Mâle et Femelle furent créés à la fois.
Commentaire de Genèse par Dominique Blumenstihl-Roth
1 De Genèse 1-27 à Genèse 2-21
J'aborde aujourd'hui la thématique Mâle et Femelle furent créés à la fois. C'est dans Genèse (1-27). Allons-y sans préambule. Ou alors lisons ce texte deux fois, de sorte que la première lecture servira de première instance à la seconde que vous ne manquerez pas de faire et ainsi, l'on aura réalisé un élégant Davar Schanoui, c'est-à-dire un « lire deux fois ». Un Redoublement où le « Bip » de la première lecture servira… de préambule.
Mâle et Femelle furent créés à la fois : on remarquera d'emblée qu'à Genèse 1-27, il n'est pas question d'une femme qui serait tirée d'un homme qui la précéderait. Mâle et femelle concerne ici l'humain seul, donc le concept de l'humain, créé à l'image du Créateur, en qui existent « en même temps » mâle et femelle. Droite et Gauche pour l'exprimer en terme de polarisation. « Qui - Sait » et « Qui - Fait » pour le dire en référence au modèle cortical. L'humain est doté — comme le Créateur ?— des deux hémisphères, simultanément, pendant le sixième jour. Je tire l'explication de ce passage du livre La Face cachée du Cerveau.
La fameuse côte d'Adam ne se situe pas Genèse 1-27 ; il n'en sera question qu'à Genèse 2-21, après le repos, après la pause du septième jour, donc dans un second cycle. La dualité intérieure hémisphérique conçue en Genèse 1-27 se reproduit alors à l'extérieur 2-21 et l'on assiste à la projection au-dehors de l'archétype : une femme (la gauche Qui -Fait) s'externalise par la projection de l'information (Qui-Sait) sur l'hémisphère d'En-Face. C'est le processus même de la Création qui est repris ici où le Qui - Sait invisible jette une information qui se métabolise sous l'aspect d'un Qui - Fait devenant l'Univers. Dès lors, le cosmos tout entier serait-il d'essence… féminine ? Et les femmes seraient-elles analogiquement plus particulièrement liées aux forces cosmiques matérialisantes ? Voir l'Ordre Cosmique…
À Genèse 2-21, le « Qui - Fait » voit le jour suite à ce phénomène qui modélise un être issu de cet Échange latéral symbolisé par le « côté ». Cet être nouveau se nomme Isha, car tiré de Isch (Isch = homme, lui-même étant mâle et femelle). À Noter que cet être ne se nomme pas Ève… qui n'est donc pas, contrairement à ce qu'on imagine « la première femme ». En Genèse 2-21, la création de l'En-Face résulte d'un processus se déroulant dans le temps, pendant le « sommeil » du premier homme. Le temps exprime la mesure de cet échange latéral entre « Qui - Sait » et « Qui - fait ».
Il existe donc une différence entre mâle et femelle furent crées à la fois de Genèse 1-27 et le verset 2-21 où la femme ne semble pas apparaître simultanément, mais après un processus historique impliquant l'homme doté de sa propre dualité interne. Il recherche la présence extérieure conforme au schéma intérieur dont il est le porteur. Entre les deux versets, tout un processus évolutif se déroule sur 26 versets, et sans doute l'Éternel est à l'œuvre dont le nom Yod Hé Vav Hé vaut justement 26. C'est également la valeur numérique du mot « contrat » (Het Vav Zaïn Hé) qui semble s'exécuter entre les deux versets. Je remercie l'Invisible de me l'avoir fait observer en ce 27 janvier 2018.
Le texte mérite d'être scruté : en Genèse 1-27, Gauche et Droite sont conçus à la fois, selon la traduction du Grand Rabbin Zadoc Kahn : c'est-à-dire « en même temps » pour reprendre l'expression qu'affectionne l'actuel Président de la République française, monsieur Emmanuel Macron.
« À la fois » signifie simultanément, sans qu'il n'apparaisse de priorité. Le texte étant linéairement étalé sur la feuille, le rédacteur est obligé d'écrire un mot suivi d'un autre, donnant l'impression que mâle viendrait en premier. Si techniquement la chose était possible, il faudrait écrire simultanément les deux mots, l'un avec la main droite, l'autre avec la gauche, l'un sur et en l'autre, dans un enchevêtrement de lettres. Cela serait peu lisible, mais intelligible. En même temps : « deux informations qui se touchent et se frappent par contiguïté participent de la même évacuation de sens », écrit Dominique Aubier, parlant du « plan de cohérence ». Deux événements se produisant simultanément… ce que l'on appelle « synchronicité ». David Peat a écrit un livre saisissant sur le sujet. En réalité, le mot synchronicité n'est pas tout à fait juste, car il décrit l'observation synchrone de deux phénomènes distincts, ce qui, en soi, est neutre. Alors que l'expression judicieusement choisie par Dominique Aubier « plan de cohérence » induit la notion de plan où s'exprime la cohérence spatiotemporelle des événements liés par le sens.
Si mâle et femelle furent créés sur un plan de cohérence, cela signifie qu'ils sont liés par une vocation commune à l'intérieur d'une unité. C'est l'unité corticale des deux hémisphères à l'intérieur du Cortex : organe mentionné dès le premier verset de la Torah dans le mot Berechit. Je ne reviens pas ici sur l'exégèse de ce mot largement déployée dans l'Ordre cosmique.
À Genèse 2-21, les deux polarités appelées homme et femme, Isch et Ischa, sont dotées chacune d'un corps. Le couple se compose de deux êtres à part entière, unités organiques liées par les échanges latéraux créant l'Histoire. Ici commencent les faits humains, l'existence sociale… et ses complications qui ne tardent pas à survenir par l'apparition, dès le premier mot de Genèse 3-1, d'un troisième protagoniste, s'appelant Nahasch, cherchant à briser l'unité : or « le serpent était rusé… ». Hava (« Ève » ) se profile… Je parlerai de Eve dans un prochain blog et je tenterai d'instruire cette affaire du mystérieux « péché » qu'elle aurait commis et qui lui vaut ce nom. En attendant, je compte…
2 Je compte sur les femmes…
Dans un blog précédent, j'ai parlé du rôle des femmes dans le processus de la Révélation.
Je n'ai pas dit que je comptais sur Hava (Ève)… Mais plutôt sur Ischa, car c'est elle, la vraie première femme et non pas Ève dont le nom n'apparaît qu'après la faute. L'énergie initiale de Ischa, dont le retour devrait marquer l'ouverture du nouveau cycle civilisateur. J'écris dans ce texte que je compte sur les femmes pour faire avancer la vérité vers ses formes résolutoires les plus abouties, donc les plus éclairantes à notre intelligence. Je fais appel aux femmes, mais cela n'élimine en rien les hommes, s'agissant justement de faire appel en eux à la part de féminité fort brimée qui existe en eux à la fois.
J'ai souligné qu'il existait, dans la tradition hébraïque, des femmes qui avaient puissamment travaillé à la transmission du message, et j'ai mentionné Rebecca, puisant l'eau du puits, symbole de la Connaissance qu'elle redistribuait : parfaitement instruite de la teneur de la leçon initiatique, non seulement elle puise l'eau mais la redonne. Elle est donc une enseignante de la leçon abrahamique et n'hésite pas à la partager à qui la demande.
J'ai écrit un livre sur une autre femme remarquable : Esther, dont on connaît le rôle qu'elle a joué dans le sauvetage de son peuple à qui elle a évité l'extermination sous le règne d'Assuérus. Qu'il me soit permis de mentionner ici, dans une autre tradition non moins prestigieuse, une femme qui aura éclairé son temps et emporté l'adhésion politique pour mener un projet salvateur : Jeanne d'Arc, héroïne initiée dont il n'est pas certain que l'on ait pleinement compris la mission intimement liée à la vocation de son pays. L'inspection des historiens a certes sondé les archives mais comme le dit fort à propos le théologien Joseph Ratzinger (Benoît XVI) « les documents ne reflètent la profondeur de la réalité humaine que de façon insuffisante et ils la voilent même très souvent…» (cf Foi chrétienne d'hier et d'aujourd'hui, éd. Cerf, p. 127).
3 Les femmes subissent des discriminations étonnantes.
Tout le monde le sait, tout le monde en parle. Un changement serait-il en cours ? Une mobilisation collective semble commencer à faire infléchir cette coercition opprimant les femmes, mais disparaîtra-t-elle tant que le cycle Hava ne sera pas achevé ?
Cette oppression vise-t-elle à blesser, au-delà des personnes, ce que la féminité représente, à savoir la moitié de l'humanité ? Que cherche-t-on à atteindre lorsque la femme est mise au pilori ? La moitié née « en même temps » ? La partie féminine à l'intérieur de l'homme ? L'intention est-elle de tuer Isha, détentrice des forces de vie ? Dans le judaïsme (éclairé) : il semblerait qu'une tradition bien établie (Maharal de Prague) estime que la sortie messianique devrait s'opérer du côté de la féminité. Dès lors toute atteinte à la féminité ne constitue-t-elle pas une lacération infligée au projet messianique ?
Mon Maître m'en avait parlé en ces termes : si une « femme » (traduire : une pensée de type Qui-Fait) est à l'origine du « péché » ayant chassé l'humanité du Paradis terrestre, alors une autre femme, en retour archigénique procédera à la réparation (tikoun) qui consistera précisément à apporter une explication d'Ève (Hava). Elle dégagera le Code des lois du réel, afin de retrouver l'énergie initiale portée par le Aleph de Isha, la première femme, avant Hava. Cette réparation s'opère au moins par trois archétypes :
— 1. la notion de cycles ;
— 2. le retour archigénique — la fin s'inscrit dans le commencement ;
— 3. la dualité partenariale réciproque entre Droite et Gauche à l'intérieur d'une structure.
Cette « réparation » que le kabbaliste Louria appela « tikoun » consiste selon lui à rassembler « les étincelles » dispersées : retrouver l'Unité fondamentale de l'humanité autour de l'Unique Parole, par delà la diversité. Il s'agit donc d'un phénomène culturel d'ampleur universelle, d'une mise au point décisive clôturant une situation. Cette « réparation » consiste à favoriser la « sortie » du message hors de l'enclos hébraïque pour se livrer à tous, conformément au verset d'exode « nous étions tous au Sinaï ». Cette « sortie » s'effectue selon le schéma créateur de Genèse 2-21 et suppose l'intervention d'un En-Face, suite à un Échange Latéral. La « sortie messianique » met en cause la porte occidentale ; elle suit la trajectoire fonctionnelle du Verbe. L'anatomie cérébrale en témoigne : le langage est pris en charge par deux aires distinctes, Wernicke et Broca. L'aire de Broca permet l'expression de la parole vers le dehors, tandis que l'aire de Wernicke en assume le sens. La zone de Broca rend publique ce qui jusque là demeurait confiné au seul territoire de l'aire de Wernicke, réceptrice du sens. L'aire cérébrale de Broca désignerait par analogie le territoire où la Connaissance, sous sa forme exégétique, devrait s'exprimer. C'est là que serait mise au monde, extériorisée (vocation féminine ?) et divulguée l'explication du trésor qui jusqu'alors était préservé dans un repli.
4 « Va, unis-toi à une femme prostituée » Osée (1, 2).
Lors d'une discussion dans un groupe de réflexion auquel j'ai été récemment convié, plusieurs participantes s'interrogeaient au sujet d'une figure controversée dans le christianisme. Il s'agissait de Marie-Madeleine dont la légende raconte qu'elle serait venue jusqu'en France pour évangéliser. Sans être un spécialiste de cette question, je me suis demandé si Marie-Madeleine, femme adultère accompagnant le Christ, ne représentait pas la voie féminine conductrice de la divulgation. Noli me tangere (ne me touche pas) lui dit son Maître, mais il semblerait bien que lui l'ait touchée, au sens le plus noble du terme, s'agissant de toucher l'esprit et l'intelligence d'un être. Je pense que Christ aura considéré la situation personnelle de cette femme en la sauvant de justesse de la lapidation, mais il aura surtout apprécié la symbolique du signe, sachant, comme tout initié, que la vie vient à nous, par les événements portés par les informations codées. Il aura reconnu la situation icônique dessinée par cette femme — ne soyons pas bégueules : c'était une prostituée — et il y aura repéré immédiatement un message concernant sa prophétie : elle sortirait « au dehors » du cadre révélatoire initial pour se donner et se répandre, comme un train d'onde, aux autres peuples.
Le caractère adultérin ne lui aura pas échappé et en expert de la lecture des signes, il en aura déduit bien des choses dans le secret de sa lumineuse connaissance et préhension de l'immédiat. En aura-t-il déduit qu'en effet la Connaissance dont il était l'un des éclaireurs avancés — acteur du messianisme à n'en pas douter — serait confiée un jour à quelque femme qui, par sa mise au clair exégétique, permettrait à l'humanité entière de « coucher » avec elle ? Et qu'elle ramasserait, en remerciements, une volée de pierres tirées par les tenants de la morale, et au premier chef ceux-là même qui auraient profité d'elle ?
La mythologique sainteté des Prostituées trouverait là son explication. Cela expliquerait également l'attitude souvent critiquée mais ontologiquement juste de certains personnages bibliques, comme Juda s'unissant à Tamar qui se fit passer pour une prostituée. Les rabbins honorent Tamar, décrite comme étant belle, droite, symbole de la percée de la vie. C’est pourtant elle qui prend l’initiative au moyen d'une supercherie en dressant son embuscade de charmes pour piéger Juda… dont elle connaissait les habitudes sexuelles déplorables. Juda qui semblait se conformer aux paroles du prophète Osée (1, 2) : « Va, unis-toi à une femme prostituée ».
Tamar était Cananéenne, hors du champ hébraïque, et son intervention tire effectivement le projet divin hors de l'enlisement qui menaçait la conduction de la Connaissance. De nombreux rabbins acceptent de considérer que Juda, épousant la cananéenne, opérait symboliquement une union avec la « famille des Nations » dans une perspective messianique d’Union des Contraires, donc en association avec un partenaire hors du champ israélite. En épousant une étrangère, Juda tente de fonder une branche, une descendance. Il échoue mais sa tentative ne s’inscrit pas moins en une première instance cyclique d'ordre informative. La seconde instance, celle du messianisme, procédera de la même dynamique de l'union des contraires, avec un élément culturel extérieur au fief hébreu. D'où le « scandale » propre au messianisme… et la lapidation par les ignorants.
Que ce soit avec Ruth, Esther, Tamar, l'intervention féminine, plus d'une fois, remet la Connaissance sur les voies civilisatrices et cela au mépris de la « bien pensence » moralisatrice : Esther se voit devenir l'épouse d'un horrible dictateur sanguinaire, Tamar se dissimule et se fait passer pour une trainée… (de plus amples explications se trouvent dans le livre Jean Racine, kabbaliste au service du Roi, éd. Peleman, où j'ai consacré un chapitre à ces femmes dévouées au service de la cause de l'Esprit).
5 Le « péché » d'Ève.
Ève a accouché plus d'une fois. Elle est la « mère de tous les vivants » indique le texte biblique. Ce n'est pas vraiment un compliment, car le sous-entendu est assez bruissant : elle reçoit ce nom (de la part d'Adam) suite à sa défaillance et elle est la première personne, dans la Bible, dont le nom soit modifié suite à un acte. Modifié par la confiscation d'une lettre : en effet, si au début elle s'appelle Ischa, joliment revêtue d'un Aleph d'énergie, elle devient une Hava dépourvue du Yod qui aurait dû reprendre l'Aleph en seconde instance. Elle serait « mère de tous les vivants » mais point porteuse de vie. Elle est mère de ceux qui vivent dans ce cycle qui a commencé par sa propre erreur. Et ce cycle est tout sauf vivant, puisqu'il a été ouvert par une Hava qui ne possède, dans son nom, ni Aleph, ni Yod.
Cette confiscation du Yod est-elle définitive ? Elle durera tant que persistera le cycle de Hava. Or l'archétype du « retour archigénique » — l'Éternel Retour, largement appuyé par les sciences (cf les travaux du prof. Gaussen, traité de Biologie, cité dans La Face cachée du Cerveau, vol II p. 234) — précise que les informations induites en début de tout cycle réapparaissent à sa fin. En conséquence, à la fin de ce cycle, réapparaîtront les conditions initiales de l'erreur, avec possibilité, à nouveau, de choisir entre deux voies évolutives. L'erreur, à cet instant, pourra être réparée, dès lors que la civilisation optera pour la Connaissance en lieu et place de l'idéologie purement matérialiste et son corolaire, l'idolâtrie financière.
Une femme (en retour archigénique) apparaîtra dont le « travail » consistera à mettre au monde l'outil permettant de réparer l'erreur.
Sur la gauche, et contre elle, toutes les forces de Hava et le venin du serpent continuant d'agir ; le poids de l'inertie des forces issues de l'erreur ; la volonté de ceux qui désirent persister dans la voie fatale. Elle rencontrera également l'obstacle que construisent ceux qui pressentent le changement et qui, pour l'empêcher, édifient une pseudo-initiation détournant les esprits de la voie messianique pour les orienter vers des palliatifs tirés du système qu'ils prétendent combattre. Ce sont les Amaleq des temps modernes, fort inspirés, ayant une connaissance élaborée de ce qu'ils doivent empêcher. Leurs techniques de séductions font des ravages et envoient quantité d'esprits dans des impasses, bernant le monde par leur langage édulcoré, se protégeant de toute critique sous couvert d'un humanisme dévoyé.
Sur la droite, et pour elle, le travail d'une vie, la modestie des moyens sociaux. La mise au clair des symboles, l'exégèse du Code des Archétypes, l'exposition et l'explication de l'Alphabet fondateur. Et peut-être quelques lecteurs soutenant sa cause.
6 Je redoute la puissance des forces obstaculaires
et je ne sais trop comment faire pour les circonvenir ou les écarter. Faut-il dénoncer tel Amaleq ayant pignon sur rue ? À quoi sert-il de pointer tel gentil écrivain-philosophe s'estimant superviseur du monde des religions quand il exploite en réalité un filon éditorial et médiatique considérable tout en maintenant à distance la véritable mise au point qui ruinerait son propre succès ?
La Connaissance subit des retards, trop d'esprits bienveillants mais indécis s'égarent dans les diverticules touristiques d'une connaissance inaboutie organisés par des entreprises commerciales gérées par d'astucieux hommes d'affaires ayant saisi tout l'intérêt de ce créneau.
C'est pourquoi je me résous… à garder le silence quand on me chante les louanges de tel séducteur prétendant éclairer le noir d'une pièce dont il éteint lui-même la chandelle. Bah ! Qu'irais-je « dénoncer ». Que chacun se nourrisse là où la cuisine lui semble bonne, selon son appétit, selon l'idée et le respect qu'il a de lui-même.
Je
rejoins Spinoza — davantage kabbaliste que philosophe — en disant que la Connaissance suit son chemin et que la Vérité finit pas
s'imposer par elle-même. Je crois que la lutte est inutile et qu'à affronter ces
puissances, on les augmente. Je crois aussi qu'on ne peut rien dire à personne (et selon mon expérience, c'est tout juste si l'on parvient à se dire quelque chose… à soi-même). Je garde en mémoire la leçon de mon Maître : gardez-vous de critiquer, car « tout homme garde son bol sur sa tête, sans permettre qu'on le lui casse ou remplace » (citation dans Don Quichotte, le Prodigieux secours… p. 388.)
7 Puisque je viens de la citer, je reviens à ce travail de femme.
On appelle « travail » l'effort des femmes en état d'accoucher. C'est vrai organiquement. C'est vrai culturellement : la Tradition attend, espère la venue d'un « dévoilement » qui raviverait les braises de l'ardeur intellectuelle, une sorte de modification climatique des intelligences sous le soleil d'une nouvelle brillance initiatique. Ce qui est attendu et même annoncé, c'est la mise au monde de la « grande exégèse ». ce que le poète allemand Christian Morgenstern décrivait en ces termes :
« Vois la nuit au présage heureux…
Tu vaincras l'espace après qu'une exégèse du monde
Nous libérera du grand sommeil ».
Cette « grande exégèse » serait confiée, selon de nombreuses traditions à l'entité féminine. Les Amérindiens ont développé la thématique de la « femme bisonne blanche » incarnant la responsable du dévoilement. La responsable de ce projet serait blanche (occidentale), femme, et bisonne (animal désignant la structure d'absolu dont elle donnerait l'identité). Le judaïsme appelle cela : le messianisme. L'Islam l'appelle « la parousie du Mahdî » qui naîtrait, selon les chîîtes, de la descendance de Fatimah, la fille du prophète.
Ce messianisme résolutoire serait œuvre féminine. Ce serait une délivrance suite à une union avec le partenaire porteur de l'information d'origine.
Si Israël est le receveur du Verbe, qui serait le partenaire d'en-Face, apte à métaboliser les choses, à les exposer, à leur donner le contour efficace le plus démontré ? Serait-ce l'Occident ? N'est-ce pas devant le mur occidental, nommé HaKotel, le mur des Lamentations, vestige du Temple, que s'effectuent les prières à Jérusalem ? L'Occident est désigné, mais aussi la ruine : en fin de cycle, la civilisation sera-t-elle réduite à être, comme Adam et Hava à l'issue de la faute, couverte de « tuniques de peaux » (Gen. 3-21) ? Ce mur représente le « mur du Temps » devant lequel il faut bouger, raison pour laquelle le priant bouge en oscillant son corps pendant son oraison. Bouger devant le mur, et voir ce qu'est ce mur recevant les espérances… messianiques devant surgir d'Occident.
Le messianisme serait-il l'œuvre d'une femme occidentale ? La tradition amérindienne (voir les ouvrages de Hehaka Sapa) et le judaïsme se rejoignent pleinement sur ce point dont on peut apprécier combien toutes deux parviennent à désigner le même sous des représentations symboliques différentes.
Qui est cette femme occidentale ? Qui est « Bisonne blanche » ?
« Je laisse ouverte la question quand bien même la réponse en soit déjà connue ».
Dans le prochain Blog, je parlerai des femmes dans la Tradition juive.
Il sera question des téphillines
et pourquoi les femmes ne les portent pas. Je parlerai
aussi du rôle des femmes dans le Shabbat et du sens de leurs gestes.
Si vous désirez exprimer votre sentiment sur le sujet, n'hésitez pas à ajouter votre commentaire.
Je remercie les lecteurs qui reprennent ces enseignements de bien vouloir en mentionner les références.
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