géant sur son terrain est périlleux, et tout torero le sait, qu'en aucun cas il ne doit entrer dans le territoire du « toro », mais au contraire, amener le « toro » vers lui. Cruel combat dans l'arène !
Don Quichotte aurait suivi les signes, quels qu'ils soient : lui disent-ils d'y aller, il s'y rendrait. Lui disent-ils de rester immobile, qu'il resterait sans rien faire et attendrait paisiblement tandis pleuvent les « tweets » colériques.
 
J'imagine Don Quichotte à la Maison Blanche, face à l'irascible Président des Etats-Unis qui ne jure que par le mercantilisme affairiste, idolâtre d'essence hyponeurienne. Je crois que Don Quichotte aurait avant toute chose expliqué qui il est : un « Caballero andante » tenu par une loi rigoureuse, qui l'oblige à promouvoir fermement certaines valeurs éthiques le poussant à mépriser la toute puissance de l'argent. Il en faut, certes, mais c'est son écuyer qui porte les pièces d'or, que lui-même ne touche jamais, étant essentiellement occupé à défendre la justice et proclamer la beauté « insupérable » de Dulcinée, qui n'est autre que la personnification de la grâce divine, la « Chékinah » des hébreux. Que l'Eglise catholique adapte sous l'image de « l'Immaculée Conception ».
Don Quichotte aurait alors, comme à son habitude lors de chaque rencontre, demandé courtoisement d'abord à son interlocuteur de reconnaître la supériorité de Dulcinée : elle est au-delà de tout objet d'adoration. Elle l'emporte sur toutes les impératrices, précise Don Quichotte, et de toute manière, « elle ne supporte aucune comparaison, si ce n'est avec le ciel même. » De plus, il faut l'aimer sans l'avoir vue, et c'est là justement la vraie admiration, que d'accepter la pré-éminence de sa beauté alors qu'elle est invisible. Elle mérite tous les éloges et toutes les reconnaissances du monde, et que M. Trump se garde d'en douter. M. Poutine, quant à lui, sera bien inspiré de s'aligner sur la droiture quichottienne s'il ne veut que sa tête ne soit fendue en deux par le « Caballero ».
 
— Allons, messieurs, dirait alors Don Quichotte, admettez que Dulzinea del Toboso (la douce lumière de la vérité) l'emporte ! Cessez vos lamentables pitreries qui ne causent que désastre sur terre ! Et sous l'égide de Dulcinée (« cette très haute dame ») engagez une discussion courtoise avec M. Zelinsky, qui de son côté, ne manquera pas de plier genoux devant la dame du Toboso. Car s'incliner devant la Chékinah, c'est lui rendre grâce.
Et attention, M. Trump, face à Don Quichotte, aucune vulgarité n'est admise ! La soumission à vos idoles est bannie. Vous n'aurez pas gain de cause parce que vous n'êtes pas le plus fort. La véritable force, c'est celle de l'esprit. Et vous, M. Poutine, cessez donc cet enfantillage de rêver à regagner un empire mesuré en kilomètres carrés de surface et de morts, passez des Nuits blanches, comme l'a fait Dostoïevski, plutôt à lire Don Quichotte (en russe) et devenez un de ses écuyers ! (C'est bien plus difficile que d'envoyer des missiles sur les hôpitaux et les écoles d'Ukraine).
Don Quichotte vous donnerait, à tous deux, une leçon de courtoisie, de savoir-vivre, de respect. Voyez comment Don Quichotte salue la paysanne en laquelle il croit reconnaître Dulcinée (chap. X, vol. II) ! Il ne méprise pas les trois villageoises montées sur leur ânons, il leur parle toujours en son langage châtié : Don Quichotte est le héros de l'anti-trumpisme, et son auberge n'est pas poutinienne.
A ces vulgaires qui se croient les maîtres du monde, nous leur exprimons notre compassion. Et nous, lecteurs de Cervantes, nous nous rangeons du côté de Don Quichotte, héros de l'élégance d'âme, qui jusqu'à son dernier souffle persiste dans sa noble attitude.